Mort, mon Beau-Père et Moi

Harry Potter - J. K. Rowling The Avengers (Marvel Movies)
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Mort, mon Beau-Père et Moi
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Summary
Qu'importe dans quelle prison il se fait enfermer, sur Midgard ou sur Asgard, Loki s'en fiche : Ses garçons sont enfin ensemble, sains et saufs. Seulement voilà, Harry ne va pas le laisser comme ça, et apparemment, Stark non plus. Le Roi de Hellheim s'élève, puissant, mortel... Et personne ne lui prendra son père. Personne. La Magie rencontre alors les Avengers, et tous doivent apprendre à vivre ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Parce que Thanos arrive, ignorant des nouveaux protecteurs de Midgard, et comme c'est dommage.Oui, vraiment.Dommage pour lui. Et dommage pour Odin, qu'il reste sur son Trône celui-là, aussi, ou ça ira très mal pour lui.
Note
Merci à Pipousan et Plurielle pour la correction ! JE N'AI PAS VU ENDGAME, JE NE VEUX PAS LE VOIR, ET JE NE VEUX RIEN SAVOIR ! PAS DE SPOIL DANS LES COMS - au moins pour les deux premiers mois, soyez cool - MERCI !
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Chapter 5

    Le Néant est glacial, silencieux. Il prend tout, il arrache, il détruit. Après, il n’en reste plus rien. Et lui est là, son esprit détruit par la perte, par la douleur, son coeur ne supporte pas les nouvelles qu’il a reçues, il n’en... peut ... plus...

    Il veut mourir. C’est la seule chose qui le tient encore en vie.

    Non.

    Ses enfants.

    Ses petits, ses tous petits. Ils ont besoin de lui.

    Non, ils n’ont jamais eu besoin de lui, jamais. Ils s’en sont toujours sortis sans lui, parce qu’il n’est qu’un lâche qui a écouté un usurpateur qui lui a arraché ses enfants.

    Il va payer.

    Il va payer un jour, parce que ses petits ignorent que lui est là.

    Que son cadet ignore même son existence, et qu’il est mort sans même qu’il ait pu le serrer une fois dans ses bras, sentir son odeur. Son petit, son tout petit.

    C’est lui qui a besoin d’eux. C’est lui qui a besoin de ses enfants pour ne pas devenir fou, pour ne pas perdre la tête. C’est lui, le père, qui a besoin de savoir que ses enfants vont bien. Parce qu’il ne vit que pour ça. Parce qu’au fond, il n’a jamais voulu que ça, même si on ne lui a pas laissé le choix.

    Il aurait dû se lever et arracher ce choix à celui qui le lui avait volé .

    Ses enfants... Il veut voir ses enfants.

    Il a besoin d’eux, mais lui est là, là où il n’y a rien, rien que le vide, le froid, le silence. Ni haut, ni bas, ni aucune consistance, où il se retrouve écartelé, détruit de l’intérieur, implosion, explosion, trop de pression alors qu’il n’y en a justement aucune.

    Son esprit se détruit un peu plus dans ce Vide.

    Vide.

    Vide.

    Vide...

    Et quand la Lumière est de nouveau là, quand cette porte s’ouvre juste devant lui comme un Salut qu’il n’attend pourtant plus, un tout autre Enfer s’ouvre sous ses pieds.

    Loki hurle.

.*.

    Quand il ouvrit les yeux pour se trouver dans le noir, qu’importe qu’il soit sous une couverture agréable qui retenait pourtant plutôt bien la chaleur, tout ce que Loki pouvait sentir était ce froidglacial qui enlaçait son esprit et ses poumons dans des griffes acérées.

     Plus rien n’allait.

     Son coeur battait une chamade plus que désordonnée, ses poumons refusaient d'accueillir de l’oxygène, il allait mourir. Il allait mourir là, dans cette cellule, alors même que Thanos ne le torturait pas à ce moment-là.

     Il allait mourir et disparaître dans un cri de douleur incompréhensible, dans la noirceur à des milliards de milliards d’années lumières de ses enfants, et il n’était même pas sûr d’avoir la possibilité de revoir sa fille, qu’importe ce que les Norms lui avait promis, que la Mort les réunirait tous.

     L’Âme d’Harry avait disparu, personne ne pouvait le retrouver, Loki était incapable de pouvoir avoir tous ses enfants avec lui, même dans le Repos Éternel.

     Ne pas penser à ses enfants, il ne devait pas penser à ses enfants. Sinon Thanos allait savoir, il allait savoir, il allait les découvrir et les chercher pour les torturer, et Loki ne voulait pas que ses enfants vivent ce qu’il était en train d’endurer, pas ses enfants, pas ses enfants !

    Et maintenant que les mains du Titan fou étaient sur lui, il se débattait, encore et encore, son souffle refusant toujours de venir dans ses poumons, cet oxygène dont il n’avait pas besoin, il voulait mourir, que tout s’arrêteenfin !

     Puis soudainement, il n’y eut que de la douceur. Une douceur qui repoussa le silence, qui repoussa la panique, qui repoussa la douleur et les souvenirs que trop vrais , une douceur et une chaleur qui repoussa la glace de son coeur et Loki se retrouva à pleurer comme s’il n’était qu’un petit enfant, dans les bras de sa mère.

     Sauf que ce n’était pas sa mère.

     - Chut... Chut, tout va bien, tu vas bien, calme-toi, chut, respire... chut...

     Une main dans ses cheveux, une main douce, son visage se retrouva dans un cou, on le tenait pas les épaules et quelqu’un était dans son dos, le tenant serré, et une autre source de chaleur, plus chaude encore, une chaleur étouffante et accueillante posée sur son corps. C’était lourd et ça le tenait dans la réalité, et Loki put enfin respirer, ainsi entouré de ses enfants, Harry le tenant fermement dans ses bras, Jörmungand pressé dans son dos, respirant contre sa nuque, et Fenrir sous sa forme de Père des Loups allongé sur eux tous, pressant Loki dans le matelas et le gardant là, juste , sur Midgard, où il était avec ses enfants ; loin , si loin de Thanos.

     Il retomba dans un sommeil plus calme cette fois-ci, la conscience au bord de l’effondrement.

.*.

     Harry soupira en se laissant tomber sur le canapé miteux qu’il y avait dans cet appartement qu’ils squattaient allègrement, la fatigue lui tombant sur la nuque, traîtresse. Sur la table étaient toujours posées les boîtes de pizza que Tony Stark avait eut la gentillesse, l’amabilité de leur ramener et à côté, la tablette tactile qu’il leur avait laissé.

     Harry n’avait jamais été au fait de la technologie moldue, même quand il était encore ici, à l’école, alors maintenant, après des centaines d’années - non, Harry, douze ans. Tu n’as disparu de la terre que depuis douze ans, il faut que tu te fasses à cette idée -  c’était comme regarder de nouveau par les interstices de la porte de son placard, les épisodes de Stark Trek que Dudley aimaient tant quand il était enfant.

     Le sorcier... Le Sauveur du Monde libre se sentait vieux. Vieux, et perdu. Vieux et fatigué, et malade de tout ce qu’il s’était passé quelques jours plus tôt.

     Voilà. Il était libre. Il était enfin libre de cette dimension affreuse où il avait passé beaucoup trop de temps, et le revoilà sur la route, à fuir, encore. Il n’avait pas été seul à 17 ans, il n’était de nouveau pas seul ici et maintenant.

     Le canapé s’affaissa un peu et Harry rouvrit les yeux pour jeter un coup à son frère le plus vieux, qui venait le rejoindre avec une bouteille de bière à la main et une autre qu’il lui tendit.

     - Tiens, louveteau, marmonna le père des Loups-garous et Harry sourit en acceptant la bouteille d’un petit bruit fatigué.

     Les deux fils de Loki - fils, père, il avait un père encore en vie et presque bien portant, là, juste là derrière la porte de la chambre - restèrent en silence quelques instants, sirotant leurs boissons en se tenant l’un à côté de l’autre.

    - Ça ne va pas aller en s’arrangeant, déclara soudainement Harry en bougeant un peu sur le canapé.

     Il aurait pu garder le physique qu’il avait eu quand il était mort et qu’il était devenu le roi de Helheim , mais revenir à Midgard, revenir sur la Terre, sur sa planète et dans son monde, lui avait.... quelque peu ouvert les yeux sur sa puissance ? Oui, on pouvait dire ça ainsi.

     Il avait passé des siècles dans une dimension où il aurait dû disparaître en fumée s’il n’était pas devenu le Maître de la Mort et immortel, il avait passé des siècles à se battre, à gagner ou à perdre, à revenir, encore et encore malgré son corps mutilé qui reprenait toujours sa forme originelle.

     Il avait passé des siècles dans un corps d’à peine 20 ans, il ne pouvait plus le supporter.

     Alors quand il avait senti , quand il avait su et intimement compris qu’il pouvait changer son corps à sa guise, ou tout du moins se faire paraître plus jeune ou plus âgé d’une simple pensée , et que ce n’était même pas un sort à tenir, juste une véritable régénération de ses cellules ou au contraire, un vieillissement accéléré, que c’était définitif jusqu’à ce qu’il en décide autrement, il n’avait pas hésité. Il avait abandonné son corps de vingt ans pour faire un saut dans le temps jusqu’au physique qu’il aurait dû avoir s’il avait continué de vieillir sur Terre.

     Mais ce n’était pas parce que c’était son corps qu’il ne trouvait pas cela étrange. Quelques minutes, il n’y avait pas de différence, puis soudainement il voyait rapidement son reflet dans le miroir, si mature et bien plus adulte que tout ce qu’il avait vécu jusque là, et il ne se reconnaissait pas. Pas tout de suite, il lui fallait quelques longues secondes avant de pouvoir se dire Oh, oui. J’ai trente ans maintenant. Trente ans, plus vingt.

     - Je sais, lui répondit Fenrir d’un ton calme.

     Enfin, aussi calme qu’un loup-garou en pleine possession de ses pouvoirs pouvait l’être.

     - Hela a peut-être guéri les blessures et les déchirures suintantes et saignantes que Thanos a pu faire à son esprit, ce n’est pas pour ça qu’il est guéri. Les cicatrices sont encore là et vont encore faire mal pour un long moment, soupira Harry en fermant les yeux, se passant une main sur le visage.

     - Je sais, Harry, répondit Fenrir d’une voix sombre.

     Il bougea sur le canapé pour poser sa main sur l’épaule du sorcier. Ce dernier frissonna un instant et se laissa aller contre sa douceur, sachant que cela lui coûtait beaucoup que d’être tactile avec quelqu’un qu’il ne connaissait officiellement que depuis quelques jours.

     - Je connais les syndromes post-traumatiques, Louveteau. Et même si les Asgardiens ne sont que des idiots en jupettes dorées qui déprécient leurs soldats atteints de ce genre de douleur, nous ne sommes pas comme ça. Père est malheureusement passé plusieurs fois par là, notamment quand tu as disparu, et on ne l’a pas laissé tomber. On ne le laissera pas tomber, et qu’importe s’il se réveille de nouveau de ses cauchemars en hurlant, on sera là.

     Sa main remonta jusqu’à sa nuque et la pressa doucement, une présence chaude contre sa peau et sa tension s'atténua sans même qu’il ne le réalise, et Harry soupira de plaisir en se laissant aller contre le canapé jusqu’à ce qu’il soit blotti contre le flanc de son aîné, le nez de ce dernier contre sa tempe et sa main dans ses cheveux.

     - On sera là aussi pour toi, Harry. Je te le promets, on sera là et vous irez tous les deux bien, lui assura Fenrir d’une voix grave, un grondement agréable qui faisait se sentir Harry en sécurité.

     Le sorcier se sentit se détendre un peu plus, se laissant aller dans la chaleur de son frère, le coeur battant presque douloureusement entre ses côtes, et il soupira.

     - Je suis désolé, Harry, murmura Fenrir contre sa peau, croyant sûrement qu’il s’était endormi.

     Le sorcier rouvrit un oeil mais ne bougea pas pour autant.

     - Pourquoi ? S’enquit-il plutôt dans un murmure.

     Contre lui, son aîné se crispa un peu avant de se détendre, mais beaucoup moins qu’il ne l’avait été plus tôt.

     - C’est moi qui ait insisté auprès de Père pour qu’il n’interfère pas dans ta vie, même en restant caché, s’expliqua-t-il délicatement. C’était égoïste, et je ne voulais pas vous mettre dans une telle situation précaire, mais c’était une question de survie.

     Harry ne dit rien, le laissant parler.

     - Tu n’étais pas sensé savoir, n’était pas sensé apprendre tes origines. Et tu es mortel, enfin, tu l’étais tout du moins. Un clignement de paupière pour nous. Il ne pouvait pas venir te voir directement mais voulait te surveiller de loin pour éviter d’attirer l’attention d’Odin sur toi, et je lui ai dit de ne pas le faire, lui avoua Fenrir en gardant une voix détachée.

     Le sorcier le laissa parler, voulant savoir où il allait avec cette information.

     - C’est pourquoi nous ne nous sommes pas investi dans la guerre. C’est pourquoi nous ne sommes pas venus.

     Fenrir resserra sa prise contre autour de lui, tout de même assez délicat, sa force pouvant l'étouffer en quelques secondes et briser chaque os de son corps. Mais Fenrir ne lui ferait aucun mal, Harry le savait, c’était une connaissance, un fait gravé dans sa chaire, dans sa peau et son âme. Il le savait, c’était tout. Fenrir était son Alpha, il était un de ses petits, il ne lui ferait aucun mal tant que Harry ne serait pas dangereux pour lui. Et jamais le sorcier ne lui fera du mal.

     - Il ne m’a pas écouté, bien sûr. Et il nous parlait tellement de toi... J’en étais arrivé au point où je voulais te rencontrer sans me décider à faire le premier pas. Et tu as disparu avant même que je ne puisse faire quoi que ce soit, et je suis désolé.

     Harry soupira et haussa les épaules en s’enfonçant un peu plus contre Fenrir.

     - Je sais, dit-il simplement.

     Son frère ne dit rien, attendant sûrement qu’il développe.

     - Quand il s’est laissé attrapé, clarifia Harry. Il a remis en place des sorts de dissimulation pour éviter que Heimdall ne me voit et m’a donné beaucoup de ses souvenirs. Il m’a montré ce que Odin lui a dit pour le convaincre de le laisser vous prendre, il m’a montré comment il se sentait après avoir perdu Hela, comment il s’est senti quand il a été obligé de voir Sleipnir si près sans pouvoir le toucher.... Quand il vous a retrouvé, quand il a rencontré maman et ce qu’il s’est passé après...

     Il soupira.

     - J’ai vu vos disputes, j’ai vu comment vous étiez tous les deux quand Odin m’a banni. J’ai vu.... Beaucoup de choses. Et tout est là, dans ma tête, comme un vieux film que je peux un peu revoir... un peu...

     C’était assez compliqué à expliquer. Il savait que c’étaient les souvenirs de Loki, il savait et le sentait, c’était un peu comme le souvenir ténu d’un film vu des années auparavant. Les sensations étaient présentes, mais c’étaient les siennes, provoquées par ce qu’il pouvait se souvenir. Il y avait bien un peu de sensations qu’il savait appartenir à son père, mais rien d’aussi douloureux que ce que pouvait ressentir réellement Loki.

     - J’ai vu, je sais pourquoi tu lui as dit ça. Et je comprend Fenrir, ne t’en fais pas.

     Harry bougea pour prendre la main de son frère dans la sienne et la serra doucement.

     - Ça va, Fen, dit-il doucement.

     - C’était un choix égoïste que je t’ai arraché sans même que tu n’en sois conscient, déclara l’autre d’une voix serrée.

     Harry réfléchit un instant à ce qu’il venait de dire et soupira.

     - C’est vrai, reconnut-il. Mais... Je te l’ai dit, je sais pourquoi. Je l’ai compris. Ça va, ne t’en fais pas. Tout va bien, non ? S’enquit-il un peu suspicieux.

     Fenrir resta silencieux un moment avant que Harry ne le sente hocher la tête.

     Apparemment, son aîné ne voulait plus en parler. Le sorcier ne mentait pourtant pas, il savait exactement pourquoi Fenrir avait été réticent à ce que Loki ne s'attache à son dernier fils.

     Après tout, les humains ne vivaient qu'un vie bien courte par rapport aux Asgardiens, ou plus exactement dans ce cas, par rapport à Loki et ses autres enfants. Harry ne pouvait que comprendre qu’après des années à détester leur père autant qu’à l’aimer et à désirer ne plus le voir blessé... Que Fenrir et Jör appréhendaient l’existence de Harry et sa mortalité trop proche et bien plus douloureuse que la perte de ses enfants précédents, parce que eux étaient au moins en vie. Harry savait que même si ses aînés étaient autant une surprise que lui, Loki avait malheureusement eu le temps de les attendre, d’attendre leur naissance avec impatience et se faire en premier lieu à l’idée de devoir l’abandonner pour l’un, puis l'appréhender, baisser sa garde pour être une nouvelle fois poignardé en plein coeur, jusqu’à ce l’angoisse et la terreur le rende malade.

    Lui, il était la surprise de surprise. Il n’avait apprit son existence que par pur hasard, sa mère n’avait eut aucun moyen de le contacter.
    Il était l’enfant de la dernière chance, la surprise de trop, celui qui avait eut la possibilité d’être caché et d’être en sécurité.

    Ça n’avait pas trop fonctionné malgré toutes ses précautions, mais qu’importe.

    Aussi froid et aussi affreux que cela puisse paraître, Harry comprenait réellement. Alors non, il n’allait pas en vouloir à Fenrir d’avoir voulu protéger leur père d’une perte de plus. Même s’il avait toujours profondément désiré une famille qui lui avait toujours été refusé, il n’avait jamais grandi avec. Et ce que l’on a jamais connu ne pouvait malheureusement pas nous manquer. Harry avait eu beaucoup de temps seul pour réfléchir, peut-être même un peu trop . Ils n’avaient déjà que trop perdu de temps, il ne voulait en perdre plus.

    La colère ne servait plus. Elle ne servait déjà pas beaucoup au départ, mais si elle pouvait être un moteur dans certains cas et quelques actions, ça ne serait qu’un poids trop lourd à porter désormais.

    - J’ai envie qu’on accepte la proposition de Stark, avoua-t-il soudainement.

    Stark n’était peut-être parti que depuis quelques heures, ce n’était pas pour autant qu'il avait délaissé ce qu’il s’était passé et ce que l’homme leur avait expliqué.

    Harry ne connaissait pas l’homme en lui-même. Certes, il avait le vague souvenir d’entendre parler de la mort des Stark, mais à l’époque il avait beaucoup à penser - encore un peu ébloui par la magie et tout ce qui l’entourait, c’était la période des fêtes de fin d’année, et ils cherchaient à ce moment-là furieusement à savoir ce que pouvait cacher Touffu, donc...

    Donc non, il ne connaissait pas l’homme, ni apparemment le Héros qu’il était. Il avait vu par les souvenirs de son père ce qu’il pouvait faire - apparemment des robots, c’était assez impressionnant - mais il n’en savait pas plus. Seulement, Harry l’avait vu défendre Loki alors qu’il était supposément son ennemi, ayant vu au travers des manigances de celui qui avait torturé leur père. Et Harry ne connaissait Hermione que trop bien, il savait reconnaître un esprit brillant quand il en voyait un, même s’il n’en était pas particulièrement un. Cet homme était un génie, et Harry n’allait pas lui retirer cela. Surtout que ça allait dans son sens en ce moment.

    - Je veux dire, il nous offre le gîte et le couvert, un endroit pour faire face à tout ce qu’il s’est passé, où Loki pourrait reprendre pied avec la réalité... Même si on sait que cela va prendre du temps. Mais en plus de cela, on ne se connait même pas. Ce n’est pas en deux jours qu’on a pu apprendre à se connaître, ce n’est pas... on est pas les mieux placés pour l’aider si en plus de cela on doit penser à fuir, encore et encore, ou s’engueuler parce qu’on a pas fait les courses ou parce qu’on se marche dessus, soupira-t-il en ne bougeant pourtant pas de la place fort confortable qu’il avait contre son frère.

    Fenrir ne dit rien mais continua de jouer avec ses cheveux, prouvant qu’il l’écoutait pourtant.

    - Je sais que faire confiance comme ça, juste pour quelques mots, ce n’est pas la meilleure idée du siècle. Je sais que tu n’es pas à faire confiance comme ça, je ne suis pas idiot. Mais on peut toujours avoir un plan de secours, je ne pense pas que Hermione soit du genre a accepter de donner à Stark des sorts puissants pour nous empêcher de partir, elle ne l’aidera jamais s’il veut nous faire du mal. Je ne pense pas qu’il soit capable de nous garder enfermé quelque part, il nous serait possible de partir rapidement si on en a besoin. Mais j’ai vraiment envie de prendre sa main tendue, dit-il enfin. Au moins pour un temps.

    Fenrir resta silencieux, encore, mais semblait réfléchir. Enfin, il ouvrit la bouche pour prendre une respiration.

    - Il ne faut pas que tu le prennes comme ça, je n’ai confiance en personne, déclara son aîné d’une voix sombre, ce qui était en fait sa voix habituelle, un baryton sombre. Il a fallu des décennies avant que je ne fasse confiance à Jör, et un siècle et demi avant que je ne fasse confiance à notre père. Il m’est un peu plus facile de te faire confiance au vu de tout ce que tu as vécu, mais je ne pense pas que ce soit le propos ici. Je ne pense pas que Stark s’attende à ce qu’on lui fasse confiance. Je ne pense pas non plus qu’il ai confiance en nous. La presse a trop souvent tendance à l’oublier, mais avant de faire mumuse dans les airs avec un joli et brillant costume, Anthony Stark était avant tout un génie, un ingénieur de renom et surtout, un requin dans les finances. Il a gardé à flot et fait prospérer une société de plusieurs milliards de dollars des années avant que Virginia Potts ne devienne son assistante personnelle et ne régule ses apparitions.

    Fenrir soupira et Harry le sentit hausser les épaules.

    - Il connaît mieux que quiconque la valeur des échanges, des contrats. Il sait mettre de son côté les alliés dont il a besoin et qui mieux que lui sait manier les mots. Il a des valeurs et il sait s’y tenir, alors... Alors je ne vois pas pourquoi il chercherait à nous piéger, déclara-t-il. Ça ne nous coûtera rien de rester tout de même sur nos gardes.

    Harry hocha la tête et soupira un peu.

    - Si on peut rajouter un peu de magie pour sécuriser le tout... Mais je dois reconnaître que ce qu’il nous demande en échange n’est pas déraisonnable je trouve, déclara Harry.

    - Ça, je dois reconnaître que c’est bien vrai.

    Du canapé, Fenrir et Harry se redressèrent tous deux alors que Jör fermait doucement la porte de la seule chambre de l’appartement derrière lui.

    - On est en train de parler de Stark, non ? Leur demanda-t-il avec un sourire.

    Harry hocha la tête et quand Jör leur demanda ce qu’ils avaient décidé, Fenrir sourit.

.*.

    - Bonjour Monsieur. Nous sommes le 7 Mai 2012, il est 09h23, vous êtes dans le manoir Stark des Hamptons. Il fait 17°, le temps est un peu couvert et nuageux, et vous allez bien.

    Tony, encore piégé de ses draps dans lesquels il s’était enroulé durant cette nuit très agitée, prit une respiration difficile et haletante. Son coeur battait très... très douloureusement entre ses côtes et il n’était que trop conscient de la présence du réacteur arc dans sa poitrine.

    C’étaient des douleurs fantômes, il le savait, c’était la panique, il fallait qu’il respire calmement, qu’il calme sa tension, qu’il calme la terreur de ces songes monstrueux.

    Comme s’il était capable de repousser une telle panique.

    Au dessus de lui et à côté de son lit, du haut-parleur de son starkphone, il entendait la voix paisible de JARVIS continuer de répéter les informations du jour, encore et encore, et Tony avait l’impression à nouveau d'être de retour de l’Afghanistan. Il mit un moment avant de se calmer, et il était de très, très mauvaise humeur.

    Il avait réussi à dormir trois heures, ce qui n’était pas si mal au vu de la situation. Avec un soupir, Tony remercia JARVIS et se leva. Il se débarbouilla rapidement, toujours incapable de rester plus de quelques secondes sous l’eau, qu’importe qu’elle soit chaude, et ouais, putain, c’était totalement l’Afghanistan de nouveau .

    Dieu bénisse JARVIS et sa trop grande connaissance de son créateur, puisqu’en arrivant dans la cuisine de la grande maison, une cafetière toute chaude l’attendait, et ça sentait bon, et il se sentit déjà un peu mieux.

    Il soupira de plaisir en se laissant tomber sur le canapé d’un des salons - le plus près de la cuisine - et resta quelques secondes ainsi, sans bouger, parce qu’il était damné confortable, ce canapé. Puis avec un grognement, il posa ses jambes sur la table basse, rapprocha le sachet de petites brioches qu’il faisait importer de France - parce que bon dieu, même ce qui était sensé être de la trash food là-bas était à se damner - et le nez à moitié dans son café pour sniffer directement les vapeurs, alluma distraitement la télévision pour faire face aux informations.

    La veille, il avait passé la soirée à regarder les différentes réactions de la population au discours du président américain, des images de ce qu’il s’était passé sur l'île, l’invasion des putain d ’extra-terrestres , et les retombées des actions de chacun. Pour le moment, il n’avait pas eu vent de quelconque détracteurs prêts à déverser leur haine sur Loki, les gens étaient bien au contraire reconnaissants de ce prince déchu - comme l'appelait la presse - qui avait utilisé une technologie alien pour protéger les humains au péril de sa vie. Le S.H.I.E.L.D. et le Conseil Mondial avait mis dans le discours du président une explication rapide sur Loki et son frère Thor : que le premier avait disparu lors d’un accident sur sa planète d’origine, et que le second était venu sur terre en ayant retrouvé sa trace ici, parmi les humains.

    Oui, en effet, Loki avait fait une entrée fracassante en Allemagne lors d’une réception, les images parlaient d’elles-mêmes et on ne pouvait rien dire contre, mais les images montraient aussi la lueur inquiétante qui émanait du spectre que Reindeer games tenait à la main, qui faisait écho à la couleur de ses yeux sur les images. Technologie capable d’influencer les signaux électriques du cerveau , avait déclaré le président d’un ton calme.

     Contrôle mental , une vérité qui effraie , avaient surenchéri les journaux. A aucun moment, on ne chercha à crucifier la pauvre victime qui s’était pourtant mise en danger pour eux et qui avait fini par les sauver . Tony aurait tout de même pensé devoir un peu plaider en la défense du grand à cornes, mais il n’avait apparemment pas besoin de trop en faire, voire même pas du tout. C'était suréaliste.

    Et apparemment, une nuit de sommeil pour les américains et de nombreuses heures à regarder les diffusions pour le reste du monde, n’avait pas du tout changé l’opinion publique. Désormais, tournaient les images des caméras de sécurité de la ville de New York où on voyait parfaitement les aliens attaquer et les Avengers surenchérir. On parlait de cet Alien Thor, Dieu du Tonnerre - un vrai Dieu, sur terre, mais pas celui attendu par la majorité des Américains, et c’était tellement étrange -, on parlait du Hulk et de nouveau Harlem, on parlait de pardon pour celui qui semblait se transformer en cette chose verte immense qui avait lui aussi protégé de fiers concitoyens américains et qu’au fond, il ne devait pas être si mal . On parlait de cet homme qui, Oh dieu, ressemblait tant au feu Capitaine America, paix à son âme, qui brandissait fièrement le même bouclier, et qui était-il ?

    Enfin, on acclamait Anthony Edward Stark pour son presque sacrifice, parce que bien sûr que quelqu’un avait réussi à prendre en vidéo son geste. Le grand Iron Man qui était allé dans l’espace , qui avait à lui seul détruit ce qui semblait être toute une armée.

    Sur le canapé, face à l’écran, Tony avait délaissé son café pour observer d’un air perdu les images et les témoignages en sa faveur.

    Who. Ca... Hm, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas autant apprécié .

    Oh, attendez. Ça n’était jamais arrivé.

    Il était le mouton noir des États-Unis, le gamin chiant qui faisait que des bêtises mais qu’on terminait par pardonner, qu’on adorait détester parce qu’il était tout ce qui attisait la jalousie, riche, célèbre, et coureur de jupons. Lui qui n’avait jamais mérité sa fortune, parce qu’il n’avait rien fait pour la gagner, il était le fils de papa, et certes il était bon inventeur, mais l’arrêt de production d’arme avait fait beaucoup de mal à sa société, et encore heureux qu’il était riche à côté de ça, il avait mis beaucoup de sa poche pour que Stark Industrie n’ait pas à licencier pour faire face à la catastrophe.

    Oui, il n’allait pas se mentir, il avait un peu mis Pepper dans la merde avec son coup de tête. Mais c’était lui, c’était ce qu’il était, plonger la tête la première dans une idée en évitant habilement les conséquences désastreuses à coup de sourire et d’un peu d’argent, certes. Il n’était pas idiot ni utopiste - du moins, pas trop - il y avait toujours assez d’argent pour régler tout.

    Attention, il ne parlait pas là de corruption, ça non ! Pffeu, il crachait sur les corrompus et s’amusait même à les débusquer - est-ce qu’on parle du Sénateur Stern et de Justin Hammer, ou on en avait pas besoin ? - Non, Tony pensait plus au fait qu’il pouvait en effet se permettre de fermer la production d’arme et débourser assez d’argent pour garder tous ses employés au même salaire, voire même les aider à trouver de nouveaux emplois si la nouvelle direction de l’entreprise ne leur plaisait pas.

    C’était vrai qu’on en parlait pas trop dans les médias, parce que ce n’était pas vendeur, mais Tony prenait soin de ses employés. Parce que malgré tout l’argent qu’il pouvait avoir, il ne pouvait faire tourner une telle boite seul, encore moins avec seulement Pepper. Les employés étaient précieux et importants, et Tony se faisait une joie de les chouchouter.

    Mais voilà. Voilà que désormais, à la télé, là où tout le monde pouvait le voir, il était tourné en un héros national, bien plus magnanime que quand il avait annoncé être Iron Man - parce que bon, ne l’oublions pas n’est-ce pas , cette révélation tombe exactement au moment ou Stark Industrie a déjà perdu 10 point à la bourse, et quel meilleur coup de pub que le multimilliardaire Tony Stark s’agitant de nouveau sous le feu des projecteurs ? Le PDG de Stark Industrie illustre une nouvelle fois la surabondance et la surenchère dont peut faire preuve les États-Unis d’Amérique. Quand s’arrêtera l’homme pour exemplifier les mauvais clichés de l’Amérique ?

    Qu’est-ce qu’il disait ? La presse ne l’aimait pas. La population ne l’aimait pas plus que ça. Encore une fois, on adorait le détester.

    Mais Tony ne s’en faisait pas trop. D’ici quelques semaines, ils seront passés à autre chose, et il sera redevenu le petit mouton noir de la nation, dont on se plaignait que l’on passait tout. ( Eh, il avait toujours remboursé et fait reconstruire ce qui avait malencontreusement été détruit dans le sillage du costume, il y tenait ! )

    - Hey.

    Tony cligna des yeux et se redressa un peu pour tourner la tête. Il sourit en voyant Bruce Banner dans un pyjama gris qu’il avait sûrement dû trouver dans une des commodes, l’air encore fripé et une tasse de café à la main. L’autre scientifique observa le multimilliardaire d’un air un peu perdu.

    - Est-ce que tout va bien, j’ai l’impression que tu étais parti loin dans tes pensées, souligna le Géant-Vert-Par-Intermittence.

    Tony sourit un peu plus et lui tendit son sachet de briochette.

    - Brioche ? Des françaises, monsieur, rien que ça.

    Banner rit un peu et s’approcha pour en prendre une, s’installant ensuite à côté de Tony pour regarder les informations en continu. Il grimaça un instant en voyant des images du Hulk qui s’amusait beaucoup, puis soupira quand la vidéo faite par téléphone montrant Tony tombant du ciel et être rattrapé in extremis par le Géant passa pour la troisième fois depuis que Tony avait allumé la télévision.

    - Ça va être une épreuve de force niveau communication, n’est-ce pas ? Se lamenta-t-il un instant.

    Tony ricana en arrachant le sachet individuel d’une brioche pour la tremper dans son café.

    - Ça, tu n’as pas à t’en faire, je m’en occupe. Enfin Pepper. Enfin, Pepper et moi.

    Il fronça un instant les sourcils en suçotant le café de la brioche molle avant de mordre dedans.

    - On verra bien. Il faut que je l’appelle, parce que--

    - Monsieur, j’ai le Colonel Rhodes au téléphone , le coupa JARVIS.

    Tony ferma les yeux et sanglota faussement.

    - Naaaaan, mais je suis pas là, je suis toujours dans l’espace, là. Ça ne se voit pas ? Naaaan, mais tout va bien, dis-lui de rappeler quand je me rapproche de Saturne, déclara-t-il en s’enfonçant dans le canapé.

    Il n’allait jamais finir d’entendre parler de son imprudence s’il prenait l’appel. Il préférait laisser Rhodey se calmer un peu avant de prendre le risque de se faire assassiner par téléphone. Et il ne verra pas son ornithorynque préféré pendant au moins un mois, ça le sauvegardera des dommages corporels, et puis--

    - Anthony Edward Stark , je n’arrive pas à croire que tu as osé refuser mon appel !

    Tony se redressa dans le canapé comme un beau diable sorti de sa boite et en laissa même son café qui s'écrasa sur le sol. Sans même prendre le temps de réfléchir, il prit ses jambes à son cou, mais par tous les cercles de l’enfer, Rhodey ne le connaissait que trop bien ! Et avant même que Tony n’ai eut le temps de fuir la pièce, le Colonel James Rupert Rhodes l’attrapa par le col et le tira en arrière.

    - Oh non, pas cette fois, Tones ! Siffla son meilleur ami d’un ton sombre.

    Tony couina, parce qu’il n’était pas assez idiot pour ne pas être terrorisé par ce qui allait ensuite lui arriver. C’était Rhodey ! Qui avait eut cette idée étrange de déclarer Pepper, la personne la plus terrifiante de tout l’entourage de Tony ? Clairement, ils n’avaient jamais rencontrer Rhodey Babe.

    - Honey Bear, amour de ma vie, lumière de ma vie, crépuscule de mes rêves humides, tu ne peux pas me tuer, pas encore ! Clama-t-il en se débattant, agitant des mains inutilement devant lui en espérant que ses mouvements allaient le défaire de la prise de son ami.

    Pourtant, Tony connaissait Rhodey, il le savait, il savait paaaaarfaitement que cela ne servait à rien, mais on pouvait toujours espérer, n’est-ce pas ?

    Mais c’était Rhodey, son playpus d’amour, et bien sûr qu’il attrapa Tony pour le tourner vers lui et le serrer très fort contre lui.

    Et comme ça, juste comme ça, Tony abandonna le combat et se laissa aller contre son meilleur ami, parce que Rhodey était à la maison, et que ça irait bien ; il finirait pas aller bien.

    - Espèce d'abruti, j’aurais des cheveux blancs avant même que je ne comprenne ce qui m’arrive, marmonna Rhodey en le serrant très fort, ses lèvres contre sa tempe.

    - Encore faudrait-il que t’ai des ch’veux, marmonna Tony en abandonnant toute dignité pour enfoncer son visage dans l’épaule de son meilleur ami.

    Rhodey renifla mais ne dit rien, le gardant seulement dans ses bras. Et s’il tremblait un peu, Tony n’allait pas être celui qui allait le relever, parce qu’il tremblait tout autant. Ce n’était sûrement pas joli à voir.

.

    Quand il se détacha - au bout de plusieurs minutes, il fallait le reconnaître - les yeux de Rhodey étaient un peu rouges. Tony cacha son cœur douloureux derrière un sourire de façade, et le regard noir qu’il lui envoya prouva bien qu’il n’était pas du tout dupe.

    - Une bombe nucléaire au travers d’un trou de ver au dessus de New York ? Sérieusement, Tones ?!

    L’ingénieur haussa les épaules en reniflant.

    - C’était ça, ou ça explosait en plein milieu de New York. Ce n’était pas franchement mieux, marmonna-t-il en ne voulant plus vraiment en parler.

    Rhodey lui envoya un autre regard noir avant de soupirer et de poser fermement ses lèvres sur son front en enfonçant ses doigts dans ses épaules. Tony grimaça mais ne dit rien. Rhodey était un câlineur et Tony adorait ça, mais il n’était pas plus expressif que cela. Alors qu’il le soit autant avec lui, c’était que Tony avait vraiment foiré.

    Zut.

    Rhodey le lâcha pour croiser les mains sur ses hanches en soupirant, visiblement fatigué. Tony l’observa un instant en sentant son cœur descendre dans son ventre.

    - Hey, tu n’étais pas sensé être à l’autre bout du monde, toi ? S’enquit-il, inquiet.

    Son ami secoua la tête et se frotta la nuque. Il était toujours dans son uniforme, et ça inquiétait Tony.

    - Avec ce qu’il s’est passé, j’ai pris le premier avion pour rentrer. Il était hors de question que je reste loin de toi après ce qu’il s’est passé.

    Tony ne put  s’empêcher de sourire et gloussa même un peu.

    - Moooh, playpus , moi aussi je t’aime, tu le sais ça, s’amusa-t-il à ses dépends.

    Rhodey leva les yeux au ciel mais sourit tout de même. Bim, dix point pour le gamin intenable !

    - Pepper m’a appelé cinq fois, elle s’inquiète. Il faut que tu la rappelles le plus rapidement possible si tu veux profiter encore un peu de ta tête sur les épaules, dit-il ensuite en lui lançant un regard entendu.

    Tony grimaça, soupira et secoua vivement la tête.

    - Je ne peux pas m’occuper de ça maintenant. Nope. Noooope, pas encore. Je sais qu’il faut que je fasse une apparition, mais pas maintenant ! Les requins ont sentit le sang, ils sont de sortie et ça ne va pas être joli à voir.

    Il désigna la télévision sur laquelle tournait toujours les infos.

    - Ça va être une catastrophe médiatique à tenir. Tu te rends compte, ils pensent tous que je suis un martyr prêt à se sacrifier pour le prolo ! Tu imagines ?! Mooooi ?! Rhodey ! C’est de la diffamation ! Clama-t-il passionnément.

    Quelqu’un renifla d’un air amusé et Tony se sentit presque sautiller sur place de plaisir.

    - Rhoooodey ! Je ne t’ai pas présenté ! S’exclama-t-il.

    Il contourna son ami et se laissa tomber sur le canapé aux côtés de Bruce Banner, qui était toujours là, à les regarder depuis que Rhodey était entré.

    - C’est mon âme sœur scientifique, le docteur Bruce Banner. On va teeeellement changer le monde tous les deux, tu n’as aucune idée !

    Rhodey regarda son ami en retenant visiblement un soupir puis offrit un sourire à Brucie Bear alors que ce dernier se levait pour se présenter. Ils se serrèrent la main et Rhodey lui donna un sourire complice.

    - Avant que vous ne vous posiez la question, Docteur Banner : oui, il est toujours comme ça.

    Avant même que Tony ne puisse couiner, parce que aaaaah, hushi hush, Rhodhey ! ce dernier reporta son attention quelques instants sur la télévision, puis observa son ami.

    - Alors, raconte. Parce que ça sent le drama comme tu l’aimes tant, et qu’il faut que tu m’expliques.

    Tony sourit.

.*.

    Anthony Edward Stark termina sa tasse de café et grimaça en constatant qu’il était froid. Il secoua la tête en reportant son attention sur son meilleur ami, qui le regardait comme s’il le voyait pour la première fois. Banner les avait abandonné pendant quelques minutes quand Tony en était arrivé au moment où la bataille de New York avait commencé et était revenu quand Tony expliquait à Rhodey ce qu’il avait découvert en parlant avec Loki, images à l’appui.

    Bruce avait ensuite ajouté quelques commentaires, mais avait principalement laissé Tony faire la discussion jusqu’à ce qu’il termine d’expliquer l’entière situation, enfants de Loki inclus et le fait que ce dernier avait bien sauver les personnes de New York avec un mojo voodoo incompréhensible, mais dont il n’allait pas se plaindre maintenant. Ça, non.

    - Attends, Tones. Est-ce que tu es en train de me dire que pour une fois, ce qui passe à la télévision n’est pas un ramassis de conneries ? S'étonna Rhodey, l’air totalement soufflé.

    Tony ne fit que hocher la tête.

    - Bon, il y a peut-être certaines choses qui ont été arrangées - niveau technologie Alien, c’est pas vraiment ça, c’est genre de la magie , de la vraie, mais mis à part ça, yup. Ils n’ont pas parlé des enfants de Loki à la télévision, parce qu’il n’y a aucune image d’eux, et que ça aurait pu embrouiller les esprits si on leur avait dit que Loki s’était un peu laissé faire dans le lavage de cerveau puisque c’était une manière pour lui de cacher l’existence de ses enfants, maiiiiis mis à part cela, yep. C’est très vrai.

    Bon. Il ne lui avait pas non plus expliqué tout le fait qu’apparemment, il y avait tooooute une société secrète cachée à la vue de tous, déjà parce qu’il n’avait pas encore toutes les informations qu’il voulait, et qu’il n’était pas idiot, ce n’était pas le genre de choses à ébruiter. Le silence de Banner et pas même un regard dans sa direction confirma qu’il était sur la bonne voie.

    Rhodey soupira et se laissa aller dans le fauteuil dans lequel il était assis. Il s’était débarrassé de sa veste, ayant tout de même gardé son pantalon treillis et avait un t-shirt blanc uni. Dehors, il pleuvait, et son meilleur ami avait l’air fatigué.

    - Hm, je crois que je vais prendre ce café que tu m’as offert, marmonna-t-il en se pinçant l’arrête du nez.

    Tony sauta presque sur ses pieds, ne se faisant pas prier deux fois, parce que café .

    Quand il revint dans le salon, son meilleur ami semblait être plongé dans une conversation paisible et intéressante avec le Docteur Banner. Rhodey reporta son attention sur lui.

    - Alors. Les dieux de la mythologie nordique existent, déclara-t-il.

    - Yup.

    - Le Dieu du Chaos et des méfaits est un père aimant qui ferait tout et n’importe quoi pour ses enfants.

    - Yep.

    - Ils ont retrouvé Capitaine America, continua Rhodey avec une grimace sur les traits, pensant sûrement aux confessions de Tony sur son père et Rogers en plein milieu de la nuit, quand ils n’étaient encore que deux gamins au M.I.T.

    - Hmhm, continua Tony en hochant la tête.

    - C’est une tête de pioche, surenchérit Banner.

    Tony ouvrit de grands yeux et se tourna vers lui, surpris par cette phrase. Banner cligna des yeux, comme s’il était surpris que Tony soit surpris, et fronça un peu les sourcils.

    - Quoi ? Il s’est comporté comme un petit chef Monsieur-je-sais-mieux-que-tout-le-monde, j’étais là quand il t’a parlé sur le Helicarrier, je te rappelle. Et franchement, ni moi ni l’Autre ne sommes impressionnés par son comportement et ses propos. Il y a certaines choses et certaines opinions qu’il vaut mieux garder pour soi quand on veut être un être humain décent, qu’importe si on le pense vraiment, expliqua calmement le scientifique, mais avec une légère teinte verte dans ses yeux.

    Oh.

    Ah... Eh bien, ça pour une surprise, s’en était une. Il n’aurait jamais pensé que quelqu’un ne soit pas d’accord avec ce qu’avait dit Rogers dans cette pièce, sur le porte-avion volant.

    Rhodey lui envoya un regard surpris et suspicieux, attendant visiblement des réponses à ses questions silencieux, des explications sur le discours un peu cryptique du doux Docteur Banner, mais Tony ne voulait pas lui en fournir. Pas maintenant du moins. Pas du tout, d’ailleurs.

    Il secoua la tête ainsi que la main pour chasser la conversation, n’ayant pas vraiment envie de s’attarder sur l’énorme déception qu’était l’homme pour lequel son géniteur ne tarissait jamais d’éloge et avait rendu sa vie de famille inexistante. Vraiment, non, il ne voulait pas en parler.

    - On ne peut pas vraiment dire que j’ai été agréable moi aussi. Ce n’est rien, Gummy-Brucie , n’en parlons plus. Oh, hey ! Vous connaissez Netflix ? Ça commence tranquillement à faire son petit bout de chemin et sérieusement, c’est une révolution, ce truc, déclara-t-il en attrapant la télécommande pour détourner la conversation.

    Il vit les deux autres hommes se jeter un coup d’œil entendu, et c’était assez flippant de les voir se comprendre d’un seul regard alors qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques heures - voire qu’une seule en fait, ce qui était très dérangeant - et pire ! Ils se mirent d’accord en un geste pour ne pas le pousser.

    Qu’était en train de devenir sa vie ? Quelle idée aussi que de s’entourer d’esprits aussi brillants. Zut, Tony ne savait pas choisir ses amis, pffeu. Il se concentra donc un peu plus sur l’écran, bien décidé à trouver autre chose à faire et sourit en trouvant quelque chose. Comme si c’était tout à fait normal et commun, et avant même qu’ils n’aient eut le temps de se concerter plus que cela, ils étaient tous les trois devant la télévision en train de choisir un dessin animé à regarder.

    Aujourd’hui était une journée lâche, ainsi l’avait-il décidé. Tony se tiendrait loin du labo qu’il y avait dans le sous-sol, il prendrait un peu de temps pour lui, avec ses amis - enfin, avec son ami et son confrère, espérons qu’un peu d’amitié pourra se développer avec lui plus tard dans le futur - et c’était tout . Il n'allait pas faire plus, il était déjà assez fatigué comme ça, n’avait-il pas le droit à un peu de vacances ?

    Oh que si. Dieu, il le méritait un peu.

    Alors quand Raiponce se termina, que Tony eut décidé que pour son anniversaire, il voulait un lancer de lanternes, et que JARVIS le prévint que Pepper avait encore appelé pour lui parler des retombées médiatiques de cette histoire sur l’entreprise et son image publique, ainsi que pour de nouveau lui dire qu’elle voulait le voir pour lui parler et s’assurer qu’il allait bien, l’Iron Man hésita à prendre son appel. Il savait que s’il l’avait au téléphone, ça n’allait pas bien se passer, parce qu’il y avait certaines choses qui avaient besoin d’être dite en vrai, en face à face, mais qu’il ne se sentait pas assez bien dans ses chaussettes aujourd’hui pour faire face à sa douce mais piquante Pepper. Il ne voulait... il voulait....

    Tony avait toujours été doué en évitement, ça l’avait sauvé de plusieurs scandales médiatique et, à son avis, de dramas inutiles. Il avait appris douloureusement à faire face aux conséquences de ses actes, mais s’il y avait bien une chose qu’il voulait faire aujourd’hui, c’était justement éviter les conséquences de cette même histoire.

    Dammit. Il ne savait pas quoi faire.

    Prenant l’excuse d’aller commander des pizzas dans la pièce d’à côté, sous le regard peu impressionné de Rhodey qui savait parfaitement ce qu’il était en train de faire, il quitta le salon pour se cacher dans la cuisine et après en effet avoir commandé des pizzas, il appela Pepper.

    - Tony !

    L’ingénieur, malgré tout ce qu’il s’était passé, se sentit un peu sourire en entendant la voix de la femme qui le connaissait depuis le plus longtemps et qui le supportait depuis tant de temps.

    - Hey, Pep, la salua-t-il d’une voix un peu lasse.

    - Par la Sainte-Mère, Tony ! Oh my , comment vas-tu ? Est-ce que tu vas bien ? S’inquiéta la femme d’une voix presque tremblante.

    Tony se sentit d’autant plus mal que de l’avoir mise dans une telle situation et sentit son ventre se contracter.

    - Pep, ça va, lui assura-t-il.

    C’était idiot, n’est-ce pas, mais il lui en avait voulu. Jusqu’à l’avoir entendu quelques secondes plus tôt, il lui en avait voulu, un sentiment enfantin mais néanmoins corrosif , qu’il savait parfaitement qu’elle ne méritait pas, mais ça avait été plus fort que lui.

    Il allait mourir en portant cette tête nucléaire au travers du portail après une bataille acharnée, et elle, Virginia ‘Pepper’ Potts, la femme la plus puissante de la Terre, élue trois années de suite Femme de l’année , requin des finances au cœur beau comme le diamant, celle qui se faisait une joie de jouer avec les actionnaires réticents à cause de son sexe, femme occupée et visionnaire, qui ne quittait jamais son portable qu’importe la situation, on ne savait jamais quand on devait répondre au Président d’un pays... n’avait pas répondu quand Tony l’avait appelé.

    Il avait eut besoin d’elle à ce moment, plus que n’importe qui, plus que n’importe quand, et elle n’avait pas répondu.

     Bien sûr , il n’était décidément pas un idiot ! Il savait, il comprenait qu’à ce moment-là, elle avait eut d’autre choses auxquelles penser, qu’importe qu’elle ne fut pas à New York à cet instant, elle ne pouvait pas ignorer la situation.... Bien sûr qu’elle avait eut d’autre choses à faire, d’autres choses à penser que regarder son maudit téléphone , mais le sentiment de perte et de deuil était trop fort pour Tony.

    Il lui en avait voulu, maintenant il n’était plus que profondément triste. Il ne voulait pas perdre Pepper, mais il savait qu’il s’était passé quelque chose, ou plutôt il ne s’était justement rien passé, qui avait définitivement changé quelque chose entre eux.

    Et c’était ça, c’était sûrement pour ça que Tony se refusait de voir Pepper en face. Il ne voulait pas la perdre, et c’était pourtant vers ça que la situation se dirigeait cruellement.

    - ...nes ? Tony ?

    L’ingénieur secoua la tête pour revenir sur terre, entendant la voix plus qu’inquiète de Pepper tout contre son oreille.

     - Tony, s’il te plaît, parle-moi , le supplia Pepper d’une voix presque détruite.

    Elle savait.

    Tony savait qu’elle savait, qu’elle avait elle aussi sentit, et dans sa voix se profilait l’inquiétude, la peur, l’angoisse et tout autre forme de regret qui ne pourront jamais être remplacés.

    - Rhodey est à la maison, avec le Docteur Banner. On est au Hamptons. J’ai commandé des pizzas. J’espère bien vous y voir, Miss Potts, ou alors je vous remplace, déclara-t-il avec même de prendre le temps de réfléchir aux conséquences de ses paroles.

    A l’autre bout du fil, il entendit Pepper haleter et quand elle parla, il y avait cette tension dans sa voix mais avec une pointe d’espoir et un nuage de soulagement.

    - Vous ne trouverez jamais mieux que moi, Monsieur Stark. Et dois-je souligner que je ne travailles plus pour vous ? J’espère que vous avez pris du poulet, clama-t-elle d’un ton plus sûr.

    - Ça, je le sais bien, Miss Potts. Et toujours le poulet, bien sur le poulet ! Pour qui me prenez-vous ?! S’exclama-t-il avec une fausse moue dédaigneuse.

    Pepper renifla d’amusement au téléphone, mais ne releva pas plus que cela.

    - Je suis là dans une demie-heure , déclara-t-elle ensuite.

    Quand Tony raccrocha après un dernier fredonnement, il resta quelques secondes à fixer son téléphone, la tête un peu vide. Ça irait.

 

    Ça ne pouvait que bien aller. Dieu, son amitié avec Pepper avait réussi à se relever de son empoisonnement au palladium, il ne pouvait décemment pas la perdre parce qu’elle ne répondait pas au téléphone, nom d’un chihuahua ! Quant à leur relation romantique.... Eh bien, la situation avait toujours été un peu tendue et compliquée entre eux. De la tension sexuelle, il y en avait. Des sentiments romantiques, sûrement - il aimait désespérément cette femme - mais la possibilité d’une relation entre eux avaient toujours été... comme... entachée de quelque chose. Il y avait toujours eu quelque chose qui n’allait pas, c’était trop tôt, il y avait d’autres choses sur lesquelles se pencher, un nouveau costume lui prenait toute son attention : rien n’allait.

    Avant, il la considérait trop bien pour lui. Puis il était devenu Iron Man et s’était dit que, peut-être, il allait pouvoir mériter, d’une manière ou d’une autre, la foi qu’elle mettait chaque jour en l’enfoiré qu’il était. Maintenant, c’était plus comme si... Comme si essayer quelque chose serait détruire tout ce qu’ils avaient. Il... ne savait plus quoi penser.

    Est-ce que, sous prétexte que l’amour survit à tout ou une connerie plein de paillettes du genre, il fallait qu’ils risquent le pire pour être ensemble ? Est-ce que ce ne serait pas plus bancale qu’agréable ?

    Tony avait mal à la tête, voilà. Il verrait bien quand elle arrivera. Dammit.

    Avec un soupir, il attrapa trois bières qui traînaient dans le frigo - hello, ladies. Qu’est-ce que vous faîtes là, vous ? - et retourna dans le salon avec un visage ouvert et souriant, parfaite petite poupée de la presse.

    Rhodey le connaissait, certes, et d’une certaine manière, Banner semblait lui aussi très loin de le croire, mais tous les deux eurent la décence de ne pas le relever, acceptant plutôt les bières alors qu’il se laissait tomber sur le canapé à côté de Banner, qui était recroquevillé contre l’accoudoir, visiblement à l’aise.

    Ils étaient bien là, tous les trois. Tony soupira de plaisir en se laissant aller contre les coussins. Avec la mise en route de la tour, les différents projets que le S.H.I.E.L.D. lui avait envoyé - il était le consultant ingénieur de l’agence, il veillait à la sauvegarde de leurs agents - ainsi que les différents projets pour l’armée - pas des armes, plus d’armes, seulement de quoi les garder le plus en vie possible -, des différents projets pour Stark Industrie - bref , avec tout ce qui le tenait par la jambe dernièrement, en plus de ses escapades dans le costume, Tony n’avait plus vraiment le temps de se poser pour regarder un film avec ses amis. Et par là, il entendait Pepper et Rhodey.

    Ce qu’ils avaient pu en bouffer, des films, tous les trois. Quelques soirs, avec de la nourriture toute chaude d’un de leur restaurant préféré, des boissons et du pop corn, devant un navet pas possible, à se moquer et envoyer des pop-corn à l’écran en beuglant contre les décisions vraiment idiotes des personnages.

    Le bon temps, ma chère Lucette, c’était le bon temps.

    Maintenant - et comme avant, il fallait le reconnaître - Rhodey était toujours à l’autre bout du monde avec sa propre armure, Pepper faisait tourner une boite qui brassait plusieurs milliards de dollars, et lui était entre les deux pour s’arranger qu’ils ne soient pas tous deux submergés, aidant quelques fois Rhodey avec sa propre armure, et approvisionnant toujours plus le département construction de Stark Industrie avec des plans pour de nouveaux gadgets pour être construit, testé et commercialisé le plus rapidement possible.

    Mais Pepper était en chemin, et ils allaient tous les quatre passer la journée devant la télé ! Et ça allait être bien !

    Peut-être aurait-il dû commander du chinois, et pas des pizzas... Il en avait déjà mangé la veille...

    Sirotant la bière fraîche qui mouillait sa main avec de la condensation, il tenta difficilement de débrancher son esprit, mais c’était peut-être un peu trop demandé . Zuuuut.

    Comme un salut du ciel malgré le fait qu’il soit totalement athée, on sonna à la porte d’entrée, lui offrant la parfaite diversion pour sortir de ses pensées corrosives à propos de Loki et de ses enfants.

    - Pizza ! Clama-t-il en sautant sur ses pieds, se dandinant presque de plaisir.

    D’accord, il en avait mangé la veille, mais en vérité, on n’avait jamais trop de pizza. Jaaaaamais !

    Il dansait presque d’impatience en allant à la porte pour l’ouvrir, mais sa bonne humeur fut étouffée dans l’œuf quand ce ne fut ni le livreur de pizza qu’il trouva sur le perron, ou encore moins sa douce Pepper, non.

    C’était Rogers, qui se trouvait là.

    Steve Grant Rogers, le grand et si connu, si aimé Captain America , que Tony avait renommé Capitain Dickhead dans sa tête, se tenait sur son perron, se dandinant d’un pied sur l’autre, dans des vêtements de civil classique et avec l’air d’un gamin pris en faute sur son visage.

    - Rogers, déclara Tony, parce que sérieusement, qu’est-ce qu’il pouvait dire ?

    D’accord, il leur avait tous dit que s’ils le désiraient, ils pouvaient venir au manoir Stark pour éviter la foule, la presse, les retombées et tout ce qui s’en suivait, mais il n’avait jamais véritablement penser que quelqu’un allait venir. Ou du moins, pas Rogers en premier, voire pas du tout en fait !

    - Stark ! Je... euh... Bonjour. Je... je ne dérange pas, j’espère ?

    Ouuuula.... Où avait disparu le fier capitaine que Tony avait eut le plaisir de rencontrer déjà ?

    - Euh...

    Ouais, lui qui voulait que son cerveau se déconnecte, il n’y avait rien de mieux. Le regard de petit chiot que lui lança Rogers n'aidait pas franchement et il se secoua.

    - Non, tu ne déranges pas, dit-il enfin en s’écartant pour le laisser entrer.

    Rogers le remercia d’un signe de la tête, les mains enfoncées profondément dans ses poches, les épaules basses comme pour se faire tout petit. C’était vraiment une drôle de chose à voir, vraiment.

    - Je peux t’aider avec quelque chose ? S’enquit Tony, parce qu’on ne lui reprochera jamais de ne pas être poli, surtout dans la demeure de sa mère.

    Il ne l’invita pas dans le salon ou dans le corridor à coté, parce qu’il attendait toujours les pizzas, et que Pepper n’allait pas tarder elle aussi, et que les allez-retour pour rien, merci bien. Face à lui, Rogers se dandina un peu plus avant que son visage ne se décide enfin et il fixa Tony comme s’il était sa prochaine mission.

    - Je ne vais pas être long, promis. Je suis juste venu m’excuser, déclara-t-il d’un ton sûr, de nouveau le Capitaine que Tony avait vu.

    Ce dernier... euh, eh bien, resta interdit quelques secondes, clignant des paupières en le fixant.

    - Pardon ? Dit-il, surpris.

    Quoi ? Qu’est-ce qui était en train de se passer ?

    Rogers hocha la tête et prit une inspiration.

    - Je suis venu m’excuser pour ce que j’ai dit l’autre jour, continua-t-il. Sur le Helicarrier.

     Quooooi ?!

    - J’ai dit des choses que je n’aurais jamais dû dire, des choses dures, et je n’ai aucune excuses que celle d’être un idiot qui a été méchant juste parce qu’il le pouvait, expliqua-t-il sans vraiment faire attention à l’air éberlué qu’arborait sûrement Tony en ce moment. C’était froid et faux, et je n’aurais jamais dû vous parler ainsi. Voilà.

     Mais quoooooi ?!

    - C’est une blague, c’est ça ? Un pari fait avec Romanoff ? Oh je sais ! C’est Fury qui vous envoie, c’est ça ? Une sombre histoire d'atténuer les tensions, c’est ça ? S’enquit Tony, essayant de trouver une explication.

    Parce que, sérieusement ? Personne ne s’était jamais excusé de l’avoir une fois appelé comme ça, qu’est-ce qui avait bien pu changer ?

    Rogers lui lança un regard un peu perdu et un peu blessé.

    Encore une fois : Kwwwwa ?

    - Non, non, pas du tout.

    Il soupira et se passa une main sur le visage.

    - Écoutez. Je suis venu m’excuser parce que j’ai eu le temps de réfléchir et de faire mes propres recherches, et pas seulement celles que le S.H.I.E.L.D. m’a donné. Et je me sens plus qu’idiot que d’avoir pensé qu’avec la fin de Seconde Guerre Mondiale, la propagande se serait arrêtée.

    Il soupira de nouveau, de frustration cette fois-ci, comme s’il n’arrivait pas à trouver les mots qu’il voulait.

    - Je n’ai aucune excuse pour ce que j’ai dit, et si ma mère avait été présente, elle m’aurait rossé pour ce que je vous ai dit. Je me suis permis de vous juger sans même vous connaître, et c’était ... c’était... euh...

    Tony soupira et mit fin à sa misère - parce que là, ça commençait à devenir pathétique, vraiment.

    - OK, OK, j’ai compris Cap. Pas besoin de faire un anévrisme en donnant des excuses. Que je prend d’ailleurs, merci, c’est... prévenant de votre part.

    Et c’était peu dire...

    - Mais soyons conscient un peu tous les deux. Je n’ai pas été un tendre non plus, dit-il en croisant les bras sur son torse en évitant de faire un pas en arrière.

    La situation était inconcevable. Totalement... décousue.

    Rogers releva la tête vers lui, l’air penaud.

    - Peut-être, mais vous n’aviez pas tort, dit-il presque délicatement.

    Tony grimaça.

    - Ce n’est pas pour ça que j’avais raison, aussi. Et vous n’aviez pas tord non plus, concéda-t-il.

    Rogers le regarda simplement, comme s’il ne savait pas quoi répondre, et Tony secoua les mains devant lui en soupirant, exaspéré.

    N’avait-il pas dit qu’il voulait se reposer aujourd’hui ?!

    - Bon, écoutez Rogers. Nous sommes deux fortes têtes, avec ce qui semblent deux caractères assez forts. Je ne pense pas que ça va être la dernière fois que l’on va avoir une divergence d’opinion. Mais on peut essayer de s’entendre tout de même. Alors oui, je prend vos excuses avec grand plaisir, je vous donne les miennes--

    Il pointa l’homme du doigt avec un petit sourire amusé.

    - -- et notez bien ça, parce que je n’en offre que très rarement, vous êtes un des quelques chanceux. Eeet... Et on passe à autre chose, d’accord ?

    Il haussa les épaules.

    - On ne connaît que l’image publique de l’autre et on sait tous les deux à quel point ça peut être désobligeant, alors... Tentons de s’entendre, du moins si on est amené à travailler de nouveau ensemble.

    Il se retrouva à grimacer.

    - Bien que j’aimerais sincèrement que cela n’arrive pas toutes les semaines non plus, marmonna-t-il.

    Rogers lâcha un petit rire qu’il tenta de réprimer. Il hocha la tête quand Tony le regarda, comme un grand chiot à qui on proposait de jouer.

    - Ça me va parfaitement, déclara-t-il d’un ton presque impatient et Tony se retint de lever les yeux au ciel.

    Il prit une décision et soupira en tendant la main.

    - Bonjour, moi c’est Anthony Stark, mais tout le monde m'appelle Tony. Enchanté, dit-il d’un ton enjoué, parfaite petite façade.

    Peut-être qu’ils allaient réussir à aller quelque part, après tout. Rogers lui offrit un sourire plein de dents, visiblement joyeusement surpris, et serra sa main avec entrain - mais Tony sentait qu’il retenait sa force malgré sa prise ferme.

    - Steve Rogers. Je dois avouer que je ne connais pas grand chose sur le monde moderne, alors ne m'en tenez pas trop rigueur.

    - Ah ouiiii ? Incroyable, parce que je bâtis le monde moderne, petite pièce par petite pièce, et c’est vachement cool, vous verrez, je--

    - Toooooones, tu les fais toi-même, les pizzas ?! Le coupa soudainement la voix exaspéré mais néanmoins amusé de Rhodey du salon.

    Tony cligna des paupières, parce que yup , il les avait oublié. Roders grimaça et eut de nouveau l’air penaud en lâchant sa main pour la glisser de nouveau dans sa poche.

    - Donc si, je dérange. Je suis désolé, je--

    - Maiiiis non, tu ne déranges pas. Banner est avec Rhodey, on attend des pizzas avant de mettre un nouveau dessin animé.

    Rogers cligna des paupières en le regardant, comme s’il était surpris qu’un homme adulte comme lui regarde encore des dessins animés. Hey, on ne crachait jamais sur un dessin animé.

    - Allez Capsicle , on ne dit jamais non à des pizzas et des dessins animés ! Déclara-t-il en attrapant Rogers par le coude pour le tirer à sa suite.

    Le super soldat se laissa faire, un peu mortifié.

    - Non, mais... Je ne veux vraiment pas déranger, vraiment, c’est--

    - Idiotie, Rogers. On ne dit pas non à de la pizza non plus, s’amusa Tony en lui jetant un regard peu impressionné. Est-ce que tu as mangé ?

    - Euh.. Non, pas encore, je--

    - Eh bien c’est décidé, clama Tony avec un grand sourire. Oui, première chose à savoir sur moi : j’ai toujours raison, et je ferais toujours ce que je veux, s’amusa-t-il.

    Rogers eut l’air de vouloir rétorquer quelque chose, mais Tony ne lui en laissa pas le temps en entrant dans le salon.

    - Rhoooodey, mon amour, regarde qui est-ce que j’ai trouvé sur le perron ! S’exclama-t-il en tirant toujours Rogers à sa suite.

    Ce dernier eut l’air de vouloir trouver un petit trou de souris avant de soupirer, se faisant à son sort.

    - Bonjour, les salua-t-il avec un petit air contrit.

    Rhodey haussa un sourcil et Banner se redressa, un léger sourire un peu pincé sur les lèvres, mais seul Tony sentait la tension derrière ce léger pincement de lèvres.

    - Capitaine, bienvenue. Que faîtes vous là ? S’étonna-t-il un peu.

    - Bonjour, Docteur Banner. J’avais des excuses à présenter à Monsieur Stark pour ce que je lui ai dit. Et même si j’étais à l’aise avec toute cette nouvelle technologie, je... il est toujours mieux de venir s’excuser à voix haute.

    Tony regarda le Capitaine d’un air totalement éberlué. C’était quelque chose que de venir présenter ses excuses à quelqu’un, c’était un tout autre niveau que de l’assumer totalement comme si ce n’était pas grand chose. Banner était comme lui, agréablement surpris, en pouvait son sourire, et Rhodey... Eh bien, Rhodey posait sur lui un regard mi-amusé, mi-lassement fatigué.

    - Tony...

    Ce dernier sourit vers son ami en sautillant presque sur ses orteils.

    - Ouiii, playpus de mon cœur ?

    - Quand vas-tu arrêter de récupérer tous les chiots errants que tu trouves pour les ramener chez toi et t’en occuper ? S’amusa son ami en gardant un air neutre, haussant seulement un sourcil.

    Tony ricana et lui offrit un grand sourire.

    - Jamais ! Surtout qu’une nouvelle fournée ne devrait pas tarder ! S’exclama-t-il.

    Zut, il ne pensait pas en parler aussi tôt, mais... Mais bon, ce n’était pas bien grave. Il était Tony Stark, il faisait ce qu’il voulait, et il invitait qui il voulait dans sa tour.

    Rhodey le regarda quelques instants, silencieux en réfléchissant, et il était intelligent, et il le connaissait que trop bien. Il ouvrit de grands yeux avant de soupirer et de secouer la tête.

    - Tony... soupira-t-il d’un ton plaintif. Tu n’as pas fait ça, tout de même, n’est-ce pas ?

    L’ingénieur ne put que sourire un peu plus.

    - Je ne vois pas de quoi tu parles, amour de ma vie, s’amusa-t-il à ses dépends.

    - De quoi vous parler ? S’enquit Banner en fronçant un peu les sourcils.

    Lui et Tony avaient déjà discuté du fait que l’ingénieur avait offert aux Avengers de venir vivre avec lui dans la tour, donc Banner ne comprenait pas pourquoi Rhodey semblait surpris.

    Le Colonel Rhodes gémit en levant les yeux au ciel puis se frotta le visage pour ravaler un rire, faisant sourire Tony.

    - Les enfants de Loki et le gars lui-même vont aussi vivre à la tour, c’est ça ? S’amusa Rhodey avec un ton exaspéré.

    - Quoi ? S'étonnèrent Banner et Rogers d’une seule et même voix.

    Heureusement, il n’y avait aucune colère dans leur voix, aucune irritation sur leur visage, juste de la surprise. Tony haussa les épaules et leva les mains devant lui.

    - Hey, officiellement, j’attends toujours une réponse de leur part.

    - Mais... Quand avez-vous trouvé le temps de leur parler ? N’ont-ils pas quitté la Terre ? S’enquit Rogers, surpris.

    Tony sourit et leva le doigt.

    - Ça, c’est ce qu’ils veulent qu’on croit. Et si j’étais eux, je ferais la même chose, doooonc...

    - C’était là, où tu étais toute la journée, c’est ça ? Tu étais avec eux ! Devina Banner en se redressant dans le canapé.

    Tony hocha la tête.

    - Et... Comment vont-ils ? Demanda ensuite Rogers d’un air concerné.

    L’ingénieur grimaça un peu.

    - Sur les nerfs, et en pleine fuite. Ils sont dans une situation précaire, ils fuient non seulement le regard d’Asgard, mais aussi les tribulations de Fury. Mais ils sont ouverts à la discussion.

    Il resta silencieux quelques instants, croisant les bras sur son torse pour cacher les tremblements de ses mains.

    - Ce n’est vraiment pas le moment d’en parler, et je ne veux vraiment pas en parler maintenant, mais ce que j’ai vu là-haut quand j’y étais... Ça ne sera pas une chose unique, et ça ne prévoit rien de bon pour nos fesses. Alors oui, je vais mettre de mon côté toutes nos chances, et ça compte Loki et sa clique. Team Loki forever, les enfants, déclara-t-il.

    Rhodey hocha la tête, compréhensif - et qu’avait fait Tony de bien dans une autre vie pour l’avoir à ses côtés dans celle-ci ? - et Tony regarda les deux autres.

    - Alors, vous vous en doutez, pas un mot de tout cela à Fury. Je n’ai toujours pas confiance en lui, et j’ai lu le dossier du cadet de Loki. Si Fury compte l’avoir à ses côtés dans les Avengers, il faut vraiment qu’il change son comportement, et hors de question qu’il fasse ses petits tours de passe passe avec eux. Donc, si vous venez à la tour et que vous les croisez inopinément dans les couloirs, on ne panique pas, d’accord ?

    Rogers hocha la tête comme si c’était la dernière mission en date, mais Banner grimaça un peu.

    - Tony, je ne suis toujours pas sûr que ce soit une bonne idée... Dit-il délicatement.

    - Oh, Brucie-Bear ! On est pas forcé d’avoir confiance en eux, mais pas besoin non plus d’être--

    Banner ouvrit de grands yeux et secoua la tête.

    - Ola, non ! Je parles... Je parles de moi.

    Il soupira et baissa la tête.

    - Je ne suis toujours pas sur que ce soit une bonne idée que de permettre à l’Autre d’être près de gens... vivants, j’entends.

    - Ne t’en fais pas pour le Géant Vert ! Je vis lui construire une jolie petite panic-room rien que pour lui, avec plein de trucs qu’il pourra casser à l’intérieur, ça va beaucoup l'amuser.

    Bruce s’humidifia les lèvres et jeta un coup d’œil à Tony.

    - Il a peur du Loup, avoua-t-il.

    Tony le regarda et grimaça un peu.

    - Oui, je peux comprendre, ce n’est pas tous les jours que quelqu’un ou quelque chose est assez fort pour l’arrêter... Mais je pense que tant que personne ne l’embêtera, lui ou ses frères, Fenrir ne fera rien contre nous. Je crois.

    Il l’espérait en tout cas. Mais oui, il avait l’espoir. Croisons les doigts.

    - J’espère que ça va aller pour eux en tout cas, déclara Rogers en réfléchissant, et Tony sourit.

    - Cap, débarrasse-toi de cette veste et va t’asseoir, la nourriture--

    On sonna à la porte et il leva les mains au ciel.

    - Le tout puissant m’a entendu ! Manger ! Tonna-t-il.

    Rogers ne dit rien et semblait plutôt assez amusé de la situation, se défaisant en effet de sa veste en allant se présenter réellement à Rhodey, et Tony ne s’en faisait plus en allant à la porte récupérer les pizzas et accueillir Pepper.

    Peut-être qu’ils allaient se frotter à rebrousse poil l’un contre l’autre, ça allait être obligé, mais ils allaient sans aucun doute réussir à arriver à quelque chose de vivable.

    Oui, Tony avait de l’espoir. Et au vu de ce qui arrivait sur eux, ils en avaient besoin.

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