Mort, mon Beau-Père et Moi

Harry Potter - J. K. Rowling The Avengers (Marvel Movies)
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Mort, mon Beau-Père et Moi
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Summary
Qu'importe dans quelle prison il se fait enfermer, sur Midgard ou sur Asgard, Loki s'en fiche : Ses garçons sont enfin ensemble, sains et saufs. Seulement voilà, Harry ne va pas le laisser comme ça, et apparemment, Stark non plus. Le Roi de Hellheim s'élève, puissant, mortel... Et personne ne lui prendra son père. Personne. La Magie rencontre alors les Avengers, et tous doivent apprendre à vivre ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Parce que Thanos arrive, ignorant des nouveaux protecteurs de Midgard, et comme c'est dommage.Oui, vraiment.Dommage pour lui. Et dommage pour Odin, qu'il reste sur son Trône celui-là, aussi, ou ça ira très mal pour lui.
Note
Merci à Pipousan et Plurielle pour la correction ! JE N'AI PAS VU ENDGAME, JE NE VEUX PAS LE VOIR, ET JE NE VEUX RIEN SAVOIR ! PAS DE SPOIL DANS LES COMS - au moins pour les deux premiers mois, soyez cool - MERCI !
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Chapter 8

    Il s’était déjà fait cette horrible constatation, qu’il n’avait sûrement plus vraiment besoin de dormir depuis qu’il était revenu de la Dimension Noire. Ce n’était pas vraiment quelque chose d’agréable à constater, c’était une nouvelle bizarrerie dans la vie de Harry Potter.

    La veille, il avait suivi Ginny dans les quelques étages de la tour Stark pour l’aménager du mieux qu’il pouvait, s’était couché avec ses deux frères et son père non loin de lui, avait laissé ce dernier se relever pour aller traîner il ne savait où avant qu’il ne revienne, puis avait laissé le temps passé. Il avait dormi deux heures, ce qui était peu, mais il ne pouvait pas plus.

C’était comme ça, Harry Potter, immortel, désormais insomniaque.

 

    Enfin non, il savait que ce n’était pas de l’insomnie. C’était juste que désormais, son corps n’avait plus besoin de dormir. Son cœur battait toujours entre ses côtes, son esprit pouvait toujours dériver et il y avait toujours ces quelques cauchemars qui pouvaient même le surprendre entre deux heures de sommeil, mais sinon, il sentait et savait qu’il n’avait pas besoin de sommeil.

    Il ne se souvenait pas d’un seul moment où il s’était endormi, mort au monde, dans la Dimension Noire.

    Alors il n’était pas resté bien longtemps allongé. Vers quatre heures du matin, il avait quitté l’étage où se reposait sa famille retrouvée et avait demandé à JARVIS de le conduire à des étages qui avaient malheureusement été assez endommagés lors de l’invasion Chitauri, et s’était mis au travail. Même si Stark ne leur avait pas proposé cet arrangement - logé et nourri contre un peu de réparations - il l’aurait tout de même fait.

    Parce que c’était dans sa nature. Il avait la possibilité d’aider, alors il aidait.

    Ce n’était pas grand chose, mais ça le tenait occupé.

    Il avait l’esprit plein en ce moment. Il y avait de quoi.

 

    Il était de retour, enfin. Il était enfin de nouveau sur Terre, sur Midgard, chez lui... Ce qui avait été son chez lui pendant toute son enfance.

    Maintenant, il était parti depuis douze ans, ce qui était énorme, mais pour lui, c’était bien plus. Hela avait raison, le temps passait différemment dans la Dimension Noire, aucune idée de pourquoi. Pour lui, il y était resté plus de 500 ans, et Harry se sentait vieux.

    Déphasé. Hors du monde, hors de son monde, hors de sa propre vie.

    Il avait retrouvé Hermione, il avait retrouvé Ginny - enfin, Pepper, Miss Potts...

    Il avait trouvé sa famille, celle qu’il avait tant cherché ces dernières années, et... Et c’était bien.

    Mais Harry n'était plus un enfant depuis bien longtemps, et il n'était plus aussi utopiste qu'avant. Il s'était plutôt bien habitué à son physique plus adulte, ce qui était assez facile quand on a pas eu la possibilité de se voir durant des siècles, jusqu'à ce que les souvenirs de son propre reflet se fassent ténus... Mais il n'était pas naïf pour autant : Il était reconnaissable. Très reconnaissable.

    Il n’allait malheureusement pas pouvoir se cacher éternellement, il avait eu du mal à ne pas sortir avec ses frères pour aller aider aux reconstructions dans les rues, parce que même si c’était le côté moldu, il n’en restait pas moins que c’était un événement international et que même les sorciers devaient en ce moment même s’intéresser à ce qu’il s’y passait.

    S’il était vu dans le monde moldu, dans le côté Moldu, on allait sans aucun doute le reconnaître.

    Harry savait... il savait qu’il n’avait plus beaucoup de temps avant de devoir faire une nouvelle fois face à la dure réalité de sa vie.

    Il allait devoir retourner en Angleterre et faire son grand retour dans le monde sorcier.

    Ça n’allait pas plaire à Loki, ça non. Mais comme il l’avait dit plus tôt, Harry n’était plus un utopiste depuis bien longtemps, il savait que c’était ce qu’il devait faire. En espérant que ça n’allait pas trop le monopoliser. Il ne voulait pas perdre son temps à jouer à la façade parfaite du petit Sauveur de retour d’entre les morts une troisième fois.

    Après ce qu’il semblait quelques heures à travailler, il s’arrêta enfin et s’étira.

    Il avait fait les trois derniers étages de la tour. Enfin, les trois premiers. Ce n’était que du cosmétique - principalement des vitres cassées et des bureaux désordonnés - mais c’était tout de même des dépenses en moins pour Stark. Il avait décidé d’attendre ce dernier pour faire le rez-de-chaussée, histoire de ne pas trop empiéter. Il avait retiré les bâches et n’avaient pas été vu de l’extérieur avec un simple sort de dissimulation, mais on était jamais trop prudent.

    - JARVIS ? Demanda-t-il en levant le visage vers le plafond.

    - Oui, Monsieur Potter ?

    - Quelle heure est-il, s’il te plaît ?

    Il savait consciemment que c’était un ordinateur. Qu’il n’avait pas de corps, ni de sentiment à proprement parlé. Seulement, c’était plus fort que lui, il ne pouvait pas ne pas lui montrer de respect.

    Il était anglais, que diable. Et l’intelligence artificielle était déjà tellement polie avec lui, il n'allait pas ne pas lui montrer le respect qu'il méritait.

    - Il est cinq heures quatorze, Monsieur Potter, lui répondit l’ordinateur intelligent.

    Harry réfléchit un instant, assez surpris qu’il soit encore aussi tôt.

    - Est-ce que... Commença-t-il à demander avant de froncer un peu les sourcils. Est-ce que tu sais si quelqu’un risque de se lever bientôt, ou non ?

    - Si je m’en réfère au cycle de sommeil que j’ai pu voir de Monsieur Rogers, le Capitaine devrait se réveiller d’ici une demie-heure, Monsieur Potter.

    Le sorcier hocha la tête.

    - Est-ce que tu sais s’il y a assez de nourriture ici pour nourrir tout le monde au petit déjeuner ?

    - Ce n’est définitivement pas le cas, Monsieur Potter.

    - Et est-ce qu’il y a un magasin dans le quartier qui est ouvert à cette heure-ci pour que j’y aille ?

    - En effet, Monsieur Potter.

    Ce dernier sourit et acquiesça, content.

    - Bien, donne-moi l’adresse, s’il te plaît, merci beaucoup. 

.*.

    Les fêtards qui rentraient de soirée, les lève-tôt comme lui ou tout simplement les travailleurs qui rentraient ou qui se dirigeaient vers leur travail, la population errant dans les allées du magasin était intéressante à observer, il fallait le reconnaître. Il avait piqué une carte de crédit à un de ses frères, tout le monde étant encore endormi dans la tour, et avait fait son chemin jusqu’au magasin, préférant transplaner dans une ruelle attenante que passer devant le garde.

    Il ne se doutait pas que les employés de Stark étaient tous soumis à un contrat de confidentialité, ou quelque chose comme ça, mais ce n’était pas aussi infaillible que les contrats sorciers, on était jamais trop prudent.

    Les sacs de courses en mains - et après avoir observé d’un regard suspect de la nourriture purement américaine qui lui faisait presque peur -, le sorcier se glissa dans une autre ruelle et transplana directement à l’étage où les Avengers avaient dormi, le seul endroit où il avait vu une cuisine.

    Pour y être accueilli par un éclat de verre brisé et un juron coloré.

    - Bouffre de bleu ! **

    Harry cligna des paupières, assez surpris, il fallait le reconnaître, et un sourire éclaira rapidement ses traits en fixant la personne qui venait de jurer comme un chartrier - et en français, en plus de cela.

    - Eh bien, Monsieur Rogers, Capitaine America n’est pas très poli à ce que je vois, s’amusa-t-il.

    Face à lui, ledit Capitaine America rougit légèrement et fit la moue en haussant les épaules, dans ses vêtements froissés de la veille dans lesquels il avait du dormir. Il se pencha en soupirant et commença à ramasser peu à peu les bouts de la tasse qu’il avait lâché sous le coup de la surprise.

    - Permettez ? Vous allez vous couper, intervint Harry avec un petit sourire.

    Face à lui, le Capitaine Rogers fronça les sourcils et le sorcier se concentra un peu sur la tasse. Il agita la main, tendant métaphoriquement le bras vers sa magie. Il avait malheureusement cassé sa baguette quelques mois après avoir atterri dans la Dimension Noire et avait perdu les bouts. Il n’avait jamais essayé de faire de la magie sans baguette, n’ayant jamais pensé qu’il pouvait le faire, mais ce n’était pas sa magie sorcière humaine qu’il appelait, c’était cette magie plus sauvage, plus ancienne d’une certaine manière, la magie héritée de son père qu’il n’avait pas vraiment exploité en revenant d’entre les morts la première fois.

    Ce n’était définitivement pas la même chose qu’avec sa vieille et tendre baguette de houx, mais c’en était pas loin, et la tasse se reforma d’elle-même avec quelques cliquetis discrets.

    Rogers observa la tasse désormais reformée sur le sol, dans une flaque de café, et releva la tête vers le sorcier avec presque des étoiles dans les yeux.

    - Incroyable ! S’exclama-t-il, et Harry sourit un peu.

    Il pouvait comprendre à quel point la magie pouvait être merveilleuse pour ceux qui la rencontrait pour la première fois, il avait été plongé dedans peut-être un peu trop vite pour s’émerveiller autant.

    Le sorcier leva les sacs de plastique, souriant toujours.

    - J’ai acheté de quoi nourrir une armée pour le petit déjeuner, qu’est-ce que vous voulez ? S’enquit-il ensuite.

    Rogers sourit.

 

    La première personne à émerger... ou du moins, à les rejoindre dans la cuisine, fut étonnamment Stark. Harry et Rogers - “ Appelez-moi Steve, vraiment. “ - étaient en train de préparer du bacon, des œufs brouillés, quelques tranches de pain qui attendaient d’être transformées en toast suivant l’arrivée des personnes, et surtout beaucoup de thé, de café, et de bagels.

    Mais au vu du regard qu’avait Stark sur son visage, ce Regard, que Harry avait très souvent vu dans le reflet de son miroir pendant et après la Guerre, ce n’était pas surprenant qu’il les rejoigne aussi tôt.

    Ce fut Rog--Steve qui glissa gentiment et sans un mot une tasse de café devant Stark, dont le regard s’illumina un peu. Il les remercia tout deux d’un marmonnement incompréhensible et plongea le nez la première dans sa boisson chaude.

    Harry le regarda faire avec un petit sourire, et le regard qu’il échangea avec Steve alors que ce dernier se retournait pour s’assurer que le bacon ne brûlait pas n’avait pas besoin de mots.

    Lui aussi connaissait ce regard. Lui aussi comprenait parfaitement ces nuits trop courtes peuplées de souvenirs impossibles à oublier.

    Aucun des trois n’avait besoin d’en parler pour se comprendre, aucun des deux premiers n’avait besoin de pousser le troisième, et même si ce dernier ne le réalisait pas, ce n’était pas bien grave. C’était suffisant.

    - Qu’est-ce que vous faîtes déjà debout, vous êtes perturbant. Ça ne devrait pas être permis, de se lever aussi tôt, marmonna Stark, enfin de retour dans le monde de la lucidité et de la parole.

    Steve haussa les épaules en bougeant les œufs, Harry mettant un sort de conservation de chaleur sur le plat de bacon tout fraîchement fait et encore croustillant.

    - Les habitudes militaires ont la vie dure, et je n’ai de toute manière pas besoin de beaucoup de sommeil, plus depuis le sérum en tout cas, expliqua-t-il légèrement.

    Harry hocha la tête et croqua un bout de bacon, sautant sur le comptoir de la cuisine près des fourneaux, faisant face à Stark affalé sur l’îlot central de la partie cuisine.

    - Je pense que je n’ai plus besoin de dormir depuis que je suis mort, deux heures me suffisent, mais je ne suis pas sûr d’en avoir réellement besoin, déclara-t-il ensuite en levant sa tasse de thé pour le siroter.

    Ce n’était pas parfait, ce n’était pas du thé anglais, mais ça allait faire l’affaire, au moins pour ce soir. Il fallait vraiment qu'il retourne en Angleterre, ou il allait devenir lentement fou. 

    Quoique, peut-être que Gin-- Pepper allait lui fournir un peu de thé bien de chez eux, elle n'avait pas survécu à l'Amérique sans thé, n'est-ce pas ? 

    Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale et il releva les yeux pour trouver les deux autres hommes l’observer en silence, le regard sombre.

    - Quoi ? Dit-il un peu brusquement.

    - Donc ce n’était pas une manière de parler, tu es vraiment mort, lui répondit Steve en fronçant les sourcils, visiblement inquiet.

    Harry haussa les épaules.

     Il avait eu le temps de se faire à cette idée depuis bien longtemps.

    - Quelques fois, oui, dit-il sans vraiment s’attarder sur le sujet.

    - Quelques fois ? Ça veut dire que tu es mort plus d’une fois ? S’étonna Stark en haussant les sourcils, surpris.

    Harry bougea un peu sur le comptoir.

    - Oui... Si on veut... Enfin, si. Je suis mort une fois, quand j’avais quinze mois. Ma magie sorcière, ma magie humaine, est rentrée en résonance avec celle de ma mère, celle de Jedusor et celle de Loki. Tout a explosé, expliqua-t-il en haussant les épaules. Hela m’a dit qu’elle et Freya m’avaient renvoyé du royaume des morts, parce que c’était comme ça que ça aurait dû se passer.

    Il s’humidifia les lèvres, piquant un autre bout de bacon.

    Il avait le goût de cendre sur sa langue.

    - Après, j’avais dix-huit ans, j’avais besoin que Jedusor me tue pour que je puisse me débarrasser de son sort inconscient.... Et un an après, quand Odin m’a arraché à cette réalité pour me bannir dans une autre Dimension.

    Il grimaça et renifla en terminant son thé.

    - Après ça, j’ai arrêté de compter, ce n’était pas sur ce plan là de la réalité, termina-t-il en haussant les épaules.

    Un silence presque lourd s’étendit entre eux avant que Stark ne renifle, se resservant une tasse de café.

    - Eh bah mon pauvre, t’as vraiment eu une vie de merde, hein, soupira-t-il.

    - Mouais, ça aurait pu être pire, répondit Harry d’un ton détaché.

    - Ah ouais ? Et comment ? S’enquit le plus âgé en haussant un sourcil, surpris, intéressé et un brin sarcastique.

    - Je ne sais pas, et je ne veux pas y penser, s’amusa le sorcier en ravalant une grimace.

    Parce qu’il le savait, il avait eu beaucoup de chance. Simplement beaucoup de chance. S’il n’avait pas réuni sans même le réaliser les Reliques de la Mort, il n’aurait pas pu survivre à son bannissement dans la Dimension Noire. S’il n’avait pas été le fils de Loki, avec une magie Asgardienne... ou du moins, une magie différente de celle usée et contrôlée, identifiée sur terre, il serait resté mort ce fameux soir où Voldemort avait attaqué sa maison quand il avait quinze mois.

     Il serait mort de nombreuses fois déjà.

    Il n’était pas idiot, la magie accidentelle pouvait être puissante, mais il est déjà assez difficile de soigner un os brisé avec une baguette et en étant un médicomage accompli.

    Alors plusieurs à la fois, par un enfant de moins de dix ans ?

    Loki ne s’était peut-être jamais montré à lui, mais Harry avait compris qu’il avait toujours veillé sur lui, de loin. Et ça faisait mal, d’une certaine manière. Si près et en même temps intouchable... Il lui en avait voulu, mais plus maintenant. Plus jamais.

    - Je suis désolé.

    Harry cligna des paupières pour sortir de ses pensées et regarda Steve. Le pauvre homme avait l’air bouleversé, un peu perdu et vraiment secoué par la nouvelle. Le sorcier ne put s’empêcher de sourire et secoua la tête en lui donnant une gentille tape légère sur l’épaule.

    - Hey, pas de ça, ne t’en fait pas. Il m’en faut plus pour me tuer, je m’accroche comme je peux.

    - Mais tout de même...

    Le sorcier haussa les épaules.

    - C’est ma vie, s’amusa-t-il amèrement. Loki a fait ce qu’il pouvait, mais il ne pouvait pas intervenir directement, sinon Odin m’aurait trouvé plus tôt.

    La spatule dans la main de Steve grinça et se plia dans un gémissement, alors que le Capitaine serrait, une grimace de colère sur le visage.

    - Cette histoire me révulse, gronda-t-il.

    Près d’eux, Stark renifla et hocha la tête.

    - Je plussoie le Cap. Franchement, tu m’impressionnes. Si j’avais vécu la moitié de ce que tu as vécu, la première chose que j’aurais fait en revenant ici c’est chercher vengeance et fait couler le sang.

    Il lui offrit un sourire pincé un peu sombre.

    - Tout le monde n’est pas aussi bon que toi, je suppose.

    Harry secoua la tête, un sourire amer déformant ses traits.

    - Oh, crois-moi, dit-il doucement. Je peux être dur et sans cœur si je le désire. J’ai déjà tué sans ciller, et je pourrais recommencer sans un remord, avoua-t-il d’un ton presque doux.

    Steve et Stark - allons pour Tony - l’observaient tout deux sans dire un seul mot, une légère reconnaissance dans les yeux, mais pas de jugement.

    - Seulement, je me dois de garder la tête froide et de penser aux conséquences, expliqua Harry. Je veux dire, je ne peux pas aller après le Roi d’Asgard, ça ne ferait que rendre les choses encore plus compliquées encore. Peut-être que je suis le Roi de Hellheim maintenant, peut-être que je n’ai strictement rien à craindre de lui, il ne peut pas m’atteindre, mais il peut encore atteindre toutes les autres personnes qui comptent pour moi. Il peut commencer quand il veut une guerre entre les différents royaumes, commencer une guerre avec Hellheim et choisir la terre comme lieu de bataille.

    Il secoua la tête.

    - C’est ma maison, qu’importe ce qu’on en dit. C’est chez moi ici, c’est le monde de mon filleul et le monde d’adoption de mes frères. Toute ma famille de cœur est ici, je ne vais pas les mettre en danger, même si je me sens en droit de nous venger, déclara-t-il sombrement.

    Tony hocha la tête, semblant être celui qui comprenait le mieux, mais Steve avait la tête que l’on fait quand on croque dans un citron bien juteux.

    - Ce n’est pas juste, marmonna-t-il.

    Harry sourit paisiblement.

    - La vie ne l’est que rarement, lui rappela-t-il.

    Steve baissa le visage vers la poêle et soupira.

    - Oui, c’est vrai... Termina-t-il par concéder avec un léger hochement de tête.

    Tony lui jeta un coup d’œil, restant silencieux mais avisant de sa situation et de sa réaction et Harry ne dit rien lui non plus. Avant et après la venue de Tony Stark dans l’appartement dans lequel ils se cachaient, Harry avait fait des recherches sur cette équipe de supers héros qui s’était soulevée pour contrer une invasion extraterrestre.

    Il se souvenait de quand il était petit, les jeux que Dudley faisait dans la cour de récréation - en plus de la course au Harry -, c’était de jouer au Capitaine America. Un jour où les Dursley étaient partis en vacances en le laissant seul, il avait enfreint les règles et avait dévoré les bandes dessinées que Dudley possédaient sur le premier super. Capitaine America, ça donnait des étoiles dans les yeux.

    Alors Harry connaissait les propagandes qu’il y avait autour de l’homme. Pas mieux que ce que l’on avait pu lire sur lui dans la Gazette du sorcier à l’époque. La même chose pour Tony Stark, beaucoup, vraiment beaucoup de choses sur lui dans les médias, et Harry savait mieux que quiconque qu’il fallait prendre vraiment beaucoup de recul sur ces informations.

    Les autres... Eh bien, il n’avait pas tout compris aux sujets des recherches du Docteur Banner, mais cela avait le bon ton d’être intéressant, même pour un néophyte comme lui.

    Black Widow... Il n’y avait rien. C’était une espionne, alors trouver des recherches sur elle... C’était assez compliqué. La même chose pour Hawkeye, les seules choses qu’il savait sur eux, c’étaient leur visage flou des images du jour de l’invasion, et qu’ils étaient des espions, c’était ce que Loki avait dit - donc, un peu normal qu’il ne puisse rien trouver sur eux. Déjà que c’était assez compliqué de faire des recherches sur un ordinateur douze ans auparavant, vive le monde sorcier et ses retards, mais alors sur un ordinateur avec juste un écran qui répondait simplement au doigt, c’était presque infaisable. Heureusement que JARVIS pouvait répondre à ses commandes vocales, vraiment.

    Thor... Harry ne voulait pas vraiment y penser, ou s’attarder sur lui. Avant de disparaître de la Terre, le sorcier avait regardé les différentes légendes nordiques, et le peu qu’il avait lu sur son “oncle” ne l’avait pas du tout impressionné.

    Oh, oui, c’était un Héros, un soldat incroyable, fort et impétueux, très beau en plus de cela ; Dieu du Tonnerre et de la Fertilité, mais... Sérieusement ? Loki avait beaucoup de travers et des torts incroyables, mais lui au moins avait le bon ton de les reconnaître. Et de s’excuser, de temps en temps - ne lui en demandons pas trop non plus.

    Mais Thor ? Non. Harry avait beaucoup de mal avec lui, c’était... C’était le gars jovial, sympa, mais qui avalait tout ce qu’on lui disait sans remettre en question une seule fois, qui ne voyait que par son père et ne savait même pas reconnaître ses fautes, dans le sens où il ne comprenait même pas que c’étaient des fautes !

    Harry n’était vraiment pas impressionné. Pas mieux que Draco Malfoy, sauf que Malfoy avait été du mauvais côté de la barrière, tandis que Thor avait toujours été du côté des gentils. Enfin, du côté des gagnants et de ceux qui pouvaient donc raconter l’histoire, et pas la mettre en doute.

    En clair.... Harry ne savait pas quoi penser de son oncle. Enfin, de son oncle adoptif. Loki ne leur avait pas clairement dit ce qu’il ne pensait lui-même, mais Fenrir et Jör avaient bien insisté sur le fait que Loki aimait profondément son frère, et que quelques petites larmes pouvaient bien suffire à Loki pour pardonner à son nigaud de faux frère - dixit Fenrir - et ça, ils le refusaient.

    Fenrir, tous crocs sortis.

    Jör, avec beaucoup d’inquiétude quant à la santé mentale de leur père.

    Harry... Harry pouvait comprendre l’envie de Loki de pardonner son frère et retrouver la relation qu’ils avaient eu un jour. Harry comprenait et voulait même que ce soit le cas, mais n’était pas idiot non plus : Thor avait beaucoup de choses à se faire pardonner et il ne fallait pas qu’il pense que Loki pouvait de nouveau redevenir le paillasson émotionnel de cette famille tirée à quatre épingles et dont Loki n’entrait pas dans le moule. Ça, non. Aucun des fils de Loki n’allait le laisser faire, les laisser faire. Mais Harry n’allait pas non plus entraver une réconciliation si elle était sincère. Il allait surveiller, de loin, et rester sur ses gardes.

    - Monsieur, j’ai Monsieur Loki qui demande s’il est autorisé à l’étage. Il cherche son fils, intervint JARVIS avec son accent anglais, sortant Harry de ses pensées.

    Le sorcier se secoua alors que Tony fredonnait, le nez dans son café.

    - Fais-le monter ici, J. Avant que ça ne refroidisse, déclara-t-il.

    - Ça ne risque pas, j’y veille, répondit Harry avec un sourire.

    Il sauta du comptoir et s’avança assez pour intercepter son père qui sortait de l’ascenseur quand les portes de ce dernier s’ouvrirent. Le visage du Dieu de la Malice se détendit sensiblement en apercevant Harry, qui lui sourit doucement et caressa son bras.

    - Désolé, lui dit-il simplement.

     Depuis qu’il était revenu, depuis qu’ils étaient tous les quatre ensembles, enfin réunis, Loki avait pris l’habitude de se réveiller au petit matin avec ses fils autour de lui, ou à quelques mètres de lui à peine, pas aussi loin. Avec les cauchemars qu’il avait encore, Harry aurait dû être à ses cotés à son réveil. Il avait osé espéré qu’il dormirait encore un peu et que lui aurait eu le temps de redescendre à ses côtés, mais n’avait malheureusement pas eu le temps.

    Loki, sachant que son enfant n’ignorait pas le pourquoi de son instabilité, haussa simplement les épaules sans rien dire, croisant les bras sur son torse en mécanisme de défense. Harry regarda l’homme mal à l’aise, jetant quelques regards par dessus l’épaule de son fils vers Tony et Steve, essayant d’être discret. Harry ne les regarda pas et se rapprocha plutôt, enroulant presque son bras autour du sien.

    - Est-ce que ça ira ? Lui demanda-t-il à mi-voix.

    Son père hocha la tête en relevant le menton. Il se serait très bien entendu avec Malfoy, Harry n’en doutait pas un seul instant, et c’était une petite panique et quelque chose de très étrange à laquelle penser.

    - Allez, viens, lui dit-il plutôt, ne voulant pas y penser.

    Loki ne fit que hocher la tête et suivit son fils qui continuait de le guider doucement par le bras.

    Arrivé à l’îlot, dans le coin cuisine de l’étage, Steve lui offrit un sourire tout simplement brillant, posant devant lui une assiette avec des toasts, un peu d’œufs et des bouts de bacon sur le côté, tandis que Tony fredonnait de plaisir en grignotant un bout de bacon au coin des lèvres, servant un café noir qui fut posé devant Loki. Harry ravala un sourire alors que son père observait d’un œil suspicieux Steve et l’assiette de nourriture, acceptant après seulement quelques secondes de tremper ses lèvres dans la boisson offerte par Tony. Il avait plus de confiance en Tony, ou plutôt avait-il moins de suspicion qu’en Steve. Ce dernier ne le prit pas mal, retournant son attention sur la nourriture en train de cuire. Discrètement, s’arrangeant pour que Loki le voit, Harry prit un bout de bacon dans son assiette pour le manger, lui montrant qu’il n’avait rien à craindre.

    Qu’est-ce que Loki avait vécu pour qu’il se retrouve ainsi suspicieux, Harry ne voulait pas y penser.

    - Monsieur Rogers, Anthony, susurra le Dieu en décidant de grignoter un toast sous le regard enjoué de son cadet.

    - Bonjour, Monsieur Loki, fredonna Steve en lui jetant un coup d’œil. Il y a des bagels si vous voulez.

    Harry fredonna de contentement en se disant que peut-être, seulement peut-être, ça n’allait pas si mal se passer.

 

.*.

 

    Loki sirota son café en ne quittant pas Anthony Stark du coin de l’œil. L’homme semblait encore prendre le temps de se réveiller, engloutissant du café avec de grandes gorgées. Il n’avait pas l’air mal à l’aise de la présence du Dieu, mais au vu de la conversation de la veille, ce n’était pas étonnant.

    Ce qui était étonnant, en revanche, c’était le comportement du Capitaine Rogers.

    Il n’y avait rien. Rien de spécial, et ce n’était pas normal, pas tout en fait en tout cas. Pas pour Loki, il n’y était pas habitué, seulement avec ses enfants et ceux qui ignoraient qui il était.

    Pas de regard suspect, pas de tension maladroitement cachée derrière des sourires de façade.

    L’homme se concentrait impitoyablement sur la poêle où grésillait la nourriture, en train de faire une omelette avec des légumes, quelque chose qui sentait bon, qui était joli à l’œil et l’homme souriait paisiblement, visiblement fier de lui, mais n’en faisant pas étalage. Loki le fixa un moment, essayant de le comprendre, mais il y avait tellement d’autres personnes dans cet endroit, beaucoup trop. Trop de vie, trop d’âmes différentes, et même s’il ne le voulait pas, il sentait la tension ramper le long de sa nuque, et il se retrouvait là, crispé comme jamais, le cœur battant.

    Extérieurement pourtant, il ne montrait rien. Il avait, en quelque sorte, l’habitude. Ce n’était pas joli à penser.

    Mais Thor était là aussi. Il n’était pas dans la pièce même, mais il était là, au même étage que lui, et Loki n’était pas sûr qu’il avait les nerfs qu’il fallait pour pouvoir lui faire face.

    Il ne pouvait pas, pas encore. Jamais peut-être.

    Il ne pensait pas être capable un jour de regarder Thor et de ne pas réussir à se demander quand celui qui avait été son frère pendant si longtemps allait perdre patience quant à ses excentricités pour l’attraper par l’oreille et le ramener à Asgard, qu’il prenne la punition qu’Odin avait prévu pour lui comme un gentil petit soldat.

    Il pouvait prendre la punition d’Odin, même une mise à mort s’il le fallait. Mais ses petits... ? Ses petits ? Non, ça, il ne pourrait pas le supporter.

    Thor allait revenir à Asgard, parler au Père de Toutes Choses de ses fils, de sa fille, de sa Déesse Royale et du Roi qu’était désormais son fils, et ce dernier allait abattre sa colère sur eux, par sa faute. Il allait prendre son aîné, l’enfermer de nouveau, voire même l’exécuter lui aussi. Pourquoi se retiendrait-il ? Après tout, son petit -plus si petit- avait réussi à se relever d’un millier d’années midgardienne isolé, enfermé dans une forme animale brutale, qui ne faisait que survivre avec une épée gigantesque plantée lourdement dans son palais, l’arme menaçant de transpercer sa tête à chaque instant et le tuer violemment s’il serrait un peu trop les mâchoires.

    Il allait prendre Jör, celui qui, ironiquement, avait été le plus chanceux dans leur malheur, parce qu’il n’avait pas véritablement dû faire face à Odin lui-même, pas comme Fenrir, pas comme Sleipnir, pas comme Hela. Jör avait eu un peu de chance, mais il aurait pu mourir à peine né, s’il n’avait pas été capable de se glisser lui aussi dans une forme plus animale, bien qu’il l’ait choisi lui, contrairement à son aîné. S’il n’avait pas été capable d’être un bébé serpent et survivre ainsi dans la forêt amazonienne, il serait resté un bébé Ases, aussi démuni qu’un bébé midgardienne laissé à lui-même ; il serait mort de déshydratation, de faim, il serait mort dévoré par les prédateurs de la forêt à qui on ne pouvait rien reprocher que d’être ce qu’ils sont.

    Il aurait pu se perdre un peu plus dans ses sombres pensées, encore et encore, ruminant la douleur et la colère, et la peur et tout ce qui se trouvait enfermé dans sa tête, de sombres idées qui l’avaient étouffés avant, pendant et après le Vide, des pensées qui le détruisaient peu à peu, qui l’étouffaient, qui le rongeaient...

    Mais il ne se noya pas.

     Harry était là, sentinelle silencieuse et forte, son cadet si puissant et si attentif à ses besoins, à sa Noirceur qu’il connaissait lui aussi ; son fils si doué, qui glissa doucement sa main dans son dos sans en avoir l’air, sa main chaude contre le tissu de son haut, transperçant le tissage soyeux des habits qu’il avait fait apparaître, l’ancrant dans la réalité comme jamais ça ne lui était arrivé jusqu’à aujourd’hui.

    Loki laissa s’échapper un souffle tremblant qu’il n’avait même pas réalisé retenir, parce que... Parce que tout était si sombre. Le bord de sa vision s’éclaircit un peu plus, n’ayant même pas réalisé que la panique avait fait son chemin, grimpante insidieusement le long de sa gorge, de sa poitrine, étouffant son cerveau et son esprit comme une chape de plomb glacial.

    Mais Harry était là, juste là.

     Lui qui n’avait jamais été présent pour son enfant, pas comme il le voulait, pas comme il l’aurait désiré, pas comme il l’aurait souhaité ; et pourtant son petit était une présence forte et chaude pour lui, calme et paisible, qui savait mieux que quiconque ce que pouvait bien ressentir Loki en cet instant, et qui ne lui tenait même pas rigueur pour son comportement avec lui.

    Il ne lui en tenait pas rigueur, qui faisait ça ?

    Son fils, apparemment.

    Son garçon était un homme trop bon pour ce monde, et Loki détruirait Asgard cent fois dans le sang et les flammes avant qu’Odin ne puisse réellement poser un doigt sur lui.

    Parce que Loki ne le méritait pas. Il ne méritait aucun de ses enfants ; mais il était aussi l’être le plus égoïste de tout l’Yggdrasil, et même s’il méritait mille fois les tortures de Thanos et les tourments de Hellheim, il allait s’accrocher à ses petits et ne plus les laisser partir, il en était hors de question.

    Il était égoïste, ce n’était pas nouveau.

    - Non mais sérieusement, que ce soit bien clair, c’est vraiment exceptionnel aujourd’hui. Si vous prenez l’habitude de tous vous lever aussi tôt, je vais prendre l’habitude de glisser des somnifères dans le repas du soir ! Déclara soudainement Anthony avec un grognement sans réelle chaleur dans la voix.

    Loki leva le nez de son assiette et sentit une sueur froide, glaciale et piquante, impitoyable, glisser le long de sa colonne vertébrale en voyant arriver dans la pièce les deux assassins de l’agence du S.H.I.E.L.D. La femme, qui avait su manier les mots avec presque autant d’aisance que lui, lui permettant de lui offrir son plan sans que ça ne semble suspect ; et l’homme, celui qu’il avait mis sous l’influence du spectre, parce qu’il lui avait fallu de l’aide pour faire ce qu’il avait eu à faire, et qu’il était un bon choix. Fort, doué, un esprit assez vif pour contourner lui aussi le contrôle de Thanos, bien que Loki se doutait qu’il n’en avait pas été conscient à ce moment-là, et même encore maintenant.

    Le dieu de la Malice ferma les yeux et baissa le visage, enfonçant la tête dans ses épaules pour se faire tout petit. Il ne voulait pas qu’ils le voient. Pourquoi n’était-il pas resté avec ses deux garçons à l’étage en dessous ? Harry savait se débrouiller seul, il n’avait pas besoin que Loki vienne planer au dessus de lui ; il s’était débrouillé 18 ans sans lui, il ne pouvait plus mourir, il n’avait vraiment pas besoin de son vieux père idiot qui planait.

    Peut-être pouvait-il discrètement partir, quitter l’étage et rejoindre ses deux aînés. Après tout, ça pouvait être possible, être capable, il était le dieu de la Ruse, il pouvait s’en sortir.

    Alors même qu’il bandait les muscles pour se lever, la main de Harry quitta son dos pour presser doucement son épaule.

    - Termine ton assiette au moins, je ne veux pas que tu t’effondres dans la journée, lui murmura son fils au dessus de lui, se faisant lui aussi une assiette en passant par dessus son épaule.

    Loki rouvrit un œil et releva même la tête pour observer Harry. Ce dernier posait sur lui un regard entendu, perçant, avant de jeter un coup d’œil à son assiette et haussa un sourcil. Loki lâcha un petit soupir et détourna le regard, sentant comme si les rôles étaient inversés.

    Seulement, la culpabilité était forte dans son estomac, et sa gorge était toute petite, toute serrée. Il ne pouvait rien avaler, c’était... C’était trop, qu’est-ce qu’il allait faire ? Il ne voulait pas être ici.

    Qu’est-ce qu’il faisait ici ?

    Le Dieu de la Ruse se crispa un peu plus, parce qu’il voulait partir, parce qu’il voulait s’en aller très loin, et pire que tout. Pire que ça, Harry s’écarta et alors que Anthony et Miss Romanov se mettaient à danser autour de l’amusement provoqué par la déclaration de l’homme, la femme déclarant qu’il allait être difficile pour lui d’essayer de les droguer, eux, des espions plutôt bons dans leur travail. Alors qu’ils se lançaient des piques pleines d’humour acéré, l’autre espion réussit à se glisser sans se faire voir, prenant une assiette et s’assit, s’assit, à côté de lui, sans un bruit.

    Loki savait se faire tout petit, que l’on oublie même qu’il existe malgré le fait douloureux qu’à chaque instant sur Asgard, il soit la cible préférée des rumeurs, des racontars et des bonimenteurs. Seulement, à Asgard, il y avait de nombreux couloirs du château dans lesquels se perdre, beaucoup d’ombres dans lesquelles se fondre, beaucoup de pièces dans lesquelles se réfugier.

    Ici, il était en terrain inconnu, et il le savait. Il était la nouveauté, le petit quelque chose en plus qui n’avait rien à faire là, la dernière chose arrivée et même s’il n’y avait que peu de chances qu’ils ne fassent pas attention à lui, à cause de ce qu’il s’était passé, de ce qu’il avait fait - qu’importe le contrôle mental, la destruction de bien était de son fait et la panique provoquée portait son visage et pas celui d’un autre - malgré tout cela, Loki avait gardé espoir, un espoir un peu vain qu’il allait réussir à se fondre, se dissimuler dans la masse jusqu’à ce que l’on ne fasse plus attention à lui.

    Il ne voulait pas faire face à ses quelques erreurs... Bon, d’accord, à ses nombreuses erreurs, et vivait bien mieux sans avoir à penser à ce qu’il avait du faire.

    Pourquoi Barton s’asseyait à côté de lui, pourquoi aussi près, pourquoi le regardait-il ?!

    - Je n’aime pas ce que tu m’as fait.

    C’était l’euphémisme du millénaire si on demandait l’avis de Loki.

    Il n’y avait personne qui se remettrait bien d’une possession telle que celle-ci, au tout du moins, d’un contrôle mental aussi insidieux que celui du spectre, qui étouffait en silence et discrétion tout doute et toute morale. Plus de culpabilité derrière les actes, plus de culpabilité à suivre des ordres même fantaisistes, on est presque heureux, soulagé que quelqu’un d’autre décide pour nous. On est une petite marionnette et on apprécie ça. Plus de bien, ni de mal, juste un objectif à atteindre, et l’autre qui prend tout, qui décharge le poids trop lourd des pensées invasives.

    Alors oui, Loki comprenait, il était peut-être même le mieux placé pour comprendre ce qu’il avait vécu, avec Harry peut-être - qu’on ne lui dise pas que l’horcruxe qu’il avait porté en lui toutes ces années et que Loki n’avait pas vu, ne l’avait pas influencé un petit peu sans même qu’on le réalise, ne serait-ce que la colère qui avait toujours bouilli sous la peau de son enfant et qui semblait avoir disparu aujourd’hui.

    - Mais je serais le plus idiot des idiots de te le reprocher alors qu’il t’est arrivé la même chose, gronda Barton en piquant presque violemment ses œufs de sa fourchette, les sourcils froncés.

    Loki ne dit rien, lui jetant seulement un coup d’œil en coin.

    - Je suis un bien piètre observateur pour n’avoir rien vu, continua-t-il à pester à mi-voix.

    - Vous aviez vos propres préoccupations, et la colère est un bon voile derrière lequel se réfugier, lui murmura enfin Loki en reportant son attention sur sa propre assiette.

    Il sentit le regard de Barton sur son profil, regard piquant et brûlant, et il se fustigea d’avoir parlé.

    Pourquoi avait-il ouvert la bouche, déjà ? Langue d’Argent, c’est ça ouais. N’importe quoi. 

    - Je ne peux pas imaginer ce que ça a été pour toi, et même si je connais les raisons qui t’ont poussé dans ce sens-là, je n’ai pas de point de comparaison. Mais je comprend, je pense.

    Barton laissa un soupir un peu frustré et douloureux quitter ses poumons, essayant de nouveau de tuer une deuxième fois les poussins en devenir et le porc de son assiette.

    - Alors on m’a poussé à venir te dire que c’était bon. Je suis encore énervé, mais je ne vais pas soudainement te sauter dessus pour t’éliminer.

    Bien, bon à savoir, merci beaucoup.

    - Je ne vais pas me battre contre toi, mais il ne faut pas demander d’être ami-ami non plus. Parce que j’ai encore la mort de Phil au travers de la gorge, et qu’il me faut laisser le temps d’y faire face et de l’accepter avant toute chose, tu peux le comprendre, ça ?

    Loki sentit une nouvelle fois la sueur froide glisser le long de sa colonne vertébrale, son estomac se contracta, se retourna, et son souffle quitta ses poumons. Il eut beaucoup de mal à ne pas vomir de culpabilité en avouant :

    - Q-Qui ça ?

    Est-ce que le sort du sacrifié n’avait pas fonctionné ? Hela avait pourtant dit qu’aucune âme n’avait rejoint le Royaume des Morts avant sa Date, et pas une autre. Est-ce qu’il avait fait une erreur quelque part ?! Oui, des gens étaient morts en Allemagne, mais... Mais il était pourtant sûr que le léger sort qu’il avait réussi à user lui avait montré les personnes en phase terminale et ceux et celles qui avaient déjà été marqués par la Mort, ceux qui n’avaient que quelques jours à vivre seulement.

    Avait-il tué un ami de Barton en Allemagne ? La personne la plus jeune avait été une femme de 47 ans, et son anévrisme aurait dû se rompre deux jours plus tard, la tuant sur le coup. Il avait toujours tué des gens, ce n’était toujours pas très bien, mais... Mais il avait essayé, il avait vraiment essayé de ne pas se sentir affecté, de réussir à faire ce qu’il aurait dû être fait. Par les Norms, le spectre avait voulu qu’il trouve une enfant pour la décapiter devant la foule, qu’ils comprennent qu’il était sérieux ! Il avait réussi à contourner l’ordre, par il ne savait pas encore quel miracle, il ne pouvait rien faire de plus !

    Il avait failli, encore une fois. Il avait tué, du sang innocent tachait ses mains et rien ne pourrait jamais changer cela.

    A côté de lui, il sentit la colère, la rage de Barton comme une chape de plomb physique, mais l’homme n’explosa pas, il ne fit que serrer les poings en agressant les couverts, qui gémirent un peu sous la pression, mais ne le poignarda pas comme il semblait en avoir envie.

    Loki ne lui en aurait pas voulu.

    - Qui... Commença Barton avant de fermer les yeux.

    Il prit une grande inspiration par le nez, retenant visiblement difficilement sa colère et fusilla Loki du regard.

    - L’Agent du S.H.I.E.L.D. que tu as poignardé en t’échappant, termina-t-il visiblement difficilement, sûrement partagé entre colère et tristesse et s’appuyant sur la colère, parce que c’était une émotion plus facile à laquelle faire face.

    Loki, lui, n’entendit plus rien à partir de ce moment-là. Son sang pulsa à ses oreilles comme une mer déchaînée et son souffle le quitta de nouveau.

    - Mais je... Non, ce... J’ai évité tous les organes internes, une équipe d’agent était derrière la porte, je...

    Il n’aurait pas dû mourir. Le Spectre voulait qu’il le tue, bien sûr, Thanos voulait qu’il n’ait aucun remord, et sous son influence, il n’en eut aucun, mais il avait cru réussir, cru arriver à le poignarder, oui, parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, mais il avait été sûr d’avoir assez dévié son coup pour que la lame ne touche pas son cœur, effleure un poumon -- mais Loki était au fait des progrès de leur médecine, ça aurait pu être endigué ; par les Norms, le Directeur du S.H.I.E.L.D. était rentré dans la pièce avant même que l’agent ne tombe par terre, les médecins auraient dû le sauver !

    Mais non. Parce que Loki avait failli, encore une fois, il n’avait pas assez dévié son coup, il avait dû le poignarder plus fort qu’il ne l’avait pensé, il l’avait tué. Il avait retiré une vie, il avait bouleversé l’équilibre, il était coupable de la pire des ignominies pour les manipulateurs de Seidr comme lui.

    - Veuillez m’excuser... Réussit-il à haleter en se redressant.

    Il évita de regarder tout le monde, parce que c’était trop lourd à porter ; il ne vit même pas Thor arriver et faire un pas vers lui avant de rebrousser chemin avec une petite grimace sur le visage. Il évita surtout de regarder Harry, parce que son fils s’était battu pour sauver des gens, et que malgré le fait que Loki avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour mériter d’avoir un enfant comme lui, il était désormais du mauvais côté de la barrière, il n’était pas mieux que l’homme qu’avait défait son fils, et il méritait tellement mieux, tellement plus, et pourquoi n’avait-il pas gardé en tête que James Potter était son père ? Lui au moins était un héros, quelqu’un qui méritait que Harry le regarde avec amour, quelqu’un qui méritait d’être pris en exemple, et pas un monstre géant des glaces rachitique venant d’un monde où il n’y aucune morale et qui tue pour le plaisir.

     Non.

    Non.

    Non.

    Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur lui, et Loki laissa la noirceur de la culpabilité l’envahir.

 

.*.

 

    Thor avait mal dormi. Sa nuit, son sommeil avait été peu reposant, très - peut-être même un peu trop agité. La veille, il avait essayé de parler à Loki, mais ce dernier n’avait pas été très ouvert à la discussion.

    Thor ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Mais il était frustré. Frustré, parce qu’il était Thor, fils d’Odin, Dieu du Tonnerre. Quand il parlait, on l’écoutait, et quand il voulait quelque chose, il tapait du poing sur la table et on s’empressait d’exécuter sa requête. Il avait été élevé ainsi, il n’avait jamais appris quelque chose d’autre, et c’était justement ce comportement là qu’il lui avait coûté quelques temps sur Midgard pour apprendre l’humilité.

    Il le savait, il l’avait désormais identifié, mais ce n’était pas pour autant qu’il n’était pas frustré que ça n’aille pas aussi vite et bien qu’il le désirait.

    Seulement, il savait que ce n’était pas du tout ce qu’il fallait pour Loki.

    Loki avait toujours été plus calme, et il avait toujours été celui qui savait s’opposer à son frère et lui apprendre la patience de la pire manière qu’il soit.

    Seulement, cette fois-ci, ce n’était pas une taquinerie. Thor n’avait pas le droit d’exiger de lui qu’il lui pardonne et qu’ils passent à autre chose.

    Thor n’était pas si inconscient que cela.

     Il savait qu’il faudrait du temps, et peut-être même qu’ils n’arriveront jamais à passer outre ce qu’il s’était passé, et pour la première fois de sa vie, Thor comprenait réellement son frère.

    Ce qui était le plus dérangeant, c’était qu’il pensait le comprendre et le connaître avant cela. Ce n’était que maintenant qu’il réalisait qu’il s’était fourvoyé.

    Mais malgré tout ce qu’il s’était passé, Thor ne voulait pas perdre son frère. Il ne voulait pas perdre Loki, parce que même s’ils n’étaient au final pas du même sang, cela ne changeait rien aux souvenirs d’enfance que Thor avait de lui, des jeux et des nuits passées sous les draps à lire des livres pleins d’images à la lumière d’un petit orbe alors qu’ils devaient dormir depuis bien longtemps.

    Tous ces souvenirs-là n’étaient pas des mensonges, ils étaient vrais, et Thor ne voulait pas les abandonner, leur tourner le dos juste parce que.

    Alors la veille, avant d’aller se coucher, alors même que tout le monde était parti, Thor avait trouvé Loki dans le salon où ils s’étaient tous retrouvés plus tôt, Thor avait laissé Loki lui parler.

    Réellement lui parler. Pas seulement le laisser dire des mots sans réellement les écouter, hocher la tête bien gentiment et ne pas prendre en compte ni s’inquiéter de ce qu’il avait dit précédemment. Et ce que lui avait dit son frère lui avait un peu plus brisé le cœur et l’avait terrorisé qu’ils soient trop loin dans les ressentiments pour que leur relation s’en sorte.

    Loki était persuadé que Thor allait essayer de faire du mal à ses enfants.

    Après tout ce qu’ils avaient fait pour l’aider, pour le sauver, Loki était sûr que Thor allait les prendre et les ramener à leur pèr-- à Odin pour qu’ils les bannissent de nouveau.

    Thor n’allait pas mentir, il avait peur. Peur de ce que la prophétie du Ragnarök disait, peur de mourir sous les crocs de l’aîné de Loki. Peur que sa fille n’ouvre les portes de Hellheim pour déverser des ordres d’âmes détruites et torturées pour provoquer la fin de la Réalité.

    Il avait aussi peur du plus jeune. Du héros de Midgard, qui était assez puissant pour avoir attiré les faveurs de la Mort en tant qu’entité et qui était désormais le roi de Hellheim.

    Et malgré tout cela, malgré les dires et les faits crus par le plus grand nombre, les enfants de Loki n’avaient pour l’instant qu’aider leur père. Ils n’avaient fait que le protéger, et même contre lui-même, et tout ce qui inquiétait Loki, c’était le mal que pouvait leur faire Thor.

     Pourquoi n’avait-il pas... Compris ? Pourquoi n’avait-il pas vu, qu’est-ce qu’avait fait Thor pour que son frère ait si peur de lui ?

    Alors le Dieu du Tonnerre avait fait un pas en arrière. Il lui avait présenté ses excuses et lui avait juré sur l’honneur qu’il ne ferait rien aux enfants de Loki, qu’il se défendrait s’il le devait, mais qu’il ne ferait rien. Et il s’était excusé, essayant de lui faire comprendre tous les remords qui commençaient à se dessiner devant lui, et quand Loki avait fait un pas en arrière sans les prendre, Thor s’était senti s’effondrer.

    Il ne voulait pas perdre Loki. La douleur de l’avoir cru disparu l’avait étouffé, le voir tombé avait provoqué en lui une brisure qu’il n’était pas sûr d’un jour pouvoir pansé, et il ne voulait pas que Loki le repousse comme il le faisait.

    Mais... Mais il devait le comprendre. Il devait garder ses distances, parce que c’était ce que Loki voulait, et que Thor ne voulait pas le perdre de nouveau dans une folie meurtrière.

    Loki avait besoin de temps pour guérir et peut-être qu’ils ne seraient jamais de nouveau... frères... Mais si Loki était en sécurité et en bonne santé, Thor... Thor allait le laisser s’éloigner. Si c’était ce qu’il avait besoin, il le laisserait partir et.... Et c’était tout.

    Si c’était ce dont avait besoin Loki, Thor n’avait pas le droit de le lui refuser.

    Alors ce matin-là, quand il sortit de la chambre pour aller dans le salon pour y voir Loki en train de déjeuner, il réussit à réprimer son envie pourtant puissante de s’avancer et de prendre son petit frère dans les bras.

    Il réprima ce besoin, parce que ce n’était pas ce que voulait Loki, ce n’était pas ce dont il avait besoin en ce moment.

    Alors il laissa son petit frère sauter presque sur ses pieds, éviter les regards de tout le monde, comme s’il ne les voyait pas, et Thor dût se faire presque du mal pour ne pas lui emboîter le pas alors qu’il disparaissait dans l’ascenseur de la Tour de l’ami Anthony. Il regarda plutôt les portes closes avec une grimace sur les traits et un soupir dans la gorge.

    Il sursauta un peu quand une main se posa sur son épaule. Le dieu du Tonnerre se retourna légèrement pour voir le Docteur Bruce Banner qui s’était lui aussi levé et qui l’observait d’un air soucieux.

    - Est-ce que ça va ? S’enquit l’homme.

    Thor esquissa un léger sourire un peu triste et hocha la tête.

    - Ne vous en faites pas, ami Bruce. Je... Je comprend que mon frère... que Loki ne désire pas être dans la même pièce que moi en ce moment, expliqua-t-il en s’avançant dans la pièce en essayant de ne pas paraître misérable.

    Cela dût échouer, puisque la Black Widow lui jeta un regard.

     - Ne vous en faîtes pas, Thor, je ne pense pas qu’il ait réalisé que vous étiez là ; et je ne pense pas que son départ soit de votre faute. Clint ! Clama-t-elle en se tournant vers son frère d’arme. Qu’est-ce que tu as fait ?! Ordonna-t-elle d’un ton implacable.

    Sur la chaise à côté de celle que son frère venait de quitter se trouvait en effet l’archer, le visage sombre et les mâchoires serrées. Il repoussa son assiette à peine entamée et fusilla sa collège du regard.

    - Mais bordel, rien ! Exactement ce dont on a discuté hier soir ! Qu’il allait me falloir un peu de temps pour accepter ce qu’il s’était passé, mais que j’allais finir par ne pas lui en vouloir parce qu’il était dans la même situation que moi. Mais que j’allais avoir besoin de temps à cause de la mort de Phil !

    Il se renfrogna sur sa chaise en croisant les bras sur son torse.

    - C’est bon, tout n’est pas de ma faute quand même, faut pas déconner, marmonna-t-il en fusillant cette fois-ci son assiette du regard.

    Thor grimaça un peu et son nev-- le plus jeune des enfants de Loki, les regarda tour à tour après un dernier coup d’œil inquiet vers l’ascenseur.

    - Qui est Phil, si je peux demander ? S’enquit-il doucement.

    L’archer se renfrogna un peu plus en lui jetant un regard noir, que le fils de Loki ne prit pas pour lui-même, le Capitaine soupira, l’ami Stark grimaça et la Black Widow secoua la tête en soupirant.

    - Il est... était un agent du S.H.I.E.L.D. Il a essayé de contenir Loki avant l’invasion et... Et il est mort dans l’exercice de ses fonctions, lui expliqua-t-elle calmement.

    Harry grimaça et soupira.

    - C’était trop beau pour que cela dure, murmura-t-il.

    Il leva son visage vers le plafond, inquiet.

    - JARVIS ? Où se trouve-t-il maintenant ?

    - Monsieur Loki est malade dans les toilettes de l’étage où vous avez dormi, Monsieur Potter-Lokison. Messieurs Lokison sont en ce moment même avec lui.

    Harry ferma les yeux et hocha la tête, sachant visiblement ce qui lui arrivait. Thor avait lui aussi une petite nausée à l’arrière de la gorge et se détourna de la nourriture pourtant préparée en abondance pour eux tous. Ce fut le propriétaire de la tour qui s’inquiéta.

    - Est-ce qu’il va bien ? Est-ce qu’il faut que l’on appelle un docteur ?

    Le fils de Loki secoua la tête, mais ce fut Thor qui s’expliqua.

    - Il n’y a rien sur cette planète qui pourrait permettre à mon f-- à Loki d’aller mieux, Ami Stark, lui dit-il avec un pauvre sourire en s’asseyant à table.

    - Pourquoi ? S’enquit-il en fronçant les sourcils.

    - Il n’y a que le temps qui puisse guérir une culpabilité telle que celle-ci, expliqua Thor.

    Il braqua son regard sur la table face à lui et soupira, ne sachant pas quoi faire pour soulager le mal invisible de son petit frère.

    - Loki est comme notre mère... comme ma mère, dit-il. Il est un manipulateur de Seidr.

    - Qu’est-ce que c’est ?

    Thor releva le visage pour regarder le fils de Loki, qui l’observait d’un air suspect. Thor pouvait comprendre.

    - C’est l’énergie de toute chose. C’est la magie, et c’est en même temps beaucoup plus. C’est ce que les Midgardiens comme vous utilisent inconsciemment, c’est cette petite énergie, cette impulsion électrique qu’il y a dans chaque chose vivante et qui leur permet de vivre justement. C’est l’énergie qui grouille sous la peau avec l’excitation, c’est ce qui ce dissipe quand on meurt. Nous sommes tous plus ou moins sensible à ça, à cette énergie, mais certains le sont plus que d’autres. C’est le cas de Loki. Il n’a que très rarement ôté la vie, même sur un champ de bataille, surtout quand il avait l’occasion de ne faire que blesser pour se sauver. Ça...

    Il détourna le regard pour cacher la honte, parce qu’il avait pendant un temps fait comme tout le monde avant que sa mère ne lui explique ce qui en retournait et il n’avait depuis plus amené ça sur la table.

    - Ça a souvent été une source de raillerie envers lui, qu’il ne puisse pas nuire à une autre âme vivante, pas comme un soldat d’Asgard se doit de le faire. Mais c’est parce qu’il est plus que conscient de cette énergie, de l’équilibre des choses, et que la détruire, être la cause même de sa disparition provoque chez lui un grand sentiment de malaise et il peut en être malade. Comme... Comme maintenant, expliqua-t-il un peu difficilement.

     Il détourna le regard en soupirant.

    - C’est... C’est pour cela que je trouvais cela étrange, son comportement. Ce... n’était pas normal.

    Le fils de Loki ferma les yeux et soupira. Thor lui jeta un coup d’œil en coin.

    - C’est encore pire que je ne le pensais, marmonna-t-il plus pour lui-même.

    Il secoua la tête et se détourna alors que la Dame Araignée posait sur son frère d’arme un regard noir.

    - Tu aurais pu le lui dire autrement, je pense, déclara-t-elle sombrement.

    - Oui, bon bah c’est bon, j’ai foiré, j’ai foiré ! Je suis désolé, voilà, contente ?! S’énerva l’homme en lui envoyant un regard noir. Mais Phil est toujours mort, d’accord ?

    Il se leva, repoussant sa chaise et son assiette, plein de colère - et c’était compréhensible, Thor ne pouvait pas lui en vouloir pour sa colère, personne ne pouvait lui en vouloir d’être en colère pour la mort d’une connaissance, voire d’un ami. Sa collègue ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose. Seulement il secoua la tête, la coupant avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit et sous le regard interloqué de tout le monde, vraiment, il grimpa sur la table, donna un coup dans une trappe que Thor n’avait pas vu et se hissa avec beaucoup de dextérité dans ce qui semblait être une bouche d’aération.

    L’Ami Stark lâcha un petit bruit de surprise et Dame Romanov fronça les sourcils en pestant. Elle bondit sur la table et s'agrippa au bord de la trappe pour se hisser à moitié dans le conduit.

    - Clint, tu reviens ici tout de suite ! Tonna-t-elle, sa voix résonnant dans le conduit.

    - Laisse-moi tranquille, Tasha ! Lui rétorqua l’archer, sa voix résonnant elle aussi mais déjà plus loin.

    Alors la femme soupira et se laissa tomber sans un bruit sur le sol, l’air exaspérée. Elle fut rejoint très rapidement par l’ami Stark, qui se pencha au dessus de la table pour regarder la trappe d’un air intrigué.

    - ... Sérieusement ?! Les conduits d’aération ? S’étonna-t-il en regardant la Black Widow.

    Cette dernière secoua la tête et soupira.

    - Ne demande pas, Stark. On va le laisser se calmer un peu tout seul, dans son coin, et ça va passer, déclara-t-elle d’un ton presque plat.

    - Mais... Les conduits d’aérations ! Continua pourtant l’ami Stark avec presque l’air d’un enfant déçu, arrachant un sourire amusé à Thor.

    - C’est Clint, il ne faut pas chercher, soupira-t-elle en grimaçant un peu.

    Le fils de Loki avait le visage levé vers la trappe où avait disparu l’archer sans rien dire, un air contemplatif sur le visage, avant qu’il ne secoue la tête en soupirant. Il jeta un regard à toutes les personnes présentes et haussa les épaules en décidant de ne rien dire pour ensuite détourner les talons et quitter l’étage sans même attirer l’attention sur lui. Ce fut le Capitaine qui mit les mots sur les sentiments qui semblaient animer toutes les personnes présentes.

    - J’aimerais qu’on puisse faire quelque chose pour les soulager tous les deux...

    Thor acquiesça en silence en baissant le regard sur la tasse de la boisson chaude et noire qu’on lui avait donné.

    Et moi donc, Capitaine, et moi donc... 

 

    Tony regarda l’air sombre que tout le monde arborait et ravala une grimace.

    Voilà. Voilà pourquoi il aimait dormir tard le matin, voilà exactement pourquoi il ne voulait pas avoir affaire à des personnes avant midi. La fin du monde arrivera indubitablement un jour, et ça se passera avant midi ! Beaucoup de Drama, encore, et il n’avait rien demandé cette fois-ci !

    Et lui se retrouvait là, sans savoir quoi faire, sans savoir quoi dire, qu’est-ce qu’il devait faire ? Il ne pouvait rien faire, rien dire, il n’avait pas les compétences sociales assez réveillées pour le moment.

    Les vestiges de sa nuit agitée s’accrochaient encore à lui, et ce n’était pas vraiment agréable, vraiment. Sa tête était encore pleine d’un peu de restes de panique, et il se sentait un peu mal de la situation, il ne savait pas quoi faire. Ce n’était pas son histoire, même s’il était impliqué d’une certaine manière, parce qu’après tout, on parlait de Phil... De l’Agent Agent, il travaillait au S.H.I.E.L.D., mais c’était Phil, pas n’importe qui.

    Phil, qui était mort, et oui... Oui, en effet, c’était bien Loki qui l’avait tué.

    Tony n’avait pas oublié que Phil était mort. Il n’avait pas oublié les blessés, les gens d’Allemagne mais aussi les agents du Hellicarier. Comment aurait-il pu les oublier ? Mais il n’y avait malheureusement rien à faire, et l’ambiance s’engrainait dans la noirceur sans que Tony ne trouve quoi que ce soit à dire.

    Il fallait... Il fallait... Il avait besoin de Pepper.

    - J, Pep est toujours en train de dormir, n’est-ce pas ? Dit-il doucement en attrapant la tablette qu’il avait récupéré avant de monter ici, le seul étage qui semblait être fourni en café et nourriture.

    - Oui, Monsieur. A en croire son cycle de sommeil, elle ne devrait pas tarder à émerger. Dois-je la réveiller ? Lui demanda son IA.

    Tony marmonna un instant en cherchant ses fichiers sur sa tablette et secoua la tête.

    - Non, c’est son jour de repos, laisse-la se réveiller par elle-même, dit-il distraitement en prenant une nouvelle tasse de café avant de quitter la partie cuisine.

    Plongé dans sa tablette, il ne remarqua pas les regards de l’équipe des Avengers le suivre et le regard du Capitaine Rogers s’illuminer quand il se laissa tomber sur le sol, en tailleur devant la table basse, pour poser devant lui sa tablette qui s’illumina et projeta sur la table différents plans de son bleu préféré.

    - Allez, J, mettons-nous au travail.

    Il avait plusieurs étages de la tour à redessiner, s’il voulait que chacun soit bien installé. Beaucoup de pain sur la planche. 


** en français.

 

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