
Strawberry ice cream
Tout allait bien trop vite, que ce soit les sons, les images, les sensations. C’était une crise, Larry savait les reconnaître, mais ces derniers temps, il tentait de se surpasser. Il était persuadé de pouvoir être plus fort que les crises, de surmonter ses échecs passés, passant outre les difficultés mais… Il s’était surestimé. C'est lorsque ses mains avaient commencé à trembler que Larry s’était rendu compte de sa bêtise. Tout ce qu’il y avait autour de lui était flou, même les écrits qu’il avait sous le nez se tordaient dans tous les sens, et la seule chose qui le sauvait était sa connaissance parfaite des mots de ce passage du livre saint. Mais cela n’avait marché que quelques secondes durant, car lorsqu’il sentit ses jambes fléchir, Larry sû qu’il allait pour la première fois s'effondrer face à une vague de monde qu’il allait, évidemment, inquiéter de par sa bêtise. Son seul espoir restant était de fuir à l’arrière salle pour s’asseoir et reprendre contenance, mais à son premier pas à reculons, son corps céda.
La seule chose dont il se souvint fut le froid du sol, sa joue y étant collée, puis l’obscurité, et finalement, un brouhaha qui s’estompa au fur et à mesure qu’il tombait dans l’inconscience. Lorsqu’il se réveilla à nouveau, son dernier souvenir fut d’avoir ouvert les yeux et de s’être retrouvé face à une foule inquiète. Sûrement avait-il à nouveau tourné de l'œil à ce moment. Alors où était-il maintenant? Qui l’avait déplacé dans son bureau?
“Larry? … Larry?” Une voix qu’il reconnaîtrait entre mille, celle de sa sœur jumelle.
“Aster?”
Tout en se redressant comme il le put, Larry put sentir sa tête tourner. Il sentit aussi la dureté du sol sous ses mains et ses fesses.
“Doucement, tu es tombé dans les pommes…”
“Effectivement…” Se plaint le roux, passant sa main sur son visage, retirant de ce coup-ci ses lunettes en demi-lune. Tandis-ce qu’il pinçait la racine de son nez jusqu'à sa glabelle, les pensées néfastes s'engouffrent à nouveau dans son crâne, et ses yeux ne tardèrent pas à s’ouvrir avec une grande hâte. “Comment-”
A peine eut t-il le temps d’ouvrir ses lèvres en un halètement d’inquiétude que sa sœur reposa sa main sur son épaule.
“Larry, tout va bien. Nous avons mis fin à la messe et avons fait sortir tout le monde.”
Bien loin d’être un soulagement pour lui, cette phrase vint à l’infester, comme si des millions de mouches tournaient dans sa tête. Les bourdonnements revinrent.
“Ils vont s’inquiéter, je dois-”
“Eh.” D’une main franche, Aster la déposa sur la joue de son jumeau pour orienter sa tête vers elle et pour qu’il remette les pieds sur terre. “Ils ne sont pas aveugles, ils savent que ça fait quelques mois que tu te surmènes et ils savent très bien pourquoi tu es tombé aujourd’hui.”
En guise de réponse, Larry laissa son regard retomber sur le sol, honteux.
“Je sais que tu en veux, je sais que tu aimes ton travail, mais là, tu as passé un stade et il va falloir que tu te ressaisisse. Et je dis pas ça dans le sens de “travailler plus”, je dis ça dans le sens “faire une pause”.”
“Faire une pause? Je ne pour-”
“La-rry. Écoute moi. Ça fait combien de mois que tu as pas pris un seul petit day-off?”
“Hum…”
“Oui, trop longtemps.”
Assez des bourdonnements, c’est au tour de larmes de monter. Toute la frustration et la honte des mois passés remontèrent enfin à la surface. Mais aussi tôt eurent-elles commencé à couler, que Larry se recroquevilla pour tenter de les cacher.
“Non, non, non…”
“Comment ça “non”?”
“Je ne peux plus pleurer…”
“Pourquoi?”
“Parce que j’ai des responsabilités maintenant, Aster…” Dit-il, la voix tremblante.
“Ok. Très bien, alors je vais m’adresser à Larry, pas au prêtre. Est-ce que tu peux enlever ton col, s’il te plait?”
Forcé d’accepter l’idée qu’il avait besoin d’une pause, bien que pas encore prêt à l’admettre, Larry obéit, silencieusement. Lorsqu’elle s'aperçut du regard fuyant de son frère, Aster décida donc d’arrêter de chercher à tout prix son regard. Elle laissa reposer sa tête sur l’épaule de son jumeau et laissa passer quelques secondes sans rien dire. C’est finalement Larry qui brisa le silence en un sanglot étouffé.
“Tu as raison.” Pleure t-il. “J’ai besoin de me reposer.”
Un léger sourire se dessina sur le visage d’Aster tandis qu'elle prit la liberté de jouer avec une des mèches de cheveux de son frère, connaissant parfaitement les gestes à adopter avec lui pour le calmer. Elle observa le silence, rythmé par les sanglots sporadiques de Larry, et attendit que ceux-ci se calment avant de reprendre la parole.
“Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais faire, pendant ton day-off?”
“Je ne sais pas trop…”
“Tu es sûr, même pas une petite idée?”
Si bien qu’il avait tenté de le cacher, il y avait bien quelque chose qui tournait dans la tête du jeune homme.
“Eh bien… Peut-être.” Reprit-il d’un air faussement coupable. “Il y a… Une glacier qui a ouvert récemment à deux rues d’ici et je me disais que peut-être nous pourrions-”
“Aller manger une glace à la fraise?”
“Effectivement…” Conclut-il, en un sourire.