
Où John jubile et où Sherlock admet avoir eu tort.
Le réveil sonna bruyamment, sortant John de son sommeil. Ouvrant un œil, il tomba sur le torse dénudé de Sherlock qui lisait. Curieux il regarda le titre du livre et sourit en voyant que c’était le livre offert la veille par Marco.
- Tu t'intéresses à la magie toi ? plaisanta-t-il.
- Je n’avais rien à faire en attendant que tu te réveilles, répondit Sherlock.
John rit, et se leva non sans avoir embrasser son compagnon avant. Ce dernier l’accusa de mièvrerie ce qui le fit rire d’autant plus.
Comme tous les matins, ils se préparèrent et déjeunèrent, tout en discutant de choses diverses et variées. Mais alors que Sherlock se saisissait du calendrier, John l’arrêta.
- Attends, je reviens.
Puis John quitta l’appartement, dévala les marches et frappa chez leur logeuse : Mrs Hudson.
- Oh John, comment allez-vous ? s’enquit la sexagénaire déjà pomponnée.
- Parfaitement bien, répondit poliment John. Vous vous souvenez de cette histoire de calendrier ?
- Et des aventures rocambolesques qu’il vous fait vivre ? Bien sûr ! Me croyez vous déjà sénile ? plaisanta Mrs Hudson.
- Pas du tout, rit John. Que diriez vous de nous accompagner aujourd’hui ?
Mrs Hudson accepta immédiatement la proposition et accompagna John jusqu’à l’appartement où Sherlock attendait toujours.
- Mrs Hudson vient avec nous aujourd’hui, l’informa John en entrant dans la cuisine.
- Voilà une excellente idée, soupira-t-il. Mrs Hudson, John vous a-t-il prévenu que cela pouvait être dangereux ?
- Allons, allons Sherlock, avec vous, je sais que rien n’est sans risque, répliqua la logeuse.
John sourit largement à Sherlock et lui saisit la main, puis celle de Mrs Hudson qui le regarda surprise.
- Mesure de précaution pour ne pas être séparés durant le voyage, expliqua John.
Mrs Hudson ne répondit pas mais se saisit de la main tendue de Sherlock qui ouvrit la case numéro vingt-trois et en sortit le chocolat en forme de sapin. Le tourbillon se déclencha et emporta avec lui les trois londoniens.
Ils atterrirent dans un hall tout en pierre, bordés de colonnes aux têtes sculptées et à la hauteur de plafond impressionnante. Derrière eux deux immenses portes en bois devaient permettre d’aller à l’extérieur. En face d’eux se trouvait un escalier en pierre menant vers une sorte de terrasse où s’ouvrait deux autres grandes portes en bois sculptés. D’autres portes et d’autres ouvertures étaient visibles, menant vers des couloirs éclairés par des torches comme le hall.
- Où sommes nous ? demanda Mrs Hudson. On dirait un château.
- C’est un château effectivement, dit une voix de femme attirant leurs attentions sur le côté du hall. La véritable question est de savoir qui vous êtes et comment vous êtes arrivés ici.
Cette dernière semblait âgée, portait une longue robe en velours noir bordé de vert, et surtout un chapeau pointu aux larges bords.
- Bonjour Madame, répondit John en s’inclinant légèrement. Nous nous excusons pour notre intrusion. Je suis John Watson, et voici mon compagnon, Sherlock Holmes et notre amie Mrs Hudson. Nous venons de Londres et sommes arrivés ici... par magie.
Sherlock émit son habituel désapprobation, mais John n’en tint pas compte.
- Par magie ? s’étonna la femme. L’un de vous est-il sorcier ?
- Euh... Non, pas du tout, avoua John surpris. C’est un calendrier que j’ai acheté qui nous transporte d’un monde à l’autre.
La femme s’approcha, les sourcils froncés, semblant réfléchir. Le bruit assourdissant de milliers de pieds tapant le sol se fit soudainement entendre et la femme les enjoignit à la suivre.
- Venez dans mon bureau nous serons plus à l’aise pour discuter de tout ceci. Je suis le professeur McGonagall, et vous êtes ici dans le château de Poudlard, l’école de sorcellerie du Royaume-Uni.
- Une école de sorcellerie ? s’exclama Mrs Hudson. Vous êtes une sorcière ! Oh comme c’est excitant !
- Je suis une sorcière effectivement, sourit McGonagall.
- Et qu’enseignez vous ? s’enquit Sherlock.
- La métamorphose, répondit la professeure. J’apprend aux élèves à transformer des objets en d’autres, et pour les plus doués d’entre eux je leur apprend à se transformer en animal.
John écouta avec attention les explications de la sorcière, jubilant intérieurement devant toutes les preuves de l’existence de la magie qui s’étalaient sous ses yeux, et donc ceux de Sherlock. Aux murs les personnages des tableaux s’agitaient sur leur passage, chuchotant entre eux et passant même d’un tableau à l’autre. Les escaliers qu’ils empruntèrent bougeaient seuls et visiblement n’en faisaient qu’à leurs têtes selon McGonagall.
Ils arrivèrent finalement au bureau de l’enseignante et John raconta comment et où il avait acheté le calendrier, son fonctionnement et leurs diverses mésaventures. McGonagall l’écouta attentivement, posant de temps à autres une question pour éclaircir un point ou un autre, mais ne remit à aucun moment en doute la véracité des dires du médecin. Puis ce fut à son tour de leur expliquer ce qu’était Poudlard, et comment les sorciers vivaient cachés du monde non-sorcier, alias moldu, depuis des siècles.
- La magie peut parfois être capricieuse, et j’ignore comment et pourquoi ce calendrier, sans le moindre doute possible enchanté, est arrivé dans le monde moldu et dans vos mains Mr Watson, finit-elle par dire. Mais la magie ne fait jamais rien par hasard, et j’imagine qu’il y a un but derrière tout ça. Le seul problème que j’ai à l’heure actuelle est de savoir si vous pouvez garder pour vous tout ce que vous verrez dans ces murs le temps de votre présence. Dois-je vous garder confinés ou puis-je vous laisser déambuler à votre guise dans ce château ?
John sourit d’un air qu’il voulut rassurant à l’enseignante et lui assura qu’ils garderaient le secret jalousement et qu’elle n’avait rien à craindre d’eux.
- Le gouvernement anglais est-il informé de votre existence ? s’enquit soudainement Sherlock.
- Tout à fait, répondit l’enseignante. Le premier ministre moldu est informé de notre existence, mais n’a que très peu de lien avec le gouvernement magique. Je suppose qu’ils ont une unité spéciale chargée des relations avec les sorciers... mais j’avoue que j’ignore beaucoup de choses sur le fonctionnement des relations inter-gouvernementales.
Sherlock se laissa tomber au fond de son siège et grogna :
- Je suis sûr que Mycroft est au courant ! Evidemment !
- Mycroft croire à la magie ? ironisa John très amusé. Vraiment ? J’ai du mal à y croire.
Le détective le fusilla du regard avant de rétorquer, agacé :
- Tu veux me l’entendre dire n’est-ce pas ?
Le sourire de John s’agrandit et il hocha de la tête, jubilant intérieurement.
- D’accord, d’accord, soupira Sherlock. J’ai eu tort ! La magie existe ! Tu es content ?
- Tu n’imagines pas à quel point, s'esclaffa John. Et si cela peut te rassurer, Mycroft connait peut-être l’existence de la magie, mais il n’a sûrement jamais vu tout ce que tu as vu depuis le début du mois.
Étrangement les propos de John ragaillardirent Sherlock qui se leva d’un bond et demanda à Miss McGonagall l’autorisation d’explorer l’école. Celle-ci la lui accorda, et le détective quitta le bureau, John et Mrs Hudson le suivant non sans avoir remercier l’enseignante. Ils arpentèrent les couloirs de l’école, Sherlock examinant attentivement chaque objet pour en découvrir les propriétés magiques.
John souriait béatement, amusé par le comportement du détective. La voix de Mrs Hudson le sortit de ses pensées et il se retourna. L’honorable dame était devant un tableau et discutait avec son occupant. S’approchant à pas de loup, John se mordit les lèvres pour ne pas rire. Dans le tableau, un chevalier en armure, debout près de son cheval, se fendait de courbettes et de compliments étranges.
- Gente Dame, nulle ne peut égaler votre beauté resplendissante. Me feriez vous l’honneur infini d’accepter cette modeste offrande ? lui dit-il en lui tendant un bouquet de fleurs disproportionné par rapport à sa taille.
- Oh, quel gentleman vous faites, minauda Mrs Hudson. Et quel joli bouquet vous avez là !
- Dis donc voleur ! S’exclama une jeune fille en entrant dans le tableau. Rends moi mon bouquet !
Une dispute s’en suivit entre le chevalier et la demoiselle, et John profita de l’instant pour entraîner Mrs Hudson loin de son preux chevalier.
- Nous devons suivre Sherlock, Mrs Hudson, il serait dommage que nous nous perdions et que nous ne rentrions pas ensemble, dit-il.
- Oh John ! C’est tellement excitant ! Ces tableaux sont fabuleux ! s’extasia la logeuse.
A peine eut-elle finit sa phrase qu’un cri résonna dans le couloir. Reconnaissant la voix du détective, John piqua un sprint, Mrs Hudson sur ses talons. Quelques mètres plus loin, ils trouvèrent Sherlock suspendu la tête en bas, les pieds dans les mains d’une statue de centaure.
- Fais moi descendre ! tonna le détective.
Mrs Hudson posa sa main sur sa bouche, étouffant ainsi son cri de surprise. John soupira lourdement et grogna :
- Mais qu’est-ce que tu as encore fait !
- Je regardais cette statue et d’un coup elle m’a attrapé, expliqua Sherlock.
- Tu as dit que j’étais le fruit d’une relation zoophile ! s’insurgea la statue.
- Probablement, précisa Sherlock, j’ai dit probablement !
John se pinça le nez, conscient que le détective venait d’insulter la statue et la créature qu’elle représentait. Il souffla longuement et s’approcha du duo pour essayer, une fois encore, de sortir son intenable compagnon d’un mauvais pas.
- Monsieur, je comprends votre colère, commença-t-il. Et je vous demande de l’excuser. Il est totalement ignorant des créatures magiques qui peuvent exister dans ce monde et donc ignore tout des centaures.
Le centaure tourna la tête vers lui, signifiant ainsi qu’il avait toute son attention. John s’en contenta et continua son entreprise “sauvons les fesses de Sherlock”.
- J’ignore moi même beaucoup de choses sur votre monde et votre espèce, mais je sais avec certitude que vous n’êtes en rien le fruit d’une relation zoophile. De même je crois savoir que les centaures sont particulièrement intelligents. L’homme que vous tenez actuellement est mon ami, et même s’il peut être parfois particulièrement insultant, il est surtout extrêmement intelligent. Je vous supplie de lui pardonner son offense et de le reposer.
La statue sembla hésiter un peu, puis elle lâcha Sherlock qui tomba comme une masse et sans aucune grâce au sol. John remercia le centaure et se précipita vers son détective pour s’assurer qu’il allait bien. Celui-ci se redressa en grommelant et il aurait sûrement insulté une fois de plus la créature en pierre si John ne l’en avait pas empêché. Le médecin l’entraîna loin de la statue, Mrs Hudson suivant non sans s’être extasiée sur la beauté du centaure.
- Vous devez être Messieurs Holmes, Watson et Mrs Hudson, les interpella une voix froide.
- Oui, tout à fait, répondit John en se retournant pour faire face à un homme tout vêtu de noir et aux airs austères.
- Je suis le Professeur Rogue, se présenta ce dernier. Vous devriez être prudents avec les statues, certaines sont très susceptibles.
- Vraiment ? Ironisa Sherlock. Nous n’avions pas remarqué !
Mrs Hudson se rapprocha de l’homme en souriant et lui tendant la main elle entreprit de faire la conversation.
- Je suis Mrs Hudson, ravie de vous rencontrer. Ne vous inquiétez pas pour ces deux garçons, ils sont un peu turbulents mais ils ne sont pas mal intentionnés. Vous enseignez dans cette merveilleuse école ! Quelle chance vous avez !
- Chance est un bien grand mot, soupira le Professeur Rogue. Si vous le souhaitez je peux vous faire une visite guidée, j’ai un peu de temps libre.
- Oh ! J’en serai ravie ! S’exclama Mrs Hudson en prenant le bras que lui tendit poliment l’enseignant. Les garçons ! Suivez nous et surtout ne faites pas de bêtises !
N’ayant d’autre choix, John emboîta le pas au drôle de couple, Sherlock suivant le mouvement non sans râler un peu. Cependant la mauvaise humeur du détective s’évapora bien vite devant les explications et les anecdotes du professeur. Mrs Hudson s’extasiait à chaque découverte, et posait de nombreuses questions. Questions que Sherlock jugea rapidement sans intérêt et il se mêla à la conversation, submergeant Rogue d’interrogations auxquelles celui-ci répondit avec précision, ravissant le détective.
John écouta la conversation avec délectation, notant que Sherlock cherchait à comprendre le fonctionnement de la magie. Le nez en l’air John admira l’architecture des lieux, il profita de la magnifique vue sur le parc arboré et enneigé. Il sourit en voyant les décorations de Noël qui chantaient des chants de Noël et lançaient des confettis en formes de flocons de neige.
Il admirait une étoile doré qui chantait en se tortillant quand une main fine passa sous son nez et décrocha l’étoile. Surpris il tourna la tête et tomba sur la Professeur McGonagall.
- Tenez, dit-elle en lui tendant la décoration. Cela vous fera un souvenir.
- Oh merci, c’est très aimable à vous, la remercia John en se saisissant du présent. La magie est vraiment extraordinaire.
McGonagall sourit en lui répondant que la magie pouvait être extraordinaire, mais que mal utilisée elle pouvait être effrayante.
- J’imagine oui, approuva John. Et les hommes sont très doués pour transformer des choses extraordinaires en horreur.
La sorcière éclata de rire, attirant l’attention des trois autres sur eux.
- Oh ! Oh ! Oh ! Départ pour le Pays Imaginaire dans 10...
- Qu’est-ce donc ? s’enquit Rogue.
- Le signe du départ pour nous, expliqua Sherlock. Merci pour cette visite Professeur Rogue, ce fut très instructif.
- 9...
- Mais comment allons nous repartir ? demanda Mrs Hudson.
- Comme nous sommes venu, plaisanta John. Par magie.
- 8...
- Je suis curieuse de voir cette magie à l’oeuvre, intervint McGonagall.
- Peut-être pourrions nous comprendre de quelle sortilège il s’agit, approuva Rogue.
- 7...
- En tout cas ce fut un plaisir de vous rencontrer Mr Rogue, dit Mrs Hudson en s’approchant du Professeur.
Celui-ci lui tendit la main, mais la logeuse décréta qu’entre amis on ne se serrait pas la main et l’enlaça directement.
- 6...
Le sourire sur le visage de McGonagall en appris autant sur l’aversion de Rogue pour ce genre de démonstration que la légère grimace qu’il fit. Ce qui amusa beaucoup John.
- 5...
- Quel dommage que nous devions partir si tôt, se plaignit la logeuse. J’aurai beaucoup aimé visité d’autres lieux.
- Si l’occasion se présente, nous reviendrons, promis John à Mrs Hudson.
- 4...
- Nous vous remercions pour votre accueil, dit Sherlock en saluant McGonagall. Ce fut très instructif.
- Ce fut un vrai plaisir, lui répondit la sorcière en souriant.
- 3...
- Je suis sûr que Mycroft n’en sait pas autant, souffla Sherlock à John.
- C’est certain, lui assura John sans pour autant pouvoir le jurer.
- 2...
- Au fait, Monsieur Rogue, vous ne m’avez pas dit ce que vous enseignez ? se souvient soudainement Mrs Hudson.
- Les potions, répondit le Professeur.
- 1...
Le tourbillon se déclencha et John eut juste le temps d’attraper la main de Sherlock qui sautait déjà sur Rogue pour en savoir plus. Le retour se fit dans l’agitation du détective, frustré de ne pas avoir pu discuter potions avec un maître dans ce domaine, les potions se rapprochant beaucoup de la chimie tant aimé de Sherlock.
Mrs Hudson et John laissèrent Sherlock s’agiter tout seul, et le médecin offrit une tasse de thé à leur logeuse qui accepta avec plaisir. Tout deux discutèrent de leur aventure du jour, puis des préparatifs pour la soirée du lendemain, pendant que Sherlock évacuait sa frustration en discutant avec Charles-Xavier.
A suivre...