
HARRY, LA LETTRE ET LE GARDE-CHASSE
Finalement, le jour est arrivé. Lorsque Harry se leva ce matin là, il avait complètement oublié cet évènement.
Voilà dix années que Harry vivait chez les Dursley. Il avait onze ans. Tout du moins, il les aurait dans quelques jours. La vie avait été bien calme au 4 Privet Drive durant les dernières années. Harry avait été diplômé de l'école primaire avec mention sans surprise et s'apprêtait à entrer à l'école de Poudlard, quoi que cela ne soit pas encore supposé se savoir. Dans cette vie également, les Dursley avaient affirmé qu'ils l'enverraient au collège de St Brutus, comme il savait qu'il ne s'y rendrait pas, Harry les avait laissé faire et avait ignoré leurs sourires satisfait alors que Pétunia parlé de déteindre un vieux costume de Dudley pour qu'il l'emploie comme uniforme. Harry avait pris l'habitude de vivre avec les mesquins Dursley depuis bien des années, et il s'en fichait bien parce que la mesquinerie était bien tout ce qui leur restait. Harry ne les laissait pas l'affamer et si cela arrivait, il se contentait de sortir en douce de nuit pour prendre un peu de nourriture dans les placards. Si Vernon avait le mot de trop, Harry n'avait aucun souci à littéralement l'envoyer promener, l'obligeant à aller se rafraîchir les idées dehors ou de lui effacer la mémoire si Harry était pris à faire quelque chose que ce dernier jugé trop étrange pour leur bonne vieille famille. Harry essayait toujours de se contenir, et évitait au maximum d'employer sa magie sur lui, rechignant à risquer de dégrader son cerveau déjà bien trop peu productif. Cependant, il se sentait toujours suffisamment confiant de ne pas se laisser piétiner en sachant qu'il avait toujours la magie en dernier recours. Sa vie n'était pas particulièrement compliquée ainsi, il pouvait manger relativement à sa faim, n'était pas embêté pour avoir de bonnes notes à l'école, et Dudley et lui s'entendaient assez pour qu'ils trainent ensemble parfois pendant leur temps libre et qu'il ne l'embête pas à l'école. En prime, lorsque les Dursley allaient en vacances, Harry était toujours laissé tranquillement à la maison. En somme une vie tranquille. Mais Harry savait que tout allait devenir plus compliqué très bientôt. Même s'il n'aimait pas beaucoup plus les Dursley ni sa vie dans son petit placard pitoyable il n'était qu'à moitié impatient de rejoindre Poudlard. De ce lancer dans cette quête fatigante et peu importe à quel point il avait hâte de les revoir, jamais Ron, Hermione, Neville, Luna et Ginny, ses amis d'autrefois ne seront jamais pleinement ceux qu'il a connus. Et c'était sans parler de Dumbledore et de ses magouilles. Une très longue année attendait Harry Potter.
Mais avant que cela n'arrive, il devait recevoir sa lettre. C'est au moment où Vernon l'envoya récupérer le courrier alors que Dudley dormait, la tête à moitié enfoncée dans son assiette que Harry compris quel jour ils étaient. Il avait complètement oublié comment tout avait commencé. Il n'avait en tête que le jour de son anniversaire où Hagrid débarquerait, et il espérait juste que cette fois ce ne serait pas sur une île perdue au milieu d'un lac.
Le temps pour atteindre la boîte au lettre lui sembla infini et Harry espérait malgré-lui qu'aucune lettre ne s'y trouve, mais évidemment, elle était là. Une petite lettre jaune sur laquelle était écrite quelques lignes d'une belle encre émeraude. Harry hésitait, devait-il la cacher et attendre que Hagrid arrive pour révéler qu'il l'avait reçu ou au contraire être honnête et interroger sa tante sur le sujet ? Secouant la tête, Harry décida de la cacher dans un premier temps, la rangeant dans sa poche arrière.
Il mangea tranquillement après cela avant de retourner dans son placard pour la lire. Il se laissa tomber sur son matelas de fortune aujourd'hui trop petit pour lui. Harry commençait à être sincèrement à l'étroit dans ce petit espace. Il allait falloir qu'il demande aux Dursley l'autre chambre de Dudley à l'étage, pensait-il en déchirant l'ouverture de l'enveloppe où une fine écriture verte donnait l'adresse de Harry.
Mr H. Potter
Dans le placard sous l'escalier
4, Privet Drive
Little Whinging
Surrey
Cela donne une idée à Harry qui se relève et quitte sa cachette. Il rejoint les trois Dursley dans le salon qui étaient en train d'admirer Dudley dans son magnifique uniforme et prend un petit air amusé qu'il espérait naturel et tapota l'épaule de Dudley en riant.
"Excellente ta lettre Big D, qui entre Piers et toi a une aussi jolie écriture ? Vous m'aviez caché ce talent." dit-il avec un rire.
Son cousin se tourne vers lui médusé alors que les deux adultes l'observaient perplexe, trop choqués pour intervenir.
"Quoi ? Quelle lettre ?" rétorque Dudley confus.
Harry soulève le courrier et ignore le petit couinement de Pétunia.
"Fais pas l'innocent. Ça dit Mr H. Potter, dans le placard sous l'escalier, qui d'autre que toi et Piers savent que je dors sous l'escalier ?" rit-il alors que Dudley attrape la lettre.
"J'ai pas fait ça moi."
"Qui d'autre ?" Demande-t-il en faisant toujours semblant de croire que Dudley jouait l'innocent.
Il avait vu les deux Dursley adultes pâlir du coin de l'œil.
Pour autant cela restait une véritable question, cela soulevait même plusieurs points. Comment Poudlard savait dans quelle pièce de la maison il vivait, et pourquoi dans sa première vie comme dans celle-ci, lorsqu'ils ont lu qu'un enfant vivait dans un placard sous l'escalier, personne n'avait pensé à aller vérifier quelle vie il subissait. Comme convenu Dumbledore devait tout savoir mais l'ignorait volontairement. Voilà encore une nouvelle bonne raison de lui en vouloir selon Harry.
"P ... P...Pétunia !" balbutia l'oncle Vernon.
Vernon s'était levé et avait pris la lettre en main. Il la donna à Pétunia qui semblait sur le point de s'évanouir et avait porté la main à sa gorge d'où s'échappa un grondement étouffé.
"Vernon ! Oh, mon Dieu, Vernon !"
Ils se regardèrent comme s'ils avaient oublié que Harry et Dudley étaient avec eux. Harry qui avait un peu oublié leur façon de réagir profita du spectacle en faisant semblant d'être surpris.
"Qu'est-ce qu'il y a papa ?" gronde Dudley en essayant de récupérer la lettre de son cousin dont il n'avait lu que les premiers mots avant que son père ne l'attrape.
"Sortez d'ici, tous les deux," dit Vernon d'une voix grinçante en remettant la lettre dans l'enveloppe.
Harry ne bougea pas.
"Pourquoi ?" demande-t-il d'une voix forte.
"J'ai dit dehors. Obéissez c'est tout."
Dudley tenta vainement de récupérer la lettre mais Vernon les attrapa tous les deux par le cou et les mis à la porte du salon en claquant la porte derrière eux. Dudley et Harry se collèrent alors à la porte pour les écouter trembler de l'autre côté.
"Vernon," dit la voix tremblante de la tante d'Harry, "regarde l'adresse. Comment ont-ils pu savoir où il couche ? Tu crois qu'ils surveillent la maison ?"
"Ils nous surveillent, ils nous espionnent, peut-être même qu'ils nous suivent," marmonna furieusement en réponse son oncle.
"Qu'allons-nous faire, Vernon ? Est-ce qu'il faut leur répondre ? Leur dire que nous ne voulons pas…"
"Non," dit-il. "On ne va pas y faire attention. S'ils ne reçoivent pas de réponse ... Oui, c'est ce qu'il y a de mieux ... Nous n'allons rien faire du tout…"
Harry leva les yeux au ciel. Après tout, lui-même ne savait pas s'ils étaient supposés renvoyer une réponse depuis le début. Si Vernon commençait à trop bouger, Harry ira simplement le calmer. Il ne comptait pas célébrer son anniversaire une fois de plus dans une pauvre cabane en ruine au milieu d'un lac comme dans sa première vie.
"Mais…" tenta faiblement la voix de Pétunia.
"Je ne veux pas de ça dans la maison, Pétunia ! Souviens-toi, quand nous l'avons pris avec nous, nous nous sommes juré de refuser toutes ces idioties. C'est beaucoup trop dangereux."
Harry et Dudley se précipitèrent immédiatement vers le placard de Harry en entendant les pas lourds de Vernon se rapprocher de la porte et s'y tassèrent. Déjà que Harry y était à l'étroit, avec Dudley qui n'avait cessé de prendre du poids en dix ans, respirer était presque impossible.
Le soir venu, Harry relança le sujet de la lettre.
"Qui t'as envoyé cette lettre, tu penses ?"
Harry lève les mains en l'air, signe qu'il l'ignorait.
"Du coup ? Vous savez qui a envoyé cette lettre ?"
"Personne. C'était une mauvaise blague. Fin de la discussion."
"Très mauvaise blague, sachant qu'elle a même précisé que je vivais sous l'escalier." grogne Harry pour seule réponse.
Soudain, Vernon sembla se calmer. Harry avait senti que la lettre avait une fois de plus déréglé son sortilège et avait libéré Vernon de son contrôle mais il n'avait pas encore décidé de le replacer dessous, attendant le meilleur moment pour. Il vit son oncle respirer profondément à plusieurs reprises puis forcer un sourire, un sourire qui avait l'air particulièrement douloureux pour lui et pour sûr, c'était bien le premier qu'il adressait à son neveu et qui n'était pas emplie de cruauté.
"Justement, Harry... au sujet de ce placard. Ta tante et moi, nous avons réfléchi ... tu commences à devenir un peu trop grand pour rester ici"... Nous avons pensé qu'il serait peut-être préférable que tu déménage dans la deuxième chambre de Dudley."
"Soudain ?" dit Harry bien qu'il s'y attendait.
"Aucune remarque !" répliqua sèchement son oncle. "Prends tes affaires et monte là-haut."
Il y avait quatre chambres dans la maison des Dursley: une pour l'oncle Vernon et la tante Pétunia, une chambre d'amis (qui servait généralement à Marge, la soeur de Vernon), une où Dudley dormait et une autre où Dudley mettait ses jouets et tout ce qui n'entrait pas dans la première.
Un seul voyage suffit à Harry pour transporter toutes ses affaires dans la chambre. Il s'assit sur le lit et regarda autour de lui. Presque tous les objets qu'il voyait étaient cassés. Le caméscope était posé sur un char d'assaut à pédales avec lequel Dudley avait écrasé le chien du voisin; dans un coin, il y avait la première télévision de Dudley qu'il avait éventrée d'un coup de pied un jour où son émission préférée avait été annulée; il y avait aussi une grande cage dans laquelle avait vécu autrefois un perroquet que Dudley avait échangé contre une carabine à air comprimé. La carabine, posée sur une étagère, était complètement tordue depuis le jour où Dudley s'était assis dessus. Les autres étagères étaient remplies de livres. C'étaient les seules choses auxquelles il semblait n'avoir jamais touché mais comme il s'agissait de livres pour enfant, Harry n'était pas bien intéressé par eux non plus.
Harry savait déjà qu'il serait installé dans cette chambre. Il avait au départ décidé qu'il garderait la lettre secrète jusqu'à l'arrivée de Hagrid mais s'il faisait ça, rien n'aurait dit que Vernon l'aurait changé de chambre. Il avait donc préféré conserver les événements comme il s'en souvenait. A savoir que son oncle et sa tante le déplace par peur des représailles en découvrant l'adresse sur la lettre. Représailles dont Harry sait parfaitement qu'elles n'arriveront jamais s'il ne le faisait pas lui-même.
La seule chose que Harry ignorait était ce qui arriverait le lendemain. Est-ce que l'envoie de lettre se calmera sachant que cette dernière avait été lue par Harry ou bien attendez-t-il une réponse de Harry avant de le faire. Il y avait de grandes chances qu'il n'y ait rien le lendemain et c'était tout ce que souhaitait Harry. Le soir venu, installait dans un lit à sa taille et malgré le désordre régnant dans sa chambre, Harry put sourire satisfait et profiter de la fin de sa soirée. Laissant complètement de côté dans son esprit l'arrivée imminente du demi-géant.
Comme convenu, le lendemain, Harry n'avait pas reçu de courrier. Le jour suivant non plus, pas plus celui d'après et lentement toute la maisonnée oublia le courrier mystérieux. Vernon et Pétunia se détendirent et se montrèrent même courtois avec Harry durant les quelques jours et Dudley était le seul rouspétant un peu d'avoir soudain perdu sa chambre mais ayant visiblement gardé en tête le souvenir de lui et Harry coincé sous le placard, il avait l'air de considérer que même Harry ne devrait plus y vivre. Bien que cela ait été après avoir chouiné en demandant à ce que Harry prenne la chambre d'ami, et c'est seulement après ne pas avoir obtenu gain de cause qu'il s'était fait une raison. La paix régnait ainsi au 4 Privet Drive durant plusieurs jours et c'était également le cas cette nuit-là. Harry attendait dans son lit, le cœur battant, voyant les minutes s'écouler sur la petite horloge au mur. Appréhendant chaque seconde de plus l'arrivée du géant. Mais lorsqu'à trois heure du matin et qu'il n'était toujours pas arrivé, Harry finit par s'inquiéter d'autre chose, que Hagrid ne vienne pas en considérant qu'il avait lu sa lettre et ne lui dise rien de plus. Il finit par s'écrouler, rattrapé par le sommeil.
Pour être réveillé par plusieurs coups à porte d'entrée résonnant dans toute la maison, heureusement pour lui, Hagrid n'avait pas à le chercher au fond d'une île au beau milieu d'une tempête et visiblement cela l'avait rendu moins hâtif. Lorsque les coups retentirent à la porte, toute la maison se réveilla en même temps. Harry sursauta, se rappelant soudain de tout. Au début personne ne bougea mais les coups se firent plus insistants. Harry regarda l'heure sur le petit réveil à côté de son lit. Hagrid avait eu la décence d'attendre qu'il soit six heures pour venir les sortir du lit, il n'aurait pas été très accueillant lui-même s'il avait débarqué à minuit sur le même ton.
Vernon fut le premier à descendre, bien décidé à chasser l'importun. Pétunia, Dudley et Harry le rejoignirent en regardant depuis l'escalier, en tremblant pour les deux Dursley. Derrière la porte se dessinait une masse immense, son ombre se projetant dans la pièce grâce aux premiers rayons du soleil. Si Harry n'avait pas su de qui il s'agissait il aurait également été effrayé. Vernon déglutit mais ouvrit la porte qui dévoila le visage avenant de Hagrid.
"Bonjour, Mr Dursley ?"
"Oui ! C'est pour quoi ? Y'a pas idée de frapper chez les gens à cette heure-ci !" s'insurge immédiatement Vernon, remarquant que l'homme semblait moins dangereux qu'au premier abord malgré sa masse imposante.
"Pardon d'arriver à l'improviste, je suis venu voir Harry Potter."
Les deux autres se tournèrent vers lui.
"Quoi vous venez de là-bas en prime ?!"
"Là-bas ?"
"Vernon, les voisins." glapit Pétunia en s'approchant à son tour mais en gardant Dudley derrière elle. Vernon semblait hésiter entre claquer la porte au nez de l'intru ou le laisser entrer avant que Pétunia n'intervienne de nouveau.
"Entrez."
Hagrid eut tout juste le temps de passer la porte que Pétunia la claqua derrière lui et observa à travers le judas pour s'assurer qu'aucun voisin ne l'avait vu entrer.
Vernon jura en se plaçant devant Hagrid de nouveau.
"Vous n'êtes pas le bienvenu ici, alors je ne veux pas savoir ce que vous nous voulez, mais vous allez vous pressez de disparaître." glapit Vernon en se redressant du mieux qu'il pouvait pour marquer sa présence.
"Pas le bienvenu ? Je ne comprend pas, Harry Potter vit bien ici, n'est-ce pas ?"
"Je suis Harry Potter." finit-il par se présenter, avant que Vernon n'ait le temps d'intervenir.
Hagrid se tourna vers lui et lui offrit un sourire éclatant.
"Comment ça aurait pu être différent, t'es le portrait craché de ton père, sauf que t'as les yeux de Lily."
Harry hoche la tête mécaniquement. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu ça.
"Et donc, qui êtes vous ?"
"Oh, ma faute, je me suis pas présenté, je suis Rubeus Hagrid, je suis le garde-chasse et le gardien des clefs de Poudlard, mais tu peux juste m'appeler Hagrid comme tout le monde." Harry hausse un sourcil, il devait avouer que malgré toutes les années, il ne savait toujours pas ce que signifiait le titre de 'gardien des clefs' sachant que Rusard était le véritable concierge et donc celui ayant réellement accès à toutes les portes.
"Poudlard ?" demande-t-il faussement curieux.
"Rien du tout ! Assez avec les questions. Vous deux au lit, et vous, quittez immédiatement ma propriété !" s'exclame soudain Vernon Dursley en essayant d'attraper Harry qui se dégagea de sa main derrière Hagrid.
Hagrid ne semblait même pas l'avoir entendu, il avait offert un nouveau sourire à Harry avant que son expression ne devienne perplexe puis inquiète. "Bien sûr Poudlard, tu sais bien ce qu'est Poudlard."
"Bah, j'ai vu le nom quelque part, sur une lettre … vous êtes un comédien ?"
"Un co- qu'est-ce que tu me chantes là Harry ? Tu as lu la lettre, tu sais donc ce qu'est Poudlard."
"Une école ? Écoutez, je n'ai aucune idée de pourquoi vous êtes venus aussi tôt le matin pour me parler d'une école fictive …"
"Fictive ?!"
"Exactement fictive !" rebondit immédiatement Vernon. "Maintenant partez."
"Silence Dursley !" s'exclame avec colère Hagrid, faisant se recroqueviller sur place Vernon et sa famille sur elle-même, il reprend sur un ton plus doux. "Harry, Poudlard n'est pas fictif. C'est une véritable école."
"C'est ça, une école de magie … la magie ça n'existe pas." sourit-il.
Finalement, c'était plutôt amusant de jouer la comédie.
"Quoi ? Bien sûr que la magie existe, voyons Harry. Où crois-tu que tes parents ont pu apprendre tout ça ?"
"Mes parents ? Je ne sais pas, je ne les ai pas connus, ils sont morts quand j'avais un an. Vous les connaissiez ?"
"Si je les connaissais ? Même plus que bien. De grands sorciers James et Lily Potter."
"Des sor- … bon monsieur Hagrid. Qu'est-ce que vous me voulez au juste ?"
"Et bien comme dit la lettre. Je suis là pour t'accompagner récupérer tes fournitures, tu as ta liste ? Elle était avec la lettre."
"Euh ? Les trucs avec le chaudron et tout ? Hum, non, je l'ai brûlé." reconnaît-il sachant que c'était exactement ce qu'avait fait Vernon. Les yeux d'Hagrid s'écarquillent de surprise.
"Brû-brûlé ? Mais pourquoi ?"
"Ben, je croyais que c'était une blague …"
Hagrid secoua la tête, sous le choc. Certainement n'en revenait-il pas de rencontrer un enfant aussi terre à terre ne croyant pas à la magie alors que cela avait été le plus beau jour de la vie de Hagrid. Harry devait reconnaître que dans sa vie, le jour de sa propre découverte du monde de la magie avait également été le sien. Il vit Hagrid ressortir une lettre.
"Tiens, j'en ai une autre au cas où."
Harry la saisit et lit cette fois 'Harry Potter, dans la plus petite chambre du 4 Privet Drive, Little Whinging, Surrey'.
"Comment vous faites ça ?"
"Ca, quoi ?"
"Savoir dans quelle pièce je vis ?"
"Oh ça, c'est que tu es inscrit sur la liste depuis ta naissance, alors la magie qui est puissante à Poudlard peut te repérer très précisément. Ce n'est pas directement quelqu'un qui écrit la lettre."
Harry hoche la tête, un peu surpris de découvrir ça.
"Elle est vachement bien ficelée votre histoire."
"Parte-" tente de nouveau Vernon dont le ton se perdit immédiatement dans sa gorge alors que Hagrid se redressait de toute sa hauteur et le toisa en s'approchant.
"Je veux une explication Dursley ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire que Harry ne sache rien … sur rien."
"Comment ça rien ?" intervient de nouveau Harry.
"Tu ne sais rien de notre monde, de ton monde. De mon monde. Du monde de tes parents."
"Quel monde ?" répète Harry, se demandant combien de temps il allait avoir besoin de jouer à celui qui ne voulait pas comprendre. Il n'y avait aucun doute que Hagrid montrerait d'une façon ou d'une autre cette rencontre à Dumbledore, Harry se devait d'être blanc comme neige et ne surtout pas attirer l'attention.
Bien loin de ces inquiétudes, Hagrid paraissait sur le point d'exploser.
"Dursley !" hurla-t-il.
L'oncle Vernon, le teint livide, marmonna quelque chose qui aurait pu vouloir dire : « Maisnonmaisquoimaispasdutout. »
Hagrid se tourna de nouveau vers Harry d'un air effaré.
"Il faut absolument que tu saches qui étaient ton père et ta mère," dit-il. "Ils sont célèbres. Et toi aussi, tu es célèbre."
"Mon père et ma mère célèbres ? Je le saurais."
"Tu ne sais pas … Tu ne sais pas …"
Hagrid passa les doigts dans ses cheveux en fixant Harry d'un air abasourdi.
"Tu ne sais même pas qui tu es ?" dit-il enfin.
L'oncle Vernon retrouva soudain l'usage de la parole.
"Ça suffit !" ordonna-t-il. "Ça suffit, monsieur ! Je vous défends de dire quoi que ce soit à ce garçon !"
Même un homme plus courageux que l'oncle Vernon aurait flanché devant le regard furieux que Hagrid lui adressa
"Vous ne lui avez jamais rien dit ?" reprit-il en détachant chaque syllabe d'une voix tremblante de rage. "Rien dit du contenu de la lettre que Dumbledore avait laissée pour lui ? J'étais là ! J'ai vu Dumbledore déposer la lettre, Dursley ! Et vous lui avez caché ça pendant toute ces années ?"
"Caché quoi ?" demande Harry.
"ÇA SUFFIT ! JE VOUS INTERDIS !" s'exclama l'oncle Vernon, visiblement pris de panique, ce qui était particulièrement agréable à contempler pour Harry. La tante Pétunia poussa elle un couinement horrifié.
"Je vais vous transformer en pâté, tous les deux," lança Hagrid. "Harry ... Tu es un sorcier."
Un grand silence s'abattit soudain dans le petit hall où ils étaient entassés.
Harry haussa un sourcil.
"Encore cette histoire de magie ?"
"Et tu deviendras un sacré bon sorcier dès que tu auras un peu d'entraînement. Avec un père et une mère comme les tiens, ça ne peut pas être autrement. Mais il est temps que tu lises ta lettre."
Il l'invita à la relire avec les nouvelles informations en main.
Harry fit vaguement semblant de la lire. Il n'avait pas besoin de la relire pour connaître son contenu, dans sa précédente vie, il l'avait lu en continue durant l'entièreté du mois d'août en espérant que tout était bien réel.
"Ca dit : « nous attendons votre hibou » à la fin … c'est pourquoi ? C'est un code ?"
"Mille Gorgones, j'allais oublier !" s'exclama Hagrid en se donnant sur le front une tape de la main
qui aurait suffi à renverser un cheval.
D'une poche intérieure de son manteau, il tira alors un hibou bien vivant qui avait l'air un peu froissé, ainsi qu'une longue plume d'oie et un rouleau de parchemin. La langue entre les dents, il se mit à griffonner un mot que Harry, face à lui, parvint à lire à l'envers :
Monsieur le Directeur,
J'ai donné la lettre à Harry. Je l'emmène acheter ses affaires dans la matinée. J'espère que vous allez bien.
Hagrid
"Dumbledore." marmonna Harry pour lui-même en observant Hagrid rouler le billet et le donna au hibou qui le prit dans son bec, puis il alla ouvrir la porte et jeta l'oiseau au-dehors qui disparaissait de leur vue sous le glapissement outré de Pétunia. Profitant d'être entré dans le salon, Hagrid entreprit de s'installer dans le grand canapé des Dursley, les invitant à s'asseoir aussi. Lui et Dumbledore étaient décidément terriblement envahissants. Harry le suivit cependant et s'assit sur le fauteuil face à lui.
"Où en étais-je ?" dit Hagrid.
A ce moment, son oncle, le teint toujours grisâtre, mais l'air furieux, vint se poster devant la cheminée.
"Il n'est pas question qu'il s'en aille," dit-il.
Hagrid poussa un grognement.
"J'aimerais bien voir qu'un Moldu dans votre genre s'avise de l'en empêcher," dit-il.
"Un moldu ?" répéta Harry alors que Pétunia serait maladroitement Dudley derrière elle.
"Un moldu, c'est comme ça qu'on appelle les gens qui n'ont pas de pouvoir magique. Et manque de chance pour toi tu es tombée sur la pire famille de moldus qui soit."
Harry haussa un sourcil mais ne répondit rien.
"Quand nous l'avons pris avec nous, nous nous sommes juré d'en finir avec ces balivernes," dit Vernon. "Juré qu'on allait le débarrasser de tout ça. Un sorcier ! Et puis quoi, encore ?"
"Donc vous étiez au courant de cette histoire ? Mais comment vous savez que je suis un sorcier ? Ma tante n'en est pas une, si ?"
"Bien sûr que non !" s'exclame Vernon, outré comme si Harry venait de prononcer la pire des insultes.
Mais sa tante intervient.
"Je le savais." intervient soudain la tante Pétunia d'une voix perçante. "Bien sûr que je le savais ! Comment aurait-il pu en être autrement quand on sait ce qu'était ma maudite sœur ! Un jour, elle a reçu une lettre exactement comme celle-ci et elle est partie dans ... dans cette école ... Quand elle revenait à la maison pour les vacances, elle avait les poches pleines de têtards et elle changeait les tasses de thé en rats d'égout. J'étais la seule à la voir telle qu'elle était : un monstre ! Mais avec mon père et ma mère, il n'y en avait que pour elle, c'était : Lily par-ci, Lily par-là, ils étaient si fiers d'avoir une sorcière dans la famille !"
Elle s'interrompit pour respirer profondément puis elle reprit sa tirade. On aurait dit qu'elle avait attendu des années avant d'oser dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. Harry qui n'avait jamais réellement fait attention à ces mots la première fois les entendit parfaitement bien cette fois ci. Dire que toute sa colère venait de cette risible jalousie d'enfant, toutes ces années de maltraitances à cause d'elle. Il avait soudain bien moins de remords à avoir employé l'imperium sur son mari.
"Et puis, elle a rencontré ce Potter, à l'école," reprit-elle, "ils se sont mariés et tu es arrivé. Moi, je savais bien que tu serais comme eux, aussi bizarre, aussi ... anormal ... Et pour finir, quelqu'un l'a fait exploser et on a hérité de toi !"
"Explosé ?"
Ce fut soudain Vernon qui intervient, interrompant Hagrid avant qu'il n'ouvre la bouche.
"Ça suffit, écoute-moi bien, mon garçon," lança-t-il à Harry. "Je veux bien qu'il y ait chez toi quelques bizarreries, mais il suffirait d'une bonne correction pour arranger tout ça. Quant à tes parents, c'étaient de drôles de zigotos, sans aucun doute, et à mon avis, le monde se porte beaucoup mieux depuis qu'ils ne sont plus là. Ils ont eu ce qu'ils cherchaient, à force de fréquenter ces espèces de magiciens. Je le savais bien, d'ailleurs ! J'étais sûr qu'ils finiraient mal…"
Hagrid bondit alors du canapé, tira de son manteau un vieux parapluie rose passablement délabré et le pointa sur Vernon comme une épée.
"Je vous préviens, Dursley," rugit-il, "je vous préviens ... Un mot de plus et …"
La perspective de se retrouver embroché au bout d'un parapluie par un géant barbu fit perdre tout son courage à l'oncle Vernon. Il s'aplatit contre le mur et n'osa plus dire un mot.
"J'aime mieux ça," dit Hagrid en respirant profondément.
Il se rassit sur le canapé qui s'écrase contre le sol, Harry prit une pose pensive.
"Donc, pour résumer. Je suis un sorcier et vous voulez que j'aille dans une école où on apprend à faire sortir des têtards de nos poches ?"
"Oh tu apprendras bien plus à Poudlard." lui répondit Hagrid avec un large sourire.
"D'accord, mais qu'est-ce qui vous fait dire que je suis un sorcier du coup ? Visiblement ce n'est pas héréditaire comme ma tante ne l'es pas ? Je ne crois pas être un sorcier."
Hagrid éclata de rire.
"Pas un sorcier ? Toi ? Rappelle-toi : il ne s'est jamais rien passé quand tu avais peur ou que tu étais en colère ?"
Harry hausse les épaules.
"Je suis du genre à me tenir loin des ennuis. Mais disons peut-être, et donc ?"
Mais l'oncle Vernon ne voulait pas abandonner la partie.
"Je vous ai déjà dit qu'il n'ira pas là-bas," dit-il d'une voix sifflante. "Il fera ses études au collège de son quartier et il nous en sera très reconnaissant. J'ai lu ces lettres et j'ai vu toutes les sottises qu'on l'obligeait à acheter, des grimoires, des baguettes magiques, des…"
"S'il a envie d'y aller, ce n'est pas un gros Moldu dans votre genre qui pourra s'y opposer," grogna Hagrid. "Vous vous croyez suffisamment fort pour empêcher le fils de Lily et James Potter de faire ses études à Poudlard ? Vous êtes fou ! Il y est inscrit depuis sa naissance. Il va étudier dans la meilleure école de sorcellerie du monde. Sept ans là-bas et il sera transformé. Pour changer, il aura des camarades qui appartiennent au même monde que lui, et il étudiera avec l'un des plus grands maîtres que le collège Poudlard ait jamais comptés, Albus Dumbled…"
"JE REFUSE DE PAYER UN SOU POUR QU'UN VIEUX CINGLÉ LUI APPRENNE DES TOURS DE MAGIE !" s'écria l'oncle Vernon.
Mais cette fois, il était allé trop loin. Hagrid empoigna son parapluie et le fit tournoyer au-dessus de sa tête.
"JAMAIS PLUS ... INSULTER ... ALBUS ... DUMBLEDORE ... DEVANT ... MOI …" tonna-t-il.
Harry eut tout juste le temps de se placer devant Vernon en tendant les deux bras. Même s'il apprécierait la scène, cela n'aiderait en rien la conversation.
"Ça suffit Hagrid ! Ne vous mettez pas en colère. Il ne sait rien de rien sur votre monde mais ce n'est pas une raison pour l'agresser."
Hagrid se rétracta en remarquant Harry mais la crise de colère avait visiblement suffit à terrifier Vernon qui s'était précipité vers sa famille.
"Parfait ! Part avec lui ! Et ne revient pas !" dit son oncle en poussant sa femme et son fils vers l'étage.
"On ferait bien d'y aller," dit Hagrid en rangeant son parapluie, son ton toujours légèrement hargneux. "On a beaucoup de choses à faire aujourd'hui. Il faut aller à Londres et acheter tes affaires pour l'école."
"Heu... Hagrid ?"
"Oui, répondit le géant en époussetant son manteau.
"Comment va-t-on faire pour acheter tout ça ?" demanda-t-il. "Je n'ai pas d'argent et l'oncle Vernon refuse de payer mes études de sorcier."
"Ne t'inquiète pas pour ça," répondit Hagrid en se levant. "Tu crois donc que tes parents ne t'ont rien laissé ?"
"Et mes parents m'ont laissé de quoi faire mes études dans cette école."
"Bien sûr, les études à Poudlard sont comme prépayées et puis tu as des économies à la banque des sorciers."
"Et où est-ce qu'on la trouve cette banque des sorciers ?"
"A Londres, dans un quartier uniquement accessible aux sorciers du nom de Chemin de Traverse."
"Chemin de Traverse." il répète, assez impatient de retrouver la grande avenue qui l'avait fait rêver à son arrivée dans le monde magique à ses débuts.
"C'est ça ? Alors on y va ?"
Harry hoche la tête, annonce qu'il se change et qu'ils peuvent partir. Il se précipite alors vers l'étage où il entend les trois Dursley trembler de peur. Il tape à la porte sans ouvrir.
"Je vais faire les courses avec Hagrid, à toute à l'heure." et il partit se changer dans sa chambre.
Harry s'empresse alors d'enfiler un pantacourt en jean légèrement grand, hérité de Dudley mais en bon état, et un tee-shirt blanc qu'il avait amélioré lui-même avec sa magie. Harry n'avait jamais pris le risque de le montrer au Dursley de peur qu'ils ne l'accusent d'avoir volé des vêtements mais il avait ajusté et amélioré certains vieux vêtements hérités de Dudley en prévision de ses années à Poudlard. Il se retrouve devant le miroir et arrange ses longues mèches bouclées, désordonnées, en masse sur son front tentant sans succès de cacher sa cicatrice. Il se regarde avec un petit sourire. Lorsque Hagrid est venu le voir dans son ancienne vie, tout était différent, il était mal-nourri et son teint était cireux à cause de son manque de soleil et ce malgré son teint de peau naturellement tanné. Cette fois il avait largement eu l'opportunité de brunir au soleil et son teint était resté caramel, il n'était pas beaucoup plus grand que dans son ancienne vie et à peine moins maigrichon, mais il n'avait pas autant le visage creusé comme il avait réussi à obtenir des repas quasiment complet régulièrement durant les dernières années. Comme ses cheveux embettaient sa tante, Harry les faisait couper court à l'arrière et seules les mèches de devant cachaient une partie de son front. La plus grande amélioration restant que ses lunettes n'étaient absolument pas déformées, cassées ou même rafistolées, déjà car il avait eu tôt fait d'apprendre à réparer les objets mais aussi car il ne se battait plus avec personne. Sans personne pour le faire, elles n'avaient aucune raison d'être cassées. Harry après avoir saisi une petite bourse préparée en amont en prévision de l'activation de la trace ainsi qu'un sac à dos vide dont il se servait pour l'école et qui lui permettrait de ranger les fournitures, notamment les livres. Il repartit ensuite en trottinant vers le salon Hagrid qui l'attendait tranquillement.
Ils quittèrent ensuite l'allée pour aller rejoindre la grosse moto munie d'un sidecar de Sirius.
En la voyant, garée devant la maison, une douce nostalgie emplit Harry. Une ultime fuite qui avait coûté beaucoup à leur guerre. Ils avaient tellement perdu, et il ne laissera pas cette guerre se produire une seconde fois, il fera mieux et vaincra Voldemort avant qu'il n'ait le temps de faire tous ces dégâts. Il était temps qu'il sorte de sa retraite.