Mort, mon Beau-Père et Moi

Harry Potter - J. K. Rowling The Avengers (Marvel Movies)
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Mort, mon Beau-Père et Moi
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Summary
Qu'importe dans quelle prison il se fait enfermer, sur Midgard ou sur Asgard, Loki s'en fiche : Ses garçons sont enfin ensemble, sains et saufs. Seulement voilà, Harry ne va pas le laisser comme ça, et apparemment, Stark non plus. Le Roi de Hellheim s'élève, puissant, mortel... Et personne ne lui prendra son père. Personne. La Magie rencontre alors les Avengers, et tous doivent apprendre à vivre ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Parce que Thanos arrive, ignorant des nouveaux protecteurs de Midgard, et comme c'est dommage.Oui, vraiment.Dommage pour lui. Et dommage pour Odin, qu'il reste sur son Trône celui-là, aussi, ou ça ira très mal pour lui.
Note
Merci à Pipousan et Plurielle pour la correction ! JE N'AI PAS VU ENDGAME, JE NE VEUX PAS LE VOIR, ET JE NE VEUX RIEN SAVOIR ! PAS DE SPOIL DANS LES COMS - au moins pour les deux premiers mois, soyez cool - MERCI !
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Chapter 10

    Hemione frissonna en fermant son visage et en enfermant toutes ses pensées derrière ses lourdes  barrières d’occlumentie alors que le Directeur du S.H.I.E.L.D., Nicholas Fury, se rapprochait de son bureau à grand pas.

    Habituellement, il restait loin de toute la partie Magique du S.H.I.E.L.D, ne s’attendant à ses avancées qu’en lisant les rapports qu’elle lui faisait parvenir. Dans le pire des cas, il la faisait venir dans son bureau, mais c’était bien loin du compte, bien loin de cette situation. 

    Alors la sorcière se redressa et esquissa un léger sourire pour le saluer, calme. 

    - Directeur Fury, déclara-t-elle calmement. 

    Mais le Directeur n’était apparemment pas là, dans ses laboratoires, pour une visite de courtoisie. Son visage était fermé, totalement prêt pour un affrontement, et la sorcière réfléchit furieusement. Est-ce qu’on l’avait vu ? Est-ce qu’elle avait été repérée quand elle était allée dans le bureau de l’homme faire une première fouille ? Certes, le mieux aurait été de trouver les informations en un seul coup, mais malheureusement, il y avait trop à perdre, et Hermione malgré son tempérament de feu, avait toujours préféré la sécurité. Alors oui, elle avait prévu aller trois fois dans le bureau de Fury, en repérage puis pour trouver les informations qu’elle voulait sur Phil. 

    Elle était furtive. Une des meilleures. Une compétence qu’elle avait appris à la longue, à la dure sur un champ de bataille qui n’en était pas un, à devoir fuir, à regarder par dessus son épaule pendant si longtemps et se faire si discrète qu’on ne la voyait même plus, et Hermione n’était pas assez naïve pour croire qu’elle n’était plus en zone de guerre. Elle aurait pu faire de la politique, de la recherche, mais trop de souvenirs se bousculaient dans sa tête, des réflexes trop ancrés en elle, et quand l’opportunité de lier recherches et missions sur le terrain s’était présentée à l’époque, elle avait sauté sur l’occasion en y réfléchissant assez pour que ce ne soit pas étonnant pour elle. 

    Le S.H.I.E.L.D. était, selon elle, une agence qui avait beaucoup de potentiel pour faire de grandes choses. Vraiment. Elle voyait parfaitement le pourquoi de son utilité, elle voyait pourquoi on en avait besoin à l’époque de sa création et pourquoi on pouvait encore en avoir besoin aujourd’hui. Mais il y avait toujours ce petit quelque chose qui la dérangeait. Elle comprenait le secret - Dieu, elle avait grandi dans une société secrète, elle était la première à prôner l’importance du Secret. Mais c’était tout autre chose, et elle n’aimait pas vraiment ça. Elle n’avait rien dit, parce qu’elle n’avait pas eu de preuves concrètes devant ses yeux, mais la dissimulation de la survie de Phil était une preuve bénie. 

    Oui, elle allait s’en servir comme excuse pour quitter le S.H.I.E.L.D. avec panache. Et au vu de la colère glaciale qu’elle avait vu sur le visage de l’Agent Barton et de Natasha la veille, elle n’était pas la seule.

    Elle était outrée du comportement du Directeur. D’une manière assez tordue, et tellement concentrée sur la survie du plus grand nombre, Hermione pouvait voir que chacun n’était qu’un pion que l’on pouvait supprimer à la première pensée, si cela pouvait sauver d’autres personnes, mais ce n’était pas comme ça qu’elle voyait les choses. Tout comme Dumbledore, l’homme avait laissé son devoir prendre le pas sur son humanité, et ne voyait peut-être même plus ce qui était bien ou non. Le Bien, le Mal, ça pouvait être subjectif, tout comme la morale, mais il y avait des choses qui ne se faisaient pas

    Choisir un de ses meilleurs agents et profiter d’une blessure pour le faire passer pour mort et prendre la douleur d’autres personnes pour les manipuler  comme il le voulait, ça , ça ne se faisait pas. 

    Peut-être était-ce une vision trop utopique, mais Hermione avait grandi avec Harry Potter , celui qui, face à deux choix impossibles à faire, se créait un troisième choix, juste parce qu’il le pouvait, et qui consistait à sauver tout le monde, qu’importe la situation. Et malgré tout, Hermione avait gardé ce mantra en tête. Il n’était pas rare qu’en cas de crise, elle se plonge dans ses pensées pour se demander Qu’aurait fait Harry ? 

    On avait pas pu la voir, ce n’était tout bonnement pas possible. Elle passait peut-être ses journées dans les laboratoires, mais les gens avaient trop vite tendance à oublier qu’on ne devenait pas agent du S.H.I.E.L.D. sans passer par un entraînement qui pouvait être considéré comme extrême. Non pas que cela dérangeait Hermione, elle avait vraiment vécu pire, et c’était peu dire. Alors non, elle n’était pas simplement une rat de labo, elle était une agent pleinement formée et ceux, avant même d’entrer au S.H.I.E.L.D. et en plus de cela, elle avait sa magie.

    Il n’y avait que peu de sorcier au S.H.I.E.L.D., et la plupart, voire tous sauf elle, étaient américains. Ils ne connaissaient pas tous les sorts utilisés en Angleterre, tous les sorts créés pour la guerre. Parce qu’ils étaient bien gentils de déclarer Harry Sauveur du Monde dans son intégralité et de le faire citoyen américain à titre posthume, mais ils ne s’étaient pas beaucoup bougés le cul quand le vieux continent avait eu besoin d’eux. Non pas que l’Angleterre avait été la dernière ligne de défense du reste du monde contre Voldemort, mais le sorcier noir s’était tellement concentré sur ce pays qu’il avait totalement délaissé les autres, et Duh, qu’ avait  pensé le reste du monde, qu’une fois l’Angleterre asservie, Voldy allait s’asseoir sur le trône pour fanfaronner et savourer sa victoire ; et laisser le temps filer en profitant de sa victoire sans rien faire de plus ? 

    Naaaan, comme les recherches l’avaient révélé plus tard, il avait prévu d’asseoir sa domination sur les autres, un pays après l’autre, sans aucune distinction, et tout le monde était resté sur son gros cul en attendant qu’une bande de gamin défasse l’armée du plus meurtrier des Seigneurs des Ténèbres depuis Morgana même. Même Grinderwald, qui avait travaillé main dans la main avec Hitler , avait fait moins de victimes au total. 

    - Docteur Watson, où en est le polymère invisible que je vous ai demandé pour le mois dernier ? Grogna Fury en s’arrêtant face à son bureau, la sortant brutalement de ses pensées. 

    Elle résista à l’envie inconvenante de lui envoyer un regard noir et se redressa dans son siège - ok, ça c’était un des points forts du S.H.I.E.L.D., il prenait soin de leurs employés même ceux qui n’allaient pas sur le terrain à chaque fois, leurs sièges étaient incroyables pour les lombaires. 

    - Monsieur, je vous l’ai déjà dit, je suis dans l’incapacité de faire ce que vous me demandez, déclara-t-elle calmement. 

    Les poings de Fury se resserrèrent et il lui envoya un regard noir. 

    - Je croyais pourtant que la magie pouvait faire beaucoup de choses, vous aurais-je sous-estimé ? 

    Hermione ne fit que hausser un sourcil. S’il croyait sincèrement que la brosser dans le mauvais sens du poil, l'irriter puis lui impliquer certaines choses pour qu’elle relève un défi , s’il croyait sincèrement que ça allait fonctionner avec elle, c’était qu’il ne la connaissait pas du tout. Peut-être que ça aurait fonctionné sur Harry, mais elle n’était pas lui. Loin de là. Le bâton ne fonctionnait pas avec elle, et la carotte non plus. 

    Hermione était têtue, et butée. Dommage pour lui. 

    - Je vous l’ai déjà dit. J’ai beau être la sorcière la plus prometteuse de cette génération, je ne suis pas dieu , et encore moins mère Magie. Il a fallu de nombreuses années de recherches pour ne serait-ce qu’effleurer les mystères de l’invisibilité complète, et je sais de source sûre que les sept capes d’invisibilité dans le monde ne sont que de pâles copies d’une huitième, dont les pouvoirs dépassent l’entendement. La création des Capes était un accident, et les recherches se sont perdues lors des guerres, détruites pour éviter les débordements. A quoi vous attendez-vous ? Que je reprenne les recherches dès le début ? Il a fallu des siècles pour arriver à un résultat qui fasse l’affaire sans être parfait pour autant, avez-vous autant de temps devant vous ? Déclara-t-elle platement.

    Le Directeur face à elle ne répondit rien, mais n’était absolument pas heureux de ses paroles. Il eut néanmoins le bon ton de ne rien dire. S’attendait-il réellement qu’elle réussisse une prouesse qui avait été faite des siècles plus tôt et par accident ? Même elle n’était pas aussi ingénieuse, et elle était pourtant assez confiante de ses capacitées. 

    - Ce que je peux vous proposer en revanche, ce sont des tenues qui dissimulent l’agent à la vue de tous, expliqua-t-elle comme elle l’avait déjà fait plus tôt cette année, quand cette même demande était arrivée sur son bureau. Cela ne se dissimulera pas de la vue des caméras de sécurité quelconque, ni de l’homme trop paranoïaque, mais c’est déjà un début, vous ne croyez-pas ?  Déclara-t-elle platement. 

    - Ce n’est pas ce que je voulais, grogna le Directeur une nouvelle fois. 

    - Je ne peux pas faire mieux que me plonger dans des recherches sans aucune garantie de réussite. Ça pourrait être une importante perte de temps, d’énergie et de ressources. Je peux vous fournir la pointe de la pointe des sorts de dissimulation que des Non-Magiques peuvent utiliser, mais je ne peux pas faire des miracles. La magie a des limites, malgré tout mon savoir-faire. Je ne peux pas vous offrir plus, expliqua-t-elle en se redressant. 

    Fury lui envoya de nouveau un regard noir et grogna une nouvelle fois, puis se détourna. 

    - Ne me décevez pas, Watson ! Cracha-t-il en s’éloignant. 

    Hermione renifla silencieusement et fusilla son dos du regard avant d’esquisser un sourire. 

    Monsieur Nicholas Fury, Directeur du S.H.I.E.L.D. était énervé. Intéressant. Oh, Hermione savait exactement pourquoi il était ainsi, il n’y avait que peu de choses qui étaient capable de le faire ainsi sortir de ses gongs. Et la sorcière se souvenait du regard sur le visage de Natasha quand elles avaient discuté la veille de ce qu’elle comptait faire quand Fury allait la contacter pour un rapport. 

    Barton et Natasha devaient faire les sourdes oreilles à ses appels. 

 

    Natasha et Barton avaient pour mission de se rapprocher assez d’Anthony Stark pour qu’il leur propose d’habiter avec eux, qu’ils appuient là où il fallait pour que Stark décide de lui-même de les prendre sous sa coupe, son influence et surtout, son argent. 

    Stark Industrie était un actionnaire important du S.H.I.E.L.D., la société déversant beaucoup - trop du point de vue d’Hermione - d’argent dans l’agence, étant donné que le père d’Anthony Stark était un des fondateurs de l’agence. 

    Alors bon. Comment elle le savait ? Mystère, aha. Hermione était une fouineuse, d’accord ? Et c’était des informations bien moins surveillées que les informations en rapport avec Phil. 

    Natasha avait expliqué sa mission à Stark, qui n’avait fait que hausser un sourcil avant de ricaner qu’il était bien beau, le statut de consultant qui se transformait pour Fury en Sugar Daddy . Ce qui n’était pas faux, cela dit. Comment Fury pouvait-il penser que c’était une bonne idée ? Certes, Stark était riche, personne ne pouvait le nier. Mais pourquoi lui voler son temps en plus de son argent ? 

    Sauf qu’apparemment, l’homme avait plus le cœur sur la main que quiconque pouvait le penser. Ou plus exactement, tout un tas de billets au bout des doigts, qu’il n’avait aucun scrupule à jeter à la volée. Il avait déjà prévu d'accueillir l’équipe des Avengers dans sa tour, ainsi que Harry et sa famille retrouvée avant même que Fury ne formule cette idée à voix haute. 

    Cet homme avait un esprit qui allait beaucoup plus vite que quiconque pouvait l’imaginer sûrement. Il suffisait de voir sa nouvelle ligne de défense depuis la fermeture de l’armurerie de Stark Industrie, et même à ce moment-là ! Il avait toujours plusieurs coups d’avance, et ooooh que Hermione aimerait travailler avec lui, même si l'ingénierie dans laquelle le génie excellait était très loin de son domaine de compétence...

    La sorcière se secoua pour sortir de ses pensées et après un dernier coup d’œil autour d’elle, se plongea de nouveau dans ses recherches. 

    Avec un peu de chance, elle aura un jour la possibilité de le faire, si elle lui demandait gentiment. Même si elle n’était pas sûre de comprendre la moitié de ce qu’il pouvait faire, cela ne pouvait être que magnifique de voir l’homme évoluer dans son environnement de prédilection. En tout cas, elle allait traîner à la tour Stark le plus souvent possible. Après tout, quand Gin avait déménagé à Malibu pour être le plus proche possible d’Anthony Stark, Hermione et elle avaient un peu perdu contact, ou plus exactement, ne se voyaient plus autant qu’avant. Maintenant, elle était à New York, tout près, Harry était encore revenu d’entre les morts et était lui aussi à la Tour Stark, bien décidé à y rester aussi longtemps qu’il le pouvait pour être avec sa famille.

    Et puis, il allait y avoir Natasha qui allait y habiter, alors pour Hermione, il n’y avait vraiment pas photo. 

 

.*.

 

    Tony lâcha un petit bruit de contentement en se redressant, s’étirant pour faire craquer sa colonne vertébrale. Mais il ne s’attarda pas sur ces douleurs résiduelles, sautant plutôt sur ses pieds sans faire attention au pic brûlant qu’il y avait entre ses omoplates, attrapa sa tablette et sauta dans l’ascenseur. Sans même avoir besoin de demander à JARVIS de le conduire, trop pris dans les informations disponibles sur son écran qui défilaient devant ses yeux, il trébucha à l’étage où les Avengers dormaient depuis deux jours, et releva enfin le nez.

    Celui qu’il cherchait justement était installé dans le salon, sur un des canapés que Pepper avait épousseté d’un joli coup de baguette, et Tony était plus que jaloux, parce que Damned tout de même, c’était juste génial.
    - Bruce ! Clama-t-il en trottinant jusqu’à lui.

    L’homme sursauta un peu et releva la tête de son livre pour le regarder arriver, un peu beaucoup surpris par son éclat de voix.
    - Tony ?

    L’ingénieur fredonna de contentement et se laissa tomber à côté de lui, son corps se rappelant à son bon vouloir et il se laissa s’enfoncer dans le canapé avec un soupir de plaisir. 

    Il avait passé la nuit à travailler sur un plan tout particulier, bien qu’il s’était aussi attardé sur les étages qu’il comptait confectionner pour chacun des Avengers, ainsi que bien d’autres projets qui allaient partir très rapidement à la R&D... Quand cette dernière sera installée dans la tour, bien entendu.

     Donc, quand ils auront fini les travaux. 

    Donc, quand le plus gros des travaux dans les rues sera terminé. 

    Zut, ça faisait du temps. 

    - Tu as dormi, cette nuit ? S’enquit ensuite Bruce d’une voix calme. 

    Tony se redressa en papillonnant des yeux.

    - Oui  ! Euh, non. Attend, quoi ? Se retrouva-t-il à marmonner en regardant son collègue scientifique. 

    Ce dernier haussa un sourcil puis soupira en secouant la tête, fermant son livre pour le poser sur la table face à lui.

    - Ça répond à ma question, en tout cas, marmonna-t-il avant de se lever. 

    - Attend, Brucie Bear, où vas-tu, je devais te montrer quelque chose ! S’exclama-t-il d’une voix un peu trop pâteuse à son goût. 

    Zut, ce n’était pas commun. Il était un Stark, et les Stark ne vivaient pas avec plus de 6 heures de sommeil, grand maximum ; ça n’allait pas être sa petite nuit blanche qui allait le mettre KO tout de même, si ? Naaaan, tout de même pas, il ne faut pas exagérer...

    Ses narines frémirent de plaisir quand une tasse remplie de café bien chaud fut apportée juste devant son nez et il gémit de plaisir.

    - Je ne sais pas combien tu en as bu depuis ce matin, je sais que c’est une très mauvaise idée, tu devrais dormir plutôt que de tirer sur la corde comme ça, Tony, déclara Bruce d’une voix douce. 

    Il avait une voix si douce. Très gentille. Vraiment agréable à écouter. Bruce devrait lire des livres et vendre ces fichiers sur internet, ce serait tellement cool à écouter. Pour d’autre, hein. Pas que Tony Stark n’écoute de livres audios... Non. Du tout. Pas son genre. 

    Jamais. 

    Et quiconque dira le contraire, qu’il adorait que JARVIS lui lise Alice aux Pays des Merveilles ira pourrir en enfer. Il allait les boulotter, les recracher, et utiliser les ossements réduits en poudre pour les fondations d’un autre manoir. 

    Tony sirota donc le café que lui avait si gentiment apporté l’autre scientifique, ravalant un bâillement et pestant intérieurement contre les quelques heures de sommeil qu’il grapillait de si, de là, bien trop peu, même pour un  insomniaque comme lui, et bien trop entrecoupées de cauchemars, encore pire qu’après l’Afghanistan.

    Pas qu'il s'en plaignait. Peu de gens le savait ou semblait même le remarquer, mais en réalité, il ne parlait que très peu... Mais alors très peu des réelles choses qui le concernait. Pourquoi le ferait-il ? Howard l'avait assez vacciné des complaintes de fillettes qui n'allaient pas à un garçon, et encore moins à un Stark.

    Ses mots à lui. Pas ceux de Tony. Est-ce qu'il avait réellement travaillé avec Peggy Carter ? Parce que si toutes les choses de fillettes se référaient à elle, Tony était même déçu d'être né un garçon.

    Tony cligna des paupières, grommelant silencieusement de s'être une nouvelle fois perdu dans ses propres pensées comme ça, sans aucun signe préalable. 

    Ça arrivait un peu trop souvent pour sa santé mentale. Ça ne lui plaisait pas du tout. 

    - Tony ? 

    L’ingénieur releva la tête - oh, ils étaient presque tous là, le regardant du coin de l’œil en essayant d’être discret, et même les super espions que deux d’entre eux étaient n’étaient pas très discrets. Est-ce qu’ils étaient bon à ce qu’ils faisaient ? Des espions ? Ils étaient sûrs d’eux ? Étrange. Le tout tandis que Bruce était penché au dessus de lui, la tête penchée pour attraper son regard. L’ingénieur cligna des paupières un instant. 

    - Quand est-ce que tu as dormi pour la dernière fois ? Lui déclara l’autre scientifique en fronçant les sourcils, s’asseyant à ses cotés, une main sur son bras. 

    Il était véritablement inquiet, et Tony n’aimait pas ça. Il bougea la tête, les mains tenant la tasse de café que Bruce venait de lui donner, tasse bien trop vide trop rapidement, insupportable. Et puis... Il ne tenait que la tasse. Où était...

    Sa tablette était sur la table basse, était-ce lui qui l’y avait mis ? Il n’arrivait pas à s’en souvenir. 

    - Pas important, marmonna-t-il. J’ai fini ! Déclara-t-il ensuite en se redressant.

    Il cligna des yeux pour chasser les petits points noirs qui dansaient devant ses prunelles et attrapa sa tablette. 

    - Regarde, et dis-moi ce que tu en penses, s’exclama-t-il ensuite avec un grand sourire en lui tendant les plans sur lesquels il était en train de travailler. 

    Il se leva ensuite, réussissant à ne pas trébucher sur ses propres pieds pour aller dans le coin cuisine, ne regardant pas les autres personnes présentes. Il sentait pourtant leur regard sur son profil, mais personne ne dit rien. Rien du tout. Enfin..

    - Putain, tu ressembles à un cadavre, Stark. 

    Tony ne put se retenir d’esquisser un sourire, véritablement amusé de l’air presque mi-choqué, mi-dégoûté qu’arborait Legolas en le regardant. Et Tony hocha la tête en remettant du café dans sa tasse, quelques petits frissons d’excitation purement provoqués par la caféine faisant vibrer sa peau. 

    - C’est toujours un plaisir, Susane la Douce, se moqua-t-il en mettant plein de lait et plein de sucre, histoire d'atténuer le goût de la caféine - c’était juste pour se dédouaner et se sentir un peu moins coupable de boire une nouvelle tasse de café. 

    Barton fronça les sourcils en le voyant fredonner dans sa tasse et croisa les bras sur son torse, dans un... hm... En pyjama ? En tout cas, il avait un t-shirt noir assez simple sur le dos et un jogging gris sur le fion. C’était... étrange, vraiment. Lui et l’araignée rousse au plafond n’étaient pas tout le temps en cuir ? 

    - Susane la Douce ? Marmonna l’archer en haussant un sourcil, attirant de nouveau son attention. 

    Tony fit un bruit outré et lui envoya un regard noir. 

    - Tu n’es pas assez dans le placard pour être allé à Narnia, à ce que je vois, se moqua-t-il. 

    Le regard de Barton scintilla un peu de reconnaissance et d’amusement, et il releva le nez, reniflant dédaigneusement. 

    - Je n’ai jamais eu le besoin d’être dans le placard, Stark. Un peu comme toi en fait, déclara-t-il en levant le nez. 

    Tony s’amusa un peu, fredonnant de nouveau en constatant qu’ils avaient visiblement bien fait leur recherches. Parce qu’il fallait les trouver, les articles de presse qui parlaient du fait qu’à l’époque, il ramenait au moins autant de femmes que d’hommes entre ses draps. Enfin si, il y avait bien les extrémistes, comme d’habitude, qui crachaient sur lui et ses vices, ouuuuuh, l’homosexualité, ooooh par dieuuuu, il allait aller en enfer ! 

    Ouais, bah au moins, il aura chaud, d’accord ? 

    - Tony... 

    L’ingénieur tourna la tête vers Bruce, qui s’était rapproché, le nez toujours dans la tablette, les yeux ouverts un peu en grand. 

    - Est-ce que c’est vraiment ce que je crois ? S’enquit-il en lui jetant un coup d’œil presque suspect, avec une petite pointe d’espoir. 

    Tony fronça les sourcils, un peu surpris de sa réaction. Qu’est-ce qu’il était en train de regarder pour avoir cette réaction ? Il se rapprocha donc, jeta un coup d’œil à l’écran allumé, et haussa un sourcil. 

    - Bah... oui ? Si tu crois bien que ce sont les plans de la chambre du Grand Gars, c’est ça. Les plans de ta chambre sont après, juste là... Dit-il en faisant glisser le plan bleu pour en afficher un autre. 

    Bruce secoua la tête. 

    - Attend, attend, dit-il en s’humidifiant les lèvres. Ça, ce ne sont pas les plans pour une chambre , Tony. Ce sont les plans pour un étage complet de ta tour , s’exclama-t-il avec une voix presque grinçante. 

    Tony le regarda sans comprendre.

    - Eh bien... Oui ? S'étonna-t-il. Ton propre étage va être renforcé le plus possible, juste au cas où, si Hulk décide de nous faire une petite visite avant que tu n’aie le temps d'aller te réfugier dans sa chambre. Tu verras, ce sera trop cool. Il va avoir plein de poufs s'il veut faire une sieste, plein de truc qu’il va pouvoir détruire, et je me demande si ce ne serait pas intéressant de le laisser sortir de temps en temps, s’il veut détruire des trucs pour évacuer la frustration. Je suis sûr qu’on peut trouver une décharge ou une casse... Ça ne devrait pas être trop compliqué à--

    - Tony ! 

    L’ingénieur regarda Bruce avec un petit sourire sur les lèvres, ayant déjà tout un tas d'autres idées qui pourront leur plaire, à tous ; pas forcément au Grand gars ou Brucie mais à toute l’équipe dans sa totalité. Et peut-être même Lolo et ses garçons. Sauf que bon, qu’est-ce qu’il pouvait bien offrir à un Dieu ? Eh, ils savaient de la magie, et tout, c’était incroyable, qu’est-ce qu’il pouvait bien leur donner en plus ? Cela dit, ça comptait bien aussi Thor du coup. Mais ce n’était pas grave, il allait trouver quelque chose d’incroyable pour eux, tout allait super parfait. Tony allait bien faire les choses, ça allait être tout super bien. 

    - Tony, c’est... 

    L’ingénieur le fixa, attendant qu’il termine son idée. Mais Bruce ne fit que secouer la tête en lui rendant la tablette. 

    - Je ne peux pas accepter, Tony, c’est beaucoup trop. Je ne peux pas accepter que tu fasses autant pour moi, c’est... c’est vraiment trop, commenta Bruce d’une petite voix. 

    Tony fronça les sourcils. 

    - Idioties, Brucie Bear. Je veux dire, tu veux me faire me sentir mal, c’est ça ? Si tout le monde à son coin à lui, et pas toi ni le Big Guy ? Qu’est-ce que ça dit sur mes compétences d'hôtes de maison, hein ? 

    - Mais Tony... Un étage complet ! C’est... C’est totalement déraisonnable ! 

    - Que veux-tu que je te dise, j’ai toujours eu la folie des grandeurs, j’ai facilement vingts étages de trop dans cette tour, ce n’est pas un dizaine d’étages qui vont me faire peur ou me tuer, hein, déclara-t-il en agitant la main à côté de son visage, un peu fatigué par sa réaction. 

    - Attend, quoi ? 

    Tony soupira et regarda Barton cette fois-ci, parce qu’apparemment ce n’était pas terminé. 

    - Comment ça... une dizaine d’étage ? S’enquit l’archer avec de grands yeux d’ouverts. T’es sérieux ? 

    - Bah quoi ? Vous vous attendiez à rester à cet étage, peut-être ? S’amusa l'ingénieur en ravalant un bâillement. 

    - Bah... Ouais ! 

    Bruce et Barton le regardaient tout deux comme s’ils pensaient qu’il avait perdu la tête, et au vu des quelques regards suspects que lui lançaient Rogers et Nataliasha par dessus leurs épaules, ils étaient tout aussi surpris de ses propos que les deux premiers. Tony sentit un nouveau mal de crâne pointer le bout de son nez. 

    - Écoutez. De toutes manières, ce sera plus simple comme ça. Je ne vous retiens pas, je ne vous emprisonne pas, et si vous ne le voulez pas, dites-le moi. Mais de toutes manières, les gens vont s’attendre à ce que l’on soit tous plus ou moins proches, plus ou moins en vue. Peut-être pas pour vous, les Spy-kids, les Avengers vont finir par faire parler d'eux. Notamment quand le S.H.I.E.L.D. va faire sa petite annonce. Je sais que Fury va vous forcer à rester ici, et même si d’ordinaire, on ne peut pas me forcer à faire quoi que ce soit, parce que je fais que ce que je veux -sauf quand c’est Pep qui me le demande, à ce moment-là je hoche la tête et fait ce qu’elle me dit - je préfère de toute manière les choses comme ça. C’est idiot à dire, mais l'émergence de héros comme vous va amener des supers-vilains, et vous voulez vraiment que l’on court partout sans coordinations et dispatchés ? En tant que personnage publique, j’ai des ennemis, mais ceux qui osent se lever savent qu’ils vont avoir affaire à l’armure en plus de l’homme d’affaires, et sont préparés en conséquences. Vanko avait peut-être une dent contre moi personnellement, mais un tel degré de violence se serait manifesté à un moment donné ou un autre. Mon implication ne l’a rendu que plus téméraire et peut-être plus public. Alors même si vous n’avez peut-être pas tous énervé autant de personnes que moi, il ne va tout de même pas falloir s'étonner si des vilains popent un peu partout comme sur la NES, juste parce que leur ego les pousse à nous défier parce que voilà. 

    Il secoua la tête, l’esprit de plus en plus engourdi. 

    - Toujours est-il que c’est plus simple si on est tous sous le même toit. Et même si cet étage est grand, il n’a été conçu que pour un confort spartiate. Trois nuits grands max si toutes les chambres sont occupées, et peut-être un mois si ce n’est qu’une personne. On ne se connaît pas assez pour se marcher autant dessus, on va avoir envie de tuer les autres, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Alors oui, un étage pour chacun, termina-t-il enfin. 

    Et il le réalisait bien, il avait un peu dérivé de son idée initiale. Ce n’était pas si mal cela dit. 

    - Je... C’est énorme, Monsieur Stark, intervient enfin Rogers d’une petite voix, l’air gêné. 

    Tony ne fit que hausser les épaules. Vraiment, ça ne lui coûtait que de l’argent et un peu de temps. mais il aimait créer, et même s’il n’était pas architecte, c’était un exercice ludique que de créer des étages personnels à chacun. 

    - Ça va prendre un peu de temps à faire, parce que de nouveau, il y a des travaux importants à faire dans la ville, mais c’est dans les priorités. Très vite, vous allez pouvoir avoir votre propre espace, votre intimité, leur apprit-il avec un sourire. 

    - Est-ce que vous voulez de l’aide pour ça ? 

    Rogers sursauta et se retourna, comme tous les autres, vers les portes de l’ascenseur, d’où venaient d’arriver les deux plus jeunes enfants de Loki, Harry et Jör. C’était le premier qui venait de parler et il rougit un peu sous toute l’attention qu’il reçut soudainement. Il se frotta l’arrière du crâne. 

    - Bonjour à tous, les salua-t-il. Je veux dire, Gin et moi avons fait le tour des étages pour vérifier de la stabilité des structures, on a fait le ménage et profiter de la pénombre relative de la nuit pour réparer le plus gros des dégâts cosmétiques. Mais étant donné que cette offre d’étage nous concerne aussi, et que je compte bien éviter un nouveau super-vilain pour ma pomme pour un bon moment, je pense qu’il nous serait bon ton de vous aider. De la main d’œuvre disponible et motivée, et gratuite en plus de cela, vous allez vraiment refusé ? S’amusa le sorcier, et Tony ricana. 

    - Oh, ça non, jamais, s’amusa-t-il. Et on va d’ailleurs commencer par vos étages parce que pour le moment, c’est vous qui avez le confort le plus spartiate. Vous vous en sortez dans un étage totalement vide ? S’étonna-t-il ensuite. 

    Jör sourit et hocha la tête. 

    - Chacun d’entre nous a plus ou moins de la magie, Monsieur Stark. Nous savons nous créer un confort à partir de rien, ne vous en faîtes pas pour nous. 

    Tony hocha la tête, tout de même loin d’être convaincu. 

    - Café ? Proposa-t-il ensuite. 

    - Volontiers, s’approcha celui capable de se transformer en serpent. 

    L’autre fils de Loki grimaça et marmonna quelque chose semblable à un “ sacrilège d’américain ” et alla plutôt se faire de l’eau chaude avec des plantes dedans. 

    Pffeu ! C’était lui, l’hérétique. 

    Jör s’amusa visiblement du grognement de son petit frère, lui envoyant un regard amusé, puis se tourna de nouveau vers Tony. 

    - Nous apprécions beaucoup votre considération, mais serait-il possible d’abuser un peu de votre gentillesse ? J’aurais une petite requête. 

    - Demande, Kaa, et je verrais si je peux exaucer ton vœu, s’amusa l’ingénieur.
    L’autre sourit. 

    - Harry, Fenrir, notre père et moi allons restés tous les quatre ensemble, au même étage si c’est possible, lui apprit-il. 

    Tony s’arrêta et l’observa. 

    - Sûr ? 

    - Plutôt, oui. Fen et moi avons peut-être grandi séparés et pouvons peut-être vivre sans l’autre, mais nous ne le faisons pas. Nous ne le désirons pas. Pas depuis que notre père l’a mené à moi la première fois. Fenrir est le Loup-Garou originel, il a un très fort instinct de meute. Maintenant que l’on a récupéré notre louveteau et que l’un des nôtres est malade et a besoin de notre présence, nous séparer nous fera plus de mal que de bien, lui apprit-il. 

    Derrière lui, le sorcier marmonna un “ pas un louveteau ” mais acquiesça tout de même à ses dires. Même si le concept en lui-même était assez étrange et nébuleux pour lui, Tony ne fit que hocher la tête, aussi interloqué et surpris que les autres. Mais qui était-il pour le leur refuser. 

    - Ça marche. Faudra juste me dire s’il y a besoin d’un aménagement spécial autre que celui-là.

    Jör sourit et le remercia d’un petit hochement de tête, puis prit le café que lui tendait l’ingénieur. Ce dernier ravala un bâillement et trébucha, rattrapé par Brucie qui soupira. 

    - Allez Tony, assez de ces discussions, va te coucher, dit-il doucement en le tirant hors de la cuisine. 

    - Mais, je--

    - Ça peut attendre demain, je t’assure. Il faut que tu te reposes, déclara l’autre scientifique en l’attirant dans l’ascenseur, la prise ferme et le sorcier sur les talons. 

    - Tout va bien ? S’inquiéta Harry, et Tony grogna sans répondre 

    Il allait bien ! 

    - JARVIS, depuis combien de temps Tony n’a-t-il pas dormi ? 

    - Vingt-sept heures, Docteur Banner, répondit son traître d’IA. 

    - JARVIS... Grogna de nouveau Tony. 

    - Non, Tony, il faut que tu te reposes, rétorqua de nouveau Bruce. 

    - Oh, pitié ! J’ai tenu bien plus longtemps sans dormir ! Marmonna l’ingénieur. 

    - Vous n’avez dormi que huit heures depuis le début de la semaine, monsieur, commenta JARVIS, et Tony soupira, se sentant perdre le combat. 

    - C’est bien trop peu, il faut que tu fasses attention, Tony, commença Brucie avec un regard inquiet. 

    Tony ne fit que soupirer parce que, merci, il le savait ça, mais que franchement, il n’y pouvait rien, si les cauchemars ne s’arrêtaient pas. L’autre scientifique soupira alors que les portes de l’ascenseur s’ouvraient sur le penthouse. 

    - JARVIS, tu ne le laisses pas quitter son étage avant qu’il n’y ait passé cinq heures, ordre de son médecin. 

    Tony lui envoya un regard noir, crispé. 

    - Tu vas me tenir en otage dans ma propre maison, Banner ? 

    Bruce le regarda, un peu peiné. 

    - Juste cette fois-ci, Tony. Promis, je ne le referais plus, mais tu ressembles à la mort en marche... Sans vouloir vous offenser, déclara-t-il ensuite en jetant un coup d’œil à Monsieur Roi du Royaume des Morts, qui les avait suivi jusqu’ici. 

    Ce dernier haussa les épaules et sourit légèrement. 

    - Aucune offense de prise, c’est vrai que vous avez l’air sur le point de vous écrouler, Monsieur Stark. 

    - Tony, Monsieur Stark, c’est mon père, marmonna ce dernier en soupirant. 

    Mais il obéit tout de même, secrètement touché par leur considération à tout deux même si elle n’allait pas mené bien loin, et se dirigea vers sa chambre pour aller s’écrouler sur son lit. 

    Il n’eut que le temps d’entendre Harry proposé à Brucie Bear une excursion dans la partie magique de Manhattan avant de s’effondrer, mort au monde. 

 

 

    La première chose dont il fut conscient en rouvrant les yeux, fut JARVIS qui lui dictait calmement l’endroit où il se trouvait, les températures extérieures et intérieures, le taux d’humidité, les personnes présentes dans la tour et ce qu’ils faisaient. Que tout le monde allait bien, et que lui aussi, qu’il n'avait aucune menace. 

    Trois heures. 

    Il avait réussi à dormir trois heures avant que son sommeil ne se gâte et que les cauchemars ne viennent de nouveau le visiter. Il s’était réveillé en sursaut dans un cri silencieux. 

    Ça s’arrangeait, un tout petit peu. Il était un optimiste dans l’âme. 

    Mais en réalité, ça ne s’arrangeait pas. Il n’aimait pas ça, il détestait cette sensation, ce sentiment affreux d’oppression, cette sueur froide, son cœur qui battait trop vite entre ses côtes et la douleur, ce poids trop fort, trop lourd du réacteur entre ses poumons, qui se faisait bien trop sentir. 

    Il allait pour se lever quand quelque chose attira son attention. Quelque chose qui n’était pas là avant et qui n’avait, en toute logique, aucune raison d’être ici. C’était une petite bouteille en verre posée sur sa table de nuit, à peine plus grande que sa paume, contenant un liquide violet avec de fines volutes argentées, avec un bout de papier.  Il alla pour le prendre avant de s’arrêter, suspicieux. 

    - JARVIS ? La bouteille ? 

    - Un présent de Monsieur Potter, lui répondit tranquillement son IA. 

    Tony fredonna d'intérêt, un peu surpris, et se redressa dans son lit pour s’installer confortablement et prit le papier - la lettre. 

     “ Monsieur Stark Tony. 

    Si vous demandez à mes camarades d’école quel est mon plus grand défaut, au delà de ma tendance à vouloir me sacrifier pour tout le monde, se serait sans aucun doute mon aveuglement, ma capacité incroyable à ne pas voir ce qui est juste sous mon nez. Ce qui est vrai, sans aucun doute, mais les temps changent, et les gens aussi. 

    Monsieur Banner a raison, vous trimballez sur vous une odeur de mort et croyez-moi, venant de moi, ce n’est pas une bonne nouvelle. Si vous continuez ainsi, vous allez sans aucun doute mourir d’épuisement. Je ne suis pas si aveugle que ça, et je reconnais le regard que vous portez, je ne l’ai que trop vu dans le miroir après la guerre. Vous craignez et fuyez le sommeil, parce que les ombres de la nuit apportent des souvenirs trop lourds à porter et des fantômes auxquels vous ne pouvez faire face. 

    Croyez-moi, je connais. Je sais ce que c’est. 

    Le problème avec les médications moldues, au delà de l'accoutumance possible, c’est qu’elles plongent trop souvent dans un sommeil trop lourd, et le repos n’est pas optimal, loin de là même. Un sommeil de cette sorte n’est qu’une façade, malheureusement. 

    Alors, je vous propose une de mes solutions, cette alternative. La petite bouteille est ce que l’on appelle une potion de Sommeil-sans-rêve. Comme son nom l’indique, elle permet de dormir du sommeil du juste, et rapidement. Cela n’empêche pas à proprement parlé les rêves ou les cauchemars, mais on ne s’en souvient pas au réveil, notre subconscient ne l’enregistre pas, et on est reposé. Huit heures de sommeil complet, sans interruption, croyez-moi, ça change un homme. 

    Je ne peux vous en offrir que quelques doses, parce que les risques d’accoutumance sont tout de même présents et qu’aussi horrible que cela puisse paraître, les cauchemars ainsi que les rêves sont nécessaires. C’est le moyen pour l’âme d’évacuer sainement le poids qui la ronge et qui la ternit. 

    Mais pour faire face à des traumas tels que ceux qui vous peine, il faut pour cela être en de bonnes dispositions, paradoxalement ne pas s’écrouler de fatigue. 

    Comme je l’ai dit, ce n’est qu’une solution temporaire, parce qu’il faudra en parler à un moment donné, pour extérioriser. Parler ou l’écrire, que ça sorte autrement qu’en volant du sommeil et en parasitant des nuits. 

    Si vous le désirez, je suis là, pour tout ou n’importe quoi. 

    Quant à la potion, si vous désirez l’essayer, prenez-en la moitié avant d’aller vous coucher ce soir, et en moins d’un quart d’heure, vous serez endormi. Après, vous pourrez utiliser le reste de la potion quand vous le voudrez mais de nouveau, l’absence de rêve et/ou de cauchemars ne fera pas avancer les choses ni disparaître le problème sous-jacent. Cela ne vous aidera qu’a dormir et à vous reposer. 

    J’espère ne pas avoir outrepassé mes droits, et j’espère que cela vous aidera. 

    Cordialement, HJPBL ( Eh bien, tellement de lettres. ) “

 

    Tony rit un peu en voyant l’annotation de fin. Il jeta un coup d’œil suspect à la potion , pas très convaincue de son efficacité. Mais... Mais qui ne tentait rien, n’avait rien après tout. 

    Harry avait eut la gentillesse de lui trouver ça, il pouvait avoir la gentillesse de l’essayer. 

    Heureusement qu’il n’avait pas tenter de la lui donner en main propre, Tony n’aurait sûrement pas...

    L’ingénieur se figea en réfléchissant furieusement, se rappelant de quelque chose. 

    - JARVIS, rafraîchis-moi la mémoire : Brucie m’a bien donné une tasse de café tout à l’heure, non ? 

    - En effet, Monsieur , déclara son IA avec définitivement un sourire dans la voix. 

    Oh. 

    ... Ah. 

    Pepper avait mis plus de cinq ans avoir de pouvoir lui remettre quelque chose en main propre, et il avait fallu trois semaines - et une invasion extraterrestre - à Brucie pour le faire sans qu’aucun des deux ne le réalise. 

    Certes, Brucie n’avait sûrement aucune idée de ce que cela voulait dire... Et au fond, Tony ne voulait pas y réfléchir non plus. Non merci. 

    Alors il se leva plutôt et quitta sa chambre, réfléchissant déjà à comment il allait échapper à JARVIS parce que, merci Bruce, ça ne faisait pas cinq heures. Zut. 

.*.

    Jörmungandr soupira de plaisir en finissant son thé et en déposant sa tasse dans la cuisine de l’étage où l’équipe des Avengers avait décidé d’élire domicile. Jör était sans doute le seul qui n’avait aucun problème à venir squatter ici autant qu’il le voulait. Fenrir ne supportait pas la foule, et il n’était pas sûr du tout ce qui allait découler de la cohabitation des gens de Loki et des humains ; Monsieur Stark avait été escorté dans sa chambre par le Docteur Banner ainsi que par Harry, et Jör était donc le seul qui osait venir ici sans craindre les regards des humains et autre sur-homme. Oui, aucun scrupule d’envahir leur espace vital. 

    Harry était parti dans la partie sorcière de New York, accompagné par le Docteur Banner, Monsieur Stark était toujours dans sa chambre, et les autres étaient plus ou moins plongés dans leur propres pensées. 

    Jör prenait plaisir à s’installer dans un coin et observer, apprendre, définir parfaitement les liens qui unissaient les gens entre eux, et voir les prémices de leur personnalité se dessiner devant lui. 

    On ne faisait que peu attention à lui. Harry était le revenant, le sorcier midgardien, le Sauveur du Monde Sorcier. Le peu qu’on en savait de lui, il en imposait.

    Sans même le vouloir ou le réaliser, il dégageait une aura de royauté, de puissance que lui, leur père et leur sœur possédaient. Peut-être n’était-ce pas inné pour les autres, Loki ayant été élevé comme le Prince d’Asgard, et Hela étant devenu intendante du Royaume des Morts, la Déesse de ce dit Royaume, mais Harry avait grandi dans la pauvreté. Et pourtant. Pourtant, se dégageait de lui un air paisible et cette aura de puissance. 

    Il était le roi de Hellheim, et même si les gens l’ignoraient, ils sentaient qu’il y avait quelque chose. 

    Fenrir, lui, sa bestialité se trouvait dans chacun de ses gestes. Dans sa posture, dans sa manière de se mouvoir, dans ses regards et ses silences lourds. Fenrir était la Bête, et portait ce titre fièrement. Il s’était accommodé de cette situation, à la manière dont les gens le percevaient et savait s’en servir pour garder les gens loin de lui tout en leur faisant comprendre que si on cherchait à se servir de lui, on allait tomber sur un os. Et un grand. 

    Mais Jör ? Jör était le plus paisible. Physiquement, mentalement, il n’avait rien de spécial par rapport à son père ou à ses frères et sa sœur. Il était juste un garçon - un homme - tout comme les autres. Il ne débordait pas forcément de puissance, il n’attirait pas forcément l’attention sur lui, il était banal

    Et c’était bien là toute sa force. 

 

    Les serpents étaient silencieux, ils étaient discrets, et savaient mieux que quiconque ou quoique ce soit se fondre dans le paysage, vraiment. 

    C’était sa plus grande force, la dissimulation. 

    Alors quand les Avengers le virent dans ce qui était pour le moment leur salon, en train de lire un livre, personne ne s’inquiéta de sa présence. C’était exactement ce que Jör désirait, pouvant observer discrètement, rassembler des informations et s’intéresser à eux sans avoir ses frères autour de lui pour attirer l’attention sur eux. 

    Si Harry n’avait pas réalisé les différentes réactions qu’il provoquait sur les autres, Jör allait devoir s’inquiéter très sincèrement pour lui. Oh certes, Loki les avait déjà prévenu sur les tendances un peu lunaires de leur cadet, mais à ce point... 

    Entre l’espionne, qui le regardait suspicieusement - comme s’il allait l’attaquer soudainement, mais plutôt comme si elle ignorait s'il fallait qu’elle croit très sincèrement les racontars qu’il pouvait y avoir sur lui ; Le Doc Banner qui était le plus embêté de rencontrer quelqu’un de la trempe de Harry, dans le sens où il était assez outré que le petit frère de Jör fût déjà un héros et vétéran de Guerre alors qu’il n’avait même pas vingt ans ; et Barton... 

    Ah, la réaction de Barton était la plus drôle. 

    Il y avait du désir, ça s’était sûr. Puis un peu de dégoût, quand il semblait se rappeler que Harry était l’un des fils de Loki, puis de l’embêtement, et de nouveau du désir - c’était hilarant. 

    Il savait ce qu’il voulait - ici, Harry - mais savait aussi que c’était la pire idée du siècle. 

    Jör a-do-rait les commérages. Il allait vraiment beaucoup s’amuser dans cette tour... 

 

    Harry était revenu de sa petite escapade dans la partie sorcière assez tôt pour que lui et le Docteur Banner puissent déjeuner avec eux tous, les deux hommes faisant tampon et en quelque sorte la frontière entre eux, ceux du côtés de leur père, et les autres. 

    Maintenant, Loki était de nouveau terré à l’étage où ils dormaient depuis quelques temps, Harry était avec lui, et Jör sentait son frère s’approcher lentement de lui, sûrement dans l’ascenseur. 

    - Jörmungandr !

    Le second fils de Loki cligna des paupières, surpris, et se retourna.

    Il n’avait pas pensé un seul instant que quelqu’un décide de prendre le temps de l'apostropher de la sorte ! Quoique, s’il était le plus paisible, il était aussi le plus prompt à bien prendre une discussion. 

    Mais il ne s’attendait pas à ce que cela arrive maintenant, et surtout pas par lui. 

    Parce que c’était le prince d’Asgard qui venait de l'appeler, c’était lui qui se rapprochait doucement, visiblement mal à l’aise, mais bien campé sur ses positions, et Jör comprenant un peu mieux l’exaspération de son père envers leur oncle. Enfin... Pas tout à fait son oncle... Qu’importe. 

    - Puis-je vous parler quelques instants ? Demanda le prince d’Asgard avec parcimonie. 

    Jor était très loin du genre à faire confiance au premier venu, ce fut pourquoi il ne fit que hocher la tête d’un coup sec sans faire le moindre geste pour aller autre part, ni pour se rapprocher mais néanmoins pas pour se reculer non plus. Le prince d’Asgard fit un minable sourire, déglutit avant de soupirer. 

    - J’ignore comment... Comment commencer cela. J’espère sincèrement ne rien dire qui va... aggraver les choses, parce que ce n’est aucunement mon but, mais... Je me dois de le faire. Je... Je vous présente mes plus sincères excuses pour ce qu’il s’est passé, déclara-t-il soudainement. 

    Jör cligna des paupières, vraiment surpris par ces propos, parce que ça arrivait un peu comme un cheveu sur la soupe comme dirait les midgardiens. Surtout que non loin de là, il sentait son aîné se rapprocher rapidement, parce qu’il avait entendu la voix de Thor, et que Fenrir était très loin d’avoir confiance en ce grand nigaud comme l'appelait leur père. 

    - Ah ? Fut la seule chose qu’il put dire. 

    Le Prince d’Asgard se frotta l’arrière du crâne d’un geste gêné, ce que Harry faisait souvent et wahou. Ils étaient sûrs de ne pas avoir un peu de sang en commun ? Thor continua. 

    - En effet. Par mon inaction et mon silence, je vous ai causé du tort, à vous et à tous les autres enfants de mon frè-- de Loki. Je pensais mieux savoir et... Je vous ai comme tous les autres condamné sans même vous connaître, et je suis désolé pour ça. 

    Fenrir se glissa aux côtés de Jör sans un bruit ni un mot, observant plutôt Thor d’un œil suspect, le Prince déglutissant avec difficulté sous son regard inquisiteur. 

    - Je m’excuserais bien au nom d’Asgard tout entier, mais je ne suis pas sûr de la sincérité de ces propos. 

    - Pourquoi on se préoccuperait de l’avis d’une personne qui n’est strictement rien pour nous ? Commenta Fenrir en croisant les bras sur son torse, la voix grondante. 

    Jör résista à l’envie de lever les yeux vers le ciel, déjà fatigué par cette conversation qui n’allait un peu nulle part. Des excuses, merci beaucoup, ils allaient s’en faire des colliers de nouilles pour la peine, tient. 

    Non mais plus sérieusement, c’était gentil, mais... 

    - Je sais, mais cela n’empêche que je suis désolé. À l’époque, je croyais que... Je pensais que Loki était mon frère, et j’avais la présomption de penser qu’il n’avait besoin que de moi pour vivre. Vous étiez à l’époque de la famille, et je n’ai rien trouvé de mieux que de laisser Odin vous traiter comme des monstres, et j’ai moi-même cru à ses dires.

    Il s’humidifia les lèvres un instant et Fenrir renifla un rire. 

    - Oh, crois-moi, petit Prince. On est bien pire que des monstres, ronfla-t-il presque. 

    Thor lui envoya un regard peu impressionné. 

    - Vous restez les fils de Loki. 

    - Rien n’a changé par rapport à avant, avança Jör. Il n’y a rien qui ait changé depuis le moment où Odin nous a banni d’Asgard et interdit notre père d’avoir des contacts avec nous. 

    Thor secoua la tête. 

    - Si. J’ai été banni pendant quelques temps sur Midgard, j’ai appris que Odin nous avait menti, à Loki et à moi, j’ai vu disparaître l’être que j’aimais le plus des neufs royaumes au delà de ma mère, et je vous ai rencontré. Tout à changé. Parce que j’avais tort, et que je n’aurais jamais dû prendre Loki pour acquis. Je suis celui qui lui a fait le plus de mal, parce que je me considérais comme la seule chose de bien dans sa vie. J’ai été égoïste en voulant tout le temps et l’attention de Loki alors que je lui refusais de lui rendre la pareille. J’ai été aveugle à sa douleur de vous perdre, et le monde pour moi était soit tout blanc, soit tout noir. Je n’ai jamais su ni voulu voir les nuances de gris dans lesquelles pourtant mon frère se complaisait le mieux. Il me manque, et même si je ne risque plus jamais d’avoir la possibilité de l’appeler mon frère, j’espère tout de même avoir la possibilité de redresser mes torts, qui sont nombreux. 

    Le prince d’Asgard fronça un peu les sourcils, embêté de ne visiblement pas réussir à s’exprimer comme il le désirait. 

    - Je vous dois des excuses, au delà du fait que vous êtes les enfants de Loki. Parce que vous êtes ces petits, et que ça aurait dû être la seule chose qui m’importe à l’époque pour vous protéger, et ça a été tout le contraire. Alors oui, je suis désolé. 

    Il garda le regard dans le vague quelques instants avant d'acquiescer vivement, visiblement content de ce qu’il venait de dire. Il leur offrit un hochement de tête respectueux et commença à s’éloigner. 

    Pas de “ N’oubliez pas de dire à Loki que je me suis excuser .”, pas de “ Vous allez accepter mes excuses .”, rien de tout cela. Si Jör et Fen s’étaient bien fait une image du Grand et Merveilleux Thor, Fils d’Odin et Prince d’Asgard, c’était bien celle d’un gamin pourri gâté arrogant qui n’allait aucunement écouter Loki leur père et le ramener fissa à Asgard pour qu’il paye ses méfaits, encore une fois. 

    C’était surprenant. C'était de la bonne surprise, il n’y avait pas à dire. C’était... 

    Loki leur avait bien dit, il s’en était assez moqué pour que les deux fils le réalisent : Thor ne savait pas mentir. Il avait par deux fois dû s’excuser sous les ordres de son père quelques siècles auparavant, et ça ne lui avait pas du tout plu, loin de là. Et ça c’était vu. De telle sorte que les excuses avaient été refusées, par deux fois. 

    Jör se mordit la lèvre, jetant un coup d’œil en coin à Fenrir alors que Thor s’éloignait. Il avait dit ce qu’il avait à dire, et n’attendait strictement rien d’eux, parce qu’il pensait qu’ils ne le lui permettraient pas, et dans un sens, il avait raison. Mais le regard que lui renvoya Fenrir, ce regard plein de “ Non, juste... non. ... Jör, non ! Tu ne vas pas... ... Tu m’énerves. “ le fit sourire. Le père des Loups-garous soupira et croisa les bras sur son torse, et Jör sourit. 

    - Prince Thor, appela-t-il plutôt. 

    L’Ases s’arrêta et se retourna pour le regarder, surpris que Jör ne l'arrête. 

    Le second fils de Loki n’avait peut-être par l’air bestial de Fenrir, ni l’air royal de son père, de son frère et de sa sœur, mais ce n’était pas pour ça qu’il ne savait pas quelques petites choses, telle que la diplomatie, qu’il avait totalement pris à son père. Alors il offrit au Prince Thor son plus beau des sourires, pas faux mais pas véritablement sincère tout de même. Un sourire de diplomate. Un sourire qu’il avait déjà vu sur les lèvres d’Anthony Stark, mais ce n’était qu’un détail. 

    - Fenrir et moi allons aujourd’hui continuer à aider aux reconstructions dans les rues de New York. Désireriez-vous vous joindre à nous ? S’enquit-il paisiblement.

    Le Prince ouvrit de grands yeux, jeta un coup d’œil à Fenrir, attendant certainement à ce que le père des Loups-garous ne mette son véto, mais Jör savait comment s’y prendre avec le caractère de son frère. Ce dernier ne le reconnaîtra jamais, mais Jör pouvait à peu près tout lui faire faire. Alors non, ça n’allait pas être lui  qui allait dire quoique ce soit. 

    Peut-être même que ça allait-être Loki qui serait le plus dur à convaincre. 

    - Je ne voudrais pas m’imposer, mais s’il est possible d’aider dans les villes, j’aimerais en effet vous rejoindre, déclara doucement le dieu du Tonnerre. 

    Jôr ne fit que le regarder en haussant lentement un sourcil. 

    - C’est une offre ouverte, Prince Thor. Vous pouvez venir avec nous aujourd’hui, ou demain, ou jamais. Midgard n’a ni notre force, ni notre magie, ou tout du moins, la majorité. Rester ici et profiter du confort que Monsieur Stark a la gentillesse de nous offrir n’est pas vraiment dans nos habitudes, déclara-t-il d’une voix claire. 

    Il aurait bien aimé dire que leur père ne les avait pas élevé comme ça, mais.. Eh, il ne les avait pas élevé après tout. 

    Thor esquissa un rapide sourire, tellement lumineux que ça en faisait presque mal aux yeux, et c’était ce sourire qui exaspérait tellement leur père, qui leur en parlait très souvent, et Jör réussit à ne pas sourire lui aussi. C’était en effet très contagieux... Zut. 

    - Ce serait avec grand plaisir, alors. Et un certain honneur, si nous avons la possibilité d’aider les gens, il faut le faire, déclara le Prince et Dieu du Tonnerre en ne réalisant peut-être même pas avoir dit la dernière phrase à voix-haute, à moitié plongé dans ses pensées. 

    Fenrir soupira et marmonna quelque chose avant de s’avancer, dépassant celui qui avait cru pendant longtemps être leur oncle et alla jusqu’à l’ascenseur, ne se retournant que pour jeter un regard peu amène à son cadet, qui ne fit que lui sourire paisiblement. Il s’avança lui aussi et s’arrêta à la hauteur du prince pour le regarder, souriant plus véritablement qu’auparavant. 

    - Nous partons d’ici une demie-heure. Si vous n’avez pas la notion du temps sur Midgard, demandez à JARVIS de vous prévenir, et rejoignez-nous dans le Hall, lui dit-il avant de tranquillement rejoindre son frère.

    Ce dernier jeta un dernier regard à Thor avant que les portes de l'ascenseur ne se referment sur lui. 

    - Tu étais obligé de faire ça ? Marmonna-t-il en jetant après un regard mauvais à son cadet. 

    Ce dernier haussa les épaules et ravala un soupir. 

    - Tu réalises bien que notre père va finir par lui pardonner ? 

    - Il ne le mérite pas, gronda Fenrir. 

    - Ce n’est pas ton choix à faire, c’est à Loki. Cette famille de bras cassé nous a, et lui a déjà assez volé son choix. Ce n’est pas à nous de lui dicter ce qu’il doit faire. On doit juste être là pour l’aider et l’appuyer dans ses choix, Fenrir. 

    Son frère le regarda un instant avant de soupirer, baissant la tête au sol. Il savait que son cadet avait raison, et ça ne lui plaisait pas. Mais tout comme lui, il se refusait de voler de nouveau un choix de leur père. 

    - Tu as le droit d’avoir ton propre avis, Fenrir, ce n’est pas ce que je dis. Mais on a pas le droit de lui refuser quelque chose. On en a jamais eut le droit, et ce n’est pas maintenant que l’on va commencer à le faire, déclara doucement le plus jeune en posant sa main sur son épaule. 

    L’aîné hocha vivement la tête, parce que bien entendu et grogna un peu tout de même. 

    Les portes s’ouvrirent de nouveau sur leur étage et les deux frères pénétrèrent leur chambre. Harry et Loki étaient côte à côte sur un canapé que Miss Weasley-Potts avait eu la gentillesse de leur invoquer, et Harry souriait doucement, presque timidement. 

    Jör comprenait mieux que quiconque les instincts de son aîné, l’idée de meute et de protéger tout le monde, notamment les malades - et Loki entrait plus que parfaitement dans cette catégorie - mais quelques fois, il avait juste envie de prendre son frère sous le bras pour laisser les deux hommes se rencontrer réellement et se connaître, père et fils enfin réunis. Ils avaient à peine eu le temps de se parler l’un l’autre. 

    Jör espérait que leurs escapades leur permettaient de se trouver un peu plus, puisque c’était une des raisons qui avaient poussé les deux fils les plus âgés de sortir de l’appartement, et d’en profiter pour aller aider aux reconstructions, histoire de laisser un peu de temps aux deux. Et ce n’était pas parce qu’ils avaient déménagés qu’ils allaient arrêté en si bon chemin. 

    Loki tourna la tête vers eux en les entendant arriver, et s’il sourit au départ, il avisa de la mine un peu ronchon de son aîné et fronça les sourcils. 

    - Que se passe-t-il ? S’enquit-il, inquiet. 

    Jör sourit doucement et secoua la tête. 

    - Rien du tout, papa. Fen et moi allons retourner aider dans les rues. 

    Fenrir grogna et Jör soupira. 

    - Et nous avons -- j’ai peut-être invité le Prince Thor à se joindre à nous.

    Loki les regarda et déglutit difficilement, son regard se voilant légèrement. 

    - Faites attention à vous, surtout, dit-il d’une petite voix. 

    Ça leur brisait le cœur à tous trois de le voir ainsi, mais aucun de ses fils n’en parla. 

    Jör ne fit que se rapprocher pour embrasser doucement le front de leur père, comme chacun d’entre eux avaient un jour rêvé qu’il puisse le faire tout en étouffant des désirs d’enfance normale impossible à avoir, à atteindre. Personne ne dit mot, parce que ce serait ternir ce qu’ils pouvaient ressentir. 

 

 

    L’accident se passa à peine une heure après que Jör, Fenrir et Thor ait trouvé l’endroit où les volontaires aidaient dans les rues. Les dégâts étaient tels que même deux semaines après l’invasion avortée, c’était comme si rien n’avait encore bougé. Et pourtant. 

    - Excusez-moi ? 

    Jör se retourna, les mains pleines d’un parpaing à moitié détruit qu’il avait dans l’idée de reconstruire avec un peu de sa magie, pour voir une femme d’âge moyen, des cheveux chocolats avec quelques reflets plus clairs, habillée sobrement et bien partie pour accoucher d’ici quelques semaines. La femme sembla légèrement mal à l’aise de l’avoir dérangé mais lui offrit tout de même un sourire, quoiqu’un peu hésitant. 

    - Je suis désolé, mais... Est-ce que ce que Monsieur Stark a dit est vrai ? S’enquit doucement. 

    Jör résista à l’envie de froncer les sourcils, suspicieux, sentant Fenrir se rapprocher de lui, et Thor qui n’était pas loin et qui entendait parfaitement la discussion. 

    - C’est à dire ? S’enquit-il gentiment, attendant de voir ce qu’elle avait à en dire. 

    La femme fit la moue, quelques instants, avant de passer une main dans ses cheveux d’un geste nerveux. 

    - Est-ce que vous êtes réellement les enfants de Monsieur Loki ? Demanda-t-elle enfin. 

    - Et pourquoi voudriez-vous le savoir ? 

    Fenrir n’était pas agressif, mais clairement pas avenant non plus. Cela ne découragea pas la femme, bien au contraire, puisque sa réaction était une réponse à sa question. Elle leur sourit plutôt, brillante, une main caressant doucement la houle de son ventre. 

    - C’est juste... J’étais coincée dans ma voiture quand un immeuble s’est effondré sur moi, et...

    Elle se racla la gorge, les yeux brillants. 

    - Un contour de fenêtre en métal a traversé le pare-brise, et ça m’a transpercé de part en part. - Elle déglutit difficilement. - J’ai été consciente à chaque instant. Je... Je pensais laisser ma femme veuve, à devoir nous enterrer, moi et notre fils. Mais les pompiers m’ont sortit de là, et ils avaient déjà vu ce miracle agir, et quand on est arrivé à l’hôpital, ils ont dit...

    Elle dût s’arrêter, la voix tremblante, et Jör s’avança pour presser doucement son coude. Elle lui sourit à travers ses quelques larmes qu’elle retenait vaillamment. 

    - Pardon, désolée, c’est encore un peu frais, mais... mais ils ont dit qu’on allait bien. Tous les deux. Qu’il n'avait pas à s’inquiéter, que notre bébé allait bien, n’allait avoir aucune séquelle, et que je n’étais pas non plus en danger. Votre père a sauvé notre famille, et... Et j’aurais aimé le remercier en personne, mais il a fait tant de bien que je me doute qu’il n’a pas le temps de recevoir des remerciements de chaque personne habitant à Manhattan, s’amusa-t-elle d’une voix un peu tremblante. 

    Elle fronça les sourcils, grogna un peu en essuyant le dessous de ses yeux et leur sourit, paisible et heureuse. 

    - Enfin. Si vous le voyez, pourriez-vous le remercier de ma part ? De notre part à tous, s’enquit-elle en hochant la tête. 

    Jör ne put que sourire en hochant la tête vivement, et même Fenrir lui sourit un peu. 

    - Ce sera fait, Madame. Surtout, prenez soin de vous, d’accord ? 

    Elle rit légèrement et hocha elle aussi la tête d’un mouvement vif, rayonnante. 

    - C’est une chance comme on en a jamais dans une vie, ce n’est pas moi qui vais la gâcher. Merci encore, j’espère qu’il réalise quel bien votre père a pu faire, dit-elle ensuite plus calmement. Et merci pour votre dévouement, déclara-t-elle enfin en faisant un mouvement vers les travaux qu’ils faisaient. 

    Fenrir ricana un peu et haussa les épaules. 

    - C’est le moins que nous puissions faire, M’dame. 

    Elle sourit et agita la main. 

    - J’espère en tout cas que notre bonne vieille terre vous sera accueillante, termina-t-elle enfin avec un peu d’humour. 

    Elle leur sourit une dernière fois, leur offrit un petit signe de tête, puis retourna à sa vie, laissant les deux enfants de Loki avec un doux sentiment de chaleur dans leur poitrine. 

    - Loki devrait rester ici. 

    Jör porta son attention sur Thor, qui s’était un peu rapproché et qui regardait la femme s’éloigner avec un sourire sur les lèvres, mais un peu de tristesse dans le regard.

    - Pourquoi cela ? Demanda Fenrir en essayant visiblement de ne pas montrer les crocs. 

    - Parce que si c’est un Royaume où Loki peut être apprécié à sa juste valeur, il se doit de rester ici, où il pourrait être bien plus heureux que sur Asgard, leur expliqua Thor sans les regarder. 

    Jör observa le Prince d’Asgard déglutir un peu difficilement avant de sourire, et le fils de Loki entendait presque le Qu’importe si je dois le perdre qui n’était pas dit, mais qui irradiait de tout son être. 

 

    Et c’était peut-être ça, qui calma Fenrir et qui allait sans aucun doute laisser une petite chance à Thor. Jör savait que Harry n’avait pas prévu d’empêcher Loki de pardonner à Thor, et si lui avait pensé dire clairement ce qu’il en pensait sans véritablement être invasif, Fenrir allait être celui qui allait avoir le plus de ressentiments quant à la situation. 

    Mais au vu de ce qu’il venait de se passer, au vu de ce qu’il venait de dire, peut-être que les enfants de Loki allaient être plus ouverts au pardon. 

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