Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve

Carol (2015)
F/F
F/M
G
Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve
Summary
ceci est la version "française ; il est possible que j'ai laissé passer des fautes d'orthographede grammaire, de syntaxe , d'accord des temps etc.... je le fais pour les lectrices et lecteursfrancophonesmerci de votre éventuelle lecture ou relecturecertaines personnes peuvent être choques en découvrant la personne qu'est Carol mais c'est quelqu'un qui a été le souffre-douleur de sa mère et qui ne s'en remet pas...et parfois son côté cruel ressortavec moi il n'y aura pas de domination mais de l'égalité comme je l'ai sentie en visionnant Portrait d'une jeune fille en feu...Carol n'est pas dominatrice Thérèse n'est pas falote...
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Chapter 23

Carol se dirigeait vers la France ; elle dut s’arrêter à cause d’une tension douloureuse dans le ventre quine la quittait plus en plus d’une légère migraine qui ne résistait pas à une aspirine. Son esprit vagabondait sur ce qui s’était passé la journée précédente où elle s’était sentie si vulnérable sous le regard bienveillant de sa Thérèse... non de Thérèse. Elle sursauta quand passa une moto; elle souriait encore quand elle disparut avalée par le paysage.

 

Puis redémarrant doucement elle s’attarda sur la conversation qu’elle avait eue avec Marijke0

 

 

Cette belge qu’elle avait rencontrée lors de ses virées nocturnes et qui chassait le même gibier qu’elle. Sur le bord de la piste elles s’étaient « reconnues ». Parce qu’elles s’étaient déjà vues dans une foire d’antiquités..

Apparemment elles étaient semblables mais en surface seulement... après une nuit de sortie elles s’étaient retrouvées dans le même estaminet à boire un café réchauffé à la chicorée et elles étaient, non pas des amies mais des associées dans la même quête... vêtements....

 

Marijke habitait une superbe ferme fortifiée à la cour pavée de pierres rouges. Où s’ébattaient deux grands dobberman qui ne se calmèrent que lorsque leur maîtresse leur intima l’ordre de se taire...

L’intérieur de ce vieux bâtiment respirait l’aisance mais quelques meubles exceptionnels y trouvaient place . Un bureau Boulle plaisait particulièrement à Carol qui n’avait réussi à décider Marijke à s’en séparer et ce, quelque soit le prix qu’en proposait Carol.

C’était d’ailleurs devenu leur rituel cette surenchère :

« Allez je propose 10% de plus que la dernière fois..

-qui était de ?

-15000$

-désolée Mevrouw... Alles est allé?

-prima »

 

Alors Marijke venait près d’elle et lui collait quatre bisous sur les joues. Carol , au départ n’avait pas caché sa surprise et puis elle s’était habituée...

 

Mais ce fut leur occupation professionnelle qui les rapprocha vraiment et ,là, elles avaient mis au point ce qui allait confirmer le départ d’une réelle association.. Il fallait concrétiser leur projet en trouvant du côté français un local où seraient exposés les meubles et les accessoires que chacune trouvait. Il fallait que leur clientèle ait une vue d’ensemble sur ce qu’elles pouvaient leur proposer.

 

Ce fut Carol qui se proposa la première pour trouver ce local... elle avait une idée en tête mais il fallait creuser...

 

Elle souriait toujours de la façon rude dont s’exprimait Marijke dont le français à la belge ponctué de jurons flamands bien sentis reflétait si bien la personnalité... les r roulaient dans un chaos apparent d’où émergeait toujours une profonde connaissance des gens et des affaires....elle ne se trompait jamais et Carol se sentait en état de faiblesse quand certains sujets étaient abordés.

 

« Alors Carol akkord? Tu cherches... même un truc qui tombe en ruines ....on le rrrefait à notre goût ... quelque chose de magnifique... alors et les amours... Tu dragues toujours dans les clubs?

-moins qu’avant... quelqu’un m’a dit quelque chose... quelque chose s’est passé

-Mach... enfin tu ne peux pas être plus précise?... qui quelqu’un? »

Carol soupira... comme elle aurait voulu tenir la main de Thérèse à ce moment précis pour y puiser de la force... Thérèse sa faiblesse

« c’est... une jeune femme »

 

Marijke s’esclaffa si fort qu’il semblait à Carol que les murs tremblaient:

« Tu veux rirrre.......mais au fond je ne suis pas étonnée

 

-pourquoi?

 

-Carol je t’aime bien sinon je ne ferais pas affaire avec toi... mais j’ai trouvé que tu jouais la comédie et que tu la jouais mal... peut-être que tu n’aimes pas vraiment les hommes.

 

-mais non... j’y croyais....si si je les aime... sinon je ne me serais pas mariée... non? »

 

-Goddverdom... Carol....tu es une mauvaise actrice et tu joues un mauvais rôle »

 

Carol s’était un peu braquée comme chaque fois . Elle s’était si souvent interrogée sur son comportement. Elle n’était même pas sûre à 100% que ce soit les dires de Thérèse qui l’avaient secouée.

 

« Marijke je n’ai jamais vraiment choisi... Anne m’a forcé à épouser Harge ... elle a tout fait pour me jeter dans ses bras , pour nous laisser seuls ensemble... et

-laisse moi deviner... tu es tombée enceinte et tu ne pouvais pas avorter »

Carol baissa la tête; elle n’avait jamais voulu avorter .

« Je n’aurais jamais avorté... pour moi le seul amour inconditionnel est celui d’une mère envers son enfant . Je voulais aimer sans restriction et sans peur... alors oui je voulais un enfant avec qui que ce soit ; je voulais vivre pour quelqu’un

Compter pour quelqu’un tu comprends »

Carol se défaisait doucement , s’affaissait sans pouvoir retenir cette vague scélérate qui venait de si loin et qui la menaçait sans répit et sans pitié. Mais ce désespoir menaçant disparut quand Marijke se mit à parler :

« Carol , j’ai compris ce que tu cherches et c’est là... même si ce n’est pas à quoi tu pensais... c’est là »

 

Carol leva les yeux vers son interlocutrice :

« oui Rindy me l’a dit... mais quelque chose en moi ne le veut pas et c’est puissant et je ne sais pas ce que c’est »

 

Marijke se leva et s’assit prés d’elle ; c’était une grande gueule mais elle était sensible :

« Allez filleke tu devras te laisser aller... tu verras combien il est bon d’être aimée... à quoi elle ressemble cette jeune femme?

-elle est plus petite que moi mais pas beaucoup . Elle a les cheveux courts , châtain et des grands yeux marron... elle serait encore plus jolie si elle se maquillait mais j’ai compris qu’elle ne le faisait pas et elle fait de la moto

 

-en tout cas si tu n’en veux pas ... présente la moi....j’aime bien les petites brunes aux cheveux courts un peu garçonne

 

-quoi?

 

-tu sais je fais toujours ce que j’ai envie... baiser fait partie de ma vie à 200% ... mais les hommes ne font pas tout ce que j’aime au lit... les filles font quelque chose que j’adore....leurs langues sont plus douces et plus précises.. tu ne vois pas quoi? »

 

Carol était perplexe et jalouse....

 

Quoi jalouse?

 

Elle avait beaucoup de mal à parler de certaines choses et la rudesse de Marijke la faisait parfois paniquer. Mais il fallait être honnête...

« non je ne sais pas de quoi tu parles et je ne veux pas le savoir » elle aurait voulu se cacher dans un trou de souris.

 

La flamande eut du mal à retenir son rire et elle frappa la table du plat de sa main :

 

« nom de djou....je me marre avec toi. Enfin je voudrais que tu connaisses l’amour ... tu sais ce qui se passait dans cet endroit qui puait... ce n’est pas de l’amour ... c’est un sexe brut, cru sans intérêt... j’ai toujours terminé ma nit dans les boîtes à filles... parce que quelque chose me manquait... finalement je ne sais même plus si j’aime les hommes....j’aime les deux en fait ... tout le monde me donne quelque chose et c’est ça dont j’ai besoin.

 

-tu me montres à chaque fois une facette différente de ta personnalité

 

-oui et il n’y que quand tu es là que je le fais... c’est comme ça... J’ai toujours su que tu réglais tes comptes en agissant ainsi .. Crois moi faire l’amour ce n’est pas ça »

 

Mais elle s’arrêta tout de suite ; elle ne reconnaissait pas Carol... le beau visage lisse , si lisse était fissuré et les yeux bleu noyés de larmes...

« je ne sais pas ce qui se passe avec Thérèse... je la regarde et je me dis que c’est mal... je vois ses mains crispées sur ses cuisses et je vois qu’elle s’empêche de me prendre ses bras et je ne dis rien... j’ai vu dans ses yeux tant d’amour... tant de cet amour que je ne veux pas... d’abord parce que c’est mal »

Carol fit un geste à Marijke pour la faire taire:

« et puis je ne me sens pas le courage d’emmener cette jeune femme dans ma vie ... bien qu’elle y soit déjà. J’ai peur de lui faire mal, de ne pas assurer ce... genre d’amour et de lui faire de la peine . Elle ne le mérite pas... et je ne la mérite pas »

Marijke s’était tue car elle avait compris que c’était un monologue dont elle était l’involontaire spectatrice.

Un long hennissement les interrompit ; tout alentour de la maison s’étendaient des prairies où gambadaient des superbes frisons . Les longues crinières noires et soyeuses flottaient au gré des galops des chevaux magnifiques que Marijke aimait tant. Les deux femmes admirèrent le magnifique ballet qui s’offrait à elles ; les silhouettes de noir geai se découpaient sur le vert profond de la prairie telles les marionnettes d’un théâtre d’ombres chinoises.

 

Carol se leva d’un coup :

« Je dois y aller ... je pars en Vendée pour deux jours je crois

 

-en Vendée?

 

-oui pour aller chercher la maman de Thérèse... je sais ... je fais tout et son contraire depuis que je la connais... je devris la fuir et je prolonge nos rencontres... je ne suis plus la femme que j’ai l’habitude d’être... mais j’ai du mal avec tout ça... et la petite est ma chasse gardée ok? »

 

Marijke, les yeux verts si rieurs, rejeta ses longs cheveux bruns en arrière de ses deux mains et caressa le plus grand des doberman:

« fais ce que tu as à faire, n’oublie pas de chercher ce local et tiens moi au courant... tu es vraiment pleine de contradictions Carol....n’oublie pas qu’on n’a qu’une seule vie... et que sans amour on n’est rien du tout... et je ne parle pas de baise »

 

                                                =============================================

 

Carol arrêta de nouveau sa voiture sur le bas-côté de la route. Tout ce qui avait été échangé avec Marijke l’avait bouleversé plus qu’elle ne le pensait. Elle posa la tête sur le volant et ne pensa plus à rien... puis les yeux si gentils de Thérèse se rappelèrent à son bon souvenir et, se laissant complétement aller, elle laissa couler doucement de ses yeux jusqu’à son cou les larmes qu’elle avait retenues si fort.

C’était un moment de faiblesse , juste un moment parce que la solitude lui convenait tout-à-fait .

Mais ,sur le chemin du retour, le néant et la vacuité de sa vie la frappèrent et seul l’existence de ses deux filles l’empêchèrent de rouler un peu trop vite...

 

bonjour tristesse... la beauté de ton nom ne me quittera peut-être jamais

 

Traversant un village la vision d’un couple d’amoureux se bécotant la mit en furie et il fallut tout le sang-froid de la mère pour calmer l’adolescente furieuse... La créature qui l’habitait et qui la protégeait des tortures de sa mère l’éloignait parfois de toute sensibilité...

Mais le regard que s’échangeaient ces deux amants était de trop. La félicité des autres était un spectacle qui la provoquait tout entière. C’était ce moi horrible et protecteur qui l’éloignait de Thérèse ; ça n’était pas autre chose.

La colère qui l’habitait devait sortir d’elle pour enfin goûter à la joie de vivre et à cet amour qui serait sa rédemption un jour. Elle tapa violement sur son volant et finit par pleurer de désespoir et de colère comme elle le faisait après ses sorties avec l’angoisse que ses enfants n’entendent les cris de rage dans le garage.

 

Thérèse attend moi je suis à la dérive...

 

Elle s’arrêta de nouveau , sécha ses yeux et se remaquilla. L’orage était passé et tout reprenait son cours... ça ne devrait jamais arriver devant Thérèse, jamais. Parce qu’elle n’avait aucune explication plausible à ces brusques accès de violence

À part la frustration de toutes ces années  perdues.

 

Elle eut brutalement l’envie de faire souffrir celle par qui le désordre était arrivé... Elle se connaissait un don certain pour

briser les gens et c’était l’héritage que lui laissait Anne ; cette incapacité à faire confiance , à être généreuse sans arrière-pensée... à qui pouvait-elle en vouloir?... ce côté sombre d’elle-même la fascinait car cette Autre était sans pitié, sans remords, sans conscience.

 

Moi aussi je peux faire mal... moi aussi je peux briser, casser, émietter, démembrer qui je veux...même mes filles.

 

Elle resta un long moment à se sentir en danger, à ne pas réfléchir, à laisser la colère s’en aller puis elle redémarra doucement ... une longue journée dangereuse et séduisante l’attendait... vite retrouver Thérèse...

Et ne pas laisser l’Autre gagner...

 

Dégage tristesse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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