Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve

Carol (2015)
F/F
F/M
G
Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve
Summary
ceci est la version "française ; il est possible que j'ai laissé passer des fautes d'orthographede grammaire, de syntaxe , d'accord des temps etc.... je le fais pour les lectrices et lecteursfrancophonesmerci de votre éventuelle lecture ou relecturecertaines personnes peuvent être choques en découvrant la personne qu'est Carol mais c'est quelqu'un qui a été le souffre-douleur de sa mère et qui ne s'en remet pas...et parfois son côté cruel ressortavec moi il n'y aura pas de domination mais de l'égalité comme je l'ai sentie en visionnant Portrait d'une jeune fille en feu...Carol n'est pas dominatrice Thérèse n'est pas falote...
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Chapter 18

Margot était dans la cuisine . C'était le matin et il n'y avait pas école. Elle s'était levée tôt pour préparer le déjeuner pour sa maman ..c'était sa surprise pour ce dimanche matin.

Le café était en train de passer quand elle entendit des éclats de voix… Harge était rentré… L'insouciance du matin disparut tout de suite ; elle alla chercher dans un tiroir des boules de coton dont elle bourra ses oreilles.

Malgré tout cela elle entendait des mots de haine, de justification d’imploration et de colère... son père était là et elle savait ce qui allait se passer.

Des cris et des coups....c’est comme ça chez les autres? Dis maman c’est aussi comme ça chez les autres?

 

Malgré ses mains plaquées sur les oreilles bouchées avec du coton elle entendait....plus elle n’entendit plus rien et la

peur s’installa. Dès son plus jeune âge elle avait comprit que le silence après les cris était le pire...

mais il y avait maman, maman en danger... Il fallait savoir... ne pas savoir était pire.

 

 

 

Alors , doucement et avec précaution, elle sortit de sa cachette . Le cœur battant si fort qu’il lui semblait remplir toute la maison, elle gravit les marches sans un mot , écrasée par ce qu’elle avait peur de découvrir et le cœur brisé à l’avance de ce qu’elle allait voir. Margot n’avait pas vraiment eu une enfance heureuse en dépit de l’amour de Carol; l’angoisse l’avait fait grandir si vite. Elle murmura doucement sa comptine qui la distrayait dans ces moments là:

 

Une souris blanche qui courait dans l’herbe

Je l’attrape par la queue , je la montre à ces messieurs

Ces messieurs me disent

Trempez la dans l’eau , trempez la dans l’huile

Et vous aurez un escargot tout chaud

 

Les marches étaient hautes mais elle aurait gravi les plus hautes montagnes pour sauver sa maman... de nouveau des cris la voix de Carol...

« J’arrive maman , j’arrive cria-t-elle

« ne viens pas tout va bien » mais la voix cassée de sa maman lui criait le contraire

"je suis là c’est trop tard... courage maman je suis là »

La dernière marche était la plus haute et elle la finit à quatre pattes. Elle se releva pour courir vers sa maman effondrée contre la porte de sa chambre ; elle n’entendait plus son cœur battre, ni les pleurs de sa maman. .. juste les rugissements de son père et les insultes. Elle n’en comprenait aucune ;

 il y avait juste  Carol et ses sourires brisés qui essayaient de la rassurer maladroitement tremblant elle-même aussi fort que sa fille:

 

« Ne t’inquiètes papa va se calmer

-maman tu as une joue plus rouge que l’autre... et ton œil?... il t’a giflée? »

 

Une souris blanche qui courait dans l’herbe

Je l’attrape par la queue , je la montre à ces messieurs

 

Margot passa doucement la main sur la joue écarlate de sa maman:

« Maman je veux qu’il meure... »

À ce moment Harge sortit de la salle de bains et, sans rien dire, se dirigea vers l’escalier. L’air embaumait l’after shave

 

« Harge je vais divorcer... j’en ai assez... nos filles vivent une vie délétère , ça les mine...

Il se retourna:

« tant mieux ... je vais pouvoir choisir une femme qui jouira enfin... j’en connais un paquet qui ne demanderait pas mieux que de m’épouser... nos filles? Tes filles....je voulais des garçons... tu n’es même pas foutue de faire des garçons... Anne a

Bien raison ... bonne à rien et mauvaise en tout »

 

Carol connaissait les reproches de son mari et savait les gérer, enfin le croyait-elle... elle était blindée mais là elle avait encore et toujours mal... mais Margot ne calculait pas , ne gérait pas... Elle exprima ses sentiments du moment.

Une souris blanche...

« va t’en , hurla-t-elle , je te déteste... on ne veut plus de toi.. je veux que tu meurs »

Carol chancelante, anéantie, brisée par cette violence qui corrompait aussi l’âme de sa petite se leva pour la prendre dans ses bras :

« va t’en Harge et ne reviens plus... tu auras des nouvelles de mon avocat »

Il se retourna, haussa les épaules et dévala les escaliers...

deux heures plus tard sa voiture épousait un chêne de 200 ans... Noces Brèves et fatales.

 

 

 

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Rindy gravit trois par trois les marches du grand escalier qui trônait dans l' entrée tel un gardien incorruptible qu'il fallait vaincre pour accéder aux étages.

L'esprit occupé par ce qui se passait dans le jardin elle voulut se distraire et la meilleure des choses à faire était d'écouter de la musique..il lui fallait quelque chose de doux et de tendre qui envahit l'esprit sans l'altérer.

Ce serait les Gymnopédies de Sati  ou Léonard Cohen…

des pièces de piano qui autorisaient la réflexion dans la rêverie.

Des chansons si douces et si tristes..."Suzanne" était sa préférée.

Mais bien sûr elle aimait aussi Nina Hagen ,Bowie, les Cranberries , Debby Harry et les Rita Mitsouko et Serge Gainsbourg.

En fait elle aimait ce mélange culturel découvert au cours de ses voyages dans toute l'Europe.

Sa chambre était la chambre verte. Le vert est une couleur mélancolique et c'est ce dont elle avait besoin quand elle voulait se retourner sur son passé…

Elle écarta sa scolarité , celle d'une enfant  de la haute bourgeoisie new yorkaise .

 Cette bourgeoisie non…cette aristocratie qui lorgnait toujours sur celle du Vieux Monde.

Elle s'y était toujours sentie si décalée ; non pas qu'elle en rejeta toutes les normes et les coutumes mais elle voyait toujours ce qui était caché et ça n'était pas beau.

 

Cette lucidité l'avait toujours aidée en toute circonstance…

 

Il lui restait toujours un fonds de culpabilité, de ne pas avoir été là quand l'accident était arrivé…

son retour de Londres , deux jours après, et l'accueil de Margot et de Carol qui dissimulait mal sous une couche de maquillage le bleu violacé de ses pommettes et l'ombre prononcée de ses paupières….mais aussi parce que, secrètement et comme une ombre, le soulagement imperceptible que cette mort avait apportée à toutes les trois ne devait pas trop se voir. Cela il avait fallu le cacher surtout à Jennifer qui aimait son fils tout en sachant parfaitement son comportement.

D'ailleurs , au cours d'une scène très émouvante et brutale en même temps, elle reconnut implicitement que cette mort prématurée était la suite logique du comportement de son fils.

 

 Elle en porta le deuil et Rindy fut sa consolatrice en premier lieu.

 

 Mais Margot qui ne cachait rien pleura beaucoup avec sa grand-mère et s'excusa d'avoir souhaité la mort de Harge… cet aveu délivra Jennifer . Si une enfant aussi gentille que Margot avait été amenée à souhaiter la disparition de son père c'est que ce dernier avait été impitoyable…

Seule Rindy savait encore en discuter avec sa grand-mère ce qui permit de redonner à Harge une certaine place dans un récit dont il s'était volontairement détourné.

 

Elle pensa aussi à ses amours ; elle devait les cacher parce … parce que Carol n'était pas prête à voir Rindy grandir et s'émanciper car elle projetait sur sa fille ses peurs d'adolescente qui n'avait pas vécu son adolescence. Elle qualifiait elle-même ses amours de légères…et la pilule l'avait bien aidé dans cette perspective. Rindy avait de l'amour une vision suspicieuse…

Elle avait vu tant de filles coincées par le désir du sexe et la peur de la grossesse…avoir la pilule avait donc été son premier objectif. Elle n'était plus vierge mais ne l'avait pas encore annoncé à Carol ; cependant elle considérait cet événement comme…un non-événement . Elle le glisserait dans une conversation et ce serait à Carol de le deviner ou

Bien…elle le dirait carrément et sans précaution. Le mariage n'était vraiment pas une urgence.

Surtout au vu du couple de ses parents…en voyant les dates de sa naissance et du mariage elle avait compris…mariage forcé certainement par Anne qui y voyait le moyen de grimper dans l'échelle sociale.

 

Sûr qu'elle a tout fait pour que cette grossesse arrive…pauvre maman …

 

Chaque fois qu'elle pensait à Anne le dégoût et la colère l'envahissaient.

 

Nerinda  arrange toi pour épouser un aristocrate anglais…je les adore … ils ont une telle classe

 

Le milieu estudiantin d'Oxford l'avait littéralement dégoûtée et elle avait fait toutes les démarches pour s'inscrire à la Sorbonne. Il fallait juste prévenir Carol et elle se réjouit d'avance de la joie de sa maman…elles seraient ensemble plus souvent et ça n'était que mieux.

 

 

Mais une silhouette légère se glissa dans sa chambre.

 

"toi aussi tu dors pas?

-Margot on dit toi aussi tu ne dors pas….ne laisse pas tomber le "ne" ok?

-pffff n'importe quoi"

 

Et Margot fit la moue et articula posément:

"je ne vais pas t'embêter mais…il est comment le chat?"

Rindy fit signe à sa petite sœur de la rejoindre sur le lit :

"bien il est grand, maigre , la tête en triangle et tout blanc

 

-tu veux dire la tête en triangle…comme les siamois de Disney?

 

-oui …mais ça n'est pas un siamois…j'ai regardé sur un de tes livres"

 

Margot se recula:

"je t'ai pas donné la permission

 

-je t'ai dit "je ne t'ai pas donné la permission"

-d'accord ….alors tu as trouvé

-oui c'est un oriental…

-Proche Orient

-non Extrême Orient

-alors il a les yeux bridés

-presque je dirais comme un chat égyptien sur les fresques…et il a les yeux vairon

-je me souviens au British ; on en a vu tu te souviens?...tu veux dire bleu et vert…comme Bowie?"

 

Rindy hocha la tête; elle se souvenait de cette visite, elle venait de rompre avec Marcus…heureusement que Carol était là pour les guider…

 

"dis tu crois que maman elle aime bien Thérèse?

-pourquoi tu me demandes ça?

-ben…elle la regarde d'une façon bizarre et puis elle détourne les yeux…on dirait qu'elle a envie de la regarder mais qu'elle s'en empêche..

-tu observes toujours autant maman?

-je sais pas..je ne sais pas vivre sans regarder maman …c'est mal?"

 

Rindy prit sa petite sœur contre elle:

"ce n'est pas mal…c'est tellement mignon parce que tu sais maman a besoin d'amour parce que la sienne la déteste…elle a passé une bonne partie de sa vie à se justifier, à s'excuser…elle a admis peu à peu qu'elle ne devait pas perdre son temps à se faire aimer d'elle"

 

Margot fixa sa sœur:

"ça je ne comprends pas qu'une maman puisse détester son enfant….elle n'a pas demandé à venir au monde non?

Mais heureusement parce qu'on est là toutes les trois non toutes les quatre…non je ne comprends pas qu'on déteste son enfant…je suis sûre qu'on est les seules à connaître ça"

 

Le discours de Margot soulevait tellement de questions que Rindy préféra ne pas insister … le désamour de Harge pour sa petite fille…

De même qu'elle avait le sentiment d'être parfois la mère de sa mère elle avait aussi l'impression d'être la petite sœur de sa petite sœur.

Mais la phrase de Margot était comme suspendue …d'autres interrogations arrivaient et Rindy savait lesquelles.

"je sais que Papa n'est pas mon papa et c'est mieux comme ça"

Rindy soupira …il était temps de mettre les choses au clair….

"écoute moi bien"

Margot s'approcha

 

Une souris blanche qui courait dans l'herbe…

 

"ma petite sœur adorée maman n'a jamais été avec un autre homme du vivant de Harge…alors c'est presque gênant que tu puisses croire que tu n'es pas sa fille….surtout pour maman

 

-pourquoi?

-elle n'est pas une femme adultère

-adultère? Comme adulte?"

 

Rindy s'aventurait sur un chemin glissant sans trop savoir où ça irait…

"non le conjoint adultère c'est celui qui trompe l'autre"

 

Margot leva les yeux vers le dehors espérant trouver une réponse:

"maman, murmura-t-elle,  trompe Harge quand elle sort le week-end

-enfin on ne trompe  pas un conjoint mort, on ne reste pas fidèle à un souvenir pas si terrible que ça…on passe à autre chose….non mais Margot tu te rends compte de quoi on parle, Rindy souffla, c'est délicat tout ça et puis il y a quelque chose qui ne va pas…

-quoi?"

 

Rindy plongea dans les yeux de sa sœur:

"tu doutes de ta maman , tu ne la crois pas et ça la rend triste.

-pourquoi?

-elle t'a dit la vérité…elle donnerait sa vie pour toi et toi tu ne la crois pas quand elle te dit que tu es la fille de Harge"

Et puis tu n'es pas responsable…il savait qu'il courait des risques et il aimait ça….ne te culpabilise pas et ne culpabilise pas non plus maman…je veux qu'elle vive sa vie, qu'elle aille de l'avant et qu'elle soit heureuse"

 

Margot ne savait plus où se mettre:

"tu sais la dernière fois qu'elle est sortie …ben elle a pas crié dans le garage alors qu'elle crie toujours dans le garage parce qu'elle croit qu'on ne l'entend pas…moi je veux juste qu'elle soit heureuse ,qu'elle sourit, qu'elle me fasse des chatouilles…comme tantôt avec Thérèse...enfin pas pour les chatouilles…pour le sourire

-tu l'as vue sourire?

-oh oui d'une oreille jusqu'à l'autre…je me suis même demandée si elle n'avait pas une crampe…tu crois qu'elle pourrait faire des chatouilles à Thérèse?"

 

« veux- tu qu’on vérifie de loin si elle a toujours cette crampe?... mais sans intervenir ok?... des chatouilles à Thérèse? Pourquoi pas?

 

-d’accord mais pourquoi je ne peux pas intervenir?

 

-Margot il faut que tu comprennes qu’il faut quelquefois laisser de l’espace aux gens pour qu’ils puissent prendre leur

Envol... les laisser respirer tout simplement... laisser maman diriger sa propre vie... quand tu es là elle est ta maman

Quand tu n’es pas là elle est une femme qui cherche quelque chose qu’elle a peut-être trouvé »

Margot, souriante mais gardant ses questions naissantes pour un autre jour, opina de la tête et elles se dirigèrent toutes les deux vers la porte fenêtre.

 

« on va à la fenêtre pour les regarder » dit Margot en prenant la main de sa sœur, puis se retournant en posant l’index sur ses lèvres avec un sourire malicieux :

« et on leur dit pas

-on NE leur dit pas »

 

 

 

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