
Où John découvre qu'il y a pire qu'un Sherlock qui s'ennuie.
Sherlock fixait sans le voir le calendrier de l’Avent posé sur le fauteuil de John. Il avait passé la nuit à décortiquer les cases déjà ouverte, cherchant quelque chose, n’importe quoi, qui puisse expliquer le fonctionnement de l’objet. Mais il n’y avait rien, strictement rien. Que du carton, du plastique et cette phrase : Christmas Magic is here ! C’était frustrant ! Et inadmissible ! Comment un vulgaire calendrier osait-il lui résister ? A lui ? Le grand Sherlock Holmes ?! C’était...
- Je t’entends râler depuis ma chambre, grogna la voix de John le faisant sortir de ses pensées.
- Je n’ai pas ouvert la bouche, contra Sherlock.
- Les ondes Sherlock, les ondes...
- Les êtres humains ne dégagent pas d’ondes !
- Toute règle a son exception.
Sherlock se renfrogna ne trouvant aucune réplique cinglante à envoyer à son colocataire. D’un œil noir il observa ce dernier faire son thé matinal, préparer des toasts et s’installer avec le journal pour le lire en mangeant. Il attendit patiemment que John ait fini, qu’il se lève, mette sa vaisselle sale dans l’évier puis qu’il s’approche enfin de lui, un sourire discret sur les lèvres. Il ne fut même pas surpris de constater que son cerveau s’était mise en pause durant tout ce temps. John avait cet étrange effet sur lui.
- Prêt pour une nouvelle aventure ? demanda John en prenant le calendrier. Peut-être apprendrons nous quelque chose de plus sur ce calendrier qui te résiste.
- Je finirai pas savoir tu sais, lâcha Sherlock en se levant pour rejoindre John.
- Je n’en doute pas, rit John.
- Je te trouve de très bonne humeur aujourd’hui, remarqua Sherlock en ouvrant la case numéro 8.
John se contenta d’hausser les épaules et passa ses bras autour de la taille de son colocataire, notant dans un coin de sa tête que cela ne lui semblait plus aussi bizarre qu’au début de se retrouver si étroitement enlacé avec lui. Le tourbillon les emporta rapidement, et ils atterrirent en douceur au beau milieu d’une immense salle. A peine eurent-ils le temps de remarquer un nombre impressionnant d’ordinateurs qu’ils se firent entourer par une troupe de militaires armés.
- Les mains en l’air !
L’ordre claqua dans l’air et les deux hommes obéirent immédiatement, échangeant un regard dépité.
- Décidément, bougonna Sherlock, ça va finir par devenir une habitude.
- Chuuuttt, intima John en fronçant les sourcils.
- Qui êtes-vous ? Et comment êtes-vous arrivés ici ?
Sherlock fixa d’un air peu aimable celui qui venait de les interpeller ainsi, pendant que John se dépêchait de décliner leurs identités et de résumer la situation. A son grand étonnement les soldats ne semblèrent pas surpris par l’arrivée magique, bien au contraire. L’un d’eux s’avança et demanda :
- Ce calendrier a-t-il quoi ce soit de commun avec ceci ?
Lentement les deux hommes se tournèrent pour regarder ce que l’homme blond à lunettes désignait derrière eux. Un immense anneau trônait au bout d’une passerelle en métal. Neuf chevrons l’ornaient et divers dispositifs étaient reliés à l’immense anneau. Très intéressé Sherlock se rapprocha de la chose, vite arrêté par les militaires.
- Pas du tout, avoua John. C’est un simple calendrier de l’Avent en carton et plastique.
- Qu’est-ce que c’est ? s’enquit Sherlock en pointant du doigt l’anneau.
- La porte des étoiles, lui répondit l’homme blond à lunettes. Je suis le Docteur Daniel Jackson, égyptologue et spécialiste en langues et cultures anciennes.
- Enchanté, mais cela ne me dit pas ce qu’est la porte des étoiles...
- C’est secret défense, coupa un homme à l’allure sévère.
- Colonel, tenta le Dr Jackson.
- Secret défense !
Pendant que le colonel et le docteur débattaient des informations qui pouvaient ou pas être divulguées à des étrangers, Sherlock se rapprocha discrètement de la porte des étoiles, bien décidé à comprendre par lui-même de quoi il retournait exactement. De son côté John observait avec attention un homme de haute taille, au visage austère et avec un symbole étrange sur le front. C’était ce dernier point surtout qui l’intriguait au plus haut point.
Son regard insistant ne passa pas inaperçu et l’homme, objet de toute cette attention, lui le rendit. Les deux hommes se fixèrent longuement, puis finalement John se lança :
- Excusez-moi, mais ce... commença-t-il en pointant du doigt son propre front. C’est... Comment vous êtes vous fait ça ?
- Je suis né avec, répondit platement l’homme.
- Ah ? Je n’avais jamais vu une marque de naissance comme celle-ci, avoua John.
- C’est typique de mon peuple.
- Oh ! Et à quel peuple appartenez vous ?
- Jaffa.
Durant la conversation, une femme s’était approché du duo et voyant l’incompréhension de John elle intervint.
- Le peuple Jaffa vit sur la planète Chulak.
- La planète Chulak ? s’étonna John. Je ne comprends pas... Capitaine, conclut-il en voyant les galons sur l’uniforme de la militaire.
- Capitaine Samantha Carter, répondit celle-ci en souriant. Et celui qui discute avec le Dr Jackson est le colonel Jack O’Neil.
- Vous avez bien dit, une autre planète ? s’exclama Sherlock en se précipitant sur la capitaine.
- Oui.
- Comment allez-vous sur ces autres planètes ? En quelle année sommes-nous ? Et à quoi servent ces anneaux ? Non, ne me dites rien... dit Sherlock rapidement. Ce sont ces anneaux qui vous permettent de voyager d’une planète à l’autre. J’imagine qu’il y a des anneaux similaires sur les planètes d’arrivées.
Un peu étourdie par le débit très rapide de Sherlock, Samantha ne put que hocher la tête en signe d’affirmation. Le colonel O’Neil se rapprocha d’eux et grogna :
- Comment savez vous tout ça ?
- Élémentaire, je l’ai déduis. J’aimerai cependant savoir si vous avez la possibilité de voyager dans le temps grâce à cette porte des étoiles.
Ce fut le Dr Jackson qui éclaira la lanterne du détective.
- C’est possible oui, selon la configuration des étoiles et des différentes portes qui s’y trouve. Mais cela demande une quantité phénoménale d’énergie et peut s'avérer très dangereux.
- Pensez-vous qu’il puisse exister un système équivalent mais en beaucoup plus petit ?
La question de Sherlock surpris les militaires qui échangèrent un regard étonné avant que le colonel O’Neil ne finisse par questionner :
- Pourquoi ?
Sherlock se lança donc dans l’explication de leurs aventures calendriesques, intéressant grandement le Dr Jackson, le colonel O’Neil et la capitaine Carter, qui ne tardèrent pas à réfléchir à voix haute avec le détective sur la possibilité que le calendrier soit une porte des étoiles. Un peu en retrait, John observa la discussion sans trop y prêter attention. Il se doutait déjà de la réponse : il était impossible qu’un système aussi complexe et nécessitant autant d’énergie puisse tenir dans un carton de cinquante centimètre de long, trente de large et cinq de profondeur.
Mais Sherlock tenait à son idée. Il se lança donc dans un interrogatoire en règle sur le sujet, allant voir de lui-même comment la porte fonctionnait exactement sous l’œil attentif du colonel, et râlant quand ce dernier refusa tout net de la mettre en marche pour satisfaire le caprice du détective. La capitaine Carter proposa au détective de visionner les vidéos de leurs départs et arrivés via la porte, ce qui ravit Sherlock.
Voyant Sherlock s’agiter en tous sens, entraînant toute une partie de l’équipe avec lui, John décida de se pencher sur le cas bien plus intéressant, à son humble avis, de Teal’c. Il se rapprocha donc de l’homme impressionnant et aux airs patibulaires et entama la conversation :
- Ainsi vous êtes un Jaffa. J’ignore tout des Jaffas.
- Seuls ceux ayant la possibilité de voyager par la porte des étoiles connaissent les Jaffas, répondit platement Teal’c.
- Ce symbole sur votre front, il a une signification particulière ?
Teal’c fixa longuement le blond avant de se décider à lui répondre, finissant même par sourire face aux questions parfois presque enfantines ou embarrassées de John. Ainsi il expliqua au docteur les origines des Jaffas, les différences anatomiques et physiologiques entres les Jaffas, les humains et les Goa’ulds, les relations conflictuelles entre les Jaffas et les Goa’ulds, les rites culturels des deux cultures et leurs langages. Ce qui amusa le plus Teal’c fut d’expliquer à John la sexualité des deux cultures.
John était littéralement fasciné par ce qu’il apprenait. Comment quelques êtres avaient pu manipuler l’ADN d’êtres humains au point de créer une nouvelle espèce ? Et surtout qu’est-ce qui se passerait si des personnes mal intentionnées avaient connaissance de tout ceci et des horribles possibilités que cela leur offraient ? C’était tout à la fois fascinant et effrayant.
- Mais enfin c’est impossible !!!! C’est la seule solution logique !!!
Le rugissement de Sherlock résonna dans le grand hall attirant l’attention de tous sur lui. Agité était un euphémisme tant Sherlock bougeait vite, faisant de grands gestes et poussant de grands cris. Il alla même jusqu’à donner un coup de pied dans la porte des étoiles qui ne bougea pas d’un centimètre, ne vibra même pas.
- Il est tout le temps comme ça ? demanda Teal’c.
- Seulement quand il s’ennuie, avoua John.
Ce fut à ce moment précis que Sherlock arracha une mitraillette des mains d’un militaire et commença à tirer partout autour de lui en hurlant.
- Enfin, soupira John, pas à ce point quand même.
Les militaires se jetèrent sur Sherlock pour le neutraliser, mais le détective repoussa violemment tous ceux qui l’approchèrent, se démenant comme un enragé quand certains réussirent à le saisir. En voyant un militaire voler à travers la pièce, John craignit le pire et décida d’intervenir.
- SHERLOCK !
Son cri eut le mérite d’attirer l’attention de son colocataire sur lui et John s’avança, les mains en l’air.
- Calme toi, dit-il calmement. Ces militaires ne sont pas responsables de ta frustration.
- Tu ne comprends pas John ! Tu ne comprends rien !! C’était la seule solution logique ! LA SEULE !!! rugit Sherlock.
- Et tu n’avais pas idée de cette solution avant aujourd’hui. Demain, tu en trouveras sûrement une autre, et au final je ne doute pas que tu trouveras la bonne, tempéra John.
- Non ! John, Non ! Cette porte permet de voyager d’un monde à l’autre ! Elle permet même de voyager dans le temps ! C’est la bonne solution !!!!
- Tu admets toi-même que c’est impossible, contra John sans se départir de son calme et en se rapprochant du détective. Mais je suis certain que tu éclairciras ce mystère. Tu es l’homme le plus intelligent que j’ai pu rencontrer dans ma vie.
- Tsss, ce n’est pas moi qui suis intelligent, c’est les autres qui sont stupides, grogna Sherlock.
- Vous devriez écouter votre compagnon, intervint le Dr Jackson. Il y a sûrement d’autres possibilités.
- Je ne suis pas son compagnon, soupira John. Je ne suis pas Gay !
- Tu devrais te l’écrire sur le front, ricana Sherlock. Ça t’éviterai de devoir le répéter à tout bout de champ.
- Oh, je suis désolé, s’excusa Jackson, j’ai cru que...
- Moi aussi, avoua Teal’c.
Désespéré, John décida de laisser tomber. Argumenter ne servirait à rien, et Sherlock ne l’aiderai en rien. En temps normal il se fichait complètement de ce genre de chose, mais vu son humeur actuelle, Sherlock était bien capable de l’enfoncer plus qu’autre chose. Et John préférerai éviter que Sherlock ne le ridiculise pour évacuer sa colère. Si pour une fois il pouvait éviter une dispute avec son colocataire il allait l’éviter.
- A ma décharge, reprit le Dr Jackson, vous avez l’air... en couple...
- Je suis d’accord, approuva Teal’c.
- Humm... Si vous le dites, souffla le colonel peu intéressé par ce genre de considération.
- Oh ! Oh ! Oh ! Retour à la maison dans 10...
- Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Samantha.
- Le signal du départ pour nous, expliqua John en attrapant le bras de Sherlock.
- Vous nous quittez déjà, quel dommage, souffla le Dr Jackson.
- Nous ne choisissons pas l’heure de départ, avoua John.
- 9...
- Ni le point d’arrivée, grogna Sherlock.
- Attendez je vais vous trouver un petit quelque chose à ramener chez vous, lança Teal’c.
- 8...
- Depuis quand tu t’inquiètes de ce genre de chose, se moqua le colonel.
- Ceci dit il a raison, on ramène toujours un petit quelque chose quand on va dans un autre monde, fit remarquer Samantha.
- 7...
- C’est vrai que nous aussi on fait ça, avoua John en souriant. Ça décore notre sapin de Noël.
Puis voyant le regard de Sherlock il grogna :
- Non, on ne peut pas ramener la porte des étoiles pour que tu l’étudies en long en large et en travers.
- 6...
- Elle ne tiendrait pas dans l’appartement, conclut-il.
- Mycroft nous trouverait sûrement un local où la stocker, contra Sherlock
- 5...
- Qui est Mycroft ? s’enquit le colonel.
- Mon frère, grommela Sherlock.
- 4...
- Ce n’est pas la vraie mais en voici une réplique miniature, très fidèle, dit Teal’c en tendant une porte des étoiles en porte clé.
- Oh c’est mignon ! Vous avez des portes clés ! s’extasia John.
- 3...
- Il arrive qu’il y ait des visites, et ils aiment ramener des souvenirs, avoua le colonel O’Neil.
- Ridicule, grogna Sherlock en serrant John contre lui.
- 2...
- Ils ressemblent vraiment à un couple, souffla le Dr Jackson à Samantha.
Mais il fut entendu par les deux londoniens. John allait protester une nouvelle fois quand les lèvres de Sherlock s’écrasèrent sur les siennes l’empêchant d’ouvrir la bouche.
- 1...
Le tourbillon s’éleva, emportant avec lui les deux hommes enlacés, les lèvres soudées, le plus blond des deux ayant les yeux écarquillés par le choc.
Dés qu’ils eurent touché touché terre, John repoussa violemment Sherlock puis s’essuya la bouche.
- Mais... Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ?!!
Sherlock haussa les épaules et tourna le dos à John pour aller s’affaler dans le canapé. Dépité John fixa longuement son colocataire qui ne semblait pas décidé à donner la moindre explication. Perturbé il décida de monter dans sa chambre et quitta le séjour.
- Je voulais juste te faire taire, souffla alors Sherlock, figeant John sur le palier.
Cette fois ce fut John qui préféra ne rien dire et monta les escaliers. Il n’entendit pas Sherlock avouer dans un chuchotement :
- Je ne supporte plus de t’entendre dire ça...
A suivre...