Une histoire d'enfants

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Une histoire d'enfants
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Summary
C'est l'histoire de Loki et de ses enfants. C'est une histoire de folie et de séparation, d'amour et de sacrifices. Au milieu de tout ça il y a Tony Stark, il y a la Magie et Yggdrasil.Gungnir entre les mains, Loki est le Roi d'Asgard après la révélation de la cruelle réalité. Accompagné de ses deux alliées les plus anciennes, il va chercher à Jotunheim et Vanaheim les objets qui lui permettront de libérer ses enfants du châtiment d'Odin, découvrant la vérité sur les Jotnar par la même occasion. Sur Midgard il trouvera l'aide et le génie de Tony Stark, qui sera une aide indispensable pour retrouver ses fils.Mais Odin est furieux et il ne compte pas les laisser tranquille, quitte à déclencher le Ragnarok.(Modifé le 13/12/2020)
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Tony Stark

PARTIE 2

Chapitre 2

 

Midgard : 2010

Localisation : Vanaheim

 

Cassiopée

Cassiopée paraissait certes jeune, mais elle avait plusieurs siècles et elle n’était pas idiote. Elle avait grandi en courant entre les ombres des couloirs du Palais, fille de la troisième servante de la Reine. Elle avait rapidement compris qu’elle serait comme elle plus tard : invisible et remplaçable. Sa mère, comme tous les serviteurs du Palais, savait que la nourriture dans leurs assiettes et le toit au-dessus de leur tête étaient dû à son travail. Et pour le garder elle faisait comme tous les autres : elle disait oui à tout, courbait l’échine et restait silencieuse.

Peu importait les nuits blanches et la fatigue, les avances du Roi et les exigences des Princes. Elle obéissait même si elle tenait à peine sur ses jambes, même si elle avait un mari qu’elle aimait, même si elle laisserait encore sa fille seule pour aller chercher un gâteau qui se trouvait de l’autre côté de la Capitale.

Et au milieu du vide et du silence grandissait Cassiopée. Elle apprit à lire seule, avec un livre volé. Elle apprit à écrire seule, avec un parchemin oublié et du sang d’oie. Elle fêta son anniversaire en admirant la fête donnée en l’honneur de la naissance du second Prince depuis sa cachette secrète.

Ils devinrent amis par hasard, parce que le Prince n’avait pas d’amis, parce que Cassiopée n’avait pas d’amis, parce qu’elle préférait passer ses nuits à manger des gâteaux dans la cuisine avec lui, plutôt que d’attendre seule que sa mère rentre.

Cassiopée était honnête et quand Loki lui présenta Sleipnir et lui expliqua qu’il était son fils, elle lui dit qu’il était magnifique.

Pourtant, elle était aussi une menteuse car quand elle comprit que Loki n’était pas Ase, elle ne lui dit pas.

Cassiopée était courageuse, et quand elle rencontra les grands yeux verts de Fenrir, elle ne trembla pas.

Pourtant, elle était aussi lâche car quand Loki s’enferma durant des jours et des mois dans sa chambre après la perte de Jormungandr, elle n’osa pas toquer à la porte.

Les Nornes firent qu’elle n’eut jamais l’occasion de rencontrer Jormungandr, mais elle aima Sleipnir, Fenrir et Hel dès qu’elle les rencontra. Ils étaient les enfants de son (meilleur) ami. Innocents et magnifiques. Quelle importance que leur forme n’était pas humaine pour certains ? Ils avaient une conscience, ils avaient des sentiments, ils étaient vivants.

Cassiopée était fidèle et quand elle entendit des serviteurs se moquer des enfants Second Prince, elle se battit avec eux.

Pourtant, elle était aussi déloyale, car quand elle entendit des Nobles faire de même, elle sera les poings et garda tous les mots dans sa poitrine.

Quand Loki lui parla pour la première fois de son plan, elle lui annonça qu’elle l’aiderait avant même qu’il n’ait pu finir. C’était à ça que servait les amis non ? Et puis, elle lui devait bien ça. Ses enfants ne méritaient pas l’esclavagisme, la solitude, la torture et l’emprisonnement. Elle était invisible et silencieuse, alors autant profiter de ses atouts pour glaner des informations à travers Asgard.

Elle connaissait les risques : s’ils se faisaient attraper, Nyma et elle seraient exécutées sans sommation, sa mère perdrait son travail et le corps de ses parents seraient jeté dans la fosse commune à leur mort. Mais tel qu’elle le connaissait, Loki avait prévu de déclarer qu’il contrôlait leurs esprits pour les sauver.

Et tout le monde l’en penserait capable.

Ses mensonges étaient toujours véritables et ses vérités étaient toujours mensongères.

Cassiopée était aussi curieuse, et quand elle découvrit Heflin et Loki en pleine discutions derrière la maison, elle s’arrêta dans l’ombre des arbres pour écouter. Le Vane était amusant, mais elle ne l’aimait pas trop. Il regardait Loki avec trop d’intérêt. Elle avait déjà vu ce regard sur les hommes ; le Prince Thor avait le même quand il s’intéressait à une fille.

« Dit, Loki. Quand tu auras retrouvé tes enfants, que feras-tu d’Asgard ? »

Le regard du Prince se perdit vers ce Royaume qui le méprisait, vers les murmures et les jugements, l’indifférence d’Odin et l’aura écrasante de Thor. Cassiopée voudrait que les Nobles d’Asgard brulent parce que c’était tout se qu’ils méritaient.

« La vengeance aurait le gout du miel. Mais je n’aspire pour l’instant qu’à la paix et la tranquillité. Si je pouvais oublier Asgard et être oublié d’elle, je m’en contenterais sans trop de regrets. »

« Penses-tu qu’Odin te laisserait tranquille ? »

Loki rit, un son bas aux côtés tranchants comme du verre brisé. Elle l’avait déjà entendu rire ainsi. Il revenait de Helheim, couvert de sang et portant l’odeur de la mort.

La folie, causée par une douleur trop grande, dans le regard.

« Odin va vouloir me punir. Nous ne nous sommes pas quittés en bon terme et la première chose que j’ai fait en tant que Roi a été de défaire l’un de ses ordres avant d’abandonner mes fonctions. Il finira également par comprendre que je suis celui qui a fait rentrer les Jötnar à l’intérieur du Palais. C’est une trahison envers la Couronne. Il enverra surement Thor. »

« Mais tu ne rentreras pas. » crut savoir le Vane. Cassiopée fut un peu déçue. Il le connaissait moins qu’il le prétendait pour penser que Loki ne retournerait jamais à Asgard.

Loki regarda son ami, le cœur dans les yeux. Il souriait, mais c’était plus pour le rassurer que parce qu’il en avait envie. Il ressemblait à une sculpture de glace brisée qu’on avait essayé de recoller en ayant perdu des morceaux.

« Oh Heflin, s’il me jurait de ne jamais toucher à mes enfants, je m’abandonnerais même à la plus horrible des punitions. » susurra-t-il avec sincérité. Les yeux azur de son ami s’écarquillèrent quand il comprit, mais avant qu’il n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, le brun s’était détourné et rentrait.

La jeune fille savait qu’il était honnête. Loki serait prêt à se décapiter lui-même si cela pouvait sauver ses enfants. Et elle savait aussi à quel point Odin pouvait se monter cruel.

Un enfant violé, battu et perdu, abandonné et arraché, méprisé et moqué.

Un Roi qui se disait sage et tout-puissant, qui tremblait face à une prophétie, observant le bonheur dans les yeux de son fils avant de lui enlever tout ce qui le rendait heureux.

Elle se força à ouvrir les poings. Sur ses paumes, les cicatrices en demi-lune formées par ses ongles saignaient à nouveau.

.

Loki

L’objet dont avait besoin Loki était protégé par un lourd coffret, qui ne s’ouvrait qu’avec la bonne formule. 

A l’intérieur il y avait une paire de ciseaux épais, grande comme un pied adulte. Les lames, fabriquées par les Nains, gravées de runes par les Elfes et enchantées par les Vanes, pouvaient couper tout ce qui existaient, y compris Gleipnir, la chaine qui emprisonnait Fenrir. Cette chaine n’était pas censée être détruite par quoi que ce soit, mais les Nains étaient constamment en train de fabriquer des objets plus incroyables, et qu’ils aient créés quelque chose capable de détruire l’une de leurs créations n’était pas une surprise.

« Malgré tout l’amour que je te porte, Loki, tu dois bien te douter que je ne peux pas te le laisser comme ça, même si tu es celui qui a payé pour sa création. »

« Je ne suis pas idiot, Heflin. » répliqua le Prince en levant les yeux aux ciels. Son cœur battait à toute allure : il allait pouvoir libérer son fils ! « Annonce ton prix. »

« Et bien je dois payer pas mal de gens pour leur discrétion et tout alors… Je veux tes cheveux. » annonça le Mage, qui avait visiblement déjà réfléchit à la question. Il souriait aimablement, mais il avait ce regard qu’avaient tous les marchants quand on parlait de payement.

« Ses cheveux ? Pourquoi ses cheveux ? » s’étonna Cassiopée, passant inconsciemment une main sur l’un de ses tresses.

« Les cheveux sont utilisés dans beaucoup de rituels et de potions. Ajouter une mèche à un enchantement lui permet de durer plus longtemps. Dans un baume de soin, tu peux accélérer la guérison par exemple. Non seulement les cheveux de Loki sont magnifiques, mais c’est également un puissant Magicien, et ses cheveux seront bien plus aptes à supporter des sorts puissants. Ne sous-estime jamais le pouvoir du corps, jeune fille. Vendre ses cheveux peut paraitre frivole, mais c’est un bien très précieux. Pourquoi crois-tu que les Vanes gardent leurs cheveux longs ? »

Loki ne les laissa pas plus déblatérer, ils étaient pressés. Il conjura une dague, qu’il avait forgé lui-même en essayant d’oublier le vide dans son ventre, le froid dans sa poitrine, le cri dans sa tête, et trancha sans hésitation la tresse qu’il s’était fait ce matin. La sensation de légèreté et de vide était étrange, mais il s’y habituerait vite. Ses cheveux contre son fils ? Il se raserait la tête sans attendre.

Il tendit son prix à son ami, qui s’empressa de les glisser dans un bocal en verre pour ne pas les contaminer. Loki ne manqua pas son expression émerveillée alors qu’il regardait les reflets bleus dans le noir corbeau. Il laissa Nyma passer une main sur ses cheveux courts et rafraichir sa coupe avec habilité, utilisant une paire de ciseaux qui trainait certainement dans une des poches de sa robe. Il n’avait pas porté les cheveux courts depuis la naissance de Jormungandr.

Avant, Thor se plaignait toujours que les cheveux de Loki étaient plus facile à entretenir que les siens et le petit prince passait des heures à tresser les cheveux de son frère pour les rendre présentables.

Un tiraillement à l’intérieur lui apprit que Odin ne tarderait pas à se réveiller et il tressaillit.

« Nous devons y aller. Maintenant. » Il regarda à peine ses compagnons hocher la tête, déjà en face du coffret. « Est-ce qu’il peut supporter un sort l’allègement ou de rétrécissement sans que cela n’impact les Ciseaux ? » demanda-t-il à l’autre Mage.

Celui-ci réfléchit un instant avant de secouer la tête.

« Un sort de rétrécissement serait trop fort, mais tu devrais pouvoir alléger le coffret. L’objet n’est pas si lourd. Besoin d’aide ? »

« Non, c’est bon. »

Le sort d’allègement était parmi les premiers qu’il avait appris, et il connaissait les runes avant de savoir compter. Il avait été l’apprenti d’un Grand Maitre Mage, et Freyr lui-même l’avait pris sous son aile. Trois gouttes de sang et huit runes plus tard, le coffret faisait le poids d’une épée. Il laissa Cassiopée, qui n’avait pas une goutte de Magie dans les veines, tourner encore et encore autour, fascinée.

Finalement, ils furent prêts à partir, un sac de vivre sur le dos en plus de leurs affaires. Loki détacha la Flèche d’Yggdrasil de son canon d’avant-bras (1) en cuir et créa son arc de magie pour tirer.

« Prince. N’hésite pas à me contacter si tu as besoin de quoi que ce soit. Je serais toujours de ton côté. »

Il hocha la tête puis ils dirent au revoir à Heflin et passèrent le portail.

.

Localisation : Midgard

Après la Bataille de la Stark Expo

 

Loki

A l’instant où il arriva sur Midgard, il sentit Odin se réveiller et la présence de son frère sur la planète.

La présence d’un cheval à huit jambes et d’une femme aux yeux dorés n’était pas très discret, mais Loki les avaient fait apparaitre directement dans la maison qu’il avait fait spécialement construite, aussi n’eut-il pas de voyeurs indésirables.

La maison était grande et étendue, toute en baie vitrée et en murs blancs. Assez de chambres pour y accueillir tout le monde et plus encore, de nombreuses salles qu’il fallait encore remplir, une cuisine qui ferait gémir une cuisinière.

Le réveil d’Odin bousculait ses plans, mais avant qu’aller voir l’homme qui l’aiderait, il avait besoin de discuter avec son ainé.

« Sleipnir. » Il enfouit son visage dans sa douce crinière. Son fils avait l’odeur du soleil et du vent. Le souvenir de sa solitude et de sa peur au milieu du box vide remonta à la surface, mais il s’empressa de l’éloigner. « Je suis désolé mon ange, mais je vais être obligé de changer ton apparence : aussi bien pour ne pas attirer l’attention des humains que pour éviter qu’Heimdall (2) ne nous retrouve facilement. »

Devoir changer l’apparence de son fils lui saignait le cœur. Il avait l’impression de donner raison à tous ceux qui le traitaient de monstre et se moquait de lui. C’était comme s’ils avaient gagné, comme si Sleipnir devait se cacher et avoir honte de sa vraie forme.

Une peau bleue et des yeux rouges qu’on lui avait appris à haïr.

« C’est bon Maman » répondit l’équidé en frottant tendrement son museau à sa tempe, le faisant rire doucement. « Je sais que tu n’as jamais eu de problème avec notre apparence. Tu nous as aimé dès l’instant où nous sommes arrivés dans ton ventre. S’il vaut mieux pour moi avoir une forme humaine, alors je la prendrais. »

La potion qu’avait trouvé Loki permettait de prendre une apparence Midgardienne a quiconque n’en possédant pas. Elle ne se basait pas sur l’âge véritable, heureusement sinon Sleipnir aurait eu 8 ans, mais sur l’âge mental. D’après ses déductions, son fils devrait avoir une forme adolescente. Bien entendu, comme il semblait lui-même avoir 22 ans, il ne pourrait jamais le présenter comme son enfant, mais ils seraient toujours une famille.

« Elle n’est pas encore prête, car il faut des ingrédients frais. Heureusement, on peut facilement les trouver sur Midgard. Je dois aller voir quelqu’un, alors reste ici le temps que je revienne, d’accord ? Il ne faut pas sortir, sous aucun prétexte, avant que la potion ne soit prête. »

Si la police, ou pire, le découvrait et qu’on cherchait à le capturer…

Midgard découvrirait pourquoi est-ce qu’il était appelé le Dieu du Chaos.

« Dépêche-toi alors, j’ai envie de courir. » répondit-il simplement en lui tournant le dos pour visiter.

Loki le regarda s’éloigner en s’empêchant de le retenir. Il avait du mal à le laisser s’éloigner de lui, la peur qu’il ne disparaisse lui empoisonnant l’esprit au rythme de ses battements de cœur. Plus jamais il ne laisserait l’un de ses enfants lui être arraché. Maintenant qu’ils étaient à l’abris de toute poursuite, il n’avait plus qu’à les libérer pour qu’ils puissent former une famille.

Et il était prêt à tout pour ça, quel que soit le prix à payer.

Il évita le regard de Nyma, qui avait toujours su discerner quand il se perdait dans la noirceur de son cœur, et changea magiquement ses habits pour un costard noir sans cravate.

« Faites comme chez vous. J’ai pris la liberté de vous acheter des habits, ils sont dans vos chambres respectives. Je serais normalement de retour avant la nuit. » Et il se téléporta.

.

Il avait cherché à travers Midgard un homme qui aurait l’argent et la personnalité nécessaire pour l’aider. Que ce soit de manière consentie ou non. Le plus important était que Heimdall ne remarque que le plus tard possible son implication dans la disparition de ses enfants.

Le meilleur candidat habitait le même pays que sa nouvelle maison. Anthony « Tony » Edward Stark : génie, playboy et homme d’affaire milliardaire. Quand Loki l’avait découvert, il titubait hors d’une grotte en Afghanistan, une armure en pièce détachée sur le dos, un feu ardant dans les yeux et la poitrine. Le Mage s’était sentit intrigué sans vraiment réussir à déterminer pourquoi. Peut-être parce qu’il parvenait à lui arracher des éclats de rire que seuls ses enfants avaient su faire naitre dans sa poitrine, simplement en l’observant interagir avec les autres ?

Il avait gardé un œil sur lui, autant par curiosité que par intérêt. Son caractère joueur et « je-fais-ce-que-je-veux-parce-que-je-le-peux » était terriblement attrayant, au milieu des personnalités fades et identiques des Ases. Loin de ressembler à Thor, il avait une attitude je-m’en-foutiste qui attirait le regard sans éblouir. Le mortel était comme le feu : incontrôlable, imprévisible et apportant aussi bien destruction que renouveau sur son sillage. Libre.

Les évènements de ses derniers jours avaient empêché Loki de regarder la vie de l’humain, mais il le savait mortellement empoisonné. Il avait espoir de pouvoir le convaincre de l’aider en échange d’une guérison express.

Arriver au milieu du salon aurait été une terrible idée, alors le Jötunn veilla à apparaitre devant la porte d’entrée. Qu’on ne dise pas qu’il n’avait aucun savoir vivre.

« Bonjour JARVIS. » dit-il comme il avait vu Stark le faire bien des fois. « J’aimerais parler à Tony Stark. »

« Auriez-vous l’obligeance de me donner votre nom Monsieur ? »

« Loki d’Asgard. Ce n’est pas le plus juste, mais j’espère que cela éveillera assez la curiosité de ton créateur pour qu’il daigne m’accorder quelques mots. Tu peux lui dire que je sais manier la magie, et que j’aurais une faveur à lui demander. »

« Je lui transmet. Veuillez patienter. »

Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrait sans un bruit et l’Intelligence Artificielle l’invitait à attendre dans le salon. Celui-ci était vaste, à l’image de la villa gigantesque et décorée de tableaux assez laid que Loki devina très chers. La baie vitrée donnait une vue magnifique sur l’Océan Pacifique.

Pensant au fait que son fils était quelque part sous cette étendue d’eau, glacée et silencieuse, Loki déposa sa main sur la vitre, désirant au plus profond de lui le libérer sans attendre et sans plus de précaution.

« Est-ce que tu sais qu’un autre gars clame être d’Asgard au Nouveau Mexique ? » s’éleva la voix du propriétaire des lieux. « Un certain Thor. Un membre de la famille ? »

« Thor et moi avons été frères en effet. » répondit calmement le brun en se retournant lentement. « Mais ce n’est plus cas. »

Que dirait Thor quand on lui apprendrait sa véritable nature ? Chercherait-il à le tuer, comme tous les autres Jötnar ? Attaquerait-il ses membres pour le briser ? Le considèrerait-il comme un monstre et un mangeur d’enfants malgré le fait qu’ils aient grandis ensembles ?

Stark et lui s’avisèrent l’un l’autre un instant, jugeant leur apparence. Loki s’efforça de ne pas fixer trop longtemps la lumière bleue issue de sa poitrine pour ne pas paraitre impoli, préférant passer le regard sur les signes de vieillesse de son visage, sa barbe parfaitement taillée, son regard terre brulée. C’était un bel homme. Un très bel homme. Le genre d’homme dont il chercherait le regard et la protection s’il en avait la possibilité. Il avait toujours eu un faible pour les Sugar Daddy.

Quelque chose dans son ventre s’agita à cet endroit où avaient grandis ses enfants. 

« Tu lui ressembles pas du tout. »

« Nous n’avons pas les mêmes parents. » expliqua-t-il, une douleur dans la gorge.

Stark fit un bruit de gorge sans faire plus de remarque se dirigeant vers le bar dans un coin de la pièce. L’humain avait une collection impressionnante d’alcool.

« Un verre ? »

« Je ne suis pas contre. » Il avait eu l’occasion de gouter aux alcools Midgardiens et ceux-ci n’était pas très fort par rapport à l’hydromel. Cela ne pourrait pas lui faire de mal.

« Est-ce que je peux au moins t’offrir de l’alcool ? Tu ressembles à un gamin ! Est-ce que tu es majeur ? »

 « Oui, Stark. Je peux vous assurer que je suis majeur. » Amusé, Loki ne put s’empêcher de sourire de toutes ses dents. « Le temps passe différemment à Asgard. »

« Parle-moi d’Asgard. C’est où ça ? Parce que j’ai eu beau chercher sur Google Map, votre bled est mieux caché que la piaule de Fury. »

« J’ignore totalement de quoi vous parlez. Mais pour répondre à votre question… » Il laissa patienter son interlocuteur le temps de gouter une gorgée d’alcool. C’était épicé, mais plutôt bon. « Asgard est un Royaume d’Yggdrasil, tout comme Midgard. Que vous appelez « Terre » si je m’en souviens bien. »

« Mais oui bien sûr. » répliqua sans attendre le milliardaire, qui le regardait comme s’il avait perdu l’esprit. Il se resservit d’un verre, qu’il avala comme si c’était de l’eau.

« Vous pensez que je mens. Cela ne n’étonne pas. Vous autres mortels avez l’incroyable capacité à vous croire seuls dans l’Univers. Très narcissique, si vous voulez mon avis. »

« Quoi, tu vas me dire que tu es un alien ? » se moqua le mortel d’une voix sarcastique.

Malheureusement, Loki ne connaissait pas ce mot. Confus, il pencha inconsciemment la tête sur le côté, cherchant dans sa mémoire s’il l’avait déjà entendu quelque part.

« Alien ? »

« Un alien est un extraterrestre, Monsieur Loki. » expliqua JARVIS.

« Extra… Oh ! Si Midgard est la « Terre » … Et bien, je suppose que vous avez raison. »

Mais Stark ne le croyait toujours pas, car il secoua la tête avec désespoir. Il le regardait avec hauteur, alors même qu’il était plus petit que lui, qu’il était un mortel. Le regard des autres Ases se superposa le temps d’une seconde aux yeux marrons du génie. Leur condescendance, leurs ricanements, leurs mépris.

Non. Il ne laisserait plus personne le rabaisser.

Il se gorgea de Magie et de colère et une seconde plus tard, ils contemplaient les voies qui parcouraient les branches d’Yggdrasil, les chemins oubliés dans l’espace entre l’espace entre les branches, les galaxies et les constellations qui faisaient office de feuilles, les Neufs Royaumes.

Ce n’était qu’un souvenir bien sûr, projeté dans l’esprit et dans l’espace, car il n’avait pas la puissance nécessaire pour les y emmener avec son pouvoir propre et parce que voir ce paysage en vrai aurait rendu le mortel fou. Il aurait cherché à s’arracher les yeux. Littéralement.

« Ici, il y a Asgard, où j’ai grandi. » dit Loki en montrant le premier Royaume. « Vanaheim. Álfheim. Midgard, votre monde. Jötunheim. Svartalfheim. Nidavellir. Muspellheim. Et Helheim, où règne ma fille. Ils s’opposent et s’équilibrent. »

Il laissa le temps au génie d’admirer la vue, puis laisser l’illusion se dissiper.

« Putain. » siffla Stark. « J’ai besoin d’un verre. »

Loki s’installa dans le canapé en attendant. L’acceptation de l’humain prenait du temps, mais s’était prévu et il n’avait pas le choix de toute façon.

« Qu’est-ce que c’était que ça ? » grogna l’autre en s’effondrant dans son fauteuil.

« Yggdrasil. Ou plus précisément, l’un de mes souvenirs à propos d’Yggdrasil. »

« Et comment c’est possible, Merlin ? Je veux dire, comment tu peux regarder quelque chose à l’intérieur duquel tu existes ? C’est différent que d’observer la Terre de l’extérieur, parce qu’on a la technologie nécessaire. Et d’ailleurs, on n’a jamais vu un spectacle comme ça ! »

« C’est parce que Midgard est sur deux plans métaphasiques différents. Je vous ai montré le plan métaphasique d’Yggdrasil, avec ses Neufs Royaumes. Ce que vous voyez avec vos machines est le même endroit, mais sur un autre plan Métaphasique. »

Il fit tourner l’alcool brun dans son verre, captant les rayons du soleil. Il pouvait entendre les vagues qui s’écrasaient sur la falaise et cela lui rappelait les plages à Vanaheim.

« Vous voulez dire, » intervint JARVIS « que Yggdrasil nous est invisible, ou n’avons-nous pas encore trouvé la bonne fenêtre d’observation ? »

« J’ignore totalement si vous pourrez voire Yggdrasil un jour. Honnêtement, j’espère que cela ne sera pas le cas. Vous autres Midgardiens chercheraient soit à déclarer la guerre aux autres Royaumes, soit l’on chercherait à vous éliminer pour rétablir l’équilibre basée sur votre ignorance. »

L’idée d’une guerre entre Midgard et Asgard, opposant armes à feu et bombes atomiques contre épées et boucliers le fit frissonner. Non, Odin ne verrait pas le réveil des Midgardiens d’un très bon œil.

« Pour en revenir à votre première question, j’ai pris une… hm… drogue… qui dissocie l’esprit du corps. C’est de la Magie Pure sous forme de cristal, qu’il faut briser et respirer. La séparation de l’esprit est violente et nombres amateurs en sont morts. D’autres encore sont morts en ayant oublié le chemin pour rejoindre leur corps, perdus dans l’Espace. »

Il l’avait prise dans un moment de folie, désirant localiser Fenrir à travers les Royaumes, observer quelques minutes Jormungandr, voir Hel gérer son Royaume.

Fuir Asgard.

« Putain, sérieux ?! » s’exclama l’humain, bouche-bée et un peu pâle.

« Amplement sérieux. La seule limite est le Temps : on ne peut voir que le Présent, jamais le Passé ou le Futur. J’ai été capable de voir Yggdrasil et de rentrer, mais j’éviterais de réitérer l’expérience par la suite, c’était terriblement épuisant et le mal de tête qui en suit vous martèle durant des mois. Mais je ne suis pas là pour parler de Magie. »

« Ouais, pourquoi t’es là ? Qu’est-ce qu’un magicien ne peut pas faire qu’un pauvre scientifique comme moi puisse faire ? »

« Premièrement, je suis un Mage, pas un magicien. Ni un sorcier. Ensuite, vous êtes invisible. »

« Invisible ? » Stark fronça les sourcils, comme s’il ne comprenait pas comment il pouvait être invisible en ayant tous les projecteurs braqués sur lui.

« Noyé dans la masse, un mortel parmi tant d’autres. Il y a un homme à Asgard, capable de voir tout ce qu’il se passe sur Yggdrasil, jusqu’à une certaine mesure. Il me surveille et même si je me cache de son regard, il connait mon but et remarquera immédiatement les trous dans sa vision si je m’en approche trop. C’est pour cela que j’ai besoin de vous ; parce que vous pourrez m’aider à réaliser mon souhait sans attirer son attention. »

« Ok… Ça devient de plus en plus bizarre. J’peux savoir en quoi je peux t’aider, Harry Potter ? »

Loki sourit. On y était.

« Je cherche mes enfants. »

« Tes… enfants. » répéta le milliardaire d’une voix étrange. « Enfants, comme « Helheim, où règne ma fille » ? »

« Malheureusement vous ne me serez d’aucune aide pour Hel, mais Jormungandr et Fenrir sont quelque part sur Midgard. Voulez-vous l’histoire complète, Stark ? »

« Et pas qu’un peu ! »

Alors il raconta. Il raconta la peur et l’inquiétude, la colère et la douleur, la haine profonde. Il raconta comment on les lui avait prit, comment on les lui arracha. Il laissa les mots couler hors de sa bouche comme des cris et des larmes. Stark resta silencieux un long moment après ça, fixant les mouettes qui tournaient dans le ciel.

« D’accord. »

« D’accord ? » répéta le Dieu après avoir cligné des yeux.

« Ouais. J’suis OK pour t’aider. Revient demain et je t’aurais trouvé un plan parfait. »

Aussi heureux que surpris, Loki hocha distraitement la tête, le cœur battant dans ses oreilles en une symphonie euphorique. Il regarda une dernière fois l’humain avant de s’éclaircir la gorge.

« Merci. » Et il se téléporta chez lui. 

.

Tony

S’il devait décrire Loki en un mot, Tony Stark dirait « sentiments ». Il était rempli de sentiments, qui se reflétaient dans ses yeux comme un prisme dévoilant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il était aisé de savoir quand il était confus, amusé ou irrité.

Un type avec un complexe de supériorité et des déclarations farfelues se pointaient chez lui pour qu’il l’aide à chercher ses gosses, déclarant venir d’une autre planète mais pas du même système solaire. Pas très sain d’esprit tout ça.

Cependant, Tony était un génie et l’observation était l’un de ses points forts. Alors il avait observé.

Les démons et les ombres du passé derrière ses iris.

L’éclat d’une brulure sous une manche.

La révulsion, quand il l’avait regardé comme s’il avait perdu la tête, qui dévoilait que ce n’était pas la première fois qu’on se moquait de ses idées.

La magie, puissante et pourtant facilement maniée montrant qu’il la possédait depuis longtemps et qu’il avait surement passé la moitié de sa vie à s’entrainer.

La musculature discrète mais présente révélant des exercices physiques forcés et non pas souhaités.

La peau pâle, qui n’avait pas passé des journées entières à suer sous le soleil mais plutôt bien à l’abris à l’ombre.

La manière de se déplacer et de s’assoir, légère et gracieuse, symbole d’étiquette et de conventions.

La patience infinie alliée à une irritation seulement dévoilée par une lumière éphémère dans ses yeux, qui n’avait pu être développée que par quelqu’un de proche ayant besoin de conseil mais ne les écoutant que rarement.

Quand Loki lui raconta l’histoire de ses enfants, il vécut à travers ses yeux sa peur, son inquiétude, sa colère, sa douleur, sa haine. Il observa ses sentiments embrasser ses iris, les faire briller à contre-jour comme ceux d’un prédateur mécontent. C’était sa magie qui les faisait briller, devina l’inventeur. Elle répondait de la même manière que son Arc chauffait quand il était en colère ou profondément heureux.

Loki avait été une jument libre, un serpent calme, une louve menaçante, une mère protectrice. Un prince aussi. A cet instant il avait l’apparence d’un jeune homme, mais il restait une mère qui serait prête à fouiller l’Océan de fond en comble à la main s’il le fallait.

C’était avec la tristesse d’ignorer si sa mère aurait été prête à aller aussi loin pour lui aussi, qu’il accepta d’aider le Mage. La couleur que prit ses yeux face à sa joie et cette surprise que l’on ressent quand l’on espère quelque chose de toutes ses forces et qu’on la voit se réaliser, acheva de le convaincre qu’il avait pris la bonne décision.

 

 



 

(1) Canon d’avant-bras : Protection de l’avant-bras, utilisé comme pièce d’armure. 

(2) Heimdall : Ase aux yeux dorés, Gardien du Bifrost, capable de voir tout ce qu’il se passe sur Yggdrasil.

 

 

Cassiopée et Nyma ont dû apprendre la langue Midgardienne (l’anglais).

 

 

 

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