Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve

Carol (2015)
F/F
F/M
G
Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve
Summary
ceci est la version "française ; il est possible que j'ai laissé passer des fautes d'orthographede grammaire, de syntaxe , d'accord des temps etc.... je le fais pour les lectrices et lecteursfrancophonesmerci de votre éventuelle lecture ou relecturecertaines personnes peuvent être choques en découvrant la personne qu'est Carol mais c'est quelqu'un qui a été le souffre-douleur de sa mère et qui ne s'en remet pas...et parfois son côté cruel ressortavec moi il n'y aura pas de domination mais de l'égalité comme je l'ai sentie en visionnant Portrait d'une jeune fille en feu...Carol n'est pas dominatrice Thérèse n'est pas falote...
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Chapter 13

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On était début août ; la lourde chaleur de juillet s'estompait doucement sans tout à fait renoncer et la nature s'alimentait du changement. Les soirées si douces avaient comme un goût de légère décadence si on peut l'appeler ainsi en remarquant d'insignes indices. Les framboises qui réapparaissaient après une première cueillette , les pommes et poires qui rosissaient et les prunes remplaçaient peu à peu les groseilles rouges et jaunes de l'été.

 

Une jeune femme  se promenait dans le village ;elle rencontrait ça et là les gens qu'elle connaissait tous. Elle portait contre elle un sac rempli de prunes mauves qui auguraient le goût de la prochaine tarte. C'était un moment de solitude qu'elle appréciait par-dessus tout.

 Cependant son départ approchait doucement et quitter sa famille lui faisait déjà si mal.

Mais elle fit une rencontre étrange ; une jeune femme était assise sur le banc en léger retrait de sa maison, un casque posé sur ses genoux et un chat  blanc à ses côtés. Qui pouvait elle être?

 

 

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Sur le bord de mer une femme flânait et son esprit errait sur tout ce qui bougeait et qui ne bougeait pas. Un galet , un oiseau ; tout était prétexte à réflexion . C'était nécessaire , tant de choses s'étaient passées depuis ce foutu week-end…

Carol respirait l'air marin à grandes lampées.

 

 

Ces trois dernières semaines passées étaient passées si vite.

 D'abord les affaires :

Elle avait renoué connaissance avec une belge rencontrée il y a des années dans une biennale d'antiquités. Elles avaient des atomes crochus pour les meubles et , rapidement, une association fructueuse avait été mise en place. Carol faisait venir des meubles quaker des Etats-Unis et Bénédicte les présentait dans son magasin. Le démarrage s'était révélé prometteur. Carol s'ancrait encore plus dans cette région dont la proximité avec la Flandre belge était un atout.

 

Sa mère:

 Elle avait reçu des nouvelles de Fred : sa mère avait été avertie de ce qui l'attendait et , lors de son arrestation, elle avait agressé physiquement les deux policiers. Elle était donc emprisonnée pour plusieurs motifs et elle avait pris sa propre défense devant le juge qu'elle avait également agressé .Une très lourde peine avait été décidée ainsi qu'un passage en hôpital psychiatrique. Elle devrait un jour ou l'autre revenir à NY pour signer des documents nécessaires à la gestion de ses affaires.

 

Ses amours:

Les prédictions faites par la gitane l'avaient tourmentées mais , avec le temps, ça s'est doucement estompé.

 

Carol s'était alors sentie délivrée et un peu coupable ; elle s'en était ouverte à Rindy qui , avec la patience qui la distinguait, avait repris et coupé un par un les fils qui retenaient encore l'esprit de Carol à ses souvenirs toxiques.

 

Carol avait souvent réagi par rapport à ce qu'elle vivait et là, en l'occurrence , ça n'était plus nécessaire. Peu à peu , par touche et par effleurement elle avait affronté les souvenirs qui la liaient encore à sa mère. Elle n'en était pas encore  entièrement délivrée et le sentiment de culpabilité s'effaçait peu à peu.

 

Il lui restait cependant comme un regret , comme une peine , comme un deuil . Elle s'était tellement habitué à cette situation qu'elle avait le sentiment, parfois, d'être en chute libre. Il lui fallait affronter le personnage qu'elle avait été et les murs qu'elle avait érigés autour d'elle pour se protéger. , s'affranchir aussi du confort que lui apportait sa soumission.

 

Toutes les décisions qu'elle avait prises étaient motivées , inconsciemment ou pas , par sa mère. Maintenant  elle était libre. Il fallait prendre une décision pour la maison de NY ; elle serait louée, car elle avait des projets dans le futur.

Elle comprit que les biens immobiliers dans une ville comme NY , ne se vendent pas; ils se gardent.

 

 

Elle s'adonnait souvent à son loisir préféré la marche qui lui permettait de prendre contact avec la nature et avec elle-même .

C'était un temps de réflexion nécessaire à toute décision ou , tout simplement, un répit , une pause nécessaire.

Elle aimait l'immensité du paysage qui s'offrait à elle pour affronter ses propres abîmes qui rapetissaient peu à peu

À partir de quand ce soulagement inespéré s'était-il produit? Quand le charme vénéneux et destructeur s'était estompé?... Tout était si rapide…Elle reprenait le contrôle sur sa vie et sur elle-même. Et c'était agréable.

 

 Elle n'était plus sortie depuis trois semaines ; en fait oui depuis la rencontre avec cette jeune femme

Ça avait été un électrochoc de toutes les manières possibles et un bouleversement.

Il lui arrivait de prononcer tout haut ce prénom qui lui semblait être l'alpha et l'oméga.

..enfin pour le moment. Elle avait envie de la revoir pour lui dire qu'elle ne sortait plus parce qu'elle ne se sentait plus coupable ; sa mère en prison c'était une heureuse surprise.

 

Elle aurait voulu dire à Thérèse que ce qu'elle avait vu était fini, terminé, mieux plus du tout nécessaire.

C'est vrai qu'elle avait espéré que cette jeune femme se souviendrait où elle habitait . À chaque fois qu'elle entendait le bruit d'une moto elle allait à la fenêtre.

j'agis comme une ado…je voudrais qu'elle soit  une amie pour moi.

L'amitié  était pour elle un sentiment inconnu , étranger.et c'est ce qu'elle ressentait pour cette jeune femme qui comblait un manque qu'elle ignorait.

Elle n'avait jamais eu d'amie, de confidente…mais cette rencontre changeait tout. Alors qu'elle s'était fermée depuis longtemps à toute tentative d'explication concernant sa conduite les quelques mots lâchés par Thérèse avaient ouvert des portes ; cette jeune femme avait de l'empathie pour elle. Quelqu'un  qui n'était pas de son cercle, de son milieu, de son âge s'intéressait à elle et ça lui plaisait ; c'était interpellant . Mais des années de souffrance avaient développé chez Carol un sentiment de méfiance à l'égard de ce qu'elle ne connaissait pas. Cette jeune femme…

 

Un soir Rindy rentra avec un sac rempli de prunes . Elle s'assit sur le banc du jardin où paressait Carol.

"maman j'ai rencontré une jeune femme assise sur le banc

-ça c'est rare...ce n'était pas quelqu'un du village?

-non une jeune femme en tenue du moto avec un blouson blanc et un chat blanc…tu vois qui?"

Carol se carra contre le dos du banc faisant face à sa fille :

"tu es sûre?

-ma main à couper...c'est elle…

 

si tu le dis…bonne nuit ma chèrie . Margot est couchée et moi je suis épuisée je me couche aussi"

Elle n'avait pas eu envie de prolonger la discussion…Cette nuit là un certain cauchemar oublié revint et la hanta toute la nuit et le jour.

 

Carol fit une pause dans sa promenade mélancolique ; un ange aux yeux bruns et à la peau rosie

s'était penché sur elle . Elle ramassa un galet et le caressa du bout de ses doigts .Elle demanda au vent des réponses …. Elle scruta le ciel pour mieux comprendre sa vie .

 

 Mais  les éléments restèrent muets et elle n'entendit que le crissement de ses pas dans le sable mouillé .

 Bien sûr elle aimait ses filles qui le lui rendaient si fort. Mais l' amour celui qui motive les poètes et les chanteurs. Tout occupée à survivre face à la cruauté de sa mère elle n'avait jamais connu l'amour. Rindy en savait beaucoup plus qu'elle.

La tristesse recouvrit son cœur et son âme . Elle abordait la quarantaine et n'avait aucun souvenir de tendresse partagée. L'amour filial aurait du lui suffire… enfin c'est ce que lui serinait la société et l'être conformiste qui sommeillait en elle s'en contentait. Mais les années qui passaient avaient accompli leur lent travail de sape et elle abordait l'automne de sa vie sans avoir frémi et désiré.

Le désir charnel ne l'avait jamais hantée  parce que ça avait toujours été une corvée pas un partage , pas une flamboyance…juste un devoir , un truc à faire pour avoir la paix…une paix qui ressemblait à la mort

. Ses virées du week-end étaient une quête vouée à l'échec…dans ses week-end  de baise il manquait quelque chose…

 

La chair est triste et j'ai lu tous les livres…je n'ai même pas assez goûtée au plaisir de la chair pour en être dégoûtée…quant aux livres il y en a tant..

 

c'est un leurre là aussi pour se donner l'illusion qu'elle vivait   une Emma Bovary des temps modernes. Non qu'elle n'ait pas eu de prétendant …mais ils étaient tous stéréotypés et fort intéressés par sa fortune.

Emma Bovary mauvais exemple d'une femme qui veut s'accomplir et qui finit mal ; en fait elle est punie pour avoir voulu connaître l'amour…mais Carol ne se vendrait pour l'amour d'un gigolo…elle ne mourrait pas non plus.

 

Elle se souvenait d'un film où Deneuve jouait une femme qui se prostituait pour le plaisir…elle n'en avait pas été si loin, à ses yeux du moins…sans le plaisir. Comme il était pénible de se sentir coupable sans en connaître le motif.

Elle profitait toujours de ces balades solitaires pour faire le point sur sa vie ; le seul attrait se résumait pour l'instant aux brèves rencontres avec cette jeune femme….

 

Ce jour-là la chaleur était puissante et Carol longeait la mer au bas des falaises qui dessinaient le paysage des plages du Nord ; elle avait été à Berck qui était la plage qui avait tant inspiré Sylvia Plath .

Les nuages s'amoncelaient au loin mais elle n'y prêta pas attention.

 Elle s'était garée sur la place d'une petit bourgade et ses pérégrinations intellectuelles l'avaient menée dans cet endroit sauvage , battu par les vents. Un sentier escarpé la mena vers le haut de la falaise qui lui donnerait , elle aurait parié sa chemise, une vue imprenable.

Mais…

 

Quand l'angoisse arriva inattendue , elle ne pouvait pas se permettre un tel malaise dans un tel endroit. Elle avait crié trop tôt victoire… Ce fut un point douloureux dans la gorge…..l'oppression s'étendait telle une ligne qui la traversait de la gorge , traversant les poumons ,atteignant l'estomac… elle y crispa légèrement la main sans vraiment le toucher….respirer devenait hasardeux..il fallait contrôler l'amplitude des poumons pour ne pas titiller la douleur prévisible… surtout ne pas paniquer…..elle vérifia le cœur, qui battait normalement …ok. Mais elle vacilla quand même et se retint in extremis pour ne pas chuter. Car le vide était sous ses pieds ; un pas et ça en était fini.

 

Où était-elle? Qui pourrait l'aider? De plus le temps avait changé , le vent s'était levé et les nuages menaçant crevèrent d'un coup.la douleur lui vrillait le coup , la gorge, traversait le cœur pour se ficher dans l'estomac. Le joli sentier si sympathique charriait de la boue, elle glissait…elle devait s'abriter ; levant les yeux  elle vit une petite maison de poupée. Elle aurait donné son royaume pour une tasse de thé et une présence.

 La panique la submergea. Elle était trempée de la tête aux pieds , seule …

Il n'y avait plus que les maigres herbes qui l'entouraient pour se raccrocher et ne pas chuter de la falaise.

 

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Thérèse était à sa fenêtre ; la pluie qui menaçait depuis des heures s'était mise à tomber si drue que les gouttes frappaient le toit aussi fort que des grêlons. Elle était rentrée à temps et avait abrité son engin sous l'appentis.

Puis elle avait entamé son travail d'analyse de logiciel , travail qui l'avait complétement absorbée depuis le matin et lui faisait oublier "Elle"…une pause nécessaire avant de penser à cet  amour si …. Improbable.

 

Ah cette foutue explication d'il y a 3 semaines….complétement bâclée….mille fois elle avait voulu aller dans ce petit village prés du  Mont des Cats .  Mais  sa timidité naturelle l'en avait empêchée; et qu'aurait elle dit?  Comment motiver son intrusion dans la vie de cette femme?

Elle n'était plus sortie depuis et préférait ses soirées studieuses et solitaires avec Garp et sa musique et ses livres.

 

Mais elle avait fait quelque chose dont elle n'était pas très fière ; alors que le soir tombait et n'y tenant plus elle était retournée de nuit dans ce village . C'était calme et désert et la maison de maître se dressait fièrement à cet instant précis où le jour le disputait encore à la nuit  , entre chien et loup. Bien sûr qu'elle y retournerait parce que c'était le village dans lequel Gaëlle et elle allaient investir .

Elle coupa son moteur et suivit la fin de course de sa moto qui s'échoua doucement presque en face de l'entrée de cette demeure bourgeoise.

Elle put admirer l'ombre chinoise d'une femme qui ne pouvait être que la Femme, mais elle n'était pas seule. Une de ses filles peut-être… Apercevoir cette silhouette ne fit que la bouleverser encore une fois et toujours plus fort; elle serra fort les poignées de sa moto et ne fit que constater son impuissance à gérer ses émotions. Mais , au premier bruit, elle s'éloigna discrétement  pour ne pas être vue…

Elle était revenue une autre fois et là …

 

On était début août ; la lourde chaleur de juillet s'estompait doucement et la nature s'alimentait du changement. Les soirées si douces avaient comme un goût de légère décadence si on peut l'appeler ainsi en remarquant d'insignes indices.

 

Elle s'était assise  sur ce banc pour respirer le même air que Carol, pour voir les mêmes choses que Carol, pour entendre les mêmes choses que Carol. Mais son regard fut accroché par une jeune fille qui passait un sac de papier brun à la main.

Et cette jeune fille l'interpella:

"bonjour… on se connaît?

-bonjour…non , mais vous me faites penser à quelqu'un et je me demandais si on ne s'était pas déjà vu?

Rindy sourit:

"est-ce toujours ainsi que vous abordez les inconnus?"

Thérèse s'esclaffa , mais c'était pour masquer son embarras:

"ce n'est pas une bonne façon?"

Rindy prit place sur le banc et y déposa son sac :

"c'est une façon assez rodée et qui marche …alors décrivez moi cette personne à qui vous pensez?"

Thérèse prit une large bouffée d'air et sauta de la falaise :

"votre mère aime danser dans les dancings n'est-ce pas?"

Le regard de Rindy si dense si intense …

"oui…hélas"

L'atmosphère avait changé.

"vous êtes une de ses filles?"

Rindy cligna des yeux"bien sûr et vous ….vous êtes la "perturbatrice" n'est-ce pas?"

Thérèse ne répondit pas.

Rindy s'assit près du chat ; ne résonnaient plus que les échanges des hiboux. Les buissons étaient parcourus de piétinements et de branches cassées. La vie nocturne reprenait ses droits.

"et vous en êtes amoureuse n'est-ce pas?"

 

Thérèse ne répondit pas; être démasquée aussi facilement ça n'était pas prévu. Elle remit son casque , mit Garp dans son sac .Rindy posa sa main sur le carénage de la moto:

"on va se revoir et on en parlera".

Thérèse hocha la tête et démarra comme à regret.

 

 

 

 

Et comme toujours une seule image s'imposait à elle : celle de cette matinée où elle avait croisé cette femme en robe blanche les bras chargés de fleurs et la bouche colorée presque noire. Elle avait certainement mangé des mûres ; Thérèse aimait les mûres et les framboises. Elle serait bien allée chercher des mûres et les lui donner à manger et puis la robe…la déboutonner  ou la relever. Elle soupira une fois encore.

 

Si tu la voyais maintenant tu serais incapable d'aligner quelque chose de spirituel pour la séduire , tu bégaierais tout simplement

 

Elle prit son chat dans ses bras et regarda la pluie tomber…les yeux vairon de Garp l'observaient si fort qu'elle avait toujours l'impression qu'il allait parler .

"ça drache mon Garp"

Elle admirait le moutonnement et le camaïeu gris noir des  nuages qui donnaient à l'horizon les teintes d'un tableau de Turner quand elle remarqua une personne que l'orage avait visiblement surprise. De plus elle semblait si près du bord et glissait à chaque fois.

 

Cette personne cherchait un endroit où s'abriter … elle ne trouverait rien pensa Thérèse qui déposa Garp par terre.

 

Sa gentillesse et son altruisme ne firent qu'un tour et Thérèse se précipita dehors munie de son grand parapluie noir de curé. Le vent et la pluie balayaient le haut de la falaise traquant et harcelant la personne égarée.

Pour aller plus vite et contre plus aisément le vent Thérèse , munie de son anorak à capuche, n'ouvrit pas son parapluie tout de suite. Elle remarqua tout de suite la silhouette trempée de la tête aux pieds , les vêtements collés épousant des formes si ..évocatrices . Elle ne put s'empêcher d'admirer les courbes en dépit des circonstances

Les cheveux plaqués par la pluie et le vent les yeux bleu gris et les pommettes magnifiques ressortaient si fort…sans cacher la peur et l'angoisse qui étreignaient cette femme..

 

c’était « Elle »... Carol

 

 

 

 

 

 

 

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