Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve

Carol (2015)
F/F
F/M
G
Fuir l'amour de peur qu'il ne se sauve
Summary
ceci est la version "française ; il est possible que j'ai laissé passer des fautes d'orthographede grammaire, de syntaxe , d'accord des temps etc.... je le fais pour les lectrices et lecteursfrancophonesmerci de votre éventuelle lecture ou relecturecertaines personnes peuvent être choques en découvrant la personne qu'est Carol mais c'est quelqu'un qui a été le souffre-douleur de sa mère et qui ne s'en remet pas...et parfois son côté cruel ressortavec moi il n'y aura pas de domination mais de l'égalité comme je l'ai sentie en visionnant Portrait d'une jeune fille en feu...Carol n'est pas dominatrice Thérèse n'est pas falote...
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Chapter 3

Thérèse était rentrée chez elle; il était temps. Elle n'était plus en état de rouler. Son cœur ne battait plus , il l'avait toute entière envahie…elle ne respirait plus , elle était la respiration. Elle ne conduisait plus , elle était là bas sur le trottoir attendant une invitation, un sourire "entrez je vous en prie il fait chaud…un verre de limonade…parlez moi de vous"

Par un seul regard de cette femme elle avait été projetée ailleurs. Elle se maudit de n'avoir pas pu saisir la couleur de ces yeux si fâchés d'abord et puis ouverts et charmés ; aurait elle été charmée si elle avait su?
Pourquoi un seul regard a-t-il la puissance de vous projeter dans l'espace et de vous faire sentir à la grande et petite..
Bordel je n'ai rien su dire mais parler c'était se trahir n'est-ce pas….parler c'était me dénoncer…elle doit sortir ce soir et je dois faire quelque chose…mais quoi?

Elle avait déjà mille fois inventé, créé, imaginé leur rencontre et elle était tout à la fois spirituelle, amusante et si séductrice et "Elle" ne pouvait que craquer.
Thérèse se mit à rire d'elle et son impuissance totale.
je devrais plus grande, plus belle, plus riche même …pourquoi suis-je amoureuse? Cet amour ne m'apporte rien si ce n'est que j'espère, j'espère, j'espère à en mourir qu'elle me remarque….ça sert à quoi d'être amoureuse si c'est pour souffrir ainsi? C'est un vrai calvaire. Et quand elle va dans la back room…je flinguerais bien tout le monde…cet amour me détruit et m'anéantit…mais je ne veux pas le lâcher…plus je la regarde et plus je la veux.
Je veux que la foule s'écarte devant moi comme les flots déchaînés se sont écartés devant Moïse…

Cet amour était son talon d'Achille et cette faiblesse minait le reste de son être alors qu'elle jouait gros pour sa vie professionnelle . Elle sortit de chez elle et se dirigea vers le bord de cette falaise qu'elle aimait tant . Cette côte sauvage était le récipiendaire de ses tourments et de sa volonté d'aller de l'avant. Le vent la reconnut et l'enveloppa comme un signe de bienvenue. C'était tantôt un ami tantôt un adversaire avec lequel il fallait de toute façon composer.

Thérèse hurla " je vous jure ce soir je lui parle" et le vent souffla plus fort encore pour sceller ce pacte … à la vie à la mort

Ce serait ce soir ou jamais.

 

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Margot jouait dans sa chambre et Rindy lisait assise sur le banc du jardin ; la si jolie maison du siècle dernier était plongée dans la pénombre tardive de juin. Un chien aboyait au loin tandis que les fermiers rentraient leurs bêtes des champs . La soirée apportait une bienheureuse fraîcheur tandis que les bruits claquaient plus forts.

Carol arpentait de nouveau les rues pavées de son village ; elle avait été payer la note mensuelle du boucher. Elle fit un détour pour dire bonjour au pépiniériste installé en bordure du village pour y commander quelques plantes qu'elle désirait pour son intérieur surtout un zamioculcas de belle taille qui ferait une belle tache verte dans son salon aux murs de briques. Elle glissa ses mains dans le poches de sa robe parce qu'elle se sentait chez elle, en sécurité.

Elle pouvait se permettre d'arriver après les heures de fermeture.
Son arrivée dans cette communauté un peu fermée sur elle-même n'avait pas été facile. Mais le charisme qu'elle dégageait et , surtout, l'engagement de tous les métiers du village pour la rénovation de la maison de maître , l'avaient rendue populaire. Elle y avait trouvé aussi Jeannette sa cuisinière polyvalente ainsi que son fils qui entretenait le grand jardin. Tous les matins elle allait à la ferme voisine chercher son lait et plus si nécessaire.
Malheureusement le boulanger avait pris sa retraite et il fallait faire des kilomètres pour en trouver.

Elle choisit systématiquement les côtés ombragés des ruelles là où l'ardeur du soleil ne sévissait pas; c'était l'heure où tout le monde mangeait et on pouvait entendre par les fenêtres ouvertes les cliquetis des couverts .Elle se sentait vraiment chez elle mais Il était temps qu'elle rentre pour le souper.
Elle s'arrêta sur le seuil de sa maison ; pourquoi n'était il pas aussi simple que cette soirée? Pourquoi tout est compliqué? Pourquoi la vie ne me sourit-elle pas tout à fait?. Le soleil doucement couchant donne toujours la même couleur aux gens et tout semble si aisé, si simple, comme coulant de source.

Elle n'eut que le temps de s'attabler, car tout le monde l'attendait, dans la vaste cuisine et dégustait la tarte au Maroilles et la salade des fraiches laitues du jardin potager. Margot se leva et courut dans ses bras
"maman où étais tu?...t'es jolie en blanc

-à la pépinière ; j'ai commandé une Zamioculcas pour l'intérieur...merci ma chérie pour le compliment
-une za ..quoi?
-Zamioculcas…ou zz si tu préfères …oups j'ai soif"

Rindy lui servit une grand verre de limonade maison. Elle posa la cruche sur la table qui était mise depuis longtemps.
Elle n'aimait pas trop les vendredis soirs car elle savait … elle jeta un regard impatient à Carol qui l'évita. Rindy était parfois un reproche vivant. Les incessantes questions de Margot cachait le profond malaise que les deux adultes traversaient.

Un sorbet de pommes du verger servi avec des fines tranches de pomme caramélisées au beurre salé avait ravi tout le monde. Jeannette étant rentrée chez elle , tout le monde fit la vaisselle .
Carol lavait , Margot essuyait et Rindy rangeait. Elle lançait des prières silencieuses vers Carol qui les évitait soigneusement comme un rituel. Une fois la cuisine balayée Rindy sortit dans le jardin pour s'asseoir sur le banc devant l'étang.
Margot retint la main de Carol : "maman j'aimerais avoir un chat

-un chat pourquoi pas un chien?"

Margot sourit et Carol sourit aussi de voir ce sourire :
"un chat ça n'obéit pas . Un chien ça obéit toujours et même si son maitre lui fait mal il restera avec lui.

-je ne comprends ma poupée

-si je le traite mal le chat partira et je saurais que je lui fais mal et je me corrigerais ; mais le chien il va rester et je resterais méchante…je veux un chat parce je suis comme un chat" et elle regarda Carol droit dans les yeux.

 

Carol reposa sa fille sans comprendre et regarda Rindy en haussant les sourcils.
Elle ne sut que dire.

 

Carol préfèra monter à l'étage et pénétra dans son dressing; elle était en mode guerrière. On était vendredi soir et elle avait décidé de sortir…elle avait plusieurs tenues pour cette occasion.
La plus sage était la jupe noir en cuir et chemisier de soie blanche …
la plus sexy était une robe moulante en jersey rouge qui s'ouvrait sur le devant. Elle prépara son trench pour que ses filles ne la voient pas habillée ainsi.

 

Elle se remettait aussi de son coup de fil ; la machine judiciaire était en marche. Durant tout l'entretien avec Fred elle espérait lâchement que Fred la découragerait et qu'elle aurait ainsi des arguments à exposer à Rindy…
Ça n'était finalement que l'un des nombreux stratagèmes que Carol , consciemment ou inconsciemment, avait mis en place pour se protéger ; avec les années cette protection était devenue un autre elle-même qui la dirigeait et qui pensait à sa place .Cet ange protecteur était aussi un démon, un aigle noir qui la tenait éloignée de toute émotion et en faisait une personne insensible…
Elle était alors cette femme provocatrice et sans pitié …elle se vêtit en conséquence.

 

Elle prit la robe rouge ainsi que des sous-vêtements noirs pas vraiment nécessaires avec les hauts talons assortis ; elle coiffa ses cheveux en un chignon lâche qui allait tomber quand elle le déciderait.
Tout ce décorum était la carapace qui dissimulait la Carol fragile, faible, tassée qu'avait toujours vue Anne

Elle savait ce qui plaisait aux hommes qu'elle draguait…et elle savait quel genre d'hommes elle voulait: costaud et musclé , très musclé et un visage taillé au couteau…parce qu'elle avait toujours pensé qu'un homme hyper viril ne pouvait que plaire à une femme comme elle…qu'un tel homme la protégerait de tout.

"mère , pensa-t-elle, tu as encore raison…tu m'as toujours répété que je finirais pute…j'y suis presque" et elle chantonna la chanson qui lui éteignait à chaque fois le cœur…
Je ne fais pas l'amour pour de l'argent
Mais il ne me reste plus beaucoup de vertu
C'est presque aussi décourageant
Que de faire le trottoir.

 

mais pourquoi était-elle à chaque fois broyée par ce souvenir de la méchanceté de sa mère … pourquoi n'avait-elle pas eu droit à son amour?...pourquoi toutes ces choses de son enfance ressortaient à chaque fois? N'y avait-il donc pas moyen de faire table rase de ce passé si horrible? Pourquoi toute cette violence qu'elle avait connue , elle l'avait retournée contre elle-même….toutes ces questions qui la taraudaient.
Elle s'assit sur le rebord de sa baignoire rétro.
Heureusement il y avait l'affection de ses filles…mais quelque chose manquait…quelqu'un de fiable , de solide et d'aimant. C'était un secret bien caché derrière son assurance et son cynisme…seule Rindy le savait et s'en alarmait à chacune de ses venues…
Carol se sourit à elle-même :"mes deux trésors sont là". Ce serait sa dernière sortie avant longtemps histoire d'oublier…
Oui ses deux trésors mais elle restait une mère et elle s'inquiétait pour Rindy la charge émotionnelle qu'elle lui imposait était si lourde…elle abîmait ses filles…comment comprendre ce que lui avait dit Margot?

Elle fit l'impasse sur toutes ces questions…il fallait agir. Elle se considéra longuement et avec clairvoyance dans le miroir de sa salle de bain. Oui elle se savait belle et ce soir elle le serait encore plus…et plus encore gaie , très gaie pout briser la terrible mélancholie qui la poursuivait depuis tant d'années.

Souris puisque c'est grave
Si les dieux te déçoivent
Offre-leur un visage radieux
Puisque c'est si grave, souris un peu

Elle chantonnait toujours quand elle se préparait ainsi ; elle s'imaginait toujours que , quelque part, un aigle noir s'envolait pour l'accompagner comme dans un conte fantastique d'Edgard Allan Poe.

Un maquillage léger avec une bouche rouge cerise et les ongles assortis, du blush sur les joues pour accentuer ses pommettes de tigresse , un peu d'Opium…elle n'aimait pas trop ce parfum lourd mais il s'accordait avec le personnage qu'elle jouait dans les dancings en fin de semaine. Un cheveu blanc qu'elle arracha lui rappela que l'horloge tournait..
Un petit sac , de l'argent ; elle choisit sa Porsche rouge et prit la direction de la Belgique.

Rindy et Margot la regardèrent s'éloigner; à son habitude Carol les avait évitées. Elles ne devaient pas la voir dans sa tenue provocante. Margo tourna ses grands yeux foncés vers sa grande sœur :
"Rindy pourquoi maman s'en va encore?

-elle s'en va pour retrouver ses amis

-pourquoi ils ne viennent pas ici?

-parce qu'ils ne lui veulent pas du bien

-alors ce ne sont pas ses amis

-tu sais curieusement quand on a souffert …enfin quand les femmes souffrent vraiment…au lieu de taper sur les autres comme les hommes…elles préfèrent se détruire plutôt que détruire les autres"

Rindy sentit les larmes irriguer ses yeux ; elle les retint ainsi que sa profonde colère qui imbibait si fort toute sa vie depuis sa rencontre avec sa grand-mère. Elle prit la petite fille dans ses bras et elles regardèrent ensemble la voiture rouge disparaître. Margot passa la main sur les yeux de Rindy gentiment et essuya une larme qui allait tomber.

"dis qu'est ce qu'elle cherche alors?" demanda Margot
"je ne sais même pas si elle sait ce qu'elle cherche
-je ne comprends pas ce que tu dis ; on sait toujours ce qu'on cherche. Quand je perds ma poupée je la cherche…alors maman"

Rindy se leva "elle n'a pas pu se construire …ses pieds sont dans du sable mouvant…l'attitude de sa mère ne lui a pas permis d'évoluer; elle vit parfois dans la crainte…j'ai entendu que tu voulais un chat?

-oui un chat blanc…si je lui fais du mal il s'en ira
-pourquoi lui ferais tu du mal?
-pourquoi maman me fait mal? Si ça continue je partirais avec mon chat….je ne comprends pas les adultes ..je ne comprends pas maman…on est là pour elle"

Rindy prit sa sœur dans ses bras :" elle devrait être là pour nous" soupira-t-elle très fort, quasi désespérée…

Elle s'inquiétait pour Margot; elle voyait dans ses yeux tellement de peur et d'anxiété. Margot était comme un papier buvard ; elle absorbait les angoisses de sa maman et elle le vivait mal. Elle devra, un jour ou l'autre , mettre Carol devant ses responsabilités et vite. Margot devait vivre comme une petite fille et non pas comme une petite adulte

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