
Chapter 6
Maintenant il fallait sortir droit devant ,le cœur à bout de souffle , en pleine panique,
même ignorer Geneviève qui la suppliait du regard et surtout ne plus croiser l'inconnue.
. Il ne fallait pas faire obstacle à l'exacte mémorisation de cette instant inoubliable…avoir posé sa main sur cette épaule et se sentir traversée par ce parfum si animal…
la ligne de ce cou, ce décolleté offert et fascinant, ce rouge à lèvres si foncé sans être noir, d'un ocre brun et rouge , et cette peau si pâle , heureusement Thérèse détestait la peau bronzée ,emportée par son élan elle aurait voulu, elle aussi ,déboutonner cette robe…."ah "souffla t elle.
Geneviève s'approcha bien trop près à son goût:
"tu pars déjà?
-oui je préfère…
-mais on se revoit quand?"
Thérèse , en reculant, s'agaça :
"je ne sais pas...salut passe une bonne soirée"
Elle passa au vestiaire , récupéra ses affaires et sortit du dancing. Avait-elle choisi la bonne intonation , les bons mots?
En tout cas elle avait vu de si prés cette femme , sa bouche, ses yeux sans indulgence mais surpris et fissurés.
C'était une bêtise ; elle avait fait une bêtise . Déstabilisée par la proximité Thérèse avait perdu pied…toutes le fières tirades qu'elle avait imaginées…disparues , envolées juste ces quelques mots lâchés comme des bouées pour elles deux.
Le contrecoup de son audace était en train de la faire chuter , presque trébucher. Elle savait que n'importe laquelle des lesbiennes n'aurait pas agi comme ça….
Mais moi oui moi je ne suis pas comme les autres , je ne sais pas si je suis mieux mais je ne suis pas comme elles…
Elle aurait voulu mesurer 1.80 m , avoir le regard impérieux et une volonté inébranlable .
Au lieu de ça 1.66m éviter son regard et le sentiment de se gourer… ses mains tremblaient de honte et de rage contre elle-même. Elle chevauchait sa moto , un pied par terre, comme en suspens. Elle parcourut du bout du doigt le galbe de son réservoir en pensant à d'autres courbes plus végétales , plus animales…marines certainement.
Elle enfila ses gants , mit son casque , hésita un moment…et reprit le chemin du retour ;tout son voyage fut hanté de vision de robe déboutonnée …partir et fuir l'inévitable conclusion de la soirée…ce n'était pas de la jalousie juste du désespoir. Partir pour mieux ressentir la terrible solitude qui était la sienne…et tomber en amour d'une hétéro n'était pas le chemin le plus court pour en sortir….c'était une femme comme cette femme là qu'elle voulait ; il lui fallait la beauté , l'intelligence, la sensualité…et la gentillesse… elle l'avait vue déjà plusieurs fois, mais maintenant ses yeux s'étaient ouverts.
elle savait maintenant que cette femme , cette mante religieuse comme tout le monde l'appelait, était gentille et vulnérable…mais quelle insatisfaction la poussait à agir ainsi?
Elle devait cacher quelque lourd secret…une fêlure dans l'enfance pouvait briser un être des années plus tard.
Cette femme avait retenu une mèche de cheveux qui se promenait sur une large épaule délicate, la commissure de ses lèvres , les ongles de ses mains , ses mains si grandes et si fines qui ne brassaient que du vide
et le regard puis , culminant au plus haut, la solitude comme une déesse adorée et
redoutée. Cette femme était seule et le criait à travers tout ; et Thérèse l'avait entendue.
Un tourbillon d'idées, un kaléidoscope de projections fantasmagoriques traversaient les pensées désorganisées de Thérèse…Un impossible rêve , une impossible étoile…la hauteur de son désir pour cette apparition lui faisait peur...comment la retrouver ? Cette femme la narguerait…cette femme la larguerait…
certaines hétéros sont des garces pour les lesbiennes…Pourquoi vivre est-il si compliqué?
Pourquoi n'ai-je pas le droit de vivre comme les autres? Séduire en dehors du milieu est difficile , le risque est évident.
Dans les grandes villes l'anonymat est garanti mais ici… devait elle ranger cet amour dans la case des cas désespérés?
.les rares larmes qui lui coulèrent des yeux se perdirent sur les bords du casque et séchées par la vitesse…puis la conduite l'absorba et elle ne pensa plus à rien…
Seules comptaient les bourrasques de vent qui lui amenaient l'odeur iodée qu'elle aimait tant.
La mer était sa maîtresse et son odeur si enivrante devait être si proche de celle de…; elle leva la visière de son casque pour mieux s'en imprégner.
Elle connaissait le chemin qui menait à une gigantesque falaise ; elle y roula doucement.
Puis déposa sa moto contre un arbre penché par le vent et s'en alla au bord de la falaise…
Fascinée par le vide vertigineux qu'elle pouvait mesurer par la violence de l'écho des vagues
Fouettée par le vent qui pouvait la renverser à tout moment…
Cassée par ses désirs jamais satisfaits…en rage contre le monde et contre elle-même…Elle hurla jusqu'à en perdre la raison .Elle se fit très peur. La brise de mer lui avait amené cette femme et cette même brise l'en éloignait.
Alors elle se calma et doucement laissa le vent calmé l'enrober et elle laissa échapper de tout son corps les sentiments qu'elle avait pour que le vent capricieux adresse ses prières à cette impitoyable et si belle déesse.
Car maintenant elle savait que la femme qu'elle souhaitait, existait. Le savoir la plongea dans un monde d'incertitude.
Elle connaissait le monde des clubs , des dancings où chacun jouait un rôle loin de son quotidien.
La séduction était le maître mot de la nuit parce que la nuit on ment…on ment effrontément .
On n'est pas soi même. Sauf elle parce que Thérèse ne trichait jamais donc elle perdait toujours.
Elle n'était pas faite pour ce monde de la nuit parce qu'elle ne voulait pas mentir aux autres ni à elle-même.
Elle lui ferait sa cour en plein jour.
Qui était-elle pour avoir osé dire ce qu'elle lui avait dit? En quoi avait-elle trouvé opportun de lui glisser ces quelques mots? Peut-être pour se faire remarquer; c'était à envisager. C'était ça même si elle avait juste livré son ressenti immédiat.
Elle était partie sans se retourner…elle avait fui…cette intuition perçante était elle la vérité? Ou le reflet de ses propres hésitations et la projection de sa quête personnelle? Sa lucidité lui coûtait si cher parfois.
Le parfum qu'elle avait senti…. Opium…elle détestait ce parfum trop lourd , trop musqué et qui donnait des maux de tête…bah ce parfum évoquerait maintenant une femme inaccessible et une migraine….la même chose en quelque sorte.
Elle remonta sur sa moto et retrouva enfin la route connue qui la ramena chez elle.
Elle habitait la maison d'un garde barrière non loin d'un passage à niveau le long de rails de chemin de fer recouverts de mousse depuis longtemps…
une chaumière petite et confortable, devant laquelle s'étendait un paysage faussement plat car il se terminait par des falaises sans cesse grignotées par la mer; elle s'y engouffra avec plaisir.
Se retrouver entre ses quatre murs la rassura tout de suite …la douceur de son foyer la remit les pieds sur terre…l'austérité apparente de son intérieur la calma définitivement…le retour après la falaise avait été…si difficile…Elle se coucha vite après être passée dans sa salle de bain et avoir donné à manger à Garp qui réclamait à manger…
oui ,normalement, elle aurait du avoir un chien mais elle avait craqué pour ce chat abandonné après la mort de sa riche propriétaire. .. Un grand chat oriental blanc immaculé aux yeux vairon et aussi tendre que
beau…. Galaad de Fauchelevent , selon son pedigree, mais c'était plus Garp ou Gasp ,c'était selon…
Elle prit son journal et écrivit pour ne pas perdre le souvenir de cette nuit unique et terrible.
Il lui fallait mettre de l'ordre dans ses idées et se remettre de son énorme crise d'angoisse qui l'avait laminée.
Garp sauta sur son bureau et lui donna un coup de tête:
"allez au dodo" elle laissa tomber son journal.
"un suicide virtuel…cette nuit…c'était presque une tentative de suicide , une mise en péril de ma vie
Ces paroles tournaient dans la tête de Thérèse…elle tournait et se retournait dans son lit…seule
Pourquoi avoir réagi ainsi?
Pourquoi avait-elle cédé à ses impulsions dangereuses ? Cette inconnue n'en faisait elle pas autant finalement?
Pourquoi l'abîme était il si fascinant?
Les quelques mots qu’elle avait lâchés lui semblaient tantôt justes, tantôt faux ; elle s’était rejouée cette scène cent fois... et maintenant qu’allait-il se passer? Retournerait-elle dans ce village?
Elle s’y voyait rôder et vite repérée... tout n’était qu’erreur, énorme erreur... à oublier , à enterrer , passer à autre chose..
Geneviève???? Pas de taille...
Chaque seconde passée à réfléchir à ce qu’il y avait à faire ou à ne pas faire l’épuisait ; elle se leva , prit Garp sur l’épaule et sortit. Cet étrange équipage rejoignit le bord de la falaise et arpenta le petit chemin des contrebandiers pour arriver sur l’étroite plage de galets qui longeait la mer.; Thérèse se cala contre un petit rocher et laissa ses pensées vagabonder sur fond de ressac et de ronron... puis Garp posa sa patte sur la joue de Thérèse qui sut qu’il était temps de rentrer.
Les deux êtres en quête d’amour pur s’endormirent ensemble...
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À l’intérieur du dancing rien n’avait changé et la backroom était pleine. Carol ne menait plus la danse et ne s’occupa plus de rien. Elle fut comme un jouet dans les bras de ce grand G.I..
Son partenaire n’avait rien remarqué occupé qu’il était à trousser sa robe ; ce géant la couvrait , la dominait et elle ne pensait qu’à cette brûlure sur l’épaule.
Puis tout le reste …la force de l'homme quand il la pénétra …elle avait toujours aimé ces rapports silencieux où ne comptait que le plaisir …. Mais la jouissance qu'elle éprouva la stupéfia … ses reins se creusèrent , ses hanches se balancèrent , elle était totalement et complétement dilatée. Elle abaissa ses paupières. Elle se retint pendant que cet homme la besognait , et se concentra sur ce qui allait arriver , sur l'apogée de son plaisir…Inexplicablement elle se regardait jouir car son cœur n'y était pas..
Cet orgasme qui la transperça comme jamais eut comme point d'ancrage les yeux tendres et inquiets de cette jeune femme en polo vert. Ses hanches dansaient à leur propre rythme et elle explosa, se consuma… il y eut cet instant de vérité crue, étincelante, inexplicable…tout était silencieux mais pas apaisé plutôt …l'étonnement et la sidération . La satisfaction de ses sens lui apparut si dérisoire, pitoyable. L'endroit, était sale et elle n'était pas rassasiée mais plus insatisfaite encore.
Je me suis complétement instrumentalisée, je me suis réduite au plaisir physique et ça ne me va pas. Rien n'est simple tout se complique.
Pantelante elle reprit peu à peu conscience de la situation ; son partenaire était satisfait :"tu es une bonne fille aussi bonne que belle".
Elle ne répondit pas et réajusta sa robe , encore vacillante au propre comme au figuré.
Il fallait qu'elle fasse le point…avoir joui ainsi parce qu'elle pensait à cette jeune femme la sidéra.
Ils sortirent de la backroom et Carol offrit à boire à son amant d'un soir ainsi qu'à ses copains …. Elle demanda au barman un café au lait , lui fila un gros pourboire et s'éclipsa. Oui sa soirée avait été plus courte que d'habitude mais sacrément enrichissante….à méditer. Elle avait besoin de silence , de solitude et du souffle du vent contre la carrosserie de sa voiture…
Elle ouvrit les vitres de sa voiture pour mieux en apprécier la puissance. Le vent s'y engouffra et il la purifia.
Carol regretta d'être venue ; elle aurait du céder à la demande implicite de Rindy: ne pas sortir.
Elle reprit la route en suivant le littoral ; en s'approchant des falaises , elle crut voir une lumière…qui serait assez fou pour s'aventurer si prés du bord par une nuit si venteuse? Elle eut envie de s'arrêter , de s'enquérir si quelque chose n'allait pas ? Mais la crainte d'être indiscrète la retint … parce que l'indiscrétion est si pénible. Elle songea que c'était aussi un signe d'intérêt.
Elle préféra ne pas s'arrêter , elle avait si hâte de rentrer chez elle et respirer l'odeur de Margot ; elle fut prudente et se hâta lentement.
Les éléments se calmèrent au fur et à mesure qu'elle s'éloignait de la côte , comme se calmaient la colère et l'indignation de cette soirée. Il restait l'étrangeté de son plaisir arrivé on ne sait comment et qui était une nouveauté.
À quoi était-ce du? À qui était-ce du? Cet américain n'y était pour rien…ça elle l'avait compris…alors quoi?
L'addition de multiples facteurs qu'elle n'appréhendait pas…Carol n'embrassait jamais ses cavaliers d'un soir et elle s'en félicita une fois encore. Le baiser était un acte si intime qu'elle ne le permettait à personne depuis…si longtemps. La jouissance était là et elle avait le goût amer de la défaite. Elle avait cru résoudre un problème et maintenant une question bien plus aigue se posait.
Rien n'était résolu, rien n'était dénoué…l'amour lui manquait plus que jamais. Plus tard , on verrait plus tard.
La Porsche crissa sur le gravier et Carol apprécia le calme profond qui régnait alentour. Ses talons claquèrent sur les marches de pierre du perron et elle ferma à clé la lourde porte en chêne. Elle s'arrêta dans son élan ; Rindy lisait dans la bibliothèque.
"ma chèrie tu n'es pas couchée à cette heure-ci?"
Rindy reposa son livre :"peut-être que je t'attendais , maman".
Le besoin de consolation poussa Carol à prendre sa fille dans ses bras :
"Margot dort?
-oui…elle me pose toujours les mêmes questions…pourquoi maman s'en va?"
Carol ne répondit pas mais fit signe à sa fille de la suivre; elles apprécièrent toutes les deux le silence assourdi que la nature leur offrait.
"on va dans le jardin ..j'ai besoin de marcher" elle enleva ses hauts talons et chaussa ses sabots de jardinage.
Rindy vint à sa hauteur. Au loin hulula un hibou et des craquements dans les buissons laissaient augurer d'une activité nocturne frénétique.
" est ce que ta soirée s'est bien passé?"
Carol ne répondit pas tout de suite mais passa les mains dans ses cheveux ; Rindy connaissait la signification de ce geste chez sa maman. ..la soirée s'était donc mal passée…
Toutes les deux allèrent dans le jardin , Carol tenant la main de Rindy.
Marchant doucement , profitant de la pâle lueur lunaire elles allaient à travers la prairie après avoir traversé le jardin
"alors maman dis moi" notant au passage sur le pâle visage les infimes écroulements signe d'un certain désordre.
Carole fixa un point lointain pour s'éloigner de ce qui allait être dit:
"une jeune femme m'a dit quelque chose alors que je dansais..
-et c'était?"
L'indécision de Carol était grande :
"elle a … elle a posé sa main sur mon épaule et m'a chuchoté….que voulez-vous cacher? Ou qui voulez vous cacher? Je ne sais plus. C'était difficile à saisir…tu sais que je sais parler français mais quelquefois ça ne passe pas"
Les yeux de Rindy posaient déjà la question :
"comment as-tu réagi? Parce que, quelle que soit la phrase , c'est intrusif"
Carol jouait avec une branche tout sèche et évita le regard curieux de sa fille:
"j'ai été surprise, je m'attendais à une insulte…et le reste ne compte pas" il y avait comme un zeste d'amertume dans sa voix.
"tu sais je ne sais pas pourquoi j'ai été autant touchée…pourtant des remarques j'en ramasse et ça ne me fait ni chaud ni froid…mais là"
Rindy ne put s'empêcher d'esquisser un sourire :
"en tout cas cette inconnue a touché dans le mille… elle t'a comprise alors que tous tes mecs d'un soir ou plus…je n'en ai pas vuun seul qui se soit inquiété pour toi"
Carol avait toujours la tête baissée :
"le reste ne comptait plus..je suis repartie peu de temps après et j'ai roulé trop vite"
les mots étaient sortis sans censure et sans pudeur…elle blessa sa fille…Rindy , bien sûr, se leva fâchée:
"maman je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, je ne sais pas comment je réagirais si tu n'étais plus là…
qu'est ce qu'on ferait sans toi?".
Le tremblement dans la voix ,elle admira encore une fois le profil racé de sa maman , les légères rides d'expression autour des lèvres. Elle savait qu'elle la regardait amoureusement , d'un amour tendre et pur; mais Carol cherchait autre chose qu'elle ne pouvait pas lui donner. Un compagnon , un ami, un amant, quelqu'un avec qui se fondre tout en étant soi-même. Tout le contraire de ce qu'elle avait connu avec Harge. Ce serait sa conquête du Graal…
"je ne le ferais plus…j'ai eu des réponses mais d'autres questions sont arrivées… je ne veux plus vous inquiéter…allez tu vas te coucher et moi aussi" et elle glissa le bras autour de la taille de sa fille . Rindy se sentit coupable de ne pas être du côté de Carol alors qu' elle appréhendait toute la solitude sur laquelle cette jeune femme audacieuse avait mis le doigt; elle prit la main de sa maman , rentrèrent toutes les deux dans la grande maison protectrice et allèrent voir Margot dormir.
Sa chambre était un véritable capharnaüm mais Margot retrouvait toujours son ours Gaston. Elle grandissait vite et Carol eut la nostalgie du bébé qu'elle était ; regarder son enfant était une source de joie.
"Rindy regarde notre Margot…comme elle est mignonne"
"maman tu ne regrette pas de ne pas avoir eu de garçon?"
Elles sortirent toutes les deux non sans avoir posé un doux baiser sur le front de l'enfant.
"non. ..curieusement ne pas avoir de garçon ne me dérange pas"
Rindy resta muette mais se jura d'approfondir cela avec Carol. Mais pour l'instant il était temps de dormir.
"ah chèrie demain je vais à la brocante ; je cherche quelque chose"
Rindy se retourna , interloquée
"quelque chose maman?"
Carol ouvrit la porte de sa chambre :"oui chèrie on cherche tous quelque chose ; le tout c'est de savoir quoi"
Elle prit Rindy dans ses bras :"bonne nuit ma chèrie
-bonne nuit maman…c'est une énigme
-oui et si tu ne trouves pas je te mange, bonne nuit mon ange".
"mais maman tu n'as pas essayé de parler à cette fille pour savoir ; c'est quand même fort intriguant non?"
Carol s'adossa au chambranle de sa porte , les bras croisés :
"c'est vrai c'est fort intriguant d'autant plus que…
-d'autant plus que quoi maman?
-d'autant plus que je pense que c'est une …enfin tu sais , tu vois"
Rindy s'esclaffa :"mais enfin maman je ne vois rien du tout"
Carol hésita :"enfin c'est une …comme Sapho…
-quoi? Ah oui une lesbienne
-oui c'est ça une …comme tu dis…une lesbienne
-et pourquoi penses tu ça?"
Carol se redressa : "il y en avait d'autres comme elles et elles sont ….reconnaissables …elles sont en groupe , elles sont assez …masculines en fait"
Rindy poussa un gros soupir:" c'est bien maman ; tu apprends des trucs…ça t'intéresse?" le tout en retenant à peine un grand sourire.
Carol ne put s'empêcher de voir combien Rindy grandissait vite.
"vous les jeunes vous avez des idées ; vous croyez pouvoir tout changer " Carol se dirigea vers la balustrade du palier et l'empoigna "alors que rien ne change vraiment.
-maman tu as tort ; les choses changent lentement. En tout cas moi je ne veux pas me marier tout de suite ; je veux profiter de la vie pour ne rien regretter. Je préfère gâcher ma jeunesse que n'en rien faire; je préfère avoir des remords plutôt que des regrets"
Carol sourit à cette tirade qui ressemblait tellement à sa Rindy :
"je voudrais avoir ta force , ton ouverture d'esprit , ta vision des choses. Mais je suis, comme tu le dis , le résultat de mon éducation qui ne m'a jamais laissé pensé par moi-même" en ces moments là Carol révélait sa faiblesse et sa tristesse.
"maman il n'est jamais trop tard pour changer ; il faut le vouloir profondément , du fond de ton âme et de ton cœur parce que"
Rindy s'arrêta toujours embarrassée de voir combien Carol avait besoin d'écoute :
"maman il faut juste que tu le veuilles … ou qu'il n'y ait pas d'autre choix et que l'évidence s'impose à toi-même"
Rindy entoura de ses bras Carol tout en maudissant Anne qu'elle aurait bien étranglée si elle avait été là…en tout cas au moins lui foutre une claque de première…
"maman chèrie, je ne souhaite que ton bonheur où qu'il soit ; je veux juste que tu rencontres quelqu'un de bien…qui verrait au-delà de ta beauté et de ton argent"
Carol ne répondit pas . Une perle rare voilà ce qu'elle cherchait.
Elle embrassa sa fille et resta un long moment le nez dans ses cheveux.
"allez bonne nuit maman …je suis claquée"
Carol recula et apprécia du fille du regard:
"je t'épuise hein ; ça ne devrait pas… pardonne moi"
Rindy se retourna, fit un petit signe de la main et rentra dans sa chambre.
Vidée par cette conversation Carol se réfugia dans sa salle de bains; elle se démaquilla, se lava soigneusement . Mue par la curiosité elle s'observa dans le grand miroir et ne se trouva aucunement changée. Des yeux plus ouverts peut-être ; elle pressentit que si l'inattendu était de la partie…Ce plaisir était il durable ou était-ce la conjonction de plusieurs fils dont le plus étrange était la présence de cette fille. Elle coupa court une fois encore et se coucha.; elle laissa errer son esprit assez longtemps pour s'endormir insensiblement mais elle ne put s'empêcher de penser à ce plaisir inattendu et si soudain. Elle n'était donc plus techniquement frigide….mais les circonstances……
Rindy rentra dans sa chambre et attendit . Rien aucun bruit ; elle savait par expérience que Carol retournait dans sa voiture et hurlait
De toutes ses forces. C’était un rituel que Rindy ne comprenait pas et qui lui faisait peur , mais elle n’avait jamais rien osé demander.
Non la maison était silencieuse et tout le monde accablé de sommeil... Rindy se coucha le sourire aux lèvres . Peut-être était ce le début de la fin des peurs et de la culpabilité qui avaient baigné la vie de sa maman... elle était trop âgée pour courir dans le lit de sa maman et s’y blottir; et puis c’était une adulte maintenant , alors les câlins c’était terminé. Rindy songe que grandir avait des avantages et des inconvénients....tant pis...... mais merci à l’inconnue à la question si précise..