
Où John se dit qu'il devrait appeler sa sœur et où Sherlock ressent de la compassion.
Sherlock ouvrit difficilement un œil, notant vaguement qu’il s’était endormi dans le canapé la veille. Il fronça les sourcils en se demandant comment il avait fait son compte pour s’endormir assis, mais un poids sur ses cuisses lui apporta la réponse. La veille, John avait décidé de regarder un film quelconque, et s’était tout bonnement endormi devant. Soucieux du bien être de son médecin préféré, Sherlock l’avait allongé, posant la tête blonde sur ses cuisses. Puis il s’était plongé dans ses réflexions personnelles, avant de sombrer dans les bras de Morphée à son tour.
Il regarda autour de lui, constatant que le soleil était déjà haut dans le ciel, preuve que la matinée était bien avancée. Et dire qu’habituellement il était du genre insomniaque... Il suffisait que John rentre dans l’équation pour que tout soit chamboulé. Pourtant il était bien incapable d’en vouloir à son colocataire qui n’avait pas la moindre idée de ces faits, et ce n’était pas Sherlock qui le lui dirai. Il tenait à son nez merci ! Une fois lui avait suffit !
Le souvenir des lèvres de John sur les siennes lui revint et Sherlock sentit, à sa grande honte, des papillons prendre leur envol dans son ventre. Contrarié, il s’agita espérant tirer la belle au bois dormant de son sommeil de plomb. Un grognement l’informa de la réussite de son opération et la tête blonde posée sur ses cuisses bougea, allant se nicher contre son abdomen. Une chaleur suspecte envahit les joues de Sherlock qui dû se faire violence pour ne pas glisser ses doigts dans les cheveux blonds.
- John ! appela-t-il.
Seul un marmonnement indistinct lui répondit.
- John ! répéta-t-il plus fortement.
- Quoi ? maugréa ledit John sans bouger pour autant.
- Tu baves sur ma chemise !
John se redressa et darda un regard amusé sur le détective.
- Je ne bave pas, contra-t-il.
Sherlock plissa les yeux, suspicieux.
- Depuis quand es-tu réveillé ?
- Quelques secondes, s’étonna John en se redressant. D’ailleurs sache le, tu fais un coussin peu confortable.
- Je n’ai pas vocation à servir de coussin ! Protesta Sherlock. Et si je suis si inconfortable que ça tu n’avais qu’à bouger !
- Tu me tenais chaud, expliqua John.
- Pour quelqu’un qui hurle à tout va qu’il est hétéro je te trouve très à l’aise avec les contacts masculins, riposta Sherlock.
John se leva du canapé et s’étira longuement, déliant ses muscles encore endormis, avant de se diriger vers la cuisine en répondant tranquillement à Sherlock.
- J’ai vécu des années en caserne, faisant dortoir commun et douche commune avec mes camarades de promotion... tous des hommes ! Alors non je n’ai pas de problème particulier à me servir d’un autre homme comme coussin ou comme radiateur faute de mieux. Je n’ai jamais ressenti de désir ou de sentiments amoureux pour eux pour autant. Et c’est fort de ces expériences que je te déclare officiellement pire oreiller du monde mais excellent radiateur.
- Je suis flatté, ironisa Sherlock. Tu devrais noter ça sur ton blog.
- J’y penserai à l’occasion, plaisanta John.
Puis regardant l’heure il s’exclama :
- Déjà ! Oh ! Je file prendre une douche et me changer, et on y va !
Puis se tournant vers Sherlock il suggéra :
- Tu devrais en faire autant.
Sherlock se contenta d’une moue peu convaincue avant de se lever du canapé, non sans réprimer une grimace. Dormir assis était une très mauvaise idée !
Un bon quart d’heure plus tard, ils étaient tous deux douchés, changés et prêts pour une nouvelle aventure. John ouvrit la case numéro 10 du calendrier, les bras de Sherlock entourant sa taille. Il sourit en voyant le père Noël en chocolat et le sortit de sa petite case. Immédiatement le tourbillon se déclencha et ils disparurent, laissant l’appartement du 221B Baker Street vide.
Ils atterrirent au beau milieu d’une pièce particulièrement bruyante. Tellement bruyante que personne ne les remarqua, tous observant d’un air amusé un adolescent blond qui vociférait en s’agitant dans les bras d’une énorme armure. L’objet de la colère du jeune homme était un homme brun, tranquillement assis sur un bureau, qui souriait visiblement très amusé.
- Euh... Bonjour, tenta John.
Toutes les têtes se tournèrent vers eux, y compris celle de l’armure. L’homme brun se redressa et les sourcils froncés leur demanda :
- Qui êtes-vous et que faites vous ici ?
- Je suis le Docteur John Watson et voici mon colocataire, le détective Sherlock Holmes. Nous venons de Londres et sommes arrivés... par magie.
- La magie n’existe pas, commença l’homme brun avant qu’un autre brun, à lunettes celui-ci, n’intervienne.
- Allons Roy ! Tu fais du feu en claquant des doigts, tu as un subordonné qui détruit la moitié de chaque ville où il passe en tapant dans ses mains et se balade avec une armure parlante et tu ne croirais pas à la magie ? J’adore la magie !
Puis avec un enthousiasme débordant, il serra les mains de John et de Sherlock tout en faisant les présentations :
- Je suis Maes Hughes et voici le colonel Roy Mustang, le flame-alchemist. La jolie blonde là-bas c’est le lieutenant Riza Hawkeye. Le pe... le blond avec un manteau rouge et une voix de diva c’est Edward Elric, le fullmétal Alchemist et l’armure c’est son frère Alphonse. Et puis il y a Fuery, Havoc, Falman et Breda.
Puis sortant des photos de sa poche il les mis sous le nez de John en s’extasiant :
- Et ça c’est ma si jolie et adorable Elicia ! N’est-elle pas magnifique ?
- Tout à fait, répondit John en peu étourdi par l’énergie de Maes.
- Maes, soupira Roy en se pinçant le nez. On ne sait pas d’où ils viennent et toi...
- Franchement Roy, tu crois que des ennemis inventeraient une histoire de magie pour s’infiltrer ? contra ledit Maes. Et puis c’est Noël !!!
Mais à peine eut-il finit qu’une poigne de fer l’attira vers le sol.
- J’ai rêvé ou tu as failli me traiter de petit ??!!!
- Ed, intervint l’armure. Maes n’a rien dit de tel voyons.
- Très belle armure, murmura Sherlock surpris en s’avançant vers Al. Et vous bougez avec tellement d’aisance avec... Elle doit pourtant être lourde à porter...
- C’est que... commença Al.
Mais Sherlock n’écouta pas et souleva le heaume de l’armure. Il se figea en constatant qu’elle était vide... complètement vide.
- Comment ? Demanda-t-il.
- Je ne vois pas pourquoi nous vous répondrions, intervint Roy en reprenant le heaume des mains de Sherlock et le reposant à sa place.
- Il a dit que vous vous appeliez l’alchismiste de flamme, insista Sherlock. Pourquoi ? Comment ? Et quel est ce symbole sur vos gants ? Et...
- Stop ! l’interrompit John. Sherlock par pitié tais-toi !
- Mais...
- Je sais, mais laisse moi faire s’il te plait.
Devant l’air résolu de John, Sherlock abdiqua et alla s’adosser au mur le plus proche, les bras croisés en signe de bouderie.
Soupirant lourdement, John se tourna vers celui qui était le plus gradé dans la pièce : le colonel Mustang.
- Veuillez excuser le comportement de mon ami. Il est parfois un peu envahissant. C’est un passionné de science et il ne supporte pas de ne pas comprendre comment les choses fonctionnent. Il a donc tout un tas de questions à poser sur l’alchimie et sur... Alphonse c’est ça ?
L’armure approuva en opinant de la tête mais laissa John finir.
- Je comprendrais, ayant été moi-même militaire, que vous ne puissiez ou ne souhaitiez pas répondre à ses questions, mais peut-être pourriez vous satisfaire un peu sa curiosité, sans pour autant dévoiler des choses qui ne doivent pas l’être.
Roy écouta John en silence, les sourcils froncés, hésitant sur l’attitude à adopter. Il jeta un œil à Maes qui lui sourit d’un air complice. Hughes avait du flair pour repérer les gens mal intentionnés et visiblement il ne doutait pas de la bonne foi de ces deux inconnus. Un coup d’œil à Edward lui permis de voir que celui-ci partageait l’avis de Maes. Avec un soupir, il fit signe à Sherlock de s’approcher et lui promit de lui expliquer ce qu’il voulait, dans les limites du raisonnable précisa-t-il en voyant l’éclat un peu fou qui illumina les yeux clairs du brun.
Sherlock bombarda immédiatement Roy de questions, écoutant attentivement les réponses du colonel et d’Edward qui se joignit à la conversation le plus naturellement du monde. John fut invité par Maes à s’asseoir dans le canapé et se retrouva avec une tasse de thé dans les mains. Il écouta attentivement les explications complexes des deux alchimistes aux questions précises de Sherlock.
- Vous êtes magicien ?
La question attira son attention sur Alphonse qui s’était assis à côté de lui.
- Pas du tout, je suis médecin, répondit John en souriant. Mais j’ai acheté un calendrier magique... sans savoir qu’il était magique.
- Oh ! J’adore la magie, avoua la voix enfantine.
- Comment... pardon de vous poser la question, mais comment vous êtes vous retrouvé dans cette... situation ?
- C’est une longue et douloureuse histoire, répondit Al d’un ton triste. Ed et moi avons fait quelque chose qui est interdit. Nous étions jeunes et ignorants et nous en avons payé le prix fort. Ed y a perdu sa jambe gauche et moi mon corps. Ed a réussi à attacher mon âme à cette armure, mais cela lui a coûté son bras droit. Et depuis nous cherchons un moyen de récupérer ce que nous avons perdu.
John avala une gorgé de son thé, digérant les informations donnés par Al. Il ne pu s’empêcher de regarder longuement la silhouette fine d’Edward. Ses sourcils se froncèrent en remarquant un détail et il ne pu s’empêcher de demander :
- Jeunes ? Mais quel âge avez-vous ? Et votre frère ne semble ni unijambiste, ni manchot...
- Ed a 14 ans et moi 12 ans. Et pour son bras et sa jambe... attendez il va vous montrer ! Ed !
L’interpellé se tourna vers le canapé et au signe de son cadet se rapprocha.
- Quoi ?
- Montre tes automails au docteur Watson, lui répondit Al.
- Tsss... Je vois pas en quoi ça va l'intéresser, protesta Ed tout en soulevant sa manche droite, puis la jambe gauche de son pantalon.
John en resta ébahi. Posant sa tasse de thé sur la table il tendit la main pour se saisir des membres métalliques. Soudain conscient de ce qu’il s’apprêtait à faire, il suspendit son geste et leva les yeux vers l’adolescent qui le fixait, l’air surpris, de ses grands yeux dorés.
- Je peux ? s’enquit John.
Ed hocha la tête en signe d’assentiment et laissa John examiner ses automails. Al et lui fournirent les explications au médecin fasciné par ces membres merveilleusement conçus et qui pourraient être un immense progrès dans leur monde.
- Tu penses pouvoir recréer quelque chose de semblable ?
John sursauta en entendant la voix de Sherlock si près de lui. Il était tellement plongé dans sa contemplation qu’il n’avait pas vu le détective et le colonel se rapprocher d’eux.
- Honnêtement non, avoua John. C’est un mécanisme si complexe et si précis qu’il faut des connaissances spécifiques que je n’ai pas. De plus ce métal est introuvable chez nous, il faudrait donc trouver une solution de rechange qui ne serait sûrement pas aussi satisfaisante.
- Et d’où venez vous exactement ? demanda Riza qui jusque là était restée en retrait.
- De Londres, en Angleterre, répondit John.
- Ça ne me dit rien, avoua la lieutenant.
- C’est un autre monde, éluda John.
Mais Riza était curieuse et elle questionna John qui se fit un plaisir de la renseigner.
Pendant que John discutait avec la jolie blonde, Sherlock rumina les informations reçues par les deux alchimistes. Un détail lui revint et il leva les yeux pour avoir plus de précision auprès de Roy. Mais il se figea en voyant Roy fusiller des yeux son colocataire. Surpris par l’animosité plus que palpable du colonel envers l’innocent médecin, Sherlock tourna la tête vers ce dernier qui conversait avec le lieutenant. Ils souriaient tous deux, riant de temps en temps. Bref, rien de très inhabituel...
Son ventre se tordit et soudain il comprit : Roy était jaloux. Il allait se pencher vers John pour lui faire part de sa découverte quand une main ferme l’empoigna et l’embarqua sans ménagement.
- Venez Sherlock vous allez m’aider à ramener de quoi manger pour tout le monde !
Et Maes quitta la pièce en traînant Sherlock derrière lui avant même que celui-ci ait le temps de protester.
- Mais enfin, protesta-t-il une fois dans le couloir.
- Je vous dirais tout ce qu’il y a à savoir sur Roy et Riza, le rassura Maes, mais pas devant eux !
Sherlock emboîta donc le pas à Maes, curieux de savoir ce qu’il y avait de si passionnant sur le sujet. Il était évident que ces deux là s’aimaient.
Arrivé au réfectoire, Sherlock se laissa tomber sur une chaise, perturbé par les révélations de Maes. Ce dernier s’assit en face du détective en silence, le laissant faire le tri dans ses pensées, s’amusant à les décrypter sur le visage si expressif du brun.
Roy aimait Riza. Riza aimait Roy. Jusque là c’était simple songea Sherlock. Ils avaient tous deux conscience des sentiments de l’autre. Là encore, rien de bien compliqué. Mais pourtant, ils n’étaient pas ensemble. Et c’était justement parce qu’ils s’aimaient qu’ils n’étaient pas ensemble... Sherlock était perdu...
Maes le sentit et vola à son secours.
- Vous aimez votre docteur non ? Inutile de le nier, j’ai du flair pour ces choses là, rit-il en voyant la grimace de Sherlock. Que seriez-vous prêt à faire pour le protéger ?
- Je me suis suicidé pour le protéger, répondit Sherlock. Enfin j’ai fait croire à mon suicide...
- Même à lui ?
- Oui... Oh ! Roy est ambitieux, vous l’avez dit vous même... il doit donc avoir des ennemis prêts à tout pour le faire tomber. S’il était avec Riza, ils se serviraient d’elle pour l’atteindre lui. Tout comme Moriarty se servait de John pour m’atteindre.
- Exactement, confirma Maes. Donc oui, Roy est jaloux quand Riza discute un peu trop gentiment avec un autre. Tout comme vous êtes jaloux quand il s'intéresse à quelqu’un d’autre que vous.
Sherlock nia être jaloux, mais cela fit rire Maes qui enchaîna sur tout autre chose : sa merveilleuse et extraordinaire Elicia. Sherlock le laissa discourir ne pouvant s'empêcher de penser à Roy et Riza, un sentiment de compassion lui serrant le cœur.
Pendant que Sherlock aidait Maes à ramener de quoi nourrir un régiment, John discutait avec les autres membres de l’équipe. Il retrouva avec une pointe de nostalgie cette complicité propre aux soldats passant la presque totalité de leur temps ensemble et se connaissant très bien. Il fut particulièrement amusé de voir Roy si protecteur envers les deux plus jeunes bien qu’il le cache sous des airs moqueurs et débonnaires.
Mais ce qui lui fit étrangement le plus mal fut de voir la relation entre les deux frères Elric. Lui qui n’avait jamais pu réellement s’entendre avec sa sœur était jaloux de l’amour évident qui liait ces deux là. Les sacrifices de l’aîné pour sauver le cadet n’était qu’une preuve de plus de leur attachement mutuel. Il se promit d’appeler sa sœur à leur retour. Après tout, elle était la seule famille avec laquelle il avait encore une possibilité de renouer, ses parents ne lui ayant jamais pardonné d'être parti à l'armée et ne voulant plus entendre parler de lui.
La porte s’ouvrit et une voix forte annonça :
- Le repas est servi !!!
- Oh ! Oh ! Oh ! A vos marques ! Prêts ! Partez dans 10...
- Qu’est-ce que c’est que ça ? s’étonna Maes.
- Notre départ, répondit John. Ce fut un plaisir de vous rencontrer, mais nous devons vous laisser.
- 9...
- Pour nous aussi, affirma Hughes en leur serrant la main. Quel dommage que vous quittiez déjà.
- J’aurai bien aimé vous voir à l’oeuvre, se lamenta Sherlock en saluant Roy.
- 8...
- On va éviter de mettre le feu au bâtiment, intervint Riza en arrêtant Roy d’un geste.
- Mais moi je peux vous faire un petit truc si vous voulez, fit remarquer Ed.
- 7...
- C’est vrai !!!
L’enthousiasme de Sherlock amusa les militaires. Edward se saisit des couvert que Maes tenait encore entre ses mains et d’un claquement de mains les transforma en une étoile brillante.
- 6...
- Oh ! C’est impressionnant ! Admit John en prenant l’étoile métallique.
- C’est stupéfiant, enchérit Sherlock. Il a décomposé les molécules pour..
- 5...
- J’ai entendu les explications, fit remarquer John en riant. Merci pour le souvenir.
- Ah ! Ah ! C’est trois fois rien ! Ça me fait plaisir ! répondit Ed.
- 4...
- Et avec quoi allons nous manger maintenant ? soupira Roy.
- Il faut juste aller rechercher des couverts au réfectoire, contra Ed.
- 3...
- Tu aurais pu ne pas tout utiliser, riposta Roy. Il aurait fallu que tu y penses... Minus !
- QUI EST SI PETIT QU’IL SE CONFOND AVEC UNE PETITE CUILLÈRE ? Rugit Ed.
- 2...
- Ed calme toi, tempéra Al.
- Excellente idée, nous allons donc nous servir de toi pour manger ! ricana Roy.
- 1...
- JE VAIS LE FUMER !!!!
Le hurlement de Ed et le rire des militaires accompagnèrent John et Sherlock quand le tourbillon les emporta. Baker Street leur sembla bien silencieux et vide quand ils y arrivèrent et ils leur fallut quelques secondes pour bouger après leur arrivée. John alla poser l’étoile en haut du sapin et se tourna vers Sherlock.
- Il commence à avoir une drôle d’allure notre sapin non ?
- Ils nous ressemblent, répondit Sherlock.
Puis sans un mot de plus, il quitta la pièce pour aller s’enfermer dans la chambre. Le son doucement triste du violon résonna dans l’appartement et John s’assit dans son fauteuil et prenant son courage à deux mains, composa le numéro de sa sœur. Il était peut-être temps de renouer avec elle.
A suivre.