
Département des mystères.
Harry observait l'horloge dans sa chambre, attendant patiemment l’heure du rendez-vous.
Les vacances avaient débuté depuis une semaine et il était dans sa chambre officielle à Square Grimmaurd. Sirius avait été libéré après un court procès sous Veritaserum, il avait reçu des indemnités et devait passer à St Mungo une fois par semaine pendant un an pour s'assurer de son état mental et physique. Il avait aussi obtenu la garde de Harry et même Dumbledore n'avait rien pu y faire.
Le directeur était toujours activement recherché par les Aurors, mais il leur échappait facilement et passait son temps entre le QG et des endroits inconnus de tous. Il semblait faire des recherches sur quelque chose, Harry soupçonnait que c'étaient les Horcruxes ou l'endroit où habitait Voldemort. Il en avait parlé au mage noir qui lui avait assuré avoir mis tous ses Horcruxes en lieu sûr et que son manoir était introuvable.
Il avait aussi donné une interview à Rita où il expliquait tout ce qui s'était passé en troisième année et aussi le fait que son parrain l'avait hébergé durant une très grande partie de l'été. Il avait aussi raconté comment il vivait chez ses moldu et comment un certain directeur ne l'avait jamais écouté lorsqu'il venait lui demander de le laisser rester à l'école pour l'été. Ça n'avait pas vraiment arrangé les affaires de Dumbledore auprès du ministère ou de la population sorcière, mais ça lui avait arrangé sa situation à lui. Les Dursley avaient reçu un procès sorcier pour maltraitance d'un enfant magique et avaient finis dans une prison moldu (ils pouvaient pas vraiment les envoyer à Azkaban avec les détraqueurs alors ils avaient envoyé quelqu'un s'occuper de la paperasse et modifier quelques mémoires). Dudley avait été confié à St Brutus par les juges, décidant qu'il était juste un sale gosse ayant besoin d'être redressé. Étrangement, ces condamnations l'avaient mis de bonne humeur pendant plusieurs jours.
Bon, certes, il passait pour une pauvre petite chose sans défense, beaucoup le plaignaient ou se moquaient de lui, et il s'était fait copieusement engueulé pour avoir enfoncé encore plus le directeur, mais ça en valait la peine.
Il jeta un nouveau regard à l'horloge, il était bientôt l'heure.
Il se leva, mis ses bottes en cuir de dragon, une veste noir à capuche et ses gants. Il vérifia qu'il avait bien sa baguette, bien qu'elle ne lui servirait pas à grand-chose. Il avait aussi mis un bonnet noir dans lequel il avait coincé ses cheveux, au cas où.
Il se cacha sous sa cape d'invisibilité avant de prendre la main de Dobby qui l'emmena dans un coin sombre du Chaudron Baveur.
Ils avaient soigneusement planifié tous les deux cette sortie, allant faire du repérage tous les soirs dans le coin et autour du ministère. Ils avaient aussi convenu d'un plan de secours au cas où il aurait à s'enfuir en catastrophe.
Il observa le pub, voyant quelques clients de soirée en train de boire dans un coin et Tom qui frottait un verre avec un chiffon. Il se déplaça en silence dans la salle, cherchant le mage noir en déguisement. Il finit par le trouver assis à une table avec une tasse fumante en train de lire le journal. Il s'était fait les cheveux blonds et les yeux verts mais Harry pouvait toujours reconnaître les traits de son visage, et il pouvait aussi sentir sa magie. Il portait un pantalon et une tunique, tous les deux noirs, sous une robe toute aussi sombre avec des bottes en cuir de dragon.
Il s'approcha de lui et se glissa juste derrière sa chaise. Il allait poser sa main sur son épaule lorsque l'homme siffla.
_ N'y pense même pas.
_ Ne pense pas à quoi ?
_ Me surprendre. Suis-moi sans faire de bruit.
Il se leva en pliant son journal et finit son café avant de se diriger vers la sortie. Harry le suivit en silence et sortit juste derrière lui avant que la porte ne se referme. Ils se dirigèrent vers une allée sombre où le garçon retira sa cape et fit face à l'homme.
_ Comment vous avez su que j'étais là ?
_ Le lien, je t'ai senti arriver. Attrape mon bras, on y va.
Il leva les yeux au ciel face au ton autoritaire mais attrapa quand même le bras de l'homme. Il eut la sensation d'être pressé dans un tuyau et se retrouva quelques secondes plus tard dans l'atrium vide du ministère de la magie. C'était une très vaste salle à l'architecture fastueuse avec des murs en lambris sombre, où deux rangées de cheminées au manteau d'or étaient aménagées et un sol recouvert d'un parquet ciré. Il leva la tête au plafond et vit des milliers de symboles dorés se modifiant en permanence. Il fronça les sourcils en essayant de les lire en suivant distraitement le mage noir, mais il arrivait tout juste à reconnaître une ou deux runes. Il fut sorti soudainement de ses pensées par un léger coup dans l'épaule.
_ Concentre-toi un peu Potter. Ce sont juste les protections autour du ministère.
_ Pourquoi laisser les maillages de runes visibles par tous ?
_ Arrogance. Suis-moi, et reste sur tes gardes. Normalement il n'y a personne ce soir, mais on ne sait jamais. Et mets ta capuche, il ne manquerait plus qu'on te reconnaisse...
Il s'exécuta aussitôt et remarqua que son compagnon avait lui-même rabattu la capuche de sa robe sur son visage et tenait sa baguette dans sa main. Il ne sortit pas la sienne car il savait qu'il ne pouvait pas faire de magie, étant encore un mineur, mais il se prépara quand même à utiliser sa magie sans baguette à tout moment.
Ils passèrent les deux portes dorées au fond de l'atrium pour passer dans un petit hall d'où partaient des ascenseurs. Voldemort se dirigea vers l'un d'eux et entra à l'intérieur, Harry le suivant. Le mage noir appuya sur l'un des boutons et l'engin se mit en marche. Ils n'avaient plus qu'à attendre.
« Saute-lui dessus ! »
« Non. »
« Mais il est juste là, vous êtes enfermés dans une petite pièce tous les deux à attendre. »
« Non. »
« Mais pourquoi ? » Phoenix avait presque l'air de piquer une crise de gamin de cinq ans à qui on refusait une sucette.
« Parce que. Je te l'ai déjà dit, je ne coucherais pas avec lui. Et puis, on est en mission, ce n’est vraiment pas le moment. »
« C'est pas juste. »
« La vie est injuste. »
« Techniquement parlant, on est... »
« Mort, je sais. » le coupa Harry. « Mais ce n'est pas une raison. »
Il jeta un regard à l'homme qui attendait, appuyé contre le mur et l'observant. Il trouvait le silence un peu lourd et soupira. Pour une première rencontre, ce n'était pas la grande joie. Ils avaient passé des mois à discuter régulièrement par lettres et maintenant qu'ils se voyaient en vrai, ils ne s'adressaient pas un mot. Pas qu'il soit intéressé par la moindre relation avec le mage noir, bien au contraire, mais c'était tout de même ennuyeux.
_ Tu ne veux toujours pas me rejoindre ?
La question avait été posée sans préambule et elle surprit un peu Harry qui répondit quand même rapidement :
_ Non. Je ne vous rejoindrai pas.
_ Pourquoi ?
_ Je vous l'ai déjà dit. Et puis, pourquoi est-ce que vous tenez autant à ce que je vous rejoigne ?
_ Tu es à moi. Je ne veux pas que tu restes avec des gens qui pourraient te faire du mal. Et encore moins Dumbledore.
_ Je n'appartiens à personne. Et je peux me défendre tout seul.
_ Tu es mon Horcruxe, donc tu es à moi. Rejoins-moi, ce sera plus sûr pour toi.
_ Non. Je ne participerais pas à cette guerre.
_ Alors viens au moins vivre dans mon manoir. Tu pourras toujours finir tes études là-bas.
_ Je préfère rester à Poudlard, merci bien. Et vous ne m'obligerez pas à vous rejoindre ou à venir me cacher chez vous.
« Ce que tu peux être difficile... »
« La ferme. »
_ Je peux parfaitement bien t'y forcer au contraire.
« Et t'attacher au lit avec des menottes et puis... »
« La. Ferme. »
_ J'aimerais bien vous voir essayer.
Il n'avait absolument pas grogné à la fin de sa phrase. Mais pour qui il se prenait celui-là à essayer de le menacer !? Il n'était à personne et il allait encore moins se soumettre à Voldemort. L'homme ne put cependant répondre car l’ascenseur s'arrêta et les portes s'ouvrirent. Devant eux se trouvait un long couloir aux murs de marbre noir, faiblement éclairé par des torches. Ils s'avancèrent en silence et Harry laissa échapper sa magie pour scanner le couloir. Il savait que c'était au tour d’Arthur Weasley de monter la garde. Il le repéra et constata qu'il dormait, avachi sur le sol sous sa cape d'invisibilité. Il attira l'attention de Voldemort en tirant légèrement sur sa manche et murmura :
_ Le garde dort sous une cape d'invisibilité.
_ Je vois. Autant l'incapacité pour être prudent.
_ Je m'en charge.
Il s'approcha en silence et retira la cape de l’homme en faisant attention à ne pas le réveiller avant d'utiliser un stupefix et de l'attacher avec des cordes par un Incarcerus sans baguette. Il l'allongea ensuite sur le côté et le recouvrit de nouveau de la cape. Lorsqu'il se redressa, il vit que le mage noir le fixait.
_ Quoi ?
_ Magie sans baguette ?
_ Je m'entraîne un peu.
_ Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir en faire.
_ Que voulez-vous ? Je ne suis pas comme tout le monde.
Le mage noir eu un petit ricanement amusé avant de s'avancer vers la porte.
_ Évidemment que tu ne l'es pas, marmonna-t-il.
Il ouvrit la porte et ils entrèrent dans une salle circulaire donnant sur plusieurs portes noires avec des torches bleues entre elle. Harry laissa la porte se refermer et Voldemort s'avança vers la porte en face d'eux, mais les murs se mirent soudainement à tourner sur eux-mêmes à grande vitesse.
_ C'est normal ça ?
_ Je pense que oui. Mon espion n'a pas pu me donner beaucoup d'information sur le Département des Mystères, c'est l'endroit le plus secret du ministère.
_ Mais vous savez où on va ?
_ Bien sûr ! Pour qui me prends-tu ?
Les murs arrêtèrent de tourner et Voldemort s'avança vers la porte en face de lui. Il l'ouvrit et ils entrèrent dans une pièce qui s'éclaira aussitôt, montrant...
« Oh mon dieu ! »
« Est-ce que c'est ce que je crois ? » demanda Phoenix.
« Je crois que oui. »
« BUFFET À VOLONTÉ !!!! »
Devant eux se trouvaient plusieurs espèce d'aquariums remplis de cerveaux flottants dans un liquide vert non-identifié. Quelques tables de travaille se trouvaient autour, mais Harry n'arrivait pas à arracher son regard des cerveaux. Il avait soudainement un petit creux...
« Manger... » Phoenix aussi semblait être tenté, il l'entendait presque baver.
« Je ne sais pas si c'est sage... »
« Pourquoi ? »
« Ba... Y’a Voldemort déjà, et il ne peut pas savoir. Ensuite... »
_ Potter !
Il sursauta et se tourna vers l'homme qui le regardait fixement à côté de la porte.
_ Oui ?
_ Qu'est-ce que tu fiches ? Ça fait une minute que je t'appelle. Ce n’est pas ici, viens, on y va.
_ Bien sûr, désolé.
Il le suivit hors de la pièce, mais, cette fois, avant de fermer la porte, le mage noir traça le chiffre « un » sur le panneau avec sa baguette. Lorsque les murs se remirent à tourner, le plus vieux se tourna vers l'adolescent.
_ C'est moi, ou j'ai entendu « buffet à volonté » venir de ton côté du lien ?
_ Non, vous avez dû imaginer des choses.
_ Vraiment ? Alors pourquoi est-ce que tu es resté figé comme ça ?
_ Ba, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y avait des cerveaux flottant dans du liquide, c'est assez choquant, non ?
« Ils avaient l'air tellement bons... »
« Phoenix, ils étaient dans un laboratoire de scientifiques fous, tu crois vraiment qu'ils étaient comestibles ? »
_ Si tu le dis...
_ Je le dis.
« C'est vrai... Il n’a pas l'air de te croire. »
« Je sais ! Mais qu'est-ce qui t'a pris de gueuler aussi fort aussi ? »
« Ba, j'étais excité... »
« On n'a plus qu'à espérer qu'il n'assemble pas les pièces du puzzle trop rapidement. »
« Ouais. »
Les murs s'arrêtèrent et Voldemort ouvrit une autre porte. Celle-ci menait à une salle de laquelle s'échappait des grognements et des bruits de chaînes. Ils échangèrent un regard et entrèrent, curieux. Lorsque les torches s'allumèrent, ils se retrouvèrent face à une dizaine de cages, chacune enfermant un zombie. Harry grimaça en les voyant. Lui aussi pourrait se retrouver ici, enfermé dans une cage et servant à faire des expérimentations.
« Je n'aime pas cet endroit. »
« Moi non plus, Phoenix, moi non plus. »
_ Visiblement, tous les zombies de l'incident de cet été n'ont pas été tués, commenta Voldemort en les regardant avec intérêt.
_ Visiblement. Évitez de trop vous approcher quand même.
_ Je ne suis pas idiot, Potter.
« Sortons d'ici, s'il te plaît. »
« Pas tout de suite, je ne veux pas paraître suspect. »
Il pouvait sentir l'inquiétude de Phoenix et savait que son compagnon avait peur. C'était instinctif pour lui, vu qu'il était son instinct. Voldemort ne lui prêtait aucune attention et observait des documents rangés sur un bureau dans un coin de la salle.
_ Visiblement, ils essayent d'inverser les effets ou de créer une espèce de vaccins contre l’infection créant les zombies.
Ça, ça piqua son intérêt.
_ Vraiment ?
_ Oui. Mais ils sont encore loin du compte.
Il se désintéressa des papiers et retourna vers la porte.
_ Allons-y.
Ils sortirent et il marqua la porte d'un deux. Puis les murs se remirent à tourner et ils les observèrent en silence. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, ils entrèrent dans une autre pièce et Voldemort émit un claquement de langue satisfait.
_ C'est par là.
La pièce était remplie de cliquetis, et pour cause, elle contenait des instruments de mesure du temps en tout genre. Harry vit même une espèce de cloche de cristal dans laquelle un oiseau naissait, vieillissait et mourrait avant de renaître et qui éclairait l'endroit d'une lumière dansante et scintillante. Il vit aussi des Retourneurs de Temps sur une étagère et la pointa à Voldemort.
_ Vous croyez que si j'en pique un, une alarme se déclenchera ?
_ Pourquoi aurais-tu besoin d'un Retourneur de Temps Potter ?
_ On ne sait jamais, ça peut toujours servir.
Voldemort regarda les objets avant de soupirer et sortir sa baguette. Il lança plusieurs sorts de détections avant de se tourner vers le garçon.
_ Il n'y a pas de protection autour, mais il vaudrait mieux attendre d'avoir la prophétie avant d'en voler un.
_ D'accord.
« Imagine tout ce qu'on pourrait faire avec l'un de ces Retourneur de Temps ! »
« Comme quoi ? »
« Prendre plus de temps pour manger, avoir des heures supplémentaires pour s'entraîner, pouvoir faire ses devoirs dans les temps sans se priver de sommeil. T'imagine tous les progrès qu'on pourrait faire en vivant deux fois chaque jour ? »
« C'est vrai. C'est cool ! »
« Ouais ! »
Ils continuèrent leur chemin dans la salle et ouvrirent la porte au fond, qui menait à une immense salle de la taille d'une cathédrale, éclairée par des bougies à la flamme bleue. Elle était remplie de rangées d’étagères, sur lesquels étaient posés des petits globes de verre, qui devait sûrement contenir des prophéties à ne plus savoir qu'en faire. Il y en avait tellement qu'il ne pouvait pas les compter.
_ On cherche la rangée numéro 97.
_ D'accord.
Ils se mirent à marcher, la baguette de Voldemort allumée et élevée au-dessus de leurs têtes pour éclairer les numéros sur les étagères. Ils avancèrent en silence pendant plusieurs minutes avant de trouver la rangée qui les intéressait. Ils cherchèrent la prophétie et Harry fut le premier à la trouver.
_ Ici.
Voldemort le rejoignit et observa lui aussi le globe de verre sous lequel était marqué :
1980
S. P. T. à A. P. W. B. D.
Seigneur des Ténèbres
et (?) Harry Potter
_ La voilà, murmura Voldemort. Cette fichue prophétie.
_ Oui. Elle en a pourrie des vies cette saleté. Qu'est-ce que veulent dire les lettres ?
_ Sibylle Patricia Trelawney et Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore.
_ Il a trop de nom dans son nom...
_ Effectivement. Dépêchons-nous de la prendre et de partir.
Il lança quelques sorts de détection sur la sphère, mais, quand il ne détecta rien de plus que le sort empêchant quiconque d'autre que les personnes concernées de la prendre, il s'en saisit et la mit dans sa poche, remarquant au passage qu'elle semblait tiède au touché.
Ils firent ensuite demi-tour et retournèrent dans la salle du Temps en marchant rapidement. Harry se précipita vers l'étagère aux Retourneurs de Temps et en attrapa deux qu'il glissa dans sa poche avant de rejoindre Voldemort à la porte. Il la marqua d'un trois et ils attendirent que les murs arrêtent de tourner avant d'ouvrir chacun une porte. Harry tomba sur une salle remplie de planètes et secoua la tête en direction de l'homme qui la marqua d'un cinq après avoir marqué la sienne d'un quatre. Ils attendirent que les murs aient finis de tourner avant d'ouvrir une des deux dernières portes restantes.
C'était celle de la sortie et ils se hâtèrent vers les ascenseurs. Ils entrèrent dans l'un d'eux et appuyèrent sur le bouton de l'atrium. En attendant que l'engin ne s'arrête, Harry se tourna vers le mage noir et lui tendit l'un des Retourneurs de Temps.
_ Tenez, ça vous sera sûrement utile pour remplir toute cette paperasse et jouer les Seigneurs de Ténèbres Maléfiques.
_ Ce n’est pas un jeu, Potter, répliqua-t-il vertement et prenant le Retourneur de Temps et en le rangeant dans une poche de sa robe.
_ Je sais. On sort d'ici et on écoute la prophétie avant de se séparer ?
_ Oui. Je vais t'emmener au manoir pour qu'on puisse l'écouter sans être interrompu.
_ Hors de question. Je ne vous suivrais pas là-bas ! Qu'est-ce qui me dis que vous n'allez pas m'empêcher de repartir une fois là-bas ou que vous n'allez pas m'enfermer quelque part pour me maintenir en sécurité ?
_ Je ne vais pas faire ça Potter, tu pourrais me faire un minimum confiance.
_ Bien sûr, et tout à l'heure vous disiez pouvoir me forcer à rester avec vous juste pour déconner, répliqua-t-il sarcastiquement.
_ Potter...
Le mage noir semblait à deux doigts de s'énerver lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvrit sur le petit hall. Harry sortit aussitôt et se dirigea vers les portes sans attendre l'autre homme qui grogna avant de le suivre et prendre la tête. Ils ouvrirent les portes et esquivèrent aussitôt sur les côtés lorsque des sorts leurs furent tirés dessus.
_ Qu'est-ce que... ?
_ Tom, sort de là, tu ne peux pas t'échapper.
Ils échangèrent un regard. Dumbledore.
Harry dit à Phoenix de se faire discret puis, il ouvrit le lien et envoya une pensée à Voldemort.
« Qu'est-ce qu'on fait ? »
« Garde ta capuche, il ne doivent pas te reconnaître. À trois on sort avec un bouclier. Reste derrière moi, est-ce que c'est clair ? »
« Oui. »
Ils prirent une inspiration et Harry prépara sa magie sans baguette avant qu'ils ne sortent du petit hall en parant les sorts volant dans leur direction. Devant eux se tenait une dizaine de membre de l'Ordre avec Dumbledore. Harry fut soulagé de constater que Maugrey n'était pas avec eux, car l'homme aurait pu le reconnaître. Il remercia encore une fois mentalement Dobby pour avoir neutralisé l'homme avant de l'emmener, juste au cas où.
Il remarqua dans le fond Remus et Sirius qui savaient qu'il devait venir et qui le regardaient avec inquiétude. Il hocha imperceptiblement la tête, leur signalant qu'il allait bien, ce qui sembla les détendre un peu.
_ Dumbledore... Je devrais être surpris de te voir ici, mais je ne le suis pas vraiment. Et je vois que tu as emmené tes petits pions avec toi, se moqua Voldemort. Aurais-tu trop peur de m'affronter par toi-même, vieil homme ?
_ Contrairement à toi, Tom, je ne traite pas mes hommes comme des pions. Et je pensais que tu aurais emmené plus d'homme que ça pour cette petit expédition.
_ Que veux-tu Dumbledore ? Quand on est entouré d'incapable, on n'a plus qu'à faire le travail soi-même. Tu devrais partir avec tes pions, je ne suis pas venu ici ce soir pour me battre et tu le sais.
_ Je ne peux pas te laisser t'échapper comme ça Tom, répliqua-t-il en levant sa baguette.
_ Oh ! Vraiment ? Tiendrais-tu tant que ça à cette petite prophétie que tu refuses absolument que quelqu'un d'autre mette la main dessus ? Dis-moi, Albus, as-tu dit à ton petit Golden Boy ce que tu réservais pour son futur ? La vraie raison pour laquelle je l'ai attaqué ce soir-là ? Lui as-tu dis pourquoi est-ce que tu nous faisais nous confronter à chaque occasion qui se présentait ? Oh ! Je vois à ton expression que non, tu ne l'as pas fait. Dis-moi, que se passerait-il s'il recevait une petite lettre lui disant tout ce que tu lui cache sur lui ? Est-ce qu'il se mettrait en colère et se retournerait contre toi ? Est-ce qu'il se tournerait vers celui qui accepte de répondre à ses questions sans le manipuler ? Ce serait intéressant de le découvrir, tu ne penses pas ?
Dumbledore envoya un sort vers lui et il le para avec un large sourire. Il avait réussi à énerver le vieux fou. Harry leva les yeux au ciel avant de se servir de sa magie sans baguette pour parer les sorts des membres de l'ordre qui essayaient de le capturer. Il envoya quelques stupefix dans le tas, touchant une ou deux personnes. Mais il savait qu'ils ne tiendraient pas longtemps. Voldemort avait beau être puissant, Dumbledore l'était aussi. Et lui-même ne pouvait pas faire grand-chose avec juste sa magie sans baguette.
« Laisse-moi me battre ! »
« Tu vas les tuer ! »
« Non, on s'est entraîné tous les deux. Tu le sais, je peux me contrôler. Je n'ai aucune limite lorsque je me bas. »
« Je ne sais pas... »
Il esquiva en catastrophe un sort de découpe et atterrit durement sur le sol. Il roula sur le côté et essaya encore d'esquiver, mais un stupefix lui fonça dessus et il n'avait pas le temps de le parer ou l’esquiver. Il écarquilla les yeux avant de se laisser envahir par son instinct de survie.
Voldemort affrontait Dumbledore au centre de l'atrium et le duel battait son plein lorsqu'ils sentirent tous les deux un immense pic de magie venant de l'endroit où Harry se défendait contre les dix membres de l'Ordre. Ils se tournèrent dans cette direction et virent le garçon toujours le visage dissimulé, se relever avec le corps avachi, comme s'il était une marionnette maintenue par des fils imaginaires. Il releva la tête et ils entendirent un grognement bas et sombre s'échapper de lui avant qu'il ne bouge. L'action fut si rapide qu'aucun d'eux ne le vit faire. En une seconde, il se retrouva face à un membre de l'Ordre et l'envoya dans un autre, les assommant tous les deux, il ne prenait même pas la peine d'esquiver les sorts, ils se dissipaient tout seul en entrant en contact avec sa magie. Voldemort se concentra sur le lien et se retrouva brutalement bloqué. Potter n'était visiblement pas dans son état normal.
_ Qui est-il Tom ?
_ Il n'est personne qui te concerne vieux fou, répliqua-t-il en lui lançant un autre sort.
Il relança le duel en acculant Dumbledore du mieux qu'il pouvait, espérant que Potter ne le prendrait pas aussi pour cible. Il avait un mauvais pressentiment le concernant.
Harry observa par ses yeux ce qui se passait alors que Phoenix se battait. Il vit Remus et Sirius qui le regardaient avec inquiétude mais il essaya de les oublier tout en dirigeant son compagnon. Phoenix assommait et stupefixait leurs adversaires avec rapidité et efficacité. Quand le tour de ses deux oncles vint, ils ne résistèrent pas et le laissèrent les immobiliser.
Puis, il essaya de reprendre le contrôle de son corps en voyant que tous leurs adversaires étaient à terre, mais Phoenix résista et se tourna vers le duel entre Dumbledore et Voldemort. Il pouvait presque sentir ce que voulait faire son double et grogna.
« Phoenix ! Tu fais ça, je te jure que je te livre à Madame Pomfresh ! »
Cette déclaration stoppa immédiatement son double. Il observa le combat, puis vit une statue qui commençait à allumer des feux dans les cheminées de l'atrium. Des renforts allaient arrivés.
« Phoenix, donne-moi le contrôle ! Maintenant ! »
L'autre obéi et Harry sortit une pierre noir de sa poche avant de s'élancer vers Voldemort. Il esquiva un sort, en bloqua un autre et lorsqu'il fut juste à côté de l'homme, il éclata la pierre au sol, laissant s'échapper un lourd nuage noir au moment où la première personne sortait d'une des cheminées. Il attrapa le bras du mage noir sans lui laisser le temps de réagir et appela Dobby qui les transporta aussitôt au lieu convenu.
Lorsqu'ils atterrirent, Voldemort se dégagea et regarda autour d'eux, sa baguette brandie. Mais ils étaient simplement dans le salon d'une suite d'hôtel que Harry avait réservée pour la nuit dans le monde moldu. Le garçon mit ses mains sur ses genoux pour reprendre sa respiration et remercia Dobby qui lui apporta un verre d'eau. Il était épuisé.
Il se laissa tomber dans l'un des fauteuils et désigna un autre à Voldemort qui s'assit finalement.
_ Où est-on ? Et qu'est-ce qu'il s’est passé là-bas ?
_ On est à l'hôtel. J'ai réservé la suite, au cas où il faudrait s'échapper en catastrophe. J'ai juste lancé de la poudre d'obscurité instantanée du Pérou, pour empêcher les autres de nous voir disparaître. Dumbledore avait enchanté les statues pour qu’elles allument les feux et fassent venir des membres du ministère. Encore un peu et on nous voyait tous les deux. Là, il va avoir du mal à expliquer sa présence là-bas.
_ Je vois. Mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Je parlais du moment où ta magie a explosé.
_ Comment ça ? Elle n'a pas explosé.
_ Je sais ce que j'ai vu et senti Potter ! Tu te déplaçais beaucoup trop vite pour que ce soit humainement possible et ta magie a augmenté sans prévenir.
_ Vraiment ? C'est un peu flou tout ça pour moi... Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé. J'ai juste paniqué quand ils ont failli m'avoir...
Voldemort l'observa suspicieusement, mais il n'y prêta pas attention et se concentra plutôt pour avoir l'air perturbé et légèrement perdu. Il était aussi très fatigué. Et il avait faim. Il retira sa capuche et son bonnet, laissant ses cheveux tressés tomber autour de son visage avant de se laisser aller dans son fauteuil. Dobby apparu alors dans la pièce avec deux sandwiches. Harry prit le sien aussitôt et Voldemort leva un sourcil en voyant l'elfe lui tendre le deuxième.
_ Merci Dobby, j'ai une faim de loup.
_ Dobby ne fait que son travail Harry Potter, monsieur.
Voldemort finit par prendre son propre sandwiche et annula son glamour. Il observa attentivement le garçon alors qu'il mangeait. Ce qu'il avait entendu n'exagérait pas. Il avait vraiment changé. Il ne ressemblait absolument plus au garçon qui lui avait fait face dans le cimetière. Et il semblait avoir développé de nouvelles capacités aussi.
La magie sans baguette n'était pas si simple à maîtriser et le garçon n'avait eu qu'une demi-année pour le faire car il n'en avait rien montré au cimetière. Ou alors, avait-il caché ses capacités ? Mais pourquoi ?
Et il y avait aussi ce qu'il s'était passé au ministère, qu'est-ce que ça avait été que ça ? Il allait devoir regarder ses souvenirs de cette nuit dans une pensine et essayer de mettre les pièces du puzzle ensemble. Il savait qu'il y avait quelque chose de pas net, il devait juste trouver quoi.
Il fut sorti de ses pensées par le garçon.
_ Si on écoutait cette prophétie ? Je ne suis pas sûr du temps que ça leur prendra pour se rendre compte que j'ai disparu.
Il hocha la tête et sortit la prophétie de sa poche. Il aurait bien sûr préféré emmener le garçon à son manoir pour pouvoir l'y maintenir et ainsi protéger son Horcruxe, mais ça n'allait visiblement pas se passer comme ça.
Il posa la sphère sur la table basse entre eux et pointa sa baguette dessus. Une silhouette s'éleva et laissa échapper d'une voix roque et éthérée :
Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche...
Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois...
Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore...
Et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit...
Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois...
Ils restèrent silencieux quelques secondes avant que Harry ne déclare :
_ Okay, si je comprends bien, d'après ça, on est censé s'entre-tuer.
_ Visiblement.
_ Mais je suis un Horcruxe.
_ Oui.
_ Donc c'est un ramassis de conneries...
_ On le savait déjà. Une autre interprétation serait que seul moi peux te tuer et seul toi peux me tuer. Dans tous les cas, si on l'ignore, ça n'a aucune importance.
_ Mais ça en a pour Dumbledore...
_ Malheureusement oui. Il va essayer de te faire te battre contre moi par tous les moyens.
_ Je lui souhaite bonne chance là-dessus. Personne ne me contrôle.
_ Ce serait plus simple si tu venais vivre chez moi.
_ Non.
_ Ne sois pas aussi têtu, c’est la solution la plus pratique dans ta situation.
_ C'est quand même non.
Il soupira, il pouvait toujours enlever le garçon non ? Personne ne pouvait l'en empêcher ici. Mais il vit alors le petit elfe qui le fixait dans un coin de la pièce. Il devait d'abord inventer, puis mettre des protections autour de son manoir empêchant les elfes de maisons inconnus d'entrer et sortir, sinon kidnapper Potter n'aurait aucun intérêt.
_ Très bien, tu as gagné. Mais je ne lâcherais pas l'affaire.
_ Moi non plus. Maintenant, il faut que j'aille me changer et que je retourne dans ma chambre.
Il se leva et s'enferma dans la chambre où Dobby avait laissé un jean, un T-shirt bleu, des baskets et une chemise en jeans qui lui servit de veste. Il se changea, vérifia dans le miroir de la salle de bain qu'il n'y avait aucune trace de son combat sur lui, puis il retourna dans la partie salon. Voldemort leva un sourcil en le voyant et commenta :
_ Quelle histoire est-ce que tu comptes leur raconter s'ils t'attrapent ?
_ Que j'ai fait le mur pour m'envoyer en l'air avec mon copain.
_ Et tu crois qu'ils vont croire ça sans que tu n'aies aucune marque ?
_ Que voulez-vous, guérison instantanée !
_ Je vois...
Harry eu un sourire en coin avant de dire :
_ Au revoir. Je vous enverrais une lettre pour vous rapporter la réaction de l'Ordre.
_ Oui. Et je vais peut-être envoyer une lettre de manière évidente te disant la prophétie juste pour énerver Dumbledore.
_ Alors ça, ça sera amusant à regarder.
_ En effet... Je vais aussi y aller, au revoir Potter. Et n’oublie pas mon offre.
Harry hocha la tête et attrapa la main de Dobby alors que Voldemort transplanait.
Ils atterrirent dans la chambre d’Harry et une douce et délicate voix féminine cria :
_ HARRY JAMES POTTER !! Où étais-tu jeune homme ?
_ Ah... Madame Weasley, bonsoir...
« Au secours ! »
« Je dors... »