
Chapter 7
- JARVIS, l'étage des invités, ordonna Tony d'une voix un peu détachée, secoué par ce qu'il venait de se passer.
L'ascenseur descendit quatre étages rapidement et les portes s'ouvrirent de nouveau sur un étage semblable à celui du Penthouse, plus petit puisque se trouvaient six chambres à l'arrière, rendant le salon plus petit, plus cosy malgré la poussière qui s'y était accumulée. Mais c'était vivable, et c'était bien suffisant pour passer quelques minutes à discuter, parce que... Merde.
- J'ai oublié Ginerva...
Tony jeta un coup d'œil à Loki, qui était toujours tiré par son benjamin, qui le força à s'asseoir sur un des canapé. Il s'accroupit face à lui, ses deux mains sur ses genoux.
- Papa, respire, lui ordonna-t-il d'un ton ferme mais relativement doux.
Le Dieu du Chaos était totalement sous le choc, tremblant toujours, les yeux écarquillés, et en effet, son souffle ne lui venait que par saccade. A côté de Tony, sortit en même temps de sa famille, Fenrir grogna et Tony aurait aimé mettre sa main sur son épaule pour... Le calmer, ou quelque chose comme ça, mais c'était tout de même quelqu'un capable de lui arracher le bras d'un coup de crocs bien placé, et même s'il n'avait aucun instinct de conservation ou de survie, l'idée de la douleur l'en empêcha. Il ne s'éloigna pas pourtant, malgré son cœur battant sous un pic d'adrénaline provoqué par la peur primale d'un prédateur si proche de lui.
Jör se tourna et fixa son frère, les yeux dorés brillant lentement.
- Fen, tu te calmes, lui ordonna-t-il à son tour.
Le loup gronda un peu plus et se mit à marmonner des mots qu'il ne pouvait pas comprendre, peut-être du vieux norrois, après tout qu'est-ce que pouvait bien parler les dieux nordiques et leurs enfants ?
Derrière eux, et Tony se tourna pour les regarder, les Avengers étaient tous sortis de l'ascenseur dont les portes s'étaient refermées, ne sachant pas trop quoi faire et observant seulement la situation, silencieux et les uns à côtés des autres pour faire un front uni, juste au cas où.
Dans cette mêlée, Thor eut l'air d'avoir avalé un citron pas mûr et regardait Fenrir comme s'il s'inquiétait de son prochain coup. Tony lui jeta un coup d'œil alors que Jör se redressait, les sourcils froncés.
- Non, Fen, on ne va pas aller à Asgard pour tuer Odin ! Tonna-t-il ensuite, les yeux brillants.
- Il- Commença l'aîné, ses yeux devenant rouge sang, brillant qui arrachèrent un frisson à Tony.
- Je sais, Fen ! Rétorqua Jör.
Il soupira et se passa une main sur le visage.
- Mais ce n'est pas le moment. Il faut que l'on soit là pour Harry, il va beaucoup avoir besoin de nous, et...
Il se tut et se tourna de nouveau vers Loki, qui se recroquevillait sur lui-même.
- Non, non, Papa, ne panique pas. Calme-toi, respire tranquillement.
D'une manière ou d'une autre, Jör réussi à récupérer la main crispée de son père pour la poser sur son torse et commença à respirer profondément et calmement.
- Voilà, c'est ça. Inspire, expire. Doucement... Voilà, tout doucement... Ça va aller...
- J'ai oublié Ginerva... Répéta son père comme un disque rayé.
Tony grimaça et frissonna un peu, la révélation encore fraîche sur ses épaules. Se secouant un peu, il fit un signe de main pour dire aux autres d'avancer et alla dans la kitchenette ouverte sur la pièce à vivre, soupirant de soulagement en constatant que la plupart des verres n'étaient pas cassés et que, miracle, l'eau fonctionnait toujours.
Certes, on lui avait bien dit que les systèmes de survie tel que l'eau, l'électricité et l'aération étaient fonctionnels, mais ça faisait toujours du bien à constater que c'était déjà quelque chose de moins à se préoccuper. Il remplit deux verres pour retourner dans le salon, prenant la situation d'un regard.
Thor semblait mal à l'aise, voulant visiblement se rapprocher mais se contenant d'un fauteuil, celui le plus proche de Loki et de ses enfants. Il avait l'air triste, voulant sans aucun doute rassurer son frère en détresse mais sachant qu'il était sur un fil rouge tendu prêt à rompre.
Nataliasha avait assez de cran pour s'installer sur le canapé en face de celui où était affalé Loki, Rogers à ses côtés. Derrière, bien reculé, Barton ne disait rien et regardait ce qu'il se passait, silencieux mais pas énervé, ou réussissant bien à le dissimuler. Bruce, quant à lui, était à côté du canapé, à l'autre bout de Fenrir, lui lançant de temps en temps quelques regards, un peu inquiet mais visiblement en contrôle.
Tony retint un soupir et se rapprocha, évitant de toucher Loki parce qu'il n'était pas sûr que ça allait arranger les choses, bien au contraire. Il se pencha pourtant.
- Tiens, Reindeers Games, glissa-t-il en lui tendant le verre.
Loki l'attrapa sans vraiment le réaliser, et Tony donna le second à Fenrir. Ce dernier fronça les sourcils et Tony haussa les épaules.
- Ça va t'occuper. Bois, ordonna-t-il presque.
Le loup soupira et prit le verre avec un hochement de tête sec, marmonnant toujours dans sa barbe imaginaire.
- Bois, ça va te faire du bien, murmura doucement Jör et dans le silence, tous l'entendirent.
- Mais Ginerva-
- On ne peut rien faire, papa.
- Mais je-
- Tu ne pouvais rien faire à ce moment-là non plus. Il n'y a rien que nous puissions faire qui pourra changer ce qu'il s'est passé, déclara calmement Jör en caressant le bras de son frère.
Tony soupira et se frotta la tempe.
- JARVIS, préviens-nous s'il leur arrive quelque chose, dit-il enfin.
- Bien sûr, Monsieur, lui répondit son IA, et un peu de tension quitta Tony.
Il regarda ensuite chaque personne tour à tour et secoua la tête.
- Eh bien, ce n'est pas comme ça que je pensais que ça allait se passer, déclara-t-il sur un ton plus léger, essayant de détendre l'atmosphère. J'aurais pensé à un peu plus de sang.
- Ne souhaitez pas trop fort, Stark, lui répondit Fenrir, le nez dans son verre, le visage grimaçant. La journée n'est pas encore terminée.
Tony rit légèrement et lui offrit un clin d'œil.
- Tu n'as pas tort, Van Helsing, blagua-t-il.
Il eut la satisfaction d'arracher un sourire rapide et crispé à Fenrir. Il regarda ensuite les Avengers, réfléchissant à la prochaine chose à faire.
- Virginia Potts est en réalité Ginerva Weasley, c'est ça ? Déclara ensuite Natasha en regardant Loki et ses enfants, puis Tony.
Ce dernier leva les mains et haussa même les épaules, encore un peu secoué parce que oui, il avait lu le dossier de Harry Potter et même celui du Docteur Hermione Granger, et que ce nom était souvent cité. Elle aussi avait fait la guerre sorcière et, oh mon dieu, sa Pepper, bottant le cul de sorcier méchant. Ça devait être quelque chose à voir.
- Ne me regarde pas comme ça, je ne le savais pas. Je savais qu'elle avait changé son état civil, mais elle a toujours refusé de me dire son nom de naissance. Franchement, passer de Ginerva a Virginia, ce n'est pas très inventif, constata-t-il, faussement déçu par son manque d'imagination.
- Hermione m'a dit que c'était une chose courante chez les sorciers anglais ayant participé à la Grande Guerre et qui ne sont pas resté au pays, lui répondit Nataliasha en regardant fixement Loki.
Tony l'observa un instant et sentit un sourire étirer ses traits.
- Ah parce que c'est Hermione ? La taquina-t-il.
L'espionne lui envoya un regard polaire, mais derrière elle, Barton ricana.
- Crois-moi, Stark, tu ne veux pas aller sur ce terrain-là, se moqua-t-il, et elle se retourna dans le canapé sûrement pour lui envoyer à lui aussi un regard noir.
Sauf que son collège ne fit que rire sans avoir l'air affecté, de telle sorte que même Banner gloussa légèrement.
- Les Norms ont eu tort... Soupira soudainement Loki en baissant la tête et en fermant les yeux.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? S'enquit Thor.
Tony se tourna vers lui, fronçant un peu les sourcils, et même Loki releva la tête pour fixer le Dieu du Tonnerre. Ce dernier avait l'air mortifié d'avoir parlé et fit un pas en arrière en levant légèrement les mains.
- Pardon, je... Tu n'es pas obligé de répondre Loki, je... c'était maladroit, toutes mes excuses, déclara-t-il rapidement.
Fenrir gronda un peu, mais Loki ne fit que soupirer en levant un main tremblante jusqu'à sa tempe, qu'il massa légèrement.
- Harry n'est pas mentionné... Nulle part, aucune prophétie me concernant ou concernant mes enfants, dit-il doucement. Quand il est né mortel, j'ai voulu savoir quelle serait sa destinée, je suis allé plaider les Norms de me dévoiler quelques bribes. Ginerva et lui étaient destiné à être ensemble, avoua-t-il.
Il détourna le regard pour fixer la fenêtre, ou plutôt l'extérieur, restant silencieux quelques instants.
- Tous deux, ils auraient bâti un véritable empire et fait perdurer le nom Potter jusqu'au millénaire suivant...
Tony ferma les yeux et soupira, se demandant si inconsciemment, Pepper avait sentit que son promis était revenu d'entre les morts et que c'était pour ça que ça n'avait pas collé entre eux. Un peu de douleur dans le cœur, mais il se jura de lui souhaiter tout le bonheur du monde, parce qu'elle le méritait.
Seulement, les propos que tint Loki juste après lui coupèrent l'herbe sous le pied.
- Ce rendez-vous aurait dû être la pierre angulaire de ce mariage, murmura-t-il, le regard dans le vide, comme s'il ne réalisait même plus qui il y avait tout autour de lui. Le point fixe de leur ligne de vie duquel tout aurait dû découler... Et ça n'est pas arrivé... Et ça n'arrivera jamais...
Il cligna des paupières et tourna le visage vers son fils, qui n'avait pas bougé d'un poil et qui l'observait, à l'affût.
- Je ne sais pas quoi faire, lui avoua-t-il d'une voix douloureuse.
Son fils soupira et se rapprocha un peu, caressant les bras de son père d'un geste tendre et répétitif.
- Il n'y a rien que l'on puisse faire. Et tu n'aurais rien pu faire non plus à l'époque, papa, lui dit-il gentiment.
- Mais elles... Elles auraient pu le voir. Elles ont bien vu qu'il allait survivre à la guerre. Si les Norms l'ont vu avoir un futur heureux, c'est bien qu'elles l'ont vu mourir et revenir, alors pourquoi... Pourquoi elles ne m'ont pas dit ce qu'Odin allait faire ? Lui demanda le Dieu du Chaos qui avait l'air totalement perdu et détruit.
Tony aimait le drama, mais là ce n'en était même plus, c'était... C'était de la tragédie, et pas de la ridicule. Et c'était douloureux.
Ce n'était pas son histoire, mais... Diantre, c'était beaucoup, c'était peut-être même trop.
- Le futur n'est pas gravé dans la pierre, Loki, déclara doucement Thor.
Tony lui jeta un coup d'œil. Le Dieu du Tonnerre avait l'air tout aussi détruit de voir son frère ainsi, et il croisa les bras sur son torse en baissant la tête.
- Le futur est fluide, il change à chaque seconde, si ce n'est pour quelques points fixes. Peut-être ont-elles vu un futur où mon... où Odin n'a pas prit de mesures aussi... drastiques... Et je suis désolé pour ça, termina-t-il dans un murmure.
Fenrir grogna bassement vers lui, mais Loki le fit taire dans un souffle. Le Dieu du Chaos donna son verre à son benjamin et croisa ses bras autour de lui, se recroquevillant sur le canapé en soupirant. Il ne dit rien de plus.
Tony bougea, trépignant un instant, mal à l'aise, parce que comment enchaîner après ça ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire ?
- Il ne faut pas qu'il l'apprenne, tonna soudainement la voix de Loki.
Tous reportèrent leur attention sur le Dieu du Chaos, qui avait juste relevé la tête pour poser sur eux un regard vert agité, plus vivant que toutes les fois où ils avaient pu le voir jusqu'alors, et Tony frissonna de nouveau.
Merde, ce n'était vraiment pas le moment;
- Je refuse qu'il l'apprenne. Et elle non plus. Ils ne le méritent pas... Pas ainsi tout du moins. Et pas de vous. Vous ne direz rien, vous ne leur direz rien, déclara-t-il froidement en détachant chaque mots pour mettre un florilège de menace dans sa voix. Ou sinon-
- Nous ne lui dirons rien, mon frère, répondit Thor en le regardant.
Puis il jeta un coup d'œil autour de lui, observant les autres Avengers, qui réagirent tous d'une manière différente, mais tous un peu... submergé par ce qu'il venait d'être dit. A croire que les révélations ne s'arrêteraient jamais. Enfin, Thor se tourna de nouveau vers Loki et hocha la tête d'un air sûr et sérieux.
- Nous ne lui dirons rien, tu as ma parole d'honneur.
Apparemment, c'était quelque chose de grand et d'assez important pour eux, bien plus que sur Terre, parce que Loki écarquilla les yeux et même Fenrir observait le Dieu du Tonnerre d'un air mi-surprit, mi... calculateur, quelque chose comme ça. Mais Thor ne fléchit pas, continuant de fixer Loki d'un air décidé jusqu'à ce que ce dernier ne hoche lentement la tête.
- Monsieur, déclara soudainement JARVIS, et non, Tony ne sursauta pas, parce que c'était JARVIS et qu'il y était habitué maintenant, alors non, aucun sursaut.
- Quelles sont les nouvelles fraîches, J ? S'enquit Tony en croisant les bras sur son torse, le cœur tressautant dans sa poitrine - non pas qu'il s'inquiétait... parce que si, un tout petit peu quand même.
- Rihanna a sorti un nouveau clip, le dernier tweet de Lady Gaga fait débat, et Monsieur Potter-Lokinson est dans l'ascenseur, Monsieur, répondit son IA avec calme.
- Hm, faut vraiment que je te reprogramme, toi, marmonna Tony, presque exaspéré par l'amusement qu'avait JARVIS à prendre ses ordres au pied de la lettre ou au contraire, les détourner assez pour rendre le tout incroyablement énervant.
- Vous n'oseriez jamais, Monsieur, répondit-il avec presque un sourire dans sa voix pourtant censé être robotique, ce qui devait être impossible et pourtant, tout le monde l'entendait.
Damné JARVIS.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent ensuite et le plus jeune enfant de Loki rentra dans le salon, tous les regards braqués sur lui sans qu'il n'y fasse réellement attention. Ses yeux était rouge, il avait le regard dans le vague et les gestes las, rien de très prometteur.
- Où est Pep ? S'enquit Tony, inquiet pour son amie.
Pas qu'il pensait que le fils de Loki puisse faire quoique ce soit à Pepper, parce que si elle n'avait été qu'un dixième de la femme qu'elle était aujourd'hui enfant, il savait parfaitement qu'il ne fallait pas la chercher - mais Tony s'inquiétait pour son état mental.
Harry cligna des paupières et releva le visage vers lui, l'observant quelques secondes en cherchant visiblement à comprendre ce qu'il venait de lui dire.
- Oh. Euh, elle est allé à la salle de bain se rafraîchir les idées, lui répondit-il distraitement.
Il resta un instant immobile, à peine entré dans le salon, avant de lever les yeux vers ses frères, l'air un peu perdu.
- Vous saviez ? Demanda-t-il doucement.
Jör jeta un regard à son aîné et se redressa lentement, une main toujours posée sur l'épaule de son père.
- De quoi ? Que Miss Potts était en fait Miss Weasley ? Demanda-t-il. Eh bien...
Il se redressa un peu, se raclant la gorge.
- Euh, je dois avouer que... nous n'avions pas fait le rapprochement... Dit-il d'une voix un peu gênée de ne pas avoir comprit ou même vu plus tôt.
Mais Harry secoua la tête vivement.
- Non, rétorqua-t-il. Pourquoi elle a... Pourquoi elle a soudainement tout quitté en Angleterre, sa carrière, toute sa famille, pour venir ici ?
Ce fut Fenrir qui soupira.
- On... Nous avons appris, oui.
Le visage du plus jeune se barra d'une grimace et il les regarda tour à tour.
- Et vous croyez que je n'aurai pas aimé savoir que mon meilleur ami était mort ? S'enquit-il d'une voix douloureuse.
Jör soupira et passa une main dans ses cheveux.
- On a... pas vraiment eut le temps de t'en parler, dit-il doucement. Je suis désolé Harry...
Ce dernier ferma les yeux et secoua la tête en levant la main.
- Non, je... Ce n'est pas de votre faute, pardon, je...
Il renifla et lâcha un rire un peu aqueux.
- Merde. Je suis supposé avoir passé des centaines d'années à croire qu'ils étaient tous morts, ça fait des siècles que j'ai fait leur deuil, je suis pathétique ! Se fustigea-t-il en rouvrant les yeux et fusillant le sol du regard.
Fenrir se rapprocha de son plus jeune frère alors que Loki se redressait dans le canapé, apparemment prêt à sauter sur ses pieds, mais retenu par son autre fils, qui le maintint dans le canapé. L'aîné se rapprocha et posa sa main sur la nuque du sorcier, qui lâcha un petit soupir étranglé, et son frère le guida doucement vers le canapé, ou Loki prit la main de son fils pour la serrer.
- Il est normal d'être triste de la perte d'un proche. Ce qu'il t'est arrivé... ce qu'Odin t'a fait, ça a bouleversé plus d'une destinée, expliqua Fenrir d'un ton sombre. Ronald Weasley n'est malheureusement pas le premier ni le dernier a subir les conséquences des actes actifs et irréfléchis du vieux fou.
Harry allait répondre quelque chose quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent de nouveau et que Pepper en sortit, le visage encore un peu fripé par les pleurs mais le regard déterminé, les talons claquant sur le sol.
- Je vais bien ! Clama-t-elle à l'assemblée, comme pour se convaincre de ce fait.
Tony fit un pas vers elle et Pepper se rapprocha de lui pour prendre sa main et la serrer très fort, souriant un peu faiblement, avant de reprendre contenance.
- Je vais bien, tout va bien, répéta-t-elle. Un peu trop d'émotions pour la journée, rien de bien dramatique.
Elle prit une grande inspiration et soupira.
- Je suis juste très fatiguée, répondit-elle à la question silencieuse que lui posa Tony avec un seul regard.
- Désolé, rétorqua tout de suite le fils de Loki d'une petite voix.
Pepper sourit et secoua la tête.
- Ce n'est pas de ta faute, Harry.
Elle s'arrêta, sembla réfléchir, et soupira.
- En fait, c'est rarement de ta faute, tu ne fais qu'attirer les ennuis, tous plus étrange les uns que les autres, déclara-t-elle d'un ton fatigué, le même ton qu'elle utilisait quelques fois avec Tony.
Ce dernier sourit un peu, parce que Pep était encore bouleversé, il le sentait et le savait, mais elle faisait face à la chose le nez levé, le dos bien droit et les pieds bien ancrés dans la réalité. Doucement, il pressa sa main, pour lui signifier qu'il était là, pour n'importe quoi, même être son punching-ball personnel si elle le désirait, et elle lui sourit.
Sur le canapé, à côté de son père, Harry parut gêné et se frotta l'arrière du crâne en rougissant légèrement.
- Pardon...
Pepper soupira et se passa une main sur le visage, et Tony ne l'avait jamais vu autant fatigué, et pourtant elle avait dû le supporter pendant des années.
- Je crois que je vais avoir besoin d'un verre, constata-t-elle, presque surprise.
Et Tony aussi, l'était. Pepper ne buvait que rarement, une buveuse mondaine - et encore, pour les très grandes occasions, rien de plus. Elle se tourna un peu et sembla se rappeler seulement à ce moment-là de la présence des autres, comme - oh, juste comme ça, les Avengers ?
Tony observa Pepper les fixer, clignant des paupières furieusement comme pour se remettre en route après que son cerveau ait sauté, puis elle leva les yeux au ciel en gémissant. Comportement atypique pour Pepper, mais on lui pardonnait après la rupture émotionnelle qu'elle venait de vivre.
- Je vais avoir besoin de whisky. Des litres et des litres de whisky pour faire face à tout ça, marmonna-t-elle enfin en se dirigeant furieusement vers la cuisine.
Elle revint avec une bouteille en verre que Tony ne connaissait pas, et il fronça les sourcils vers l'alcool ambré qui semblait être du whisky. Sauf qu'il était un consommateur régulier - il travaillait dessus, promit - et ne reconnaissait pas celui-ci. Elle attrapa son regard et haussa les épaules.
- Cachette spéciale. Il n'y a pas que des moldus qui sont prévus pour venir faire des réunions ici, Tony. Il faut savoir les accueillir comme il se doit.
Elle tenait dans la main un verre qu'elle remplit à ras bord et dont elle avala une grande lampée, sous le regard ébahis de Tony qui ne l'avait jamais vu faire ça.
- C'est du Fire ? S'enquit Harry en lui jetant un coup d'œil.
Pepper, la bouche pleine, ne fit que hocher la tête. L'autre sorcier attrapa le verre de son père qu'avait posé Jör sur la table basse, termina l'eau d'un coup de gosier bien placé et tendit le verre à Pepper.
Cette dernière ne cilla même pas et remplit son verre.
Tony haussa un sourcil en la voyant faire.
- Pep, ma douce Pepper, ne gardez pas l'alcool que pour vous deux, ce n'est pas très polis quand on a des invités. Qui veut quelque chose à boire ? S'enquit-il ensuite avec un sourire en regardant autour de lui.
Pepper ne fit que soupirer d'un air fatigué et se resservit un verre.
- Laisse-moi deux minutes pour respirer, veux-tu ? Mon ex vient littéralement de revenir d'entre les morts, pour la deuxième fois, et je viens d'apprendre qu'il est le fils du Dieu préféré de deux de mes frères, laisse-moi me faire à l'idée globale, marmonna-t-elle.
Elle jeta un regard peu amène à Harry, qui se crispa.
- Euh... Désolé ? Répéta-t-il. Je voulais les rencontrer avant d'en parler sérieusement autour de moi, avoua-t-il.
- Oui, enfin tu pourrais au moins nous présenter, gronda-t-elle sans aucune chaleur.
Tony s'amusa légèrement de la situation. Et qu'importe si on ne lui avait pas réellement répondu, il retourna dans le coin cuisine ouverte pour prendre plusieurs verres, essayant de trouver où elle avait caché cette bouteille. Un endroit caché par magie ?
Zut, c'était vraiment cool ça, il fallait vraiment qu'il comprenne.
Il revint dans la pièce quand Pepper hochait la tête en serrant la main de Jör.
- Oui, je vous remets maintenant, dit-elle doucement avec un sourire un peu amer.
Harry la regarda.
- Vous vous connaissez ? S'étonna-t-il.
Pepper haussa les épaules.
- J'ai... Mione et moi les avons croisés deux fois, quand on est allé voir Teddy.
Elle croisa les bras sur son torse, détournant le regard.
- Je... Je n'ai pas pu me décider à le prendre avec moi, avoua-t-elle en se mordant la lèvre.
Harry eut un petit sourire triste et pressa doucement son avant-bras.
- Je ne te l'aurais jamais demandé... Pas seule en tout cas, Gin. Ne t'en fait pas.
Essayant d'être discret, Tony se glissa près d'eux pour récupérer la bouteille de whisky et en servit un joli verre qu'il donna à Nataliasha. Il en servit un a Rogers, qui secoua la tête avec un petit sourire.
- Ce serait gâcher, le sérum annihile tout effet d'alcool, expliqua-t-il.
Cela attira l'attention de Pepper, qui écarquilla les yeux en le voyant faire.
- Oh par Merlin, Tony !
Elle se rapprocha, ses talons claquants, et prit le verre des mains de Romanov en secouant la tête.
- Ce n'est pas de l'alcool léger, déclara-t-elle avec un regard noir dans sa direction.
Tony haussa les épaules.
- C'est du whisky, Pepper, dit-il simplement.
- Du whisky... sorcier, Tony. Ce n'est pas à prendre à la légère.
Tony eut envie de lui rétorquer qu'elle venait de boire le verre comme si c'était du petit lait, mais Nataliasha ne lui en laissa pas le temps, haussant simplement les épaules en se redressant.
- J'ai l'habitude de la vodka russe frelatée et fermentée dans des caves miteuses et douteuses, ça devrait aller.
Ce fut pourtant le moineau qui récupéra le verre plutôt généreux, marmonnant qu'il avait besoin de quelque chose de fort pour ne pas faire de bêtise.
Pepper soupira et haussa les épaules.
- C'est vous qui voyez, je vous aurais prévenu. Ne venez pas vous plaindre après, dit-elle simplement.
Thor déclina lui aussi l'offre, déclarant que comme Rogers, ce serait gâcher de l'alcool précieux. Brucie chéri refusa lui aussi, expliquant que si l'alcool n'avait plus grand intérêt depuis le Hulk, que ce n'était tout de même pas une bonne idée de tenter le diable de toute manière.
- En revanche, miss Potts, je prendrais bien quelques gorgées, je vous pris, demanda poliment Loki.
Thor fronça un peu les sourcils, revenant sur sa décision pour prendre lui aussi une petite gorgée, puisque son frère n'aimait apparemment que l'hydromel d'Asgard, et qu'il était donc curieux de le voir apprécier et quémander un autre alcool.
Tony, enfin, se servit lui aussi une bonne lampée, parce qu'il était un peu trop habitué au whisky, que seul celui de plus de dix ans d'âge minimum lui chatouillait le palet. C'était d'ailleurs un peu triste, quand on y pensait.
Loki avait déjà commencé à boire, enfin siroter son verre, évitant habillement le regard de son frère, qui ne le quittait pourtant pas des yeux. Pepper donnait l'équivalent de deux gorgées à peine à Nataliasha et Rogers, leur disant clairement que ça ne servait à rien de discuter avec elle d'un seul regard. Barton...
Eh bien, Barton, lui, avait trébuché pour s'asseoir par terre contre le canapé, à moitié contre les jambes de sa collège rousse, plus rouge qu'une tomate.
Et quand Tony prit lui aussi une gorgée de ce whisky si incroyable, il comprit pourquoi.
Il n'avait pas autant tousser pour une première gorgée d'alcool depuis qu'il avait quinze ans. Et Pepper, qui se moquait silencieusement de lui en lui envoyant un regard entendu en sirotant son verre comme si c'était de l'eau !
Cette femme était faite de titane, il n'y avait pas d'autres explications.
.*.
Bruce posa une main sur sa bouche pour dissimuler un sourire, un peu amusé de la réaction franchement hilarante des personnes qui goûtaient pour la première fois à de l'alcool sorcier. Ces personnes là, avec qui il avait en quelque sorte sauver le monde... Ou tout du moins contenu une invasion sur l'île de Manhattan jusqu'à ce que la situation soit endiguée.
Son regard glissa un instant sur celui qu'ils avaient bien entendu cru être responsable de la catastrophe.
Il ne connaissait pas trop la physiologie des gens vivant à Asgard, bien qu'il avait comprit qu'il avait été adopté et qu'il venait en fait d'un autre royaume, mais même comme ça, il avait l'air passablement épuisé. Malade. Avec le recul, et beaucoup de concentration sur les bribes de souvenirs qu'il arrivait à attraper de l'Autre, qui ressemblaient plus à des sensations, des sentiments forts et du ressenti direct et brut plutôt que de réelles images... logique, conscientes, censées.
Mais Bruce voyait parfaitement bien, des yeux de l'Autre, comment Loki avait eut l'air durant l'affrontement. Ou plutôt, juste après, quand ils avaient... tout fait pour l'arrêter ? Du moins, le pensaient-ils. Bruce avait malheureusement vu ce même regard, sur d'autres visages, dans d'autres pays, mais la douleur était la même.
Il aimait dire qu'il était assez calé en médecine pour pouvoir aider comme il le pouvait dans des contrées reculées et sans plus. Mais c'était un mensonge, parce qu'à l'époque, c'était bien plus prestigieux - et intéressant pour lui - de faire ses expérimentations de physique et de chimie avancées. Et il voyait parfaitement les cernes, la peau pâle - pas... pâle, malade - et le léger tremblement de ses mains, et même de tout son corps.
Loki était toujours sur le canapé, en fait il n'avait pas bougé d'un poil depuis que l'un de ses fils l'avait poussé à s'asseoir. Son plus jeune fils... Le fameux Harry Potter, le sauveur du monde sorcier, était assit à côté de lui, et si Bruce voyait la main crispée de Loki sur la cuisse de son enfant et que ce dernier la caressait doucement sans en avoir l'air, discret, ça n'allait pas être lui qui allait le relever.
- Est-ce que vous allez bien ?
Bruce sursauta, ravalant un juron coloré.
Il n'avait pas vu le fils de Loki se rapprocher jusqu'à ce qu'il soit à côté de lui. Lui aussi observait les Avengers goûter à de l'alcool sorcier pour la première fois, et pour ce que ça valait, Bruce avait eut à peu près la même réaction quand il avait goûté au whisky pur feu la première fois.
Bruce jeta un coup d'œil à Fenrir, s'il se souvenait bien, et déglutit un peu.
- Pardon ? Demanda-t-il doucement.
Celui qui était capable de se transformer en loup géant si on en croyait la légende - et c'était bien le cas au vu de ce que Bruce ressentait de l'Autre quant au fils de Loki - se tourna vers lui, le visage vide et malgré la situation, Bruce ne sentait pas de... mauvaises vibrations venant de lui ? Ce n'était pas qu'il était empathique, en tout cas pas plus que le commun des mortels, mais depuis que l'Autre était arrivé dans sa vie, il était encore plus ouvert aux sentiments des autres jusqu'à presque sentir véritablement ces sensations comme des vagues qui l'avaient mit mal à l'aise pendant un temps.
Et bien entendu, le fils de Loki savait ce qu'ils risquaient à trop le chercher et avait sans aucun doute consciencieusement enfermé tout ce qu'il pouvait ressentir pour paraître et être le plus paisible pour l'approcher. D'un autre côté, il était un Dieu, il ne risquait pas grand chose avec l'Autre et encore moins Bruce qui ne faisait pas vraiment le poids.
- Est-ce que vous allez bien ? Répéta Fenrir d'une voix calme et paisible.
Bruce sentit un léger sourire un peu amère étirer ses lèvres.
- Ne vous en faites pas, vous ne risquez pas d'avoir une visite impromptue de l'Autre, déclara-t-il en hochant la tête.
Il se détourna en avalant un soupir pour prendre un des verres que Tony avait laissé sur la table et alla se servir un verre d'eau dans la cuisine. Seulement, Fenrir l'y suivit.
- Ce n'était pas vraiment ce que je voulais savoir ? Sembla-t-il s'inquiéter.
Bruce se tourna vers lui, son verre en main, et fronça un peu les sourcils. Fenrir, lui, l'observait comme s'il ne voyait pas du tout de quoi il parlait. Cette fois-ci, le scientifique était quelque peu surpris... Et un peu perdu, il fallait le reconnaître.
- Qu'est-ce que vous voulez savoir, exactement ? Demanda-t-il en lui jetant un coup d'œil.
- Est-ce que je ne vous mets pas trop mal à l'aise, termina d'expliquer Fenrir en ne détournant pas le regard.
Bruce s'arrêta un instant. Le mettre... mal à l'aise ? Lui ? Comment était-il supposément faire cela ? Bruce était cette fois-ci réellement perdu. Il regardait l'autre homme sans trouver quoi rétorquer, clignant simplement des paupières. Le fils de Loki lâcha un léger soupir et décroisa ses bras pour les glisser dans ses poches.
- J'aimerais que vous me le disiez. Je comprendrais que vous préféreriez que je recule, malheureusement Monsieur Stark nous a proposé de venir vivre ici, et nous comptons bien accepter sa proposition, expliqua-t-il.
Bruce ne fit que le regarder de nouveau, sans trouver quoi dire de plus qu'un :
- Comment cela ?
Fenrir haussa un sourcil en le fixant. Bruce réussit à se secouer et bougea un peu pour éviter de se liquéfier de stress juste devant lui. Mal à l'aise ? Si. Il l'était, mais pas pour ce qu'il pensait.
En réalité, il ne comprenait même pas où il voulait en venir.
- Docteur Banner ? Le poussa un peu le fils de Loki, et Bruce secoua la tête.
- Pourquoi ? Dit-il seulement.
Fenrir fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté.
- Pourquoi quoi ?
Bruce haussa les épaules.
- Juste... Pourquoi ? Répéta-t-il d'une petite voix.
Le regard de Fenrir, qui jusqu'alors n'avait été qu'un énorme bout de glace sans émotion, s'adoucit un peu.
- Je suis capable de me transformer en loup et je peux prendre la taille d'un éléphant. J'ai, en plus de cela, pas été très cordial avec votre alter-ego, expliqua-t-il doucement.
Bruce baissa les yeux et joua avec l'eau dans son verre.
Il ne s'inquiétait pas d'une quelconque possibilité de perte de contrôle de sa part.
Au contraire, il s'inquiétait de son bien-être.
C'était un choc.
Entre Tony qui l'acceptait tout entier sans même y réfléchir à deux fois et lui, c'était... C'était beaucoup plus d'humanité envers lui que ce qu'il pouvait supporter.
- Je... Commença-t-il.
Doucement, gardant son regard fixe sur son verre d'eau en évitant les yeux de l'autre homme, il déglutit et secoua la tête.
- Je vais bien avec ça. Vraiment, répondit-il enfin.
Et c'était vraiment le cas. Il rit un peu amèrement.
- En fait, ça me rassure plus qu'autre chose, de réaliser que quelqu'un serait capable de tenir tête et de contenir l'Autre, s'il décidait de sortir, avoua-t-il à mi-voix.
L'autre homme garda le silence pendant quelques instants, mais ne quitta pas la cuisine.
- Puis-je vous poser une question indiscrète ? S'enquit-il plutôt.
Bruce ravala un soupir, prit une gorgée de son eau et hocha la tête.
- Vous êtes capable de prendre tout comme moi une forme différente, commença Fenrir d'une voix calme. Est-ce une personnaè indépendante, ou une partie de vous exacerbée qui se manifeste ?
Le scientifique déglutit et fronça un peu les sourcils. Il releva enfin la tête et regarda l'autre.
- Je ne sais pas, et j'avoue ne pas vouloir savoir, répondit-il d'un ton sec.
Il grimaça un peu, parce que c'était une question logique, une inquiétude sensée. Seulement, Bruce n'aimait pas parler de cela, jamais... C'était assez dur comme ça, il avait assez honte comme cela.
- Est-ce que...
Bruce regarda le fils de Loki, qui secoua la tête sans finir sa question. Seulement maintenant, Bruce était curieux.
- Oui ?
Fenrir lui jeta un coup d'œil et haussa les épaules.
- Sans vouloir être méchant ou trop m'avancer, vous semblez avoir de gros problèmes de contrôle, ou tout du moins, vous vous en inquiétez. J'ai cru comprendre que vous connaissiez le monde magique avant le retour de Harry, avez-vous pensez à demander conseil à des meutes ?
Bruce l'observa en fronçant un peu les sourcils.
- ... Meute ?
Fenrir osa esquisser un sourire.
- Peut-être que vous ne savez pas tout, alors. Oui, une meute. Des meutes de loups-garous, précisa-t-il.
Le scientifique s'humidifia les lèvres, déglutissant de nouveau difficilement.
- Je... J'avoue que je ne savais pas que ça existait pour de vrai... Enfin, si, j'avais en quelque sorte deviné que certaines légendes, certains mythes étaient vrais, puisque la magie existe belle et bien, mais...
Mais il ne s'était jamais vraiment attardé là-dessus, ne réfléchissant pas vraiment à tout ce qui pouvait être désormais vrai, maintenant qu'il connaissait un des plus grands secrets au monde. Fenrir hocha la tête en croisant les bras sur son torse, se rapprochant un peu pour lui aussi prendre un verre.
- Mes loups-garous sont malheureusement un peu moins paisible que moi, pendant encore quelques années en tout cas. Seuls ceux qui sont nés ainsi ont moins de problèmes de contrôle.
- Vos loups-garous ? S'enquit Bruce, intéressé.
Fenrir eut un sourire un peu penaud.
- Oui... Disons que quand je suis arrivé sur terre, je n'étais pas dans le meilleur état d'esprit... Expliqua-t-il presque délicatement. Pour ne pas dire que j'étais totalement fou. Tout esprit conscient avait été étouffé durant mon isolement forcé, et... Loki ne pensait pas à mal en me sortant de là, déclara-t-il vivement en jetant un coup d'œil à Bruce. Mais même lui ne pouvait pas me contenir, il ne voulait justement plus que je sois enchaîné. Alors, oui, en arrivant sur terre, j'ai... J'ai dérivé entre conscience et inconscience pendant une petite décennie...
Il haussa les épaules, et Bruce sentait un peu de gêne provenir de lui.
- J'ai... Je suis les deux, cette forme-là et le loup, il n'y a pas de distinction, ce n'est même pas une autre partie de moi. Je suis un loup, autant qu'un Ase, expliqua-t-il. Mais à ce moment-là, j'étais plus Loup que Ase, et c'est cette scission qui m'a rendu plus ou moins fou.
Bruce ne connaissait pas cette situation particulière, ne savait peut-être pas jusqu'alors, mais... D'une certaine manière, il comprenait. S'il y avait bien quelqu'un qui pouvait comprendre la perte de contrôle, c'était bien lui.
- La morsure peut ou pas transmettre mon venin, et après cela, une partie de l'âme humaine se tord et se transforme pour accueillir un loup, expliqua Fenrir. Les individus réagissent plus ou moins différemment à la transformation, mais les mordus passent tous par cette phase où le contrôle n'est qu'un vague concept presque onirique tellement un rien les agace. Vous savez leur secrets pour un contrôle optimale avec une sérénité en plus ? S'enquit Fenrir avec un petit sourire.
Bruce secoua la tête. Une partie de lui se moquait gentiment de Fenrir, ne pouvant pas s'imaginer un moment de vie sans se battre contre cette noirceur coléreuse à l'intérieur de lui. Mais une autre partie de lui était... désireuse ? Envieuse de savoir ? Un peu d'espoir aussi. Beaucoup. Fenrir ne quitta pas son sourire et haussa les épaules.
- La communauté, déclara-t-il.
- Vous voulez dire... comme une meute ? S'étonna Bruce, peu convaincu.
Fenrir rit légèrement, un rire grave qui faisait raccord avec sa voix rocailleuse.
- C'est exactement cela, Docteur Banner. Au delà de l'aspect purement lupin, parce que c'est une caractéristique qu'ils partagent avec les loups plus traditionnels, avoir ce qui se rapproche le plus d'une famille pour être là quand ça ne va pas, quand le contrôle s'effiloche, ça rend les choses bien plus facile. De plus, une meute, une communauté est ce qui ancre quelqu'un dans la réalité. En quelque sorte, expliqua-t-il en haussant les épaules.
Bruce le regarda sans réussir à trouver quelque chose à dire, parce que ça lui paraissait un peu utopiste comme vision des choses. Et au vu du regard que Fenrir posa sur lui, il savait que Bruce n'était pas convaincu.
- Il me serait simple de rentrer en contact avec l'une des meutes locales, si vous le désirez. Ils peuvent avoir des pistes de contrôles auxquelles vous n'avez pas penser, lui offrit-il.
Bruce s'humidifia les lèvres et hocha lentement la tête.
- Je n'ai rien à perdre, n'est-ce pas ? Déclara-t-il sans attendre de réponse.
Fenrir ne fit que sourire, lui offrit un signe de tête et se détourna sans un mot de plus, laissant Bruce à ses pensées.
Le scientifique le regarda partir, réfléchissant à ses mots et à ce que cela pouvait offrir pour son futur. Il n'osait pas vraiment espérer que sa situation change du tout au tout, bien au contraire, et réfléchissait encore au fait de rester à New York, là où Tony le voulait, et il voulait rester. Il était passionné d'aider les gens dans la mesure du possible, il aimait cela, mais la proposition de l'autre scientifique, cette possibilité de pouvoir se poser enfin, de respirer... Et des laboratoires ! De quoi recommencer à faire des recherches, à se plonger de nouveau dans des liquides et des béchers...
Il voulait rester. Il voulait prendre du temps pour lui et se poser quelque part sans avoir à s'inquiéter de l'Autre et de ses crises de colère...
Mais il ne devait pas se perdre dans un espoir vain, c'était se voiler la face.
Bruce soupira et termina son verre, le laissant dans le coin cuisine pour se rapprocher des gens.
Miss Romanov avait fermé les yeux, son verre terminé posé sur la table basse devant elle et ses joues étaient roses. Barton avait enfoncé son visage dans sa cuisse en geignant, avachi sur le sol et Rogers appréciait son verre, visiblement heureux que l'alcool sorcier puisse lui donner un peu de sensations. Si le sérum annulait réellement tout les effets non-habituels pour le corps humain, c'était un peu dommage. Le Capitaine America, l'homme toujours dans une forme olympique.
Tony semblait ne pas vouloir perdre la face, mais il était un peu rouge, son verre un peu tremblant dans sa main mais furieusement bien campé sur ses jambes. Bruce sourit un peu, amusé par son comportement. Derrière le canapé, Thor appréciait lui aussi son verre, visiblement heureux que l'alcool humain puisse être apprécié même par un Asgardien.
Loki, quant à lui, sirotait son verre en évitant totalement le regard de tout le monde, flanqué de ses fils, Fenrir était derrière le canapé, une véritable sentinelle. Il lui jeta un coup d'œil, hocha légèrement la tête avant de reporter son attention sur la conversation que tenait Tony avec miss Potts, posant discrètement sa main sur la nuque de son père, qui sembla fondre sous son contact.
Bruce les observa un instant. Harry lui avait clairement prit la main, même s'il ne le regardait pas et écoutait plutôt la conversation de son amie retrouvée avec Tony, et de l'autre côté de Loki, Jôrmungrandr avait son bras sur le dossier du canapé, encerclant son père.
Ils le protégeaient.
D'une manière ou d'une autre, les enfants de Loki s'inquiétaient tellement pour leur père qu'ils formaient une véritable carapace tout autour de lui.
Bruce réfléchit.
D'un autre côté, il aurait fait de même s'il avait été dans cette situation. Enfin, en quelque sorte, pas avec son propre père, mais quelqu'un à qui il tenait ? Totalement. Au vu de ce qu'il s'était passé avec Loki, le peu de considération qu'il avait eut mis à part de ses enfants et de Tony, leur réaction était logique. De plus, si ce dernier leur avait proposé de venir vivre ici, comme il leur avait dit quelques jours plus tôt, il était un peu normal qu'ils soient aussi crispés, aussi mal à l'aise. Après tout, ils se retrouvaient à faire face à ceux qui avait endigué l'invasion, et ceux qui étaient si prompt à condamner Loki - non sans raison à ce moment-là.
Alors Bruce ne dit rien, parce que déjà, ce n'était pas son affaire, mais il allait tout faire pour ne pas être trop invasif.
Il n'avait pas de raison de ne pas croire la version des faits des enfants de Loki. De plus, peut-être que tout le mythe autour de Harry Potter était un culte à la personne, mais... Mais quelqu'un qui se sacrifie dans une guerre pour sauver le plus grand nombre et y mettre fin, n'aide pas un psychopathe à se défaire des charges pesant sur lui. Du moins, l'espérait-il.
Alors oui, Bruce comprenait leur réaction, leur défense pour le moment pas hostile, mais qui pouvait le devenir très rapidement, à propos.
Il bougea un peu et sourit doucement en entendant Tony chouiner un peu en se rapprochant de Miss Potts.
- Peeeeep, allez ! Supplia t-il presque.
Mais la PDG de Stark Industrie secoua vivement la tête, le visage sombre et apparemment bien campée sur sa position.
- C'est toujours non, Tony, dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine, son verre terminé.
- Mais-
- Je ne sais pas depuis combien de temps vous la connaissez, mais sachez que c'est totalement vain de plaidoyer avec elle, s'amusa Harry avec un sourire sur les lèvres.
Miss Potts tourna la tête vers lui, lui envoyant un regard sombre, et le sorcier leva la main avec un air d'excuse.
- Désolé, mais tu sais que c'est vrai.
- Ne commence pas, Harry, dit-elle d'une voix sèche. Parce que si je refuse que Tony rencontre ma famille malgré le fait qu'il sache maintenant, c'est totalement le contraire pour toi. Tu as intérêt à aller voir maman avant de faire ton grand retour dans le monde sorcier, asséna-t-elle en haussant un sourcil.
Le sorcier cligna des paupières un instant avant de déglutir visiblement difficilement, prenant son verre pour le terminer en une grande gorgée. Il toussa un peu et secoua la tête.
- Oh par Merlin, je vais mourir... Se retrouva-t-il à marmonner, et derrière lui, Fenrir renifla ce qu'il semblait être une moquerie.
- Ça, je ne te le fais pas dire, termina Miss Potts avec un sourire qui arracha un frisson à Bruce.
Même quelque part dans son esprit, l'Autre gémit un peu d'inquiétude, mais il resta étrangement calme.
- Harry !
Tony se détourna de son ancienne assistante personnelle pour s'asseoir à côté du sorcier, posant son verre sur la table.
- Allez, toi, tu es gentil, dis-moi pourquoi Pep ne veut pas que je rencontre sa famille, hm ? Toi, tu vas être gentil, tu vas me dire où ils sont, hm ?
Miss Potts soupira et ne fit que lever les yeux au ciel, dissimulant difficilement un sourire.
- Pas un mot, Harry, déclara-t-elle pourtant.
- Mais, Pep-
- Pourquoi tu ne veux pas qu'il rencontre ta famille ? S'étonna le sorcier en souriant un peu, fronçant légèrement les sourcils en les regardant tour à tour.
Miss Potts eut un frisson exagéré et écarquilla les yeux.
- Tu te moques de moi, Harry ?! S'exclama-t-elle.
L'autre sorcier ne fit que hausser les épaules, ne voyant visiblement pas où elle voulait en venir.
- Déjà, imagine papa dans la même pièce que Tony, et pour un peu qu'il ait son costume avec lui ? Le chaos sur terre.
Harry perdit son sourire, s'imaginant apparemment la scène peu glorieuse.
- Oh.
- Hm hm, acquiesça Miss Potts en hochant vivement la tête. Et les autres ? Charlie ? Percy- Oh, par Merlin, Percy ! Tu imagines Percy dans la même pièce que Tony ? Déjà qu'il m'en veut énormément pour mon ascension fulgurante dans le monde moldu alors qu'il rame dans le monde sorcier... Et Georges ? Tu l'images deux secondes avec Georges ? Dit-elle en détachant les mots avec minutie.
Harry frissonna de nouveau et secoua la tête, peu de couleur sur le visage.
- Oui, non, d'accord, je vois.
La moue que leur offrit Tony arracha un sourire à Bruce, qui l'observa soupirer, croiser les bras sur son torse et bouder en s'enfonçant dans son siège.
- Vous êtes vraiment, mais alors vraiment pas marrant tous les deux, marmonna-t-il en leur envoyant des regards noirs.
Miss Potts ne fit que sourire et hocha la tête dans sa direction.
- Merci Tony, je travaille beaucoup pour obtenir ce résultat, susurra-t-elle malicieusement.
Tony, sans aucune autre forme de procès, lui tira la langue et Bruce ne pu retenir son rire, attirant l'attention de l'autre scientifique sur lui. Il sauta sur ses pieds et se précipita vers lui.
- Brucie Bear, tu te rends compte ? Tu as vu comment ils sont avec moi, ces mécréants ?!
Il lui attrapa le coude et commença à le tirer derrière lui.
- Toi au moins, tu me comprends. Allez viens, que je te présente nos magnifiques laboratoires et ateliers. Des étaaaages entiers, je suis sûr que ça va te plaire.
Bruce rit un peu mais se laissa faire, sentant une petite torsion agréable de son estomac, l'anticipation.
- Tony- Commença Miss Potts.
Mais ce dernier ne fit que lever la main en l'agitant vers elle.
- Nope ! Je te boude ! Moi, je vais aller jouer un peu, à la prochaine ! Clama-t-il en entrant dans l'ascenseur.
Les portes se refermèrent sur une vision d'une Pepper Potts soupirant en secouant la tête, visiblement habituée à ce comportement à en croire son sourire sur les lèvres.
.*.
- Monsieur, je me vois dans l'obligation de vous informer que cela fait déjà huit heures que vous êtes dans le laboratoire avec le Docteur Banner. Miss Potts a mit une alerte pour que je vous prévienne de vous sustenter avant qu'elle n'aille se coucher.
Tony fronça les sourcils en relevant le nez de son ordinateur et croisa le regard aussi surpris que le sien de Bruce, qui se redressa sur sa chaise.
- C'est une blague ? S'étonna l'autre scientifique avec une voix craintive, alors que Tony s'étirait.
- Oh non, crois-moi. Si JARVIS nous dit que ça fait huit heures qu'on est ici, c'est qu'on est ici depuis huit heures, répondit-il en ravalant un bâillement.
- En effet, Docteur Banner, répondit son IA. Vous êtes descendu ici à dix-sept point quarante cinq et il est présentement une heure du matin.
Bruce perdit toutes ses couleurs et regarda Tony.
- Oh, my... Je suis désolé ! Oh non, ce n'est pas vrai, je... je suis désolé, je n'ai pas vu le temps passer, je- commença-t-il à paniquer, mais Tony ne fit que sourire en secouant la tête et agitant les mains devant lui.
- Hey, calme-toi, Brucie Bear ! Ce n'est pas du tout la première fois que ça m'arrive ! Le rassura-t-il en lui souriant. En fait, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé avec quelqu'un, au delà du sexe ! Ça fait du bien de pouvoir discuter avec un cerveau brillant qui arrive à suivre mes sauts comme tu l'as fait, lui déclara-t-il.
Il travaillait dessus, ce n'était pas de sa faute si son cerveau ne s'arrêtait jamais et qu'il allait beaucoup trop loin. On n'arrivait que peu à le suivre quand il partait dans ses délires scientifiques, mais Brucie avait admirablement tenu le coup. Ça ne le surprenait pas vraiment, parce que son travail passé avait révélé un esprit brillant, mais ça faisait vraiment chaud au cœur de le constater de ses propres yeux.
- Si je puis me permettre, Monsieur, vous n'avez pas prononcé un mot depuis plus deux deux heures, intervint JARVIS.
Tony fronça les sourcils et fit la moue, rangeant le bureau sur lequel il s'était étalé.
- JARVIS, JARVIS, mon doux JARVIS, tu le sais bien, pourtant : la science n'a pas besoin de mots, que de chiffres ! Et de quelques lettres, de temps en temps.
Bruce renifla un peu, amusé, avant de prendre de nouveau une bouille penaude.
- Tout de même, je suis désolé, répéta-t-il. Je ne voulais pas tant t'accaparer, mais...
Il regarda le laboratoire autour de lui, et il vibra presque d'excitation.
- Ça faisait longtemps que je n'avais pas eut accès à un laboratoire, et même avant, je n'avais jamais eut de laboratoire aussi beau et à la pointe, avoua-t-il avec presque des étoiles dans les yeux.
Tony hocha la tête avec un sourire.
- Je sais, c'est Candyland, hein ? Déclara-t-il, très fier.
C'était son propre laboratoire, qu'il avait construit exprès juste en dessous de l'atelier. Il avait prévu beaucoup de choses pour les projets futurs de Stark Industrie, et même s'il y avait des laboratoires dans les étages inférieurs, ils étaient réservés pour les recherches et les innovations de ses employés. Avoir son propre laboratoire était parfait, pour faire ses propres recherches et ses propres trouvailles, n'ayant qu'à descendre un petit escalier pour enchaîner une idée et ne pas avoir à salir son atelier réservé à l'ingénierie.
Et si Brucie voulait venir s'amuser ici, qui était-il pour lui refuser un peu de plaisir ?
Puis Tony cligna des yeux en réalisant que malgré tout l'amusement qu'il avait pu avoir avec Bruce ici, eh bien... en fait, il s'était tellement amusé qu'il avait complètement oublié le monde extérieur.
- Euh... Hm. JARVIS ? Se racla-t-il la gorge. Comment ça s'est passé quand on est partit ? S'inquiéta-t-il légèrement.
Très légèrement, parce que s'il y avait eut quelque chose de très important et de très grave, JARVIS les aurait sortit de leur petit écart scientifique.
- Monsieur Potter-Lokison et Miss Potts ont rattrapé le temps perdu. Monsieur Barton n'a pas dit grand chose, préférant écouter. Miss Romanov a cependant commencé une conversation avec Monsieur Rogers et Monsieur Lokinson, le deuxième. Monsieur Odinson a visiblement voulu plusieurs fois parler à Monsieur ... Loki, mais n'a pas osé. Et Monsieur Loki est resté silencieux entre ses enfants.
Tony hocha la tête.
- Et Fenrir ?
- Il est lui aussi resté silencieux, mais pas hargneux, répondit JARVIS.
- Je pense qu'il ne va pas faire de problème, intervint Bruce.
Tony le regarda et haussa un sourcil. Bruce, lui, haussa les épaules.
- J'ai eut le temps de discuter un peu avec lui. Il s'inquiétait de si sa présence me provoquait une quelconque gêne. Je ne pense pas que ça lui plaît d'être ici, mais tu as raison. Il ne commencera rien, pas s'il peut l'empêcher.
- J'espère juste que personne ne va penser à le titiller, rétorqua Tony.
L'autre scientifique haussa un sourcil peu impressionné.
- Comme tu as prit l'habitude de le faire avec moi ? Rétorqua-t-il.
Tony cligna des paupières et le regarda, inquiet.
- Je... Je vais trop loin ? S'inquiéta-t-il réellement.
Dès le début, il avait été taquin avec Bruce. Pas pour faire sortir Hulk – bien que ça pouvait être un peu drôle, parce que... parce que Hulk ! - mais Pepper et Rhodey lui avaient tous deux déjà dit, il allait quelquefois trop loin.
Il était parfois trop taquin. Il poussait quelquefois un peu trop, s'attendant inconsciemment à ce que les gens soient aussi blindés que lui quant à l'espace personnel, ce qu'il n'avait jamais eut avant d'avoir son propre atelier. Alors peut-être qu'il était un peu trop familier avec Bruce. Avec le Docteur Banner.
En réfléchissant à ce qu'il avait fait sur le Hellicarrier, en cherchant le Tesseract, piquant les côtes de l'autre scientifique avec un petit bout pointu... Oui, d'accord, il avait abusé, ce n'était pas vraiment ce que l'on faisait quand on rencontrait pour la première fois quelqu'un.
Mais eh.
L'autre scientifique était capable de se transformer en un énorme monsieur tout vert, avec un apport de masse soudain considérable, ce qui défiait toutes les lois appliquées sur terre et sûrement dans tout l'univers - sauf qu'il y avait la magie à prendre en compte maintenant...
Il était comme ça, impulsif, et d'après Pepper, avec un instinct de conservation équivalent à celui d'une moule. Eh puis eh ! Ce n'était que pure curiosité scientifique !
Mais d'un autre côté, l'autre homme devait en avoir un peu marre d'être traité soit comme un monstre, soit comme une expérience scientifique.
Seulement, avant même qu'il ne puisse se mettre à paniquer assez sérieusement, Bruce sourit et posa sur lui un regard entendu.
- Tony, lui dit-il avec une voix légère. Si ça me dérangeait, tu le saurais. L'Autre t'aurais clairement fait comprendre que la situation ne lui plaisait pas, s'amusa-t-il à lui rappeler.
Tony s'humidifia les lèvres.
- Mais tu me le dirais tout de même, si j'empiétais trop, n'est-ce pas ? S'inquiéta-t-il tout de même.
Face à lui, l'autre scientifique fronça un peu les sourcils, sans aucun doute un peu surpris que lui, Tony Sans-Aucune-Gêne Stark, s'inquiète réellement de sa situation.
- Oui, Tony, je te promets que si tu dépasses un jour les limites, tu seras le premier mit au courant, lui apprit-il presque en susurrant.
Tony cligna des paupières en le regardant et laissa un ricanement quitter ses lèvres. Oui, ça faisait du bien de penser qu'il était capable de blaguer sur son petit soucis de colère.
Peut-être qu'il ne lui en voulait pas trop, alors.
Le regard de Bruce brillait lui aussi d'amusement, avant qu'il ne les ferme brutalement pour bailler sans visiblement pouvoir se retenir et Tony se redressa en faisant craquer son dos.
- On continuera notre petite fantaisie scientifique demain, déclara-t-il.
La main devant sa bouche, le regard brillant de larmes, Bruce hocha un peu la tête.
- Ouais, c'est une bonne idée... Réussit-il enfin à répondre.
Tony se moqua légèrement de lui et l'attrapa par le coude pour le tirer à sa suite pour aller dans l'ascenseur.
- JARVIS, les enfants sont tous au lit ?
- Oui, Monsieur. Miss Potts est dans la chambre attenante à la votre à votre étage.
- Les membres de l'équipe ?
- A l'étage des invités où vous vous êtes réfugié après les retrouvailles de Miss Potts et Monsieur Potter Lokison. C'est Miss Potts qui leur a proposé l'étage et les chambres.
- Et eux ?
- Miss Potts et Monsieur Potter Lokinson ont décidé qu'il serait mieux de les séparer. Miss Potts a proposé l'un des étages vides et elle et Monsieur Potter Lokison ont... Fait apparaître des lits, Monsieur.
Tony grogna un peu.
- Je suis trop jaloux de leur magie, marmonna-t-il en fronçant les sourcils.
- Ils ont aussi nettoyé en quelques mots l'endroit et Miss Potts a fait apparaître des lits en plus. Miss Romanov et Monsieur Barton partagent une chambre, et Monsieur Rogers et Monsieur Odinson ont accepté de partager une autre. Il reste deux chambres de vides à leur étage temporaire, continua JARVIS.
L'ingénieur hocha la tête en réfléchissant. Puis il se tourna vers Bruce.
- Est-ce qu'une des chambres à leur étage te convient, ou je te trouve un étage pour toi tout seul ? Demanda-t-il, soucieux de son bien être.
Bruce lui sourit légèrement, les yeux un peu brumeux de fatigue, cette dernière le rattrapant enfin et dissipant son excitation scientifique.
- Si tu m'avais posé la question il y a quelques jours, je t'aurais dit que je préférerais un étage à moi seul, mais j'ai dormi pendant une semaine dans une chambre attenante à la tienne, à Jim et Rogers quand il était trop tard pour qu'il rentre au S.H.I.E.L.D. Je pense que je peux tenir une nuit sans m'angoisser de me transformer pendant mon sommeil, dit-il doucement.
Tony le regarda un instant.
- Zut, c'est pour ça que tu étais fatigué ces premiers jours, constata-t-il.
Il n'y avait pas pensé. Tony pensait toujours à beaucoup de choses à la fois, mais bien souvent, il manquait des choses importantes. Pour lui, et pour les autres. Il n'avait pas réfléchit et ne s'était même pas posé une seule fois la question de savoir si Bruce n'allait pas avoir de problème à dormir dans une maison avec d'autres gens, et il aurait pourtant dû y penser.
Quelques fois, il était plus idiot que génie.
Bruce haussa les épaules et cacha un bâillement derrière sa main.
- Oui, en quelques sortes. Mais je ne me voyais pas refuser ta gentillesse, un lit et un espace intime. Je m'y suis fait, étrangement.
Il offrit un petit sourire à Tony.
- Peut-être que le fait que tu ne t'inquiète justement pas de ça a aidé, avoua-t-il.
Tony haussa les épaules.
- Je ne vais pas te cacher que je n'y avais même pas pensé, déclara-t-il. Mais même maintenant, je ne m'inquiète pas. Je sais qu'il y a des risques que tu te transforme en pleine nuit...
Dieu, si Tony avait lui aussi un alter-ego qui sortait pour faire coucou de temps en temps après un peu de colère, lui aussi se transformerait toutes les nuits, il le savait.
- ... Mais je ne m'en fais pas. Peut-être que Hulk n'est pas aussi clairvoyant que toi ou que moi, mais il l'est assez pour m'avoir sauvé. Ce n'est pas un geste anodin, lui rappela-t-il avec un regard entendu;
Parce que Tony n'avait jamais fait face à Hulk. Il ne lui avait jamais réellement parlé, à aucun moment. Il n'avait fait que discuter avec Bruce, rien d'autre, Hulk n'était arrivé dans la bataille que quand Tony était déjà haut dans les airs, il ne lui avait pas parlé. Alors pourquoi le Géant Vert avait-il prit le temps de le sauver, hm ?
Bruce grimaça un peu et secoua la tête.
- Non, nope, je ne veux pas penser à tout ça maintenant, je suis trop fatigué.
Il soupira un peu.
- Mais... JARVIS ? Demanda-t-il en levant le visage vers le plafond de l'ascenseur.
- Oui, Docteur Banner ? Lui répondit paisiblement son IA.
- Si... Si tu constates que ma nuit est particulièrement agitée et que je commence à devenir un peu vert, pourrais-tu réveiller Fenrir, s'il te plaît ? S'enquit-il.
- Bien entendu, Docteur Banner.
Ce dernier sourit et hocha la tête.
- Pourquoi le fiston de Loki ? S'enquit Tony en haussant un sourcil alors que l'ascenseur s'arrêtait à l'étage où dormait les Avengers.
- Parce que s'il y a quelques petites choses dont je suis sûr en ce moment, c'est que tu n'as visiblement pas assez peur de moi, commença Bruce avec un sourire amusé. Et que d'une manière ou d'une autre, l'Autre est calme en présence de Fenrir, et je sais sans aucun doute qu'il est un des seuls à pouvoir le maîtriser si besoin, termina-t-il d'une voix sûre.
Tony hocha la tête et laissa Bruce le saluer d'un signe de la main en sortant de l'ascenseur, mais le salon à l'étage des Avengers n'était pas vide, comme l'avaient-ils pensé.
Les deux frères venus de l'espace se faisaient face, et la tension était palpable dans l'air. Un peu de colère aussi, mais Thor semblait être plus repentant que virulent. Les deux Dieux tournèrent la tête vers l'ascenseur, Tony retenant la porte de ce dernier - parce qu'il était une commère, voyez ? - et Bruce s'arrêta un instant, hésitant.
- Euh... Ne faîtes pas attention à moi, déclara ce dernier avec un petit sourire contrit et un petit saut dans le pas.
Il gigota un instant avant de déglutir, balança sa main vers Tony pour lui dire bonne nuit et disparu dans le couloir après avoir offert ses salutations aux deux Dieux.
- Monsieur Stark, retenez l'ascenseur s'il vous plaît, demanda ensuite Loki d'une voix sombre, lui jetant un coup d'œil.
Tony hocha la tête et braqua son regard sur le mur de ce dernier pour éviter d'écouter la conversation, mais malheureusement il n'y avait aucun autre bruit dans la tour, les vitres étouffant le bruit de la ville encore animée en contrebas.
- Je suis sérieux, Odinson; susurra Loki à une octave très basse, tranchante et pleine de colère froide. Tu fais ce que tu veux, mais tu ne t'approches pas de mes enfants.
- Il n'en était pas question, mon f- Loki, répondit le Dieu du Tonnerre avec un peu de douleur dans la voix. Je... Pour ce que ça vaut, je suis désolé.
- Tes excuses viennent un peu tard, cracha Loki, et Tony reconnaissait ces éclats dans la voix.
De la peur, de la colère et beaucoup de désespoir. Pour Loki, il n'y avait que ses enfants qui comptaient, et il avait peur que Thor fasse quelque chose pour les lui retirer à nouveau.
Pas si Tony pouvait y faire quelque chose. Parce que Tony aimait mettre son nez partout où il n'avait pas lieu d'être en premier lieu. Il ne le disait vraiment pas assez en ce moment, mais # Team Loki.
- Je sais, mon frère, murmura Thor.
Tony ne dit pas un mot et ne bougea pas d'un muscle alors que Loki s'engouffrait dans l'ascenseur et que les portes se fermaient derrière lui.
Les deux hommes restèrent un instant dans le silence, l'ascenseur ne bougeant pas.
- Je suis désolé pour ça, dit enfin Loki d'une petite voix fatiguée.
Tony lui envoya un sourire en coin et secoua la tête.
- Pas d'excuse nécessaire ici; Reindeer Games. JARVIS, le Penthouse, dit-il ensuite.
Loki lui jeta un coup d'œil et Tony haussa les épaules.
- Je te dois toujours un verre, non ? S'amusa-t-il légèrement.
Il réussit à arracher un rire surpris et amusé au Dieu, quoiqu'un peu faible.
Silencieusement, les portes s'ouvrirent de nouveau et Tony fredonna un peu en s'avançant, les lumières du Penthouse s'allumant doucement mais pas à pleine intensité, un lueur chaude et douce, intimiste.
Il s'arrêta un instant et regarda autour de lui, un peu surpris par ce qu'il y voyait. Ou plutôt, ce qu'il ne voyait pas. Jusqu'alors, enfin, la dernière fois qu'il avait fait attention à son Penthouse, ce dernier avait prit un peu cher avec l'arrivée de Loki. Beaucoup de poussière de plâtre, du verre brisé, quelques bouteilles d'alcool cassées et un de ses canapés éventré.
Mais pas là. Plus là. Il n'y avait plus rien, tout était de nouveau comme avant - quelques bouteilles d'alcool derrière son bar en moins, cela dit -, c'était comme s'il ne s'était rien passé et c'était... étrange. Surprenant. Mais dans le bon sens. Loki s'en rendit compte et suivit visiblement la même ligne de pensée, puisqu'il s'avança derrière lui et se racla la gorge.
- Notre arrivée était un peu présomptueuse, commença le Dieu. Et imprévue. Ce n'est pas grand chose au vu des dégâts que j'ai infligé, mais nous avons voulu vous rendre les choses telles qu'elles étaient, Monsieur Stark, lui expliqua-t-il en croisant les bras sur son torse, évitant son regard.
Tony renifla, amusé, puis secoua la main.
- Pas de Monsieur Stark entre nous, Reindeer Games. Tony c'est très bien. Et merci, c'est sympa, c'est toujours ça de moins à faire, sourit-il.
- C'est plutôt à moi de vous remercier pour ce que vous avez fait pour nous, déclara le Dieu en se crispant un peu.
Ah, il était comme lui : Visiblement peu friand des fêtes. Tony haussa les épaules.
- Il fallait bien que quelqu'un le fasse, et je n'ai aucune confiance en Fury pour faire le bon choix dans cette situation. Tout comme leur Conseil Mondial, ou que sais-je encore. Je suis quelqu'un de profondément hypocrite et profondément injuste, et je déteste l'injustice, ricana-t-il en s'avançant.
Il passa derrière son bar et fut lentement rejoint par Loki, qui avisait de la pièce derrière lui - recherches de sorties, parade d'évitement, aucune confiance.
Bien, un réaliste, ça arrangeait les choses.
- Tout de même. Je n'étais pas présent quand vous êtes venu voir mes fils, mais ils m'ont expliqué ce que vous aviez fait, et j'ai moi-même constaté des répercussions de vos actions dans les médias. J'ai une énorme dette envers vous, déclara-t-il minutieusement, avec beaucoup de froideur dans la voix.
Tony haussa les épaules et posa devant lui un verre d'une liqueur au citron légère en alcool, s'en servant lui aussi quelques gorgées. Il avait encore la gorge qui picotait un peu de la boisson sorcière - soooorcière, dammit - que Pepper avait bu plus tôt.
- Oublions cette histoire de dette, veux-tu ?
Loki se crispa un peu plus et lui envoya un regard noir, serrant ses mâchoires.
- Ce n'est pas parce que mon f- Thor pense que je n'ai pas d'honneur que c'est le cas, commença-t-il, mais Tony secoua la tête en levant la main.
- Nope, de nouveau, quiproquo. Ce n'est pas du tout une question d'honneur ou quoi que ce soit. C'est un geste totalement intéressé de ma part, et tes fils sont parfaitement au courant, déclara-t-il.
Loki posa sur lui un regard suspect, plissant des yeux.
- C'est à dire ? Demanda-t-il d'une voix froide.
Tony sentit un frisson de danger remonter le long de sa colonne vertébrale et ce petit pic d'adrénaline - le même qu'il avait senti quand Loki s'était tenu à moins d'un pied de lui pour essayer de prendre possession de lui en lui mettant le sceptre en plein milieu de sa poitrine - et il sourit.
- Eh bien oui. Je ne sais pas si tu es au courant Reindeer Games, mais je suis un peu considéré comme un génie sur cette planète. On m'aime, on me déteste, mais il n'empêche. Et ce qui nous est tombé sur le coin du nez il y a une semaine ? Ce n'était pas joli à voir, et ce n'est surtout pas fini.
Loki le regarda sans rien dire. Tony haussa les épaules.
- Je suis impulsif, mais pas assez inconscient pour ne pas comprendre que ce n'est que le début, et que ce qui arrive est bien plus gros. Ce qui nous amène à vous tous. Il vaut mieux vous avoir à nos cotés plutôt que de s'attendre à un miracle. Alors oui, je me suis arrangé pour que vous ne soyez pas embêté en restant sur terre, mais on s'est mit d'accord avec tes enfants. Le gîte et le couvert en échange d'un peu de votre magie pour faire les réparations. En espérant que l'on puisse trouver par la suite un terrain d'entente pour faire face à ce qui nous arrive.
Il s'accouda au bar, levant son verre vers Loki.
- N'est-ce pas raisonnable ? S'enquit-il avec un sourire complice.
Le Dieu l'observa un long moment sans rien dire, le jugeant du regard, avant qu'un peu d'amusement ne teinte son regard si vert et qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres.
- Étonnamment, si, répondit-il.
Et Loki trinqua avec Tony.