Pepper
PARTIE 3
Chapitre 1
Midgard : 2010
Pepper
Fury fixait Tony comme un Directeur fixerait un élève ayant mis le feu à la moitié de l’établissement scolaire. Sa posture rigide, les cicatrices qui disparaissaient sous son cache-œil et son regard noir étaient plutôt intimidants, mais ni Virginia Potts ni Tony Stark n’étaient connus pour être intimidés. Et ils avaient toujours la cachotterie Natalie/Natasha du SHIELD en travers de la gorge. Fury avait définitivement perdu leur confiance et elle savait que dès que JARVIS aura fait sa mise à jour, Tony travaillerait son programme pour lui permettre de s’infiltrer dans les données de l’Organisation.
Plus jamais d’infiltration dans sa propre maison.
« Stark, je crois vous avoir demandé de faire profil bas un temps. Alors pourquoi est-ce que je vous découvre impliqué dans les évènements étranges qui se déroulent depuis quelques temps ? »
Pepper montrait de quel côté elle se tenait en restant droite sur ses talons haut à côté du fauteuil de Tony, mais ses lèvres pincées et son visage fermé laissait comprendre au génie qu’elle n’était pas contente de lui. Du tout. Elle avait pensé qu’il s’était calmé avec les conneries maintenant qu’il n’était plus en danger de mort, mais c’était sans compter sur son immaturité qui ne le quittait pas.
Coulson était le plus calme et le plus discret. Ils ne s’étaient vu que peu de fois pour l’instant cependant elle avait déjà travaillé avec lui et elle commençait à saisir son caractère : silencieux et invisible mais terriblement efficace. C’était apaisant de pouvoir compter sur quelqu’un de compétent.
« Il va falloir m’éclairer sur les évènements, Fury, parce que je n’ai pas encore développé de technique pour lire des pensées et j’ai fait pas mal de choses ces derniers jours. » répondit le milliardaire en faisant tourner l’alcool doré dans son verre.
« Nos satellites ont une image de votre voilier pile au-dessus du centre sismique, où l’on a découvert une perturbation du champ magnétique, Stark. »
Tony sourit, pas perturbé pour un sou.
« Ouais, je vois de quoi vous voulez parler. Il se trouve que j’ai comme projet de commercialiser le nouvel élément que j’ai découvert et pour ça j’avais besoin d’un remplacement pour un composant, et il se trouve que ce remplacement se trouve à -5000 mètres sous l’eau. Il se peut que j’aie un petit peu forcé la roche, et déclenché un séisme, effectivement. Mais je ne vois pas ce que j’ai bien pu faire pour modifier le champ magnétique par contre. » Il avait l’air d’un enfant ravi de sa récente bêtise.
« Vous essayez de me faire croire que vous avez plongé à -5000 mètres de profondeur, seul et sans foreuse pour aller récupérer un caillou ? »
« J’y suis allé avec Mark III, Fury. Je n’ai besoin de personne et d’aucune foreuse. » réplica-t-il avec supériorité.
« Vous pensez vraiment que je vais vous croire. »
« Vous faites ce que vous voulez. » Il haussa les épaules, prétendument indifférent. « Vous m’avez demandé ce que je faisais, je vous ai répondu. »
Fury renifla, de mauvaise humeur. Mais elle ne se souvenait pas de l’avoir déjà vu de bonne humeur.
« Je vous garde à l’œil, Stark. » grogna-t-il en se levant.
« Voyez-vous, s’il y a bien un truc que j’arbore, c’est quand on me surveille et m’espionne Fury. Or, grâce à notre conversation de l’autre jour, j’ai eu la merveilleuse surprise de découvrir que le SHIELD était financé à 70% par Stark Industrie ! »
« Vous me menacez ? » siffla sèchement le Directeur qui se retourna pour lui faire face. Le génie se leva à son tour, prenant son temps en sachant que ça le rendrait fou.
« Bien sûr que non, je vous donne un conseil commercial. Il n’est pas bon de se mettre son principal fournisseur à dos. Surtout quand il n’a plus confiance en vous. » sourit le brun, mielleux. Un instant, Pepper crut voir son réacteur briller plus fort.
Profondément mécontent, ils quittèrent la villa en promettant qu’ils en reparleraient. Dès l’instant où ils furent hors de la pièce, Pepper se jeta pratiquement sur lui.
« Tony ! »
« Quoi, Pepper ? Tu vas me dire que tu ne te sens pas trahie ? Alors qu’ils ont envoyés un Agent nous espionner dans notre Entreprise, dans ma propre maison ? Alors qu’ils ont envoyés cette femme nous surveiller, nous espionner, rapporter nos moindres actions ? »
« Bien sûr que je me sens trahie ! » s’écria violement la CEO.
Elle avait invité cette femme dans son entreprise, dans la maison de son patron, elle lui avait fait confiance et l’avait appréciée. Apprendre que tout ceci n’était qu’un mensonge, qu’elle s’était servie d’elle…
Elle avait échoué.
« Je suis furieuse ! Mais il ne faut pas oublier les circonstances, ils nous ont aussi aidés avec… » Le SHIELD avait été un allié utile lors de la trahison d’Obadiah.
« Les circonstances ? » répéta le milliardaire d’une voix blanche. Il ricana, sarcastique. « Tu veux dire, Tony-Stark-est-en-train-de-mourir ? »
« Je… » Elle se massa les tempes, des rides d’épuisement aux coins des yeux. « Juste… Dit-moi ce que tu faisais réellement là-bas. »
« Tu ne me crois pas ? » s’offusqua-t-il.
Pepper eut un mouvement de main irrité. Il mentait ! Elle le savait parce qu’elle était son assistante depuis si longtemps qu’elle savait lire dans ses yeux. Parfois, elle avait l’impression d’être sa mère. Et qu’il la voyait trop souvent comme une figure maternelle.
« Je travaille avec toi depuis assez longtemps pour bien te connaitre, Tony. Commercialiser le nouvel élément ? C’est ce qu’aurait fait Obadiah, pas toi. »
Son patron et ami resta longtemps silencieux, hésitant. Il massait distraitement le Réacteur Arc, le souvenir inconscient de son ancien ami le lui arrachant toujours profondément inscrit dans son esprit. Il finit finalement par sourire, tristement.
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Tony
Un instant, il pensa à lui parler de la Magie, d’Yggdrasil et de Loki. De ses enfants et leurs syndromes post-traumatique. Il pensa à lui parler du plus jeune, qui ne regarderait jamais le soleil car ses yeux ne pouvaient voir que la Magie, qui ne parlait pas parce qu’il n’avait eu personne à qui parler durant si longtemps, qui ne quittait pas les bras de sa mère une seule seconde. Il pensa à lui parler de l’adolescent à la cicatrice sur la mâchoire, violent et sauvage, qui faisait des crises de panique quand il se retrouvait dans le noir et mangeait comme s’il n’aurait plus jamais de repas. Il pensa à lui parler du plus vieux, qui passait ses journées à l’extérieur pour se sentir libre et qui avait été paramétré durant son enfance à répondre aux ordres sans discuter.
Il pensa à lui parler de Cassiopée, qui restait honnête, loyale et fidèle envers Loki quoi qu’il se passe, qui regardait le Dieu comme s’il allait l’abandonner du jour au lendemain ou disparaitre et qui le détestait car elle savait qu’il faisait souffrir son grand-frère par sa simple condition de mortel. Il pensa à lui parler de Nyma, qui était la mère et la grand-mère de tous, qui les acceptait avec leurs défauts et leurs traumatismes les bras grands ouverts et savait soigner bobos et blessures de l’esprit.
Il pensa à lui parler de Loki, ce concentré complexe d’émotion et de Magie, qui ferait tout pour ses enfants, qui aimait entièrement et haïssait tout autant, qui les mèneraient tous à la Fin mais resterait témoin de la destruction et la renaissance de l’Univers.
Mais Pepper n’aurait pas compris. Elle l’aurait traité de fou et l’aurait empêché de les revoir.
Alors il lui sourit.
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Pepper
« C’est vrai, j’ai menti. Mais je ne peux pas te dire, Pepper, je suis désolé, j’ai promis de garder le secret. »
Une vague de lassitude triste déferla dans sa poitrine. Elle avait bien vu comment il était distant ces derniers temps. Elle avait vu comment son regard se perdait dans le vide et les souvenirs, comment il avait cessé de la regarder comme si elle seule comptait. Elle n’était pas jalouse, étrangement, simplement triste. Parce qu’elle connaissait Tony Stark et qu’elle savait que toutes ses histoires d’amours se terminaient dans la douleur. Ce n’était pas pour rien qu’il était connu pour ses histoires d’un soir et son incapacité à s’engager dans une relation sérieuse à long terme. Parce qu’il connaissait le prix à offrir son cœur que celui-ci était trop élevé.
Elle avait pensé pouvoir le changer, mais il dépendait trop d’elle pour que ça marche. Ses sentiments étaient plus la marque d’un complexe d’Œdipe qu’une affection pour la femme de sa vie.
Elle ignorait qui avait dompté ainsi les battements de son cœur, mais elle espérait de toute son âme qu’il ne souffrirait pas trop.
« Tu as quelqu’un n’est-ce pas ? »
Elle regarda les yeux de son meilleur ami s’écarquiller, et devina qu’il ne se souvenait que maintenant qu’ils s’étaient embrassés plusieurs fois car il prit un air piteux.
« Tu m’en veux ? » Sa voix était basse et hésitante, comme celle d’un enfant.
« Non, Tony. » répondit-elle en l’embrassant sur la joue.
Elle serait meilleure pour lui dans le rôle de mère que d’amante. Et s’il avait un charme indiscutable, mieux valait pour Stark Industrie qu’elle reste loin de son lit.
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Tony
Pepper le laissa à son tour, emportant au son de ses talons aiguilles les fragments d’une relation qu’ils auraient pu avoir et Tony s’effondra dans son fauteuil, son verre à nouveau rempli, rejetant la tête en arrière pour reposer son cou endolorit.
« JARVIS, où en est-on dans l’opération Couvrons-les-arrières-de-Maman-Loki ? »
« J’aurais besoin de votre intervention pour passer le denier pare-feu, mais j’ai pratiquement accès à tous les dossiers du SHIELD. Pour l’instant ils n’ont que très peu d’informations et de pistes remontant à Loki, que je peux facilement faire disparaitre mais je suspecte plusieurs dossiers cachés. »
« Mettons-nous au travail alors. » sourit dangereusement le milliardaire. « Et envoie une commande de 10 pizzas dont 3 végétariennes chez Loki ; il faut bien faire découvrir à ses extraterrestres les plaisirs gustatifs de notre planète ! Mais reste discret pour ne pas attirer l’œil de Fury. »
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Localisation : Asgard
Thor
Il se sentait faible. Petit et faible, comme un nouveau-né, la chaleur de Mjöllnir absente sur sa cuisse, son poids disparu, la puissante qu’elle lui apportait envolée. Qu’il n’ait pas réussit à récupérer Mjöllnir avait déçu son père. Quand il avait posé son regard sur lui, Thor avait compris pourquoi Loki avait été si désespéré de le satisfaire. C’était donc cela, la douleur qu’il ressentait quand Odin refusait de lui accorder un regard ou un mot de félicitation ?
Il pouvait voir le regard moqueur des Nobles, entendre leurs murmures, sentir leurs jugements sur sa peau. C’était donc cela que Loki avait vécu toutes ses années ? Dévoilant son dos aux vipères, cherchant un regard qu’on refusait de lui accorder, espérant et subissant ?
Les couloirs étaient calmes et silencieux, les rires et les cris étant partis avec Loki. Il ne se trouvait plus dans les alcôves pour montrer ses tours de Magie aux servantes émerveillées, il ne se trouvait plus dans les ombres pour se venger, il ne parcourait plus les allées pour aller guérir un guerrier. Loki n’était plus là et avait emporté la vie avec lui.
Il tendit la main vers la cuisse pour se rassurer sur le manche de Mjöllnir, mais ne rencontra que le vide. Qu’allait-il devenir maintenant ? Il n’avait plus accès à sa Magie. Il pourrait participer aux batailles, mais plus comme avant, il serait maintenant aussi vulnérable que les Ases. Il ne serait plus respecté ou craint pour ses éclairs par les autres Royaumes, et cela les inciteraient peut-être à chercher à les attaquer.
Thor était le fils d’Odin, le sang du Père de Toute Chose et Roi des Dieux, l’Héritier d’Asgard, le Dieu du Tonnerre. Il était puissant, il avait de l’or et des amis loyaux, des serviteurs qui répondaient aux moindres de ses envies, un palais gigantesque, des Ases qui embrassaient le sol que foulaient ses pieds, la victoire aux entrainements et aux guerres, la popularité. Mais maintenant qu’il n’avait plus de pouvoir ?
« Le sang n’est pas une bénédiction, mon frère. Il est la pire des malédictions car il décide de ta place et de qui tu es sans que tu aies ton mot à dire. » lui avait dit Loki un jour, sans qu’il ne comprenne le sens de ses paroles.
Ses amis l’appelaient Langue d’Argent. Les Nobles l’appelaient le Dieu des Mensonges. Si l’hiver était rude c’était parce que Loki l’avait voulu, si les récoltes étaient mauvaises c’était de la faute de Loki, si la cargaison de nouvelles robes avait du retard c’était parce que Loki se vengeait.
Thor se souvenait de ce petit garçon qui abandonnait ses livres et séchait ses cours pour le regarder participer aux compétitions de guerriers alors que leurs parents étaient occupés avec leurs devoirs. Il se souvenait d’avoir été soigné et réconforté à chaque défaite.
« Concentre-toi sur tes ennemis Thor, je veillerais sur ton dos. »
Sans Mjöllnir, il se sentait faible et changé dans une Asgard qui ne changeait jamais. Comment son frère, alors qu’il était le Dieu du Chaos, avait-il pu vivre ici ? L’atmosphère était lourde, les esprits stagnants et les évènements se répétaient en boucle. Aucune nouvelle activité, aucune nouvelle loi, aucune nouvelle habitude. Asgard restait immobile.
Il se souvenait de son regard, quand on lui arrachait ses enfants.
Peut-être que Asgard avait trop vécu. Peut-être était-elle arrivée au terme de ses changements et qu’elle devait maintenant être détruite pour la laisser renaitre et apprendre et grandir de nouveau. Peut-être que le véritable but du Ragnarök n’était pas la destruction totale et l’inhibition des âmes, mais la renaissance comme les flammes dévoraient la forêt pour lui permettre de repousser plus luxuriante ?
Dans ce cas-là Loki serait celui qui amènerait de nouveau Asgard à l’apogée de sa grandeur.
Assis sur son lit, il espéra voir son frère apparaitre, un sourire sur les lèvres, un amour teinté d’exaspération dans les yeux, quelques mots moqueurs mais toujours de bons conseils.
Mais Loki n’était pas là. Il n’était plus là.
On toqua deux fois à la porte et son cœur s’emballa avant de se souvenir que son frère ne toquait pas. C’était une servante dans ses habits sombres, ses cheveux blonds attachés en tresses sur sa tête. Elle s’inclina respectueusement.
« Le Roi Odin vous demande en salle du trône. »
L’espace d’un instant il se remémora une chevelure rousse auprès de son frère. S’il se souvenait bien, il avait (eut ?) une amie servante. C’était un secret que Thor avait promis de garder puis qu’il avait oublié. Savait-elle où Loki était actuellement ?
Les Nobles étaient aussi présents, comme toujours, mais aujourd’hui il trouva leur présence irritante.
« Père. » salua-t-il en s’agenouillant devant le Roi. Sa Mère se tenait à côté de lui et le regardait avec inquiétude et tendresse.
« Thor. Je vais te renvoyer sur Midgard, avec pour mission de ramener Loki. »
« Sans Mjöllnir, Père… » Loki et sa Magie arrivaient à le vaincre, alors maintenant qu’il n’avait plus sa puissance…
« Sif, Frandal, Volstagg et Hogun viendront avec toi. » ordonna le Père de Toute Chose d’une voix sèche. Qu’il lui rappel son échec l’irritait visiblement. « Ne revenez que quand vous aurez attrapés Loki. »
Ses amis sortirent de la foule et s’inclinèrent pour marquer leur accord, tandis que Thor se relevait. Sif et les Trois Guerriers se pressèrent d’aller chercher leurs affaires, et le Prince retourna seul dans sa chambre. Frigga l’y rejoint quand il pliait ses pantalons.
« Mon fils. » Elle l’embrassa sur les joues, portant une odeur de fleur et d’été. « Comment vas-tu ? »
« Je vais bien Mère. Je récupèrerais bientôt Mjöllnir sur Midgard. Avant d’aller retrouver Loki serait le mieux. »
Sans les réactions de sa plus fidèle amie (1), sans ses murmures à la surface de son esprit, et le réconfort qu’elle lui apportait dans ses rêves, il se sentait terriblement seul.
« Ton frère… est très en colère contre ton père et il… »
« Mère. Vous pensez vraiment que Loki est partit à cause d’un conflit avec Odin ? »
« Il a appris une terrible vérité et… »
Elle avait le regard humide, et se tordait les mains comme elle le faisait toujours quand elle parlait de son second fils. Thor fut surpris de l’irritation qui monta en lui. Si lui, aveugle qu’il était, pouvait deviner les véritables intentions de son frère, alors comme ne le pouvait-elle pas ?
« Loki s’est enfuit. Il s’est libéré des chaines d’Asgard et il s’est enfuit. Mon frère… »
« Il est un Jötunn ! » s’écria Frigga. « Ce n’est pas réellement ton frère, ce n’est pas réellement mon fils, ce n’est qu’un bébé qu’Odin a rapporté après la guerre ! Et il est partit quand il a appris la vérité, parce qu’il ne nous considère pas comme sa famille ! »
Quelque chose de froid et de glacé brula ses pensées. Un Jötunn ? Jötunn comme Jötnar et Jötunheim, ces créatures cruelles et primitives qu’ils avaient appris à considérer comme leurs ennemis ? Ces géants bleus sans sentiments qui dévoraient les enfants ?
Loki qui pleurait sans son lit, racontant qu’il avait encore vu un monstre bleu dans ses cauchemars et qu’il allait l’emmener.
« C’est impossible. » Loki était l’opposé complet des Jötnar. Loki était intelligent et cultivé, petit, émotif et ne ferait jamais le moindre mal à un enfant. « Loki ne ressemble pas du tout à un Jötunn. Et même si c’était vrai, alors vous ne nous auriez pas appris à les haïr parce que ça reviendrait à nous apprendre à haïr Loki. »
Lorsque sa Mère tressaillit et détourna le regard, honteuse, Thor comprit qu’elle disait la vérité et sa colère gronda à l’extérieur, couvrant de ciel de nuages. Comment pouvait-on être si cruel ?
« Et vous pensez encore qu’il reviendra ?! Qu’il lui reste quelque chose à Asgard qui lui donne envie de rester ?! Que lorsqu’Odin mettra la main sur lui tout redeviendra comme avant ? »
« Il est toujours mon fils ! »
« Alors pourquoi ne l’avez-vous pas rassuré ? Tel que je vous connais, vous êtes resté au chevet d’Odin, abandonnant le trône à Loki, alors qu’il venait d’apprendre que sa vie entière était un mensonge, et qu’il était le monstre que vous nous avez appris à détester ! »
Un éclair déchira le ciel. Il était si furieux qu’il n’avait pas besoin de Mjöllnir pour catalyser sa Magie. Il pouvait la sentir dans ses veines, grandissant et pulsant au rythme de sa colère. Si c’était cela que ressentait Loki, alors il comprenait maintenant pourquoi il avait abandonné les entrainements à l’épée pour passer ses journées dans la bibliothèque à étudier des sorts.
Il termina rapidement de faire son sac et quitta sa chambre en laissant derrière lui les sanglots de la Reine. Quelques minutes plus tard il avait traversé à cheval le Pont Arc-en-ciel et se présentait devant Heimdall où l’attendaient ses amis. Odin était là lui aussi mais Thor ne lui adressa qu’un regard remplit de d’animosité.
« Mon Prince… » commença le Gardien, mais Thor n’avait pas envie d’entendre un autre menteur. Si quelqu’un devait être au courant en dehors du Roi et de la Reine de l’origine de Loki, c’était bien Heimdall.
« Allons-y. »
Et il sentit la Magie du Bifrost s’enrouler autour de son corps comme un nuage d’aiguilles.
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Heimdall ne l’avait pas envoyé dans ce paysage de sable qui faisait tousser comme la première fois. Sif et les garçons se plaignirent immédiatement de la chaleur, rendue insupportable par leurs armures, mais Thor avait perdu la sienne avec Mjöllnir, et sa simple chemise était agréable.
Ils étaient dans une sorte de ville avec des bâtiments qui montaient presque aussi haut que le palais et reflétaient le soleil. Les véhicules avec des roues – des voitures avaient dit Dame Jane – les entouraient, immobiles ; il ne pouvait percevoir aucun humain à l’intérieur d’elles pour les contrôler. Un peu plus loin, il entendait leur bruit assourdissant, la musique qu’elles faisaient pour communiquer et le bruit des Midgardiens parlants et riants.
« Mes amis. J’ai comme projet d’aller chercher Mjöllnir avant de retrouver Loki. »
« Mais, Thor ! Odin a dit que nous devions ramener Loki en priorité ! » contra Sif.
« Il n’a jamais dit que nous n’avions pas le droit de faire un détour. Je suis certain qu’il sera ravi de me voir rentrer avec elle (1), et vous ne parviendrez jamais à vaincre Loki. »
« Je l’ai déjà battu ! » s’offusqua Frandal.
« Oui, lors d’un entrainement, quand il n’était pas autorisé à se servir de sa Magie. Mais ici il n’y aurait aucune limitation, et il est parfaitement capable de vous pulvériser. »
Ils s’entre-regardèrent, un peu dubitatifs et moqueurs et cela mis Thor en colère que l’on considère son frère comme faible. Ils sous-estimaient tous le Second Prince avec tellement de supériorité ! Loki était le Sorcier le plus puissant d’Asgard et Vanaheim réunit, il était le DieuduChaos, par Yggdrasil ! Comment de simples Ases, dénués de Magie et seulement dotés de condescendance et d’épées pouvaient se considérés comme plus forts que lui ?
« Où sommes-nous ? » s’interrogea Hogun, en s’approchant d’une voiture pour lui donner un coup de masse.
La voiture se mit immédiatement à hurler, faisant paniquer les Asgardiens. Un aboiement plus tard, un Midgardien âgé et barbu surgissait, furieux.
« Hey, vous, là ! Qu’est-ce que vous faites dans mon garage ?! Sortez d’ici immédiatement ou j’appelle la police ! »
« Comment osez-vous parler au Prince Thor ainsi, mortel ?! » s’insurgea Sif en brandissant son épée, faisant jurer l’homme qui s’enfuit sans demander son reste.
Ayant toujours en tête les hommes en noir venus lui parler la dernière fois, Thor dépêcha ses amis de partir. Ils se dirigèrent donc vers l’endroit où il y avait des voitures qui bougeaient à toutes vitesse, fendant la foule de Midgardiens sans vraiment de discrétion avec leurs armures.
« Nous ne pouvons pas aller chercher Mjöllnir, Thor, il faut que nous retrouvions Loki avant qu’il ne fasse trop de dégâts ! »
« Vas-tu à la chasse sans arc, Volstagg ? J’ai besoin d’elle pour affronter Loki ! »
« Mais tu peux chasser avec une épée ! Nous sommes là pour le forcer à se rendre ! »
Une voiture manqua de leur foncer dessus alors qu’ils traversaient sur le sol noir et dur, frôlant Frandal qui glapit peu virilement.
« Mais comment manipulent-ils leurs engins ? Ils ne savent donc pas comment s’arrêter ? »
« Et ce bruit ! C’est horrible ! »
En effet, tout n’était que bruit et vitesse. Les Midgardiens ne vivaient que si peu de temps qu’ils courraient après celui-ci, toujours pressés. On leur cria dessus, on les bouscula, on manqua de les renverser encore et Sif dégaina plusieurs fois son épée.
Ce que voulait éviter Thor arriva et plusieurs voitures noires les encerclèrent en quelques secondes. D’elles des hommes en habits noir et avec d’étranges montures sur le nez toutes aussi noires surgirent.
« Donald Blake. Ou tout autre nom que vous portez. Je ne m’attendais pas à vous voir aussi tôt. » dit l’homme qui l’avait accueilli la dernière fois, Fils de Coul s’il se souvenait bien.
« Prince Thor, qui est-ce ? »
« Mes amis, je vous présente le Fils de Coul. C’est sa famille qui protège Mjöllnir sur Midgard. »
« Ce n’est pas tout à fait ça, mais il est vrai que nous avons établi un périmètre de sécurité autour du 0-8-4. Je suppose que vous cherchez encore à vous en emparer ? »
« Mjöllnir a été faite pour moi, Fils de Coul. C’est ma plus vieille amie et je ne l’abandonnerais jamais. »
« Très bien alors. Suivez-moi je vais vous y conduire. Nul besoin de répéter la même scène que la dernière fois (2). »
Des humains en noir ouvrirent les portes pour leur permettre d’entrer. Malgré leur agitation et leur manque de confiance totale envers les Midgardiens, Sif et les Trois Guerriers suivirent Thor à l’intérieur.
Il se demanda si Loki voudrait bien lui pardonner.
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Tony
« Monsieur. Je viens d’intercepter des informations intéressantes du SHIELD. Quatre individus en armure viennent d’apparaitre. Ils sont sur le site du 0-8-4 aussi appelé « Le Marteau de Thor ». »
« Merde. » Il laissa tomber sa tablette et se précipita vers son atelier. « Prépare mon armure, JARVIS, je dois voir Loki. »
(1) Sans les réactions de sa plus fidèle amie / Il sera ravi de me voir rentrer avec elle : Mjöllnir est dotée d’une personnalité féminine (et même plus précisément enfantine) dans cette histoire.
(2) Nul besoin de répéter la même scène que la dernière fois : Coulson parle de Thor se frayant un chemin à travers la structure du SHIELD pour récupérer Mjöllnir (Thor 1).