
Chapter 9
Harry pesta en rentrant la tête dans ses épaules, passant une main sur son crâne qui pulsait un peu de douleur. Les conduits d’aérations étaient beaucoup, beaucoup trop petits. Ce n’était pas super pratique, qu’est-ce que faisait l’autre là-dedans ? Heureusement que Harry n’était pas claustrophobe, ça aurait donné une situation un peu burlesque, totalement bancale - et en fait, il n’aurait jamais accepté de grimper jusque là.
Mais il voulait discuter de ce qu’il s’était passé un peu plus tôt.
Grommelant à mi-voix contre les supers-espions qui ne se sentaient en sécurité et à l’aise qu’en hauteur et dans de petits endroits confinés, le sorcier se mit à ramper dans les conduits. Il n’avait plus sa baguette, il ne pouvait même pas faire un pointe-me et ça, c’était ennuyeux. Alors à un croisement, dans ces conduits gris de métal bien froid et silencieux, très silencieux, Harry prit une inspiration et ferma les yeux un instant.
Il se concentra, essayant d’utiliser ses pouvoirs de Roi des Morts - il ne s’attardait habituellement pas dessus, parce que c’était bizarre d’y penser, parce que c’était encore plus étrange que la simple magie - et s’enferma dans une légère transe.
Il sentait les vies palpiter tout autour de lui, plus ou moins loin, ne sachant pas encore comment les identifier, et essaya de comprendre et trouver celle qui l’intéressait.
Là, il était là.
Harry rouvrit les yeux et tourna à gauche, grognant en se redressant par réflexe et se cognant une nouvelle fois contre le plafond trop bas.
Il ne mit pas trop de temps à le trouver, quelques bifurcations de plus avant de l’apercevoir, et Harry trébucha et tomba au pied du meilleur archer du S.H.I.E.L.D., qui posait sur lui un regard surprit et interloqué.
- Quoi ?
Harry marmonna de nouveau, grognant sur ses deux pieds gauches, et se redressa.
Clint Barton s’était trouvé un petit endroit plutôt sympathique, il fallait le reconnaître. C’était un renfoncement juste à côté de deux larges souffleurs, éteint en ce moment même. L’endroit était assez grand, assez pour que Harry se mette debout sans se cogner la tête, enfin !
Le sorcier observa autour de lui avant de baisser son regard sur l’espion, qui n’avait pas bougé de sa place, assit contre le mur.
- Qu’est-ce que vous faites là ? S’enquit l’espion en fronçant les sourcils.
Harry haussa les épaules et fit le petit tour du repaire de l’espion.
- Vous vous êtes calmé ? S’enquit-il plutôt en lui faisant face, s’adossant au mur en mettant ses mains dans ses poches.
L’agent du S.H.I.E.L.D. fronça les sourcils et détourna le regard sans rien dire, pas un mot. Harry l’observa un moment avant de se laisser glisser au sol, s’installant à son tour par terre.
- Je ne voulais pas le rendre malade, avoua finalement l’homme en évitant toujours son regard.
Harry haussa les épaules.
- Vous ne pouviez pas le savoir. Et ce n’est pas à moi que vous devriez vous excuser, expliqua-t-il.
L’autre homme serra un peu les poings avant de les desserrer en lâchant un soupir.
- Ouais, vous ne voulez pas vous excuser. Je peux comprendre, déclara Harry en ne le quittant pas du regard.
L’autre homme ne dit rien mais se détendit sensiblement.
Ils restèrent un petit moment comme ça, dans un silence qui était étrangement confortable. Puis l’homme lui jeta un coup d’œil.
- Qu’est-ce que vous faites là ? Demanda-t-il une nouvelle fois.
Harry se passa une main dans les cheveux, parce que... Parce qu’il savait pourquoi il était là, mais il n’avait pas vraiment réfléchit à comment aborder la situation.
- Je ne sais pas trop comment.. Enfin, je ne sais pas si vous savez, mais je suis le Roi de Hellheim, commença-t-il.
L’archer renifla et lui lança un regard torve.
- Désolé, votre Seigneurie, de ne pas vous accueillir dans une demeure plus à votre convenance, railla-t-il d’un ton presque amer.
Harry fronça les sourcils et tendit la jambe pour lui donner un coup dans le mollet.
- Arrête tes conneries, grogna-t-il en prenant un ton plus familier. Hellheim, c’est le royaume des morts, Ducon. Si tu me laisse terminer, ça pourrait t’intéresser.
Barton fronça les sourcils en se renfrognant, croisant les bras sur son torse en tournant le torse vers lui.
- J’écoute ?
Harry leva les yeux au ciel un court instant avant de soupirer.
- Je n'y suis pas encore aller, parce que je n’ai pas trop envie d’aller faire face avec des démons de mon passé, mais... Mais il va bien falloir que j’y aille à un moment donné. Alors...
Il se redressa un peu, croisant ses jambes devant lui pour poser ses coudes sur ses genoux, se penchant vers lui.
- Je sais que ce n’est pas quelque chose que tu as envie d’entendre, mais si tu veux, je peux... Aller le voir, dit-il d’un ton plus doux, sachant que ce n’était pas de joyeuses choses à entendre. Je peux aller lui transmettre un message.
L’archer ne le quittait pas du regard, figé comme dans un souffle, et Harry grimaça légèrement.
- Mais qu’une seule fois. Je ne peux pas me permettre de faire des aller-retour dans le royaume des Morts comme un hibou messager. Ça bouleverserait le repos des âmes, avoua-t-il.
La mort n’était pas joyeuse, bien entendu, mais surtout pour ceux qui étaient laissé derrière. Et Harry savait mieux que quiconque la douleur que pouvait être la perte d’un être cher, sans avoir pu avoir la possibilité de dire au revoir comme il le fallait.
Il savait aussi que ce n’était clairement pas quelque chose qu’il devait faire. Les morts devaient rester là où ils étaient, laissés en paix, parce que l’Après-Vie n’était qu’à eux et aucunement l’affaire des vivants, mais... Mais il voulait faire quelque chose. Il fallait qu’il fasse quelque chose, ne serait-ce que d’un côté purement égoïste pour essayer d’atténuer les tensions entre le groupe des Avengers et sa famille. Il ne comptait pas partir, ils allaient rester, et vu comment c’était partit, les Avengers aussi.
- Vraiment ?
Harry sortit de ses pensées et regarda l’archer un peu pâle, mais restant résolument stoïque. Le sorcier leva la main.
- Une seule fois. Un seul voyage et un seul message. Je ne devrais pas faire ça, c’est fortement recommandé, mais il faut bien que je fasse quelque chose.
- Mais...
L’homme déglutit un peu difficilement.
- Vous allez pouvoir le retrouver, de... de l’autre côté, qu’importe où est-ce que c’est exactement ? S’enquit-il d’une voix un peu faible.
Harry hocha simplement la tête. Il savait que cela pouvait être une notion un peu étrange à attraper, parce qu’après tout, même lui avait encore un peu de mal à comprendre les tenants et les aboutissants exact de sa puissance et de tout ses pouvoirs. Mais c’était comme... Quelque chose qu’il savait, sans même avoir à réfléchir, il le savait et c’était tout.
Face à lui, l'homme ferma les yeux et lâcha un petit soupir tremblant.
- Je sais où il est mort, déclara Harry, gardant sa voix douce. Je sais quand et où, il me faut juste son nom.
Il savait que c'était à peu près tout ce dont il avait besoin pour retrouver une âme, surtout qui était déjà passé de l'autre côté. Bien sûr, il y avait de nombreux homonymes partout dans le monde, mais très peu avaient la malchance de mourir au même endroit et exactement en même temps.
Barton détourna enfin le regard, baissant les yeux sur ses mains, posées paumes ouvertes vers le haut sur ses cuisses.
- Pourquoi feriez-vous ça ? Demanda-t-il d'une voix monotone.
Harry considéra la question et ses réponses potentielles, avant de lier ses mains devant lui.
- Parce que je sais ce que l'on peut ressentir quand on n'a pas eut la possibilité de dire au revoir, avoua-t-il calmement.
L'autre homme ne dit rien, pendant un long moment, assez pour que Harry se demande si cela avait été une bonne idée de lui proposer ça, peut-être un peu trop brutalement, peut-être un peu trop tôt aussi, peut-être--
- Phil Coulson. Philippe Jonathan Coulson, lui murmura enfin l'archer d'une voix qui se voulait détachée, mais qui tremblait d'émotion.
Harry hocha la tête et prit une inspiration pour se concentrer et le trouver. Ce n’était pas qu’il pouvait communiquer maintenant avec lui, pas du tout même, il fallait qu’il se déplace physiquement à Hellheim pour pouvoir communiquer avec lui. Seulement, le localiser maintenant allait rendre la procédure plus simple. Enfin, localiser... Il n’avait en fait pas d’autres mots qui pouvai ent coller avec ce qu’il ressentait. C’était comme sentir l’âme quitter le plan des vivants et la suivre jusqu’au Royaume des Morts, apprendre sa signature, son goût, ce petit quelque chose qui faisait l’âme unique et qu’ainsi, Harry puisse le retrouver en un claquement de doigt s’il le désirait, se retrouvant à ses côtés à Hellheim.
Seulement... Il avait beau parcourir le florilège de noms quasi interminable qu'il sentait venir dans son esprit quand il se concentrait, toutes ces âmes qui avaient quittés le monde des vivants à ce moment-là, à ce moment bien précis, il n’arrivait pas à le localiser. Il n’arrivait pas à le trouver.
Il n’y avait pas de Philippe J. Coulson. Il remonta mentalement la liste de deux heures, peut-être que les estimations de temps étaient faussées, à cause de l’adrénaline du moment, le combat, c’était une explication logique.
Rien.
Peut-être que l’homme avait périt sur la table d’opération alors que les docteurs essayaient de le sauver.
Sur la liste des Midgardiens morts dans les heures qui ont suivi, rien non plus.
- Est-ce que c’est son vrai nom ? S’entendit-il demander.
Il cligna des paupières en secouant la tête pour sortir de ses pensées encombrantes, ses pensées trop puissantes, un des pouvoirs de la Mort qui pouvait le consumer en un instant s’il ne faisait pas attention. Face à lui, Barton fronça les sourcils.
- Oui, bien sûr, déclara-t-il d’un ton un peu bourru. Pourquoi ?
Harry secoua la tête en grimaçant.
Peut-être qu’il ne savait pas encore comment cela fonctionnait. Quel idiot était-il, pourquoi proposer à un homme en deuil de l’aider s’il n’était même pas capable d’accéder à ce qu’il venait de lui promettre ?
Merde, quel idiot.
Harry fronça les sourcils en essayant une nouvelle fois de le trouver, se plongeant dans les noms, les dates et les localisations, pour revenir bredouille. Il soupira, commençant déjà à réfléchir à quand aller sur Hellheim - même s’il voulait réellement retarder ce fait -. Même s’il voulait voir sa sœur, même si elle lui manquait - ce qui était un peu étrange, étant donné qu’il ne l’avait réellement vu que pendant deux heures grand maximum - il savait que rester trop longtemps à Hellheim allait le changer.
C’était comme ça.
Comme beaucoup de ses pouvoirs hérités, provenant de la Mort même, il savait certaines choses, et le fait de rester dans le monde des Morts, s’y attarder malgré le fait qu’il en était le Roi, allait changer quelque chose en lui. Il se sentirait de plus en plus mal à l’aise en présence des vivants, perdant peu à peu sa capacité à les comprendre, les vivants étant bien plus complexes que les défunts. Et au final, il finirait par se complaire parmi les morts, parce que c’était ce qu’il était destiné à être.
Mais pas tout de suite. Il ne voulait pas tout de suite disparaître dans le monde de l’Après-Vie pour le chapeauter, il avait encore beaucoup de monde qu’il connaissait et qu’il voulait réapprendre à connaître, tant de choses qu’il voulait vivre avant d’abandonner le Monde des Vivants pour pleinement prendre son trône.
Un voyage ou deux pour aller déposer des messages, c’était possible et pas trop encombrant. Ça n’allait pas tant l’affecter, mais... Mais Harry voulait tout de même attendre, quitte à manquer sa sœur.
- Hey, qu’est-ce qu’il y a ?
Harry sursauta alors que l’archer lui donnait un coup de pied léger dans le mollet pour le sortir de ses pensées. Il l’observait, les sourcils froncés, comprenant visiblement qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Le sorcier secoua la tête.
- Rien, je... Je suis juste un idiot, il faut que je m’entraîne encore un peu, soupira-t-il en se frottant les tempes.
- C’est à dire ?
Le ton moqueur, presque supérieur de l’homme le caressa dans le mauvais sens du poil et le fit grincer des dents.
- Je ne le trouve pas, d’accord ? Grogna-t-il.
L’archer haussa un sourcil et renifla, définitivement moqueur, et croisa ses bras sur son torse.
- Eh bah quoi, son Altesse ne peut pas faire un petit tour de passe-passe ?
Harry lui envoya un regard noir.
- Son Altesse, comme tu dis si bien, peut t’envoyer aller faire un tour sur la lune en un claquement de doigt, fait attention à toi, le menaça-t-il.
Sauf que.. Sauf que c’était une menace sans fondement, et l’autre sembla bien s’en rendre compte, puisqu’il ricana.
- Eh, ce n’est pas facile, d’accord ? Je n’ai pas vraiment eut le temps de me faire à l’idée que j’avais de nouveaux pouvoirs, les pouvoirs de la Mort, rien que ça, ok ? Il faut me laisser le temps de m’y habituer ! Ronchonna Harry en se laissant aller contre le mur avec une moue boudeuse.
L’autre ne fit que rire avec plus de légèreté.
- Faible humain sans pouvoirs ici, je ne vois pas du tout de quoi tu te plains.
- De quoi je me plains ? Tu te fous de moi ?! A chaque seconde, j’ai en tête tous les noms de toutes les personnes qui meurt en cet instant, avec leur localisation exact, leur nom courant et la cause de leur mort, je t’avoue que ce n’est pas le truc le plus sympathique au monde ! Se lâcha le sorcier en se retenant difficilement de lui tirer la langue.
L’autre l’observa en perdant peu à peu son sourire.
- Tout le temps ? S’enquit-il, surprit.
- À. chaque. seconde, confirma Harry avec un grand soupir.
Il arrivait à le mettre de côté et à ne pas y faire attention. Après l’affrontement avec Voldemort, après la conversation avec Hela, il n’avait rien sentit. Ça s’était fait petit à petit, assez lentement pour que cela ne soit pas un choc quand il eut comprit. Ça s’était soudainement arrêté quand il avait été banni, et quand Hela l’avait ramené, ça l’avait submergé pendant quelques infimes secondes avant qu’inconsciemment, ça se mette au second plan, qu’il ne le réalise même plus. Mais oui, c’était toujours là, les noms le submergeait toujours, en chaque instant.
- Sérieusement ? Ce n’est pas angoissant ? S’enquit Barton en fronçant les sourcils.
Harry soupira et dodelina de la tête.
- Je préfère ne pas vraiment y penser, lui répondit-il.
- Et comment tu comptes trouver Phil, alors ? Demanda Barton en haussant un sourcil.
Le sorcier soupira.
- C’est sûrement pour ça que je ne le trouves pas, justement, grogna-t-il de nouveau.
Il fronça les sourcils mais abandonna l'idée d'essayer de nouveau, ça n'allait que le frustrer un peu plus. Alors il ferma les yeux et se laissa aller contre le mur, cognant doucement sa tête derrière lui.
- Mais... Tu peux savoir la mort exact en ne connaissant que le nom d'une personne ? Continua de demander Barton.
Harry rouvrit les yeux et lui jeta un coup d’œil.
- Entre autre, répondit-il. Il y a beaucoup d'homonyme, alors il faut la date et le lieu de naissance pour affiner la recherche. Mais en gros, oui. Enfin, je crois.
Il bougea un peu, mal à l'aise - le sol, ce n'était pas confortable, d'accord ? - et Barton ne le quittait pas du regard.
- Donc par exemple... Barney Barton, Pittsboro, Mississipi, 1975 ? Demanda-t-il.
- Barney Adam Barton Jones, mort le 14 juillet 2004 à Chicago, tué d'une flèche dans l’œil, répondit Harry du tac-o-tac.
Le sorcier cligna des paupières, surpris par la rapidité de sa réponse, et au fait qu'il n'avait même pas réfléchit un seul instant. Il n’en avait même pas eut besoin, la réponse était venu d’elle-même, aussi rapide qu’un torrent, aussi tranchante que la glace. Son cœur se contracta et son estomac remonta dans sa gorge alors que l'autre homme, l'autre Barton, le regardait en clignant lui aussi des paupières, lui aussi surpris.
- Merde, je... Je suis désolé, souffla Harry, la culpabilité grimpant le long de son torse.
L’agent du S.H.I.E.L.D. le regarda sans dire un mot pendant quelques secondes avant de doucement secouer la tête.
- Oh, non. Ne le sois pas, dit-il d’une voix presque trop douce. C’est moi qui ai tiré.
Harry le regarda un instant, curieux, mais comprenant mieux.
- Ah.
- Alors... Tu peux trouver Barney, continua-t-il en ne s’attardant pas sur le sujet, mais tu ne peux pas trouver Phil, déclara-t-il en fronçant peu à peu les sourcils. Pourquoi cela ?
Harry haussa les épaules, grommelant qu’il doive se répéter.
- Je n’en sais rien, peut-être que je m’y prend mal.
- Visiblement pas, tu réagis à l’instinct pour une mort dont tu as encore moins d’information, rétorqua l’autre.
- Oui, eh bien, je n’en sais rien. Peut-être que la mort provoqué par un être d’un autre royaume le met dans une catégorie à part, ou alors il n’est pas...
Harry se tut, réfléchissant.
Cela dit...
L’archer face à lui se redressa en plissant des yeux.
- Tu n’as pas dit ce que je pense que tu as dit, n’est-ce pas ? Demanda-t-il d’une voix tranchante.
Harry le regarda.
- Je n’ai rien dit, répondit-il en espérant ne pas envenimer une situation qui était déjà vraiment mal partie.
Mais Barton avait parfaitement compris son raisonnement, il en était arrivé à la même conclusion que lui et une grimace de colère déforma ses traits.
- Je vais le buter, gronda-t-il en se redressant.
Harry sauta à son tour sur ses pieds.
- Hey, on en est pas sûr !
- Crois-moi, c’est tellement logique que ça m’énerve qu’on y ai pas pensé avant !
Le sorcier grimaça alors que l’espion s’engouffrait dans les conduits d’aération en jurant comme un beau diable, se fustigeant à mi-voix d’avoir peut-être donné de faux espoir à un homme en deuil. Avec un soupir douloureux, il se mit à le suivre.
- Barton, attends-moi ! Lui cria-t-il, et sa voix résonna dans les conduits.
- Dépêche-toi, on a pas mille ans ! Rétorqua l’homme d’un ton acide en passant la tête au détour d’un conduit pour lui lancer un regard noir.
- Eh bien il se trouve que si, justement, j’ai bien mille ans devant moi, et même plus, courir maintenant ne va pas changer la situa-- HEY !
Visiblement exaspéré par ses propos, Barton avait levé les yeux au ciel et était reparti aussi sec, forçant Harry à accélérer - de nouveau – se cognant la tête plus d’une fois.
Harry Potter Lokison, fils du Dieu de la Mesquinerie et de la Ruse, ainsi que de la Magie, sorcier le plus puissant de sa génération depuis Merlin lui-même, Survivant du Sort de Mort par deux fois, Sauveur du Monde Sorcier, Maître de la Mort et Roi de Hellheim, trébucha une nouvelle fois dans le rien intercidérale devant lui, bascula en avant et s’écroula dans la cuisine de l’étage où avaient dormi les Avengers, percutant le sol avec une plainte de douleur et un juron coloré.
- Je hais... ma vie... marmonna-t-il, le nez pressé contre le sol.
- Ça, c’est ce que j’appelle une entrée.
Harry releva le nez du sol avec un soupir fatigué. Barton lui jetait un regard torve, perché sur le comptoir où il s’était installé plus tôt dans la matinée, royal et presque gracieux - espèce de connard - et autour de lui, tout le monde le regardait.
Tout. le. putain. de. monde. Et Stark se moquait de lui. Connard aussi, va.
- Harry ?
Le sorcier grommela et se redressa, époussetant de la poussière invisible sur ses vêtements - il le savait, c’était lui qui avait nettoyé les différents étages à coup de magie légère avec Gin--Pepper - et offrit un petit sourire à son père. Il avait apparemment réussit à quitter une nouvelle fois l’étage où ils avaient dormit, et ses deux aînés étaient eux aussi présents. Et Fenrir souriait, amusé. Oui, bon bah c’est bon, hein.
- Qu’est-ce qu’il y-- Commença Rogers, mais fut coupé par Barton.
L’homme, l’espion, ce bloody oiseau sauta au sol à côté de Harry et observa tout le monde.
- Qui a vu son corps ? Lâcha-t-il abruptement.
Harry ferma les yeux et ravala une grimace, parce qu’il y avait vraiment de meilleure moyen pour amener la conversation, merci beaucoup la subtilité.
- De quoi ?
C’était la femme qui avait répondu, Miss Romanovna, la collègue de Barton. Et au vu de son visage fermé, les yeux un tout petit peu écarquillés et le corps tendu, ou alors son esprit était le plus rapide que Harry connaissait, ou alors elle était assez en phase avec Barton pour comprendre son cheminement de pensée.
- Phil ! Est-ce que l’un de vous a vu son corps ? Rétorqua de nouveau l’archer en fixant les Avengers les uns après les autres.
- Pourquoi ? S’enquit Steve, un peu perdu.
- Clint, tu ne dis pas que... Commença Romanovna d’une voix douce, trop douce, exactement comme son collègue/ami.
Harry soupira, parce que s’ils en étaient là, c’était de sa faute.
- Je ne trouve pas Monsieur Coulson, déclara-t-il en croisant les bras sur son torse.
Loki se figea, les frères d’Harry comprirent eux aussi ce qui en retournait et le fixaient sans savoir comment réagir et Romanovna lâcha un juron en ce qui ressemblait à du russe.
- Qui... Qui a vu Phil ? Demanda de nouveau Barton en serrant les poings.
Harry leva la main et la posa sur le dos de l’archer, l’homme tendu comme un arc - ahahaha - et prêt à exploser.
- Oooooh, roi du Royaume des Morts. Mais c’est paaaas vrai...
Apparemment, Tony Stark valait vraiment son statut de génie.
- Il n’a pas fait ça, si ? Continua-t-il en serrant lui aussi les poings, une colère froide semblant le submerger.
- Donc personne n’a vu son corps, constata Barton, les dents serrées.
Il bondit, prêt à partir, échappant à Harry, mais son amie le rattrapa. Elle le ceintura avec une force qu’on ne pouvait pas deviner en la regardant, et le plaqua presque contre un mur, lui marmonnant quelque chose en russe.
- J’avoue que je ne comprend pas, qu’est-ce qu’il se passe ? Demanda Steve, inquiet.
- On aurait jamais dû écouter Fury, Cap, voilà ce qu’il se passe. Ne jamais faire confiance à ce rat, je le savais pourtant, je le savais ! Se mit à pester Tony en commençant à faire les cents pas.
Steve ouvrit la bouche, sûrement pour demander des explications, parce que pour le moment personne n'y répondait, mais Harry l’arrêta.
- Je n’ai pas trouvé Phil Coulson. Alors, nous ne sommes sûr de rien, mais il se peut qu’il soit toujours en vie, leur apprit-il d’un ton doux.
- Quoi ?! S’exclama Rogers en ouvrant de grands yeux.
Harry hocha la tête en soupirant, levant la main pour se gratter la nuque.
- Ce n’est pas sûr, hein. Mais... C’est une possibilité, oui, termina-t-il d’avouer.
- Mais... Comment tu le sais ?
- Roi de Hellheim, Cap ! Rétorqua Tony, qui irradiait de colère. Le Roi du Royaume des Morts, je suis sûr qu’il a un grimoire bien poussiéreux quelque part avec le nom de tous les humains sur terre qui sont mort, qui sont encore en vie et ceux qui ne sont même pas encore nés ! Clama-t-il.
Harry grimaça et dodelina de la tête.
- Ce n’est pas... Tout à fait ça, mais... en quelque sorte... oui.
Steve l’observa sans rien dire, tout comme... Eh bien, tous les autres sûrement choqué par ces révélations qui tombaient un peu comme des cheveux sur la soupe. Et Harry connaissait le sentiment.
- Vous m’aviez dit qu’il était mort ! Intervint soudainement Romanovna, les sourcils froncés mais ayant visiblement réussit à calmer Barton.
Ce dernier bouillonnait toujours de colère, mais semblait au moins ne plus vouloir partir en vendetta. Ou au moins, pas tout de suite et pas tout seul.
- Ouais, parce qu’on a été assez idiot pour croire les paroles de Fury ! Rétorqua Stark en croisant les bras sur son torse. Réellement, on a vu que les cartes collectors de Cap et ce qu’on a deviné être de son sang dessus.
Barton jura de nouveau.
- L’espèce d’enfoi--
- Clint !
- Ce connard nous fait croire à tous que Phil est mort, il ose - il ose - détruire son bien le plus précieux, alors qu’on sait tout les deux que ces cartes ne quittent jamais son casier, jamais ; et tu voudrais que je me calme ?! Il faut qu’on aille le chercher, qu’on le trouve, qu’on le sorte de là, qu’on--
- Bon maintenant, tu te calmes ! Termina par crier la femme en le repoussant contre le mur.
Barton gémit de douleur et lâcha un soupir en abandonnant le combat et se laissa glisser contre le mur jusqu’à être assis par terre.
- On... On est sûr de ça ? S’enquit le Docteur Banner en tripotant les manches de sa chemise, les sourcils froncés.
- Connaissant le personnage, c’est exactement ce qu’il s’est passé, déclara l’espionne en fixant son ami.
Elle veillait peut-être à ce qu’il ne se relève pas, mais peut-être aussi cherchait-elle une certaine stabilité. Puis elle prit une inspiration et se tourna enfin vers eux, gardant visiblement mal ses émotions en échec.
- Clint a raison. Ces cartes collectors sont ses petits bijoux, s’il doit les transporter, ce qui est très rare, elles ne quittent jamais son casier et sont sous film protecteur, à chaque instant.
- Fury nous a dit qu’il voulait me les faire signer, leur apprit Steve en ayant l’air de ne pas savoir s’il devait être triste ou énervé.
- Et je n’en doute pas un seul instant ! Sembla s’amuser la femme avec un petit sourire sur les lèvres, qu’elle perdit très vite. Mais même s’il voulait à tout prix une signature, il t’aurait prit, Rogers, et t’aurait mené à son casier. Jamais, jamais, il ne les aurait sortit de leur protection. Alors que vous les ayez vu, avec du sang en plus de cela ? C’est une mise en scène.
- C’est pour ça qu’on ne pouvait pas le voir, intervint Barton de sa place par terre.
Il se redressa avec un soupire.
- Les agents du S.H..I.E.L.D. n’ont pas d’enterrement, n’ont pas de sépulture. Officiellement, ils n’existent pas. Les agents sont incinérés. Mais même comme ça, son équipe ou tout autre agent qui le connaissait à le droit à un dernier adieu.
Romanovna hocha la tête et Harry vit ses poings se serrer. Barton lâcha un rire amer en se frottant le visage.
- Et là, rien. Désolé, Barton, mais avec l’invasion, on a du faire vite, les cendres ont déjà été prise en charge, mon cul, oui !
Un silence lourd tomba sur la pièce, que personne n’osa briser, parce que réellement, qu’est-ce qu’il y avait à dire ?
- Et voilà comment on réunit une équipe de marginaux qui ne devraient pas être capable de travailler ensemble, déclara soudainement Stark d’un ton doux, presque comme s’il avait abandonné le combat. On leur donne un but commun, et quoi de mieux qu’une vengeance.
Barton pesta de nouveau, d’une voix bien plus douloureuse cette fois-ci, et se redressa d’un bon. Romanovna fut prête à l’arrêter, mais il ne se dirigea pas vers les ascenseurs. Il rebroussa plutôt chemin et très vite, la porte de la chambre dans laquelle il avait dormit plus tôt claqua. Harry grinça des dents, Loki lâcha un souffle tremblant et Romanovna ferma les yeux avec un murmure russe.
- Il ne faut pas que Fury sache que nous sommes au courant.
Tous les regards se tournèrent vers Steve, qui avait un regard plein d’acier, bien campé sur ses deux jambes et le corps tendu.
- Cap a raison. Je n’avais déjà pas beaucoup de confiance en lui ni de considération, mais maintenant, c’est définitif, rétorqua Tony avec un reniflement dédaigneux.
- Il faudrait peut-être maintenant que l’on en soit sûr, non ? S’enquit le Docteur Banner.
- Croyez-moi, Docteur Banner, dit doucement Jör. Si Harry nous dit qu’il n’a pas réussi à trouver son nom dans la liste des Défunts, c’est qu’il n’y est pas.
Harry haussa les épaules, pas tout à fait sûr de quoi dire.
De nouveau, il pouvait très bien se tromper. Il pouvait très bien ne pas trouver le nom de l’homme dans la liste quasi interminable de nom, peut-être était-il juste pas assez entraîné.
Mais c’était une possibilité. Une très forte probabilité.
Il était prêt à rétorquer quelque chose, comme par exemple savoir ce qu’ils allaient désormais faire de cette information, mais il n’eut pas le temps. Les portes de l’ascenseur s’ouvrir pour laisser entrer une Pepper ‘Ginny’ Potts tiré à quatre épingles. Harry sourit.
Il y avait des choses qui ne changeaient jamais. Là où Ron avait toujours eut du mal à se réveiller le matin, Ginny avait toujours été alerte.
Ronnald Billius Weasley, Londres, 22 novembre 2002 ; exsanguination par sectusempra.
Le sorcier se secoua pour éviter de penser à ça et sourit plutôt à son amie retrouvée. Cette dernière s’arrêta en les avisant tous et fronça un peu les sourcils en se rapprochant d’un pas plus réservé.
- Très bien, commença-t-elle. Bonjour à tous et que se passe-t-il ?
Ce fut Tony qui répondit.
- Ah, Pep. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, Agent Agent est en vie ; la mauvaise, Fury est pire qu’un enfoiré, gronda-t-il, les mâchoires serrées.
Pepper cligna des paupières en l’observant, puis les regarda tour à tour.
- Très bien... D’accord. Tant mieux que Phil ne soit pas mort ! Déclara-t-elle tout d’abord. Et pour Fury, ça ne m’étonne même pas.
Elle croisa les bras sur son torse et fit une grimace.
- Cet homme ressemble trop à Snape pour mon propre bien, marmonna-t-elle.
- Il a un petit côté Lucius Malfoy, tu ne trouves pas ? Surenchérit Harry avec un peu d’amertume dans la voix.
Pepper renifla et lui lança un sourire complice. Puis elle reporta son attention sur le plus grand groupe.
- Est-ce qu’il va bien ? S’enquit-elle tout de suite.
- Ah oui, mais non, soupira Tony. Fury est un enfoiré parce qu’il ne nous a rien dit, qu’il nous l’a caché, et je ne pense pas qu’il compte nous le dire !
Pepper se crispa et soupira, pas véritablement énervé, mais ayant irrémédiablement perdu sa bonne humeur du matin.
- C’est un problème à thé, déclara-t-elle soudainement avec un hochement de tête.
Harry ricana alors que les autres, moins peut-être sa famille direct, l’observaient d’un air un peu surpris.
- Dis-moi que tu as quelque chose de buvable. Sans vouloir vous manquer de respect, vous autres, mais vos thés sont véritablement insipides, soupira-t-il d’un air déconfit.
Pepper et même Loki eurent tout deux des rires amusé pour la première et un peu doux et effacé pour le second. La femme jeta un coup d’œil au Dieu de la Malice qui regardait toujours par terre, soigneusement dissimulé derrière ses enfants malgré le fait qu’il gardait un air ennuyé sur son visage. Mais même s’il faisait comme si, c’était clair et net qu’il n’était pas du tout à l’aise d’être présent ici, avec tant de monde - ou peut-être étaient-ce les Avengers qui lui donnaient cet effet. Eux, et Thor, bien entendu.
- J’ai exactement ce qu’il te faut, Harry, sourit Pepper avec un clin d’œil complice.
Elle s’avança dans la cuisine et sortit de sa poche qui était son sac à main un pot de thé en vrac que Harry reconnu tout de suite. Il s’avança avec un grand sourire sur les lèvres qu’il ne pouvait retenir, ayant presque un saut dans ses pas. Pepper sourit simplement en le voyant faire du coin de l’œil et très vite, elle lui tendit une tasse d’un thé bien chaud, le liquide fumant embaumant doucement la pièce. Harry réussit à retenir un couinement excité en levant la tasse jusqu’à son nez et ferma les yeux en inspirant profondément.
- Hmmm... Le thé de Maman Weasley... Soupira-t-il de plaisir.
Des siècles qu’il n’avait pas pu en boire. Et ça lui avait manqué.
Pepper Ginny Je-suis-la-meilleure-des-neufs-royaumes Weasley Potts rit.
- Tu croyais vraiment que maman allait laisser partir sa seule fille à l’autre bout du monde sans sa dose de nicotine bien de chez nous ? S’amusa-t-elle.
Harry ronronna dans sa première gorgée, rentrant un peu à la maison juste comme ça. Pepper sirota elle aussi un instant avant de se tourner vers les autres, Harry frissonnant en sentant presque des vagues physiques de sa détermination s’échapper d’elle.
- Alors ? Quel est le plan ? S’enquit-elle.
Harry s’installa à côté d’elle, adossé au comptoir de la cuisine, pour observer tout comme elle le groupe de super humain, génie et autre Dieu qu’il pouvait y avoir rassemblés aujourd’hui. Tony sourit d’un air malicieux alors que Steve se raclait la gorge.
- C’est... à dire, Miss Potts ?
Pepper haussa les épaules.
- Je ne pense pas que vous comptez le laisser aux mains de Fury et a posteriori aux mains du S.H.I.E.L.D., n’est-ce pas ? Alors je vous le demande : Qu’est-ce que vous comptez faire ? Quel est le plan ?, répéta-t-elle.
Harry sourit et hocha la tête sans rien dire. Steve observa la femme un instant, comme s’il ne pouvait pas croire ce qu’elle venait de dire, avec une pointe d’admiration et un peu... Soufflé ? Quelque chose comme ça. Rencontrez Miss Ginny ‘Pepper’ Weasley Potts, Capitaine, bonne chance avec ça.
- Hors de question de laisser ce pauvre Agent Agent aux mains du pirate manipulateur, ni du S.H.I.E.L.D. Il mérite bien mieux que ça ! Et puis, c’est notre mascotte, déclara Tony en croisant les bras sur son torse, presque un air dédaigneux sur le visage.
- Il nous faut quelqu’un pour le chercher dans les fichiers et nous donner sa localisation.
Tous les regards se tournèrent vers l’espionne, la Black Widow qui, officiellement, était toujours du S.H.I.E.L.D., justement. Comme suivant parfaitement le cours des pensées de Harry - qu’il ne se doutait pas, faisaient écho à d’autres -, elle croisa les bras sur son torse et haussa les épaules.
- Je suis sans drapeau. Je suis sans réel pays d’origine et je n’ai aucune existence légale. Ce n’est pas à une quelconque institution que j’offre ma loyauté et ma confiance. C’est aux gens. Et si Phil fait partie du peu de personne en qui j’ai confiance, Fury n’en a jamais fait partit. Et ce n’est pas en agissant ainsi qu’il va la gagner. S’il faut sortir Phil de force de là, je suis sur la première ligne, leur apprit-elle d’un ton froid et calculateur, le regard sûr.
Harry sourit un peu, pour une raison qui lui échappait, mais... Il aimait bien son franc parlé. Il était sûr qu’il allait l’apprécier, s’ils avaient le temps de se connaître un peu mieux.
- Tu nous fais confiance avec la vie de l’agent Coulson ? S’enquit Steve.
- Non, déclara-t-elle abruptement. Mais j’ai plus confiance en votre capacité à faire réellement ce qui est juste, et pas seulement ce qui doit être fait, contrairement à Fury. C’est déjà beaucoup plus.
Harry hocha la tête, tout comme ses deux frères ainsi que son père, même Thor sembla approuver ses propos, ainsi que Pepper ; mais les autres l’observaient d’un air un peu plus suspicieux. La femme haussa les épaules, ne prenant pas pour elle-même leur suspicions. Après tout, Steve était le parfait petit soldat agitant le drapeau d’un grand pays, le Docteur Banner n’avait pas vraiment confiance en quiconque, et avec raison Harry pensait ; et Tony Stark semblait plus embêté par sa froideur envers le Directeur du S.H.I.E.L.D. que par son manque de confiance. Ou peut-être était-ce son retournement de veste abrupte qui l’embêtait.
Pepper et Harry, eux, comprenaient peut-être mieux ce qu’elle venait de leur avouer derrière des mots un peu crus. Eux aussi n’avaient su apprendre que de ne faire confiance qu’à eux-même, n’offrant leur confiance qu’à une poignée de personne pendant la guerre - en fait, ceux avec qui ils avaient grandit, et personne d’autres - et avec ce qu’il leur était arrivé, ils avaient apprit à ne pas faire confiance ni aux adultes, ni aux gouvernements. Même après la guerre, ils n’avaient pas confiance, et avec raison d’ailleurs. Quand Harry avait disparu, la corruption était toujours légion dans le gouvernement et franchement, ce n’était pas joli à voir.
Il espérait juste que cela s’était un peu arrangé avec le temps, mais quelques fois, c’était trop demandé, un vœux pieu.
- Clint et moi, on ne peut pas retourner au S.H.I.E.L.D. sans être redéployé tout de suite, expliqua-t-elle ensuite. Notre mission, en ce moment, c’est de nous assurer que Stark était sérieux dans sa proposition de nous héberger, et de nous installer pour mieux pouvoir l'informer de ses nouvelles divagations, et être sûr qu’il soit mentalement disposé aux différentes requêtes du S.H.I.E.L.D. en matière de nouveaux armements.
Harry haussa un sourcil, Steve ouvrit la bouche avec un air outré, le Docteur Banner leva les yeux au ciel et Tony... Eh bien Tony renifla un instant, puis éclata d’un rire amer.
- Ouais, c’est ça ouais ! Il peut toujours courir. Il n’était pas là quand j’ai annoncé que j’arrêtais la production d’arme, ou il était en train de faire des claquettes en Picardie ? Rétorqua-t-il amèrement.
L’espionne ne fit que hausser les épaules.
- Je le lui ai bien rappelé, mais ça n’a pas l’air de l’avoir perturbé. D’après lui, la situation particulière a totalement changé la donne et que vous allez vous adapter en conséquences. Il attend votre appel, lui apprit-elle.
Tony grimaça et se mit à jurer en... italien ? et lui envoya un regard noir.
- Tu pourras lui dire, Nataliasha, qu'il peut aller se torcher, gronda-t-il.
Elle cligna des paupières, un peu prise au dépourvu par le surnom, et ne fit que sourire.
- Oh non, encore mieux. Ne l’appelez pas. Clint et moi, on va faire silence radio de notre côté, et s'il nous contacte, on aura qu'à dire qu'on essaye de gagner votre confiance avant de vous souffler l'idée. Il ne se doute pas que ça va être un travail de titan.
Tony croisa les bras sur son torse.
- Et pourquoi tu me dis tout ça ? Demanda-t-il avec un air de défi.
Elle haussa les épaules.
- Je l'ai dit. Ma loyauté va à Clint et Phil. Personne d'autre, dit-elle simplement.
Tony sembla la jauger du regard un instant avant de déterminer que c’était une réponse suffisante, et hocha la tête.
- Bien, c’est très bien tout cela, mais ça ne nous aide pas vraiment. Comme tu viens de si joliment nous le souligner, rétorqua Tony en haussant un sourcil, vous êtes tous les deux coincés ici, avec nous. Bienvenue dans la maison des fous. Sauf que voilà, qu’est-ce qu’on va faire, hm ? Vous allez infiltrer le S.H.I.E.L.D. en espérant ne pas vous faire prendre ? Parce que personnellement, je peux infiltrer autant que je veux leur systèmes électroniques, Fury n’est pas idiot, c’est ce qui le rend si dangereux. Ce genre de sujet sensible, ça ne doit pas être gardé dans le même fichier source que JARVIS peut balayer, si ce n’est pas imprimé sur papier.
Il lâcha un ricanement mauvais.
- Vous imaginez ? Sur le papier ? Aha !
- Hey, le papier, c’est bien, rétorqua doucement Steve en lui lançant un regard torve.
Tony ne fit qu’agiter la main dans sa direction, pestant sur la déforestation et les pauvre orangs-outans qui n’avaient rien demandé et qui étaient obligés désormais de vendre leur corps pour survivre - trop de café dans l’organisme du génie, si vous vouliez l’avis de Harry.
- Je connais quelqu’un.
Harry jeta un coup d’œil à Pepper, qui sirotait paisiblement son thé, et tout le monde la regarda. Bien entendu, elle ne se laissa pas intimider, et sourit doucement.
- Pep ? Me cacherais-tu des choses ? S’amusa Tony avec un sourire.
- Plus depuis longtemps, Monsieur Stark, j’en ai bien peur, rétorqua-t-elle avec un sourire paisible. Mais vous avez besoin de quelqu’un sur place, non ? Eh bien, j’ai ma petite idée en tête, répondit-elle en sortant son téléphone de sa poche.
Elle fredonna un instant avant de le porter à son oreille, ne le pressant pas réellement contre sa peau. Si Harry devinait juste, c’était pour éviter que sa magie inhérente qui la traversait en tout instant, même quand elle ne l’utilisait pas, n’entre pas en résonance avec l’électricité des éléments qui composaient le téléphone et ne le fasse griller.
Harry s’arrêta un instant et fronça légèrement les sourcils.
Comment il savait ça, lui ?
- Hey, c’est moi. Je te dérange ? Oui ? Tant mieux. Premièrement : Est-ce que tu comptais me le dire, que Harry était de retour ?
Le sorcier releva la tête et eut un sourire. Bien sûûûr. Ginny était vraiment la meilleure. Cette dernière renifla d’ailleurs et secoua la tête à quelque chose que sa correspondante lui disait.
- Non mais Mione, ne cherche pas, tu n’as aucune excuse, rétorqua-t-elle d’un ton glacial alors que ses yeux luisaient d’amusement. Tu croyais vraiment que tu allais réussir à me cacher quelque chose d’aussi gros ?
Elle écouta Hermione lui dire quelque chose et elle esquissa un sourire.
- Qu’est-ce que tu crois, je l’ai étouffé dans son sommeil et l’ai enterré dans mon jardin.
Harry ricana en pensant à cette menace que les deux femmes - les deux enfants - lui avaient déjà faite plusieurs fois à l’époque et qui semblaient n’avoir pas prit une ride.
- On s’amuse, on rigole, c’est bien joli tout cela, mais j’ai besoin que tu viennes d’urgence à la tour Stark, s’il te plaît. C’est important, et on a besoin de toi.
Elle hocha la tête en terminant son thé et en posant sa tasse à côté de la bouilloire, sûrement en vue de se servir une autre tasse très rapidement.
- Tu n’auras qu’à montrer ta pièce d’identité au garde de sécurité à l’entrée, je te donne l’accès à la tour. - Un temps - Oui, bien sûr qu’il est là, ne t’en fait pas pour lui, Harry est pire qu’un cafard, souviens-toi.
Pepper rit un peu en jetant un coup d’œil à Harry, qui levait les yeux au ciel.
- Cafard, cafard, je vous ai quand même sauvé la mise plusieurs fois, marmonna-t-il sans aucune réelle colère derrière ses mots.
- Et on a fait le triple, Harry, rétorqua Pepper en lui tapotant gentiment l’épaule. Très bien, Mione. Bon, eh bien, nous t’attendons. Tu n’as rien contre les génies fous et les supers-soldats d’un autre temps ? Et les Dieux Nordiques ? Parfait. Dépêche-toi.
Et elle raccrocha.
Elle se tourna vers les autres et leur offrit un sourire de pure politicienne qui disait clairement que même si la situation ne leur plaisait pas, eh bien c’était comme ça et que malheureusement et heureusement pour elle, ils n’avaient rien à dire.
- C’est réglé. Hermione Granger est en chemin.
- Elle fait partie du S.H.I.E.L.D., rétorqua le Docteur Banner en haussant un sourcil.
Pepper hocha la tête.
- En effet. Mais c’est comme Natalia. Hermione est la meilleure dans a peu près tout ce qu’elle fait, nous allons avoir besoin d’elle et malgré ses quelconques engagements précédents, elle ne sera réellement loyale qu’à nous, répondit-elle.
Derrière elle, Harry esquissa un sourire et hocha la tête.
- Tu crois qu’il serait possible de faire venir Seamus ?
- Tu prévois de faire exploser quelque chose ? S’enquit Pepper avec le rire dans les yeux, tournant la tête vers lui.
Il haussa les épaules.
- Ça peut toujours servir, une bonne explosion.
Elle l’observa un instant et secoua la tête.
- On ne va pas rassembler l’Armée pour prendre d’assaut le S.H.I.E.L.D. Harry, s’amusa-t-elle doucement avec un sourire doux.
Harry croisa les bras sur son torse, amusé.
- Et pourquoi pas ? Neville nous ramène quelques mandragores, Luna quelques ronflaks cornus, ton frère nous prête son squad de Dragons, tu ressors ta tenue de combat et on les mets à sac, proposa-t-il.
- Non.
- Gin-- Enfin, Pep--
- Toujours non.
- Mais--
Elle le regarda et il soupira en s’affaissant contre le comptoir.
- Tu n’es pas marrante, bouda-t-il faussement.
Elle rit seulement et se rapprocha pour embrasser sa joue.
- Et toi, tu as besoin d’un rasage, taquina-t-elle en grattant un de ses ongles sur son menton.
- Tu crois ? S’enquit-il en touchant son léger chaume. J’aime bien, moi.
Pepper le regarda et secoua la tête avec un grimace.
- Naaaaan...
Harry soupira de défaite.
Zut.
- Eh mais, attendez une seconde, déclara-t-elle soudainement. Si ce n’est pas Fury qui vous a dit pour la survie de Phil, comment vous pouvez être au courant ? S’étonna-t-elle.
Harry grimaça et se frotta la nuque.
- Oui, euh... En parlant de ça, il y a quelque chose que je ne t’ai pas dit....
Il n’allait jamais en voir la fin...
.*.
Clint était bien tenté de repartir dans les bouches d’aération - parce qu’il fallait le reconnaître, le petit coin qu’il s’était trouvé plus tôt était juste parfait pour les replis stratégique exactement comme il le désirait maintenant - mais au vu de la rapidité avec laquelle l’autre l’avait trouvé, il savait que c’était désormais inutile de se cacher.
Alors il le faisait à moitié.
Il se cachait désormais non pas dans les bouches d’aérations, mais dans la chambre que Stark leur avait filé, à Tasha et à lui.
Avec ses missions au S.H.I.E.L.D., Clint avait beaucoup voyagé dans le monde entier, et était donc descendu dans des hôtels de toutes sortes suivant l’objectif de la mission. Et c’était un peu ça, qu’il retrouvait ici, dans la chambre de la tour Stark. C’était comme ça qu’il voyait cette grande chambre qui abritaient deux lits queen size, une salle de bain qui pouvait faire pâlir les spas les moins riches et deux grandes penderie. Et ils arrivaient à ne pas se marcher dessus avec ça.
C’était encore mieux que les meilleurs hôtels cinq étoiles dans lesquels Clint avait pu dormir, parce que ça restait simple, sobre, et presque comme à la maison - enfin, si Clint savait ce que ça voulait dire bien sûr. C’est simple, agréable, chaleureux, et Clint était jaloux. Alors il pestait les sept enfers contre le si grand et si riche Anthony Stark capable de s’offrir autant de chambres et de maisons qu’il le désirait dans autant de pays qu’il le voulait sans même ciller deux fois ; alors que lui était cantonné à cette vieille chambre toute miteuse à la base solide et si solitaire du S.H.I.E.L.D. près de New York City.
Le S.H.I.E.L.D. payait bien - si on veut - mais c’était dans leurs contrats : Il fallait qu’ils restent H24, 365 jours/ans disponible pour une mission. Donc ils étaient parqués comme de jolies petites armes attendant que l’on s’occupe d’eux, et qu’on les utilise.
Tout pour ne pas penser à ce qu’il venait d’apprendre.
Ce bâtard de Fury, il avait osé... Il avait osé !
Comment croyait-il qu’ils allaient réagir ? Est-ce qu’il se serait présenté, la bouche en cœur “ On s’est trompé, il est en vie finalement, déso ! “. Ou peut-être s’attendait-il à ce que Tasha ou lui n’en réchappe pas, et qu’il n’ai pas besoin de leur apprendre la bonne nouvelle. Ou peut-être attendait-il qu’il meurt réellement pour leur apprendre la situation. Ou peut-être n’avait-il eut jamais l’intention de leur dire que Phil était finalement en vie.
Jamais, Ô grand jamais, il n’avait en tout cas prévu de leur apprendre qu’il leur avait menti. Le bâtard sanglant n’était pas comme ça, loin de là. Mentir, lui ? Noooon, jamais.
Tout le monde le savait, mais lui le réfuterait jusqu’à son dernier souffle. L’honneur, le devoir, disait-il, mon cul, ouais.
Malgré ses grognements intérieurs, Clint était assez sur ses gardes et assez entraîné surtout pour entendre le délicat clic que fit la porte en s’ouvrant. Il était allongé sur son flanc, le regard tourné vers les grandes vitres qui donnaient en contrebas, et ne voulait pas se redresser pour regarder.
- Tasha, laisse-moi, grogna-t-il.
- Hm... Je ne suis pas Miss Romanov, mais je le prend comme un compliment, c’est une très belle femme, déclara une voix d’homme.
Clint sauta presque sur le lit en ravalant un sursaut, parce que merde, il devrait savoir que ce n’est pas du tout une bonne idée de se faufiler sur un espion parfaitement entraîné comme il l’était !
C’était Loki, qui était rentré dans la pièce, et au lieu de son air supérieur qu’il semblait arboré à tout instant depuis qu’il avait mit le pied sur terre - ce qui était totalement un masque, Clint n’était pas aveugle, merci beaucoup ; c’était son travail, et il était très bon à ça - mais pas là. Là, il avait les bras croisés sur son torse pour mieux se protéger de la colère supposée de Clint, ce qui n'était pas insensé au final, et avait le regard fuyant, les épaules basses.
Clint se força à déglutir puis à respirer doucement pour éviter de s'énerver, parce que de nouveau, le gars ne le méritait pas.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Ouais, il devrait peut-être lui montrer un peu de respect mais hey, il n'essayait pas de le tuer ou de le prendre en traître, et il n'haussait pas la voix. Clint le prenait comme une réussite personnelle. Il faisait des efforts, d'accord ? Il allait y arriver, il connaissait ses troubles de la colère, c'était dans son dossier et il allait à la salle pour expulser toutes ces mauvaises ondes au moins une fois par semaine. Il faisait ce qu'il pouvait pour se soigner, dans la mesure du possible.
Face à lui, le Dieu du Mensonge prit une légère inspiration et haussa les épaules.
- Je voulais m'assurer de votre... bien-être, peut-être, répondit-il doucement.
Clint ne dit rien, le regardant juste en s'asseyant dans son lit.
Il ne savait pas quoi dire, cela dit.
- Et m'excuser, de nouveau. J'ignorais sincèrement que l'on vous avait déclaré la mort de l'agent, je n’aurais pas du déduire de son état par mon simple point de vue, déclara ensuite le gars venant d'Asgard.
Cette fois-ci, Clint grimaça.
- Dude, nan. Sérieusement, il se trouve qu’au final, tu n’as rien fait.
Il soupira et secoua la tête.
- Cette situation est un tel merdier... Soupira-t-il, toute sa colère s’évaporant soudainement.
L’autre ne dit rien, mais ne bougea pas non plus, ne faisant pas mine de vouloir quitter la pièce. Clint releva la tête pour l’observer. Le Dieu avait baissé la tête, observant le sol tout en réfléchissant.
- Je... Je me doute bien que je suis la dernière personne à qui vous voudriez en parler, mais... Mais avez vous prit le temps d’en parler à quelqu’un ? Demanda-t-il enfin.
Clint fronça les sourcils.
- Quoi, comme un psy ? Nan, pffeu, cracha-t-il presque en plissant du nez.
Il n’aimait pas parler des sentiments . Certes, il connaissait objectivement les bienfaits de la parole pour certaines personnes, le syndrome post traumatique et toutes ces conneries, mais il n’était pas un tchatcheur . Il n’aimait pas parler de lui, alors parler de ce qu’il ressent ? Il faisait le minimum, pour avoir l’autorisation d’aller sur le terrain, mais ne voyait pas, ne voulait pas, de cette magie voodoo mystique qu’avaient les mots. Très peu pour lui.
L’autre releva la tête, le visage neutre, et plissa les lèvres.
- Peut-être devriez-vous. Ça m’étonne qu’une agence comme la votre ne se soucie guère du bien-être de ses employés. Je ne veux pas vous commander, mais vous avez été en contact et mit sous... le joug d’un artefact assez puissant, et même si le contact était bien moindre qu’avec moi, on est jamais à l’abri d’effets secondaires, lui apprit-il presque délicatement. Peut-être qu’un psychomage du monde magique serait plus amène à vous aider... Enfin...
Il baissa la tête et ferma les yeux.
- Désolé. Je ne devrais m’avancer, ce ne sont pas mes affaires.
- Ça, c’est bien vrai, rétorqua Clint en fronçant les sourcils.
Pour sa décharge, l’autre ne tressaillit même pas, mais Clint se sentit tout de même comme une bite.
- Mais... Merci quand même, déclara-t-il avec beaucoup de difficulté. Je vais y réfléchir.
Il se tut et ravala une grimace.
Clint n’aimait pas ce genre de situation, qui découlait toujours à ce silence insidieux, mauvais, trop profond et qui le mettait toujours mal à l’aise, ce silence qui allait s’imposer entre eux sans qu’aucun des deux hommes ne puisse trouver comment l’éviter, et Clint n’aimait pas ça.
Mais l’autre ne sembla pas s’en préoccuper, et d’ailleurs il ne laissa pas ce silence horrible s’installer. Il ne fit que hocher la tête en se détendant visiblement, puis esquissa un rapide sourire avant de se détourner. Clint l’observa fermer presque silencieusement la porte derrière lui et ravala un grognement, exaspéré que sa colère se soit dissipée ainsi.
En réalité, c’était une bonne chose, d’accord ? Il devait travailler sur sa gestion de la colère, mais c’était comme si sa colère lui avait été arraché, qu’elle ne lui appartenait plus. Et ça l’énervait. Mais c’était comme ça. Sa colère contre Loki, contre le monde en entier s’était dissipée mais restait la colère contre Fury. La rage même, qu’il leur ait mentit, qu’il leur ait coupé l’accès à Phil et qu’il s’en soit servit comme une simple banderole à agiter, la carotte et le bâton pour les pousser à faire exactement ce qu’il voulait.
Ça, cette colère-là, elle ne s’était pas dissipée. Oh non, elle était toujours là, bien tapie, attendant le bon moment pour sortir et s’épanouir.
Clint pouvait attendre, oui. Il était calme maintenant, très bien, la belle affaire. Maintenant, il pouvait attendre, il pouvait penser plus clairement à ce qu’il s’était passé et ce qu’il fallait faire désormais. Il se doutait que les autres n’allaient pas rester sans rien faire, et lui n’allait pas non plus rester à juste les regarder faire.
Clint se redressa et prit une inspiration.
Rester dans sa chambre à ruminer ses pensées n’étaient pas la bonne chose à faire. Il était calme, ou tout du moins plus calme qu’auparavant, et il n’était plus un gamin à se cacher pour bouder, qu’importe ce que Tasha pouvait dire sur lui.
L’espion soupira puis quitta son lit pour se secouer et enfin, enfin, il quitta la chambre qu’il partageait avec sa meilleure amie, et refit son chemin jusque dans le salon, prêt à affronter le regard des autres.
Sauf que... Sauf que.
La Doc était là. Le Docteur Watson, qui était en fait le Docteur Granger, qui connaissait Virginia Potts et Harry Potter, le fils de Loki. Silencieux, Clint s’approcha et regarda ce qui était définitivement trois amis proches heureux de se retrouver, bien que Potter était à moitié caché derrière la Doc, souriant d’un air un peu contrit. Miss Potts était face à eux deux, les mains sur les hanches, et la Doc avait les mains levées devant elle, souriant un peu, clairement amusé.
- Gin, calme-toi voyons, s’amusa la Doc avec les yeux rieurs.
- Tu aurais pu me le dire, d’abord, Mione ! Et puis sérieusement, Harry ! Continua Potts en croisant les bras sur son torse, le regard noir.
- Mais tu me connais, Gin, se plaignit l’homme avec une moue. C’est pas de ma faute !
- Maître de la Mort, Harry ! Maître de la Mort ! Continua Miss Potts en soupirant, levant les yeux au ciel. T’es pas possible. Il est trop tôt pour ça, je veux un thé, grogna-t-elle en se détournant.
La Doc gloussa un peu en jetant un coup d’œil à son ami, toujours à moitié caché derrière elle, qui sourit lui aussi.
- Tu crois qu’on a évité le Dragon Weasley ? Murmura Potter.
- Je pense, oui.
- Je vous entends, tous les deux ! Et je vous retiens ! Haussa-t-elle la voix.
- Désolé ! Clamèrent les deux autres avant de rire, de nouveau complices.
Clint se retrouva lui aussi à sourire de leur franche camaraderie, alors que Miss Potts tentait de dissimuler un sourire. La Doc l’observa en secouant la tête, souriant toujours, puis se retourna pour embrasser la joue de son ami.
- Rases-toi, Harry, ça ne te va pas, déclara-t-elle.
L’homme grogna en portant une main à sa joue et gratta sa légère barbe.
- Nous sommes d’accord, soupira Miss Potts en secouant la tête, donnant deux thés à ses amis, un café à Stark ainsi qu’un léger baiser sur sa tempe, qui fredonna de contentement, et un autre thé pour elle.
Clint soupira un peu, parce qu’avec tout ça, il n’avait pas prit de petit déjeuner, et qu’il avait faim, et s’approcha alors que tous les autres observaient la situation sans même chercher à se dissimuler, chacun à un stade différent du petit déjeuner, ou de simple café - Stark était plongé dans une tablette tactile, inconscient au monde. Docteur Granger l'aperçut et lui offrit un sourire calme comme elle a toujours eut l’habitude de le faire quand elle le voyait.
- Bonjour, Agent Barton, déclara-t-elle gentiment.
Clint adorerait ne pas l’aimer. Mais sérieusement, elle était trop cool, drôle, et carrément badass. Pas étonnant qu’elle et Miss Potts se connaissent voir s’apprécient. Il hocha la tête vers elle.
- Salut, Doc, la salua-t-il avec un léger sourire.
Potter attira l’attention de cette dernière en posant sa main sur son épaule et commença à lui expliquer doucement la situation de Phil, et Clint ne voulait pas en entendre parler, alors il alla se servir un café et, oh, bacon !
- Tu sais quoi ? Commença Granger avant de soupirer. Ce n’est même pas étonnant venant de Fury. Les niveaux de manipulations de cet homme frôlent ceux de Dumbledore, et tu connais mon avis sur la question !
Potter croisa les bras sur son torse et haussa les épaules.
- Dumbledore n’était pas si mal, déclara-t-il avec presque une moue sur les lèvres.
- Harry. Combien de fois faut-il que je te le répète ? Assena-t-elle avec une voix presque glaciale, le regard sombre. Il n’y a aucune excuse, pour personne, de laisser un enfant dans un foyer abusif, et que le Greater Good aille se faire foutre !
Clint s'étouffa dans son café, parce qu’il n’avait jamais entendu la Doc jurer, jamais. Et puis, le coup d’un foyer abusif. Au vu de la grimace de Potter sur les traits, elle parlait de lui.
- Mione... Commença-t-il.
Elle leva la main et le doigt vers lui, l’air très sérieuse et totalement inflexible.
- Aucune. raison, cracha-t-elle avec force. Ton père, je peux encore comprendre. Je veux dire, au vu de comment Odin a réagit sans même t’avoir rencontré une seule fois, encore heureux qu’il s’est caché de tous. Mais Dumbledore n’avait aucune excuse, et ne me parle pas de cette connerie de protection du sang, on le sait, ça n’existe pas. Il t’a juste coupé du monde pendant onze ans pour mieux t’y réintroduire et se mettre dans une position de sauveur pour mieux se servir de toi à sa guise, et puis c’est tout !
Potter la regarda seulement, silencieux pendant quelques secondes avant de sourire doucement.
- C’est bon, tu as fini ?
La Doc respira doucement et hocha la tête.
- Oui.
- Ça va mieux ? Continua Potter.
- Oui, dit-elle succinctement.
- Tant mieux. Tu nous aides à retrouver l’Agent Coulson ?
Stark éclata de rire, attirant doucement l’attention sur lui, et le multimilliardaire se tourna vers Miss Potts, les yeux pétillants.
- On peut les garder, Pep ? S’il te plaît ? Supplia-t-il presque, et Miss Potts ne fit que sourire en levant les yeux au ciel.
Ils n’avaient pas vraiment trouvé un plan pour retrouver Phil, mais au moins, la Doc était de leur côté. Clint se demandait tout ce que leur magie leur permettrait de faire, ça l'intéressait mais ça l’inquiétait aussi un peu.
Rien de très glorieux, en somme.
Loki et ses enfants étaient toujours là, toute l’équipe était là, à discuter des meilleurs choix à faire pour le trouver, parce que hors de question que Phil reste avec le S.H.I.E.L.D., mais la conversation avait rapidement dérivée. Quelque part entre le moment où la Doc avait assuré les aider pour trouver Phil et cette matinée assez calme, Stark avait disparu dans son labo, Banner était en pleine conversation passionnée avec Loki et l’aîné de ce dernier, son second discutait paisiblement avec le Capitaine Rogers, Thor écoutait tranquillement, et Tasha...
Clint avait trouvé un paquet de céréaledans un placard, c’était parfait. Adossé à l’îlot centrale de la petite cuisine de l’étage, l’Agent du S.H.I.E.L.D. plongea la main dans le paquet pour faire sauter quelques pépites de chocolat dans la bouche, le regard braqué sur sa meilleure amie. A côté de lui se trouvait Potter, qui regardait face à lui sans dire un seul mot et Clint renifla doucement. Il cogna légèrement l’épaule de l’autre homme avec la boite de céréale pour lui en proposer. Potter cligna des paupières et lâcha un petit bruit qui ressemblait à des remerciements, en prit quelques unes avant de reporter son attention sur Tasha et la Doc.
- Est-ce que... Commença-t-il à mi-voix avant de se taire.
- Ooooh ça, tu ne veux vraiment pas t’aventurer sur ce terrain-là vieux, crois-moi, se moqua Clint en prenant une grande poignée de céréale.
Miss Potts vint s’installer à côté de Potter et lui tendit une tasse de thé.
- Je n’avais pas réalisé que c’était elle, déclara calmement la femme.
Clint lui lança un regard, mais elle souriait, amusé, en regardant son amie parler avec Tasha, un sourire sur les lèvres. Les deux femmes étaient très proches l’une de l’autre, se murmurant presque dans le creux de l’oreille, et elles étaient dégoûtantes de bons sentiments amoureux, trop de sucre pour Clint. Potter jeta un coup d’œil à Miss Potts.
- C’est à dire ?
- Elle m’avait parlé de cette femme à son travail, une certaine Natasha. - Elle renifla et sourit - Ça fait des années qu’elle se plaint qu’elles n’arrivent pas à trouver un moment pour elles.
Elle haussa les épaules.
- Je ne savais pas que Mione travaillait au S.H.I.E.L.D. à l’époque, et j’ai rencontré Miss Romanov que j’ai connu sous le nom de Natalia. Je n’ai pas fait le rapprochement, j’aurais dû.
Potter ne dit rien et regarda de nouveau son amie et Tasha, la première riant et la seconde ayant un léger sourire sur les lèvres, ce qui était énorme quand on la connaissait.
- Elles vont y arriver, un jour, je vous assure, intervint Clint. Ça fait des années que j’essaye de décharger Tasha de son boulot pour qu’elle trouve le courage d’emporter la Doc dîner, mais il y a toujours quelque chose à faire. Pour l'une et pour l'autre.
Il jeta un coup d’œil aux deux amis de la Doc et haussa les épaules.
- Elles vont y arriver, à un moment donné, s’amusa-t-il légèrement. J'y crois.
Potter le fixa et un sourire éclaira ses traits alors que son regard se teintait de malice, et une chaleur se développa dans son estomac.
- Je sens qu’on va bien s’amuser, décida Potter en reportant son attention sur les deux femmes. Je vais m’occuper de Mione, et vous vous occuper de Miss Romanov. Elles vont l’avoir, leur rendez-vous.
- Ça va être un massacre, se moqua Miss Potts en sirotant son thé.
Et Clint rit.
Peut-être que ça n’allait pas être si mal que ça, finalement.