
-Chapitre 7-
La traque du troll n'avait pas été sans soucis, entre Maya qui les avait surpris en train de se battre contre lui, et son frère qui draguait ouvertement Hope. Ce genre d'intention directe la rendait presque mal à l'aise, surtout avec un garçon du lycée de Mystic Falls, d'où venait Landon. Durant toute cette journée, les questions du docteur Saltzman se multiplièrent à l'encontre de Hope, qui les esquivait tant bien que mal.
La nuit était enfin tombée aux Etats Unis, rappelant à Hope que les habitants de Poudlard devaient eux dormir à poings fermés depuis quelques heures, sauf peut être les jumeaux Weasley en train de préparer un nouveau tour. Cette pensée lui apporta un sentiment indescriptible en réalisant que si sa décision de rester ici demeurait inchangée, ce cour de vol avait été la dernière fois qu'elle les verrait. Son attention fut happée par le monstre en face d'elle qui se manifesta enfin. Ils se trouvaient tout les trois en plein milieu de la place de la ville, vidée de son monde habituel, à l'exception de Landon en train d'écrire sur un banc avec de la musique dans ses oreilles, complètement coupé du monde qui l'entourait. Malgré ses efforts pour le vaincre, la force physique seule de Hope ne faisait pas le poids face au troll. Elle se rabattit alors sur ses vraies pouvoirs pour embraser la tête de la créature, qui se révéla en faite être un cyclope.
"J'ai une nouvelle théorie," intervint Alaric encore au sol, "Vise l'œil."
Hope s'exécuta en ramassant l'arbalète. Le monstre s'écrasa par terre avant de se décomposer en cendre s'envolant dans l'air.
"On ferais mieux d'y aller." Le professeur Saltzman prit son arme et quitta le square le plus rapidement possible. Hope allait faire de même avant que ses yeux bleus ne croisent ceux qui lui avaient tant manqué. Ceux dans lequel elle s'était perdu plus d'une fois, submergée par la joie d'avoir quelqu'un d'aussi prévenant et bon à ses côtés.
Landon Kirby se tenait devant elle, lui aussi figé devant la beauté dont il reconnaissait à peine la figure. Et Hope le voyait. Selon Yves Le Guern, 'les yeux sont le miroir de l'âme' et il était clair pour elle que aucune once de la passion qu'ils avaient partagé auparavant ne s'y reflétait à cet instant. Une simple expression de curiosité et de méfiance se traduisait à travers ses traits, et cela détruit le cœur déjà meurtri de Hope Mikaelson. La réalité qu'elle combattait dans son château écossais lui revenait en pleine face et confirmait belle bien ce qu'elle avait toujours su. Landon n'était plus sien comme elle n'était plus à lui, les restes de leur amour n'était qu'un vague souvenir, porté comme un fardeau par l'un des deux parties.
Sans échangé un mot, Hope rejoignit Alaric. Elle ne supportait pas un regard de plus d'un être cher, porté dans sa direction comme si il découvrait simplement une inconnue. Alors, en prenant le courage dont elle devait être capable selon sa maison, elle s'immisça dans le bureau du professeur Saltzman. Il fut étonné de la voir revenir, pensant qu'elle avait aussitôt prit les voiles.
"Mon nom n'est pas Hope Marshall," annonça-t-elle à son ancien directeur. "Je m'appelle Hope Mikaelson. Je suis la fille de Klaus et Hayley." A cette révélation, Alaric se leva pour faire face à la jeune fille qui s'effondrait à chaque mot devant lui. "Et je sais que vous avez oublié mais... Vous étiez ce qui s'apparentait le plus à un père pour moi. Et tout le gens que je connais ont oublié que j'existe. Celui que j'aime en aime une autre maintenant et j'ai intégré un nouvelle école de l'autre côté du Pacifique mais je suis perdu et je ne sais pas ce que je dois faire." Sanglota-t-elle.
Alaric était complètement ébahis par cette révélation, qui prenait malgré tout son sens à cause de l'oublis de tout chose tombant dans le Malivore, dont il connaissait les effets. "Ne t'inquiète pas, ont trouvera une solution ensemble."
Hope se jeta dans ses bras, s'accordant pour la première fois de craquer complètement. "Je ne sais pas quoi faire, j'ai cet ultimatum pour retourner à Poudlard ce soir mais je ne veux abandonner aucun des deux. Même en me voilant la face, je sais que tout les personnes là bas me manqueraient si je partais mais je ne peux pas non plus laisser Mystic Falls..."
Elle expliqua plus en détails la situation à son mentor après s'être calmée. Il l'écouta attentivement, essayant de comprendre le flow d'informations venant de l'adolescente en face de lui dont il ne reconnaissait rien malgré tout ses efforts.
"Tu avais pris la bonne décision depuis le début, j'imagine. Si ton directeur est au courant pour ta situation et qu'il peut te laisser revenir en cas de besoin, tu serais notre ace Hope. Mais surtout, tu restes une adolescente, tu as besoin de suivre une éducation et de pouvoir demeurer en sécurité et c'est quelque chose que l'on ne peut pas t'offrir assurément ici." Raisonna logiquement le directeur de Mystic Falls High School, qui pensait d'abord comme à son habitude au bien être de la jeune fille dans son bureau, qu'il voyait presque traumatisée par ses derniers évènements. "J'aimerais parler à ce Dumbledore moi même mais je pense qu'on manque de temps."
L'horloge accrochée sur l'un des pan de mur affichait déjà qu'il ne restait à Hope que une demi heure pour se rendre au point de rendez vous et finaliser sa décision, qui au final résidait seulement dans se mains. Avant de partir, Hope laissa à Alaric un carré de bois enchanté par un sort protéiforme arrangé par ses soins pour qu'un être humain puisse l'utiliser, leur donnant un moyen de communication rapide et efficace entre leur deux mondes si différents.
Hope était plus perdu que jamais. Les mots du professeur Saltzman faisaient sens et avoir enfin un pied solide à Mystic Falls, quelqu'un pour la reconnaitre ne serait-ce que partiellement, l'a libéré d'un énorme poids dont elle sous-estimait le l'impact sur elle. Cependant, ses peurs restaient inchangées et un conflit de taille faisait rage en elle. Dans l'espoir de se distraire, elle plongea ses mains dans ses poches pour y découvrir la lettre longuement oublié de ce matin. La nuit noir était simplement éclairée par les lampadaires qui bordaient la place où Hope s'assit. Sa curiosité était piquée depuis ce matin, au point où elle était une révélation de plus n'était sûrement pas insurmontable. Hope sortit la lettre qu'elle avait à peine pris le temps d'observer.
Le parchemin venait assurément du monde des sorciers à son allure. Elle décacheta la lettre scellée par la basique cire rouge et commença à la lire.
"Cher Hope,
J'espère que ton intégration à Poudlard se passe pour le mieux ma chérie. Ginny m'a appris que tu avais été envoyé à Gryffondor et j'ai été très heureuse d'entendre ça. C'est une bonne maison où je suis sûre que trouvera ta place, entourée de merveilleuses personnes. Tu te doutes bien que je ne peux pas compter sur les garçons pour me renvoyer une lettre plus longue que deux lignes alors j'espère pouvoir avoir des nouvelles de temps en temps. N'hésite pas à remettre Fred et George sur le droit chemin, ces garçons peuvent être de vrais idiots sans surveillance."
Quelques larmes s'échappaient de nouveau des yeux de Hope qui retint à peine un rire étouffé en lisant les mots de Mrs. Weasley.
"J'étais surprise de savoir qu'ils étaient si déterminés à t'intégrer depuis ton arrivée, d'après Ginny ils ne te lâchent pas d'une semelle ! Je préfère penser qu'ils le font avec de bonnes intentions - si Fred et George tentent n'importe lequel de leur tour sur toi n'hésite pas à me le dire immédiatement ! - mais je sais que malgré leur tempérament ingérables, j'ai tout de même élevé de bon garçons. Cela énerve d'ailleurs Ginny, elle aimerait beaucoup parler avec toi comme elle est déjà proche d'Hermione, mais même si elle est proche des jumeaux, ils sont aussi connue pour être embarrassant quant il le souhaite envers leur petite sœur. Elle te tient déjà beaucoup en estime, ma petite Ginny a toujours été entouré de garçons alors voir une fille s'imposer comme toi dans ses descriptions, l'émerveille presque. J'adorais que vous puissiez passer plus de temps ensemble, Fred et George peuvent bien se passer de toi un peu pour que tu puisses passer du temps entre filles !
Elle serait sûrement morte d'embarras de savoir que je te l'ai dis mais tu m'as l'air depuis le début d'une fille pleine de bon sens, je sais que tu feras bon escient de ce que je te dis. Dumbledore n'a pas cessé de faire des éloges sur toi, ce qui veux dire beaucoup venant d'un homme comme lui. Je ferais mieux de m'arrêter de radoter ici.
Je suis à une lettre de toi si besoin, n'hésite pas à m'écrire, même savoir le déroulement de ton année à Poudlard - et si possible des nouvelles de Fred, George et Ron - me comblerait.
Avec amour, Molly Weasley."
Les mains de Hope tremblaient en tenant la lettre, abasourdi par ce qu'elle venait de lire. Comment pouvait-elle avoir le soutient de personne si accueillante alors qu'elle avait tout perdu et mentait continuellement. Elle ne méritait sûrement pas une once de l'amour maternelle de Molly Weasley mais pourtant, cette lettre venant d'une maman réchauffait une petit partie de l'immense vide laissé par la perte de Hayley Marshall dans le cœur de sa fille. Et aussi égoïste que cela pouvait l'être, Hope ne voulait pas perdre ça, quitte à s'y accrocher en vain.
Au loin, la silhouette de Dumbledore se dessinait mais avant que Hope ne puisse se lever, sa décision prise, la voix de Landon la coupa nette.
"Salut ?" Déclara-t-il avec son habituelle gêne, que Hope avait toujours au fond trouvé adorable.
"Salut," répondit-elle prise par surprise, encore figée par sa voix.
"On s'est vu tout à l'heure, non ?" Demanda Landon en s'approchant d'elle.
"Ouai... Je suis sortie faire un tour pour me vider la tête" Bégayait Hope.
"Sale journée ?"
"On peut dire ça, oui. J'ai des problèmes de couple et de famille disons."
Il hocha la tête en souriant. Landon s'assit à côté de la jeune fille en lui offrant un sourire compatissant.
"Je pense que c'est contagieux. Je sors avec une fille géniale et tout d'un coup tout est devenue super compliqués. Et toi ?" Se confia-t-il.
"Euh, rien d'original, en faite, j'ai craqué pour quelqu'un qui ne sait même pas que j'existe. Et à côté de ça, j'ai la sensation d'être comme prise en deux mondes et alors que le choix devrait être évident, je me retrouve avec autant à perdre de chaque côté." Avoua-t-elle avec un sourire crispée, Landon compatit avec elle.
"Je voudrai que tout soit parfait mais... C'est jamais assez j'ai l'impression." Continua Landon en parlant de Josie. Hope essayait difficilement de garder la face devant lui, malgré que chaque mots lui faisait l'effet d'un coup de dague.
"Tu sais, un jeune homme très intelligent m'a dis un jour qu'il fallait être assez courageux pour assumer d'être imparfait. Même si c'est effrayant."
"Maintenant tu vas devoir suivre ton propre conseil et dire à ce garçon que t'existes." Insista-t-il en approuvant les mots qu'il avait lui même prononcé il y a quelque mois.
Hope secoua la tête en essuyant ses joues humides. "Je ne pense pas que ce soit une bonne idée avec ce garçon, il est heureux, je ne veux pas gâcher ça."
"J'espère que tout va s'arranger pour toi. Tiens ça t'aideras," dit-il en posant le milkshake dans ses mains entre eux. "Beurre de cacahouète sur lit de crème fouettée, qui a probablement fondu maintenant. Je sais même pas pourquoi je l'ai acheté," ajouta Landon en se levant. "Je ne l'ai même pas goûté et je ne voulais pas de milkshake, c'était comme un... Merci de m'avoir écouté."
L'espoir qui avait réanimé Hope pendant quelque instant partie en même temps que lui.
"Milkshake au beurre de cacahouète sur lit de crème fouettée, ton préféré."
Hope n'avait plus de larme à verser ce soir, le vide remplaçait tout. Lorsque Landon s'était enfoncé dans la nuit, il avait inconsciemment apporté définitivement avec lui une partie de la vie de Hope, pour la ramener à l'école Salvatore. Là où résidait sa vie d'avant, son passé. Une nouvelle page se tournait pour elle et elle devait maintenant en faire le deuil.
Dumbledore qui était resté dans l'ombre jusque là, prit la place de Landon à côté de Hope.
"Qu'avez vous choisi ?" Demanda-t-il simplement.
"Je veux rentrer à Poudlard." Annonça-t-elle sans hésiter, sa voix voilée par le chagrin.
Aucun mot de plus ne fut échangé entre eux. Lorsque que le ciel écossais apparut au dessus d'elle, Hope ne pouvait s'empêcher d'admirer à quel point il était différent mais similaire de celui qu'elle regardait auparavant. Peut être que au fond, nous étions tous, une fois le soleil couché, sous la même nuée d'étoile, de simples personnes qui partageons nos souffrances aux astres en espérant qu'ils les soufflent à de plus hautes entités dans l'espoir de les régler. Le directeur accompagna Hope jusqu'à son dortoir dans le même silence.
Une journée était passée et pourtant cela semblait tellement lointain pour elle. Le portrait s'ouvrit difficilement, grognon d'avoir été perturbé dans son sommeil à une telle heure. La salle commune de Gryffondor fut la première chose à lui apporter un peu de réconfort aujourd'hui. Le feu brûlait intensément dans la pièce, fidèle à lui même. Sa lumière faisait particulièrement briller deux têtes rousses qui dépassaient de chacun des canapés, que Hope reconnu sans mal comme George et Fred endormis. Leur corps de géants débordaient de chaque côtés mais aucun ne semblaient gênés par cela.
"Ils t'attendaient mais on dirait que le sommeil les a eu avant." Intervint la voix d'Harry. Il fit sursauter Hope qui ne l'avait pas remarqué, assit sur l'une des chaises un peu plus dans l'ombre. "Désolé, je viens de me réveiller alors je voulais voir si tu étais rentrée."
Hope acquiesça, ne faisant pas confiance à sa voix. Voir les deux jumeaux dans cette position lui apportait un peu de réconfort, mais faisait aussi écho aux mots de Molly que Hope cherchait encore à comprendre pleinement. Prise de pitié, elle trouva deux couvertures trainant au coin du feu et s'évertua à les couvrir un minimum. Harry ne dit rien jusqu'à ce qu'elle s'assoit à ses côtés. Malgré son habitude à cacher ses émotions, il était clair pour lui que Hope était au bout du rouleau ce soir là. Ces yeux arborant en principe toujours une lueur d'espièglerie, même lorsqu'elle était ennuyé dans le cours de Mr Binns ou agacé par l'attitude de Serpentard envers les plus jeunes de Gryffondor, étaient maintenant vide en contemplant la scène devant elle.
"Sale journée ?" Essaya Harry en espérant qu'elle lui parle. La voir aussi déconnecté le tuait car il était persuadé que Hope était bien plus que la fille distante et froide qu'elle voulait paraitre. Mais jamais il n'avait imaginé déclencher une telle réaction chez la jeune fille. Les simples mots prononcé il y a quelques minutes par son ex petit ami suffirent à la faire craquer.
"Comment tu as su où tu étais chez toi Harry ? Ta vraie maison ?" Demanda-t-elle dans un sanglot, en gardant son visage dirigé vers la cheminée. Harry était à court de mot de voir Hope Marshall enfin laisser ses barrières s'écraser aussi soudainement. "Parce que, je suis retournée chez moi et pourtant pas une seule seconde je me suis dis 'je suis rentrée à la maison'. A la place... Tout me criait que je n'avais pas ma place, mais alors... Où est-ce que je peux être enfin chez moi ? Je suis juste fatigué et je veux rentrer à la maison..." Sanglotait-elle en serrant ses bras autour d'elle.
"Tu es à la maison Hope," Déclara Harry en se rapprochant d'elle pour la prendre dans ses bras. "Je ne me suis jamais sentie à la maison chez les Dursley, alors Poudlard est devenue ma maison. C'est la notre. Et Gryffondor est ta famille maintenant." Il jeta un regard à Fred et George endormis avec un léger sourire. "Les Weasley sont devenus aussi ma famille et avec ses deux là avec toi, je peux t'assurer qu'ils seront bientôt aussi la tienne. Mais seulement si tu nous laisses enfin rentrer là, et là." Conclu-t-il en pointant tour à tour la tête et le cœur tourmentés de l'adolescente.
Pour la première fois depuis que Hope avait reposé un pied en dehors de Malivore, elle voyait la lumière au bout du tunnel, avec Harry pour lui tendre la main, tout comme au début. Sauf que au lieu de la repousser comme à son habitude, cette fois si Hope s'y accrocha comme si sa vie en dépendant. Elle voulait sortir la tête de l'eau et enfin respirer. Vivre réellement, pas seulement goûter à une bouffée d'air frais comme ce matin là pour qu'on la noie aussitôt. Elle voulait concilier les deux mondes dans son cœur et dans sa tête même en étant persuadée que les conséquences seraient pires pour elle et tout ceux qui l'entouraient. La mort était un vielle ami qui ne semblait pas vouloir la quitter et faire planer ce fardeau au dessus de toutes ces personnes incroyablement généreuses qui l'acceptaient sans même l'ombre d'un doute la terrifiait. Car elle savait que elle pouvait être la raison pour laquelle George devrait affronter la mort de Fred ou Fred celle de George, pour laquelle Harry pouvait perdre sa maison et sa famille.
Hope se promit alors un parie dangereux pour elle même: elle vivrait vraiment un jour, comme son père et sa mère l'espéraient, mais qui elle était, resterait un secret qu'elle portera le plus longtemps possible. Son choix était égoïste même si elle n'avait pas le droit de révéler sa vraie identité mais malgré le temps qu'il lui faudra pour s'ouvrir aux personnes qui avaient forcé l'entrée de son cœur, elle ne voyait pas une journée de plus sans entendre les rires bruyants de Fred, George et Lee au détour d'un couloir après un prank couronné de succès, les lectures d'Hermione sur un sujet qui la passionnait tout en se plaignant de l'idiot que Ron pouvait être ou enfin de ne jamais plus pouvoir monter sur un balai.
Parce que malgré l'humeur exécrable qu'elle avait donné à tout le monde et la distance qu'elle avait essayé en vain d'instaurer avec eux, elle n'avait pas passé un mois entier aussi heureuse depuis des années.