Jormungandr
PARTIE 2
Chapitre 4
Midgard : 2010
Loki
Depuis la fenêtre, il regardait Fenrir et Sleipnir courir ensemble vers la forêt.
« C’est n’est pas dangereux ? » demanda Stark en s’arrêtant à côté de lui. Il dégageait une agréable chaleur.
« Je ne suis pas idiot, Stark. J’ai activé une barrière qui empêche quiconque de l’extérieur de voir ce qu’il se passe ici. Et d’avoir envie de venir par ici. »
« Un sort repousse-moldu quoi. »
« Pardon ? »
« Il va vraiment falloir que je te fasse regarder Harry Potter. » rit le mortel.
Loki secoua la tête en soupirant, mais il souriait. L’air sentait bon depuis que Nyma préparait le repas.
« Restez ce soir, nous avons bien assez de chambre pour vous accueillir. » Stark le regarda longuement, une hésitation dans les yeux.
« Je dois encore faire ton bracelet amis-pour-la-vie, tu te souviens ? Il faut que je rentre. »
« Ce n’est pas urgent. » répliqua le Dieu en haussant les épaules.
Pour plus d’effet, il lui tourna le dos pour rejoindre la cuisine. Il pouvait sentir son regard brulant sur sa nuque. Il l’entendit soupirer puis le suivre et ne chercha pas à cacher son sourire satisfait. C’était jouer avec le feu et il le savait mais aucun Ase ne l’avait désiré ainsi et cela était bon de se sentir séduisant.
« Ta barrière marche aussi contre le gars qui voit tout ? »
« Heimdall ? » s’étonna Loki. Il était vrai qu’il l’avait rapidement évoqué. « En théorie oui… Mais il est intelligent. Je pense que d’ici trois jours, si mes fils gardent cette apparence et que je suis obligé de la maintenir, il nous aura retrouvés. »
« Tu veux aller chercher Jor’ demain alors ? Et comment tu comptes changer leur apparence ? »
« Si possible demain, oui. » Maintenant que Fenrir avait été libéré, Heimdall avait dû prévenir le Père de Toute Chose et il allait vouloir intervenir malgré l’avertissement de Loki. « Pour leur forme, j’ai localisé tous les ingrédients dont j’ai besoin. Je compte la donner à Jormungandr quand nous seront encore dans l’Océan. Sa taille est telle qu’il atterrait immédiatement l’attention s’il cherchait à bouger jusque-là surface. »
Il n’avait pas envie de se battre avec les autorités Midgardiennes pour les empêcher d’enfermer son fils. L’idée de lui donner une forme humaine alors qu’ils étaient encore dans l’Océan était une idée de Nyma ; et les plans de Nyma étaient toujours les meilleurs.
« D’ailleurs, s’il est si grand qu’il entoure la Terre, Midgard, n’est-ce pas dangereux de, genre, l’enlever ? Ça ne va pas créer des catastrophes naturelles ? »
Cassiopée était en train de mettre la table, et elle fusilla Stark du regard dès qu’il entra dans la pièce. Le Dieu n’avait toujours pas compris pourquoi elle ne l’aimait pas, et ils n’avaient pas encore eu le temps d’en parler.
« Vous posez des questions intelligentes, Stark. Mais non, il n’y aura pas de réelle conséquence. A peine une marrée un peu plus haute et un changement de territoires pour les créatures des fonds marins. Yggdrasil fait en sorte que l’équilibre soit toujours maintenu. »
« Midgard existait bien avant Jormungandr. » notifia la jeune fille avec mauvaise humeur.
« Comment comptes-tu survivre à la pression ? Tu as beau avoir ta magie, tu n’es pas immortel pour autant ! »
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Tony
Loki et Cassiopée commencèrent à rire.
« Je suis un Dieu. Ce qui signifie que seul un autre Dieu peut envoyer mon âme au Valhalla. En fait, il y a de fortes chances que ce soit Heimdall lors du Ragnarök. » annonça le brun d’une voix douce. Il avait cette lueur caractéristique dans les yeux, celle qui nait lorsque que l’on a accepté sa mort depuis longtemps.
« Mon Prince peut survivre à une décapitation, alors la pression n’est rien de plus qu’un petit désagrément. » sourit dangereusement la rousse.
« Mon corps guérit toujours. Et mes enfants, par mon sang, sont des demi-dieux. Ce qui signifie qu’ils ne mourront pas facilement non plus. »
Une balle en pleine tête ne lui ferait aucun dommage ? C’était dur à y croire.
« Je comprends pas. »
« Comment vous expliquer… Je suis le Dieu du Chaos. J’incarne le Chaos, je suis la personnification du concept du Chaos. Je suis un vrai Dieu. Tant que cette enveloppe vivra, et que le Chaos existera, alors j’existerais aussi. Et quand cette enveloppe sera morte de la main d’un autre Dieu, tel que Heimdall, alors un Dieu du Chaos naitra autre part. Cela pourra être moi, ou un autre. » Son regard se perdit dans le vide. « Au final, nous nous ressemblons un peu tous. Odin est le Dieu de la Guerre, et la personnification de son concept. Thor incarne Tonnerre et Frigga la maternité. »
C’était compliqué à comprendre. Il avait l’impression d’être face à une nouvelle langue qui s’étaient inspirée de toutes les langues existantes : il comprenait les mots mais ne parvenait pas à saisir réellement leur sens. C’était frustrant. Patient comme le meilleur professeur qu’il n’avait jamais eu, Loki attendait silencieusement qu’il intègre ce qu’il venait de lui expliquer.
« Par contre, mes enfants ne sont pas des vrais Dieux, ils n’ont le statut de demi-Dieu que parce que je les ais enfantés. Et il y a une différence entre posséder sa propre Magie et l’utiliser. Les Mages utilisent la Magie d’Yggdrasil qui se trouve dans chaque chose et chaque être. Les Dieux ont une Magie qui leur est propre, elle vient d’eux-mêmes. La plupart ont besoins d’artefact pour l’utiliser, comme le marteau de Thor, la lance d’Odin. Vous pourrez manipuler une forme de magie à travers votre Arc, même si vous ne savez pas encore comment. Certains comme Frigga où mes enfants tissent leur Magie avec celle d’Yggdrasil. Je suis différent à cause du Chaos. »
« Pourquoi ? »
Toute cette histoire de Chaos commençait à lui faire mal à la tête.
« Parce que je me nourris du Chaos et le provoque. Chaque énergie, chaque émotion, chaque mouvement est la cause ou la conséquence du Chaos. Je suis à l’apogée de ma puissance lors des guerres : la vie fauchée par Mort, les énergies qui s’affrontent et explosent, la Magie qui se concentre… Tout cela produit une quantité d’énergie phénoménal. Et qui dit énergie, dit Chaos, dit pouvoir. »
« Alors quoi, tu utilises le chaos au lieu d’utiliser la magie d’Yggdrasil ? »
« Non. Le corps produit de l’énergie Stark. A chaque battement de cœur, mon sang propulsé dans mes veines créé de l’énergie par friction, les cellules produisent de l’énergie, les muscles chauffent et en produisent aussi, et les émotions ! Ma Magie coule dans mes veines, elle ne fait qu’un avec moi. »
Pour illustre ses dires, il fit apparaitre un fil de Magie – vert – qui s’enroula autour de son bras comme un serpent. Maintenant Tony comprenait pourquoi ses yeux brillaient en fonction de ses émotions.
« C’est pour cela qu’Odin ne peut me l’enlever. Parce que ça reviendrait à me tuer, et comme tu l’as compris, ce n’est pas lui qui y est destiné. »
Ils seraient bien partis pour continuer si Nyma n’était pas arrivée avec un plat à l’odeur savoureuse dans les mains. Il n’avait encore jamais vu ce genre de plat, mais la femme semblait s’y connaitre et il lui faisait totalement confiance.
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Loki
Stark aurait pu rentrer, et ils le savaient tous les deux. Il avait son armure et sa villa était à moins de 2 heures de vol.
Pourtant il était toujours là, à animer son salon en racontant comment il avait sauvé la Stark Expo d’un Ennemi contrôlant des armures de guerres. Fenrir et Sleipnir écoutaient sagement, complètements pris par le récit. Il était vrai que Stark était un conteur doué qui savait accaparer l’attention de la foule. Même Cassiopée et Nyma avaient arrêté leur partie d’échec – que Cassiopée perdait lamentablement – pour l’écouter.
La lune éclairait ses cernes d’insomnies et ses rides causées par l’empoissonnement, et pourtant Loki le trouvait toujours beau.
« Allez, au lit. Demain on se lèvre tôt pour aller chercher Jormungandr, et mis à part Fenrir, nous devons nous habituer à l’afflux différent d’Yggdrasil et c’est fatiguant. » Sleipnir et Cassiopée protestèrent un peu, mais quand Nyma se leva pour aller se coucher, ils la suivirent.
« L’afflux d’Yggdrasil ? »
« Il me semble que vous appelez ça la gravité. Fenrir, mon cœur, est-ce que ça te dérange de dormir à l’intérieur ? » Son fils hésita mais Loki savait ce qui le dérangeait. « Regarde, » dit-il en faisant apparaitre une boule lumineuse dans sa main. « Il y en aura partout, pour qu’aucune ombre ne viennent t’effrayer. »
« Je n’ai pas peur ! » s’insurgea le grand loup, mais son poil était hérissé.
« Je sais que tu n’as pas peur, tu es grand et fort ! » s’exclama en retour sa mère. Ah, l’adolescence… « Alors, c’est d’accord ? Tu peux dormir avec Sleipnir si tu veux, ou avec Cassiopée. Je suis sûre que ça ne les dérangera pas. »
« D’accord… Je veux bien rester avec Cassiopée pour cette nuit. »
Le Dieu sourit, et accompagna son fils jusqu’à la chambre de son amie. Celle-ci ne parut pas vraiment surprise et accepta sans problème la lumière. Les boules lumineuses de toutes les couleurs étaient apaisantes et chassaient les cauchemars.
Quand il revint dans le salon, où il n’avait plus que Stark, son téléphone se mit à sonner ; il reconnut sa musique préférée. Au même moment, Loki sentir très clairement le déchirement dans sa poitrine lui indiquant que Thor venait de quitter Midgard. Il tituba de deux pas avant de se ressaisir, mais heureusement l’humain n’avait rien remarqué. Ça brulait.
« C’est JARVIS » lit le génie, fronçant les sourcils avant de décrocher
« Monsieur. Je pense que les informations sur la 1 pourraient vous intéresser. D’après mes analyses, elles concernent Monsieur Loki. » entendit Loki.
« Merci, J. »
Loki ne savait pas de quoi parlait l’IA mais apparemment son maître avait compris car il se mit à chercher quelque chose dans la pièce.
« Loki, j’ai besoin de la télécommande. »
« Télécommande ? »
« Ouais, tu sais, ce qui allume le gigantesque écran qu’il y a dans ton salon. Ah ! La voilà. Comment ça se fait que tu aies une télé si tu ne sais pas à quoi elle sert ? »
« J’ai demandé à ce que la maison soit meublée. » répondît le brun en haussant des épaules.
Après avoir appuyé sur quelques boutons, l’écran noir s’alluma en un grésillement désagréable. Tout était déjà paramétré, et ils arrivèrent sur une chaîne d’info.
Les images montraient Mjöllnir, entourée d’une énorme structure en fer. Le SHIELD occupait la zone, d’après le logo qu’il avait déjà vu plusieurs fois au court des siècles.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’exclama le mortel en se laissant tomber sur le canapé face à l’écran. Loki s’assit à côté de lui beaucoup plus élégamment.
« C’est Mjöllnir, le Marteau de Thor. Odin a rappelé mon f… Thor à Asgard, quand bien même il n’est plus capable de manier sa Magie. » Il resta un moment silencieux, observant l’image de Mjöllnir.
Puissante et incroyable Mjöllnir, dont seul Thor était digne, qui rejetait Loki comme tous les autres, qui l’accompagnait dans les batailles, lui accordait gloire et victoire.
« Savez-vous ce qui arrive à un Dieu qui perd ses pouvoirs, Stark ? »
La folie s’agita à l’intérieur de lui, à moins que ce ne soit le Chaos. Il avait soudainement envie de rire. Que Odin serait déçu quand il découvrirait que Thor ne s’était pas encore montré digne de Mjöllnir ! Est-ce qu’il le considèrerait comme inutile et le jetterait ?
« Hm... Il perd son statut de Dieu ? »
« Il meurt ! Il meurt à petit feu et Odin aura tué son propre fils ! »
Il rit, de ce rire sombre et froid qu’il avait quand la folie était trop grande et qu’il s’était trop enfoncé dans les ténèbres. Stark le regardait avec de grands yeux. Il pensait sûrement qu’il avait perdu la tête et s’était un peu vrai.
Une part de lui criait d’effroi. Perdre Thor ? Perdre une partie de sa vie, son grand-frère ?
Sa main sur son crane alors qu’on lui prenait Fenrir.
Son marteau sur son dos brulé alors qu’il hurlait.
Ses doigts qui essuyaient ses larmes, glissaient une paille entre ses lèvres cousues, lui tenaient la main pendant les nuits glaciales.
Son sourire à son réveil, après un long sommeil auprès de sa fille, attendant que sa tête repousse.
L’autre se demandait à quoi ressemblerait le monde si l’ombre qui le broyait disparaissait.
« Il serait assez cruel pour... ? »
« Non Stark. » Une étrange tristesse mêlée à une acceptation résignée au goût salé remplaça la satisfaction tordue. « Odin a toujours préféré Thor. Il coud les lèvres de son second fils pour s’être enfuit avec son enfant, il le décapite pour l’avoir menacé de ne pas s’en prendre à un autre de ses enfants, il l’enferme dans une pièce sans lumière, ni bruits, ni son, ni odeur pour avoir eu un comportement outrant d’après les Nobles, il lui brise des doigts pour avoir rasé une chevelure... Mais il envoie Thor en voyage sur Midgard pour avoir manqué de déclencher une guerre avec un autre Royaume, cherché à exterminer une race en sous-nombre et affaiblie. Odin n’est cruel qu’avec ceux qu’il déteste. »
Lui, et ses enfants.
Ils restèrent un court moment silencieux, à regarder les images prises en hauteur du site.
« Je comprends. Ce que c’est que d’avoir un père pourri je veux dire. »
« Vraiment ? »
« Ouais. Il n’était pas aussi extrême, c’était plus un adepte de la totale indifférence. Mais je l’ai déçu toute sa vie. Jamais assez bon, jamais assez intelligent. A ces yeux j’étais une création qui n’avait pas la forme qu’il avait souhaité au départ, pas un fils. Les rares fois où il était à la maison, il m’adressait à peine trois mots. Toujours insatisfait. J’ai souvent souhaité qu’il me punisse pour mes conneries, mais je ne récoltais que son indifférence et c’était tellement… »
« Douloureux ? » finit le Dieu. « Oui, je sais ce que c’est que de chercher de la fierté ou simplement de la reconnaissance dans le regard de son père. J’ai été volé dans un temple après la guerre et été élevé en apprenant à haïr ma véritable race, mais le plus douloureux n’était pas la vérité ou les mensonges, mais le fait que j’étais soudain le monstre mangeur d’enfants et qu’il n’avait rien fait pour essayer de m’en dissuader. Qu’il avait eu si peu d’égard pour moi qu’il m’avait laissé grandir sans prendre la peine de me parler de leurs bons côtés, ou simplement de leur manière de vivre ! »
Essoufflé de colère, il essaya de retrouver son calme avec de longues inspirations, le visage entre les mains. Quand Stark déposa sa paume brulante sur son crâne et que leurs Magie crépitèrent en entrant en contact, il ferma les yeux.
« Il va l’envoyer à ta poursuite ? »
« S’il retrouve ses pouvoirs, sans aucun doute. Mais si Thor tarde trop, il enverra sûrement Heimdall. »
« Le type qui est censé te tuer ? Ça ne déclenchera pas… votre Ragnarök ? » Loki sourit, releva la tête et ignora l’éclat de tristesse dans sa poitrine quand la main s’éloigna.
« Peut-être. Odin voudra me punir, et mes enfants ne seront surement pas d’accord. »
« Moi non plus. » grogna l’humain, son Arc brillant d’une Magie colérique et il rit.
« Je n’en doute pas. Mais voyez-vous, Stark, Odin a craint le Ragnarök depuis que les Nornes lui ont fait part de leur prophétie. Il a cherché à enfermer mes enfants, sachant qu’ils seraient les acteurs de la Fin, aiguisant ainsi leur haine et leur rancœur. Il a voulu empêcher le Ragnarök, mais n’a fait que le rendre plus plausible. Mes enfants n’ont jamais reçu d’amour d’Asgard, rien que du rejet et du mépris, alors pourquoi ce retiendraient-ils de la détruire ? Moi-même, je la regarderais bruler en riant. »
Stark glissa une main rugueuse contre sa joue en une caresse tendre. Il ferma les yeux et pencha la tête, cherchant plus de chaleur. Il avait terriblement froid à l’intérieur de son corps.
« Tu serais prêt à déclencher le Ragnarök, même si tes enfants en mourront ? » chuchota tristement le mortel.
« Je ne serais pas celui qui attaquera le premier Stark. Ce sera une vengeance entre Odin et mes enfants. J’utiliserais le Chaos pour les protéger aussi longtemps que Heimdall ne m’aura pas tué. »
« Mais, si le Ragnarök se déclenche, alors le Chaos te rendra surpuissant non ? Avec les énergies qui s’affrontent et tout. »
« Avez-vous déjà combattu avec la terreur de voir un être cher être tué sous vos yeux, Stark ? C’est une terrible perte d’énergie. Les pensées se dissolvent et la panique contrôle les membres. Je serais à la fois le plus puissant et le plus faible, car je n’aurais aucun intérêt pour ma propre vie, trop occupé à essayer de protéger mes enfants. Je serais le dernier à partir, Stark, je le sais, je vais voir mes petits mourir sous mes yeux et ne pas avoir le temps de les pleurer. Et quand je mourrais, alors toute ma Magie, tout le Chaos emmagasiné en moi explosera et annihileratout. » Il regarda l’humain, qui était destiné à mourir avec lui, avec eux. Il penserait à lui quand viendrait la Fin. « Puis un nouveau monde naitra, arraché au Chaos et tout recommencera. Ce n’est pas la première fois que le Ragnarök à lieu. »
« Alors, on va tous mourir ? Tous ? »
« Oui, Stark. Même vous. Même ceux que vous aimez. Alors d’ici là, vous devriez vivre comme vous l’entendez. »
« La dernière fois que j’ai vécu en sachant que mes jours étaient comptés, on m’a volé une armure, j’ai passé une fête d’anniversaire plus ivre que jamais et j’ai terminé seul sur un donut géant. Pepper est vachement déçue/en rogne contre moi en ce moment alors tu vas me côtoyer encore quelques temps. Et puis faut encore aller chercher Junior. »
Il n’était définitivement pas contre. Stark dégageait une impression de protection et une chaleur agréable. Pour le corps glacé de Loki, c’était une bénédiction.
« Allons-nous coucher. » Son ventre pulsa de nouveau, désespéré d’être vide, mais il repoussa la sensation de toutes ses forces.
Le milliardaire acquiesça et ils quittèrent le salon. Arrivé devant sa chambre, Loki s’arrêta et le milliardaire fit de même.
« Bonne nuit, Tony Stark. » Le mortel eut une expression surprise, s’attendant à être invité à l’intérieur, mais il se souvenait de tous les enfants qu’il avait tenu dans ses bras alors que leur âme rejoignait Helheim.
Les yeux fermés, il écouta les pas du Midgardien s’éloigner et essaya de ne pas pleurer.
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Bien entendu, le jour où ils devaient se rendre en plein cœur de l’Océan Pacifique était un jour de vents violents. Le bateau de Stark était puissant et n’avait aucun problème à naviguer, mais les vagues devenaient de plus en plus agitées et la pluie fine glacée n’était pas son moyen préféré de se doucher.
Loki était agité ; oscillant entre impatience et clame effrayant, le cœur dans la gorge. Finalement, il n’y avait que Stark et lui sur le bateau, pour que Jormungandr ne soit pas perturbé par trop de vie. Il ne fallait pas oublier qu’il avait été jeté au fond de l’Océan pratiquement à sa naissance et qu’il n’avait connu que le silence et les ténèbres. Il aurait surement beaucoup de soucis à s’intégrer à la société.
Dans sa tête, un tic-tac incessant.
Stark s’arrêta quand ils atteignirent là où était censé se trouver la tête de Jormungandr d’après l’algorithme du génie.
« Est-ce que tu es sûr que ce n’est pas dangereux ? » Loki lui sourit et la pluie sur son visage ressemblaient à un torrent de larme.
« Pas plus que le poison, Stark. » répondit le Dieu par-dessus la tempête avant de se laisser tomber dans l’eau tumultueuse.
Elle était glacée mais il avait connu pire. Il fallait aller au plus profond, là où le soleil n’était qu’un mot, là où des monstres vivaient dans le noir, là où la pression était telle qu’elle ferait exploser vos organes.
Sa Magie était une chose merveilleuse et quand sa forme marine ne lui permit pas de plonger plus, il reprit forme humaine, profitant du fait qu’elle puisait l’oxygène de l’eau pour le transférer à travers son sang. Ses poumons inutiles cessèrent leur activité et son cœur battit uniquement grâce à sa Magie.
Le temps qu’il atteigne le fond, l’endroit le plus profond sur Midgard, il avait oublié la chaleur de la surface. Ouvrir les yeux dans le noir n’avait aucun sens alors il les ferma et se concentra sur sa seconde vision, celle qui lui montrait la Magie d’Yggdrasil. Elle lui indiquait une énorme forme couleur sapin immobile, quelques poissons aveugles ambre et miel, des végétaux et des pierres bleu ardoise.
La surface sur laquelle il atterrit était grande et lisse. Sur le ventre, il étendit les bras aux plus loin, jusqu’à atteindre du bout des doigts une longue crevasse. Une écaille.
« Bonjour Jormungandr. Je suis venu te chercher. »
Son fils remua sous lui, émergeant de son sommeil profond et comme avec Fenrir, le contact de leurs Magies lui apporta pensées et souvenirs. Il se revit lui promettre de le retrouver quel que soit le temps que cela prendra, lui promettre de venir le chercher. Il ressentit sa peur face au silence et aux ténèbres, sa panique face aux autres créatures marines, sa crainte de ne jamais le revoir. Il le vit grandir dans son sommeil, car il préférait dormir et rêver que de vivre dans la réalité. Il vit sa solitude, si forte et ancrée en lui, que son esprit attendit que sa Maman vienne le chercher pour grandir.
« Tout va bien mon trésor. Maman est là. Je suis venue te chercher. » Il fit passer à son fils tout son amour et sa tristesse. « Pardonne-moi d’avoir mis tant de temps… »
Jormungandr lui répondit avec l’un de ses souvenirs, où Loki le laissait se glisser dans la chaleur sous ses vêtements et le caressait tendrement. Le Dieu réalisa que le serpent avait oublié comment parler, et sa haine contre Odin grandit.
« Jor, mon ange, est-ce que tu veux venir vivre avec moi ? Il y aura aussi ton grand frère Sleipnir et ton petit frère Fenrir, et trois amis. » Il ressentit sa joie et sa peur, son amour, l’espoir et encore de la peur. Il comprit que son fils craignait l’extérieur, lui qui ne connaissait plus que le silence et le calme. « Je ne te quitterais pas une seule seconde et tu auras un espace rien qu’à toi où tu pourras te refugier si tu te sens mal. Si tu as besoin, tu as même un accès à l’Océan. »
Jormungandr hésita et sa mère compris parfaitement. Finalement, son second enfant lui renvoya la confiance totale qu’il lui accordait et commença à détacher son corps imposant du fond marin.
« Lorsque nous serons suffisamment haut pour voire la lumière du soleil, tu devras boire une potion qui te donnera un corps humain, sinon les Midgardiens te remarqueront. A ce moment-là, ferme bien les yeux d’accord ? Cela fait plusieurs siècles que tu vis dans le noir ; tu risquerais de faire une crise de panique. »
Il lui envoya son acceptation et ils entamèrent la remontée.
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Tony
L’Océan était vide et l’instant d’après il y avait un putain de poulpe beaucoup trop gros qui hissait un enfant hors de l’eau.
Le petit ne devait pas avoir dix ans, six tout au plus. La peau aussi blanche que ses cheveux, il était inconscient quand Tony le récupéra et c’est avec émerveillement, oubliant que le petit mouillait son pull hors de prix, qu’il regarda un éclat vert entourer le céphalopode jusqu’à ce qu’un Loki trempé apparaisse. Le milliardaire dut retenir un rire à la vue des cheveux bruns dégoulinants et bien loin de leur brushing impeccable habituel. Le Dieu lui jeta rapidement un regard menaçant, devinant ses pensées, avant de reprendre son fils dans ses bras.
« Il est albinos ? » demanda le mortel. Il n’en avait encore jamais rencontré, mais le manque de mélanine était un bon indice. Aucun enfant n’avait les cils et les sourcils blancs naturellement, à moins que ce ne soit un truc de Loki.
« Il a vécu 845 ans dans les ténèbres, Stark. Est-ce que cela vous étonne vraiment que son corps ne supporte pas le soleil ? » Il le regarda passer ses doigts dans les cheveux de l’enfant, bien à l’abris à l’ombre, avec une dévotion et un amour qu’il ne se souvenait pas avoir déjà vu chez sa mère. « Un jour, à Asgard, un enfant est né ainsi et ses parents se sont présentés à Odin paniqués pour savoir quoi faire de lui. »
« Qu’a-t-il fait ? »
Loki se contenta de le regarder, l’air grave, serrant inconsciemment plus fort son fils contre lui. Ce n’était pas difficile de deviner ce qui était arrivé à ce pauvre enfant. Jormungandr s’agita doucement, signe qu’il commençait à se réveiller et Tony regarda Loki se réfugier dans la soute, où le soleil ne rentrait pas. L’enfant ouvrit lentement les yeux, iris bleu clair et pupilles rougeâtre, avant de lever son visage vers sa mère, qui lui sourit.
« Est-ce que tu as mal quelque part mon trésor ? »
Le petit secoua la tête négativement, avant d’aller nicher son visage dans le cou de Loki dont le visage s'illumina d'un sourire. Tony savait que cette petite parcelle de peau avait une odeur apaisante de pluie. Il pensa à Pepper qui portait toujours son parfum citronné et essaya de l’imaginer à la place de Loki, pour que son cœur puisse s’emballer sans culpabilité, mais la représentation n’avait pas le même gout. Pepper n’était pas faite pour les enfants. Elle était faite pour affronter les requins et les loups qui voulaient déchirer Stark Industrie, elle était forte et puissante, Déesse et Gardienne, et elle n’avait pas la douceur des mères. Cependant il ne l’avait jamais vu avec un enfant, alors peut-être se trompait-il.
« Est-ce que tu veux essayer de parler ? Juste quelques mots. Pour que tu puisses t’habituer à ta morphologie humaine. »
Le petit garçon fronça les sourcils, visiblement hésitant, avant d’ouvrir la bouche. Mais aucun son n’en sortit.
« Prend ton temps mon ange. Visualise le mot dans ta tête, sa forme, sa couleur, son odeur. Pense au message que tu veux faire passer, au sentiment que tu veux montrer. »
« Ma… ma. »
Et soudain c’était comme si le soleil était dans la pièce, Loki resplendissait de Magie et de joie, ses yeux émeraudes, un sourire qui le rajeunissait sur le visage, Tony était revenu quelques jours en arrière quand il lui avait montré où se trouvaient ses enfants.
« Oui, Jormungandr, c’est très bien. »
Le Dieu du Chaos l’embrassa sur le front avant de lever son visage vers le génie, et quand l’Arc rata un battement celui-ci oublia la culpabilité.
(1) Albinisme : Personne souffrant d’un défaut de production de mélanine (pigment donnant sa couleur aux cheveux, yeux et peau, qui nous protège également du soleil.) Il existe deux formes d’albinisme. L’albinisme oculocutané : lié à une mutation génétique récessive sur un chromosome non sexuel, il faut que les deux parents soient porteurs de la mutation (mais pas forcément albinos) pour que leur enfant soit malade. L’albinisme oculaire pur : la maladie est transmise par le chromosome X, ainsi les garçons ont un risque sur deux d’être atteints et les filles transmettent la maladie.