
Où John et Sherlock découvrent que la magie existe et mangent du foie gras.
La porte automatique s’ouvrit, laissant sentir à ceux qui passait son seuil la chaleur du magasin contrastant avec la fraîcheur du dehors. Secouant la neige qui avait trouvé place sur ces cheveux, John ne put s’empêcher de sourire en entendant la musique de Noël résonner dans la petite supérette. Partout de joyeuses décorations brillantes rappelaient à tout un chacun qu’aujourd’hui était le premier jour de décembre. Le compte à rebours jusqu’à Noël venait de débuter.
John avait toujours aimé Noël. Pas pour les cadeaux, sa famille n’était pas particulièrement aisée et les cadeaux étaient rarement bien choisis. Pas pour le repas de famille non plus, ce n’était pas pour rien qu’il n’avait plus de contact avec sa sœur ni avec ses parents pourtant encore bien de ce monde. Non, ce que John aimait à Noël, c’était l’ambiance, les décorations, la chaleur des marrons chauds, l’odeur des pains d’épices, la joie visible partout. Durant le mois de décembre, chaque jour semblait plus beau que le précédent, escalade vers un bonheur aussi éphémère qu’illusoire. Mais peu importait l’éphémère et l’illusoire tant qu’il y avait un peu de bonheur.
Ce fut donc le sourire aux lèvres et le cœur en fête que John arpenta les rayons de la supérette qu’il connaissait par cœur. Mais elle lui semblait nouvelle, revêtue d’or, de rouge et de vert. Ayant rempli son panier, John se dirigea vers les caisses et se figea en voyant l’étalage de calendrier de l’Avent. Il hésita un moment, songeant déjà au sarcasme dont Sherlock ne manquerait pas de l’abreuver. Mais son envie de chocolat l’emporta... Sherlock et son cynisme ne pouvait vaincre face à vingt-quatre délicieux chocolats en forme typique de Noël.
Le regard de John erra dans le rayon à la recherche du calendrier qui satisferait son envie aussi enfantine qu’inutile mais si réjouissante. Soudain, il le vit... Seul, isolé des autres, il semblait supplier d’être acheté. John ne résista pas à l’appel de détresse du calendrier et s’en saisit pour le glisser dans son panier. Puis ravi, il se dirigea vers les caisses automatiques. Même la mauvaise volonté évidente de la machine n’entama pas sa bonne humeur. Ni le froid, ni la neige, ni le verglas qui manqua le faire tomber ne vinrent à bout de sa joie et de son enthousiasme.
A la porte du 221B de Baker Street John croisa Mme Hudson qu’il salua joyeusement avant de monter les marches vers l’appartement. Sans prêter d’attention particulière à son colocataire, John rangea les courses dans le frigo et les placards, pressé de pouvoir enfin jouir de son calendrier de l’avent. Mais alors qu’il venait de ranger la dernière boite de flageolet, une voix grave et moqueuse se fit entendre :
- Christmas Magic is Here ! Serais-tu retombé en enfance sans que je m’en sois aperçu ?
John se retourna brutalement, inquiet de ce que Sherlock pourrait faire subir à son calendrier.
- Ne touche pas à ça !
Surpris par l’éclat de voix du médecin, habituellement si calme, Sherlock posa l’objet en carton sur la table. A peine l’eut-il fait que John s’en saisit vivement, l’examinant attentivement comme s’il craignait que Sherlock l’ai abîmé.
- Ce n’est qu’un calendrier de l’Avent, fit remarquer le détective. Très banal si tu veux mon avis, et conçu pour les enfants.
John grogna mais ne répondit rien. Sherlock avait parfaitement raison. Ce calendrier n’avait rien de spécial. Un Père Noël souriant sur un fond doré, vingt-quatre cases prédécoupées et numérotées attendant sagement qu’on les ouvre pour révéler leur surprise.
- J’en avais envie, finit-il par avouer devant le regard insistant de Sherlock.
Levant les yeux au ciel, Sherlock soupira puis retourna à son occupation précédente : fixer le mur, allongé dans le canapé, les doigts joints devant sa bouche, faisant ainsi semblant de réfléchir à quelques mystères insolubles. Mais du coin de l’œil il surveilla les moindres faits et gestes de John.
Ce dernier ôta son manteau, puis ses bottes, monta se changer, revenant avec un vieux jean et un pull très laid mais sûrement très confortable, et sa paire de charentaises au pied. Il se prépara un thé qu’il sucra avant de le touiller. Puis prit le calendrier et chercha la case numéro une. Avec une précaution indigne d’un tel objet, selon Sherlock, John ouvrit la petite case. Puis glissa ses doigts à l’intérieur pour saisir le chocolat, un sourire enfantin éclairant son visage.
- Sherlock !
Le cri surpris alarma Sherlock qui se redressa d’un bond, rejoignant son colocataire au moment même où un étrange tourbillon l’aspirait à l’intérieur de la case ouverte. Instinctivement, Sherlock se saisit de la main tendue de John, le tourbillon l’emportant lui aussi avant même qu’il ait pu tenter quoique se soit pour récupérer son médecin personnel.
Durant quelques secondes, ils tournoyèrent sans fin, leurs mains soudées l’une dans l’autre, seul point d’ancrage avec un semblant de réalité. Puis soudain tout cessa, et ils chutèrent durement sur le sol. Ils se débattirent quelques minutes, cherchant à démêler leurs membres, et à se redresser, le tout avec force grognement de la part de Sherlock et jurons de la part de John.
Ils se redressaient enfin quand une voix légèrement moqueuse les fit sursauter :
- Vous n’êtes pas très discrets pour des cambrioleurs.
Surpris, les deux hommes se tournèrent vers celui qui venait de les interpeller ainsi. Assez grand, de belle allure et vêtu classement, l’homme cadrait parfaitement avec le hall où ils avaient atterri.
- Hum.. Bonsoir, finit par dire John en avançant vers le propriétaire des lieux, impressionné malgré lui par l’aura de celui-ci. Nous sommes désolés d’arriver chez vous ainsi.
- Je serai curieux de savoir comment vous êtes parvenus à entrer dans ma demeure parfaitement sécurisée, l’interrompit l’homme.
Gêné, John se gratta la tête et jeta un œil vers Sherlock. Ce dernier leva les yeux au ciel et s’avança à grand pas, rejoignant le médecin, pour expliquer :
- Mon ami a acheté un calendrier de l’Avent qui de manière encore inexplicable nous a transporté jusqu'ici.
Leur hôte laissa paraître durant un bref instant sa surprise, avant de sourire amusé.
- Un calendrier de l’Avent ? Vraiment ? Et où est-il ce calendrier ? Je ne vois rien de tel prés de vous.
Instinctivement John regarda au sol autour de lui, constatant qu’effectivement il n’y avait pas de trace du calendrier.
- Comme je vous le disais, reprit Sherlock d’un ton froid, c’est inexplicable, tout du moins à l’heure actuelle.
- C’est magique ? Suggéra John.
- La magie n’existe pas ! décréta Sherlock.
- Sans vouloir vous offenser, intervint l’homme visiblement amusé par le dialogue entre les deux visiteurs, je ne pense pas que la magie existe réellement.
John planta ses deux pieds bien au sol, et se redressa, prenant inconsciemment une posture militaire.
- Et comment expliquez vous, Messieurs les sceptiques, qu’un calendrier de l’Avent ai pu aspirer à travers l’une de ses cases, mesurant quelques centimètres carrés, deux hommes de notre stature et nous faire arriver ici même ?
- Où sommes nous d’ailleurs ? éluda Sherlock en s’adressant à leur hôte.
Ce dernier sourit et répondit poliment :
- A Baltimore, dans le hall de ma demeure. Je ne me suis pas présenté au demeurant : Hannibal Lecter, Docteur en psychologie.
Sherlock serra la main tendue et les présenta :
- Enchanté. Sherlock Holmes, Détective consultant, et mon ami John Watson, médecin anciennement militaire.
Les deux hommes se tournèrent vers John qui les fixait éberlué.
- Baltimore ? Aux Etats-Unis ? Baltimore ? souffla-t-il choqué.
- Tout à fait, confirma Hannibal. Je ne vois pas ce qu’il y a de si surprenant...
- C’est à dire que... commença Sherlock.
Mais John ne le laissa pas finir sa phrase, expliquant rapidement :
- Juste avant d’arriver, par magie, chez vous, nous étions dans notre appartement... à Londres !
Cette fois Hannibal ne pu masquer sa surprise.
- Londres ? En Angleterre ? Effectivement, c’est un sacré voyage que vous avez fait...
Puis sans laisser le temps aux deux autres de répondre, il proposa d’un ton affable :
- J’étais en train de finir de préparer mon repas. En attendant de trouver une solution à ce mystère, joignez vous à moi. J’en ai bien assez pour nous trois.
John et Sherlock échangèrent un regard, John suppliant Sherlock de leur trouver un échappatoire. Mais Sherlock se contenta de lui sourire avant d’emboîter le pas de leur hôte. N’ayant nul autre choix, John soupira discrètement et suivit le mouvement. Il se sentait complètement décalé dans cette maison respirant le chic et le raffinement. L’allure policé de son hôte n’arrangeait rien. Dans sa tenue confortable, mais pas vraiment classe, il avait la désagréable sensation de faire tâche.
Le fait que Sherlock porte un costume gris, une chemise bleu roi et des souliers sur mesure ne le gênait habituellement pas, mais pour une fois il aurait aimé ne pas être le seul en charentaise dans une maison inconnue, à l’autre bout du monde, chez un psychologue dont ils ignoraient tout. A bien y réfléchir, Sherlock avait sûrement déjà déduit un paquet d’informations sur leur hôte de ce soir, mais il n’avait pas partagé ses découvertes avec John, John naviguait donc à l’aveugle... comme d’habitude.
La salle à manger, imposante tant pas sa taille que par son ameublement, acheva de mettre John mal à l’aise. Tendu, il sentait sur lui le regard scrutateur d’Hannibal, ce qui achevait de le crisper. Pour se donner une contenance, il s'intéressa à un tableau accroché au mur, inconscient qu’aucun des deux autres n’étaient dupe. Mais aucun d’eux ne firent de remarques et John se détendit doucement devant le paysage automnal peint avec délicatesse.
Sherlock détourna les yeux de la silhouette de John. Tout dans la posture rigide de l’ancien soldat lui disait le malaise de l’homme. Lui trouvait pourtant que John s’harmonisait étrangement bien avec le décor de la pièce, avec son pull en laine, son vieux jean et ses charentaises. Mais il pouvait comprendre que le médecin, peu habitué aux vieilles demeures bourgeoises, ne s’y sente pas à l’aise. De plus le Dr Lecter dégageait quelque chose d’animal, quelque chose qui étrangement lui rappelait Irène Adler. Et John n’avait jamais apprécié La Femme.
- Ainsi donc vous êtes détective consultant ? J’ignorais que cela existait...
La question d’Hannibal sortit Sherlock de ses pensées et il se concentra sur son hôte.
- Cela n’existe pas. J’ai créé ma propre profession.
- Intéressant. Et en quoi cela consiste exactement ?
Sherlock se lança dans une explication succincte de son métier tout en analysant son interlocuteur.
Ce dernier ne laissait rien paraître sous ses dehors polis et avenants, mais Sherlock sentait qu’il y avait quelque chose de plus sombre sans pouvoir mettre le doigt dessus exactement. Et cela l’agaçait.
- C’est très intéressant. Un de mes amis travaille au FBI. Il y est professeur en criminologie mais est doté d’une empathie surprenante qui fait de lui un excellent profileur, dit tranquillement Hannibal en finissant de dresser la table.
- Si vous voulez bien passer à table, conclut-il en désignant les places à ses deux visiteurs.
En voyant le plus petit des deux s’avancer un léger sourire aux lèvres, Hannibal ne put s’empêcher de demander :
- Auriez vous vu quelque chose d’amusant dans ce tableau Dr Watson ?
- Absolument pas, sourit John. C’est un très beau tableau, mais j’avoue n’être qu’un amateur, l’auteur m’est donc inconnu.
- Il est devant vous, répondit Hannibal.
John le regarda surpris, puis s’empressa de le féliciter pour son coup de pinceau.
- Et donc, qu’est-ce qui vous amusez ? insista Hannibal.
- L’empathie, répondit John en souriant davantage. Sherlock a bien des qualités, mais l’empathie n’est pas son point fort.
- Nul besoin de ça, je t’ai toi pour ça, rétorqua Sherlock.
John n’avait pas l’habitude que Sherlock fasse de tel aveu, et Hannibal ne pu que le constater en voyant le médecin ouvrir de grands yeux éberlués avant qu’une infime rougeur ne s’étale sur ses joues. Le blond se reprit rapidement et disputa son compagnon :
- Tu pourrais faire un minimum d’effort quand même !
Sherlock se contenta d’hausser les épaules et décréta d’un ton qui signifiait clairement que le sujet était clos :
- Je suis un scientifique ! Pas psychologue, sans vouloir vous offenser Docteur Lecter.
Hannibal sourit et rassura Sherlock :
- Je comprends tout à fait, même si l’un n’exclut pas l’autre.
Puis il posa devant chacun de ses invités une assiette joliment dressées avec trois tranches d’une sorte de mousse café crème, avec du pain d’épice et de la confiture de fruits rouges. Quelques feuilles de salade venaient compléter l’assiette.
- Je suis désolé de ne pouvoir vous proposer mieux, s’excusa Hannibal, mais je n'avais pas prévu d’invités.
- Ne vous excusez pas, le pria John. C’est bien aimable à vous de nous inviter à manger. Et ça à l’air délicieux.
- C’est du foie gras, une spécialité française, expliqua Hannibal en ouvrant une bouteille de vin. Et ceci est un délicieux Monbazillac, français aussi évidemment. Vous verrez il se marrie à merveille avec ce plat.
Poliment, John attendit qu’Hannibal prenne une première bouchée pour goûter ce met jusqu’alors inconnu : le foie gras. La texture fondante l’étonna, mais il apprécia la légèreté trompeuse du plat. L’association avec le sucré du pain d’épice et la confiture de cerise ravit son palet anglais et le moelleux du vin acheva de le convaincre de la délicatesse de la spécialité française.
Assis face à lui, Sherlock examina d’un œil circonspect les tranches de foie gras et s’enquit :
- Quel animal s’est vu engraisser pour le plaisir gustatif de ces très chers français ?
Hannibal sourit de toutes ses dents avant de répondre placidement :
- Une oie, mais elle n’avait rien d’une oie blanche croyez moi.
Sa réponse fit froncer les sourcils du détective qui posa son regard perçant sur son hôte.
Hannibal laissa Sherlock l’examiner, soutenant son regard quand leurs yeux se croisèrent. Il attendait, non sans curiosité, la réaction de l’homme sans nul doute brillant, quand il aurait compris. Cela ne tarda pas. Le regard de Sherlock changea, passant de scrutateur à fasciné en quelques dixième de secondes.
- Oh ! Voilà qui est... intéressant. Vous connaissez toujours aussi bien la vie de vos... aliments ?
Le psychologue sourit et répondit au détective. Tous deux entamèrent une conversation passionnante sur l’anatomie animale, conversation que John ne suivit que d’une oreille, trop occupé à savourer son plat. Le médecin s’étonna de voir Sherlock ne pas toucher au foie gras, mais préféra ne faire aucune remarque, ne voulant pas paraître impoli ou interrompre la discussion entre les deux hommes.
Des pas feutrés attirèrent l’attention des trois convives vers la porte. Hannibal se leva et sourit au nouvel arrivant :
- Will, tu arrives à point nommé pour le dessert.
- Vous avez des invités, s’excusa le nouveau venu. Je ne veux pas vous déranger.
- Tu ne me déranges jamais Will, assura le Dr Lecter. Ce sont des invités... surprises.
Puis se tournant vers la table il fit les présentations :
- Je vous présente Will Graham, professeur en criminologie au FBI. Will, je te présente Sherlock Holmes, détective consultant à Londres et son compagnon John Watson, médecin militaire revenu dans le civil.
John serra poliment la main de Will mais ne pu s’empêcher de préciser :
- Sherlock et moi sommes simplement amis.
- Oh ?! S’étonna Hannibal. Excusez ma méprise, je vous pensais en couple.
- C’est une erreur courante, soupira John.
- Et que tu es le seul à relever, enchérit Sherlock, serrant à son tour la main de Will.
John bougonna en se rasseyant, maudissant Sherlock et sa propension à se foutre de ce que pensais les gens.
Hannibal invita Will a se joindre à eux pour le dessert, ce que celui-ci accepta avec plaisir. Rapidement Sherlock et Will se lancèrent dans une discussion sur les crimes en général et sur le tueur de Baltimore qui mettait à mal les forces de polices de la ville. Les mises en scènes spectaculaires et fantasmagoriques intéressèrent énormément Sherlock qui regretta ouvertement qu’il n’y ai pas un tel tueur à Londres pour le plaisir de l’enquête.
John dégusta le délicieux crumble aux prunes tout en écoutant d’une oreille attentive les explications détaillées de Will. Quand celui-ci s’inquièta que cela puisse lui couper l’appétit, John rit et répondit qu’entre les expériences bizarres de Sherlock qu’il retrouvait régulièrement dans le frigo et ses études de médecine, il lui en fallait bien plus pour être dégoûté.
- Vous feriez un couple particulièrement bien assorti, lâcha innocemment Hannibal.
John faillit s’en étouffer avec sa bouchée.
- C’est aussi ce que dit Mycroft, répondit Sherlock.
- Quoi !!!! s’offusqua John. Mais...
- John, soupira Sherlock, franchement il n’y a que toi qui tienne compte de ce genre de chose. Ce que pensent les autres n’a pas d’importance.
John tenta d’argumenter, mais Hannibal approuva Sherlock et s’inquièta de connaître les raisons qui poussaient John à tenir autant compte du qu’en dira-t-on. Voyant le malaise du médecin, Will vola à son secours en rappelant à Hannibal que John n’était pas son patient et qu’il n’avait pas besoin d’analyser tout le monde. S’en suivit une discussion entre les deux hommes sur le besoin d’Hannibal de fouiller dans la tête de tout le monde et sur l’incapacité de Will à dissocier ses émotions propres de celles des autres.
Sherlock sourit et se pencha discrètement vers John pour lui faire partager sa découverte : Hannibal et Will était en couple. John fut surpris et posa un regard scrutateur sur les deux hommes essayant de voir ce que Sherlock voyait. Il était évident qu’ils étaient proches mais rien ne lui indiqua que leur relation allait au-delà de l’amitié.
- Ho ! Ho ! Ho ! Départ dans 10...
- C’est quoi ça ? demanda Will en entendant la voix grave résonner dans toute la demeure.
- Je ne sais pas, avoua Hannibal.
- C’est le Père Noël, s’exclama John.
- 9...
- Le Père Noël n’existe pas, affirma Sherlock.
- Et la magie non plus, décréta John. Pourtant nous sommes bien arrivés là par magie.
- 8...
- Je suppose que cela annonce l’heure du départ pour vous, intervint Hannibal en se levant.
- Vous êtes arrivés par magie ? s’étonna Will.
- 7...
- Vite Sherclok, donne ta main, s’empressa John.
- Nous n’avons plus le calendrier, fit remarquer Sherlock en prenant la main tendue de John.
- 6...
- Tenez, dit Hannibal en leur tendant une bouteille. Un souvenir de votre soirée en notre compagnie.
- Ce fut une soirée très agréable et très instructive, remercia Sherlock.
- 5...
- Mais la magie n’existe pas, ne pu s’empêcher de faire remarquer Will incrédule.
- Il semblerait pourtant que si, soupira John.
- 4...
- Merci pour ce très bon repas et pardon pour le dérangement, enchaîna John en saluant Hannibal.
- Ce fut un plaisir de vous rencontrer. Si je passes à Londres je ne manquerai pas de m’arranger pour que nous nous rencontrions à nouveau, affirma Hannibal avec un léger sourire aux lèvres.
- 3...
- Rien ne me ferait plus plaisir que de vous revoir à Londres, assura Sherlock les yeux brillants d’envie.
- Peut-être devrions nous rejoindre le hall, suggéra John en se levant.
- 2...
Un tourbillon commença à se former aux pieds des deux anglais et Sherlock fixa John en concluant :
- Il semblerait que cela ne soit pas nécessaire.
- 1...
- Au revoir, lança John avant que le tourbillon ne les aspire lui et Sherlock.
Durant de longues secondes ils tourbillonnèrent dans le vide, leurs mains solidement jointes et la bouteille offerte par leur hôte d’un soir soigneusement blottie contre le torse de John. La chute fut aussi brutale que la précédente et ils se retrouvèrent dans le salon de leur appartement au 221B Baker Street à Londres. Après un démêlage de membres, ils se redressèrent et s'époussetèrent.
- Nous voilà revenus... par magie, remarqua John.
- La magie n’existe pas John ! assura Sherlock. Il doit y avoir un truc.
Et d’un geste décidé il se saisit du calendrier de l’Avent qui était sagement posé au sol, tombé là lors de leur premier départ impromptu. John arracha des mains de son ami le calendrier et lui interdit vertement d’y toucher.
Sherlock tenta d’argumenter mais en vain, John resta inflexible : Sherlock ne toucherait pas à ce calendrier.
- D’accord, finit par céder Sherlock. Mais je t’interdis d’y toucher toi aussi tant que je n’ai pas résolu ce mystère.
John allait protester quand un détail attira son attention. Là, dans la case numéro une, la porte ouverte dévoilait un joli sapin en chocolat.
Avec précaution, John se saisit du chocolat, examinant avec une joie toute enfantine la forme si caractéristique de Noël. Il allait le porter à sa bouche quand Sherlock l’interrompit :
- Du Chianti... Ce Hannibal Lecter est un fin connaisseur.
John tourna la tête vers le détective, le voyant avec la bouteille offerte plus tôt dans la soirée.
- Et un excellent cuisinier, dit-il. Ce foie gras était un délice !
Sherlock eut un sourire qui fit froid dans le dos de John. Ce sourire qui signifiait que lui savait quelque chose que John ignorait, et surtout quelque chose que John n’aimerait pas. Tendu John attendit... attendit... Sherlock ouvrit la bouche... la referma... Puis finalement lâcha :
- Je ne te savais pas ce genre de penchant John.
Tendu à l’extrême, John demanda :
- Quel penchant ?
- Enfin John, ne me dis pas que tu ne sais pas différencier à l’œil nu un foie d’oie d’un foie d’être humain.
- Quoi !!! Coassa John choqué.
- Hannibal Lecter est cannibale... Le foie était un foie humain...
John se sentit brutalement mal, il verdit, puis piqua un sprint jusqu’aux toilettes pour y vomir tripes et boyaux, abandonnant son chocolat sur le comptoir de la cuisine au passage. Amusé par la réaction de John, Sherlock se saisit du chocolat, le croqua, et allant se poser devant la porte des WC conclut :
- Ce qui m’étonnes, c’est que Will, agent du FBI, soit en couple avec le tueur qu’il recherche si activement... J’ai hâte qu’Hannibal vienne à Londres... Ce sera un jeu passionnant.
Un borborygme inintelligible lui parvint, lui signifiant que John ne partageait guère son enthousiasme, mais Sherlock n’en tint pas compte. Il avait un mystère à éclaircir : le calendrier de l’Avent !
A suivre...