
Retenue
Il relut une dernière fois la lettre avant de hocher la tête, satisfait. Il était clair, concis et allait plus ou moins droit au but et donnait suffisamment d'informations pour intéresser Voldemort. Il ne lui restait plus qu'à attendre un peu avant de l'envoyer.
Il rangea soigneusement l'enveloppe dans sa malle avant de sortir un livre et de s'allonger sur son lit pour lire un peu. Il lui restait un peu de temps avant sa retenue avec Ombrage. Il n'oubliait pas l'explosif caché dans sa malle à l'intérieur d'une chaussette, ni les conseils de l'Autre. Il avait bien l'intention de mettre le plan à exécution dès qu'il le pourra sans attirer les soupçons. Phoenix était totalement d'accord avec ça, donc pourquoi s'inquiéter ?
Cependant... Il y a encore trois mois, l'idée même de tuer ou blesser quelqu'un volontairement, sans que ce soit de la légitime défense, l'aurait révulsé. Il avait changé, c'était évident. Et il n'était pas certain d'aimer ce qu'il devenait. Ou plutôt, il était sûr qu'il devrait ne pas aimer ou accepter ce qu'il devenait. Mais, étrangement, même s'il essayait de se raisonner, de se dire qu'il ne devait pas, que c'était mal, que la mort n'était pas un jeu, il ne parvenait pas à ressentir quoi que ce soit qui aille dans ce sens.
En fait, il avait du mal à ressentir vraiment depuis un moment. Du moins, il ressentait de moins en moins, comme si ses émotions étaient progressivement noyées. Il n'était pas une bête sans cervelle agissant sur ses instincts, mais ses capacités émotionnelles diminuaient clairement.
Au début, il était dégoûté par son statut, maintenant il mangeait ses repas sans même y penser et ne ressentait rien à l'idée d'être cannibale, ou plutôt nécrophage.
Il essayait de se dire que Phoenix avait une mauvaise influence, mais au contraire, c'était l'entité dans sa tête qui protégeait le peu de santé mentale qu'il avait. Sans lui, il serait totalement guidé par ses instincts...
Il devait peut-être s'estimer heureux d'être conscient et d'avoir le contrôle sur ses capacités. Même si cela signifiait devoir simuler ses émotions.
Certes, il était toujours attaché à ses amis et ceux qu'il considérait comme sa famille, mais ce n'était pas exactement comme avant. Là, il savait qu'il tenait à eux, mais il ne le ressentait pas forcément, pas tout le temps.
Il savait aussi qu'il devrait être perturbé ou dégoûté par le fait qu'il ne ressentait rien, mais il ne l'était pas. Pourtant il aurait dû.
Il savait qu'il devrait haïr Rogue et Malefoy, mais il n'avait plus vraiment cette flamme qui brûlait auparavant, qui le poussait à se disputer en permanence avec le blond et défier le maître des potions. Il le faisait seulement pas automatisme, parce qu'il savait que c'était de cette manière qu'il devait agir.
Depuis qu'il était arrivé à Poudlard, il s'était rendu compte de cette décroissance soudaine de son niveau émotionnel et de sa nouvelle conscience de ce qu'il devrait faire ou ressentir dans certaines situations. Il ne s'en était pas rendu compte à Privet Drive car il était seul avec Dobby, ni au QG parce qu'il était plus concentré sur ses entraînements et sur le fait de s'habituer à la cohabitation avec Phoenix.
Mais maintenant qu'il était entouré de monde, que les cours avaient repris et qu'il avait un peu de temps pour penser, il se rendait compte de tout ça, et ça le perturbait un peu.
Il hésitait un peu à en parler à l'infirmière lors de sa visite du samedi, mais il n'était pas sûr de ce qu'elle dirait.
Même s'il n'arrivait plus à ressentir, il avait toujours sa conscience et une certaine morale. Même s'il n'arrivait pas à se sentir coupable ou honteux d'avoir fait une chose qui va contre ses principes, il savait qu'il le devrait. Il ne comptait pas les briser. Il ne lui restait que ces principes et cette morale qu'il s'était forgés pour l'empêcher de devenir un psychopathe ou pire, comme Voldemort.
Phoenix ne l'aidait pas à rester sage en lui conseillant de tuer tous ceux qui l'ennuyaient, mais, au moins il avait encore assez de volonté pour résister à la petite voix dans sa tête.
Il leva la tête de son livre en entendant la porte s'ouvrir sur Ron.
_ Vieux, Hermione m'a dit de te dire que tu devrais aller à ta retenue, c'est bientôt l'heure.
_ D'accord, merci Ron.
Son ami lui sourit avant de repartir. Il rangea son livre et se leva avant de descendre. Il salua ses amis avant de quitter la salle commune et de se diriger vers le bureau de l'amphibien.
Une fois devant la porte, il prit une grande inspiration avant de toquer. La voix ignoblement mielleuse de l'occupante de la pièce lui dit d'entrer et il ouvrit la porte, se préparant au pire. Et il ne fut pas déçu.
« Ah mes yeux ! C'est horrible ! »
« Phoenix, ce sont mes yeux... »
_ Ah monsieur Potter, entrez donc.
« Non mais tu as vu tout ce rose ! Ça devrait être illégal ! »
_ Bonsoir professeur Ombrage, fit-il en s'asseyant à la table qu'elle lui désignait.
« J'avoue que c'est beaucoup trop. On dirait qu'elle a massacré tout une colonie de bisounours. »
« Et est-ce que ce sont des chats dans des assiettes ? »
« J'en ai bien peur. »
_ Bonsoir. Pour la retenue de ce soir, vous allez faire des lignes. Vous devrez écrire la phrase 'Je ne dois pas dire de mensonges'.
« Par Salazard, Morgane et Voldemort, c'est horrible. Brûle-moi tout ça. »
« On a dit qu'on attendait jusqu'à Novembre... »
_ Combien de fois professeur ?
« Change la couleur alors ! »
« Désolé, je ne peux rien faire pour le moment. Tu as vu ? J'avais parié sur les lignes. »
« Ce n’est pas la question... »
_ Jusqu'à ce que ça rentre. Tenez, vous utiliserez l'une de mes plumes.
Elle sortit d'un tiroir de son bureau un coffret contenant une plume noire avec un bout doré couvert de minuscules runes.
« Est-ce que c'est ce que je pense ? »
« Je crois bien Phoenix. »
_ Madame, je ne voudrais pas vous offenser ou insinuer quoi que ce soit, mais, les plumes de sang ne sont-elles pas interdites d'usage en dehors de la signature de document officiel ? Et si ce qu'on m'a expliqué est correct, leur utilisation sur des mineurs en dehors de ce cadre est strictement interdite et punie par la loi.
Elle sembla un peu surprise par sa réplique, si son léger sursaut de recul et ses yeux écarquillés étaient de la moindre indication. Mais elle se reprit bien vite et lui fit un sourire on ne peut plus mielleux avant de sortir une feuille du même tiroir.
_ Vous avez totalement raison monsieur Potter, cependant, le ministre lui-même m'a autorisée à utiliser tous les moyens que je jugerai nécessaire pour discipliner les mauvaises graines présentes dans cette école. Comme vous pouvez le voir sur ce document.
Elle contourna son bureau et déposa plume et document devant lui. Harry posa la main sur le parchemin et le lut attentivement tout en le copiant avec un sort sans baguette sur un autre parchemin ayant apparu dans son autre main sous la table. Il glissa la copie dans sa manche avant de relâcher le document qu’Ombrage reprit et rangea soigneusement.
« Le ministre est encore plus incompétent que ce qu'on pensait »
« Très cher squatteur, je pense que l'adage 'quand tu touches le fond, tu peux toujours creuser plus loin' correspond étrangement à la situation actuelle. »
« Donc on la tue ? »
« Non. Par contre, il va falloir que j'écrive une autre lettre et que je rajoute quelque chose dans celle que j'ai déjà écrite. »
Harry soupira avant de se saisir de la plume et de regarder son parchemin. Si sa dernière expérience avec une plume de sang avait prouvé une chose, c'était que sa condition provoquait une anémie sévère et donc que la plume ne fonctionnait pas avec lui. Mais il allait bien se garder de le dire au crapaud.
Il mit la pointe de la plume sur le parchemin mais s'arrêta avant de commencer.
_ Madame, qu'est-ce que je dois écrire déjà ?
_ Je ne dois pas dire de mensonge. Je vous l'ai déjà dit Monsieur Potter.
_ Vous m'avez punis parce que j'ai fait de la magie accidentelle, pas parce que j'avais menti...
_ Oh mais si, vous avez menti.
_ Quand ?
_ En disant que c'était de la magie accidentelle.
Il la regarda quelques secondes, puis haussa les épaules. Visiblement, elle voulait le punir pour avoir dit que Voldemort était de retour, donc elle utilisait le premier prétexte venu pour lui faire regretter d'être un prétendu sale gosse pourri gâté qui cherche à tout prix à attirer l'attention sur lui.
Et il était aussi au courant du fait que le ministère semblait penser qu'il voulait le renverser.
À dire vrai, il commençait vraiment à se demander si ce n'était pas une bonne idée de le raser et le brûler jusqu'au sol pour reconstruire quelque chose de mieux.
En temps normal, il aurait exprimé son opinion, aurait affirmé qu'il n'était pas un menteur. Il se serait mis en colère et aurait crié ses quatre vérités à l'amphibien en face de lui. Mais comme il était peu à peu anesthésié par rapport à ses émotions ou ses sentiments autres que ceux que lui criaient son instinct, il était étrangement blasé par tout ça et préférait ne pas perdre son temps et son énergie à luter.
Il avait bien vu ce que ça donnait en cours de toute façon. Alors autant garder son calme et attendre le bon moment pour frapper. La vengeance était un plat qui se mange froid. Ou plutôt dans ce cas, épicé, voir explosif.
Qu'ils fassent l'autruche tant qu’ils le veulent, mais qu'ils ne viennent pas pleurer quand Voldemort viendra leur botter le derche.
Il posa de nouveau la pointe de la plume sur le parchemin et commença à écrire. Comme prévu, la plume ne fonctionna pas. La seule chose qui indiquait qu'il avait écrit était l'empreinte de la plume dans le parchemin. Il continua ainsi d'écrire dans le vide pendant une petite demi-heure jusqu'à ce que Ombrage ne se lève et vienne voir où il en était. Il ne lui prêta pas attention et traça soigneusement les lettres de sa phrase. Il allait finir le « e » de « dire » quand le parchemin lui fut violemment arraché des mains.
Il leva la tête et vit Ombrage qui regardait le parchemin avec l'air d'avoir avalé un bonbon au citron, ou alors d'avoir affaire à un gros chien.
_ Monsieur Potter, pourquoi n'y-a-t-il rien de marqué sur ce parchemin ?
_ Je ne sais pas, peut-être que votre plume ne fonctionne pas.
Elle le reposa violemment alors qu'il entendait Phoenix rire dans son esprit.
_ Écrivez.
Il s'exécuta et écrivit la phrase une nouvelle fois. L'expression du professeur se fit plus sombre encore. Elle lui prit la plume des mains et traça un trait sur la page. Il apparut en rouge sang. Elle fronça les sourcils avant de lui tendre la plume.
_ Recommencez.
Il s'exécuta en cachant son sourire amusé. Bon, d'accord, il perdait sa capacité à ressentir des émotions humaines, mais étrangement, il arrivait toujours à être amusé ou parfois en colère ou encore excité. Peut-être qu'il perdait seulement son empathie ? Ou alors ces sentiments de base étaient peut-être un peu trop bien ancrés dans son être pour disparaître aussi vite ? Ou bien, il ne se rendait pas compte qu'il imaginait ses propres émotions. Car il savait qu'il serait amusé par ce genre de situation, il savait que ça lui donnerait envie de sourire ou de rire maniaquement et de jouer avec ses nerfs.Et peut-être que le fait de le savoir provoquait une illusion de sentiments ? Qu'étaient vraiment les sentiments et les émotions ? Juste une sécrétion d'hormones par le corps non ?
« Arrête de philosopher, ça me donne mal à la tête... »
« Hey ! J'essaye de déterminer si je ressens ou si j'imagine ressentir ! C’est très important tu sais. »
« Je m'en fiche, contente-toi de la poignarder avec cette foutue plume. »
Harry regarda Ombrage en réfléchissant à l'idée alors que la piètre excuse de femme semblait fulminer.
_ Qu'est-ce que vous avez fait à ma plume ?
_ Rien madame. Vous avez vu vous-même, elle marche parfaitement bien.
_ C'est impossible que vous ne soyez pas affecté ! Vous allez revenir ici tous les soirs de la semaine et recommencer jusqu'à ce que ça marche, est-ce clair ?
_ Oui madame.
_ Et si ça ne marche pas vous reviendrez la semaine prochaine.
C'était totalement exagéré de sa part. Et il hésitait vraiment à la poignarder. Mais non. Il avait un plan, il s'y tiendrait, point à la ligne.
Il se relut une dernière fois avant de fermer la lettre et d'y ajouter la copie du document. Il se tourna ensuite vers Edwige et attacha le tout à sa patte avec celle pour Voldemort.
_ Tu peux apporter ça à Rita puis Voldemort s'il te plaît ? C'est important.
La chouette hulula un peu avant de lui mordiller l'oreille, puis elle s'envola par la fenêtre. Harry l'observa s'éloigner, appuyé sur le rebord de la fenêtre dans la volière. Il hocha finalement la tête avant de mettre sa cape et de retourner à la salle commune. Le couvre-feu était passé et il ne voulait pas se faire avoir par Rogue ou qui que ce soit d'autre.
Une fois rentré il retourna dans le dortoir où Ron et les autres dormaient déjà. Il s'approcha en douce du lit de Seamus et défit les sorts autour des rideaux avant de les ouvrir et de placer un petit objet à côté du garçon endormi. Il lança aussi un ou deux sorts avant de refermer les rideaux et remettre les sorts de protections qu'il avait enlevés. Il alla ensuite se coucher avec un sourire en coin.
-sSs-
Voldemort grogna en se prenant la tête dans les mains, passant ses doigts dans ses cheveux soyeux. Il avait encore de la paperasse à faire ! Ça n'en finissait plus !
Les plans pour Azkaban étaient terminés, il fallait juste entraîner les recrues pour ça. Donc ça lui faisait ça de moins.
Il lui restait quand même beaucoup à régler. Il devait repasser en revue ses comptes et ses propriétés, les ressources dont ses Mangemorts disposaient, la liste de ceux dont il disposait et aussi les comptes rendus de mission qui s'empilaient.
Il devait les trier pour définir leur utilité dans sa conquête de l'Angleterre, ceux qui avait une puissance magique pour le combat, ceux qui avaient de l'influence politique pour le ministère, ceux qui avaient l'argent pour financer sa révolution et ceux qui étaient tout simplement fidèles et pouvaient servir à faire n'importe quelle tâche ingrate comme espionner dans les allées marchandes ou à Près-au-lard ou faire de la désinformation dans les journaux.
En plus de la gestion de ses troupes, il devait aussi revoir et améliorer tout ce qu'il avait prévu pour le monde sorcier britannique une fois qu'il sera au pouvoir.
Ses quatorze années passées en tant que spectre lui avaient permis de réfléchir sur des sujets importants. Quel était le sens de sa vie ? Pourquoi avait-il échoué ? Quels étaient ses objectifs ? Est-ce qu'il avait vraiment suivi le bon chemin ? Comment un gosse avait pu le vaincre ? Où était ce pouvoir qu'il croyait avoir quand il en avait besoin ? Comment avait-il pu autant changer depuis sa jeunesse ?
Il avait trouvé quelques réponses avant d'aller après la pierre philosophale. Et il en avait trouvé beaucoup d'autres quand il avait senti le morceau d'âme contenu dans son journal revenir s'accrocher à la sienne. Ce morceau était le plus gros de tous et contenait beaucoup d'informations. Il lui avait aussi apporté la solution à l'un de ses principaux problèmes : son instabilité magique et mentale.
Ses Horcruxes avaient visiblement entamé sa santé mentale, le rendant incohérent, avide de pouvoir et inutilement sadique.
Après avoir réabsorbé la coupe (Bellatrix lui avait laissé accès à son compte au cas où), le diadème (les protections autour de Poudlard étaient bien moins importantes lors des vacances, ce qui lui avait permis d'y entrer en douce) et la bague, il avait repris tous ses anciens plans et avait commencé à tous les revoir.
Il savait que ses hommes s'impatientaient et se demandaient à quoi servait toute cette infiltration et que certains ne comprenaient pas pourquoi est-ce qu'ils faisaient profil bas. Mais il était leur Lord et après quelques Crutiatus bien placés, plus aucun d'entre eux n'avait osé le défier ou mettre en doute ses décisions.
Il soupira de nouveau en regardant les documents sur son bureau. Il se faisait tard et il n'avait pas encore mangé. Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise et regarda le plafond en essayant de chasser sa fatigue.
Parfois être un mage noir était beaucoup trop fatiguant... Mais il fallait bien que quelqu'un change leur monde. Et comme personne ne semblait vouloir le faire, il s'en chargeait parce qu'il en avait le pouvoir.
Et si possible, il voulait le faire en épargnant le plus de sang sorcier possible. Il y avait eu beaucoup trop de morts la dernière fois.
La mort du garçon dans le cimetière était peut-être inutile, mais il ne pouvait pas prendre de risque avec le rituel.
Quant à Potter... Le garçon le défiait toujours. Il était puissant, il pouvait le sentir, mais il était aussi totalement à la botte du vieux fou. Et même s'il avait compris l'inutilité de cette foutue prophétie par laquelle tout avait commencé, Dumbledore, lui, y croyait toujours et comptait bien utiliser sa petite arme au maximum.
Il avait pour principe de ne pas tuer d'enfant. Et si l'un devait mourir, c'était toujours rapidement avec l'Avada Kedavra. Il considérait par principe que les enfants étaient innocents et ne devaient donc pas être torturés. Dans le cimetière, il était toujours légèrement instable et l'euphorie d'avoir de nouveau un corps lui avait un peu fait perdre le contrôle. Surtout que le garçon avait un don pour lui porter sur les nerfs.
Cependant, Potter semblait avoir changé pendant l'été. Severus était venu lui rapporter son changement d'apparence et sa prétendue guérison due aux larmes de phénix. Et Lucius avait reçu une lettre de son fils lui disant que Potter agissait étrangement. Comme s'il réagissait par habitude et non plus en réponse à ses émotions. Et il y avait aussi le fait qu'il ait appris l'Occlumencie. Il soupçonnait Black sur ce point, il venait quand même d'une famille de sangs-purs et tout le monde savait que leurs enfants apprenaient très tôt à protéger leur esprit contre toute intrusion.
Il avait à l'origine un plan pour se débarrasser définitivement du garçon pour éviter que Dumbledore ne s'en serve contre lui, mais maintenant, il ne savait plus vraiment.
Le garçon avait changé, c'était un fait. Mais est-ce qu'il avait changé positivement ou négativement pour lui ?
Il devait le savoir. Et la meilleur chose à faire pour ça, c'était essayer d'entrer en contact avec lui. Mais sous un faux nom bien entendu. Et s'il arrivait à se rapprocher du garçon, alors s'il s'avérait toujours une menace, il le tuerait, tout simplement.
Il hocha la tête pour lui-même en terminant son repas. C'était un plan. De toute façon, ce n'était pas comme s'il pouvait se fier à ses hommes, ils étaient pour la plupart des incapables...
Ses pensées furent cependant interrompues par un bruit à sa fenêtre et il se tourna vers elle pour voir une chouette blanche qui attendait impatiemment qu'il la laisse entrer. Il fit un mouvement de la main et la fenêtre s'ouvrit. La chouette entra aussitôt et se posa sur son bureau avant de tendre sa patte d'un geste impérieux et de le fixer en lui disant clairement « Prends donc cette lettre simple mortel inférieur, je n'ai pas toute la nuit. » Il la fusilla du regard, mais se dit que ça ne servait à rien de se disputer avec une simple chouette et il devait sûrement imaginer des choses. Il prit la lettre et vit qu'elle était adressée à « Sa seigneurie de la Paperasseté ». Son sourcil tiqua. Il avait une idée de qui venait la lettre... Il n'y avait qu'une personne pour l'énerver aussi facilement. Il l'ouvrit et commença à lire ce que voulait le gamin.
-sSs-
Lord Voldemort de la Paperasseté.
Je sais qu'une lettre de ma part est sûrement la dernière chose que vous pourriez vous attendre à recevoir. À vrai dire, j'ai beaucoup hésité avant de finalement vous écrire.
Pour faire simple, j'ai appris plusieurs faits perturbants et intéressants.
Le premier, vous chantez affreusement faux sous la douche et je ne me doutais absolument pas que vous étiez fan de Queen, c'est surprenant.
Le second, le ministère n'est qu'une bande d'imbéciles manquant totalement de bon sens. Fudge a imposé une prof de Défense à l'école et l'a autorisée à utiliser des plumes de sang sur les élèves comme punition. Ils sont cinglés. Et aussi racistes, corrompus, vénaux, irresponsables et hypocrites.
Le troisième, vos Horcruxes. Je sais que vous en avez plusieurs, en plus de la bague, du diadème, de la coupe et du journal.
Et le quatrième, le plus perturbant je suppose, c'est que vous avez oublié quelque chose derrière vous la nuit du 31 Octobre 1981. Petit indice : on a une connexion mentale et il m'arrivait de me retrouver coincé dans votre corps avant d'apprendre l'occlumancie (par ailleurs, je ne pensais pas que le travail de Seigneur des Ténèbres demandait autant de paperasse), je suis fourchelang et ma cicatrice agit comme un détecteur de présence car elle me fait mal dès que vous êtes dans le coin.
Voilà, quelques faits intéressants parmi beaucoup. En contrepartie pour ces infos, j'aurais quelques questions à poser. Des questions auxquelles Dumbledore refuse de me répondre, soi-disant parce que je suis trop jeune.
Pour être honnête, je ne sais rien sur cette guerre. Je ne sais pas pourquoi vous vous battez, je ne sais pas pourquoi le côté de Dumbledore se bat et je ne sais quasiment rien du monde magique.
Les seules choses qu'on ne m'ait jamais dites, c'était que vous étiez le grand méchant et qu'en tant que héros, je devais vous botter le derche. Le problème, c'est que personne (pas même vous) n'a jamais pris en considération le fait que je ne voulais PAS participer à cette guerre.
Comme je l'ai dit, je ne sais rien. Même si j'essaye de me mettre au courant de tout, ça prend du temps et il y a peu de personnes qui sont d'accord pour répondre à mes questions et les livres peuvent toujours être biaisés.
Vous êtes le seul à avoir toujours été honnête et clair quant à vos intentions envers moi. Vous êtes un connard, mais un connard qui s'assume. C'est pour ça que j'ai décidé de vous poser ces questions à vous.
Pourquoi avez-vous essayé de me tuer quand j'avais un an ? Dumbledore refuse de me répondre en disant que je suis trop jeune pour comprendre, mais je sais que c'est après moi que vous étiez car je me souviens de cette nuit grâce aux détraqueurs.
Pourquoi est-ce que vous vous battez ?
Est-ce vrai que vous voulez tuer tous les nés-moldus et moldus ?
Qu'est-ce que vous comptez faire si vous arrivez à dominer l'Angleterre ?
Est-ce que vous avez déjà pensé à engager une secrétaire ?
Voilà. Je pense que ce sera tout.
J'espère recevoir une réponse !
On se revoit toujours en Juin pour notre petite bataille annuelle ?
Harry James Potter.
Ps : vous blessez Hedwige et je vous jure que je réduis votre nouveau corps à néant.
-sSs-
Colère, incompréhension, léger intérêt, choc et panique, incompréhension puis surprise et incrédulité, léger amusement et intérêt avec une pointe de colère, pensif, agacement et pour finir léger amusement.
Harry Potter... Mais qu'est-ce qu'il allait faire de lui ?