
Le Chemin de Travers
Dobby les fit transplaner derrière le Chaudron Baveur, juste devant le mur donnant sur l'allée marchande. Harry sortit sa baguette et tapota les briques pour ouvrir le chemin et attendit que le mur s'écarte avant de s'engager. Ils étaient en début d'après-midi, donc le chemin était bondé. Il préféra retirer sa capuche, on repérait mieux quelqu'un portant une capuche qu'une personne aux cheveux blancs, surtout que les sorciers étaient souvent un peu excentriques.
Il se dirigea d'abord vers Gringotts tranquillement, personne ne le reconnaissait et c'était vraiment agréable de pouvoir se déplacer sans être en permanence pointé du doigt.
Il entra dans le grand bâtiment de marbre et s'avança vers l'un des comptoirs libres où un gobelin triait des pièces paraissant anciennes. Il sortit sa clef de sa poche et apostropha la créature :
_ Bonjour.
Le gobelin leva la tête et posa les pièces de côté avant de le saluer en retour.
_ Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
_ Je voudrais descendre dans mon coffre pour récupérer de l'argent.
_ Avez-vous votre clef ?
_ Oui.
Il posa la clef sur le comptoir et le gobelin s'en saisit. Il l'observa une seconde avant de regarder Harry, puis la clef et de froncer les sourcils.
_ Est-ce qu'il y a un problème ?
_ Votre clef n'est plus la bonne pour ouvrir ce compte, jeune homme. Le propriétaire l'a faite changer au début de l'été.
_ Comment ça ? Mais je suis le propriétaire.
Il remonta sa mèche pour bien exposer sa cicatrice et le gobelin fronça les sourcils, encore plus circonspect. Il appela un autre gobelin et lui dit quelque chose dans sa langue pendant que Harry s'assurait que personne n'avait remarqué l'échange, il avait bien fait attention à ne pas hausser le ton pour ne pas attirer l'attention. Le gobelin se tourna finalement vers lui et dit :
_ Si vous voulez bien suivre Gornuk, il va vous emmener auprès du gobelin gérant votre compte.
Harry hocha la tête et suivit le gobelin sans récupérer sa clef que l'autre avait gardé. Ils passèrent une petite porte menant à un long couloir où s'alignaient d'autres portes portant chacune une plaque avec un nom. Ils marchèrent un moment avant que Gornuk ne s'arrête devant une porte portant le nom de Ragnarök. Le gobelin toqua et la porte s'ouvrit peu après, il s'écarta du passage pour laisser passer Harry qui entra dans la pièce.
En face de la porte se trouvait un bureau, derrière lequel était assis un autre gobelin et devant lequel se trouvaient deux chaises pour les visiteurs. Sur les murs de marbre, il y avait une multitude d'alvéole, chacune portant un nom en dessous, sur une plaque d'argent et elles étaient remplies de dossiers, sûrement les comptes dont s'occupait le gobelin.
Il salua le gobelin et s'assit sur l'un des deux sièges. Le gobelin l'observa attentivement avant de sortir d'un tiroir une plume rouge sang et un parchemin.
_ Tout d'abord, je dois vérifier votre identité pour être certain que vous êtes bien monsieur Potter. Veuillez écrire votre nom complet sur ce parchemin.
Harry prit la plume et la posa sur le parchemin avant d'écrire son nom. Il ne demanda même pas pourquoi il n'avait pas besoin d'encre, il se doutait qu'elle devait être enchantée. Sauf que, quand il écrivit, seules quelques lettres apparurent, comme s'il n'y avait pas assez d'encre pour tout écrire et le peu qui s'inscrivit était de couleur rouge. Il leva un sourcil et le gobelin parut tout aussi interloqué que lui.
_ Est-ce que vous faites de l'anémie ?
_ Euh... En quelque sorte oui. Pourquoi ?
_ Il s'agit d'une plume de sang, elle a la particularité d'écrire avec votre sang. Ce moyen est considéré comme moins barbare que l'ancien pour prouver son identité.
_ Ah.
Il regarda le parchemin et vit que des mots y étaient apparus, le gobelin le prit et hocha la tête.
_ Il semblerait que ça ait suffit... Voyons voir, Harry James Potter, héritier des Potter de par votre père, James Potter. Vous pourrez réclamer votre titre de Lord Potter dès vos seize ans si vous le désirez.
_ Lord ?
_ Bien entendu. Les Potter sont une longue lignée de Sang-pur et l'une des dix familles les plus riches d'Angleterre. Normalement, on aurait du vous en informer.
_ Je... Je ne sais rien de tout ça. Qui était censé m'en parler ?
_ Votre tuteur magique, Albus Dumbledore. C'est aussi lui qui a présenté une lettre de votre main pour faire changer les serrures de tous vos coffres par précaution. Mais je déduis de la situation actuelle que vous n'étiez pas informé de cette mesure non plus.
_ Non. Est-ce... Et-ce qu'il a retiré quelque chose ?
_ Non. Aucune transaction n'a été effectuée depuis vos comptes. Si vous me disiez ce que vous savez, ce sera plus simple de vous expliquer les choses comme cela.
_ Je sais juste que je possèdes le compte 687 et que mon oncle et ma tante sont mes tuteurs.
_ Je vois. Donc, vous ne savez rien. C'est une véritable honte ! Votre tuteur aurait dû vous informer de votre héritage il y a longtemps. Je m'étonnais aussi de ne jamais vous voir en personne... Je supposes que vous ne recevez pas nos lettres.
_ Non.
_ Je vois. Bien, commençons par le commencement. À la mort de vos parents, au vue des circonstances dans lesquelles elle s'est produite et de votre cas lui-même, le Magenmagot a décidé d'aller à l'encontre du testament de vos parents et de confier votre garde à Albus Dumbledore. Mais, étant un homme occupé et n'ayant pas la meilleure des positions pour vous élever, il vous a confié à votre seule famille vivante, votre oncle et votre tante moldu. Bien que cela aille aussi à l'encontre du testament de vos parents qui précisait que vous ne deviez jamais atterrir là-bas. Cependant, comme le tribunal a décidé d'ignorer le testament et comme vous avez une protection de sang vous protégeant chez votre famille moldu, il a été autorisé à vous y placer, à condition qu'il veille à ce que vous soyez bien traité. Jusque là, est-ce que vous suivez ?
_ Oui. Mais pourquoi avoir ignorer le testament de mes parents ?
_ Vous êtes un cas spécial pour le monde sorcier monsieur Potter, à l'époque, la guerre venait de finir mais de nombreux Mangemorts étaient en liberté et beaucoup voulaient votre mort car vous avez causé la disparition de leur maître. Votre protection passait en priorité et vous placer dans le monde sorcier aurait été dangereux, et avec la protection de sang donnée par votre mère, il était plus sûr de vous placer là-bas.
_ Je vois...
C'était logique, il comprenait. Même s'il était sûr qu'il aurait pu grandir dans une famille sorcière avec des protections adéquates... Il soupira avant de relever un autre détail :
_ Vous dites qu'il devait vérifier que je me portais bien, mais je ne l'ai vu pour la première fois que le jour de mon entrée à Poudlard. Et je n'ai été mis au courant de l'existence du monde sorcier que le jour de mes onze ans lorsque j'ai reçu ma lettre. De plus, s'il vérifiait vraiment, pourquoi est-ce qu'il n'a pas agit alors que mon oncle et ma tante me maltraitaient ?
_ Il a placé une cracmol dans le quartier, madame Arabella Figg, chargée de vous surveiller et de lui rapporter tout ce qui vous arrive. Et comment ça vous étiez maltraité ?
_ Madame Figg est une cracmol ? Je ne le savais pas ! Mais ça explique certaines choses... Pour ce qui est du reste... Comment dire ? Mon oncle et ma tante haïssent tout ce qui touche de près ou de loin à la magie, donc par extension, moi aussi. J'ai dormis dans le placard sous l'escalier jusqu'à mes onze ans, où ils m'ont donné la plus petite chambre de la maison, parce qu'ils avaient peur que les sorciers s'en prennent à eux, car l'adresse sur la première lettre que j'ai reçu indiquait l'endroit où je dormais. Depuis mes trois ans jusqu'à l'été de ma quatrième année, je leur ai littéralement servit d'elfe de maison. Si je ne finissais pas mes corvées à temps ou si je les faisais mal, j'étais privé de dîné et été enfermé dans mon placard jusqu'au matin, je mangeais les restes la plupart du temps et à chaque fois que je faisais de la magie accidentelle, j'étais enfermé pendant une semaine sans manger, Dudley, mon cousin, avait le droit de me faire ce qu'il voulait et prenait un malin plaisir à me courser avec ses copains pour me tabasser, ils appelaient ça la Chasse au Harry. J'ai été un peu tranquille au début des vacances après ma deuxième année, car je les avais menacé de leur jeter un sort s'ils se servaient encore de moi comme d'un esclave, mais, malheureusement, un elfe de maison du nom de Dobby a cru bon de faire de la magie dans la maison, en faisant en sorte qu'on croit que c'était moi, et je me suis prit une beuglante du ministère qui a informé ma famille que je n'avais pas le droit d'utiliser la magie en dehors de l'école. Suite à ça, j'ai été enfermé dans ma chambre avec des verrous à la porte et des barreaux à la fenêtres. Je ne suis sortit que grâce aux jumeaux Weasley et leur frère Ron, qui sont venus me chercher en voiture volante pour me ramener chez eux. Ils ont arrêté de me traiter comme un esclave à la fin de ma troisième année, quand je leur ai dis que le meurtrier psychopathe qui s'était enfuis de prison était en fait mon parrain, Sirius Black, et qu'il comptait bien s'assurer que je passais de bonne vacances. Depuis, on s'ignore mutuellement, je me débrouille pour trouver à manger et j'évite de me faire remarquer. Bon, bien sûr, quand je sors et que je rentre après mon cousin, la porte est fermée à clef et je dois passer la nuit dehors, mais c'est plus tranquille qu'avant. Voilà... C'est un assez bon résumé de ma joyeuse vie de sale gosse pourri gâté et arrogant.
Le gobelin resta silencieux un moment face à ses révélations. Il se doutait que Potter ne lui avait donné qu'une explication brève et qu'il avait sûrement omis des détails, mais il ne commenta pas. La manière dont les humains traitaient leurs enfants ne le concernait pas et il préférait grandement ne pas y avoir à faire. Parfois les humains pouvaient être si incompréhensibles et inconscient. Mais il restait tout de même un peu contrarié qu'on ait ainsi traité un héritier aussi important, il avait beaucoup de possessions à Gringotts, ce qui signifiait beaucoup de revenus pour eux, les gobelins, s'il était mort durant ces années, ça aurait été une pertes d'argent importante. Harry soupira encore une fois et ajouta :
_ Mais bon... je suppose que le directeur, dans son infinie bonté, n'a pas songé une seule fois que ma propre « famille » me traiterait ainsi. Non, il a beaucoup trop foi en l'humanité et en la bonté innée des gens... Il semble croire que tout le monde est gentil et qu'il est impossible que les membres d'une même famille se fasse du mal entre eux. Et qu'il a du penser que j'étais trop jeune pour m'occuper de mon héritage, ou alors il a pensé que ça ne m'intéressait pas, étant donné que je n'ai jamais posé de question dessus... Il est toujours comme ça, il cache des informations jusqu'à ce que je les découvre par moi-même, comme un grand.
_ Il est vrai que Albus Dumbledore a tendance à ne voir que le bon côté des gens. Mais ce n'est pas une raison pour avoir été si négligeant. Mais ne vous inquiétez pas, je lui enverrais une lettre pour avoir le fin mot de cette histoire, fit le gobelin en songeant à se le mettre dans la poche. Dans tout les cas, il faut changer votre tutorat. Normalement, d'après le testament de vos parents, votre parrain est en tête de liste. Mais au vue des circonstances et de sa trahison...
_ Sirius n'a pas trahi mes parents, coupa le jeune homme.
_ Comment ça ? Il était pourtant leur gardien du secret.
_ Vous pensez sérieusement qu'ils l'auraient mis en tête de liste s'il était vraiment leur gardien ? S'ils venaient à mourir, cela aurait voulu dire qu'il les avait trahi. De plus, j'ai passé plusieurs moments seul à seul avec Sirius l'année dernière et à la fin de ma troisième année, j'ai rencontré Peter Pettigrow. Je peux vous certifier que Sirius est totalement innocent des crimes dont on l'accuse.
_ Vous en êtes certain ?
_ Plus que certain. De plus, il a été condamné sans procès, donc son évasion n'est pas à prendre en compte étant donné qu'il a été emprisonné illégalement.
Le gobelin réfléchit un instant, mettant les éléments en ordre. Black était aussi un client important, le voir libre leur ramènerait très certainement quelques avantages, dont la reprise d'activité des comptes Black. Il hocha finalement la tête et dit :
_ Si votre parrain peut venir ici et nous prouver son innocence, alors qu'importe ce que dire votre ministère, il deviendra votre tuteur. Tant que nous savons qu'il est innocent, ça nous suffit. Je discuterais avec le gobelin s'occupant des comptes de la famille Black afin qu'il monte un dossier. Si vous pouviez contacter votre parrain.
_ Je le ferais dés que possible, promis.
Ragnarök hocha la tête et ils continuèrent de discuter de tous les détails de la vie de Harry ainsi que de ses possessions. Le jeune sorcier fit aussi changer de nouveau ses clefs, se demandant pourquoi le directeur les avait fait changer de base. Il n'avait pourtant rien retiré de ses comptes, ils étaient touts intacts et Ragnarök s'occupait de faire fructifier l'argent selon les anciens placements des Potter.
Il apprit donc qu'il possédait en tout cinq comptes différents :
Le premier était celui familial des Potter, qui contenait toute leur fortune, il ne pouvait pas y accéder, même après ses dix-sept ans, ce coffre était totalement fermé. La tradition voulait que chaque Potter ait un compte d'ouvert à la naissance et qu'on y verse une somme prédéfinie à chaque anniversaire à partir du compte principal. Une fois les dix-sept ans atteints, les versements s'arrêtaient et le Potter devait se débrouiller avec ce qu'il avait dans son compte. Certains dépensaient tout n'importe comment, d'autres le faisait fructifier, d'autres n'y touchaient pas et se contentait de vivre une vie paisible, d'autres encore travaillaient pour gagner plus d'argent. C'était à chacun de décider comment il vivrait, mais ainsi, la fortune familiale ne risquait pas d'être dilapidée par un inconscient.
Le second coffre était son coffre personnel, le numéro 687 qu'il utilisait jusqu'à présent.
Le troisième était un coffre où les Potter conservaient des artefacts, des livres, des meubles, tout le bric à brac qu'ils ne pouvaient pas conserver chez eux et qui était plus en sécurité à Gringotts. Il ne pourrait y accéder qu'à ses seize ans.
Le quatrième était un compte que Sirius lui avait ouvert et qui était alimenté tout les ans à son anniversaire depuis sa naissance. Il pouvait y accéder librement. Sirius l'avait aussi désigné comme son seul héritier. Il se demandait pourquoi son parrain ne lui en avait pas parlé, puis, il se dit qu'il devait penser qu'il était déjà au courant, prévenu par les gobelins ou Dumbledore.
Le dernier coffre était le plus surprenant. Visiblement, il était un héritier de Serpentard par la magie. Voldemort avait du lui transmettre ça, en plus du fourchelang, il ne savait comment... Dans tous les cas, comme dans la famille Potter, les descendant de Serpentard avaient un coffre remplit à chaque anniversaire d'une certaine somme. Il se demandait vaguement si son ennemis attitré était au courant qu'il lui donnait de l'argent de poche... Quoi qu'il en soit, il pouvait y accéder comme il voulait et c'était plutôt amusant de savoir que Voldy l'entretenait. Il fit cependant changer le nom sur le dossier, prenant celui de Alec Riddle, par mesure de précaution et pour faire enrager le Lord. Peut-être qu'il allait penser avoir un fils inconnu, ça serait vraiment très amusant de jouer sur deux plans avec lui ! Mais il s'arrêta rapidement dans ses pensées. Depuis quand était-il si Serpentard ?
Il apprit aussi qu'il était le propriétaire de plusieurs maisons et manoirs et qu'il avait deux elfes de maisons par bâtisse qui les entretenaient depuis toutes ces années. Il décida de s'y consacrer plus tard, pour le moment, il n'en avait pas besoin.
Il possédait aussi des actions dans certaines société, dont le quart de la gazette du sorcier, ce qui le surpris. On s'était bien entendu défendu de lui dire qu'il pouvait faire arrêter tout ces fichus articles sur lui qui sortaient depuis le début de l'année dernière, ce qu'il fit aussitôt par une beuglante bien sentie envoyée illico presto au directeur de la gazette. Avec tous les comptes qu'il possédait, il pouvait aisément racheter tout le journal s'il le souhaitait et il l'avait bien fait comprendre au directeur. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il ait un minimum de jugeote.
Une fois qu'il eut réglé ses affaires à Gringotts, récupérant au passage une liste de livre sur la comptabilité et la gestion d'un patrimoine à acheter ainsi qu'une bourse bien remplie, il partit faire ses courses à proprement parler.
Il passa en premier chez madame Guipure et lui demanda une nouvelle garde-robe et des robes de Poudlard neuves. La couturière s'empressa d'accéder à sa demande et lui demanda s'il était un nouvel élève, il répondit que oui et qu'il avait eut jusque là une éducation à domicile, mais que ses parents ne pouvaient pas lui apprendre plus de chose et qu'il avait insisté pour aller à Poudlard. Son histoire tenait la route et on ne lui posait pas trop de question.
La couturière prit ses mesures avant d'annoncer :
_ Votre commande risque de mettre du temps avant d'être terminée, au moins une heure.
_ Ce n'est pas un problème, j'en profiterais pour faire des courses. Mais est-ce que vous avez des gants en peau de dragon ?
Il se coupait soigneusement les ongles pour éviter de griffer qui que ce soit, mais on n'était jamais trop prudent. La femme partit lui en chercher et il les paya aussitôt avant de les mettre. Ils lui allaient parfaitement et lui donnaient l'impression d'avoir une seconde peau, c'était parfait. Il sortit ensuite de la boutique en promettant de revenir une heure plus tard.
Il se rendit ensuite à l'apothicaire et s'acheta de nouveaux ingrédients, puis il fit le plein de parchemin et d'encre à la papeterie, en profitant pour acheter deux nouvelles plumes.
Il allait se rendre à la librairie lorsqu'il passa devant un coiffeur sorcier. Il jeta un regard à ses cheveux, hésita, on pourrait voir sa cicatrice, mais se décida à entrer en lançant un léger sort de glamour sur sa cicatrice pour qu'on ne la voit plus du tout. Il avait bien besoin d'une nouvelle coupe, et il devait acheter une brosse, un peigne et des élastiques. Il trouvait que les cheveux longs ne lui allaient pas si mal.
Une jeune fille l'accueillit joyeusement et le conduisit vers un siège. Il posa son sac et retira sa cape avant de s'asseoir, elle lui passa une espèce de poncho en cuir pour protéger ses vêtements et lui demanda ce qu'il voulait comme coiffure. Il réfléchit un instant avant de dire lentement :
_ En fait, je ne sais pas vraiment. J'ai décidé de les laisser pousser, mais je ne sais absolument pas comment les entretenir ou les coiffer. Cependant, j'aimerais garder une mèche sur le devant et quelques mèches sur les côté en laissant le reste pousser pour être attaché.
_ Je vois le genre. Ne vous en faites pas, je suis une spécialiste.
Elle lui sourit joyeusement avant de se mettre au travail, le complimentant sur la douceur de ses cheveux et lui donnant des conseils pour les entretenir.
Une demi-heure plus tard, il ressortit avec les cheveux propres et coupés correctement. La jeune fille, Loriane, lui avait tressé ceux à l'arrière en une multitude de tresses rassemblées en une queue de cheval et avait laissé les mèches sur les cotés et une autre sur le front, lui donnant un certain air. Il avait dans son sac de quoi s'occuper de sa chevelure et une liste de conseil qu'elle lui avait gracieusement donnée.
Il se rendit ensuite à la librairie et acheta beaucoup de livre dans divers domaines. Il chercha pour les magies de l'esprit et trouva difficilement quelques ouvrages dans un petit rayon, il les prit aussitôt, ça pouvait servir. Il acheta aussi des livres de Défenses, de potions pour débutant afin de parfaire ses bases, de botanique, de sortilège et de métamorphose. Il acheta aussi les livres conseillés par Ragnarök pour la gestions de ses affaires et ceux conseillés par Loriane pour l'entretient de ses cheveux. Il en acheta aussi sur les glamours et sorts d'illusions diverse tant qu'il y était.
Il avait l'impression de se transformer en Hermione... Mais il savait qu'il ne pouvait plus se permettre de mettre ses études de côté. Il l'avait fait pendant quatre ans et maintenant, il s'en mordait les doigts. Lorsqu'il était encore au primaire, il avait tout fait pour garder les meilleurs résultats scolaires de la classe, chose qu'il avait toujours réussi à faire, pour le plus grand déplaisir de sa famille. Elle le faisait peut-être passer pour un délinquant et un sale gosse, mais au moins, il pouvait se vanter d'être intelligent et il avait bien l'intention de faire en sorte de garder ce privilège. C'était l'une des rares choses qu'il pouvait faire à l'époque pour faire enrager sa famille sans qu'ils ne puissent le punir. On ne punissait pas un enfant parce qu'il avait toujours la note maximale à ses contrôles. Mais, son objectif principal à l'époque était d'obtenir une bourse pour une bonne université, une fois majeur. Faire de bonnes études, être doué pour apprendre, c'était le seul échappatoire qu'il avait trouvé pour se sortir de sa condition d'esclave et d'orphelin.
Mais, en découvrant le monde de la magie, en découvrant qu'il avait assez d'argent pour vivre plusieurs vies sans problème, en découvrant qu'il pouvait avoir des amis, il avait totalement mis ses études de côté pour s'amuser et vivre enfin librement. Oui, Poudlard avait été un havre de liberté et de joie, sa première vraie maison, et le vieux château l'était toujours. Il s'était donné le droit d'être insouciant et de profiter de la vie, même avec les événements qui arrivaient à chaque fin d'année, il avait continué à fermer les yeux, à profiter.
Mais, l'année dernière, lorsqu'il avait été inscrit de force à ce maudit tournois, il avait commencé à comprendre que le temps de l'insouciance, de la douce ignorance, était terminé. Il avait compri qu'il lui fallait devenir plus fort, qu'il devait en apprendre plus sur la magie et surtout, apprendre à la contrôler. Il s'était entraîné sans retenue pour survivre aux épreuves, il avait commencé à travailler sa magie sans baguette, qu'il pratiquait déjà un peu instinctivement lorsqu'il était encore ignorant de son pouvoir, et il avait même débuté un entraînement animagus sous la tutelle de Sirius et dans le plus grand secret de tous. Il n'avait même pas averti ses amis de ses entraînements personnels. Bien sûr, Hermione l'avait aidé pour le sortilège d'attraction et pour réviser avant l'épreuve du labyrinthe, mais sinon, il ne leur avait rien dit. Ce n'était pas qu'il ne leur faisait pas confiance, mais il voulait garder sa magie sans baguette et son entraînement animagus pour lui, juste pour lui. C'était son petit secret à lui seul.
Maintenant qu'il était un demi-zombie, il ne savait pas s'il pouvait devenir animagus, mais il avait découvert qu'il arrivait à mieux faire de la magie sans baguette, ce qui était plutôt utile. Sirius avait parlé de quelque chose à propos de la magie pendant qu'il lui apprenait les bases pour se transformer, il disait que les sorciers avaient tous une limite à ne pas dépasser, afin d'éviter de perdre leur magie et qui les arrêtait en les faisant s'évanouir, si jamais ils puisaient trop loin dans leurs ressources. Cette limite évitait aussi que la magie ne quitte le corps en permanence, la gardant à l'intérieur du noyau magique. C'était pour cela que les baguettes existaient, elles permettaient de catalyser l'énergie magique et de lever la limite afin qu'ils puissent s'en servir librement. D'après Sirius, s'il y avait aussi peu de personne qui parvenait à devenir animagus, c'était parce que la transformation ne se faisait pas avec une baguette mais à travers la volonté du sorcier et sa capacité à manipuler sa magie pour qu'elle lui fasse changer de forme sans utiliser de baguette, et donc il devait passer la limite sans aide de catalyseur. C'était aussi pour cela que seuls les sorciers les plus puissants pouvaient se passer de baguette, comme Dumbledore ou Voldemort, et maintenant, lui. Et c'est pour cela que le ministère de la magie mettait la trace sur la baguette et non pas sur le sorcier.
Sa « mort » et sa « résurrection » en tant que zombie avaient dû faire sauter la limite, ce qui lui permettait d'utiliser plus librement sa magie, mais il sentait qu'il allait devoir apposer lui-même une limite s'il ne voulait pas la voir exploser à chaque crise de colère.
Mais, pour en revenir au sujet initial, il avait décidé qu'avoir un mage noir qui en voulait à son derche était suffisant pour lui faire retrouver ses vieilles habitudes scolaires et lui faire travailler sérieusement sa magie.
Il s'arrêta dans ses pensées une fois arrivé chez madame Guipure avec un petit quart d'heure de retard. Il entra et fut accueilli par la couturière qui l'emmena aussitôt dans une pièce adjacente pour lui faire essayer tous ses vêtements en pestant sur son retard. Il s'excusa rapidement tout en commençant les essayages.
Il ne sortit de la boutique que deux bonnes heures plus tard, des sacs pleins les mains. Il grogna et appela Dobby qui apparu discrètement. Il lui donna ses sacs de vêtements et son sac de livres en lui demandant de les emmener dans sa chambre. L'elfe s'exécuta et il put continuer de flâner encore un peu sur le chemin. Mais il n'avait plus rien à acheter, il le savait.
Il se résigna donc à retourner à l'arrière du chaudron Baveur (après avoir fait un dernier achat de dernière minute plutôt intéressant) et à appeler Dobby qui le ramena dans sa chambre.
Il s'effondra aussitôt sur son lit en poussant un soupir. Il était fatigué !
Dobby s'affairait à ranger ses affaires et une assiette sous cloche l'attendait sur son bureau. Il se leva en grognant, retira sa cape qu'il laissa tomber sur le dossier de sa chaise et posa ses gants sur le bureau avant de soulever la cloche. Ce soir-là, c'était émincé d'occipital avec de la mousse d'hypophyse, le tout arrosé de sauce piquante. Il prit sa fourchette et commença à manger en essayant d'oublier de quoi était constitué son plat.
Si au début, il devait se nourrir très souvent et en grosse quantité à cause de sa transformation, désormais, un cerveau pouvait facilement lui suffire pour au moins deux jours. Et il avait découvert, suite aux essais de Dobby pour assaisonner ses plats, que la sauce piquante était l'une des rares choses qui n'avaient pas le goût de cendre et qu'elle donnait un assez bon goût à l'ensemble. Il y avait aussi le café noir qu'il supportait, et l'eau bien évidemment. Mais son alimentation se limitait en grande partie à ces aliments.
Il soupira en posant sa fourchette à côté de l'assiette vide et regarda par la fenêtre. Le soleil était en train de se coucher et il était fatigué de sa journée. Il se leva donc, se changea en pyjama et se coucha sans plus de cérémonie, laissant Dobby continuer de ranger ses achats dans sa malle.
Il s'endormit comme une masse et ne fut réveillé que plusieurs heures plus tard par Dobby qui le secouait avec un air alarmé.
_ Monsieur, des inconnus sont entrés dans la maison, chuchota-t-il rapidement.
Au même instant, un bruit de verre brisé se fit entendre au rez-de-chaussé.