
Rapport préliminaire
Les talons aiguilles du Dr Janet Fraiser résonnaient contre les murs en béton armé du bunker, tandis qu’elle remontait d’un pas rapide le couloir qui menait au bureau du général Hammond, au niveau vingt-sept, un dossier à la main.
Cela faisait déjà sept ans qu’elle travaillait au Stargate Command, et en ce laps de temps, elle en avait vu et vécu, des choses étranges ! Des tentatives d’invasions extraterrestres, des maladies inconnues, des doubles venus de réalités parallèles… Et pour cause : le SGC était une base top secrète de l’armée de l’air des États-Unis d’Amérique, cachée sous une montagne dans le Colorado, et où se trouvait la Porte des Étoiles, un artefact alien permettant de voyager d’une planète à l’autre au travers d’un vortex. Mais rien de toutes ses expériences passées n’était comparable à ce à quoi elle avait à faire ce jour-là.
-Ah, Docteur, vous tombez bien, déclara le général Hammond lorsqu’elle frappa à la porte ouverte de son bureau.
C’était un homme d’une soixantaine d’années au crâne chauve et à la silhouette d’un ancien soldat que les années passées à commander depuis un bureau avait gâchée. La jeune femme le salua d’un signe de tête puis s’avança jusqu’à l’un des sièges installés en face de l’imposant bureau du général.
-Que pouvez-vous nous dire sur notre hôte ? interrogea-t-il sans détour lorsqu’elle fut assise.
-Eh bien, commença-t-elle en ouvrant le dossier qu’elle avait apporté, c’est un humain, ce qui est une bonne nouvelle.
-Pas de trace de serpent ? s’enquit aussitôt le colonel O’Neill.
À le voir ainsi nonchalamment appuyé les fesses contre une commode, les bras croisés devant la poitrine, il était difficile à croire que cet homme-là était l’officier le plus haut gradé de la base de Cheyenne Mountain, après le général.
Il était grand et élancé ; ses cheveux grisonnants étaient coupés courts, et ses yeux entourés de rides d’expressions contradictoires, témoins malgré elles d’un passé tourmenté. Et lorsqu’il parlait de « serpent », le colonel faisait allusion à une race extraterrestre nommée « Goa’uld », une forme de vie larvaire qui ne pouvait survivre qu’en parasitant un hôte, humain ou autre, lui permettant de prendre le contrôle absolu de ses faits et gestes. Une fois habité par un Goa’uld, l’hôte en question n’avait aucune chance de s’en sortir seul.
-Non, répondit Fraiser. Je n’ai trouvé aucune trace ni de symbiote Goa’uld, ni de Naquadah dans son sang.
Le Naquadah était un minerai inexistant sur Terre mais fréquent sur d’autres planètes de la galaxie. Il était la base de la technologie Goa’uld et coulait littéralement dans leurs veines. Lorsqu’un hôte était contaminé, cette fameuse substance perdurait dans son organisme, même après l’extraction du symbiote par chirurgie.
-Quoi d’autre ? demanda encore le général Hammond.
-Pas grand-chose, à vrai dire, admit Fraiser. J’ai fait une analyse de sang poussée et je n’ai trouvé aucune trace des anticorps qu’on trouve normalement dans le sang de tout être humain.
-Il a peut-être une santé de fer, plaisanta O’Neill, pince sans rire.
-Oui, c’est sans doute le cas, néanmoins je ne connais aucun monde où la maladie soit complètement absente, que nous la connaissions ou pas.
-Et vous êtes sûre que ce n’est pas un serpent ? insista O’Neill. Je veux dire… absolument sûre ?
Et, devant l’air exaspéré de ses collègues, il ajouta :
-Je demande juste pour qu’on n’ait pas de mauvaise surprise…
-Autre chose, Docteur ? dit Hammond en se détournant du colonel pour se concentrer à nouveau sur la médecin.
-Il a une marque étrange à la poitrine et qui m’inquiète, répondit-elle alors. Je ne sais pas ce que c’est, sa peau est marbrée mais ce n’est pas une brûlure. Depuis que vous me l’avez emmené, la marque n’a cessé de s’étendre et a presque doublé de volume. J’ignore s’il s’agit d’une blessure et encore moins quel type d’arme aurait pu la causer.
-Quand pourrons-nous l’interroger ? demanda O’Neill, cette fois avec sérieux.
-Il faudrait d’abord qu’il se réveille, expliqua la médecin. Il n’est pas dans le coma, mais j’ignore combien de temps il va encore rester inconscient.
-Très bien, conclut Hammond, prévenez-moi dès qu’il sera réveillé.
-À vos ordres, mon général, acquiesça Fraiser en se levant.
Elle adressa un signe de tête à ses deux supérieurs puis quitta le bureau à aussi grandes enjambées que sa petite taille et son tailleur le lui permettaient.