
Abelforth
Mai 1977
L'inattendu était quelque chose de ... régulier pour le Golden Trio, comme Hermione, Rosemarie et Ron étaient appelés par la majorité de Poudlard. Depuis leur entrée à Poudlard, il se passait toujours quelque chose d'inattendu, ils s'étaient donc habitués en quelque sorte. Et étant proche du trio, Neville et Luna avaient fait de même. Ils avaient fait de leur mieux pour tous s'habituer à l'inattendu, mais là... Là c'était un peu beaucoup.
Ils avaient voyagé dans le temps.
Et pas avec un retourneur de temps, quelques heures. Non là ils avaient fait un bond de 22 ans dans le passé. Ils n'étaient même pas encore conçus. Leurs parents n'étaient pas tous mariés, ou encore ensemble. Ils n'étaient même pas sortis de Poudlard. C'était énorme, impossible, et pourtant... Pourtant ils étaient en 1977.
Cela faisait quatre heures depuis la révélation, mais Rosemarie avait toujours du mal à réaliser. Elle était sortie, ayant besoin de prendre l'air, et ne supportant pas de rester à l'intérieur. Après des mois en camping en plein air, puis le séjour dans les donjons du Manoir Malefoy, Marie avait du mal à être dans un espace clos. Elle avait passé trop de temps enfermée au fil des ans, particulièrement chez les Dursley, pour vraiment apprécier l'expérience.
Luna partageait son point de vue, et elle ne voulait pas non plus être séparée d'elle, vu qu'elles étaient toutes les deux assises non loin de la Tête du Sanglier. Luna dormait, ses bras autour d'elle, tandis qu'elle la serrait de manière assez forte. La prise était inconfortable, et pas uniquement dû aux blessures de Marie. Elle les avait soigné, ils s'étaient soignés entre eux, mais la magie de la guérison n'était pas instantanée. Ils avaient heureusement des potions de guérison, ça avait bien aidé, c'était certain.
Donc outre ses blessures, la prise de Luna était assez forte, bien plus que Marie avait imaginé. Néanmoins il n'était pas question de la réveiller, si sa présence offrait du réconfort à la blonde, alors elle pouvait endurer bien pire, niveau douleur. Si seulement elle avait pu épargner cette épreuve à Luna, elle aurait tellement voulu le faire.
Continuant à passer sa main dans les cheveux de Luna, Marie réfléchissait à leur situation. Elle était fatiguée mais elle n'arrivait pas à s'endormir, elle était trop tendue et préoccupée pour cela. Alors autant se concentrer sur la suite, sur ce qu'ils allaient devoir faire afin de survivre. Ils ne pouvaient pas apparaître comme ça, arrivant de nulle part, cela attirerait bien trop l'attention. Une attention dont ils n'avaient vraiment pas besoin, après tout ils étaient dans un monde en guerre. Et il était hors de question de déclarer qu'ils venaient du futur, ce serait stupide. Entre les langues-de-plomb qui ne laisseraient pas passer une telle chose, Dumbledore qui voudrait savoir tout ce qu'ils savaient ou Voldy qui voudrait la même chose...
Elle ne savait pas encore si elle allait ou non rester à l'écart vis à vis de la guerre, quoiqu'elle ne se pensait pas capable de ne rien faire. Ce qu'elle savait, c'était qu'elle refusait catégoriquement de devenir à nouveau la cible prioritaire de Voldy. Non seulement c'était pénible et extrêmement dangereux pour elle, mais surtout pour ses proches. Elle ne voulait pas les mettre en danger à nouveau.
Elle voulait garder le secret, et elle était certaine que l'opinion était partagée par sa famille de cœur, mais elle n'avait pas la moindre idée de comment ils allaient s'y prendre. Comment allaient-ils pouvoir changer d'identité ? Si Ron, en tant que Weasley, pouvait prétendre être un lointain cousin, et qu'Hermione n'était pas directement concernée vu qu'elle était une née-moldue. Ils pouvaient donc garder la même identité, mais la même chose ne pouvait pas être dite pour Luna, Neville ou elle-même. Même dans ce temps, il n'y avait pas beaucoup de Potter ou de Londubat, même chose pour les Lovegood.
Ils n'avaient pas leurs valises, ou énormément d'argent, mais ils avaient deux sacs d'affaires. Le sac à main d'Hermione, où il y avait la plus grande partie de leurs affaires, mais au cas où Rosemarie avait aussi un petit sac à dos. Dans leurs sacs il y avait tout ce dont ils avaient eu besoin pour survivre lors de la traque des horcruxes, des vêtements, des potions, des livres, de l'argent...
Neville et Luna n'avaient pas d'affaires par contre, et ils n'avaient pas de coffres à Gringotts. Le point positif c'était que les gobelins ne savaient pas ce qu'ils avaient fait, à savoir cambrioler la banque et s'enfuir à dos de dragon. Donc, elle ne risquait pas la mort en s'aventurant dans Gringotts, ce qui était vraiment bien. Bon il y avait quand même un risque, mais elle ne pensait pas qu'ils connaissent la magie temporelle. Elle l'espérait vraiment en tout cas, sinon ils étaient morts.
Ils n'avaient donc pas d'identité, pas d'argent, pas de diplôme... Comment allaient-ils survivre, légalement ?
"Ça va mieux ?" demanda une voix bourrue.
Elle ne sursauta pas, même préoccupée par ses pensées elle restait alerte et attentive concernant son environnement. Elle avait donc non seulement entendu, mais aussi senti, magiquement, Abelforth qui venait vers elles.
Marie ne pouvait pas nier qu'elle était surprise par l'attitude du frère du directeur. Il était extrêmement calme, posé, comme si c'était parfaitement normal de voyager dans le temps, de se trouver vingt ans dans le passé. La situation était des plus bizarre, c'était certain. Personnellement elle avait envie d'hurler de rage, et elle était certaine que ses amis partageait son point de vue. Alors comment Abelforth faisait pour garder son calme ?
"J'ai eu pire." dit Rosemarie, haussant légèrement les épaules, faisant en sorte de ne pas gêner Luna.
Hermione lui avait interdit de dire qu'elle allait bien lors de leur sixième année, Marie avait donc cherché d'autres phrases du même genre. Sa meilleure amie avait un esprit redoutable, ses vengeances n'était pas le moins du monde agréable. En plus elle la connaissait trop bien, elle savait bien ce qu'elle ne supportait pas, ou ce qui l'atteignait vraiment.
"Et vous ? Comment allez-vous ? Vous semblez plutôt bien réagir au fait que voyager dans le passé est possible. Même de manière involontaire. " pointa Rosemarie, l'observant attentivement.
"Je suis vieux gamine. J'ai appris il y a bien longtemps que rien n'était impossible dans le monde. Particulièrement lorsque la Magie est concernée." répondit Abelforth, s'asseyant à côté des deux jeunes femmes.
"Vous avez un point." concéda Rosemarie avec un soupir.
Elle avait vu, traversé et fait bien trop de choses pour dire que les choses étaient réellement impossibles. Surtout depuis qu'elle était au courant pour le fait qu'elle était une sorcière. Elle avait vu des dragons, des licornes. Elle avait lu des livres absolument horribles concernant la magie noire et tout ce que ça pouvait faire. Elle avait volé autour d'un dragon, volé sur un dragon... Elle était revenue d'entre les morts et à présent elle était dans le passé.
"Mais ça n'explique pas vraiment comment vous faîtes pour réagir ainsi, vous ne nous avez même pas posé de question sur le futur, ou ce que vous êtes devenus." contra Rosemarie. "Qu'est-ce que vous en pensez réellement ?"
"Rien qu'à votre réaction je sais que je suis encore en vie, c'est ce qui m'importe. Et puis savoir le futur reste dangereux, je ne suis pas intéressé. Vos réactions me disent aussi que vous avez été touché par la guerre qu'on mène actuellement. Ce qui est scandaleux, on a du faire vraiment n'importe quoi pour que vous soyez touché à ce point." soupira Abelforth. "Vous me connaissiez plus que comme un simple barman n'est-ce pas ?"
"Moi, pas vraiment, même si on sait tous qui est votre frère." dit Marie, son ton neutre.
"Donc dans le futur mon lien avec Albus est connu." soupira Abelforth.
"Oui, de même que son passé avec Grindelwald." acquiesça Rosemarie.
"Comment ?" demanda Abelforth.
"Une journaliste fouineuse à simplement profiter du fait qu'il n'était plus sur un piédestal aussi grand. Elle a fait un grand nombre de recherche et elle est tombé sur une historienne âgée." répondit Rosemarie.
"Bathilda." comprit Abelforth.
"Oui, Mme Tourdesac a bel et bien parlé à une journaliste. Mais pour sa défense, elle était extrêmement âgée lorsque ça c'est produit et je ne suis pas certaine que Mme Tourdesac se rendait vraiment compte de ce qu'elle disait et à qui. La journaliste en a profité pour écrire un livre sur votre frère, un livre très critique à son sujet. Racontant des événements douloureux concernant votre famille. Comme ce qui est arrivé à votre sœur, Ariana. Mes condoléances pour elle." dit Rosemarie, sincère.
Certes elle avait pensé que Dumbledore méritait que ses secrets soient révélés au grand jour, surtout vu tout les secrets qu'il gardait, et toutes ses manipulations. Néanmoins il y avait des choses qui étaient réellement privées, comme la mort d'une soeur. Même si les circonstances étaient étranges. Il s'agissait de respecter le deuil, mais les gens semblaient rarement capables de cela.
Surtout lorsque Rita Skeeter était concernée. Cette femme était une véritable menace, elle était particulièrement énervante et pénible. Surtout elle se moquait catégoriquement du nombre de vie qu'elle détruisait sur son passage, tant qu'elle vendait des journaux et qu'elle était à la Une. Mais elle n'était pas la seule, malheureusement...
Que les gens doutent des actions de Dumbledore parce qu'il avait été l'amant de Grindelwald, très bien. Qu'ils remettent en questions ses actions, ses gestes, ses décisions... C'était une bonne chose aux yeux de Marie, il avait eu trop de pouvoir et ce pendant bien trop longtemps. Ce qui était plutôt ironique vu ce qu'il disait concernant le pouvoir et le fait qu'il n'en voulait pas.
"Merci." dit Abelforth, le regard lointain. "Tu as dit que tu ne me connaissais pas vraiment, qu'est-ce que ça voulait dire ?"
"Je ne vous ai rencontré que quelques fois. En dehors des deux dernières, c'était surtout en tant que barman." répondit Rosemarie, acceptant sans problème la diversion.
Elle comprenait bien le désir de prendre de la distance en changeant de sujet, elle le faisait assez souvent après tout. Il était aussi clair que la blessure concernant Ariana était toujours douloureuse. Qu'il avait adoré sa petite sœur, elle n'imaginait pas ce qu'il avait du traverser. Perdre sa sœur et blâmer son frère. En un événement, il avait perdu toute la famille qu'il lui restait, vu que sa mère était morte et que son père était mort à Azkaban. Elle ne se rappelait plus s'il était déjà mort à l'époque.
"Neville vous connait d'avantage. Dans notre temps Poudlard, est tombé pendant un temps dans les mains des mangemorts. Neville était là bas et il a organisé une résistance à l'intérieur de Poudlard. Faudra lui demander pour votre rencontre et votre rapprochement. Ce que je sais c'est que Poudlard a ouvert un passage lorsqu'il avait besoin de nourriture, et ce passage a mené jusqu'à chez vous. Vous sembliez... plutôt proche quand je vous ai vu ensemble quelques mois après." expliqua Rosalie.
"Qu'est-ce que vous allez faire à présent ?" demanda Abelforth après un temps de silence.
"J'en sais trop rien." reconnut Rosemarie en baissant les yeux vers Luna. "On doit trouver un moyen d'avoir des identités dans ce temps et on ne doit pas non plus attirer l'attention des mauvaises personnes."
Les yeux émeraudes de Marie s'assombrissaient tandis qu'elle se rappelait de tout ce qu'ils devaient faire, surtout vu les risques existants. Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être simples ?
Certes, il était évident que les choses n'auraient pas été simples même dans leurs temps, en 1998. Néanmoins ils auraient eu d'avantage de ressources, moins de problèmes aussi et ils auraient été plus familiers avec l'époque et les problèmes. Voldy aurait été mort pour le coup. Tandis que là, en 1977, il vivait encore.
"Que penses-tu d'Albus ?" demanda Abelforth, la sortant de ses pensées.
"Il est un puissant sorcier." reconnut Rosemarie, après avoir regardé l'homme en silence, surprise par la question soudaine. "Je respecte son pouvoir et ses connaissances, il est aussi intelligent. Néanmoins il est également extrêmement manipulateur et secret. Je ne lui fais pas confiance, il a ses objectifs et c'est compréhensible, mais je n'aime pas le fait qu'il traite les gens comme des pions sur l'échiquier de ses plans."
Elle avait hésité avant de parler, surveillant ses paroles, qu'importe les problèmes et tensions entre Abelforth et Albus, ils restaient frères et elle ne devait pas l'oublier. Néanmoins elle avait fini par répondre de manière assez franche, de ce qu'elle avait pu observer et comprendre, Abelforth appréciait l'honnêteté. Mais ça avait été dans leur temps, il y avait eu vingt ans de plus pour affermir les tensions entre les deux hommes, vingt ans qui ne s'étaient pas écoulés actuellement.
Elle ne connaissait pas vraiment Albus Dumbledore, encore moins le directeur de ce temps. Et concernant Abelforth, elle le connaissait pour ainsi dire pas, elle l'avait rencontré à quelques reprises mais ça n'allait pas plus loin. Elle n'avait en tout cas aucune idée de leur relation à ce moment là dans l'histoire, elle devait donc rester prudente. C'était de sa famille dont il était question et il était hors de question de les risquer d'une manière ou d'une autre.
Rosemarie refusait aussi catégoriquement de se plier à nouveau à la volonté d'Albus Dumbledore, ou d'un autre Dumbledore d'ailleurs. Elle avait passé des années à faire ce que le directeur souhaitait, devenant la martyre qu'il voulait qu'elle soit, mais c'était plus qu'assez. Elle avait tué Voldy dans leur temps, détruit tout les horcruxes, y compris celui qu'elle avait dans le crâne, elle avait fait ce qu'il voulait. C'était fini.
Elle était trop furieuse, elle éprouvait trop de rage de haine vis à vis du directeur de Poudlard. Elle avait atteint ses limites de patience et de compréhension, elle les avait même dépassé. Plus elle réfléchissait à ce qui était arrivé, à tout ce qui s'était passé dans sa vie, depuis la mort de ses parents et plus elle était en colère. Elle avait été manipulé depuis le début, il avait su ce qu'elle subissait chez les Dursley et ça lui convenait. Elle avait été plus malléable grâce à ça nul doute, prête à tout pour obtenir de l'affection et du respect.
Elle l'avait considéré comme son mentor, elle avait été une véritable idiote. Elle avait envie de rire, de pleurer mais surtout d'étrangler Dumbledore avec sa propre barbe. Quoiqu'elle avait imaginé des morts bien pire que ça, rien que dans les cinq dernières minutes. C'était étrange, Marie n'était certes pas une personne très patiente et calme, elle ne l'avait jamais été. Néanmoins ses émotions étaient plus intenses, surtout ses émotions 'négatives' comme sa colère, était-ce dû à l'horcruxe et à sa séparation ? Tout semblait différent, mais peut-être que c'était dans sa tête.
Elle aurait bien étudié les livres qu'elle avait concernant la magie noire et les horcruxes, ils avaient un sacré collection dans leurs sacs, ils avaient non seulement les livres de Dumbledore mais aussi une grande partie de la bibliothèque des Black. Il y avait juste un problème, il n'y avait eu aucun cas d'horcruxe vivant. Elle était un cas unique, pour changer... De toute façon elle allait devoir en parler avec les autres, histoire de savoir s'ils avaient des idées pour l'aider et puis elle leur devait une explication. Ils avaient pensé qu'elle était morte, alors elle devait leur dire pourquoi elle s'était rendue, néanmoins c'était hors de question de le faire avec un étranger non loin. Elle ferait ça loin des oreilles d'Albelforth Dumbledore.
Bloody Hell, les horcruxes existaient toujours dans ce temps et certains allaient être pénibles à récupérer. S'ils étaient mêmes endroits et il n'y avait aucune garanti... Elle y penserait plus tard, bien plus tard. Parce qu'il était hors de question de revivre cette année, si jamais ils décidaient de se mêler de la guerre et de se débarrasser une bonne fois pour toute de Voldy. Il leur faudrait des plans, parce qu'il était hors de question de prendre des risques comme ils avaient fait la première fois. Le Choipeau avait voulu l'envoyer à Serpentard et elle savait très bien que ce n'était pas dû qu'à l'horcruxe, c'était aussi dû à son tempérament.
Elle ne regrettait pas son choix, elle avait été heureuse à Griffondor, il y avait eu des bons comme des mauvais moments. C'était la vie. Mais elle aurait aussi eu sa place à Serpentard, elle pouvait être calculatrice et rusée si c'était nécessaire, particulièrement si ceux qu'elle aimait été en jeu. Elle avait joué selon les règles de Dumbledore et de l'Ordre du Phénix jusque là, mais c'était fini. Pour protéger Luna, Ron, Hermione et Neville, elle allait tout faire pour qu'ils puissent vivre en sécurité. Pour qu'ils puissent vivre en paix, enfin.
"Tu devais être une pièce maîtresse sur l'échiquier." commenta Abelforth, poussant Marie à le regarder surprise. "Je suis barman gamine, je sais quand une histoire est plus complexe."
"J'étais un pion. Rien d'autre qu'un pion." nia Rosemarie, amère. "Je ne lui ferai jamais confiance, donc si vous aviez pour idée qu'on s'adresse à lui, ce n'est pas la peine. C'est non."
"Concernant ce que vous savez, y compris sur ma famille, vous comptez en parler ?" il demanda curieux, ne répondant pas à ce qu'elle venait de dire.
"Non. Même chose pour les autres, on sait ce que c'est que d'être observer avec pitié ou suspicion. On ne fera pas la même chose, et on ne vous condamnera pas à subir la même chose non plus. Ce n'est pas notre histoire, on n'en parlera pas sans votre permission." rassura Rosemarie.
"Bon." dit Abelforth, clairement satisfait de ce qu'il venait d'entendre. "Réveille ton amie, et ensuite rejoignez moi à l'intérieur. J'ai peut-être une idée concernant vos problèmes d'identités, si elle est bien de la lignée que je pense."
Ayant dit ce qu'il avait à dire, Abelforth se releva et rentra chez lui, Marie le regarda surprise, ainsi que curieuse, elle hésita à obéir. Elle ne voulait plus suivre les ordres des Dumbledore, mais il était différent, elle le sentait et puis Neville lui faisait confiance. En plus ce n'est pas comme s'ils avaient beaucoup d'autre options, elle n'était pas obligée de faire ce qu'il voulait de toute façon, elle pouvait simplement l'écouter. Il les avait soigné et mis à l'abri, l'écouter en retour n'était pas grand chose.
Baissant son regard, elle observa le visage de Luna dont les traits étaient tirés par la fatigue, elle n'aimait pas ça, sa petite sœur avait besoin de repos. Néanmoins ils avaient besoin d'un plan, elle n'aimait pas l'incertitude qu'elle traversait présentement. Ils n'étaient pas pressés mais mieux valait avoir une idée de ce qu'ils allaient faire, ça aiderait tout le monde sans aucun doute. Le problème n'allait pas disparaître parce qu'ils choisissaient de faire l'autruche. Marie réveilla donc à contrecoeur Luna, s'en voulant horriblement tout en le faisant, elle expliqua ensuite ce qu'Abelforth venait de dire et il n'en fallut pas plus pour intriguer Luna.
Si elles avaient bien une chose en commun, c'était la curiosité.
"Quel est le nom de famille de ta mère, blondie ?" demanda Abelforth une fois qu'ils furent tous réunis dans la pièce principale de son appartement.
"C'est Sayre, mais pourquoi ?" demanda Luna, qui ne comprenait vraiment pas où il voulait en venir avec cette question.
"Ta grand-mère, Artémis, c'est une très bonne amie ainsi qu'une femme brillante." répondit Abelforth. "C'est d'elle que tu tiens ton don. Tu es douée pour savoir ce qui va se produire ou pour avoir une vague idée du futur pas vrai ?"
Il n'en fallait pas plus pour qu'ils deviennent méfiants, le don de Luna était un secret bien gardé par leur groupe, c'était vital pour la jolie blonde. Cela garantissait sa sécurité, ceux qui pouvaient lire l'avenir étaient des gens rares et précieux. Voldy et Dumbledore auraient cherché à contrôler Luna, ils en étaient tous certains. Ce n'était pas que les chefs des deux camps d'ailleurs, n'importe qui donnerait volontiers un membre pour posséder une véritable voyante, surtout une avec le pouvoir de Luna.
Certes elle ne contrôlait pas encore bien son don, et elle n'arrivait pas toujours à expliquer ce qu'elle avait vu, mais elle y voyait bien plus clair que les autres spécialisés dans la divination et les prophéties. Ses visions pouvaient être vues comme une arme, et la simple idée pouvait rendre les autres malades. Ils avaient fait des recherches sur les risques concernant les voyants et c'était plus qu'un peu effrayant. Le pire pouvait être divisé en deux catégories. La première ce que les autres pouvaient faire au voyant afin d'obtenir ce qu'ils voulaient. Et la seconde, les conséquences pour le voyant d'avoir un tel pouvoir.
Certains avaient perdu la raison dû à leurs visions.
"Détendez-vous, je ne suis pas Albus. Je n'ai aucun intérêt pour les manipulations et tout le reste. Je préfère la franchise et de loin. En plus je n'ai aucun intérêt pour le futur, à mes yeux on ne peut pas le prévoir, parce que tout le monde a la possibilité de le changer." dit calmement Abelforth, levant les mains d'une manière non menaçante.
"Là dessus on est d'accord." acquiesça Hermione.
La brune n'avait jamais dissimulé son dédain pour la divination, même lorsque ça aurait été plus simple, comme dans le dortoir des filles. Après tout Lavande et Parvati adoraient le sujet et Marie aurait apprécié ne pas avoir ce champ de mine en plus des autres. Quoique Marie ne pouvait blâmer Hermione, son opinion sur la divination et les prophéties... Ce n'était pas une bonne idée d'aborder le sujet avec elle, mieux valait s'arrêter là. Elle n'avait aucune envie d'être vulgaire pour le moment.
"Pourquoi la grand-mère de Luna nous aiderait ?" demanda Ron, voulant revenir sur le sujet de base.
Il n'avait guère confiance en Abelforth, mais pour le moment ils manquaient de possibilité, et puis le stratège du groupe voulait en savoir plus afin de commencer à établir un plan afin qu'ils puissent tous survivre et ce sans trop attirer l'intérêt des mauvaises personnes. Il avait envie de retourner dans son temps, pas la peine de le dissimuler, mais là ça ne semblait pas être possible. Les seuls qui avaient peut-être une idée, il était très peu probable qu'ils le fassent. Il pensait aux Langues-de-Plomb. Le Département des Mystères avait une certaine réputation et il n'avait aucune envie de la tester.
L'expérimentation humaine, particulièrement sur lui, ça ne le tentait pas le moins du monde.
Donc Abelforth, oui il ne lui faisait pas vraiment confiance mais si l'homme avait le début d'une idée et bien c'était déjà plus que ce qu'ils avaient pour le moment. Quoiqu'il ne voyait pas le rapport avec la grand-mère de Luna. Était-elle vraiment sa grand-mère si Luna n'était pas encore née dans ce temps ?
Il devait y avoir une solution, pour rentrer chez eux, mais aussi pour vivre dans ce temps. C'était sa faute s'ils en étaient là, alors il devait réparer. La dernière fois qu'il avait du réparer une de ses erreurs, sa meilleure amie avait manqué de mourir, étranglée par ce maudit médaillon dans ce lac glacé. Il espérait vraiment que les choses n'arriveraient pas à ce niveau.
"On ne peut pas dire la vérité comme ça, c'est bien trop risqué." pointa Neville, son oncle travaillait dans le département des Mystères, alors non, il était hors de question de les alerter.
"Artémis Sayre n'est pas du genre à parler au gouvernement ou à se plier aux règles, ou plutôt à des règles autre que les siennes. Elle sentira la magie qui vous entoure, et elle reconnaîtra le lien avec toi, blondie. Il n'y a rien de plus important pour Artémis que sa famille. Au mieux, elle acceptera de nous aider, au pire... Et bien elle dira non, mais elle ne nous dénoncera pas pour autant." expliqua Abelforth. "Par contre, autant vous prévenir, elle ne porte pas Xenophilius Lovegood dans son cœur, elle était contre le mariage et de ce que je sais, ça n'a pas changé depuis le mariage. Bien au contraire, vu que le couple n'a même pas cherché à obtenir sa bénédiction. Artémis n'est pas une femme très commode, mais c'est votre meilleure chance pour établir de nouvelles identités. Ou en tout cas c'est un début."
"Luna, tu en penses quoi ?" demanda doucement Rosemarie.
Luna refusait toujours de la lâcher, et apparemment la présence de Neville aidait un peu vu qu'elle tenait la main du brun de l'autre côté. Si ça pouvait la tranquilliser, et bien ça convenait très bien à Rosemarie, visiblement la même chose pouvait être dite pour leur ami. Neville avait toujours été un protecteur, ça avait simplement été plus ou moins visibles au fil des ans et des occasions.
"Je ne l'ai pas connu. Elle est morte quand j'étais enfant, mais si elle peut nous aider à obtenir des identités, alors d'accord. Mais je refuse de la rencontrer seule." dit fermement Luna.
"Ce n'est pas comme si on avait une meilleure idée." soupira Neville, il connaissait le Abelforth de leur temps et à cet Abelforth il avait confiance, pour le barman en face de lui, il était plus hésitant. Cependant il pensait le connaître, les gens changeaient bien sûr, mais l'homme avait toujours été brutalement franc, il ne pensait pas que c'était différent, même plus de vingt ans dans le passé.
"Pas faux." acquiesça Hermione.
"Si elle ne nous dénonce pas après, alors la voir ne fera probablement pas de mal." ajouta Ron.
"Il serait possible de la rencontrer ?" demanda Rosemarie après que ses amis aient donné leur opinion, ils avaient simplement voté de manière non officielle.
"Je vais m'arranger." acquiesça Abelforth en les laissant seuls.
"Vous croyez qu'on a bien fait ?" demanda Hermione dès que l'homme fut parti.
"On verra bien, de toute façon on va avoir besoin d'aide si on veut avoir des identités dans ce monde et ne pas trop attirer l'attention." soupira Rosemarie. "La grand-mère de Luna est peut-être le moyen d'y arriver, peut-être pas, mais on sera bientôt fixé. D'une manière ou d'une autre. Nous sommes dans le passé et on doit l'accepter et nous adapter."
"Vous savez ce que ça veut dire pas vrai ? On est à nouveau dans un monde en guerre." pointa Neville.
"Oui, mais nos chances sont meilleures ce coup-ci." contra Rosemarie essayant de rester optimiste. "Combien de né-moldu ont été tué ou emprisonné dans notre temps ? On aurait gagné mais à quel prix ? Là, la guerre fait rage c'est un fait mais Voldy n'est pas en contrôle du Ministère, et s'il m'insupporte beaucoup, Albus Dumbledore est toujours vivant. Il représente une menace pour Jedusor et tant qu'il vit, Face-de-Serpent se tiendra loin de Poudlard."
"Donc quoi, tu vois ça comme une nouvelle chance ?" demanda Ron incertain.
"Oui." acquiesça Rosemarie. "C'est soit ça, soit une crise de larme et de rage. Ça n'aiderait pas vraiment."
"Elle a raison, dans notre temps il y avait tellement a réparé, pour pleins de raisons en plus. Pour la période après sa chute, pour la période de son retour, pour la période de son règne de terreur. Ici on n'aura pas à changer tout ça." pointa Luna, de manière normale, ce qui était un peu étrange pour eux.
"Sans compter tous les morts qu'il y a eu." commenta Ron, ses poings se serrant à la pensée du corps sans vie de Fred. "Notre société a vraiment diminué à cause de Jedusor."
"Donc c'est notre seconde chance." acquiesça Hermione.
"Oui, un nouveau départ, même si on va probablement devoir se battre un peu. Que la lutte va surement continuer." dit Neville. "Mais une seconde chance quand même."
"On reprend l'aventure alors." dit Luna.
"Pour le meilleur et pour le pire, l'aventure continue." conclut Marie.