𝐓𝐡𝐞 đ‘đąđŻđšđ„

Harry Potter - J. K. Rowling
Multi
G
𝐓𝐡𝐞 đ‘đąđŻđšđ„
Summary
- Tu me mattes dĂ©ja, Astley ? demande-t-il, un sourire narquois au coin de ses lĂšvres. Quel est le verdict ?Elle lĂšve les yeux au ciel.- Finissons-en.Londres, 1983La guerre a Ă©tĂ© perdu, et le Seigneur des tĂ©nĂšbres rĂšgne totalement sur La Grande-Bretagne du monde magique. Ceux qui rĂ©sistent Ă  ce rĂ©gime totalitaire pĂ©rissent ou sont forcĂ©s de vivre dans l'ombre. Une de ces individus est Aria Astley, femme trĂšs recherchĂ©e et membre de la rĂ©sistance en diminution. La guerre lui a volĂ© pratiquement tous ceux qu'elle aimait avant, et maintenant elle et sa petite bande de rebelles ne reculeront devant rien pour rĂ©duire le gouvernent en cendres.Regulus Black est son opposĂ© polaire. Il a gravit les Ă©chelons en traitant impitoyablement ses adversaires, et est positionnĂ© en tant que bras droit de Voldemort- pourtant il ne s'est jamais senti si dĂ©sabusĂ©. Quand les drogues et l'alcool ne lui procurent plus l'Ă©vasion dont il dĂ©sire, il dĂ©cide de trouver une autre maniĂšre de s'amuser.A partir du moment oĂč Aria et Regulus se rencontrent dans un coin isolĂ© du Londres sorcier, ils savent tous deux que le cours de leurs vies- et peut-ĂȘtre celui du monde sorcier- sont sur le point d'ĂȘtre changĂ© Ă  jamais.
Note
Voici la traduction en Français de "The Rival" de sugarc0ma.J'ai vraiment eu un gros coup de cƓur pour cette fiction que je me devais de la traduire. Notez bien que j'ai eu l'accord de l'auteur.MĂȘme si Ă  l'heure oĂč j'Ă©cris cette note l'histoire n'a toujours pas Ă©tĂ© terminĂ© (il y a 21 chapitres) je tiens juste Ă  prĂ©ciser que les updates seront lents j'essayerai quand mĂȘme de trouver un rythme rĂ©gulier.J'espĂšre que cette histoire vous plaira autant qu'elle m'a plus et si vous avez l'occasion de pouvoir la lire en anglais allez-y c'est toujours mieux.Bonne lecture
All Chapters

ex cinere surgemus

CHAPITRE 3 | ex cinere surgemus (des cendres nous nous élÚverons)

Le facteur primordial qui rend les sangs de bourbe si dangereux pour une sociĂ©tĂ© pure et pacifique est leur capacitĂ© Ă  tromper les faibles de volontĂ© et les duper en leur faisant croire qu'ils ne sont pas si diffĂ©rents du reste d'entre nous. Dans certains cas, ils sont mĂȘme capables de les entraĂźner dans la bataille pour leurs propres intĂ©rĂȘts.- Sang-de-bourbes et le Danger qu'Ils Posent

 

Décembre 1978

Aria venait juste d’avoir dix huit ans lorsqu’elle rentra à la maison pour les vacances de Noel et qu’elle retrouva ses deux parents morts.

Elle entra et les trouva allongĂ©s cĂŽte Ă  cĂŽte sur le tapis du salon, les yeux fixĂ©s sur le plafond, entourĂ©s de tas de guirlandes et de quelques boules Ă©parses. Ils Ă©taient en train de dĂ©corer l’arbre quand quelqu’un est entrĂ© et a mis fin Ă  leurs jours. Étant des Moldus, ils n’avaient eu aucune chance. La police a mis la faute sur une fuite de gaz. AprĂšs tout, il n’y avait aucun signe de lutte, et le pathologiste n’avait pas Ă©tĂ© en mesure de fournir une autre explication raisonnable quant Ă  la raison pour laquelle un couple d’ñge moyen tombait soudainement mort, avec leurs corps totalement indemnes.

Aria, bien sûr, savait ce qu'il en était.

À partir du moment oĂč elle avait remontĂ© l’allĂ©e et trouvĂ© la porte d’entrĂ©e grande ouverte, elle se sentit quelque chose suspendu dans l’air. C’était Ă©pais, presque Ă©coeurant, comme une odeur de fruits pourries et de dĂ©composition. La magie noire, purulente sur toutes les surfaces. Cela redressait tous les poils de son corps, son sang commençait Ă  rugir dans ses oreilles alors que ses pensĂ©es se bousculaient face Ă  l'injustice de tout cela.

Ses parents, morts. Leur seul crime Ă©tait d’avoir Ă©tĂ© assez malchanceux pour donner naissance Ă  une fille aux capacitĂ©s magiques pendant le summum de la guerre des sorciers.

La premiĂšre – et la derniĂšre – fois qu’elle s’est permise de pleurer, c’était cette nuit-lĂ , dans les toilettes de la maison de Marlene, loin des yeux vigilants de sa famille. Ce n’était pas qu’elle s’en fichait – elle s’en souciait tellement que parfois, elle avait l’impression qu’elle allait imploser. Mais, allongĂ©e en position fƓtale et sanglotant sur le carrelage en porcelaine, Aria avait senti quelque chose en elle changer fondamentalement. Elle sentit le poids du chagrin s'enfoncer dans sa poitrine, lui coupant le souffle.

Et elle le sentit se déployer en elle alors qu'il se transformait en une rage brûlante.

Un souffle, la salle de bain était intacte. L'instant d'aprÚs, l'air était rempli de milliers d'éclats de porcelaine et de verre alors que la piÚce entiÚre explosait sous le poids de sa fureur. Marlene était arrivée en courant et l'avait trouvée recouverte de sang, coulant des centaines de petites coupures qui parsemaient son visage et ses bras.

Elle ne se souciait pas de l’état de la salle de bain. Elle n’était ni Ă©tourdi ni Ă©bahi Ă  la vue de ses nombreuses blessures. Au lieu de cela, elle jeta ses bras autour d'Aria, la berçant alors qu'elle s’appuya sur son Ă©paule en prononçait les mĂȘmes mots encore et encore jusqu'Ă  ce qu'ils ne soient plus cohĂ©rents. « Ma faute. Ma faute. Ma faute. »

Aria s'Ă©tait accrochĂ©e Ă  son amie, ayant l'impression d'ĂȘtre en Ă©quilibre au bord d'un grand prĂ©cipice, et que Marlene Ă©tait la seule chose qui l'empĂȘchait de tomber dans le vide. À ce moment-lĂ , intĂ©rieurement elle avait jurĂ© de se venger. Elle allait dĂ©truire tous les Mangemorts sur son passage, mĂȘme si cela la tuait. Si elle devait s'immoler par le feu pour s'assurer qu'ils brĂ»laient aussi, qu'il en soit ainsi. Depuis ce jour, elle est alimentĂ©e par cette mĂȘme rage.

Auparavant, elle ressentait cette rage comme un poison dans ses veines, corrompant tout autour d'elle jusqu'à ce qu'elle soit indifférente et endolorie.

Maintenant, elle ne sait plus qui elle est sans cela.

__________________

18 Juillet, 1983

 

Ils bĂ©nĂ©ficient tous de quatre jours de deuil avant que la chouette de Maugrey ne vienne hurler par la fenĂȘtre de la cuisine et dĂ©pose une lettre au milieu de leur petit-dĂ©jeuner. Shafeek la ramasse avec prĂ©caution, tandis que les autres se bousculent pour le lire.

 

Rendez-vous dans 30 minutes. Le portoloin est une boĂźte de conserve de fĂšves au lard vide, et vous la trouverez dans le champ en bordure des quartiers. Je ne peux pas en discuter ici, mais vous serez tous informĂ©s assez tĂŽt. Soyez lĂ  et SOYEZ À L’HEURE. -AM

 

Shafeek laisse tomber la lettre avec un cri, et juste un instant plus tard, elle s'enflamme, se désintégrant rapidement en cendres sous leurs yeux. Il jure bruyamment en massant ses doigts roussis.

– On dirait que Maugrey a dĂ©veloppĂ© un certain flair pour le dramatique, dit Aria. «À votre avis, Ă  quoi sert cette rĂ©union ? »

Shafeek laisse échapper un faible soupir:

– Une autre mission, à ce qu’on dit. Marls, va traüner Laz hors du lit, tu veux ? 

– Bon sang, je reviens tout juste de la derniĂšre qu’il m’a envoyĂ©, grogne Ana. « À propos de ça, ce fut un fiasco complet. Il voulait que je dĂ©couvre l’emplacement d’une nouvelle prison, mais tout ce que j’en ai tirĂ©, c’est d’ĂȘtre pourchassĂ© par des voleurs et presque piĂ©tinĂ© par un troupeau de vaches. »

Aria ne l’admettrait jamais, mais ce elle vit pour ces missions. Il n’y a rien qui l’accable davantage que de rester assise dans le chalet pendant des jours ou des semaines, Ă  ruminer ses propres pensĂ©es. AprĂšs tout, tous les membres de l'ordre ont leurs propres moyens de s'Ă©chapper de la rĂ©alitĂ©. Laz passe rĂ©guliĂšrement ses soirĂ©es dans des clubs moldus, reniflant et s'injectant toutes les substances illicites qui lui tombent sous la main. Ana couche avec tout ce qui bouge. Shafeek fume tellement de cannabis que Dorcas a dĂ©cidĂ© de le chasser de la maison pour l'empĂȘcher de salir tout l'endroit.

Pour Aria, sa façon de repousser les pensĂ©es sombres qui remontent Ă  la surface chaque fois qu’elle est seule est de permettre Ă  ses devoirs pour l’Ordre de la consumer entiĂšrement. Parfois, elle se demande quelle part d’elle il lui restera une fois la guerre terminĂ©e.

Trouver le portoloin s'avĂšre ĂȘtre ce que Shafeek aime appeler « un putain d’emmerdement ». Maugrey a tendance Ă  garder ses instructions dĂ©libĂ©rĂ©ment vagues, au cas oĂč l'une de ses lettres serait interceptĂ©e. Bien que, en thĂ©orie ce soit une bonne idĂ©e, c’est devenu un point de discorde lors de nombreuses rĂ©unions en raison du temps absurde qu’il leur faut pour localiser les portoloins qu’il installe. Alice et Frank Ă©taient une fois en retard de deux heures, aprĂšs avoir Ă©tĂ© forcĂ©s de parcourir le lit d'une riviĂšre Ă  la recherche de clĂ©s d’une voiture moldue.

– Accio portoloin !, dit Laz pour la cinquiĂšme fois, en agitant vaguement sa baguette en direction d'un carrĂ© d'herbes hautes au bord du champ.

– Ça ne marchera pas Laz, Dorcas lui dit d’un ton brusque, du fond de la brousse qu'elle fouille. « T’as pas compris les quatre premiĂšres fois ? »

– Tu as une meilleure idĂ©e peut ĂȘtre ? Accio portoloin ! » Shafeek laisse Ă©chapper un petit rire:

– Les enfants, s’il vous plaĂźt. Pouvons-nous arrĂȘter de nous chamailler pendant cinq secondes ? Je viens de marcher dans un Ă©norme tas de merde de vache et vous m'avez vu me plaindre ? Non. 

– Seulement parce que tu es trop dĂ©foncĂ© pour t'en soucier, taquine Marlene. « Quoi qu'il en soit - attendez ! Ici ! »

– Tu l’as trouvĂ© ? demande Aria, et Marlene tient la boĂźte comme un trophĂ©e. Oh! Ai-je dĂ©jĂ  mentionnĂ© que je t’aime vraiment ?

– On dirait que Dorcas a de la concurrence. Laz sourit. « Juste Ă  temps aussi. Sommes-nous tous prĂȘts ? » Ils se pressent pour toucher la conserve de fĂšves au lard et se retrouvent entraĂźnĂ©s dans un tourbillon de couleurs et de sons.

Ils rĂ©apparaissent quelques instants plus tard au milieu d'une zone boisĂ©e, Ă©vitant de peu d'atterrir dans un buisson d'Ă©pines. La terre sous leurs pieds est parsemĂ© d’aiguilles de pin et l’air est chargĂ© de leur parfum. Quelque part au loin, un ruisseau coule. La scĂšne est plutĂŽt charmante, et pendant une fraction de seconde, Aria est dans la forĂȘt interdite, se prĂ©cipitant dans les sous-bois aprĂšs Remus pendant une pleine lune.

– Vous ĂȘtes en retard d'une minute. Ils se retournent Ă  l'unisson pour voir Maugrey, s'appuyant sur sa canne et inspectant sa montre. Il regarde chacun d'eux tour Ă  tour, les scrutant comme s'il s'agissait d'un mangemort dĂ©guisĂ©, et dit:

 – Voulez-vous expliquer ?

– BoĂźte de fĂšves au lard, dit Laz, comme s'il s'agissait d'une phrase parfaitement articulĂ©e.

– Je vois. Parfois, je me demande si mes instructions sont un peu vagues, il rĂ©pond d’un ton bourru, ignorant ostensiblement le murmure de Shafeek : « Vague ? On ne peut plus. »

– Quelle est la mission cette fois, Maugrey ? demande Ana. Cette fois, j’espùre qu’il n’y aura plus de recherche de prisons.

–Oh non, Northcott. Ce que je vous rĂ©serve est bien plus excitant que cela.

Le groupe Ă©change un regard. S'il y a une chose qu'ils ont appris au cours des deux derniĂšres annĂ©es, c'est que Maugrey a un penchant pour remplacer les mots « mortellement pĂ©rilleux » par « passionnant » ou mĂȘme simplement « intĂ©ressant ». Quelle que soit cette mission, elle le sera probablement le genre qui donne Ă  Minnie l'impression qu'elle est sur le point de faire Ă©clater un anĂ©vrisme quand ils la racontent pendant le dĂźner.

– Je suis sĂ»r que vous ĂȘtes tous conscients de la situation dĂ©sastreuse actuelle, dit Maugrey aprĂšs un moment.

Aria regarde simplement l'Auror vieillissant, ne sachant pas s'il s'attend Ă  ce qu'elle rĂ©ponde. Bien sĂ»r, elle en est consciente – comment pourrait-elle ne pas l’ĂȘtre ? C’est elle, avec Shafeek, Ana et les autres, qui se sont prĂ©cipitĂ©es dans la bataille au moindre avertissement, fonçant sans aucune hesitation dans des situations dangereuses. Eux qui sont de nouveau sur le terrain quelques jours seulement aprĂšs avoir subi des blessures potentiellement mortelles qui auraient dĂ» les maintenir au lit pendant des semaines, et se dosent de potion Pimentine juste pour rester vigilants.

– Les gens perdent espoir, poursuit-il lentement, et pour cause. Cela fait des mois qu’ils n’ont plus eu de nouvelles de notre part, Ă  cause du ministĂšre qui a tout Ă©touffĂ©. Nous devons faire quelque chose de grand. Quelque chose qu’ils ne peuvent pas ignorer.

– Oh ? demande Marlùne.

– Il y a une exĂ©cution qui doit avoir lieu ce samedi. Cinq soi-disant traĂźtres, observĂ©s par une foule de spectateurs parmi lesquels certains des individus les plus puissants et les mieux connectĂ©s du rĂ©gime. Et, aux commandes, Regulus Black. Le prĂ©cieux lieutenant de Vous-savez-qui. »

Aria hoche la tĂȘte, son esprit s'emballant. Elle commence Ă  sentir oĂč cela va. Et, Ă  en juger par les regards inquiets de ses amis, elle n’est pas la seule.

– Cela nous offre l’occasion idĂ©ale de faire quelque chose de grand. Un grand geste, si vous voulez.

Aria déglutit avant de parler:

– Et qu’est-ce que ça serait, exactement ? 

– Nous allons tout bombarder et libĂ©rer les prisonniers.

– Heilige Scheiße
 murmure-t-elle.

Aria n’a pas vĂ©cu dans son Allemagne natale depuis l’ñge de onze ans, et pourtant, lorsqu’elle est en Ă©tat de choc, elle se retrouve Ă  retomber dans sa langue maternelle.

Personne d'autre ne prononce un mot. Ils semblent rĂ©flĂ©chir Ă  la nouvelle, Ă©valuant le risque relatif par opposition aux avantages d’un tel acte. Les rouages qui tournent dans leurs tĂȘtes sont pratiquement visibles.

Aria est la premiÚre à parler. Elle hausse simplement les épaules et dit :

– Je suis partante.

Maugrey hoche la tĂȘte, mais personne d'autre ne rĂ©agit visiblement. AprĂšs tout, Aria n'est jamais du genre Ă  refuser une mission. Ce n'est pas par imprudence de Gryffondor, mais plutĂŽt par le dĂ©sir d'ĂȘtre constamment lĂ -bas, de faire quelque chose. Quand l’ennui s’installe, la misĂšre n’est jamais loin derriĂšre.

– Moi aussi. dit Laz aprĂšs quelques battements. Sa mĂąchoire est dĂ©terminĂ©e, ses yeux gris durs et illisibles. «J’en ai marre d’ĂȘtre surveillĂ© et assis dans ce foutu cottage.»

Maugrey, au grand étonnement de tous, tend la main pour lui donner une tape sur l'épaule.

– Bon garçon. Et le reste d’entre vous ?

Ils murmurent tous en signe d’approbation, avant que Marlene ne se tourne vers Maugrey et demande :

– Pourquoi ce samedi ? Vous ne trouvez pas que c'est un peu
 anticipĂ© ? Nous avons besoin de plus de temps pour Ă©laborer une stratĂ©gie et planifier diffĂ©rentes voies d’évacuation


– Je vous assure que tout est rĂ©glĂ©. Les plans traĂźnaient dans mon bureau depuis des mois, en attendant l'ouverture dont nous avions besoin. Ils n’ont reçu le feu vert qu’à la lumiĂšre des renseignements de Kingsley provenant de Severus selon lesquels Vous-savez-qui sera Ă  l’étranger au cours des prochaines semaines.

Les visages de Shafeek et Laz s'assombrissent visiblement à la mention de Rogue. Aria le considÚre toujours avec un peu de scepticisme, mais ils sont tous les deux carrément méfiants à l'égard du prétendu « agent double ».

Laz a l’habitude de dire: « Apres tout c'est le chien de poche prĂ©fĂ©rĂ© de Vous-savez-qui, n'est-ce pas ? Qu’est-ce qui pourrait bien lui donner envie de prendre ce risque pour notre bien ? »

De toute Ă©vidence, il a raison. Aria a entendu – Ă  partir de preuves anecdotiques seulement, mais en grande partie – que Rogue profite toujours du butin de la victoire des mangemorts. La rumeur veut que Vous-savez-qui l'a installĂ© dans un vaste manoir juste Ă  l'extĂ©rieur de Londres, avec une petite armĂ©e de serviteurs rĂ©pondant Ă  tous ses caprices. Personne ne peut expliquer son changement d’allĂ©geance si peu de temps aprĂšs la chute du ministĂšre. Ce n’est pas comme s’il existait une loyautĂ© persistante issue des amitiĂ©s nouĂ©es Ă  l’école. Il se trouve qu’ils Ă©taient ouvertement hostiles les uns aux autres. Aria Ă©tait une Ă©lĂšve exemplaire jusqu'aux Ă©vĂ©nements de sa septiĂšme annĂ©e, mais elle s'est quand mĂȘme dĂ©crochĂ©e une poignĂ©e de retenues suite Ă  des disputes avec Rogue et ses copains Serpentard. Le fait qu'Ana et Laz soient originaires de la mĂȘme maison de Poudlard qu'eux ne manque jamais de l'Ă©tonner.

– J'enverrai les dĂ©tails d'un briefing avec Kingsley et moi-mĂȘme dans les prochains jours.

Aria revient brusquement Ă  la rĂ©alitĂ© et se rend compte que Maugrey est en pleine effervescence. Elle le regarde fouiller dans la pochette situĂ©e Ă  sa hanche et en sortir plusieurs flacons en verre miniatures, chacun Ă©quivalent Ă  la taille d'un dĂ© Ă  coudre. Le liquide contenu Ă  l’intĂ©rieur est clair et teintĂ© de jaune.

–Est-ce que c'est
, murmure Dorcas.

Elle est la plus compétente en potions de tous, et la légÚre horreur gravée sur ses traits délicats suggÚre qu'elle reconnaßt cette concoction et qu'elle n'est pas satisfaite de ce qu'elle voit.

– Extrait de mandragore, dit Maugrey. En cas d’ingestion, fatale en quelques minutes seulement. Personne, Ă  l'exception peut-ĂȘtre de Severus, n'est suffisamment compĂ©tent en Occlumencie pour rĂ©sister Ă  Vous-savez-qui lui-mĂȘme. Dans ces circonstances, j’espĂšre que vous prendrez tous la bonne dĂ©cision pour la cause.

Aria hoche lourdement la tĂȘte. Il y a quelques annĂ©es, elle aurait dit Ă  Maugrey qu'il Ă©tait fou. Elle aurait immĂ©diatement refusĂ© le flacon, insistant sur le fait qu’il n’était pas nĂ©cessaire d’en arriver lĂ . DĂ©sormais, elle n’a plus rien Ă  perdre. Elle a depuis longtemps dĂ©passĂ© le stade naĂŻf de croire que l’amour et la droiture suffisent pour gagner une guerre. Tout le monde ici a perdu quelque chose, et certains ont tout perdu. Elle sait que si la situation se prĂ©sentait, elle donnerait sa vie pour leur cause en un clin d’Ɠil.

Essayant d'apaiser la nausĂ©e dans son intestin, elle prend le flacon des mains de Maugrey sans protester. Les autres emboĂźtent le pas, semblant inquiets mais acceptant sombrement. Elle se demande quand est-ce qu’ils avaient atteint le point de rupture. Lorsqu’ils ont rĂ©alisĂ© qu’ils n’étaient, tout comme elle, que de simples pions dans un jeu plus vaste.

__________________

22 juillet 1983

 

Regulus pense que le nom de la fille pourrait ĂȘtre Rochelle. Ou Ă©tait-ce Raquel ? Entre son Ă©tat de fugue dissociative induite par la drogue et la musique rauque qui rĂ©sonnait dans le club autour d'eux, il n'a pas vraiment Ă©coutĂ©, et Ă  ce stade, il semble un peu tard pour poser la question. En toute honnĂȘtetĂ©, cependant, il doute qu’elle soit blessĂ©e par cela. Elle est bien trop occupĂ©e Ă  alterner entre sucer son cou et enfoncer sa langue dans sa gorge, ne remontant que pour avoir de l'air pour jacasser bĂȘtement dans son oreille:

– Alors Regulus, elle rigole d'un ton haletant qui lui fait grincer des dents « Comment ça se passe ? Tu sais
 tu travailles pour Lui ? Ce doit ĂȘtre un honneur. »

Il lui donne un grognement évasif et cherche dans sa poche un petit paquet de poudre blanche niché au fond des plis du tissu. Barty lui a dit qu'il n'aurait pas besoin d'un autre hit ce soir, lui assurant que le truc qu'il avait acheté était « Le meilleur, mec ! Faites-moi confiance ! » mais le voilà, aprÚs deux heures et à bout de souffle. Regulus se maudit silencieusement de l'avoir cru sur parole ; Barty est un imbécile aux proportions épiques, aprÚs tout.

Avec beaucoup de difficultĂ©, il s'extirpe des griffes de Rochelle-ou-Rachel et commence Ă  tapisser la poudre blanche sur la table devant eux, faisant de son mieux pour Ă©viter les diverses flaques d'alcool qui gĂąchent la surface du Formica. Il l’étale en lignes nettes et uniformĂ©ment rĂ©parties, salivant presque en le faisant. Mis Ă  part cette premiĂšre poussĂ©e d’euphorie vertigineuse, l’anticipation est la meilleure partie.

– Un autre ? demande la jeune fille en haussant les sourcils. « Je ne me plains pas, mais Rita Skeeter a dit Ă  la radio l’autre jour que vous aviez une exĂ©cution demain
 »

Regulus allume une cigarette entre ses lÚvres et inhale une grande bouffée de fumée ùcre avant d'expirer et de répondre:

– Tu en veux ou pas, Rochelle ?

– C’est Rachel

–Tu sembles avoir l’impression que j’en ai quelque chose à faire.

Il regarde une lueur d’offense traverser briĂšvement ses traits et se sent presque satisfait. Bien, pense-t-il. Si je dois ĂȘtre aussi malheureux, toi aussi.

– Oh, je vois. Rachel sĂšche et se lĂšve brusquement, renversant presque son verre dans le processus. «Au revoir, Regulus.»

Elle semble se retenir de lui lancer quelques vulgaritĂ©s alors qu'elle s'en va avec un bruissement de ses cheveux auburn. Peut-ĂȘtre qu’elle n’est pas aussi sotte qu’elle le paraissait au premier abord. Elle est pleinement consciente de qui est Regulus et de ce qu'il aurait pu lui faire, ou Ă  sa famille, s'il le souhaitait.

Qu'elle le craigne. Elle n'a pas besoin de savoir qu'au moment oĂč elle a disparu dans la foule de corps tournoyants sur la piste de danse, Regulus a de nouveau laissĂ© son nom s'Ă©chapper de son esprit. Il l’a dĂ©jĂ  balayĂ©e pour rejoindre les dizaines de femmes qui se sont jetĂ©es sur lui ce soir. Elles sont si nombreuses que leurs visages se confondent en une masse non identifiĂ©e.

Il Ă©crase sa cigarette, penche la tĂȘte vers la table et inhale la poudre. Cela se prĂ©cipite jusqu'au sommet de ses narines, et il jure qu'il peut presque sentir ses veines absorber instantanĂ©ment la substance. Il ressent une pression qui monte dans sa tĂȘte, une pression qui autrefois l'aurait fait tousser et bafouiller, mais il se contente de s'asseoir et d'attendre que l'inĂ©vitable afflux de dopamine fasse effet.

Malgré sa haute tolérance, acquise aprÚs des années d'utilisation immodérée, cela prend moins de deux minutes.

Chaque son et chaque pensĂ©e sort de sa tĂȘte. Il lĂšve les yeux au ciel et laisse Ă©chapper un soupir de plaisir. Il ne se lassera jamais de cette sensation, c’est prĂ©cisĂ©ment pourquoi ce truc est si dangereux. Cela efface les doutes. Les peurs. Les souvenirs qui hantent ses cauchemars les plus fĂ©briles. Et, Ă  la place : le bonheur. Un bonheur parfait et pur. Il pourrait mĂȘme rester assis dans un Ă©gout toute la journĂ©e et il se sentirait toujours aussi bien et tellement heureux.

Cela lui fait se sentir encore meilleur que l'homme des cavernes lorsqu'il a dĂ©couvert le feu pour la premiĂšre fois. Mieux que Brutus lorsqu'il a poignardĂ© CĂ©sar et a vu la vie s'Ă©couler de ses yeux. Mieux que RomĂ©o quand il a finalement couchĂ© avec Juliette. Il se permet d'espĂ©rer juste un instant que cette fois-ci sera le moment oĂč il ne descendra plus du tout.

Barty est presque allongĂ©e sur la banquette d’en face, essayant apparemment de localiser les amygdales de sa compagne avec sa langue. Leurs gĂ©missements se dirigent vers lui, se mĂȘlant Ă  la musique assourdissante. Regulus se lĂšve, chancelant et les laisse Ă  leur canotage.

Une fois arrivĂ© au centre de la piste de danse, la drogue l'a frappĂ© de plein fouet. Un sentiment familier d'extase coule dans ses veines, exacerbant ses sens. Une sensation d’apesanteur totale prend le dessus, et les minutes s’écoulent dans un Ă©lan ivre. L’atmosphĂšre semble avoir changĂ©, devenant plus vertigineuse et plus libre. Des cris de rire ivres et des cris de plaisir rĂ©sonnent tout autour de lui.

Les yeux flous de Regulus rencontrent ceux d'une femme qui danse à quelques mÚtres de lui. Sa peau pùle contraste avec ses boucles sombres, collées à son cuir chevelu avec de la sueur. Des paillettes scintillent sur ses pommettes, éclairées par les lumiÚres clignotantes du club.

Presque sans réfléchir, il l'attire vers lui et presse ses lÚvres contre les siennes. Elle se fond immédiatement sous son contact, prenant son visage dans ses mains et permettant à sa langue d'explorer sa bouche. Ses mains parcourent sa taille et ses jambes, taquinant l'ourlet de sa robe courte en satin. Ils se vénÚrent mutuellement avec exubérance, sans se soucier de la piste de danse bondée qui les entoure. Il veut se perdre dans ses lÚvres. Il veut boire, fumer et baiser jusqu'à ce que chaque pensée cohérente dans son esprit soit emportée comme du sable à marée haute.

Un coup sec sur le dos de sa chemise le ramĂšne Ă  la rĂ©alitĂ©. Il laisse Ă©chapper un grognement sourd et irritĂ© et se retourne pour voir Evan Rosier apparaĂźtre derriĂšre lui avec un visage comme le tonnerre. La jeune fille repart dans la mĂȘlĂ©e avec un clin d’Ɠil et un geste gracieux de ses doigts fins lui disant au revoir.

– Que veux-tu, Rosier ? grogne-t-il.

L’emprise de Rosier sur son avant-bras se resserre et il se penche jusqu'à ce que son visage soit à quelques centimùtres de celui de Regulus.

– Qu'est ce que tu crois ? Je te ramùne à la maison, tout de suite.

– Va te faire voir. Je rentrerai chez moi quand je veux.

– Au cas oĂč tu l'aurais oubliĂ©, Black, tu as un jour important demain. Par la putain de barbe de Merlin, tu ne ressembles Ă  rien.

Regulus retire son bras et siffle :

– Ne me parle pas comme ça.

– Le Seigneur des TĂ©nĂšbres fera bien pire si tu te prĂ©sentes comme ça demain. Maintenant, nettoies toi. Je serai dehors quand tu seras prĂȘt.

Regulus regarde la silhouette de Rosier se retirer dans la foule et ne veut rien de plus que le maudire et le regarder se tordre de douleur. Ses doigts s'enroulent mĂȘme autour de sa baguette, mais la partie raisonnable et Serpentard de lui sait qu'il a raison. Presque tremblant de ressentiment et de rage, il se fraye un chemin vers la salle de bain.

À l’intĂ©rieur, les murs sont peints d’une peinture vert boue Ă©caillĂ©e, contrastant violemment avec le carrelage jaune dĂ©lavĂ© du sol. Il y a une odeur persistante de pisse rassis dans l'air, mĂ©langĂ©e Ă  Merlin-sait-quoi d'autre. Mis Ă  part le lĂ©ger grondement de la musique derriĂšre la porte et les bruits indubitables d'un couple forniquer dans l'une des stalles, Regulus est entiĂšrement seul.

Maintenant, loin de l’exaltation de la piste de danse, il commence Ă  se sentir de plus en plus dans les vapes et dĂ©sorientĂ©. Il s'enferme dans l'une des stalles et verrouille la porte ornĂ©e d'une multitude de messages et de dessins obscĂšnes. S'accrochant au rebord de l'Ă©vier pour se stabiliser, il allume une autre cigarette et inspire.

Le reflet qui le rencontre dans le miroir crasseux est bien loin de celui qu’il a connu autrefois.

Un mince filet de sang coule de son nez, formant une croĂ»te juste au-dessus de ses lĂšvres avec les restes de poudre blanche de tout Ă  l’heure. Ses yeux sont masquĂ©s, la sclĂšre est couverte de traits rouges. Les cheveux, auparavant parfaitement coiffĂ©s, pendent dĂ©gingandĂ©s sur la pĂąleur de son visage.

Il semble Ă  quelques instants de s'effondrer, mort.

Il ne se rend pas compte qu'il a sorti sa baguette de sa poche jusqu'Ă  ce qu'elle soit sortie et pointĂ©e vers sa propre tempe. Peut-ĂȘtre que cette fois, il aura la force de le faire enfin. Ce serait si facile de simplement murmurer un seul mot et de regarder cette lumiĂšre blanche et brillante consumer sa vision.

Il imagine ce qu'il ressentira, la magie se frayant un chemin dans son esprit et arrachant les choses qu'il se bat si durement pour ignorer. Il sera libre. Libéré du chagrin qu'il porte dans ses tripes chaque putain de jour aprÚs jour.

Il rentrera chez lui sur la pointe des pieds pour éviter de réveiller sa mÚre et de subir une nouvelle de ses critiques apoplectiques.

Et demain, il mettra le masque pour cacher l’insalubritĂ© de son teint et sortira pour faire ce qu’on attend de lui sans se poser de questions.

Sa main ne faiblira pas comme d'habitude alors qu'il murmure l'incantation et invoque un éclair vert qui fait chuter les prisonniers au sol.

Il se retournera pour faire face Ă  la foule hurlante, criant et acclamant son nom Ă  l’unisson. Il se dĂ©lectera de la gloire et en aimera chaque derniĂšre seconde misĂ©rable.

Mais, mĂȘme avec ces images Ă©blouissantes qui envahissent son esprit, il baisse Ă  nouveau sa baguette et la laisse tomber sur le sol sale. Et se mĂ©prise pour sa faiblesse.

Sign in to leave a review.