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Marvel Cinematic Universe The Avengers (Marvel Movies)
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Summary
Anthony Stark et Steve Rogers sont deux jeunes hommes de la bonne société américaine. La saison des bals a commencé mais Anthony s'ennuie. Il s'ennuie à mourir et décide de fuir la cérémonie pour d'aller se promener dans les beaux jardins, regorgeant de couples qui se dissimulent aux yeux de la société.

Anthony s’ennuie.

C’est pour ça qu’il fuit la salle de bal sans se préoccuper de la colère de son père. Il s’agit du cinquième bal de la saison et l’ennuie consume déjà son cœur. C’est toujours le même cirque, les mêmes personnes, les mêmes femmes qu’il doit courtiser, les mêmes danses. Seuls les toilettes sont différentes, toujours plus extravagantes, toujours plus parfumée. Rien que d’y penser, Anthony sent une migraine pointer contre ses tempes. S’il doit remercier le bon dieu pour une seule chose, c’est d’être né garçon et d’ainsi se soustraire à toutes les obligations des jeunes demoiselles. Il n’a que du respect lorsqu’il voit les tenues que porte Mademoiselle Pots ou les conversations que doit entretenir Mademoiselle Romanov. Avec le sourire bien sûr.

Mais il n’y peut rien, il s’ennuie. James Rhodey a fui l’Amérique pour les îles et il se retrouve à dépérir sans son meilleur ami. Il n’apprécie pas vraiment les autres jeunes hommes de sa condition et il ne peut malheureusement pas approcher les demoiselles sous peine de se retrouver avec une bague au doigt. Pourtant l’humour de Mademoiselle Pots est l’une des rares choses qui arrive à l’égayer lors de ses longues soirées à boire du champagne jusqu’à avoir la tête qui tourne. C’est ainsi qu’il se retrouve à vaguer dans les couleurs de la maison des Rogers, en espérant que personne ne le retrouve avant quelques bonnes heures. La déception muette de sa mère et les colères loquace de son père sont des choses dont il s’occupera plus tard.

S’il y a une chose que l’on ne peut reprocher aux Rogers, c’est leur manque de goût. Leur demeure est splendide, remplie d’œuvres d’art en tout genre qui émerveille toujours Anthony, même vingt ans plus tard. La musique est étouffée par les murs épais et il se promène, accompagné du bruit de ses pas et de sa propre respiration. Naturellement, il s’arrête devant le grand tableau qui domine l’escalier principal. Il représente la famille Rogers, Le baron et la baronne, leur fils Steve et sa sœur cadette, Isabella. Tous blonds, les yeux clairs, la peau de lait et le regard perçant. Les Rogers sont admirés et craints dans toute la contrée, ce ne sont pas des gens contre lesquels il faut partir en croisade. Leur fils, Steve, est le portrait craché de son père, grand, fort, de bonne composition, mais il a cette même douceur qui se reflète dans les yeux de la baronne. Ce ne sont pas des choses qui se dise, mais le fils a meilleur cœur que son père et il a déjà séduit toutes les jeunes filles à marier. Il est le partie idéal, le prince charmant dont toutes peuvent rêver.

Si on demande son avis à Anthony, il répondra sans doute que c’est un idiot fini. Enfin, il ne le dira pas trop fort, il ne faudrait pas qu’Howard Stark puisse l’entendre. Steve Rogers est tout ce que son père aurait souhaité qu’il soit. Sportif, calme, conquérant. Et non, Anthony ne garde aucun ressentiment envers le jeune homme, plus maintenant. Il a bien compris que plus rien ne satisferait son géniteur, alors il se contente de vivoter et de continuer à mener ses expérimentations en secrets. La science a toujours été tout ce qui l’a intéressé, mais pas dans l’objectif de devenir docteur, comme son père a longtemps cru. Non, Anthony aime la mécanique, les machines, les expérimentations. Il est en avance sur son temps et personne ne semble le comprendre.

Ce qui ne change rien à sa situation. Il jette un dernier coup d’œil mauvais à la parfaite famille des Rogers et il descend les escaliers prestement, bien décidé à se réfugier dans le magnifique jardin à la française, qui regorge de cachettes délicieuses et odorantes. Le temps est encore bon et l’air chaud caresse sa peau bien trop tanné pour la mode de l’année. Ses parents ont beau le laisser enfermer dans sa chambre, sa peau noircit au moindre contact avec le soleil et se colore d’une couleur olive qui sied parfaitement à ses yeux noirs. Il se laisse engourdir par l’odeur des fleurs et du soleil couchant tandis qu’un léger sourire orne ses lèvres rosées. Il est heureux dehors, libre, tranquille. Il se perd dans le labyrinthe du jardin, qu’il finit par connaître par cœur à force d’esquiver les évènements de ce genre. Il reconnait quelques plantes et il se penche pour mastiquer un peu de menthe, histoire d’enlever l’horrible goût du kir de sa bouche. Alors qu’il se relève, il entend un bruissement dans un bosquet pas loin qui fait accélérer son cœur. S’agirait-t-il d’un quelconque animal sauvage ? Il n’a pas pensé à emporter la dague que lui a offert son père pour ses quinze ans. Il se détend aussitôt lorsqu’un rire retenti, léger et pur dans l’air frais.

Ce n’est pas la première fois que son imagination débordante lui joue des tours, ses parents s’en plaignent bien assez, il passe ses journées à lire, à découvrir et à explorer. Il se redresse, le dos droit et un léger sourire fleurit sur sa bouche fruitée. Point d’animal dans ce lieu habité, mais plutôt un couple de jeune gens qui essayent de se cacher à la vue des adultes pour fleurter paisiblement. Dans les livres qu’il dévore sans fin, les jardins sont souvent considérés comme un lieu luxuriant et impudique. Un lieu dangereux, pervertit pour les jeunes femmes de bonne vertu. Mais ça tombe bien, Anthony n’est aucunement une jeune femme de bonne vertu et la curiosité le démange, de ne serait-ce que jeter un coup d’œil. Il croit reconnaître la voix de Steve Rogers et son sourire ne fait que s’accentuer. Il n’est pas du genre à aller rapporter les ragots des autres, mais il ne pensait pas que Steve, le fils parfait, se laisser aller à ce genre de galanterie.

Dévoré par sa curiosité naturelle, il s’avance à pas de loup et passe la tête dans l’interstice, pour tomber sur un spectacle désarmant. Steve Rogers est en effet en train de minauder à la lune, mais certainement pas une des jeunes filles de la bonne société. Ni même avec une des mignonnes domestiques. Non. Steve Rogers était pendu aux lèvres de James Barnes, son précepteur. D’un homme. Un homme d’une beauté et d’une sévérité certaine, mais un homme tout de même. Il ne savait même pas que c’était possible. Legal. Enfin, non, ce n’était pas légal, loin de là. Un homme devait être avec une femme, c’est ainsi que Dieu le veut. Mais pour être honnête, Anthony n’en a pas grand-chose à faire du bon Dieu. Son cerveau s’emballe à créer mille et une possibilité et il peut sentir son cœur suivre le mouvement. Ce qui est, dans son cas, rarement une bonne nouvelle. Depuis tout petit, il souffre de problème chroniques au niveau de son organe vital, qui parfois s’affole sans raison et l’immobilise. La sensation lui donne l’impression de défaillir sur place tant la douleur est forte.

Il recule de quelques pas, une main posée contre sa poitrine et il cherche à prendre une grande inspiration. L’air est épais comme du plomb dans ses poumons et il crache, affolé. Il a l’impression de passer l’arme à gauche alors que son cœur galope comme un cheval de course contre ses cotes. Il n’arrive plus à respirer, plus à bouger et la panique envahit son organisme. Son sang boue dans ses veines épaisses et il cherche à tâtons quelque chose à laquelle se retenir pour ne pas défaillir. Il ne veut pas mourir ici, dans ce jardin magnifique alors qu’il n’a pas revu Rhodey, qu’il n’a pas voyagé, pas rencontré l’amour de sa vie. Des tâches noires se profilent devant ses yeux et sa poitrine le lance violement, comme si une épée le transperçait encore et encore. C’est comme si son intérieur partait en fumée.

Sans doute alerté par le bruit qu’il produit, les deux hommes apparaissent dans son champ de vison et ils s’immobilisent en voyant son visage blanc comme un linge.

- « Monsieur Stark ? » Interroge Steve, surpris. « Qu’est-ce que… Qu’est-ce… » Il perd ses mots et la main de James sur son épaule semble le ragaillardir. « Vous nous avez vu n’est-ce pas ? »

Le ton est accusateur, consternée effrayé. Pas qu’Anthony n’ait vraiment le temps d’analyser plus précisément son langage alors que son cœur semble prendre feu dans le creux de sa poitrine.

- « Il faut l’aider ! » S’exclame Mr Barnes en le voyant tituber faiblement. « Steve, est-ce que monsieur Stark souffre d’un quelconque mal ?

- Il a un problème au cœur. Bucky… Bucky, il nous a vu. C’est trop tard.

- Ce n’est jamais trop tard. » Se contente de répondre l’homme avec douceur, avant de se tourner vers l’autre brun.

Anthony le voit avancer et il ne trouve pas la force de reculer, incapable d’articuler ou de faire un mouvement. La main de l’homme se place sur son épaule, lourde et rassurante alors que James s’abaisse à son niveau, tout en gardant une certaine distance.

- « Mr Stark, respirez avec moi s’il vous plaît. Concentrez-vous sur ma voix. Vous allez vous en sortir. »

Anthony laisse échapper un léger sanglot et il acquiesce d’un geste presque imperceptible. La voix du professeur est calme, rassurante, assez grave et elle provoque un léger frisson de plaisir dans la nuque du jeune Stark. Il prend une grande inspiration, guidé par Mr Barnes qui ne quitte pas son champ de vision. Anthony se perd dans la douceur de ses bleus glacés qui lui font penser à un lac gelé et il suit ses indications, retrouvant son calme bien plus vite qu’usuellement. Il y a quelque chose d’intimement sécurisant dans la manière dont il le touche, le regarde, l’apaise. Peu à peu, il retrouve son calme, reprend sa respiration et réussi à bouger de nouveau. Il se relève prestement et s’éloigne du professeur, incapable de soutenir son beau regard. Il préfère se concentrer sur les traits agacés de Steve, légèrement en retrait, la mâchoire serrée.

- « Tu nous a vu n’est-ce pas ? » Répète-t-il avec une colère difficilement maitrisée.

- « Je ne dirais rien. » Souffle Anthony d’une voix cassée.

Sa tête bourdonne et il se remet difficilement de sa crise. Il n’arrive pas à réfléchir à ce qu’il a vu, ce qu’il a ressentie en attirant l’attention du précepteur Barnes. Mais une chose est sûre, il veut en savoir plus. Les mystères ne résistent jamais très longtemps à sa curiosité sans borne.

- Pourquoi ? »

Anthony relève la tête pour croiser le regard océan de l’autre jeune homme. C’est vrai que Steve et lui n’ont jamais été en très bon termes. Ils se sont affrontés dans tous les domaines possibles, se sont lancés milles et une pique bien sentie et se sont constamment surveillé du coin de l’œil. Puis Anthony c’est lassé de cette attention, de ces enfantillages. Il s’est fait à l’idée que Steve était meilleur que lui, peut-importe le domaine. A part la science, mais ça c’est son petit secret.

- « Parce que je ne suis pas un mouchard. » Décrète-t-il fièrement, le menton haut. « Je sais garder un secret. Je ne comprends pas votre… votre relation mais ce n’est pas pour autant que je vais vous enfoncer devant la bonne société américaine.

- Qu’est-ce que tu exiges en retour ? »

Le ton du blond est pressant, anxieux, nerveux. Anthony ne l’a jamais vu ainsi, aussi peu sûr de lui. Aussi peu stable sur ses grandes jambes. Steve a une beauté qui n’appartient qu’à lui, qui vole dans ses cheveux blonds comme les blés, dans son regard océan si concentré et dans ce corps musclé, lourd et nerveux. Il est robuste, noble, jeune. Tout l’inverse de ce que représente son professeur Barnes.

- « Je n’exige rien, Rogers. Je ne suis pas du genre à faire chanter les gens pour mon bon plaisir. Puis il n’y a rien que tu puisses posséder que je désire. »

Alors que Steve s’apprête à ouvrir la bouche pour rétorquer quelque chose de mauvais, James Barnes intervient et se place entre les deux jeunes hommes fougueux, les mains écartées.

- « S’il vous plaît, jeunes hommes, un peu de calme. Mr Stark, promettez-vous sur ce qui vous est le plus cher de ne pas divulguer ce que vous avez vu ici ? Ceci n’est pas un jeu, Mr Rogers et moi risquons beaucoup de choses.

- Alors pourquoi le faire malgré le risque ? » Exige de savoir le jeune Stark.

- Parce que parfois les sentiments sont au-dessus de la raison. Le cœur a ses raisons que la raison ignore dirait Pascale. Ce n’est guère une excuse à notre… à mon comportement mais je ne refuse de m’en excuser. Parce que mes sentiments envers Steve, je veux dire, envers Mr Rogers sont honnêtes et dénué de mauvaises intentions. »

Le blond prend une grande inspiration en entendant ces mots sortit de la bouche de son amant et Anthony ne peut pas quitter le visage sérieux du professeur des yeux. Il y a quelque chose de sublime dans la manière dont il tient tête au reste du monde, alors que ses pupilles sont dilatés de peurs. Peur non pas pour lui, mais pour le jeune homme derrière lui, qu’il protège toujours de son corps, comme si Anthony allait le blesser.

- « Je jure sur le nom de ma mère, Carbonell, que je ne dirais rien. C’est ce que je possède de plus cher. Votre secret est sauf avec moi. » Déclare Anthony, un poids dans la poitrine. Mr Barnes a raison, ce n’est pas un jeu.

James acquiesce avec un soulagement évidant et il se tourne vers son élève, la main tendue vers sa joue avant que son bras ne retombe en se rappelant qu’ils ont un spectateur.

- « Vous feriez mieux de rentrer. Partez devant pour qu’on ne puisse rien soupçonner. Steve… nous nous verrons demain. Mr Stark, ça serait mentir de dire que ce fut un plaisir de vous rencontrer mais j’espère que nous aurons le temps de parler dans de meilleures conditions. »

Les deux jeunes hommes acquiescent et se dirigent vers l’entrée du labyrinthe d’un pas lent. Steve s’éloigne avec difficulté de son amant et son visage se ferme au fur et à mesure qu’il avance. Anthony n’ose pas prendre la parole, peut-être pour la première fois de sa vie, il ne sait pas quoi dire. Ils déboulent devant le manoir et ils prennent le temps de dépoussiérer leurs costumes crottés par les envirions.

- « Prêt ? » Demande le brun en jetant un petit coup d’œil vers son camarade.

- « Avons-nous véritablement le choix ? » Soupire le concerner. « Mais avant cela, je voudrais te remercier pour ton… silence. Je sais que je m’engage sur une voix difficile, que je suis sans doute damné à tout jamais mais je n’en ai que faire.

- Damé pour les beaux yeux de ton précepteur ? Je peux comprendre. » Rit Anthony pour détendre l’atmosphère. « Allons-y, nous parlerons de ça plus tard. »