Square 1

Les cauchemars ont une façon particulière de nous faire perdre la tête. Dans le cas d'un rêve, nous avons, avec de l'entraînement et de la volonté, tous la possibilité d'en sortir ou de le contrôler. Nos pires cauchemars nous prives de toutes ces possibilités en nous retirant tout temps de réflexion. Nos sens sont si en alerte de la menace qui nous entoure, la peur qui nous submerge, qu'ils n'arrivent pas à savoir la différence entre le rêve et la réalité à cet instant. 

Alors on agonise, lentement et sûrement, jusqu'à ce que notre cerveau nous tire de notre cauchemar. On n'a aucune issue, on se noie. 

Il y a quelque chose de paradoxale avec la noyade: notre corps s'affaiblit de plus en plus, notre corps nous lâche, mais pourtant notre dernier réflexe jusqu'au bout est de garder notre respiration. A quoi bon ? L'agonie se prolonge simplement pour nous laisser souffrir plus longtemps. Peut-être est-ce parce que notre inconscient croit que l'on peut être sauvé. Peut-être que les hommes sont juste des êtres torturés jusqu'à la moelle et que leur esprit ne daigne même pas leur offrir une mort paisible. 

Hope agonisait. Elle voulait désespérément ouvrir la bouche et se noyer mais son esprit s'acharnait à la laisser en vie. Mourir n'était pas si horrible après tout, sa mère, son père et son oncle, la meute, l'attendait dans le Bayou où elle avait été élevé. Peut-être était-ce la promesse faite à sa mère de vivre un vie remplie qui la retenait. Où était-ce réduire le sacrifice à néant de son père qui la hantait. 

Hope s'accrochait. 

La vérité était que son corps souffrait indéniablement, mais la seule vraie menace était dans sa tête. Une fois le poison évacué de ses veines, il ne faisait aucun doute que son corps se remettrait de cette dure épreuve. Quant à son esprit...

Il est dur d'imaginer qu'est-ce qui pourrait briser Hope Mikaelson lorsque l'on connaît les épreuves que la jeune fille a traversé depuis sa naissance. Elle n'en reste cependant pas moins qu'une adolescente dont les parents aimants ont tout fait pour la préserver de l'horreur de la vraie vie. Sans le savoir, Clark lui avait volé la seule once d'innocence face à la mort qui lui restait. 

Ses parents sont mort pour elle, elle avait retrouvé le corps de Landon. Mais jamais, au grand jamais n'avait-elle vu quelqu'un qu'elle aime mourir sous ses yeux d'une telle violence. 

Les cauchemars de Hope étaient bien variés mais ils exploraient quelque chose qu'elle ne s'était pas encore rendu compte jusque là. Sa plus grande peur n'était plus exactement la solitude, elle était de perdre ceux qu'elle aimait. 

Son monde privilégié à Poudlard avait enfin été souillé par le Malivore malgré elle. Les images des corps s'empilant devant elle l'horrifiait. Sur son passage, les cheveux roux, maintenant teintés de sang, semblaient se répéter à l'infinie. 

Sa douleur et la terreur qui l'envahissait pendant des heures n'avait pas de mots approprié pour la jeune fille. Il était dingue d'imaginer comment notre propre cerveau pouvait se servir de nos peurs d'une manière si sadique. Fred et George remplissaient ses pensées à chaque secondes. Les cris et les pleurs de la famille Weasley résonnaient sourdement dans sa tête en voyant les cadavres des jumeaux mourir encore et encore. 

Et à chaque fois, malgré tout les efforts possibles et imaginables...

Hope arrivait toujours trop tard. 

*****

"Dite moi qu'elle va se réveiller," Alaric supplia l'infirmière de Poudlard, Mrs Pomfrey.

Le Professeur Saltzman et Dumbledore attendaient patiemment dans le bureau du proviseur de l'école Salvatore le verdict de la professionnelle. En découvrant que l'état de Hope dépassait le champs d'expertise d'Emma, Alaric s'était sans hésitation tourné vers la seule aide immédiatement à sa portée. Ceux-ci avaient répondu présent en entendant la nouvelle inquiétante. 

Clark avait mis peu de temps à donner les réponses aux questions que tout le monde se posaient. Il avait lui même subtilisé la seringue à l'un des monstres qu'il avait consommé dans sa quête de survie, celle-ci aurait en partie contenue une partie de la boue du Malivore.

"Sa vie n'est plus en danger, son sang rejette activement le 'Malivore' comme vous l'avez appelé. Ce qui m'inquiète plus, c'est que elle n'a aucune réaction cognitive." Expliqua l'infirmière d'un ton grave. 

Hope ne lui était pas inconnue, en particulier pour l'avoir vu accompagner à plusieurs reprises les jumeaux Weasley après une bagarre. 

"J'ai peut-être une solution pour voir cela." Déclara Alaric en se levant. 

Il alla chercher dans la salle commune MG, le vampire en qui il avait le plus confiance, pour l'aider avec ses pouvoirs. Le nouveau proviseur de l'école Salvatore ne pouvait pas cependant interdire à ses filles de venir, surtout en les voyant aussi inquiètes. Les trois adolescents le suivirent docilement jusqu'à la salle où Hope était allongée. Les chaînes anti-magie résidaient toujours autour de ses mains par précaution. Dans la pièce, les deux sorciers inconnus étaient déjà présent mais personne ne fit l'effort des présentation en vu de la situation, à l’exception de Lizzie qui reconnu Dumbledore de sa visite à Poudlard il y a déjà quelques mois. 

"MG, je vais devoir te demander de rentrer dans l'esprit de Hope. Son corps va bien mais d'après Mrs Pomfrey, on a aucune réaction venant de son cerveau." 

Le jeune vampire soupira mais hocha la tête. Une telle responsabilité le pesait même si il avait déjà réussi à rentrer dans l'esprit du Nécromencier auparavant. Légèrement tremblant, MG approcha ses doigts des tempes de Hope dont l'aspect avait à peine repris des couleurs. Une fois que leurs peau rentrèrent en contacte, un décharge électrique parcourut le brun qui du s'empêcher de tout abandonner.

L'abondance de sang fut le première chose qu'il aperçut. L'image le rendit nauséeux, mais le pire arriva quand il trouva Hope dans son champs de vision. La tribride était agenouillée dans une flaque de sang, les cadavres de deux jeunes garçons identiques sur ses genoux. Cette dernière hurlait de douleur. Le cœur de son ami se déchira devant cette vision cauchemardesque, le sortant immédiatement de la tête de Hope sans le vouloir. 

Il trébucha sur ses propres pieds en s'éloignant le plus vite possible de la jeune fille pour reprendre son souffle. Le peu de temps passé dans sa tête lui avait coupé le souffle et il prenait une goulée d'air frais comme si il avait passé plusieurs minutes en apnée. 

Lizzie et Josie s'élancèrent vers lui pour l'aider à se redresser. 

"C'était horrible..." Balbutia MG. "Il y avait tellement de sang..." 

Avant que les adultes ne puissent réagir, une nouvelle respiration bruyante se fit entendre dans la salle. Tous se figèrent en voyant le corps de Hope recommencer à convulser, des gémissements de douleurs lui échappait. 

"Arrêtez, non... Non !" S'écriait-elle, semi-consciente. 

MG et Alaric furent les premiers à la retenir pour éviter quelle ne se fasse du mal en s'agitant. Mrs Pomfrey tenta de la réveiller sans succès, pendant que Dumbledore observait la situation d'un oeil critique. Finalement, il s'approcha de la figure de la sorcière pour pousser légèrement MG et prendre sa place. 

"Milton, retournez dans sa tête. Votre première intrusion a dû lui provoquer un électrochoc pour commencer à sortir de son état." Ordonna le directeur de Poudlard d'un ton grave. 

Incertain, le jeune vampire se retourna vers son propre directeur avant de s'exécuter. Le Professeur Saltzman lui indiqua d'écouter son aîné rapidement. Le même schéma se répéta un fois dans l'esprit de Hope, à la seule exception que MG se força à rester pour la trouver. Hope n'était plus en train de pleurer les cadavres à ses pieds mais de hurler au monde de s'arrêter autour d'elle, les yeux fermés et les mains bouchant ses oreilles dans une tentative veine de couper le chaos.

MG accourut vers elle et l'entoura dans ses bras dans l'espoir de la faire réagir. 

"C'est juste un cauchemar Hope ! Tu dois sortir ! Rien n'est réel !" S'écria-t-il en essayant de couvrir le brouhaha de cris. 

Les pleurs de Hope se tarirent lentement et elle s'accrocha à son ami comme une bouée de secours. 

"Sors moi d'ici, je t'en pris..." Murmura-t-elle d'une voix fatiguée et rocailleuse. 

Du côté de l'école Salvatore, les cris de la dernière des Mikaelson s'étaient amplifiés. Les deux adultes la retenaient difficilement jusqu'à ce que son corps se redresse subitement. 

Les cris se stoppèrent abruptement au même moment qu'Hope ouvrit ses yeux pour découvrir l'établissement et les visages familiers qui l'entouraient. Son cerveau mis quelques secondes à s'adapter à son environnement. Tout était confus dans la tête de l'adolescente qui passait d'un champ de bataille à la réalité en un claquement de doigts. Personne n'osait l'approcher par peur de sa réaction. 

Hope était perdue, mais sa mémoire marchait encore à plein régime et ne tarda pas à faire resurgir les images qui avaient été forcé devant-elle pendant des heures. Les larmes s'écoulèrent sans bruit, sous le choque qu'elle vivait encore. 

"Est-ce... Où sont Fred et George ? S'il... Dumbledore, dites moi qu'ils vont bien..." Bégayait-elle difficilement.

Sa voix ne lui permettait de forcer dessus et chaque son lui irritait la gorge mais la panique qui la submergeait une nouvelle était plus forte. 

Le grand sorcier s'approcha d'elle pour mettre fin à ses questions incessantes. 

"Les Weasley sont retournés hier soir à Poudlard et sont tous en sécurité, mademoiselle Mikaelson. Le professeur McGonagall y veille en mon absence." La rassura-t-il simplement en posant une main sur son épaule. "Voulez-vous parler de ce qui s'est passé ?"

Hope secoua violemment la tête, de nouveaux sanglots brisant son corps. Lizzie et Josie rejoignirent son chevet aussitôt dans un élan de solidarité féminine -c'est comme ça que le qualifierait sûrement la blonde pour couvrir sa réelle inquiétude-.  

Dumbledore et Mrs Pomfrey en profitèrent pour approcher Alaric.

"Je ne pense pas que nous soyons d'une quelconque utilité maintenant. Ce dont elle à besoin semble être un réel sommeil et d'être entouré des bonnes personnes."

"Merci pour tout Albus," répondit Alaric en les raccompagnant jusqu'à son bureau où sa cheminé était maintenant reliée à temps complet au réseau de cheminé sorcier. 

"Hope est l'une de mes précieuses élèves, il en va de mon devoir. N'hésitez pas à me contacter au besoin, en particulier si les cauchemars deviennent récurent à l'avenir, PomPom pourra sans problème lui fournir des potions de sommeil pour l'apaiser. Qu'elle prenne de temps nécessaire pour se remettre, même si je doute que ses amis soit très patient. Les jumeaux Weasley ont déjà commencé à faire des leurs en apprenant qu'elle n'était pas présente lors de la cérémonie de rentrée." Le ton faussement joyeux de Dumbledore masquait sa propre inquiétude pour la tribride qu'il commençait à particulièrement apprécier en la voyant évoluer autour de ses élèves tout au long de cette année. Il n'avait pas anticipé qu'elle s'intégrerait aussi bien avec les trio infernales de troisième et cinquième années mais cela l'incitait encore plus à vouloir la garder auprès d'eux pour les prochaines années de son éducation. 

L’infirmière de Poudlard fut la première à prendre de la poudre de cheminette pour voyager, sa présence était indispensable à l'école. Dumbledore resta encore un peu en sentant qu'Alaric avait quelque chose de plus à ajouter.

"Ces deux garçons, Fred et George, ils ont vraiment pris de l'importance pour Hope, pas vrai ?" 

"Bien plus que nous ne pouvons l'imaginer Alaric. Mr et Mr Weasley sont des garçons tenaces mais pas moins attachants. Ils traversent tout les trois une mauvaise période j'ai l'impression, je n'ai pourtant aucune inquiétude pour vous dire qu'ils se retrouveront rapidement et s'entraideront." Dit Dumbledore en s'apprêtant à imiter sa collègue. "Prévenez moi lorsqu'elle se sentira apte à revenir." 

"Je n'y manquerait pas Albus, merci encore de veiller sur elle quand je ne le peux pas."

Le sorcier s'évanouit dans une nuée de flammes vertes sur ces mots. Son bureau l'accueillit chaleureusement après les longues heures passées en Amérique. L'aube se levait doucement sur le château écossais et il prit le temps d'admirer simplement les lueurs du soleil de confondre en couleur pour donner le ciel bleu azur qui lui était si familier. Des toques à sa porte, accompagnés de l'entrée de Minerva, coupèrent sa contemplation matinale. 

"Elle va bien," commença-t-il avant même que la professeur de métamorphose ne puisse parler. "Mademoiselle Marshall a seulement besoin de repos. Comment s'est passé la journée d'hier ?"

La chef de la maison Gryffondor soupira en répondant. "Fred et George Weasley ont tenté de faire une grève de la faim tant que je ne leur donnerais pas d'information sur l'absence de Hope." 

Dumbledore émit un rire franc et s'assit à son bureau pour faire face à sa vieille amie. 

"Je n'en attendais pas moins d'eux." 

*****

Le sommeil était presque impossible à atteindre pour Hope, et les seuls moments où elle obtenait un peu de repos étaient rapidement coupés court par son cerveau qui la réveillait avant même qu'elle ne puisse réellement s'endormir. La peur de revivre ces images horrifiques de la même façon, impuissante, était bien trop présente. Qu'elle le veille ou non cependant, son corps finit par céder. 

Comme elle le craignait, malgré le repos que gagnait enfin son corps, il fut vite vécu car elle se réveilla en sanglots, secouée par un nouveau cauchemar. Il ne pouvait pas être pire que celui qu'elle avait initialement vécu maintenant que tout trace du Malivore avait quitté ses veines mais les images ne la quitteraient sûrement pas avant un long moment. 

Cela n'avait pas complètement empêché Hope de se reposer, à sa manière certes. Elle avait pu repeindre un peu dans la chambre qui lui était attribuée provisoirement et qui avait été nettoyé après sa crise. Ce temps avait aussi utilisé pour réfléchir à tête reposée. Étonnamment, certaine chose était plus claire pour elle après cette épreuve, en particulier sa volonté de ne pas vouloir perdre ses amis de Poudlard, en commençant par Fred et George.

Il était presque paradoxale de voir comment une fille qui haïssait le mensonge par dessus tout c'était abaissée à construire sa vie autour d'eux pour se protéger elle même d'une certaine manière. Hope reconnaissait que ce comportement ne jouait pas en sa faveur, il n'y jouait d'ailleurs jamais. Il ne tenait plus qu'à elle de faire son maximum pour faire les choses justement, mais avant ça, elle savait qu'elle devait s'affranchir d'un poids.

Le trajet jusqu'aux cachots de l'école n'avait plus de secret pour elle et quand Alaric la croisa, le regard sombre et déterminé de l'adolescente lui indiquait de ne pas s'en mêler. Le proviseur décida de lui faire confiance en échangeant un regard avec elle. Il savait aussi que parfois, vider son sac était nécessaire. 

Clark avait regagné son apparence grâce à sa bague pour le plus grand plaisir de Hope. Affronter même le clone physique de Landon n'était pas encore dans ses projets immédiat. L'homme se redressa lorsqu'elle rentra dans la pièce. Son expression était loin de celle manipulatrice et presque sadique de la dernière fois qu'ils s'étaient vus.

"Tu as l'air ravagé," commença-t-il en glissant sa pointe de sarcasme cruelle habituelle.

"J'ai littéralement dû affronter l'enfer dans ma propre tête par ta faute. Je te déteste tellement... Et pourtant j'ai pitié, parce que tu es juste un grand gamin utilisé par son père." Cracha Hope en s'asseyant sur la chaise qui traînait en face des barreaux. 

Contrairement à ce qu'elle imaginait, Clark ne s'offusqua pas de sa comparaison peu flatteuse. Son regard était même peiné lorsqu'il se posa sur la jeune fille devant lui. 

"Je pense que je suis jaloux de toi." Cela surpris Hope mais il continua. "Parce que tu es tout aussi cabossée que moi mais tes amis t'aiment quand même. Et j'ai toujours voulu que mon père fasse la même chose avec moi." Avoua-t-il sans honte. 

Le silence les enveloppa quelques secondes avant qu'il ne reprenne. 

"Je vais mourir d'ici quelques heures alors autant faire mon mea culpa. Je connaissais une partie du contenue de cette seringue mais pas ses effets. Tu es immunisée contre le Malivore alors... je pensais qu'elle te ralentirait juste. Ca ne retire pas le fait que j'ai tenté de t'avoir pour ma propre survie mais mon intention n'a jamais été de te torturer de cette manière. Je ne te déteste pas."

La jeune fille hocha simplement la tête et se leva. Avant de quitter les cachots, elle se retourna une dernière fois vers Clark. Malgré tout la haine que cet homme lui avait provoqué ces dernières heures, elle n'arrivait pas à le détester comme elle le prétendait, parce que tous ce qu'elle voyait au fond était une personne torturée par sa vie qui avait emprunté les mauvais choix. Et c'était exactement ce qu'elle aurait pu devenir si personne n'avait été là pour elle.

"S'il y a une chose que je ne souhaite pas à mon pire ennemi, c'est de vivre la même chose que moi. J'espère que ta mort sera paisible, Clark."

Les deux ennemis se quittèrent sur ces mots, leurs chemins se détachant enfin l'un de l'autre. Au fond, cette fin n'était pas parfaite, mais aucun d'eux ne trouvait quelque chose à changer à leur situation. La vie ne leur faisait jamais de cadeau, ce qu'ils voulaient, Hope et Clark ont toujours dû l'obtenir par leurs propres moyens, mais ils se relevaient toujours contre l'adversité. ils étaient des survivants: différents types mais venant d'une même souche. 

Hope ne pouvait pas le détester car cela reviendrait à se haïr elle-même. 

*****

La nuit s'était une nouvelle fois abattue sur Mystic Falls. Pour la première fois depuis des mois, la ville et ses habitants avaient la promesse d'une vie utopique, sans monstres. A la surprise de tous, quelqu'un sensé être parti revenait résolument sur ses pas. 

Pas pour une promesse de paix, mais dans une panique pure.

Landon Kirby avait reçu le message de Lizzie lui indiquant ce qu'il était arrivé à Hope après son départ. La culpabilité l'avait rongé depuis, même les retrouvailles de Raphael et son père lui étaient amères. Son choix de retourner à Mystic Falls n'avait pas été pris à la légère, Landon était déterminé de faire les choses bien et de récupérer enfin la fille qu'il aimait tant. 

Rompre officiellement avec Josie avait sûrement été le plus dur. Malgré ses sentiments pour Hope, il ne pouvait dénier que ces derniers mois avec la jolie sorcière l'avaient comblé d'une certaine manière. Il savait déjà que son attitude avait laissé bien des douleurs derrière lui et il ne pouvait maintenant rien y faire à part voir son ancienne petite amie s'effondrer une fois qu'il quitta définitivement sa chambre. 

Landon n'eut pas à chercher longtemps Hope. Celle-ci se tenait dans l'entrée de l'école, éclairée par les multiples guirlandes attachées au grand porche. La nuit était étonnamment éclairée par les étoiles, une vue qu'elle n'avait pas pris le temps d'observer depuis longtemps. Cela lui rappelait la première fois qu'elle était retournée à Mystic Falls pour au final continuer ses études à Poudlard une fois sa discussion avec Landon qui n'avait aucun souvenir d'elle. 

La voix de son ex petit ami la tira de sa contemplation brutalement. 

"Je pensais que partir était le bon choix mais... J'avais tord. Je suis revenu pour te le dire. C'est toi que j'aime Hope Mikaelson. Je t'aimais, je t'aimais alors que je ne me souvenais pas de toi. Et aujourd'hui je t'aime et il faut que tu le saches. Je t'aimais même quand j'étais mort. Je crois que je t'aimerais toute ma vie..." Lui déclara-t-il passionnément. 

Hope était scotchée par ses mots. Elle avait secrètement rêvé de les entendre depuis qu'elle était sortie du Malivore mais maintenant... Quelque chose sonnait faux pour elle.

"C'est le moment où tu dis que..."

"Je t'aime aussi..."

Aucun réel sentiment ne transparaissait dans ces trois mots et cela les figea tout les deux. Des larmes s'échappèrent des yeux de Hope en réalisant enfin la vérité qu'elle avait mise de côté pendant tant de temps. La violence de cette constatation la toucha de plein fouet. 

Elle ne pourrait jamais daigner avoir aimé Landon Kirby avec tout ce qu'elle avait, mais elle n'était plus amoureuse de lui. 

"Pourquoi ça sonne comme un 'mais' ? Hope, je t'en pris..." La supplia-t-il en voyant son visage se défaire. 

"Je ne peux pas..." Murmura-t-elle sans grande volonté. 

"Pourquoi ?" 

"Je ne sais pas... Je-"

"Ne me ment pas !" S'écria-t-il en riant nerveusement.

"Qu'est-ce que tu veux au juste !?" Répondit-elle sur le même ton. 

Landon la quitta des yeux quelques secondes pour se reprendre avant de lui faire face.

"Tu fuyais, avoue le. C'est ça que je veux entendre..."

Hope fit un pas en arrière pour se dégager de ses mains qui s'étaient placés sur ses épaules. Elle était stupéfaite de son accusation et sentait la colère monter bien plus vite qu'elle ne le voudrait.

"Parce que je te dois des explications maintenant ? C'est moi qui est tout sacrifié pour que tu sois en vie, pour que vous le soyez tous ! J'ai passé trois mois dans cette cage, seule avec ton frère. Je n'ai pas respiré pour toi pendant trois mois !" Cria-t-elle d'un ton accusateur. 

Landon ne semblait pas impacter par ses mots et portait la même expression déçue. 

"Tu sais qui ne fuirait pas ? Quelqu'un de capable de s'engager dans une vraie relation. Tu m'as laissé en sautant dans le Malivore ! Et quand tu es revenu, tu as préféré nous abandonner et partir à l'autre bout du monde !"

"J'essayais de survivre Landon ! Bordel..." La colère de Hope se mélangeait amèrement à ses larmes. Jamais elle n'avait pensée que avoir cette discussion avec Landon tournerait de cette façon. "Quand je suis revenue, tu as été la première personne que je voulais voir et quand je t'ai trouvé... Tu étais heureux, en train d'embrasser Josie devant la projection d'un film au vieux moulin. Et je me suis dis que même si ça me détruisait, je devais te laisser être heureux, même sans moi. Tu allais bien ! Et j'étais putain de seule ! J'ai été égoïste seulement parce que je voulais que tu continues de vivre une belle vie... Et tu veux me punir pour ça ?"

"C'était la mauvaise décision et tu le sais..."

"Bon sang j'ai tout sacrifié pour toi ! J'ai loupé pratiquement deux ans de la vie de Nik alors qu'il n'est qu'un bébé, j'ai perdu ma famille pendant un an. J'étais prête à perdre la vie pour toi. Et tout ce que tu trouves à dire c'est que j'avais tord ? Dis moi le vrai problème, est-ce que c'est d'avoir décidé de prendre les choses enfin en mains pour moi, pour faire ce dont j'avais besoin ou que ce dont j'avais besoin n'était pour une fois pas toi ?"

Landon se retrouva bouche-bée en entendant cela. Il n'était pas aussi bornée pour ne pas se rendre compte qu'il était en tord ici mais sa fierté était mal placé et mettait injustement sa propre douleur au dessus de tout. 

"Peut-être !" Explosa-t-il finalement. "Parce que moi j'avais besoin de toi ! Comment je suis sensée continuer sans toi ?"

Le visage de Hope s'était durcie au point de devenir froid envers lui malgré les larmes qui continuaient de couler.

"Tu t'es enfuis avec tout tes souvenirs. Tu aurais pu arranger les choses, me parler. Je t'ai laissé tout l'espace nécessaire et tu as fuis. Que tu le veilles ou non, c'est toi qui n'est pas prêt à t'engager parce que tu es terrifié. On a tout les deux survécus à tout ça... Mais pas ce qu'il y avait entre nous..." Avoua-t-elle en s'éloignant progressivement de lui.  

Après des mois de non dit, la vérité éclata enfin à la tête des deux adolescents. Hope savait déjà qu'ils étaient condamnés mais l'espoir de s'accrocher à l'amour qu'elle portait à Landon avait toujours prévalu. Il était temps qu'une nouvelle page se tourne. Hope approchait à peine ses seize ans et si elle pensait que la douleur n'avait plus de secret pour elle, elle n'en restait pas moins une jeune fille expérimentant sa première vraie rupture. 

Les mêmes étoiles brillaient pour tout le monde, tantôt illuminées par la lune ou englouties par le soleil. Ce n'était après tout qu'une question de point de vue. Alors même si ce soir là, beaucoup de larmes furent versé aux quatre coins de l'école Salvatore, peut-être que le soleil engloutirait à l'aube leur problème, leur permettant d'écrire une nouvelle page du chapitre de leur longue vie qui commençait, après tout, à peine.