Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve

Carol (2015)
F/F
F/M
G
Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve
Summary
ceci est la version "française ; il est possible que j'ai laissé passer des fautes d'orthographede grammaire, de syntaxe , d'accord des temps etc.... je le fais pour les lectrices et lecteursfrancophonesmerci de votre éventuelle lecture ou relecturecertaines personnes peuvent être choques en découvrant la personne qu'est Carol mais c'est quelqu'un qui a été le souffre-douleur de sa mère et qui ne s'en remet pas...et parfois son côté cruel ressortavec moi il n'y aura pas de domination mais de l'égalité comme je l'ai sentie en visionnant Portrait d'une jeune fille en feu...Carol n'est pas dominatrice Thérèse n'est pas falote...
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Chapter 22

 

 

 

Pourquoi lui ai-je dit que je l’ai vue?

 

C’était une soirée comme les autres... la musique, la chaleur , les cris, l’obscurité où chacun se démasquait enfin... elle comme les autres. .. Et c’est ce qu’elle préférait chacun ramené à sa valeur marchande sur le marché du sexe... Elle était sur le haut du podium au regard des jeunes femmes mal dégrossies à l’avenir si prévisible de mère célibataire précoce

Et au physique d’une banalité à pleurer... elles perdraient vite l’avantage de leur jeunesse.

 

Oui Carol aimait la nuit où tous les chats sont gris, avant de revenir à la réalité où IL jouait à l’homme et ELLE jouait à la femme... Oui elle aimait la nuit ; elle exerçait son choix ... toujours jeune , beau, et grand... niveau de pensée sans importance... car elle voulait de la violence et de la brutalité... à défaut de jouir... parce que le sexe est toujours une bataille et qu’elle avait une revanche à prendre.

 

Alors oui, elle faisait son choix et désignait d’un mouvement de hanche celui qui l’accompagnerait pour la nuit.

Certains avaient eu plus qu’un coup, plus qu’une nuit. Mais tout était si ténu que Carol, à l’humeur toujours changeante, virait l’élu à la moindre contrariété et, pour que les choses soient claires, laissait traîner des billets que tous avaient ramassés en râlant et en protestant... mais tous les avaient ramassés

 

Amère et lucide elle savait qu’elle ne trouverait jamais l’amour dont elle rêvait. Cependant , même au cœur des coucheries les plus salaces, elle en rêvait encore... une vraie midinette...

En dépit de son orgueil et de son argent une vérité avait émergé doucement par affleurement ; une vérité qu’elle fuyait toujours... elle était seule et les couches supplémentaires d’eye-liner ne faisaient que souligner la tristesse de son regard. Si elle mettait quelque fois des lunettes noires pour ses nuits blanches , elle s’habillait parfois tout de noir pour sortir le soir... le noir cette couleur discrète qui aguiche le regard surtout quand c’est une blonde qui le porte.

 

Sa superbe mise en scène masquait le désespoir inhérent à sa quête d’amour ; les reproches faites quant à son âge la touchaient qu’elle ne se l’admettait .... Ces soirs là elle était encore plus dédaigneuse et plus difficile car nul ne devait deviner ses fractures... nul sauf cette jeune femme qui l’avait clouée de son regard triste et si ... franc; Thérèse savait la tristesse de Carol et ce qu’elle lui avait murmuré à l’oreille , Carol le savait et le fuyait.

 

Elle ne comprenait pas ce qui l’avait poussé à dire cela alors qu’elle s’était juré de le garder secret... en un geste familier elle porta la main à sa poitrine . Ne devait-elle pas retourner sur ses pas et dire à Thérèse que tout allait bien ...

 

Tu connais la conclusion... cette fille t’aime et le spectacle de cet amour te ravit, t’enchante... mais que peux-tu lui donner? Que peut-elle t’apporter?

 

Elle considérait ses rapports avec les gens sous l’angle du profit que cela pouvait lui rapporter ; la vie l’avait endurcie...

Le matin , dans le miroir de sa salle de bains, elle cherchait le cheveu blanc à arracher....l’automne s’approchait..

elle admet à regret que la lutte destinée à la protéger des actions de sa mère l’avait méchamment transformée.

Elle était pleine de préjugés , arrogante parfois , connaissant parfaitement le pouvoir de l’argent... une autre jour elle se sentait ouverte, généreuse et bonne. C’est ce qu’elle connaissait avec Thérèse... un pas en avant pour deux pas en arrière.

 

Pourquoi lui ai-je dit que je l’avais vue?... mais parce que tu l’as ressenti comme un moment unique , précurseur...

 

Comment oublier cette... Fulgurance?

L’irruption de cette jeune lesbienne dans le temple du sexe hétéro ne lui avait pas échappé... elle avait même pensé à l’inviter pour une soirée à trois. C’était un fantasme qu’elle avait... et elle se voyait au milieu évidemment pas sur le côté... en maîtresse femme....deux jeunesses à déguster ....

 

Qu’est-ce que tu aurais fait avec Thérèse? Sincèrement....je ne sais pas... l’aurait- elle voulu? Je ne le pense pas

 

Cette jeune femme, qu’elle avait un brin narguée comme les autres , cherchait donc quelque chose ou quelqu’un...Elle? .. peut-être, car Carol avait été particulièrement « démonstrative » cette nuit-là et Thérèse avait réagi avec colère.

Un rayon de lumière avait brièvement  éclairé une salle qui ne devait pas l’être... Thérèse darda son regard et Carol ferma les

yeux... juste cette fois-là.

 

Carol , les yeux grand ouverts et consciente de la situation , jouissait juste du simple fait que c’était elle qui contrôlait... amère jouissance dont elle se satisfaisait ... le sexe n’est qu’un moyen, certainement pas un but.

Intuitivement elle savait que le plaisir arriverait quand elle aimerait et pas avant..... l’amour partagé, autant dire la perle rare... La prédiction de la gitane lui heurta l’esprit... du blanc, du vent, de la pluie ... mais surtout son refus d’accepter cet amour... le chaos allait tranquillement s’installer dans sa vie.

 

Je ne veux pas la blesser... mais ce n’est pas une princesse dont j’ai besoin

Elle lissa sa robe du plat de la main et , pensive, s’éloigna de la chambre d’amis.

 

Pour quelles raisons Anne lui avait-elle parlé des filles comme... Thérèse?... Ce jour là elle l’avait coincée dans la bibliothèque de leur maison :

« Carolyn....méfie toi des femmes surtout de celles qui sont... masculins... Ce sont des perverses et tu peux les attirer... et puis tu les dénonces... alors je te reconnaîtrais comme ma fille... ces femmes là ne méritent pas de vivre leur vice »

Et toi ,chère mère, mérites tu de vivre?

 

Alors , pour chasser les fantômes du passé et ne pas faire demi tour, elle caressa la cicatrice de l’index qui était comme son gri-gri....la protection contre les tentations de la vie... enfin surtout contre... Thérèse.

 

 

 

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Comment elle m’a vue?.... elle me connaît depuis plus longtemps que ce que je croyais.

La tête pleine d’espoirs et de supputations Thérèse ne put s’endormir de suite. L’incroyable sensation qui la portait fut encore plus forte... elle essaya de se concentrer sur la conversation mais surtout sur les regards et l’attitude de Carol.

 

Ses gestes larges qui l’éloignaient et les petits baisers qu’elle donnait; elle avait la sensation de la comprendre et , soudain, l’instant d’après tout était confus , imprécis...

"prends du recul... tu la touches ... c’est clair mais sa peur est là... Comment la combattre?"

 

Des images imprécises la maintenaient en éveil en dépit de la fatigue qui ne l’oubliait pas. Savoir Carol si proche... la tentation était là. Sachant les faiblesses de Carol elle saurait attendre parce qu’elle ne voulait rien brusquer... c’était la chance de sa vie... mais ses sens avaient leurs exigences ... elle voulait palper, sentir, voir et goûter . Elle aurait pu se lever et frapper à la porte... mais que dire, qu’invoquer, que prétexter?

 

Et puis quelle dépendance à l’égard de Carol... ce voyage , le logement pour sa maman... Thérèse se leva presque fâchée

Ses décisions étaient les siennes et c’est ainsi qu’elle contrôlait et ordonnait sa vie. Son orgueil la mit en presque en colère. Pourquoi avait-elle accepté cette aide qui venait d’une femme qui la dominait financièrement? Alors qu’elle avait toujours mis un point d’honneur à se débrouiller toute seule...

 

Gaëlle lui avait souvent fait remarquer qu’elle était incapable d’accepter l’aide des autres:

« d’où vient cette fierté mal placée?... reconnais que tu as besoin des autres... ça te facilitera la vie »

 

Son orgueil étouffa toutes les autres sentiments... demain , dans la voiture, elle mettrait les choses au point avec Carol.

Malgré tout elle n’eut qu’une envie entrer dans la chambre de Carol , se glisser dans son lit et s’écrouler dans ses bras... dormir comme elle dormait, enfant, dans les bras de sa maman pour y trouver douceur, chaleur et réconfort...

Mais elle ne le fit pas.

Elle aurait du lui dire que le séjour risquait d’être plus qu’un seul jour... mais elle ne l’avait pas dit.

Le sommeil la surprit en pleine improvisation du discours qu’elle ne manquerait pas de tenir à Carol... quand l’occasion se présentera.

 

 

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La nuit avait été courte et le sommeil profond. La tête enfoncée dans l’oreiller , Thérèse se réveillait et revit le film de la veille...

Oui cette journée avait été si pleine de Carol que Thérèse en était sortie épuisée par le combat qu’elle se livrait à elle-même. Et cette discussion cette nuit ; elle avait oublié ses paroles seule était restée l’atmosphère tendue et parfois désespérée., parfois aimante. Ah oui la parole facile mais incapable d’aller au-delà et en face Carol qui cède parfois et se reprend...

 

Voyager avec Carol allait être aussi une épreuve ,mais Thérèse l’envisagea comme une pas de plus qui la rapprocherait de son but ultime. Elle se leva et se regarda dans le grand miroir de pied. Elle avait maigri parce que manger n’était pas sa priorité. Puis son esprit vagabonda dans cette maison; le plus incroyable ... Carol était là et avoir dormi sous le même toit qu’elle ... Thérèse soupira et remit ses idées en place.

 

Elle ne put s’empêcher d’ouvrir la fenêtre . Elle entendit le chant des mésanges charbonnières , vestiges de l’exploitation des mines de charbon. Combien d’entre elles étaient mortes en respirant le mortel grisou?... L’air frais du matin amplifiait le bruit des sabots d’un gros boulonnais qui revenait des champs. Elle en avait déjà croisé le propriétaire , un fermier qui ne voulait labourer ses champs bio qu’avec un cheval... Elle se retourna pour inspecter la chambre sobre et accueillante. Les murs attirèrent son attention. Ils étaient irréguliers et recouverts d’une matière rugueuse, terreuse. De l’argile ou du torchis?... Elle y promena la main et y pensa comme une métaphore de Carol qui était parfois gentille puis distante comme si elle sentait un danger.

 

Je ne suis pas dangereuse Carol je suis juste amoureuse et j'ai peur que tu ne le sois jamais de moi

L'amour blesse et scarifie , je le sais. J'ai envie de toi mais le veux- tu?

Je ne suis pas dangereuse Carol mais craintive toujours de ta réaction…dois je me contenter du peu que tu peux me donner , dois- je exiger plus?

Qu'as tu pensé de moi quand tu m'as vue?

Je ne suis pas dangereuse Carol mais je ne veux pas te réduire à ta beauté et à la baise…sauras tu me donner plus?

Deux trous rouges au côté droit….arrête…Carol n'est pas dangereuse mais inconsciente comme une enfant malhabile avec les sentiments. Carol tu ne seras jamais l'objet de mes désirs…mais simplement et intensément le sujet , l'épicentre et le pont de rencontre de notre désir…

 Sois forte et équilibrée pour deux…gère ses peurs et les tiennes…

 

Avait-elle bien réfléchi à la proposition de Carol? Car là bas elle était toujours en position de faiblesse... Elle avait accepté si vite... il va y avoir du chaos les jours qui viennent.

Ce petit voyage de quelques centaines de kilomètres dans un lieu synonyme de déchirement et de colère , de deuil aussi même si la mort de son père l’avait à peine touchée. Elle s’y sentait toujours rompue et il faudrait gérer tous ces sentiments tumultueux qui rompaient sa vie ... et, par-dessus tout, l’immense solitude dans laquelle croupissait sa maman...

 

Elle se secoua enfin car il y avait tant de choses à faire avant le départ et fuir le marais de ses sentiments contradictoires était une bonne chose... et puis Carol sera là?

Elle prit une douche rapide tout en admirant le carrelage marocain des murs et en évitant soigneusement le visage qui ne devait être en aucun cas mouillé. Les précautions qu’elle prenait faisaient toujours rire Gaëlle :

« mais Madame est faite de porcelaine toute en fragilité... ça fait de la moto mais c’est fragile »

C’est vrai que ce n’était pas facile à assumer car, si elle ne se maquillait pas, elle devait néanmoins suivre un protocole très strict sous peine de voir la couperose arriver et elle ne le voulait pas. En dehors de toute féminité traditionnelle elle était soucieuse de son apparence et avait ses propres codes d’élégance.

Après ce long et indispensable rituel (un pain dermatologique et trois crèmes, une touche de parfum et les soins pour ses mains) elle descendit le grand escalier et entra dans la cuisine où régnait un joyeux tintamarre.

 

 

 

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