Mort, mon Beau-Père et Moi

Harry Potter - J. K. Rowling The Avengers (Marvel Movies)
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Mort, mon Beau-Père et Moi
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Summary
Qu'importe dans quelle prison il se fait enfermer, sur Midgard ou sur Asgard, Loki s'en fiche : Ses garçons sont enfin ensemble, sains et saufs. Seulement voilà, Harry ne va pas le laisser comme ça, et apparemment, Stark non plus. Le Roi de Hellheim s'élève, puissant, mortel... Et personne ne lui prendra son père. Personne. La Magie rencontre alors les Avengers, et tous doivent apprendre à vivre ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Parce que Thanos arrive, ignorant des nouveaux protecteurs de Midgard, et comme c'est dommage.Oui, vraiment.Dommage pour lui. Et dommage pour Odin, qu'il reste sur son Trône celui-là, aussi, ou ça ira très mal pour lui.
Note
Merci à Pipousan et Plurielle pour la correction ! JE N'AI PAS VU ENDGAME, JE NE VEUX PAS LE VOIR, ET JE NE VEUX RIEN SAVOIR ! PAS DE SPOIL DANS LES COMS - au moins pour les deux premiers mois, soyez cool - MERCI !
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Chapter 4

    Elle se glissa doucement dans la pièce, le cœur battant lentement entre ses côtes alors qu’elle avançait silencieusement. Sa cible était juste là, à quelques mètres à peine, penchée sur ce qui semblait être un texte, ses jolis cheveux attachés n’importe comment sur le haut de son crâne, ce qu’elle trouvait si joli.

 - Tu triches, dit-elle délicatement en croisant les bras sur son torse tout en se laissant aller contre le poste de travail, ne la quittant pas des yeux.

 Son vis-à-vis ne fit que se redresser en glissant un stylo bic derrière son oreille, s’étirant doucement avant de se retourner vers elle, un léger sourire sur les lèvres.

 - Agent Romanov, la salua-t-elle.

 Natasha sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres et elle ne chercha pas vraiment à le réprimer, ne faisant que se détacher du poste de travail pour se rapprocher.

 - Docteur Watson, la salua-t-elle à son tour.

 Hermione lui sourit et se redressa.

 - Est-ce que tu veux un café, ou au moins quelque chose à boire ? Je suis assoiffée, pour ma part, lui dit-elle en se dirigeant vers le petit coin détente.

 Natasha était de retour sur le Helicarrier, et n’était même pas surprise de trouver Hermione déjà présente pour y travailler. Depuis qu’elle avait été ramenée ici par Clint pour être engagée, Natasha avait toujours vu la jeune femme en train de travailler. Elle ne semblait jamais prendre un jour de repos, et ce n’était même pas surprenant qu’elle soit aussi haute dans la hiérarchie des laboratoires.

 D’autant plus qu’elle savait être agréable et appréciée de tout le monde tout en restant professionnelle et, d’après les dires, presque pleine de toc. En clair, si elle n’était pas si douée et si gentille, on aurait tout le temps envie de lui faire bouffer ses notes.

 Ça n’allait pas être Natasha qui allait dire quoique ce soit, puisqu’elle aussi était plutôt du genre à aimer le travail bien fait, être très à cheval sur les procédures et aimer qu’un plan se déroule sans accrocs.

 Sans un mot, elle se laissa guider par la scientifique et accepta le verre d’un liquide semblable à la bière qu’elle lui tendit. Elle n’y réfléchit pas à deux fois avant de prendre une gorgée de ce petit verre, accompagnée par l’autre femme. Natasha observa sa boisson pendant un instant, surprise par le goût et la consistance en bouche qui n’étaient pas communs.

 - C’est une bierraubeurre, une boisson typiquement sorcière, lui apprit l’autre femme avec un sourire.

 Natasha reporta son attention sur elle.

 - Alors c’est vrai, dit-elle seulement.

 Hermione, appuyée contre la table de la pièce de repos, ne fit que hausser les épaules en prenant une autre gorgée.

 - Il y avait des raisons pour toi de douter des paroles du Directeur Fury ? S’enquit-elle doucement.

 L’agente ne répondit pas et prit seulement une nouvelle gorgée, Hermione ne la quittant pas du regard.

 - Tu aurais pu me le dire, dit-elle enfin, un peu déçue sans pour autant vouloir le montrer.

 La scientifique - la sorcière - s’humidifia les lèvres et sourit doucement, presque gênée.

 - Je n’avais pas le droit. Tu n’as pas l'accréditation de sécurité nécessaire, lui répondit-elle.

 - J’ai le plus haut niveau de sécurité, rétorqua Natasha, piquée dans son égo.

 Hermione secoua la tête.

 - Non, il y a un rang au dessus. Mais ne t’en fais pas, tout ceux qui ont l’accréditation de sécurité niveau Alpha ignorent qu’il existe la sécurité niveau Ultra, lui apprit-elle. Si je ne me trompe pas, le Directeur Fury vous a tout expliqué ? Il en a l’autorisation désormais, et vous vous trouvez tous avec des accréditations de sécurité Ultra, félicitations, s’amusa-t-elle un peu.

 Natasha la regarda puis baissa de nouveau son regard sur sa boisson, la fusillant presque du regard.

 - De la magie, marmonna-t-elle. Je trouve toujours que c’est quand même de la triche.

 Hermione rit, cette bougresse.

 - Non, ça ne l’est pas.

 L’agente du S.H.I.E.L.D. lui envoya un regard noir, et Hermione gloussa de plus belle.

 - Non, ça ne l’est pas, répéta-t-elle. Tu utilises tes capacités pour te faufiler où tu veux et surprendre les gens, j’utilise les miennes pour éviter que ça n’arrive.

 Elle sourit un peu plus doucement.

 - Ne le prend pas pour toi, s’il te plaît. Tu as eu la chance de ne venir me voir que lorsque je faisais des rapports, mais j’utilise beaucoup de magie instable dans ce département, et je veux éviter tout accident, expliqua-t-elle.

 Natasha haussa les épaules.

 Tout de même, ça ne lui plaisait pas. C’était de la triche, elle se le répétait ! Mais depuis que Coulson l’avait engagée et Fury accréditée, Natasha avait toujours essayé de surprendre Hermione, et elle n’y était jamais arrivée, et ça l’avait toujours énervée.

 Enfin, en quelque sorte...

 C’était presque devenu un jeu pour elles désormais, Natasha essayant toujours de surprendre la scientifique à des moments les plus cocasses, usant de tout son savoir faire, et à chaque fois, Hermione la surprenait à son tour en lui parlant comme si elle savait parfaitement où elle se trouvait. Ce qui devait être le cas, en fait.

 Décevant. Presque décevant. De la magie, tricherie.

 - Si ça peut te rassurer, tu es très douée pour contourner les sorts de surveillance malgré tout, s’amusa Hermione.

 L’agente reporta son attention sur elle, intéressée et la scientifique lui sourit.

 - Ces sorts sont mes propres créations et sont très puissants. Je suis paranoïaque depuis des années et j’ai des couches et des couches de différents sorts. Il faudrait connaître tous les sorts ou au moins une magie plus puissante que la mienne pour passer outre sans se faire remarquer. Mais pour les sorts plus standards et les plus répandus, tu as déjà prouvé que tu réussissais à te faufiler au travers. Maria est venue plusieurs fois se plaindre auprès de moi, lui apprit-elle en se penchant un peu vers elle, lui murmurant d’un air amusé. Ce qui est, tu dois t’en douter, assez impressionnant.

 Natasha sourit rapidement, un peu de fierté s’épanouissant dans sa poitrine. Elle avait sûrement de quoi et ça faisait drôlement plaisir. Hermione se rapprocha un peu d’elle.

 - Tu ne m’en veux pas trop ? S’enquit l’autre femme avec un visage qui se voulait neutre.

 Et même si Natasha était très douée pour voir au delà des apparences, pour voir le moindre petit tressaillement et savoir comment l’exploiter, elle devait reconnaître que la scientifique dissimulait son trouble et son appréhension admirablement.

 Oui, Hermione Watson était vraiment une femme admirable.

 - Non, Watson. Je connais mieux que quiconque le devoir et l’importance des secrets, lui répondit l’agente du S.H.I.E.L.D. avec un léger hochement de tête.

 La femme sembla se détendre un peu puisqu’elle lui offrit un sourire qui illumina tout son visage.

 Le cœur de Natasha tressauta.

 Elle ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose, mais à ce moment-là, la montre de la scientifique se mit à biper, lui arrachant un juron purement anglais. Elle baissa son regard sur cette dernière et pesta.

 - J’ai une réunion de prévue avec le Directeur Fury pour discuter de la situation, soupira Hermione en fermant un instant les yeux en se pinçant l’arrête du nez. Ce n’est pas encore maintenant que l’on va pouvoir discuter, marmonna-t-elle ensuite.

 Natasha esquissa un léger sourire, termina le petit verre qu’Hermione lui avait servi et se redressa.

 - Je vais donc vous laisser retourner à votre travail, Docteur Watson, dit-elle avec un léger hochement de tête dans sa direction.

 - Granger, sourit Hermione avec du regret dans les yeux.

 - Pardon ? S’étonna Natasha.

 - Mon vrai nom de famille, c’est Granger. Watson, c’est le nom de jeune fille de ma mère que je lui ai emprunté pour être plus discrète dans le monde moldu, lui apprit la scientifique.

 Natasha plissa légèrement les yeux et Hermione rougit légèrement.

 - Les personnes non-magiques. C’est un mot purement anglais, désolé.

 Elle regarda l’Agente du S.H.I.E.L.D. en penchant un peu la tête sur le côté, et Natasha eut beaucoup de mal à ne pas lever la main pour replacer une mèche qui s’était échappée de son chignon derrière son oreille. L’agente du S.H.I.E.L.D. cligna des paupières en réalisant que malgré tout son entraînement, malgré ce qu’elle considérait être sa force - tout voir en un regard, tout comprendre et être la personne la plus attentionnée et maniaque d’une pièce – elle avait été tellement prise par la beauté de la femme face à elle qu'elle réalisa qu’elle lui avait parlé et que Natasha n’avait rien compris.

 - Pardon ? Déclara-t-elle en clignant des paupières.

 Hermione sourit un peu, l’air perdu et surprise parce qu’elle n’avait jamais vu Natasha comme ça.

 - Je te disais que c’était pourtant écrit dans mon dossier, ça m'étonnait que tu sois surprise, lui répéta la scientifique.

 - Il n’y a rien de tout cela écrit dans ton dossier, rétorqua Natasha en portant son attention sur le regard de la scientifique pour éviter que ça lui arrive de nouveau.

 Mauvaise idée, elle avait des yeux profonds et chauds qui lui rappelait le chocolat un peu tiède avec des éclats de noisettes, de caramel liquide et... Useless lesbian !

 - Mais tu peux désormais avoir accès à beaucoup plus, avec ton accréditation Ultra, lui apprit Hermione avec un petite sourire. Te connaissant, la connaissance étant le pouvoir... Et puis, certaines choses seront beaucoup plus simples à comprendre après ça.

 Elle soupira de nouveau en jetant un regard mauvais à sa montre puis fit la moue.

 - Il faut vraiment que j’y aille... déclara-t-elle, déçue.

 Natasha sourit elle aussi.

 - Le devoir avant tout, Docteur Wat... Docteur Granger, on le sait toutes les deux, lui dit-elle.

 Hermione soupira de plus belle et remonta les manches de sa blouse blanche, et elle avait des poignets délicats et adorables.

 Focus, agent Romanov.

 Cette voix ressemblait à celle du Directeur Fury. Tandis que les quelques commentaires invasifs qu’elle pouvait avoir sur la femme avaient la voix de Clint. Petit moineau de pacotille.

 - Et donc, ça ne te dérange pas que je puisse lire ton dossier ? Demanda-t-elle ensuite, un peu surprise tout de même.

 La scientifique sourit et hocha la tête.

 - S’il y a quelque chose qui n’est pas écrit dedans, ce n’est de toute manière pas grand chose.

 - Mais ça ne te dérange pas ? Insista Natasha.

 Hermione haussa un sourcil et l’Agente du S.H.I.E.L.D. resta parfaitement immobile sous son regard, un peu mal à l’aise.

 Jusqu’alors, ça ne l’avait jamais embêter de tout savoir, sur ses collèges, non, pas vraiment. Elle avait lu le dossier de Fury, le dossier de Coulson, celui de Clint ; quand elle avait eu l'accréditation Alpha, elle s’en était donnée à cœur joie. Même le dossier dit public du Docteur Watson... Docteur Granger, ça ne l’avait pas embêté il y a trois ans. Mais... Mais maintenant, c’était différent. Et Hermione était spéciale. La femme face à elle sourit.

 - Je n’ai pas besoin d’avoir de secrets. Plus depuis très longtemps. Il n’y avait que mon statut de sorcière qui aurait pu poser problème, et je te connais. Je suis sûre que tu es curieuse.

 Elle s’arrêta un instant pour réfléchir.

 - Quoique, tu pourrais lire aussi le dossier de Harry. Il est bien plus complet que le mien, si tu veux avoir une petite idée de nos compétences.

 - Ça ne t’inquiète pas de me mettre de telles connaissances dans les mains ? S’enquit Natasha en haussant un sourcil.

 Hermione sourit et secoua la tête.

 - Tu l’aurais lu à un moment ou un autre de toute manière. C’est pourquoi j’ai toujours fait en sorte qu’il soit exact plutôt que les inepties que les Américains y avaient écrit.

 La sorcière jeta un nouveau coup d’œil à sa montre et soupira en s’humidifiant les lèvres.

 - Je n’ai vraiment pas le temps de rester, bloody hell, pesta-t-elle.

 Natasha ne chercha pas vraiment à réprimer son sourire, amusée de la situation. Parce que cela semblait être leur credo à toutes deux. Hermione soupira en la voyant faire, comme toujours.

 - On va finir par y arriver, je te le promets, lui déclara-t-elle.

 - Le travail avant tout, Miss Granger, susurra presque l’Agente du S.H.I.E.L.D.

 La scientifique l’observa puis sourit de nouveau en s’approchant dans un bondissement - Natasha l’avait déjà vu avoir ce genre de réaction, quand son équipe trouvait quelque chose de plus, quelque chose de bien, quand son travail allait parfaitement là où elle voulait et qu’elle était aussi excitée qu’une enfant - et avant même que l’Agente surentrainée du S.H.I.E.L.D. ne puisse réagir, Hermione embrassa doucement sa joue et  recula, un sourire taquin sur les lèvres.

 - Tu es la meilleure, j’espère que tu en es consciente.

 Elle se détourna en agitant la main avec toujours son sourire sur les lèvres.

 - Promis, un jour on réussira à l’avoir, notre café ! Tu es la meilleure ! Clama-t-elle en quittant la salle de repos.

 Natasha, elle, resta encore quelques minutes interdite dans la pièce de repos, clignant des paupières alors que son esprit se retrouvait vide et silencieux, sa joue brûlant d’une douce chaleur là où les lèvres d’Hermione l’avaient frôlé.

 Tu es totalement irrécupérable, espèce d’idiote.

.*.

 Tony passa une main sur son visage pour avaler un bâillement.

 Il faisait trop chaud. Il faisait trop chaud, et Tony avait froid.

 Il n’avait pas assez dormi, et même s’il avait l’habitude de passer plusieurs jours sans dormir, la situation était différente, il y avait plus d’action, plus de stress, et Tony n’avait pas encore dormi depuis Manhattan et l’armée des Chitauri.

 Les deux jours qui avaient d’ailleurs suivis avaient été un sacré jeu de manipulation, de force mentale et, oserait-il le dire, de celui qui a la plus grosse ?

 Fury n’était pas celui qui prenait les décisions finales, il y avait cette bande de vieux grincheux au dessus de lui qui avaient toujours le dernier mot. Eux, qui avaient lancé une bombe sur le centre de New York en croisant les doigts et espérant que ça passerait.

 Mais Tony avait de solides preuves et de très... Très bons arguments.

 Aucune honte, vraiment. Aucune. Mais il leur avait laissé le choix après tout. Soit ils s'arrangeaient pour que l’explication donnée au public soit logique et acceptable, soit Tony avait plusieurs mails qu’il pouvait envoyer d’une rapide pression du doigt ou encore mieux, s’il était arrêté pour qu’on l’empêche de déchaîner les enfers, et JARVIS s’en occupait seul. Ou alors le conseil mondial du S.H.I.E.L.D., sous couvert du gouvernement, avait envoyé la tête nucléaire pour que Tony la récupère et l’envoie dans le trou pour détruire l’armée - comme ce qu’il avait fait, en fait - ; soit les fichiers audios de sa combinaison à ce moment-là étaient envoyés à la presse, preuve que le gouvernement avait froidement décidé de sacrifier une ville entière.

 C’était leur choix après tout.

 Il s’était pointé à cette réunion ultra sécurisée - mais sincèrement, Fury était sans aucun doute dans le coup, l’information dans son agenda au S.H.I.E.L.D. n’avait même pas été cryptée et encodée alors qu’il savait parfaitement que JARVIS était toujours présent - et avait posé ses cartes sur la table. Il avait grandi pour faire face à ce genre de situation. Howard n’avait peut-être pas été le père du siècle - euphémisme - voire même l’homme n°1 de sa génération au niveau humanité, mais Tony ne pouvait lui retirer le fait qu’il l’avait très bien préparé pour ce genre de situation.

 Et, sans grande surprise vraiment, après être presque entré par effraction dans une réunion ultra secrète sans y avoir été préalablement invité, Tony en était ressorti avec ses exigences sur la table acceptées.

 Ne jamais sous-estimer Anthony Edward Stark, merci beaucoup.

 Ainsi, après beaucoup trop de chose dans l’esprit de telle sorte que ça y était, il était enfin vide, Tony retourna dans la maison Stark des Hamptons, lunettes de soleil sur le nez et son costume sur-mesure aussi utile que son armure. Il se laissa guider sur le pilote automatique... Au moins jusqu’à ce qu’il soit bien à l'abri derrière les portes closes de son manoir.

 Là, il se laissa enfin se détendre, la tension ne quittant pas réellement ses épaules, mais se diluant un peu tout de même. L’ingénieur lâcha un soupir en claquant sa tête sur le côté pour craquer sa nuque et lentement, il se débarrassa de sa veste et la jeta dans la direction de son porte-manteau.

 Le Manoir des Hamptons n’avait rien de sa maison de Malibu ou encore de sa magnifique Tour aujourd’hui un peu endommagée, du centre de Manhattan. C’était une construction plus vieille, qu’Howard avait construit et que sa femme avait totalement investi. Parce qu’on allait pas se mentir, les quelques fois où les Starks venaient ici, la presse était mise au courant des “vacances familiales de la Famille la plus huppée des États-Unis”, mais Howard, comme toujours, passait son temps dans les sous-sols, là où il y avait les laboratoires.

 Le manoir n’avait rien du tout de la technologie folle dans laquelle Tony évoluait habituellement, et mine de rien, ça faisait du bien, de temps en temps. Sa mère avait décoré la maison et avait mis son veto dessus, c’était une maison de vacances. L’atelier était l’atelier, mais rien n’en sortait et n'envahissait le reste de sa demeure. C’était le bijou secret de Maria Stark, bien caché au reste du monde, et Tony l’entretenait depuis sa disparition. Il aimait cette maison, il aimait cet endroit.

 - Bienvenue, Monsieur, le salua JARVIS avec son flegme anglais habituel.

 Tony sourit.

 Oui, il avait un peu amélioré quelques petites choses. Mais juste un peu, vraiment. JARVIS était, comme Edwin à l’époque, présent dans toutes les pièces à la fois, gardant d’un oeil acéré la vie de Tony à l’aide de caméras sophistiquées parfaitement dissimulées, telles que les enceintes qui lui permettait de discuter avec Tony et répondre à ses demandes et exigences. Et qu’il puisse cafter à Pepper qu’il travaillait encore trop alors qu’il était venu ici pour se reposer. Petit saligot, traître à son code et câblage.

 Tony perdit un peu son sourire en pensant à l’actuelle PDG de Stark Industrie. Il avait essayé d'appeler la femme alors que son costume se dirigeait vers... Enfin, voilà, et elle avait tenté de l'appeler depuis. Plusieurs fois par jours, plusieurs fois par heure.

 Il n’avait pas répondu. Il ne voulait pas lui parler, pas y penser.

 - Où est Bruce, J ?

 - Docteur Banner est dans la bibliothèque, Monsieur. Il lit. Dois-je le prévenir de votre retour ? S’enquit ensuite sa meilleure partie de lui.

 - Ne l’embête pas. S’il te demande où je suis, dis-lui que je suis rentré et que je suis dans ma chambre, marmonna-t-il en commençant à grimper les escaliers.

 - Bien sûr, Monsieur, lui accorda JARVIS.

 - Mon si précieux et parfait petit pantin, un jour tu deviendras un vrai petit garçon ! Déclara Tony en ouvrant sa porte avant qu’un bâillement ne le prenne par surprise.

 - Si vous le dites, Monsieur, s’amusa JARVIS.

 L’ingénieur ne s’attarda pas sur son sarcasme - tel père, tel fils, vraiment - et sans même lui donner une réponse cohérente autre qu’un “Humphr”, il se laissa tomber sur son lit et tomba mort au monde pour au moins les douze heures qui allaient suivre.

 

 

 C’était malheureusement peut-être un peu trop demander, vraiment.

 Tony n’avait jamais vraiment cessé de se réveiller en sursaut, arraché à sa nuit - ou à ses quelques heures de sommeil grappillées sur un canapé - par un cauchemar l’ayant ramené en Afghanistan, aux mains des Dix Anneaux. Quelques fois, Vanko était là, quelquefois Howard était là, et il se réveillait avec les veines brûlantes, comme si le palladium était toujours là.

 Pas les nuits les plus agréables au monde, il fallait le reconnaître.

 Cette fois-ci, c’était le Vide. C’était la noirceur la plus complète et ce silence tonitruant, étouffant. Tout cet air qui s’était soudainement échappé de ses poumons, parce que sa combinaison n’était pas faîte pour aller dans l’espace, à aucun moment, jamais ! Un réflexe idiot, il avait fermé la bouche en arrivant, en passant ce putain de portail et heureusement, parce que sa salive se serait mise à bouillir, et non.

 L’air s’échappait encore de ses poumons, la panique aussi étouffante que ce silence incroyablement violent, et tout allait si mal jusqu’à ce que la voix paisible de JARVIS ne perce ce silence trop épais; et JARVIS n’était plus dans la combinaison, parce que son costume s’était éteint quand il avait passé le portail, et il n’était pas dans son costume, il n’était pas dans son costume !

 JARVIS, sa voix. Douce. Calme. Rythmique, rythmée. Protocole. Date, localisation, autres présences vivantes dans l’enceinte, température de la chambre, météo extérieure, pression artérielle. Date, localisation, autres présences vivantes dans l’enceinte, température de la chambre, météo extérieure, pression artérielle. Date, localisation...

 - Merci JARVIS.

 La voix de Tony était éraillée, la gorge encore un peu trop serrée, mais au moins l’air allait jusqu’à ses poumons.

 Il allait bien. Il allait... Bien. Il était au manoir Stark des Hamptons, et avait apparemment réussi à dormir deux heures.

 Bien, deux heures, c’était parfait ça deux heures. C’était suffisant ça, deux heures.

 - Monsieur, puis-je vous suggérer de faire venir le Docteur Banner, qui possède les qualifications nécessaire pour vous faire un check-up bien plus poussé que moi, et---

 - Hors de question, JARVIS. Tout va bien, je-je vais bien, rétorqua Tony en se levant difficilement, se battant avec ses draps qui s’étaient enroulés autour de lui.

 - Monsieur, je me vois dans l’obligation d’insister--

 - JARVIS, mute, fini par soupirer Tony en réussissant enfin à quitter son lit.

 Il se traîna un peu difficilement jusqu’à la salle de bain, les membres encore tremblants de son réveil brutal, trébuchant un peu sur ses propres pieds. L’ingénieur soupira en jetant un coup d’oeil à son reflet dans le miroir. Ce n’était pas joli à voir, pas du tout. Il avait l’air fatigué - ce qui n’était pas nouveau - et le correcteur qu’il avait mis avait bavé dans son sommeil. Il plaignait hommes et femmes qui se retrouvaient dans son cas, à oublier de se démaquiller avant d’aller dormir. Maintenant, on voyait ses cernes, les bleus de la bataille, et le sang dans le blanc de ses yeux.

 Tony espérait vraiment... Vraiment, que ça allait s’arranger avec le temps, il n’allait tout de même pas porter des lunettes de soleil tout le temps... si ?

 Quelle idée aussi d’être allé dans l’espace sans protection, les vaisseaux sanguins de ses yeux avaient presque tous éclatés. Ce n’était pas beau, pas du tout.

 Il ressemblait à... a rien, en fait.

 Soupirant, l’ingénieur détourna le regard et se pencha pour allumer l’eau du robinet et en faire couler un peu dans ses mains pour s’asperger délicatement le visage.

 Quatre ans, et il pouvait encore paniquer d’un seul coup si un peu trop d’eau atterrissait sur sa partie supérieure du corps sans qu’il n’y soit préalablement préparé. Et avec le faux repos qu’il venait d’avoir, il y avait beaucoup de chance pour qu’il se mette à paniquer sans raison. Cerveau reptilien pathétique.

 - Unmute. JARVIS, quelles sont les nouvelles ? Mets-moi à la page, mon grand, lui demanda-t-il en se cachant derrière son assurance habituelle tout en se délestant de ses affaires pour se glisser dans la cabine de douche.

 - Miss Potts a encore appelé, Monsieur. Deux fois. J’ai pris la liberté de lui dire que vous la rapelleriez quand vous serez prêt. Elle a eu l’air de comprendre et n’a pas rappelé depuis.

 Tony ferma les yeux, serra les poings et tout doucement, se glissa sous le jet d’eau un peu trop chaud pour laisser l’eau glisser sur son crâne, son visage, sa nuque. Il réussissait brillamment à garder la panique refoulée dans un coin de son esprit, mais se lava tout de même rapidement le visage et les cheveux pour être le plus rapidement possible hors du jet.

 - Le Colonel Rhodes a appelé lui aussi. Il semblait savoir que vous ne répondriez pas et a laissé un message incendiaire. Dois-je l’enregistrer pour plus tard, ou voulez-vous l’entendre maintenant ?

 - Plus tard, J, répondit Tony d’une voix un peu détachée.

 - Le Directeur Fury a appelé. Le Conseil mondial a apparemment terminé le communiqué de presse prévu pour dans 5.47 heure, Monsieur. Il aimerait avoir votre avis sur la question.

 Sous la douche, Tony fronça un peu les sourcils. Hm, intéressant. Pourquoi Fury voulait son avis sur les quelques mots qu’il avait pourtant formellement ordonné de mettre ?

 - Transfères-moi tout ça sur ma tablette, je m’en occupe tout de suite.

 - Monsieur, j’ai aussi terminé la recherche que vous m’avez demandé, déclara ensuite JARVIS d’un ton presque... Fier ?

 - Hm... Je t’ai demandé beaucoup de choses, J. Il va falloir être plus précis.

 - Ils sont dans le Bronx, Monsieur. Dans un appartement au sixième étage, au 1150 River Avenue, répondit tout de même JARVIS.

 Tony sentit un sourire étirer ses lèvres.

 - Le Bronx, hein ? Parfait. JARVIS, commande-moi cinq pizzas, avec une sans gluten et une sans viande, juste au cas où. Pour le reste, tu connais mes goûts, je te fais confiance.

 - Bien monsieur. Dois-je prévenir Docteur Banner de votre plan ?

 - Naaaan, je vais m’en sortir sans lui, laisse-le encore se reposer.

 Il s’habilla rapidement mais proprement, ne s’attardant pas sur le maquillage pour couvrir son visage. Sa peau avait un peu besoin de respirer, et il n’avait pas envie de se... “prendre la tête”, dirons-nous. De plus, il allait dans le Bronx, et même s’il se doutait que Fury n’allait pas s’amuser à le faire suivre par des agents, il ne voulait pas tenter le diable. Alors il avait enfilé ses bracelets pour appeler son armure - on était tout de même jamais trop prudent, il allait les porter là où il allait - et dans un sac, mit un simple jean avec son t-shirt AC/DC préféré et un gros pull gris avec capuche. Avec les lunettes de soleil, il n’était pas méconnaissable, mais ce n’était pas si mal. Au moins, il n'attirait pas trop l’attention.

 Quitter la maison avait été facile aussi, personne ne cherchait à le retenir. Bruce s’était apparemment endormi sur son livre, et une pizza commandée par JARVIS allait l’attendre en arrivant. Parfait. Le vol jusqu’à sa pauvre Tour qui en avait vu de toutes les couleurs avait été très rapide - une demie-heure, pour deux heures en voiture, il n’y avait pas photo - et quitter le quartier délabré de la Tour était facile aussi. C’était triste, une ville presque fantôme. Pour le moment, les gens semblaient éviter les alentours de la Tour Stark, et ils n’avaient pas vraiment tort, c’était d’un déprimant !

 Heureusement, et Tony était tellement heureux de ça, Gino était encore ouvert, il y avait du monde et le dieu des pizzas sourit de toutes ses dents en voyant son client préféré venir lui-même récupérer sa commande. Les pizzas de Gino étaient les meilleures, et il méritait toutes les commandes que Tony avait pu passer depuis qu’il avait commencé à travailler sur la Tour - deux ans de travail, une année complète de travaux et une autre année à aménager l’intérieur et faire le réacteur ark gigantesque, le tout presque seulement alimenté par ces fameuses pizzas.

 L’homme ne se fit pas de publicité en hurlant à la présence du très connu Tony Stark dans son restaurant, mais l'accueillit comme un membre de la famille, lui offrant une accolade d’ours ainsi que les pizzas. Cet homme était incroyable. Pour le remercier d’avoir sauver New York.

 Gino faisait partie de ses personnes qui pouvait presque le mettre mal à l’aise en gonflant ainsi son ego. Tony l’adorait.

 Ainsi armé de ces cinq pizzas, il attrapa un taxi qui accepta de l’emmener à l’adresse qu’il voulait dans le Bronx en un petit quart d’heure. Le pauvre homme gardait le sourire, heureux d’être tombé sur quelqu’un qui traînait dans Manhattan - même si le restaurant de Gino était assez loin des plus gros endroits accidentés, les gens semblaient avoir déserté l'île en elle-même, et peu de personnes étaient là pour prendre les taxis jaunes de New York. Et il fallait bien qu'ils travaillent et gagnent leur vie. 

 L’homme ne se plaignit que peu, remerciant plutôt le ciel pour ceux qui s’étaient battus pour protéger la ville et la sauver, et ce miracle qui avait sauvé sa femme qui avait pourtant été blessée lors de l’attaque.

 Quand il quitta le taxi, Tony n’hésita même pas à lui donner un énorme tips de 200 dollars, parce que le pauvre gars allait faire une journée un peu triste et vide, bénissant un peu ses habits qui lui donnait un peu d'anonymat.

 Ainsi se retrouva-t-il sur le palier de l'appartement, confiant que les regroupements faits par JARVIS étaient exacts, parce qu'il était le meilleur. Quelques reconnaissances faciales des caméras de sécurité des feux rouges, une adresse, puis un croisement avec les propriétaires et/ou locataires de l’immeuble. C'était supposément un appartement pour le moment vide, appartenant à la ville, et il y avait pourtant quelques lumières le soir.

 Tony ne s'inquiétait pas de ses suppositions, et fit un grand sourire en levant les pizzas désormais tièdes quand la porte s'ouvrit.

 - Livraison de pizza express ! Fredonna-t-il avec un grand sourire.

 Face à lui se trouvait Fenrir, le fils aîné de Loki, celui qui était capable de se transformer en loup assez imposant pour arrêter le Hulk.

 Et Tony était venu les mains dans les poches. Il était totalement inconscient, oui.

 Le fils de Loki fronça les sourcils et ses yeux s'illuminèrent un peu de rouge alors qu’il croisait les bras sur son torse en le bombant, imposant.

 - Stark, gronda-t-il. Qu’est-ce que vous faîtes là ?

 Tony ne lâcha pas son sourire et désigna les pizzas.

 - J’amène de quoi manger. Mais j’ai bien peur que ça se soit refroidi depuis le temps, toutes mes excuses.

 - Comment vous nous avez trouvé ? Continua de grogner l’homme.

 Tony baissa les pizzas et soupira.

 - J’ai des images de vous, avoua-t-il. Un peu de reconnaissance faciale et de la déduction. Maaaais je suis le seul à avoir ces images, donc pas de panique, Directeur Pirate ne viendra pas après vous. Et Point Break non plus, expliqua-t-il en haussant les épaules.

 L’autre ne le quitta pas du regard en grognant toujours un peu et ses narines tressaillirent.

 - Pepperoni, s’exclama-t-il plus calmement et il attrapa deux pizzas des mains de Tony.

 L’ingénieur sourit un peu plus et alors que Fenrir emportait les pizzas dans l’appartement, il s’avança et ferma la porte derrière lui.

 - Les meilleurs pizzas de toute l'île de Manhattan ! Déclara-t-il d’un ton enjoué.

 - Pepperoni ! Fut tout ce que lui dit Fenrir d’une pièce où Tony le rejoignit.

 L’énorme Loup, celui que le Ragnarok déclarait allait manger Odin et Thor et les tuer dans d’atroces souffrances, se trouvait dans la cuisine en tenant la boîte de pizza pepperoni contre sa poitrine comme le plus beau des joyaux, et grignotait avec un air de pur bonheur une belle tranche.

 A l’entrée de la cuisine - parce que c’était bien une cuisine dans laquelle Fenrir s’était réfugié - Tony l’observa avant de ricaner un peu, parce que c’était tout de même cocasse. Le gars avait l’air d’un... gros nounours. Qui pouvait le tuer d’un coup de crocs bien acérés.

 Le fils de Loki tourna vers lui un regard noir avant que sa paupière ne tressaute de plaisir sous ce goût incroyable qui explosait sûrement dans sa bouche - et Tony savait parfaitement de quoi il parlait, puisque ce n’était pas pour rien qu’il clamait partout que c’était la meilleure pizzeria de l'île de Manhattan.

 - Il y a une végétarienne, parce que je ne savais pas du tout ce qui pouvait vous plaire, il y en a une sans gluten et deux autres à la viande. Et il y en a une au poulet. Pas touche, c’est la mienne ! S’exclama-t-il en déposant les boîtes de pizza sur la table.

 Fenrir ne fit que marmonner en enfournant un peu plus de pizza dans sa bouche et Tony fit tout à fait comme chez lui, fouillant dans les tiroirs pour trouver un couteau. Du coin de l'oeil, il vit le fils de Loki observer chacun de ses mouvements sans pour autant arrêter de manger. Ça, il pouvait comprendre. Après tout, il venait de se pointer sans s’annoncer avec beaucoup de nourriture, et il avait désormais un couteau dans la main.

 Ce n’était pas une situation qui inspirait la confiance, il pouvait comprendre. Alors il fit comme s'il était totalement inconscient et termina de couper parfaitement les parts des différentes pizzas et reposa le couteau dans l’évier.

 - Euh... D'accord ?

 Tony jeta un coup d'oeil vers l'entrée de la cuisine, où se trouvait désormais le deuxième fils de Loki, Jormu-machin - lui et les noms, ce n'était vraiment pas ça. Il avait l'air bien plus jeune que son aîné, Fenrir semblant avoir la trentaine, tandis que lui n'avait que 25 ans, ou quelque chose comme ça. En réalité, Tony savait qu'ils avaient 'plusieurs centaines d'années', mais il avait encore un peu de mal à se faire à cette idée. Que voulez-vous, il n'était qu'humain après tout. Le jeune homme donc, avait l'air d'être tout juste sorti du lit, flottant presque dans un sweat à capuche rouge trop grand pour lui.

 - Fen, est-ce que je ne suis pas tout à fait réveillé, ou est-ce qu'il y a Iron Man dans la cuisine ? Marmonna-t-il d'une voix vraiment endormie, et Tony sourit de nouveau.

 - J'ai ramené de la pizza, roucoula-t-il de nouveau en prenant une part au poulet pour l'engloutir de moitié, gémissant sous les saveurs agréables.

 - .... OK. Je ne suis pas sûr de tout comprendre, marmonna le plus jeune en fronçant les sourcils.

 Son grand frère lui poussa dans les mains un grand mug rempli de ce qui semblait être du thé et l’homme soupira de plaisir en soufflant sur le liquide chaud, les yeux clos. Fenrir jeta un coup d’œil à Tony et sans réellement se concerter, les deux hommes prirent les boites de pizzas, quelques assiettes et allèrent s’installer dans le salon. C’était minuscule mais Tony ne fit aucun commentaire - qu’est-ce qu’il aurait pu dire ? Il savait parfaitement que c’était du squat pur et dur, et malgré le fait que le canapé avait un aspect assez miteux, il était un des plus confortables que Tony eut la chance de tester. Avec un soupir, il se laissa s’enfoncer entre les coussins, la fatigue retombant de nouveau sur lui.

 - Monsieur Stark ?

 Tony rouvrit les yeux, qu’il n’avait même pas réalisé avoir fermé, et se redressa un peu.

 - Pizza ! S’exclama-t-il avant de cligner des paupières, un peu surpris de son... réveil brutal ?

 Il avait réussi à somnoler dans un endroit inconnu, avec des inconnus, wha. Ça ne lui était jamais arrivé. Enfin, presque pas. Il avait du mal à s’endormir habituellement, il n’arrivait vraiment à se reposer que quand Pepper lui faisait un câlin. Parce que les câlins de Pepper étaient les meilleurs.

 Tony se frotta légèrement les yeux en se redressant un peu plus et observant autour de lui. Il sourit.

 - Oh, v’la le petit dernier. Salut, comment ça va ? Demanda-t-il en regardant le fils de Loki.

 Celui qui s’était introduit sur le Helicarrier. Le sorcier humain. Harry Potter. Il avait lu son dossier - une lecture très intéressante au demeurant - et même s’il fut surpris de constater que le jeune homme... n’avait plus l’air d’avoir la vingtaine, mais plus la trentaine, il ne releva pas.

 Officiellement, il avait 32 ans, il était normal qu’il semble avoir la trentaine après tout.

 La magie donnait mal au crâne à Tony. Il n'aimait pas ça. Nope. Tant qu’il n’aurait pas compris comment ça fonctionnait !

 Le fils de Loki plissa un peu des yeux en le regardant mais souriait légèrement.

 - Qu’est-ce que vous faîtes là ? S’enquit-il en fermant la porte de la pièce de laquelle il sortait.

 L'ingénieur haussa les épaules et se pencha pour prendre une autre part de pizza.

 - J’ai eu vent que c’était ici que se rassemblait la Team Loki, commenta-t-il en prenant une bouchée. Du coup, j’ai ramené à manger !

 Il grimaça un peu, parce que zut, c’était tiède voire froid. Il adorait la pizza froide, mais après un sommeil de plusieurs heures, pas alors qu’il avait vraiment faim.

 Potter s’humidifia les lèvres, jetant un coup d’œil à ses deux frères qui étaient eux aussi dans le salon, avec café, bière et pizza, et sembla décider que c’était convenable. Il se rapprocha pour s’installer sur le canapé alors que Fenrir gardait jalousement la pizza au pepperoni sur ses genoux, installé sur une chaise à côté de son cadet, qui sirotait son thé en y trempant une part de pizza végétarienne.

 Tony n’allait pas critiquer, lui aussi avait des petites étrangetés culinaires, il comprenait sûrement mieux que quiconque.

 - Merci beaucoup, c’est très prévenant de votre part, commenta le sorcier avec un léger sourire.

 L‘ingénieur haussa les épaules et ravala un bâillement.

 - Je l’avoue, c’était un mouvement intéressé. J’avais une dalle monstre, répondit-il avec un clin d’œil.

 Potter ricana légèrement et agita la main. Entre ses doigts, la part de pizza chauffa un peu et Tony fronça les sourcils.

 - OK, maintenant, je suis carrément jaloux de votre mojo voodoo, gronda-t-il en mordant furieusement dans sa part, faussement vexé.

 Fenrir renifla, visiblement amusé, mais ne dit rien, et Jör-machin rit plus franchement, le nez dans son café.

 - Un jour, je comprendrais, rajouta Tony en leur envoyant un faux regard noir.

 Aucun des fils de Loki ne sembla le prendre mal, et tant mieux. Ils devaient, d’une certaine manière, s’attendre à ce genre de réaction de sa part, ce n’était pas très compliqué à connaître sa capacité à vouloir toujours rire d’une situation alors qu’il se pavanait face à la presse depuis qu’il savait marcher et parler.

 - Comment avez-vous devinez que nous n’avions pas quitter ce royaume ? S’enquit le deuxième fils, celui qui se transformait en serpent.

 Tony haussa les épaules.

 - Je ne l’ai pas deviné, j’avais seulement espérer très fort. Après avoir lu le dossier que le S.H.I.E.L.D. a sur vous, déclara-t-il en regardant Potter - je me suis dis que vous n’alliez pas partir comme ça. Du coup, un peu de recherche, reconnaissance faciale, de l’aide de JARVIS et me voilà.

 - Pourquoi vous êtes là ? Gronda enfin Fenrir.

 - Attendez, sérieusement ? Le S.H.I.E.L.D. a un dossier sur moi ? Pesta Potter.

 Tony se redressa un peu.

 - Oui, ils ont un dossier. Mais pas pour vous surveiller ou quoi que ce soit, Fury avait dans l’optique de vous intégrer au programme Avengers, malgré le fait que vous étiez porté disparu, expliqua-t-il.

 Potter renifla et se renfrogna, s’enfonçant dans le canapé.

 - S’il croit encore à une fantaisie pareille à son âge, je ne donne pas cher de sa peau, marmonna-t-il.

 Tony ricana.

 - Ouais, il a tiré un trait sur cette possibilité, avec beaucoup de tristesse à mon plus grand plaisir. Le Docteur Watson... Enfin, Granger si j’ai bien compris, lui a totalement coupé l’herbe sous le pied.

 Potter sourit, un air un peu canaille sur le visage.

 - Ça, c’est ma Mione, ronronna-t-il presque.

 Tony hocha la tête et se tourna vers Fenrir.

 - Pour répondre à votre question, je suis venu vous dire clair et net que vous avez un allié de plus de votre côté, déclara-t-il en se pointant du doigt, un sourire spéciale presse sur les lèvres.

 Fenrir ne le quitta pas du regard.

 - Je n’ai aucune confiance en vous. Vous faîtes partie de cette troupe de bras cassés, gronda-t-il.

 Tony ne put que hocher la tête.

 - Oui, je comprend tout à fait. Il est normal que vous n’ayez pas confiance, je n’aurais pas confiance moi non-plus ! Et ce n’est pas ce que je suis venu faire ici, vous demandez une confiance que je ne mérite pas encore.

 Potter bougea à côté de lui.

 - Oui, enfin vous avez tout de même prit le temps de vous opposer à vos supérieurs pour notre père, ça compte tout de même un peu.

 Tony sourit légèrement.

 - Peut-être, c’est vrai. Mais ! Il faut que ce soit dûment noté, le S.H.I.E.L.D. n’est pas mon supérieur, souligna-t-il avec un air conspirateur. Et moi, Tony Stark, ne fait pas partie des Avengers. Iron Man le fait.

 Il haussa les épaules.

 - Ils ne se sont pas retenus pour me le dire, je ne suis pas leur employé, je suis juste un consultant. Je n’ai aucun compte à leur rendre. Le costume est là pour les aider, mais, personnellement, je n’ai rien à voir avec eux. Et puis bon. Mes supérieurs, vraiment ? Comme si, s’amusa-t-il en susurrant et en levant les yeux au ciel.

 Cette fois-ci, l’aîné de Loki lâcha un grand rire et Potter et le serpent souriaient tous deux. Tony ne fit que sourire paisiblement.

 - Alors ! Clama-t-il en se dandinant sur place.

 Il n’était plus du tout fatigué, ses nerfs et son côté hyperactif ressortaient désormais.

 - Je suis donc venu vous dire que vous aviez désormais un allié assez puissant de votre côté, ainsi que toute la presse aussi, et donc le public, et je suis aussi venu vous dire ce qu’il s’est passé après votre départ et ce qu’il va se passer après.

 Il se gratta légèrement le bouc.

 - Bien. Officiellement, je suis le seul pour le moment à vouloir faire des T-shirts avec la tête de Loki et des badges et des pancartes hashtag Team Loki, mais je pense que d’ici quelques temps, je ne serais plus le seul. Rogers, damné Captain America, amoureux de la veuve et de l’orphelin, ne pouvait être que bouleversé par cette histoire, s’amusa-t-il. L’Agent Romanov était à deux doigts de castrer et de tuer quelqu’un. Brucie semblait d’accord avec le Hulk pour une fois et voulait aller frapper Thor - ce qu’il n’a pas fait, et c’est bien dommage -. Je crois que Barton est un peu malade de ne plus avoir personne sur qui s’énerver pour ce qu’il s’est passé. Pauvre petite chose. Et aussi étrangement que cela puisse paraître, je pense que Thor est tout de même à deux doigts de retourner à Asgard pour aller mettre une rouste à son père. Mais pour le moment, je pense qu’il est trop pris dans sa culpabilité pour faire quoi que ce soit d’intelligent, expliqua-t-il.

 Fenrir grogna, et le serpent renifla.

 - Pffeu, il le mérite bien, tiens ! Grogna ce dernier.

 Tony ne releva pas. Il n’y avait rien à dire après tout. Il haussa plutôt les épaules pour justement ne pas avoir à répondre et à ne pas réfléchir à toutes les promesses de menaces qu'il pouvait entendre dans la voix des enfants de Loki. Ce n'était pas pour cela qu'il était ici, mais cela conforta Tony dans son idée de ne pas les avoir comme ennemis.

 - Toujours est-il qu'on en arrive à ça, souligna Tony en sortant sa tablette de la poche intérieure de sa veste.

 A ses côtés, le cadet se redressa en fronçant un peu les sourcils, alerté et intéressé par les propos de Tony.

 - Qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-il en baissant la part de pizza qu’il avait lui aussi attrapé.

 Tony sourit de toutes ses dents.

 - D’ici quelques heures, le président des États-Unis va faire une annonce télévisée retransmise dans le monde entier. Il va expliquer ce qu’il s’est passé exactement il y a deux jours, les acteurs, les causes et les conséquences. Ce matin, une réunion s’est tenue pour décider de ce qu’il fallait dire ou non.

 Il tapota un peu sur sa tablette et sortit le futur discours du Président que Fury lui avait envoyé et qu’il avait lu dans le taxi en venant jusqu’ici. Puis d’un air paisible, il donna la tablette au sorcier humain, qu’il puisse lire. Il regarda les deux frères et grimaça.

 - Euh, désolé, je n’ai qu’une tablette, s’excusa-t-il.

 A ses côtés, Potter haleta un peu de surprise et Tony le regarda lire furieusement. Jör-machin se leva et vint se pencher par dessus l’épaule de son petit frère pour lire lui aussi, intéressé; Fenrir quant à lui, semblait attendre l’avis de ses frères avant de s’en préoccuper, mais ne les quittait pas du regard, à l'affût du moindre signe de mécontentement.

 Le silence s’éternisa.

 Jör-bidule - OK, OK, Tony allait vraiment devoir lui demander son nom complet et s’il pouvait l'appeler autrement, parce que ça commençait à devenir handicapant très sincèrement - se redressa et cligna des yeux, apparemment un peu surpris de la tournure des événements, et retourna s’asseoir, abasourdi. Tony ne fit que sourire.

 - Quoi ? S’inquieta Fenrir en fronçant les sourcils en se redressant.

 Potter soupira et se redressa dans le canapé pour se frotter le visage et tendit l’appareil à son aîné, qui l’attrapa pour commencer à lire. Tony se frotta le nez, ravala un bâillement et se laissa aller dans le canapé, attendant que Fenrir - et celui qui, pour le moment, lui semblait le plus dangereux - termine de lire.

 Un autre long silence, les deux frères attendant impatiemment que le plus âgé termine de lire, puis tous les trois se tournèrent vers Tony.

 - Est-ce que c’est vrai ? Demanda tout de suite Potter.

 L’ingénieur hocha la tête.

 - Un peu, mon n’veu, je les ai assez menacé pour qu’on en arrive là, s’amusa-t-il.

 Le benjamin, Jör-quelque-chose, se gratta la joue en fronçant les sourcils.

 - Sérieusement ? Ca va.... Vous croyez vraiment que les gens vont accepter ça ? S’inquiéta-t-il.

 - C’est assez simple, Orochimaru, vraiment. Je--

 - Pardon ? S'étouffa le fils de Loki en écarquillant les yeux.

 Tony sourit seulement, ne se laissant pas démonter.

 - Désolé. Mais je n’arrive pas à retenir ton prénom. Il va falloir s’y habituer, Persifleur.

 Le serpent le regarda en clignant des paupières avant de lancer un regard noir à Fenrir, qui s'esclaffait de la situation.

 - T’inquiète, Romulus. Je ne t’oublie pas, s’amusa Tony.

 L’aîné s'étouffa dans son rire et Jör caqueta avec un sourire malicieux. Tony souriait lui aussi, détendu, et tourna la tête vers Potter.

 - Quelque chose à rajouter, Sabrina ?

 Il se tourna vers lui en fronçant les sourcils.

 - Sa...brina ? Je ne suis pas sûr de comprendre, dit-il d’un air totalement perdu.

 - Sabrina la sorcière ? Tu ne connais pas ? Dommage, tu rates quelque chose. Ca ne va pas m’empêcher de t'appeler comme ça, Merlin.

 Le Sorcier le regarda un instant avant de sourire doucement, malicieux.

 - S’il vous intéresse tant que ça, je suis sûr qu’il me serait possible de trouver un de ses tableaux, lui dit-il.

 Tony perdit son sourire.

 - Tableau de qui ?

 - De Merlin, bien sûr, lui répondit Potter d’un air paisible. Ce qui est génial avec les tableaux sorciers, c’est que la magie permet de capturer une copie de l’esprit d’une personne et de la garder. C’est assez pratique quand on veut discuter avec quelqu’un qui est mort depuis des siècles.

 Cette fois-ci, Fenrir et Kaa se moquèrent d’un Tony pour une fois abasourdi. Il fusilla les trois hommes du regard et croisa les bras sur son torse.

 - Je suis ultra jaloux, j’espère que vous le savez, marmonna-t-il. Pour la peine, je ne vous dirais plus rien, décida-t-il avec un reniflement faussement dédaigneux.

 - Oh, M’sieur Stark, ne le prenez pas comme ça, s’amusa Potter en lui tirant à moitié la langue, détendu.

 Tony renifla et s’enfonça un peu plus dans le canapé, bougonnant.

 - Duh, je me démène pour que l’état reconnaisse votre père comme une victime, et c’est comme ça que vous me remerciez. Merci beaucoup, je retiens !

 Potter soupira et se rapprocha pour cogner son épaule de la sienne, lui lançant un petit regard triste.

 - Désolé, M’sieur Stark, expliquez-nous, M’sieur Stark, le supplia-t-il avec un petit air de chiot battu.

 Ce qui était étrange à voir sur un visage qu’il reconnaissait être celui du jeune homme qu’il avait vu quelques jours plus tôt mais qui avait aujourd’hui l’air juste... plus âgé. Même Orochimaru avait l’air du même âge que lui, alors qu’il était beaucoup plus vieux - et Tony commençait à avoir mal à la tête avec toute cette histoire de personnes qui vivaient beaucoup trop longtemps. Tony gigota un peu sur le canapé et soupira.

 - Ca n’a pas vraiment été très dur à leur faire comprendre que c’était la meilleure chose à faire plutôt que d’utiliser Loki comme bouc-émissaire, comme ils voulaient le faire au début. J’aime me pavaner, mais je ne rigole pas quand je dis que je suis votre allié le plus puissant dans cette bataille. Un coup de fil, et j’ai le public de mon côté. Les gens aiment les histoires dramatiques, et je dois reconnaître que votre Daddy-O a de quoi faire sangloter la personne type. Que serait les États-Unis d'Amérique si ce pays de la seconde chance se permettait de piétiner la victime qui s’est pourtant démenée pour protéger les habitants de l'île de Manhattan ? Ce serait comme si l’ONU se permettait de faire des rafles sur les pays concernés pour arrêter, juger et condamner les enfants soldats. Et ne parlons pas de l’image que l’on renverrait aux autres populations au delà du système solaire si l’humanité ne se levait pas pour leur sauveur impromptu venu d’une autre planète. Sérieusement, avec tout l’argent qu’on a versé dans la recherche spatiale, notamment les États-Unis, ce serait se tirer dans le pied lors du premier vrai contact connu du monde civilisé.

 Il renifla et secoua la tête.

 - Ils étaient déjà parvenu par eux-même à cette idée de technologie Alien pour expliquer le fait qu’aucune personne ne soit morte ce jour-là, mais l’avaient au départ attribuée à Boucle d’Or. Là encore, ça n’a pas été bien compliqué à leur faire comprendre qu’un mot de moi glissé à la presse et ça allait très mal se passer pour eux.

 Il regarda Potter.

 - C’est bien ça, il ne faut pas parler de votre voodoo, non ?

 Le sorcier hocha la tête.

 - Je ne sais pas ce que va faire le gouvernement sorcier américain, je ne suis pas au fait des différences de lois entre les pays, mais si c’était l’Angleterre, la population non magique du pays aurait déjà oublié ce qu’il s’est passé, déclara-t-il d’un ton sombre. Et la presse n’aurait eu aucun problème à encenser cette décision.

 Tony haussa un sourcil et Potter gronda presque.

 - Je ne sais pas si ça a changé pendant ma disparition, mais à mon époque, la presse était quelque peu... corrompue, pour ne pas dire totalement pourrie jusqu’à la moelle et qu’ils méritaient tous de crever la bouche ouverte.

 L’ingénieur l’observa un instant, un peu surpris de cette soudaine animosité qu’il n’avait pas du tout anticipé. Ça venait comme un cheveu sur la soupe cette histoire, c’était déconcertant.

 - Harry a eut beaucoup... beaucoup de déboires avec la presse, commenta le serpent, attirant l’attention de Tony sur sa personne.

 Il haussa les épaules et offrit à son petit frère un sourire amusé et un peu contrit.

 - Je pense que vous savez ce que c’est, Monsieur Stark.

 Tony renifla et hocha la tête.

 - Oui, on peut dire ça, oui, ricana-t-il amèrement.

 Il jeta un coup d’oeil à Potter et lui tapota gentiment l’épaule.

 - Ne t’en fait pas, Oz, même si j’aurais toujours des détracteurs, je connais quelques journalistes intègres qui seraient prêts à m’écouter et à savoir comment mener la danse pour amener le doute et pousser les gens à vouloir savoir la vérité sur une histoire.

 Il s’arrêta un instant.

 - Alors certes, c’est sensé être de la magie, ce que Reinders Game a utilisé, mais on ne ment pas trop, c’est une... sorte... de technologie alien ?

 Fenrir renifla.

 - Si on demande aux dits aliens, ils crieraient au scandale et à l’imposture, mais ce n’est pas totalement faux, marmonna-t-il. C’est une puissance que l’on a appris à identifier, isoler et utiliser, et ironiquement, les sorciers de Midgard, de la Terre, le font instinctivement depuis des siècles. Paye ta société ultra avancée qu’est Asgard, cracha-t-il à moitié en tirant la langue, comme s’il avait soudainement croqué dans un citron rance.

 Potter ricana un instant et Jör-bidule renifla d’amusement.

 - OK, OK, c’est bon, j’en ai marre, déclara soudainement Tony en grimaçant.

 Les autres le regardèrent comme si une deuxième tête lui était soudainement poussée sur le coude, et Tony pointa le serpent du doigt.

 - Je suis désolé, mais je vais devoir t'appeler Jordan, parce que ton vrai prénom, il m’est impossible de le retenir, et que dans ma tête ça donne des Jör-machin et des Jör-bidule et des Jör-quelque-chose, et qu’il n’y a pas assez de serpents connus et marrants, et c’est fort embêtant, gronda-t-il comme un enfant turbulent.

 Celui-ci l’observa un instant comme un drôle d’animal et se retrouva à sourire sans visiblement réussir à se retenir.

 - Moi, ça me va, Monsieur Stark. Jordan, Jör, Justin, je suis passé par beaucoup de prénoms au fil des siècles, je m'accommoderais à ce qui vous sied le mieux.

 Tony renifla. Qu’est-ce qu’il causait bien, celui-là.

 - Ça marche pour moi, mais pas Justin. Parce que Justin Hammer n’est qu’un abruti, et que tu n’es visiblement pas un abruti, releva-t-il en fronçant les sourcils.

 - Venant de vous, ça fait plaisir à entendre, commenta Jör avec un plus grand sourire.

 Tony lui offrit un clin d’œil et frappa dans ses mains.

 - OK, retour au sujet du jour. Donc voilà, le discours du Président, des remerciements aux Avengers qui se sont battus pour la ville et la planète, des remerciements au prince alien qui était le prisonnier de guerre de celui qui a commandé l’attaque et dont ça n’a pas empêché de protéger et sauver la population ; que l’autre prince à aider les humains à protéger New York, yada yada yada~, résuma-t-il grossièrement en secouant la main pour passer à autre chose. Ca, c’était la première chose.

 Les trois le regardèrent alors que Fenrir lui redonnait sa tablette.

 - Comment ça ? S’enquit Potter en fronçant les sourcils, suspicieux. Il y a une seconde chose ?

 Tony avait piraté son dossier au S.H.I.E.L.D. et ça avait été une lecture intéressante - bien que flippante, c’était l’histoire d’un gamin qui s’y trouvait, pas d’un homme mûr - et il pouvait comprendre sa suspicion.

 - Eh bien, même si le S.H.I.E.L.D. va être obligé de ne pas vous chasser pour ce qu’il s’est passé, je connais trop bien Fury pour être dupe. Il a avoué qu’il te voulait dans son équipe avant ce qu'il t'est arrivé Sabrina, même si tu avais disparu à ce moment-là. Alors il ne va pas abandonner l’affaire en si bon chemin. Pour le moment, tant que Thor ne lui a pas clairement dit les choses, je pense qu’il n’est pas sûr que vous soyez toujours sur Terre. Mais, cela ne va pas l’empêcher de te chercher. - il laissa un temps - Oui, il caresse l’idée de t’engager véritablement.

 Potter l’observa un instant, peu impressionné, voire même déconcerté.

 - Avec ce qu’il s’est passé, est-il sérieux ?

 Tony haussa les épaules, ne voyant pas trop ce qu’il pouvait dire de plus.

 - C’est Capitaine Pirate, il ne faut pas chercher avec celui-là. La logique n'a pas grand sens avec lui.

 Jör soupira et Fenrir se renfrogna sur son siège.

 - Toujours est-il qu’une longue chasse va s’engager sûrement d’ici demain. Et je ne pense pas que vous ayez le courage de fuir indéfiniment comme Brucie-bear a pu le faire pendant des années.

 Fenrir grogna un peu plus en le regardant et Tony grimaça un peu. C’était presque comme s’il leur disait qu’il les considérait trop faibles pour échapper aux agents du S.H.I.E.L.D. alors que ce n’était pas du tout ce qu’il était en train de dire. Il secoua la tête en le regardant aussi.

 - Je veux dire par là que ça va être exténuant, et je me doute bien que vous ne voulez pas encore quitter la planète. Pas tout de suite en tout cas. Je pense que le Docteur Granger l’espère aussi très fort. Et comme je ne pense pas que celui qui est véritablement derrière l’attaque de New York va en rester sur une défaite, j’aimerais vraiment que vous restiez dans le coin le plus possible, histoire que l’on ne se retrouve pas comme des idiots - parce que restons sérieux deux minutes- on a aucune idée de ce qu’il va nous tomber sur le bout du nez, nous ne sommes pas prêts, et pitié Obi-Wan, vous êtes notre dernier espoir.

 Il cligna un peu des paupières en les regardant puis secoua la tête.

 - Bref. Je me suis donc dit que le plus simple et le plus drôle, ce serait que vous veniez vivre à la maison.

 Un silence lui répondit. Il sourit un peu plus, fier de son idée.

 - Faire un joli pied de nez pour ceux qui veulent vous détruire en s’installant juste devant leur nez, à la vue de tous. Sic gorgiamus allos subjectatos nunc, comme dirait la magnifique et sulfureuse, mais néanmoins mortelle Morticia, déclara-t-il en étendant ses jambes devant lui pour croiser les chevilles.

 C’était qu’il était bien ici, super bien installé, il faisait chaud, il faisait bon, et il était content de lui. Vraiment.

 - Mais... Pourquoi ? S’enquit Jör, les sourcils froncés.

 Tony haussa les épaules.

 - Parce que ça ne pourra que faire chier Fury quand il le réalisera, et j’adore faire chier Fury. Parce que, oui, il va le réaliser à un moment donné. Bon, il y a bien le fait que cette jolie bande de joyeux lurons va sûrement emménager dans la Tour Stark, parce que... Parce qu’il va falloir donner un front uni pour la presse, rassurer la population, tout ça, mais bon. Vu comment les plaidoiries se sont passées la dernière fois, ça va grogner pendant un temps, puis ils vont se faire à l’idée.

 Il s’humidifia les lèvres en réfléchissant un temps.

 - Bon, il y a bien Thor qui va peut-être poser problème, parce que c’est un grand chiot content de tout et que maintenant qu’il a récupéré son frère, il va peut-être essayer de faire comme si rien ne s’était passé, mais comme je ne le connais pas plus que cela, je ne vais pas m’avancer.

 - C’est sûrement ce qu’il va faire en plus, marmonna Fenrir en se renfrognant sur sa chaise.

 - Mais...

 Tony regarda Potter, le jeune sorcier - enfin, le sorcier quoi - qui regardait la table d’un air un peu perdu.

 - Je ne comprend pas pourquoi vous nous proposez ça. Vous voulez quoi en échange ? S’enquit-il en relevant le regard vers lui.

 L’ingénieur cligna des paupières et fronça les sourcils.

 - Pourquoi voudrais-je avoir quelque chose ? Je suis une des personnes les plus riches de la Terre, il n’y a rien que vous puissiez m’offrir que je ne peux m’acheter moi-même... Mis à part peut-être de la magie. Mais bon, j’ai mes inventions, je suis sûr de pouvoir créer quelque chose qui fasse la même chose, parce que hey, genius, here. Mais non, je me suis juste dit que ça pourrait être plus marrant comme ça. Et puis ainsi, vous n’aurez pas à penser à vous cacher partout et à fuir encore et encore. Un endroit où Loki pourrait reprendre des forces. Parce que si j’ai bien compris, c’est ça ou le monde des Morts. Et le nom n’est pas ragoutant, je dois le reconnaître, marmonna-t-il en fronçant les sourcils.

 Les trois enfants de Loki l'observèrent sans mot dire, un long moment, assez pour qu’il se sente presque mal à l’aise.

 Presque. Faut pas déconner non plus, il était Tony Stark.

 - Monsieur, si je peux me permettre, nous pourrions trouver un terrain d’entente, intervint soudainement JARVIS des hauts-parleurs de la tablette.

 Les trois enfants de Loki sursautèrent et Potter regarda la tablette avec de grands yeux.

 - Qu’est-ce que c’est que ça ?! S’étonna-t-il.

 Tony sourit et leva la tablette.

 - Ça, c’est JARVIS ! Mon majordome, ma plus belle création, mon rayon de soleil, mon Skynet à moi, déclara-t-il fièrement.

 Fenrir et Jör eurent un bruit de bouche entre consternation et amusement, mais Potter ne fit que froncer un peu plus les sourcils.

 - C’est à dire ?

 Hm, d’un autre côté, s’il avait disparu pendant douze ans le pauvre... Il ne devait pas être très au fait des avancées technologiques.

 - Je suis ce que l’on pourrait appeler une Intelligence Artificielle Avancée, Monsieur Potter. Monsieur Stark m’a créé il y a quelques années de cela. Officiellement, je suis une ligne de code informatique, expliqua calmement sa plus belle petite chose.

 Tony fredonna de contentement et un peu de fierté.

 - Oh... Wahou, je ne connais que peu les ordinateurs et tout, mais ça a l’air d’être super gros, commenta Potter avec un petit sourire.

 - En effet, j’aime à croire que je suis un bijou de création, déclara JARVIS avec un ton calme, bien qu’avec un peu de... sarcasme.

 - Dis-donc JARVIS, ça va les chevilles ? S’enquit Tony en fronçant les sourcils vers la tablette.

 - Ca va être difficile, monsieur. Je n’ai pas de chevilles, rétorqua son IA dard-dard.

 Tony renifla en levant les yeux au ciel.

 Il l’avait vraiment trop bien codé, son petit.

 - Et qu’est que vous proposez donc ? Intervient Jör en regardant lui aussi la tablette.

 - J’ai cru comprendre que c’était le manque de réciprocité qui vous refroidissait quant à la proposition de Monsieur. Il se trouve que j’ai terminé les rapports d’accidents de la Tour ainsi que l'Île de Manhattan en général, et même pour vous Monsieur, la note est salée. Alors Messieurs, si votre puissance magique est telle que nos suppositions et nos hypothèses le montrent, nous pourrions mettre en place un contrat vous proposant le gîte et le couvert en échange de votre aide pour les réparations de la Tour, exposa JARVIS paisiblement.

 Tony regarda sa tablette et un grand sourire étira ses lèvres. Oh my, son bébé était le plus intelligent, il n’y avait même pas pensé !

 - Euh...

 Potter semblait surpris et Fenrir, intéressé. Tony haussa les épaules.

 - Ça peut-être une idée, vous faîtes ce que vous voulez après ça. Mais...

 Il se frotta le bouc en y réfléchissant un peu plus.

 - Cela dit, si vous vous promenez dans les rues pour aider à la reconstruction à la vue de tous, ça ne pourrait qu’aider encore plus. Devenir un personnage public sans même le chercher. Enfin, peut-être pas toi, Sabrina, parce que je crois que ça va poser problème avec les sorciers de la Terre, bien que je n’ai aucune idée de ce que donne leur politique, donc euh...

 Il se passa une main sur le visage.

 - Bref, c’est plutôt une bonne idée. Mais vous n’êtes obligé de rien, vraiment. C’est à vous de voir.

 Il se redressa et donna la tablette à Potter.

 - Je vous laisse ça pour qu’on puisse communiquer plus facilement si ça vous tente. Et puis il y aura JARVIS, vous pouvez tout lui demander, il sera ravi de vous aider pour quoi que ce soit.

 - En effet, Monsieur, déclara JARVIS.

 Potter s’humidifia les lèvres et prit doucement la tablette.

 - D’accord... OK.

 Il regarda ses deux frères.

 - On va y réfléchir, et on va en parler à notre père, on... on verra bien.

 Tony sourit, hocha la tête et prit une part de pizza.

 Il aimait qu’un plan se déroule sans accrocs. De puissants alliés, ça ne peut qu’aider. C’était bien. Il était fier de lui.

 Pat pat, Tony, bon garçon.

 

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