Chapter 1
L’aube pointait à peine sur les toits de Piltover quand Ekko verrouilla leur appartement pour la quatrième fois avant le départ. Il avait vérifié trois fois les fenêtres, les lumières, et même si la cafetière était bien débranchée. Sur la banquette arrière, Isha soupirait, tandis que Jinx, adossée à la voiture, observait son petit ami avec un mélange d’amusement et d’impatience.
- " Ekko, sérieux, si on ne part pas maintenant, le soleil sera couché avant qu’on arrive. Et plus on traîne, plus ma sœur et sa dingue de copine risquent de nous tomber dessus. Grouille ! " lança-t-elle en mimant un geste sur une montre imaginaire.
- " Quatre secondes, Jinx ! C’est trop te demander ? " répondit-il tout en vérifiant, pour la énième fois, la check-list qu’il avait méticuleusement préparée : trois valises, trois combinaisons de ski, une boîte à outils, une machette, une boussole, un téléphone satellite et, bien sûr, une trousse de premiers secours contenant des pansements, des médicaments et un manuel d’urgence en cas d’avalanche.
- "Tu sais qu’on va juste skier, pas en mission de sauvetage, hein ? " rétorqua Jinx en levant les yeux au ciel.
Imperturbable, Ekko s’installa côté passager, sortit le GPS et déploya la carte papier de la région sur ses genoux. Jinx était peut-être la seule à avoir le permis et donc à pouvoir conduire, mais il était hors de question de lui laisser gérer l’itinéraire.
Les premiers kilomètres se déroulèrent dans un calme relatif. Jinx sifflotait en suivant les panneaux, tandis qu'Ekko jonglait entre la carte papier et son GPS. Tout allait bien, jusqu'à ce que, à la sortie du périphérique de Piltover, la circulation commence à se densifier.
- " C’est quoi ça ?! " s’écria Ekko en voyant la file interminable de voitures devant eux. " Pourquoi un ridicule embouteillage nous retarde de quarante minutes ?! "
- " Bienvenue sur l’autoroute, mon grand," fit Jinx en haussant les épaules. " Relax, c’est les vacances ! Détends-toi et sers-moi un café, s’il te plaît. " ajouta-t-elle en tendant la main avec un sourire amusé.
Malheureusement pour elle, "détente" était un mot absent du vocabulaire d'Ekko. Déjà, il pianotait frénétiquement sur son téléphone à la recherche d’une alternative.
- " Écoute, si on prend la prochaine sortie dans deux cents mètres, on peut contourner les bouchons et gagner trois minutes ! "
- " Trois minutes ?! Chéri, on va perdre trois heures si je te laisse me guider sur des routes de campagne ! " lança Jinx en éclatant de rire.
Ekko, vexé, croisa les bras et se mura dans un silence boudeur. Il n’appréciait pas que celle censée être son alliée tourne ses propositions en dérision.
Après une longue attente dans les bouchons et un arrêt imprévu pour une pause toilettes
« Sérieusement, Isha ? Tu ne pouvais pas y a aller à la station-service d’il y a dix minutes ?! »
ils arrivèrent enfin à destination.
Leur soulagement fut de courte durée. Lorsqu’ils s’engagèrent dans le parking souterrain de la résidence, ce qui semblait, sur le papier, être un simple sous-sol pour garer leur voiture se révéla être un véritable labyrinthe. Les places étaient agencées de façon aléatoire, et les voitures mal garées n’arrangeaient rien. Leur seule indication ? Un numéro : 895, et un niveau : -3.
- " À gauche, à gauche ! " cria Ekko alors qu’ils entraient au niveau -2. " 860, notre place ne doit pas être loin, ralentis ! "
- " À gauche, c’est une impasse, Ekko !" répliqua Jinx en tournant le volant dans la direction opposée. " Et en plus, on n’est même pas au bon niveau."
Un étage plus tard, les numéros des places atteignirent un joli 1003. Ekko soupira, exaspéré.
- " Bah voilà, j’avais raison. T’es allée trop vite. Maintenant, t’as plus qu’à remonter. "
- " Très drôle. Et tu sais où est la sortie, génie ?"
- " Euh..."
Tout à coup, Isha attrapa l’une des mèches d’Ekko pour attirer son attention sur leur place : la fameuse 895, coincée entre les places 997 et 1003. Un agencement totalement dénué de logique donc.
Après une habile manœuvre de Jinx, la voiture fut enfin garée.
- " C’est pas possible !" grogna Ekko en sortant de la voiture, le front perlé de sueur. " Qui construit un parking aussi mal organisé ?! "
Mais leur calvaire était loin d’être terminé. Trouver la porte menant à l’escalier devint une nouvelle épreuve. Une fois à l’escalier et arrivés au rez-de-chaussée, ils réalisèrent avec stupeur qu’ils étaient dans le mauvais bâtiment. Leur badge n’ouvrait aucune porte ici. Depuis le hall du bâtiment C, ils pouvaient voir, à travers une porte vitrée, l’entrée du bâtiment D qui semblait les narguer.
Ils redescendirent donc au niveau -2. Pourquoi ? Parce qu'Ekko était persuadé d’avoir vu une porte menant à un autre bâtiment à cet étage. Ils montèrent dans l’escalier E, mais revinrent exactement au même point : toujours pas moyen de sortir.
Jinx commençait à perdre patience.
- "Chéri, je t’avais dit d’aller au niveau -1. Écoute-moi un peu ! "
- " Roh, ça va, Jinx. On a fait un petit détour, mais tout va bien. Cela dit, à notre retour à Piltover, je compte bien trouver le nom de l’architecte de cet endroit. "
Jinx et Isha levèrent les yeux au ciel en redescendant une fois de plus, cette fois au niveau -1.
Après encore quelques minutes d’errance, ils trouvèrent enfin la porte du bâtiment D. Heureusement, leur appartement, avec son numéro 402, se trouvait à un très logique quatrième étage.
Une fois dans l’ascenseur, Isha attrapa la main de Jinx et lui parla avec ses gestes. Jinx esquissa un sourire taquin.
- " Isha dit qu’on a ouvert quinze portes pour sortir de là. "
Echo grogna.
L’appartement, au moins, était cosy : un petit nid douillet aux murs lambrissés, avec une vue imprenable sur les montagnes. Jinx et Isha poussèrent un soupir de soulagement en s’affalant sur le canapé. Ekko, les bras croisés, les toisa d’un regard sévère.
- " On a encore une voiture à décharger, des snowboards à louer, et des courses à faire ! En plus, demain, réveil à 6 h 30. Jinx, tu m’accompagneras à la boulangerie, petit-déjeuner à 8 h. Départ à 8 h 30. Trente minutes de bus, et avec les remontées, on sera sur les pistes pour 9 h 15. J’ai déjà prévu une super itinéraire : des pistes vertes pour qu’Isha puisse apprendre tranquillement. Allez, debout ! J’ai besoin d’aide."
Tout en parlant, il griffonnait frénétiquement sur un carnet, notant chaque détail de son planning millimétré.
Jinx et Isha le fixèrent, incrédules.
- "Ekko, ce planning… ce n’est pas ce que j’appelle des vacances. Le but, c’est justement de lâcher prise. Là, j’ai l’impression que ça te stresse plus qu’autre chose, chéri. " dit Jinx en levant les yeux au ciel.
- " Mais si on ne planifie pas, on risque de perdre du temps, ou pire, de manquer une opportunité !"
- "T’es toujours comme ça quand on te sépare de ton Z-drive ? Comment tu faisais avant ? Il est entre les mains de mes pères, tu n’as pas à t’inquiéter."
Isha, qui observait la querelle de ses "parents" avec amusement, décida qu’il était temps d’intervenir. Elle échangea un regard complice avec Jinx, qui esquissa un sourire malicieux avant d’ajouter :
- "Très bien, chéri," dit-elle en s’approchant avec une moue aguicheuse. "Je crois que j’ai une idée pour t’aider à lâcher prise."
Avant qu’il ne puisse protester, Jinx et Isha le poussèrent gentiment sur le canapé. En un éclair, elles l’ensevelirent sous une montagne de couvertures moelleuses qu’elles avaient apportées. Puis, elles se calèrent chacune contre un de ses flancs.
- "Les filles, qu’est-ce que vous faites ?! " s’exclama-t-il, la tête dépassant à peine du tas.
- "C’est ce qu’on appelle la calinothérapie. Ça fait un bien fou, expliqua Jinx en se lovant confortablement contre lui. Pas de planning, pas de stress, juste un gros câlin."
- "Et on fait quoi ducoup ?"
- "Rien, on profite."
- "Mais …"
- "Chut…" le coupa sa petite amie.
Exténué, le trio s’endormit sans même s’en rendre compte, blottis les uns contre les autres.
Le lendemain matin, après un petit-déjeuner improvisé ( et un lever bien plus tardif que prévu, au grand dam d’Ekko ) , le trio se dirigea enfin vers les pistes.
Faire du snowboard, pour Ekko et Jinx, c’était presque comme se déplacer sur un hoverboard… ou surfer sur des bombes. Pas de problème. En revanche, pour Isha, qui n’avait jamais vu de neige et encore moins tenu sur une planche, l’expérience était une découverte totale. Les deux adultes prirent donc sur eux de lui enseigner tout ce qu’ils savaient.
- "OK, première leçon," commença Jinx en ajustant ses lunettes de ski. "Si tu tombes, fais-le avec style."
« Avec style ?» signa Isha, un sourcil levé.
- "Oui, comme ça !"
Jinx exécuta une chute spectaculaire, parfaitement contrôlée, se laissant glisser sur la neige avec grâce. Isha éclata de rire, visiblement impressionnée.
Ekko, de son côté, préférait une approche méthodique. Il insista pour lui enseigner les bases : la posture, le freinage et surtout, comment éviter de finir face contre neige. Mais malgré ses explications détaillées, l’enfant passa une grande partie de la matinée à "manger" la poudreuse… souvent en entraînant son professeur dans ses chutes.
Pendant ce temps, Jinx, hilare, ne pouvait s’empêcher de filmer leurs mésaventures avec son téléphone. Chaque chute et chaque fou rire étaient capturés, et elle se promettait déjà de monter une compilation des plus mémorable et en profiter pour peut-être envoyer une carte postale à sa sœur.
Un rapide schéma de l'itinéraire pour sortir du parking et de l'itinéraire idéal qu'il aurait fallut si l'architecte n'avait pas eu son diplôme dans un kinder surprise.
