
Visite du troisième type ?
Harry vérifia une dernière fois la carte pour être sûr que la voie était libre avant d'entrer dans les toilettes des filles du second étage. C'était à peine le premier jour de cours, et il était déjà dehors au milieu de la nuit pour planifier l'assassinat de son nouveau prof de Défense. Il y avait quelque chose qui avait changé chez lui, il n'était plus tant que ça dérangé par la mort, et d'une certaine manière, ça le faisait un peu s'inquiéter. Car, s'il n'était plus dérangé par la mort, qu'est-ce qui l'empêchait de devenir comme Voldemort ? Et qu'est-ce qui l'empêchait de devenir une créature vivant pour tuer et manger tout ce qui bouge ?
« Arrête de te prendre le chou pour si peu. Et puis, t'avais pas dit que tu trouvais Voldemort sexy ? »
_ Ouvre-toi, siffla-t-il.
« Si, mais ça ne veut pas dire qu'il n'en reste pas moins un connard de mage noir psychopathe qui a tué mes parents et des milliers d'innocents. Il est peut-être du bon matériel pour ma masturbation, mais jamais je ne m'abaisserais à coucher avec lui ou à le rejoindre. »
Il descendit dans le tuyau et s'arrêta quelques secondes une fois en bas pour s'habituer à l'obscurité.
« Pourquoi tu n'allumes pas ta baguette ? »
« La ferme... »
_ Lumos.
Le bout de sa baguette s'alluma et il poursuivit son chemin jusqu'à l'éboulement qu'avait créé Lockhart. Il passa quelques minutes à le déblayer précautionneusement avec des sorts de lévitation et un peu de magie sans baguette pour tout maintenir stable et éviter de se prendre le plafond sur la tête. Lorsqu'il eut un passage assez grand et stable pour passer, il continua son chemin jusqu'à la porte ouverte de la chambre.
Il entra dans la pièce principale et se figea en voyant qu'une personne était déjà présente. Il leva sa baguette et se dissimula derrière une colonne. Il n'y avait que les fourchelangs qui pouvaient entrer dans la Chambre, et il n'en existait que deux connu.
« Comment est-il entré ? »
« Tu es sûr que c'est lui ? On voit mal et ta cicatrice ne te fait rien. »
Il fronça les sourcils et s'avança encore un peu en essayant d'être le plus silencieux possible. L'inconnu était en train de retirer les crochets de la mâchoire du cadavre du basilic pour les mettre dans une bourse, certainement plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il était de dos, avait des cheveux noirs lui tombant sur la nuque et il portait un long manteau noir qui devait arriver jusqu'à ses chevilles lorsqu'il était debout. Ça n'avait pas l'air d'être le style de Voldemort.
Il sursauta lorsque la personne parla :
_ Je sais que tu es là, montre-toi, je ne suis pas un ennemi.
Sa voix... Elle lui disait quelque chose. Mais ce n'était définitivement pas Voldemort. Il s'avança prudemment, sa baguette toujours levée.
_ Qui êtes-vous ?
L'homme rangea le dernier crochet dans sa bourse avant de se relever en s'époussetant et de se retourner. Harry en manqua de lâcher sa baguette en le voyant. L'homme leva un sourcil en le voyant avant de lui faire un sourire moqueur et de dire :
_ Ferme la bouche, tu vas gober des mouches.
Il s'empressa de la refermer et fronça les sourcils. Devant lui se trouvait sa copie, en plus âgée. Il avait les mêmes yeux verts, les mêmes traits du visage et la même cicatrice en forme d’éclair sur le front. Il semblait avoir dix-sept ans et une cicatrice courait le long de sa mâchoire gauche pour finir dans son cou. Mais sinon, c'était lui.
_ Qui... Comment ?
_ Très éloquent, se moqua l'autre.
Il s'avança avec un air curieux et perplexe. Harry recula d'un pas, il ne le sentait pas. L'autre ne pouvait pas être du futur, il n'avait pas les cheveux blanc. Alors d'où venait-il ?
_ Hum... Tu n'es pas un Apprenti, tu es capable de pratiquer l'occlumancie. Pourtant, tu es aussi immortel… enfin d'une certaine manière. Qu'est-ce que tu es ?
_ Ce serait plutôt à moi de poser cette question ? Qui es-tu ?
_ Oups, désolé, j'ai oublié mes manières. Je m'appelle Hadrian Jameson Potter. Je suis un voyageur multidimensionnel et l'Apprenti connu sous le nom de First. À ton tour, qu'est-ce que tu es ?
_ Qu'est-ce qu'un Apprenti ?
_ Ceci ne te regarde pas, tu n'en es pas un.
Il serra les dents, ce double était on ne peut plus condescendant.
« En même temps, il n'a aucune obligation envers toi... »
« Je sais. »
_ Je me suis fait griffer par un zombie et les larmes de phénix m'ont évité le plus gros des dégâts.
_ Oh ! Un type phénix alors. J'en ai croisé assez peu des comme toi. Vous avez une invasion zombie ici ?
_ Non, les gars qui travaillent au département des mystères au ministère se sont foiré dans une expérience, ce qui a ouvert des portails vers une autre dimension et des zombies en sont sortis. Ils ont aussitôt mis les zones sous quarantaine et j'étais dans l'une d'elles.
Il hocha la tête pensivement avant de l'observer, une expression curieuse sur le visage.
_ Donc, comment ça se passe la vie de zombie ?
_ En quoi ça te concerne ? Tu n'en es pas un.
_ Méchant. Mais c'est vrai, désolé pour la question. Si ce n’est pas trop indiscret, pourquoi es-tu descendu ici ?
_ Pour la même raison que toi, visiblement, j'ai besoin d'un crochet de basilic.
_ Pour faire quoi ? Détruire un Horcruxe de Voldy ? Tu as l'air un peu jeune pour avoir dix-sept ans pourtant.
_ J'ai quinze ans. Qu'est-ce qu'un Horcruxe ?
_ Quinze ans... cinquième année alors, murmura-t-il en ignorant la question d’Harry. Ombrage ?
_ Oui. Qu'est-ce qu'un Horcruxe ?
_ C'est vrai qu'elle est insupportable. Mais je te déconseille d'utiliser du venin de basilic, ce n'est pas assez discret. On le remarquera à l'autopsie et comme ça ne se trouve pas à tous les coins de rue, on te soupçonnera forcément car tu es le seul à pouvoir entrer dans la chambre.
_ Je n'y avais pas pensé comme ça... Qu'est-ce qu'un Horcruxe ?
L'autre le regarda puis soupira avant de se pincer l'arête du nez.
_ Très bien... Un Horcruxe est un réceptacle à un morceau d'âme. En faisant un rituel, on peut retirer un morceau de son âme et la mettre dans un objet. De cette manière, l'âme reste ancrée au monde des vivants et donc la personne ne peut pas mourir, même si son corps est détruit. Tu en as déjà détruit un, le journal. Et Voldemort en a plus d'un.
_ Laisse-moi deviner, une coupe, un diadème et une vieille bague ?
_ Oui, entre autres. Comment le sais-tu ?
_ Je les ai vus quand Voldemort a fait ce rituel pour retrouver une apparence humaine. Il a ensuite passé deux heures à se mater dans le miroir.
_ Oh ! Sexy hein ?
_ Totalement.
_ Tu comptes le rejoindre ?
_ Jamais de la vie ! Ou de la mort ! Il est peut-être sexy, mais il n'en reste pas moins un connard de mage noir psychopathe qui a tué mes parents. Tu devrais le savoir !
_ Je sais, même si j'ai visité beaucoup de dimension où un Voldemort sain d'esprit a fait prospérer la communauté sorcière anglaise et les a protégés des moldus lorsqu'ils ont commencé à les attaquer avec leurs armes. À mon avis, le fait d'avoir retrouvé ses Horcruxes doit lui avoir rendu un minimum de santé mentale. Peut-être qu'une guerre pourrait même être évitée si quelqu'un parvenait à lui faire comprendre que c'est une mauvaise idée.
_ Et tu veux que ce soit moi ?
_ Tu n'as pas envie de l'arrêter ?
_ Pour dire vrai, je comptais surtout ne pas du tout participer au conflit, rien ne m'y oblige et si j'y participe il y a de fortes chances pour qu'on découvre ma condition. Je compte juste finir mes études et me casser.
_ Si tu veux, ce n’est pas mon problème, de toute façon je ne suis que de passage ici.
Harry hocha la tête mais, en même temps, il réfléchissait aux paroles de l'Autre. Est-ce qu'il pouvait réellement raisonner Voldemort ? Est-ce qu'il pouvait vraiment être sain d'esprit et faire ce qui est bon pour leur monde ?
Il savait que le gouvernement était pourri jusqu'à la moelle. Les créatures étaient rejetées et rabaissées et les coutumes sorcières étaient peu à peu supprimées. Il trouvait ça injuste et totalement immoral. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire que les loup-garous se transforment une fois par mois ? Ils faisaient partie de leur monde, comme eux ! Ce n'était pas parce que les sorciers gouvernaient qu'ils avaient le droit de chasser et rabaisser les autres créatures. Elles faisaient partie intégrante du monde magique ! Et il ne parlait même pas de la gestion des enfants et des nés-moldu et sang-mêlés qui étaient malheureux dans le monde moldu car on ne les y comprenait pas. Ils n'avaient même pas leurs propres orphelinats ! Et lui-même aurait rêvé de pouvoir aller dans une école primaire où tous les enfants étaient comme lui ! Le niveau éducatif était vraiment très inférieur à celui des moldu. Et ce n'étaient que quelques exemples !
Quelque chose devait changer, il le savait.
Mais est-ce que Voldemort était la meilleure solution ? L'homme était cruel et intransigeant et il avait tué beaucoup de monde.
Il se souvint alors des nombreuses fois où il l'avait trouvé à s'acharner sur de la paperasse. De quoi pouvait-elle bien retourner ? Est-ce qu'il faisait des plans pour quand il gagnerait ? Est-ce qu'il essayait de trouver une solution pour les aider ? Ou est-ce que c'était juste la paperasse normale pour quelqu'un qui dirige une armée ?
« Moi je suis à 100% pour le rejoindre. »
« Phœnix, je ne pense pas, non. »
« Mon instinct me dit que c'est bon. »
« Ton instinct te dit surtout que c'est le seul avec qui tu pourrais te reproduire... »
« Vrai. »
Il se tourna vers l'Autre qui l'observait curieusement.
_ Qu'est-ce qu'il y a ?
_ Tu as vraiment des ennuis avec Ombrage ?
_ Disons que ça ne fait même pas deux jours, mais elle me tape déjà sur les nerfs.
_ Deux jours ? Tu n'es même pas encore allé en retenue ! Si tu la tues maintenant, c'est sûr que les soupçons retomberont sur toi.
_ Et qu'est-ce que tu proposes ?
Il eut un sourire malicieux avant de sortir un petit objet d'une des poches de son manteau. Il le lui tendit et Harry s'en saisit. C'était une petite barre de métal rectangulaire, pas plus longue que sa main et aussi large que les trois doigts du milieu côtes à côtes. Sur l'une des faces, il y avait un écran, deux petites flèches à sa gauche, une pointant vers le haut, l'autre vers le bas, et un bouton protégé par un couvercle transparent.
_ Qu'est-ce que c'est ?
_ Un explosif. Tu règles le minuteur avec les flèches, tu l'accroches là où tu veux qu'il explose, par exemple en dessous des appartements du crapaud quand elle dort, puis tu appuies sur le bouton et tu fuis le plus loin possible. C'est assez puissant, donc ça devrait te débarrasser d'elle assez facilement.
_ D'accord. Merci.
_ De rien ! Mais attends quand même un ou deux mois avant de l'utiliser. Qu'il y ait suffisamment de personnes en rogne contre elle pour qu'on ne te soupçonne pas.
_ J'y penserai.
_ Bien ! Maintenant que ça c'est fait, moi j'ai des courses à faire avant de repartir et l'heure tourne. Donc j'y vais. On risque de ne jamais se revoir.
_ Adieu dans ce cas.
_ Ouais, adieu.
Il se détourna un peu de Harry et leva la main en ayant que l'index et le majeur de déplié et fit un mouvement du haut vers le bas dans le vide devant lui. Harry vit alors apparaître un cercle vert lumineux bordé de runes vers lequel l'Autre s'avança sans la moindre hésitation. Il s'arrêta juste devant et tourna une dernière fois la tête vers Harry :
_ Oh ! Avant que j'oublie, tu es un Horcruxe involontaire et Dumbledore sait que tu devras mourir s'il veut un jour pouvoir se débarrasser de Voldy. Sur ce...
Il passa le portail sans lui laisser le temps de réagir ou de sortir de son état de choc.
Le... portail, disparut aussitôt et Harry se retrouva tout seul dans la chambre des secrets.
« Oh bordel... Est-ce qu'il a dit ce que j'ai cru l'entendre dire ? »
« Tu veux dire que tu es un Horcruxe et Citron-man le sait ? Yep, c'est ce qu'il a dit. Ça explique pourquoi je ne te ressemble pas alors que je me suis basé sur ton âme pour mon apparence. »
Harry repensa à l'apparence de Phoenix. Un petit garçon d'une dizaine d'années aux traits aristocratiques, aux cheveux blancs et aux yeux noirs veinés de rouge. Il lui avait toujours trouvé un petit air familier de déjà vu et maintenant il savait pourquoi. Il était une version beaucoup plus jeune de Voldemort.
« Pourquoi ce genre de chose n'arrive qu'à moi ? » se lamenta-t-il.
« Parce que tu es le héros ? »
« Vrai... Donc, Voldy ne peut pas mourir si je reste en vie. Super... »
« On pourrait se servir de ça à notre avantage... »
« Je suis tout ouïe. »
« S'il sait que tu es un Horcruxe, alors il sera peut-être moins enclin à te tuer. »
« Vrai. »
« Donc on peut entrer en contact avec lui et essayer d'en savoir plus sur son mouvement et négocier. »
Harry réfléchit à la proposition. C'était une bonne idée. Il supposait. Au début, il avait plus dans l'idée d'utiliser son alias en tant qu'Alec Riddle, mais cette seconde approche était tout aussi intéressante. Et en plus, ça serait beaucoup plus direct.
Mais voulait-il vraiment entrer en contact avec cet homme ?
D'un côté, son double avait affirmé qu'un Voldemort à la tête du pays était une bonne chose et il était lui-même vraiment curieux et voulait en savoir plus sur cette guerre. Et Voldemort voudrait sûrement le protéger s'il savait, contrairement à Dumbledore.
D'ailleurs, il était de plus en plus méfiant vis à vis du vieil homme. Il avait planifié sa mort par Merlin ! Il l'avait élevé, éduqué comme le parfait petit héros et lui avait rempli la tête avec ses croyances, tout ça, juste pour l'envoyer à l'abattoir à la fin.
Certes, il pouvait toujours lui demander de confirmer, mais pour quoi faire ? Il allait encore lui dire que c'était pour le bien que tous. Que l'individuel n'avait aucune importance quand le bien de la société était en jeu. Que son sacrifice était important pour sauver des milliers de personnes. Et que le pouvoir de l'amour le sauverait.
Parler avec le vieil homme ne servait à rien. Il ne lui disait jamais rien et attendait juste qu'il trouve les réponses par lui-même. Il refusait même de lui dire pourquoi Voldemort voulait le tuer à la base ! Disant qu'il était trop jeune pour comprendre, quelle connerie !
Comparé à lui, Voldemort était beaucoup plus honnête. Il n'avait jamais caché ses intentions envers lui. Il était un connard, mais un connard qui s'assume et ne se cache pas derrière des airs bienveillants. Il ne lui avait jamais menti.
Peut-être qu'il allait écrire cette lettre au final.
Il sortit de ses pensées et revint au temps présent. Il devait y aller s'il voulait pouvoir dormir un peu. Il remarqua alors que l'autre lui avait quand même laissé un crochet dans la gueule du squelette.
Il remonta donc à la surface avec un crochet enveloppé dans un tissu et une bombe dans sa poche. Il vérifia la carte et retourna calmement à son dortoir.
Une fois allongé sur son lit, il se mit à discuter avec Phœnix.
« D'accord je vais écrire à Voldemort. »
« Génial ! »
« Tu ne serais pas aussi excité simplement parce que tu es basé sur l'horcruxe ? »
« Non. Si le morceau pouvait nous influencer, il l'aurait sûrement fait depuis longtemps. »
« Vrai... »
« Sinon, tu sembles bien prendre le fait que tu ais rencontré un double de toi d'une autre dimension. »
« Avec la magie, tout est possible. Et tu l'as dit tout à l'heure, je suis le héros, ce genre de chose est totalement normal pour moi. »
« Il était cool avec ce manteau. Tu devrais... »
« J'ai déjà fait une note de m'en commander un. »
Il sentit la satisfaction de Phoenix dans le fond de son esprit et roula les yeux. Sérieusement... Mais c'était vrai que le manteau était cool.
Il se tourna sur le côté et s'endormit. C'était décidément la journée la plus étrange de sa vie. Mais, honnêtement, qu'est-ce qui ne l'était pas pour lui ? Il espérait juste que le lendemain serait mieux.