Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve

Carol (2015)
F/F
F/M
G
Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve
Summary
ceci est la version "française ; il est possible que j'ai laissé passer des fautes d'orthographede grammaire, de syntaxe , d'accord des temps etc.... je le fais pour les lectrices et lecteursfrancophonesmerci de votre éventuelle lecture ou relecturecertaines personnes peuvent être choques en découvrant la personne qu'est Carol mais c'est quelqu'un qui a été le souffre-douleur de sa mère et qui ne s'en remet pas...et parfois son côté cruel ressortavec moi il n'y aura pas de domination mais de l'égalité comme je l'ai sentie en visionnant Portrait d'une jeune fille en feu...Carol n'est pas dominatrice Thérèse n'est pas falote...
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Chapter 7

Thérèse était réveillée mais ses yeux étaient clos. Les bruits familiers voulaient l'arracher à cette nuit.

 Elle était dans cette phase en suspension entre le sommeil et le réveil où on peut tout imaginer avec la précision du réel et l'amplification du rêve. Tout était palpable et sa main se creusa comme pour caresser un sein qui s'offrait à elle …

Elle s'enfonça dans son matelas comme elle aurait voulu s'enfoncer dans "Elle" et elle imagina des choses …

 

Thérèse ne s'était jamais touché parce que…ça ne marchait pas…elle s'était convaincue qu'elle était froide?... Non plutôt

Pas intéressée. Comment dire ? Ses amours avaient été toujours à sens unique ; aucune des filles qu'elle avait connue

Ne l'avait caressée . Parce que , chez les filles qu'elle fréquentait ,elle était une camionneuse, un vrai jules, alors  que non , pas du tout. Et elle n'arrivait pas à arracher cette étiquette qu'on lui collait sur le dos.

Aucune ne s'était penchée sur ses désirs à elle ; le mot partage n'avait eu aucune résonnance dans ces amours là.

La cruauté a quelque chose de silencieux qui vous déchire alors que vous souriez …souris puisque c'est grave

Elle regardait les filles qu'elle baisait...juste les regarder et se sentir si étrangère, si peu connectée.

 

Les stéréotypes l'énervaient où qu'ils soient  et de qui ils viennent. Dans ce milieu aussi elle ne trouvait pas sa place…peut-être par sa faute ou par ses exigences.

 C'était un "problème" qui influençait sans aucun doute sa vision sur les filles. Au départ n'avoir jamais reçu la pareille ne la gênait pas ; mais avec le temps…pas encore un rhino dans la pièce mais elle savait que cela minait sa confiance; ça évidement comme bien d'autres choses…la confusion et le dédale de ses pensées l'étouffaient , parfois.

 

Bon sang !!!! Quelqu'un dans ce monde pouvait l'aimer selon ses critères à elle… ou alors l'amour n'est qu'un piège à cons , un truc qu'on fait croire pour que chacun supporte sa vie en attendant que ça arrive …si ça arrive un jour . La trentaine arrivait et elle avait le sentiment d'avoir planté une graine dans un terrain aride et sec…

Pourquoi réussir dans le domaine pro et rater dans le domaine perso?

Cette femme serait elle son rocher de Sisyphe ? Son tonneau des Danaïde? Sa cause perdue?

 

Elle arriva avec , chaque fois,  la même conclusion; les mecs l'avaient caressée pas toujours bien , mais ils l'avaient fait et elle refusa de s'attarder plus longtemps sur ce paradoxe qui la mettait en colère à chaque fois

Elle laissa donc passer l'orage dans sa tête et quelques larmes coulèrent sur sa joue et ses regrets.

 

 

Et maintenant se souvenir de "Elle".

 

Alors qu'elle n'avait que les courts instants de clarté d'un laser qui lui  permettait de photographier mentalement son inconnue ,elle possédait quelque chose en plus parce que la rencontrer en plein jour c'était un cadeau et une révélation.

Mais la mémoire visuelle lui jouait des tours…il ne restait plus rien sauf l'envol d'une robe blanche sous le vent malicieux et chaud de Juillet; ça lui évoqua un court instant Monroe au-dessus de la bouche de métro. La blonde sophistiquée avait effacé la blonde naturelle aux cheveux volant au gré du vent.

Mais on avait fait passer Monroe pour une idiote alors qu'elle ne l'était pas…

 Thérèse avait pensé que "Elle" était creuse et elle ne l'était pas.

Les abysses amoureuses se creusaient pour que Thérèse s'y perde encore plus.

 

Puis il y eu un instant de pause car son mental le réclamait. Elle entendait et appréciait  le silence ; il faisait beau, il faisait clair. Elle étendit la main pour sentir le satiné d'une peau, sa chaleur, ses propositions…

..Mais elle était seule . Elle désirait le réveil après une nuit d'amour et de confidences , les odeurs mélangées , le satiné d'une peau…

De nouveau cette mélancholie dévorante ..Il fallait bouger et le ronronnement lointain d'un Piper la réveilla complétement. Elle ouvrit sa radio et reprit doucement contact avec la réalité. Il fallait se lever et avancer, toujours avancer sans trop se retourner.

Garp se promenait dans ses jambes et elle prit un bol propre pour lui donner ses croquettes. Elle évita à chaque fois de céder au désespoir léger qui remplissait sa vie :

"Garp je crois que j'adore ce paysage mais il ne me suffit plus...mes intérêts sont ailleurs"

 

Elle fit chauffer l'eau pour se laver et vérifia la poussée de son pain et l'état de son levain qui reposait dans sa petite cave. Puis elle fit sa toilette , s'habilla , prit le panier avec la pâte à pain  et s'en alla vers l'intérieur des terres accompagnée de Garp qui , comme chaque matin, humait l'air frais. Son étonnante blancheur tranchait sur le vert de la végétation. Le bourdonnement du Piper avait disparu, comme le marasme du matin.

 

"allez Garp, on y va ..j'ai faim"

 

 

 Au bout du chemin il y avait une grosse ferme fortifiée, vestige de l'époque où l'Etat ne savait pas trop bien assurer la sécurité des citoyens, dont elle traversa la cour pour rejoindre la grande cuisine qui datait de l'époque où c'était la pièce essentielle autour de laquelle toute la vie quotidienne s'articulait. Des grands paniers en osier traînaient un peu partout.

 

Un superbe four à bois occupait une grande partie de l'espace ainsi qu'une énorme cuisinière en fonte. Une très grande

Table en bois garnie de bancs patinés par le frottement de générations de fermiers…

Mais pour l'instant il y avait juste une jolie  femme  brune  élancée qui, à l'arrivée de Thérèse, se leva et lui planta les quatre bisous traditionnels. Il y faisait chaud car le four chauffait encore alors que Gaëlle avait retiré toute sa fournée.

 

"Bonjour Thérèse...oh tu as des petits yeux

-Bonjour Gaëlle...oui…je suis rentrée et j'ai mal dormi

-assieds toi café ou lait?, puis voyant le panier, le four est à bonne température. Tu tombes bien

-lait chicorée … merci"

La jeune femme prit le panier et s'approcha du vieux four à bois et d'un geste précis renversa la pate et la zébra d'un coup de couteau pour ensuite l'enfourner, le tout sous le regard intéressé de Thérèse.

"voilà c'est fait

-tu fais ça bien…quand tu feras une fournée appelle-moi tu sais que ça m'intéresse…"

 

Gaëlle coupa trois  larges tranches de pain :

"bien sûr que ça t'intéresse…tiens prends ça….viens me voir tantôt…je pars au marché livrer à mon père les pagnons aux pommes et les tartes au sucre. Donc le pain c'est celui fait avec le levain qui a? combien d'années?

 

-vingt ans…c'est ce qu'on m'a dit, en tout cas je l'ai bien nourri avec de la farine de seigle…donne m'en une et une faluche...non deux…je te dois combien?"

 

Elle régla sa note ; puis, comme à son habitude elle s'installa pour le petit déjeuner .Elles étaient devenues amies facilement car elles s'entendaient sur tout. C'était devenue la confidente de Thérèse surtout en ce qui concerne "Elle".

"dis on se voit cet après-midi pour avancer ? J'ai trouvé ce qu'il nous fallait  pas loin du mont des Cats

Thérèse se retourna :

"le nom du village?

-Godberghen"

 

C'était fait exprès ; Gaëlle s'inquiéta de l'ombre sur le visage de Thérèse:

"ça ne va pas?"

Le temps s'arrêta et Thérèse sourit pitoyablement :

"elle y habite… tu sais  je l 'ai rencontrée hier dans ce village ; elle y habite…je te raconterais et puis hier soir

 de toutes façons j'adore la petite chaumière où j'habite mais tu sais; l'emplacement nourrit ma mélancholie et ce n'est pas bon"

Gaëlle sourit . Elle connaissait tous les contours et alentours de la relation fictionnelle  que Thérèse

entretenait avec "Elle " . La sympathie qu'elle éprouvait pour Thérèse lui permettait d'endurer la narration fleuve de cette non-relation. Mais , surtout, elle avait trouvé chez Thérèse un enthousiasme pour le projet auquel elle pensait depuis longtemps.   

" je t'ai toujours dit que l'endroit où tu habites est beau mais tragique.

-je sais"

"alors dis moi … donc tu l'as rencontrée?...et?

Thérèse n'avait pas envie d'en parler mais il n'était pas question de ne rien dire surtout à Gaëlle.

"bien je revenais d'une promenade et j'ai été dépassée par une bande de motards en échappement libre

Et tu sais que c'est bruyant…donc je les ai laissés filer et j'ai traversé donc ce village après eux et "Elle" était là"

Gaëlle se mit à rire :

"et tu vas me dire qu'elle était belle

-oui encore plus belle que la nuit…elle était en colère après le boucan des motos …alors je me suis arrêtée et j'ai fait une sorte de …révérence et elle m'a sourit  et ….

-ouille ouille j'aurais bien voulu voir ça…mais tu as gardé ton casque?"

Thérèse soupira :"bien sûr…sinon comment aurait- elle réagi?"

Gaëlle connaissait les doutes et le manque de confiance dans ses relations avec les filles:

"écoute Thérèse…je crois que tu dois avant tout rester toi-même….parce que tu es quelqu'un de bien…et puis tu es jolie…elle devrait être sensible à ça"

Thérèse se leva et rangea la vaisselle :

"ben….on peut toujours espérer…je ne suis pas comme j'aurais voulu être…mais c'est peut-être un signe

-bon , cesse de courir après des chimères …pendant la cuisson de ton pain on va causer sérieusement "

 

Gaëlle posa les mains sur la table :

"voilà c'est une ancienne boulangerie dans une maison incroyable qui jouxte une parcelle boisée superbe.

Il y a la place pour installer notre comptoir et , peut-être plus ; il y a aussi un puits dans la cave qui est relié à une rivière souterraine ; c'est incroyable le potentiel…

Thérèse se rassit :

 

"j'ai pensé…pourquoi pas une table d'hôte? Un seul menu voir que des soupes et des desserts simples?

 

"attends je ne t'ai pas tout dit…il y a un incroyable four à bois et ça je l'ignorais.

 

-sérieusement?...on va exploiter ça…il faut qu'on fasse un pain de la plus haute qualité possible…j'ai toujours détesté ces pains bio si denses qu'on dirait des briques et les pains courants si légers parce qu'il n'y que de l'air dedans.

Je veux qu'on tranche sur toutes les autres boulangeries du coin. Je veux qu'on vienne à des kilomètres à la ronde chercher nos pains et nos viennoiseries"

 

Thérèse avait des idées très précises sur leur projet commun; elle avait déjà introduit auprès de son employeur une demande de congé sabbatique.

"tu sais Thérèse j'ai lu des traités de boulangerie, j'ai parlé avec des boulangers, j'ai fait des stages dans des boulangeries allemandes de grande renommée, j'ai fait tous les pays de l'Est et je connais toutes leurs techniques. Et j'ai des idées . Un tas d'idées. La viennoiserie c'est plus compliqué mais la boulangerie l'est plus encore…bien sûr la farine sera bio et papa ne cultive que du blé et du seigle bio…il va ajouter de l'épeautre…

 

Gaëlle adorait la boulange et Thérèse voulait faire connaître son talent et redonner au pain ses lettres de noblesse. Elle était fatiguée de manger  "un pain mou pour édenté".

 

Les deux filles s'étaient rencontrées sur un marché où le père de Gaëlle tenait un étal où il proposait les produits de sa ferme. Thérèse aimait les bons produits et était devenue une bonne cliente ; elles se rencontrèrent toutes les deux et Thérèse avait été attirée par la gentillesse de Gaëlle; elle crut un cour moment qu'elle en était amoureuse.

Mais non et tant mieux car elles s'entendaient bien; Gaëlle était avec un adorable garçon Daniel. C'étaient de vraies amies et la seule personne dont Thérèse admettait les remarques. L'expérience de Gaëlle et la curiosité de Thérèse en faisaient un duo redoutable et nécessaire pour leur futur projet.

"tous nos ingrédients seront bio si c'est possible…dis tu sais faire la pâte feuilletée ?"

 

Gaëlle se mit à rire :"oui sinon on va nulle part…j'en maîtrise bien la technique et j'ai trouvé une machine à laminer la pâte d'occasion…on fera des petits pains au chocolat, des chaussons aux pommes et bien sûr des croissants… j'ai aussi l'idée d'une bouchée feuilletée à la crème de citron"

 

"oui avec de la mâche  et de la présence ; pas des pseudos croissants industriels décongelés.." lâcha Thérèse toute remontée et énervée. Thérèse avait des emportement soudains qui trahissaient des fêlures sur lesquelles elle refusait de

S'étendre.

 

"alors elle est vraiment belle?" ramener Thérèse à son obsession était la meilleure chose à faire.

 

-ah ce n'est rien de le dire ; mon cœur bat plus fort rien qu'à l'évoquer dans sa robe blanche. Tu sais je ne sais pas peindre, ni photographier…juste lui offrir une virée à moto dans les routes les plus sinueuses

 et lui faire comprendre que si on se couche pour prendre un virage , hey bien, que c'est un prélude pour coucher avec moi.

 

-ouah …le romantisme , la délicatesse…tu sais que tu cuisines bien , alors fais lui un plat spécial

 

-plutôt la sensualité?... Tu sais quand on prend un virage en moto on doit avoir une totale confiance dans le pilote et le pilote dans le passager. Je dirais même que le passager est le plus important parce que si il se redresse pendant le virage, c'est vlan dans le décor quoi que fasse le pilote…

tu sais c'est exactement ce dont je rêve quelqu'un qui m'aime et qui me comprend , quelqu'un qui me laisse avoir mes opinions et ma propre  personnalité ….je n'ai pas besoin d'un copié collé de mes choix mais juste quelqu'un qui me soutient et qui m'aime comme je suis…mais tu as raison je peux aussi la séduire avec ma cuisine."

 

Thérèse se leva et se mit à chanter faux la chanson de Brigitte Bardot "Harley-Davidson"

"Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson

Je ne reconnais plus personne en Harley Davidson

Quand je sens en chemin les trépidations de ma machine

Il me monte des désirs dans le creux de mes reins

Et bien sûr , continua-t-elle , il n'y a rien de plus sexy que les mains d'une femme dans la farine"

 

Gaëlle était habituée à la voix si fausse de Thérèse qu'elle n'y faisait plus attention:

"elle est aussi belle que Bardot?

-sincèrement?  Oui et ça m'impressionne fort…mais depuis hier soir je trouve qu'elle a une beauté pleine de failles comme Romy…son assurance est bâtie sur du sable…et ça la ramène à ma hauteur.."

 

Thérèse s'arrêta de manger et elle baissa les yeux, accablée. Gaëlle l'encouragea à déjeuner car il fallait toujours distraire Thérèse de sa tristesse.

 Le lait à la chicorée était bon à boire et Thérèse l'accompagna d'une tartine de camembert et d'une autre de confiture de mûres  sauvages récoltées par elle deux dans les broussailles tout alentour de la ferme , et Thérèse l'apprécia encore plus que d'habitude. La seule conversation qui comptait était celle des mâchoires.

 

Après un temps Gaëlle se leva et sortit le pain du four:

"il est superbe…..bon  je ne te mets pas dehors mais papa m'attend et on se voit cet apré'm?"

-ok je le laisse refroidir ici "

Thérèse se leva  ramassa ses achats  et leva la main en guise d'accord; Garp la suivait, tel une ombre fidèle

Elle retourna chez elle et décida d'aller faire un tour en moto; la journée était idéale ; elle   s'en alla rouler doucement pour communier avec le vent et oublier les contradictions qui s'annonçaient. Il n'était pas question de renoncer à leur projet parce que cette femme serait proche. Thérèse décida que ce serait un challenge et qu'elle le gagnerait.

Garp était parti pour sa sieste prolongée ; avec lui 8 heures de repos 8 heures de sieste et 8 heures de sommeil..

 

Elle eut , une fois encore, du scrupule à le laisser seul.

 

Elle démarra en douceur et s’éloigna doucement sans se retourner... il était temps d’aller de l’avant et d’imaginer qu’un jour elle irait chez cette femme... elle évita soigneusement le chemin vers Godberghen ,

bien que tout l’y mena. Elle évita les longues stations en solitaire le long des chemins de contrebandiers. Sans y penser elle se retrouva dans la petite station balnéaire qu’elle connaissait bien, idéale pour les familles car elle avait soif.

Elle avait fait la bêtise de rouler en Tshirt et le blouson ouvert ; alors, avec le vent et la chaleur, elle s’était complétement déshydratée .

 

 

 

 

 

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