
Alis volat propriis
CHAPITRE 1 | Alis volat propriis (elle vole de ses propres ailes)
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Une petite fille
Portant du Rouge
Espionna un grand méchant sang-de-bourbe, qui dit:
"Est-ce une baguette dans ta main ? Puis-je l'essayer ?"
"Non ! " cria la petite fille
Et s'enfuit loin de lui sous un cri
- Sang-de-bourbes et le Danger qu'Ils Posent (Ădition pour Enfants 1982)
14 Juillet, 1983
Â
â Qes'vous voulez ?
Peter Pettigrow sursaute sur sa chaise, laissant tomber précipitamment son journal cachant son visage contre la table. Sur le bois ébréché, plusieurs gros titres éclatent dans des colonnes nettes en noir et blanc. Les punitions corporelles seront réintroduites à Poudlard, confirme le directeur Rosier. Les plans de réforme d'Azkaban dévoilés Pour Voldemort et Valour ! Les billets pour l'exécutions cette semaine sont maintenant à gagner... Pour la serveuse mùchant du chewing-gum, cependant, les photos restent figées sous des articles sur la bourse moldue et la victoire écrasante de Margaret Thatcher dans les sondages.
 â Je suis dĂ©solĂ©, qu'avez vous dit ? demande-t-il, dĂ©tournant enfin ses yeux.
â J'ai dit, dit la serveuse, prononçant chaque syllabe comme si elle s'adressait Ă un enfant particuliĂšrement stupide, qu'est ce que vous voulez ?Â
â Oh, hum-, son regard se tourna vers le menu. Je vais pendre un double espresso, s'il-vous-plait.
â Okay. J'arrive tout de suite. Elle ramasse le menu et tourne les talons, traversant en quelques enjambĂ©es le cafĂ© miteux et disparaĂźt dans la cuisine.
Peter se glisse dans sa chaise sous un soupir, et relĂšve le journal en face de son visage. Jetant un coup d'oeil par-dessus, il regarde la rue animĂ©e Ă lâextĂ©rieur avec dĂ©sintĂ©rĂȘt.
Apparemment, il est ici sous-surveillance, suite Ă une dĂ©nonciation de Croupton selon laquelle plusieurs membres de lâOrdre aurait Ă©tĂ© aperçu dans cette zone au cours des derniĂšres semaines. En rĂ©alitĂ©, cependant, câest une autre simple mission qui lui a Ă©tĂ© confiĂ© pour le garder apaisĂ© et Ă lâĂ©cart. Ils lui en ont donnĂ© beaucoup ces derniers temps. Surveiller des champs alĂ©atoires en cas oĂč ils contiendraient les refuges de la rĂ©sistance. Remplir des papiers pour la marionnette de ministre sous le sortilĂšge de lâimperium. Superviser les affaires judiciaires et prendre des notes. Une ou deux fois, il a mĂȘme Ă©tĂ© chargĂ© de verser du thĂ© ou de servir des biscuit durant une rĂ©union.
Il regarda Ă nouveau la rue, guettant nâimporte quel changement. Stupide, vraiment- Ă quoi sâattendait-il, que lâun dâentre eux allait se balader lĂ comme si ils nâĂ©taient pas les personnes les plus recherchĂ©es de Grande-Bretagne ? Cela semble ĂȘtre la fin de la journĂ©e de travail moldue, car le trottoir se remplit lentement d'une houle d'hommes et de femmes Ă l'air hagard qui transpirent dans leurs costumes d'affaires. MĂȘme si Marlene Mckinnon ou Shafeek Matovu eux-mĂȘmes se trouvent quelque part lĂ -dedans, ce n'est pas comme il pourrait rĂ©ellement les voir.
Sa âmissionâ est- dans tout les sens du terme- futile, mais il a un sentiment sournois que personne ne sâattend Ă ce que sa recherche ne porte Ă ses fruits.
« Tu as servi ton devoir, Queudver. » Severus est connu pour dire. Il est peut-ĂȘtre un connard incomprĂ©hensible, mais Peter ne peut s'empĂȘcher d'ĂȘtre d'accord.
La serveuse revient, dĂ©posant son cafĂ© en face de lui avec un bruit irritant. Il chercha les poches de son jean pour un peu de monnaie afin de la payer, puis prend une gorgĂ©e. Presque immĂ©diatement son visage se contorsionne en une grimace. Le cafĂ© a un goĂ»t rĂ©voltant, et maintenant, en y pensant, en a lâair aussi. Il le laisse de cĂŽtĂ©, se faisant une note mentalement de trouver un magasin du coin pour une canette de coca. Et pour localiser Lucius, et le supplier de parler en sa faveur au Seigneur des TĂ©nĂšbres. Il y a tellement plus de cela qu'il peut prendre - s'asseoir, attendre et revenir insatisfait chaque soir pendant que les autres mĂšnent des rafles et capturent des criminels mal famĂ©s.
Il sort son paquet de cigarettes, et en allume une un peu tremblant, nâĂ©tant pas habituĂ© Ă utiliser de briquets moldu aprĂšs des annĂ©es Ă avoir sa baguette Ă portĂ©e de main pour de telles choses. Il prend un soupire profond, et ferme les yeux. Peut-ĂȘtre parlerait-t-il au Seigneur des TĂ©nĂšbres personnellement. AprĂšs tout, ce nâest pas comme si il nâavait pas prouvĂ© sa loyautĂ©. Il mĂ©rite mieux - mieux que d'ĂȘtre assis dans un cafĂ© moldu graisseux, de toute façon.
â Je suppose que vous nâen avez pas une de plus ?
Ses yeux s'ouvrent et pendant un instant, il crut que la femme devant lui Ă©tait la serveuse. Peut-ĂȘtre nâavait-il pas rĂ©ussi Ă lui payer le montant correct - la monnaie moldue l'a toujours dĂ©routĂ©. Mais
non. Cette femme nâest comme aucune quâil nâait jamais vu auparavant dans sa vie, bien quâil y ait quelque chose dâintrinsĂšquement familier dans la façon dont elle se comporte dont il ne peut ne peux pas exactement mettre le doigt dessus.
â Bonjour ?
Peter revient dans la rĂ©alitĂ©, rĂ©alisant qu'il a Ă©tĂ© captivĂ© par ses lĂšvres, peintes en rouge brillant, mettant en avant ses vagues brunes Ă merveille. Elle est grande, avec de large yeux marrons et des joues lĂ©gĂšrement rougies, et vĂȘtue dâun manteau de fourrure sombre qui semble tout Ă fait inappropriĂ© pour lâĂ©touffante tempĂ©rature de lâextĂ©rieur. Ses jambes, cependant, sont nues, et Peter ne peut s'empĂȘcher de les regarder avec apprĂ©ciation avant de rĂ©pondre.
â Je suis dĂ©solĂ©, quoi ?
â Puis-je avoir une clope ? Je viens juste dâĂȘtre Ă court, vous voyez, elle fait signe Ă la cigarette entre ses doigts.
â Oh,euh-oui. Bien sĂ»r. Tenez... il ramasse la boĂźte, qui glisse entre ses doigts moites et tombe sur la table. Merde dĂ©solĂ©-, il sent son visage commencer Ă s'enflammer.
La femme sourit et prend le paquet. Il regarde, hypnotisĂ©, alors que ses lĂšvres rouge-cerise s'enroulent soigneusement autour de la cigarette, mettant ses mains prĂšs de son visage et prenant l'une des inspirations les plus profondes qu'il nâait jamais vues. Elle ne cligne mĂȘme pas des yeux, et Peter se retrouve rougir- plutĂŽt impressionnĂ©.
Elle expire une panache de fumée tout droit sur son visage, et un sourire narquois danse sur ses traits. Peter tousse et crachote, mais il peut sentir son rythme cardiaque commencer à s'accélérer dans sa poitrine.
â Ce sont des Marlboro red ? demande la femme en Ă©crasant la clope et en laissant une petite marque de brĂ»lure sur le bois. « Ils sont chers, nâest-ce pas ? »
â Eh bien, je veux dire- pas trĂšs chers-
Peut-ĂȘtre devrais-je trouver un moyen de vous repayer.
- Et comment feriez-vous ? » Peter lÚche ses lÚvres, qui semblent soudainement desséchées.
La femme se place derriÚre lui et pose sa main sur son épaule :
- Sortons d'ici et vous pourrez le dĂ©couvrir. Quâest ce que vous en dites ?
â Ăa a l'air gĂ©nial. » Peter pose enfin son journal, le plie et le fourre dans son sac. Tans pis pour sa mission - personne ne s'attendra Ă ce qu'il rapporte des informations, il est donc peu probable qu'ils le dĂ©couvrent un jour. En fait, il a appris depuis longtemps qu'il est peu probable qu'ils lui parlent du tout.
Ăbloui par sa propre bonne fortune, il ne remarque pas le regard significatif Ă©changĂ© entre la femme mystĂ©rieuse et la serveuse alors qu'il la suit hors du cafĂ©, et la cloche sonne pour signifier leur dĂ©part.
Une fois dehors, Peter se retourne vers sa nouvelle compagne :
â Quâavez-vous dit que votre nom Ă©tait, encore?
â Je ne lâai pas dit. Mais je ne pense pas que cela ait de lâimportance, pas vrai ?
â Non. Je suppose que non.Â
Il se contente parfaitement de rester anonyme, surtout si cette femme est une sorciĂšre. Contrairement Ă la croyance populaire, ĂȘtre un mangemort, en fait, n'amĂ©liore pas les perspectives avec la gent fĂ©minine. Ce nâest pas comme si il avait la richesse de Mulciber ou le pouvoir qui accompagne le fait de faire partie du cercle restreint du Seigneur des TĂ©nĂšbres comme Lucius, et la marque sur son bras sert gĂ©nĂ©ralement Ă pĂ©trifier ou Ă dĂ©goĂ»ter toutes les femmes qu'il rencontre.
-Alors, as-tu envi dâaller quelque part moins⊠infestĂ© de moldues ? Je sais que la plus part des bars dans le Chemin de Traverse ont fermĂ©s, mais le Chaudron est toujours ouvert. » dit mystĂ©rieuse femme.
Ah, une sorciĂšre. Comme il le supposait, mais nâavait pas Ă©tĂ© assez audacieux pour aborder le sujet de la magie pour vraiment le dĂ©couvrir.
- Génial. Allons-y.
Peter nâa jamais Ă©tĂ© ce que lâun pourrait appeler distinct, mais quelque chose en elle le fait trĂ©bucher sur ses mots encore plus qu'il ne l'a fait en demandant Ă Dorcas de lâaccompagner Ă PrĂ©-au-lard en troisiĂšme annĂ©e.
Oh, Salazar. Pourquoi Ă©tait-il entrain de penser Ă Dorcas ? Elle est l'une des nombreuses personnes regroupĂ©es dans un coin sombre de son esprit qu'aucune quantitĂ© de brevage ou de drogue ne peut Ă©liminer. Il s'arrĂȘte, secoue la tĂȘte un bref instant, avant de continuer Ă suivre la femme sur Charing Cross Road.
Plusieurs clients lÚvent leur regard en les voyant entrer dans le Chaudron Baveur, mais il n'y a qu'une faible lueur de reconnaissance dans leurs yeux, manquant le genre de peur premiÚre qu'il rencontre habituellement lorsqu'il patrouille ici. Cela est sans doute dû au fait qu'il est normalement accompagné de Fenrir Greyback, qui est connu pour (à plus d'une occasion) perdre le contrÎle et attaquer sans discernement.
Lâaubergiste, Ivan, hoche la tĂȘte Ă la hĂąte dans leur direction et marmonne un obligatoire "Pour Voldemort et Valour" avant de retourner nettoyer un verre avec un chiffon sale. Sa nervositĂ© est presque palpable de l'autre cĂŽtĂ© de la piĂšce. Il semble que quelqu'un se soit permis de l'informer du sort de son prĂ©dĂ©cesseur. Peter n'a pas l'Ă©nergie de lui expliquer que Tom a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© pour avoir hĂ©bergĂ© des membres de la rĂ©sistance, pas simplement pour ĂȘtre dans le mĂȘme voisinage qu'un Mangemort.
Ils prennent place Ă une table dans un coin, oĂč lâattention de la mystĂ©rieuse femme se porte immĂ©diatement vers lâaffiche accrochĂ©e sur le mur Ă cĂŽtĂ© dâeux. Sur le papier en lambeaux, divers visages les regardent sous la lĂ©gende RECHERCHĂ : MORT OU VIVANT. Il y a des hommes et des femmes de tous Ăąges et de toutes ethnies lĂ -bas, mais tous ont une chose en commun : une sorte de fureur froide et fumante dans leur regard, et un regard dĂ©charnĂ© qui parle d'annĂ©es de fuite des autoritĂ©s. Plusieurs ont des croix rouges barrĂ©es de larges traits de peinture rouge, signifiant leur capture :
â Surprenant nâest-ce pas ? , dit-elle aprĂšs un moment. Quâils nâont toujours pas Ă©tĂ© capturĂ©, aprĂšs tout ce temps.Â
â Je tâassure que nous travaillons dur pour nous assurer qu'ils seront dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©s d'ici quelques mois. Le Seigneur des TĂ©nĂšbres introduit de nouvelles divisions de malĂ©diction et envoie plus d'aurors pour balayer le pays chaque jour. Peter est presque dĂ©concertĂ© par les mots qui sortent de sa bouche. Il ne sait pas pourquoi, mais il ressent le besoin d'impressionner cette femme, de lui assurer qu'il peut la protĂ©ger.
â Je lâespĂšre aussi. Des sauvages, le lot d'entre eux.
â Ouais ! Peter hoche la tĂȘte avec enthousiasme. Des sauvages. Ils ne comprennent pas les plans du Seigneur des TĂ©nĂšbres, et comment ils pourraient amĂ©liorer la vie pour tout le monde dans le monde sorcier.
â Alors, tu travailles au ministĂšre ?
â En fait, je travaille avec le Seigneur des TĂ©nĂšbres lui-mĂȘme. Je lui suis fidĂšle depuis longtemps avant qu'il n'arrive au pouvoir. Ce n'est qu'une demi-vĂ©ritĂ©, mais un sentiment de fiertĂ© mal placĂ©e se glisse encore dans sa voix.
â Wow, ça Ă lâair intense. Tu dois ĂȘtre tellement brave. Sa main traverse la table et se pose sur la sienne. Peter sent tout son corps se tendre. C'est presque enivrant d'avoir l'attention de cette Ă©trange, et sĂ©duisante femme entiĂšrement concentrĂ©e sur lui. La sensation est totalement inconnue.
â Et toi ? demande-t-il, une fois qu'il a retrouvĂ© la capacitĂ© de former une phrase cohĂ©rente.
â Je suis sans travail en ce moment. J'ai vĂ©cu quelques⊠tragĂ©dies personnelles rĂ©cemment, tu vois.
â Je suis dĂ©solĂ© dâentendre ça. Puis-je demander lesquelles... DĂšs le moments oĂč ses mots sortent de sa bouche, il veut immĂ©diatement les retirer. Il est sĂ»r qu'elle va ĂȘtre offensĂ©e et refuser d'Ă©laborer, mais Ă sa grande surprise, elle semble imperturbable par son intrusivitĂ©.
â La mort de deux amis proches. JâespĂšre que tu nâauras jamais Ă vivre ça, vraiment.
Peter avale une boule dans sa gorge.
â Et jâespĂšre que tu nâauras pas Ă vivre cela une autre fois.
à son grand soulagement, Ivan choisit ce moment pour se matérialiser avec leurs boissons. Il commence à siroter tout de suite, grimaçant lorsque le liquide lui brûle la gorge. En vérité, il se serait contenté d'une biÚraubeurre, mais il n'avait pas aimé l'idée de commander quelque chose d'aussi juvénile en compagnie de cette mystérieuse femme. Surtout maintenant qu'elle semble n'avoir aucun problÚme à avaler les trucs comme si c'était du soda de Branchiflore.
Cela lui prend seulement quelques minutes pour que sa tĂȘte commence Ă nager. Elle lui demande plus et plus encore sur sa vie, et il lui fournit avec plaisir le rĂ©cit lĂ©gĂšrement censurĂ© de ses annĂ©es Ă Poudlard (il s'avĂšre qu'elle a Ă©tĂ© scolarisĂ©e Ă la maison, mais semble fascinĂ©e par les histoires de pitreries des Maraudeurs.) Il sâabstient commodĂ©ment d'inclure les noms de ses amis, bien sĂ»r. Pendant un instant, il se demande paresseusement comment elle rĂ©agirait si elle savait que beaucoup d'entre eux sont sur le mur derriĂšre elle, le regardant furieusement en noir et blanc.
Le ciel dehors commence Ă sâobscurcir en un rose damnĂ©s et grĂące au couvre-feu imposĂ© aux gens ordinaires, les clients s'Ă©coulent jusqu'Ă ce que le Chaudron Baveur soit entiĂšrement vide Ă part eux. MĂȘme Ivan finit par disparaĂźtre Ă l'Ă©tage, leur lançant un dernier regard inquiet avant de s'Ă©loigner.
La femme se lĂšve et, d'un mouvement du poignet, tire les stores des fenĂȘtres, faisant lever un sourcil amusĂ© de Peter. Putain finalement, pense-t-il. Ils sont plongĂ©s dans l'obscuritĂ© pendant un bref instant avant qu'elle n'allume les candĂ©labres sur le mur, illuminant la piĂšce d'une faible lueur orange qui danse sur les verres sur leur table.
â Alors, nâest-ce pas confortable ? dit-elle, et Peter ressent immĂ©diatement un frisson le long de sa colonne vertĂ©brale, comme si il Ă©tait tombĂ© de haut. Ce nâest pas ses mots qui lui ont fait ressentir une telle horreur Ă travers son esprit, mais la maniĂšre dont elle les a dit.
Elle parle d'une voix qu'il n'aurait jamais cru entendre à nouveau. Basse et teintée de sarcasme, et le soupçon d'un accent allemand.
Dans la demi-obscurité trouble, il regarde, figé absurdement sur place, alors que ses traits commencent à se métamorphoser et à se transformer devant lui. Ses longues boucles brunes cÚdent la place à un bob auburn, coupé juste au-dessus des épaules. Ses yeux deviennent plus sombres, une teinte rappelant le café plutÎt que le miel, et son visage redevient celui qu'il connut depuis l'ùge de douze ans.
Ses mots sont un peu plus quâun murmure choquĂ©.
â Aria ? Est-ce vraiment-
Elle sourit d'une oreille Ă l'autre.
â Oh, bien sĂ»r que câest moi ? Hast du mich vermisst, Queudver?
Je tâai manquĂ©, Queudver ? Les mots firent battre son cĆur, le sang rugissant dans ses oreilles. La main de Peter plonge dans sa poche, mais l'alcool dans son systĂšme ralentit quelque peu son temps de rĂ©action. D'une simple inclinaison de la tĂȘte, sa baguette s'envole hors de sa prise pataugeante et dans la main ouverte dâAria.
â A lâaide ! il sâĂ©cria soudainement, tendant le cou vers l'escalier. Minutieux, alors mĂȘme qu'il regarde dĂ©sespĂ©rĂ©ment la porte, personne ne vient Ă son secours. La salle est silencieuse. D'une maniĂšre ou d'une autre, il savait que ce serait le cas.
Aria eut un sourire en coin, sâavançant vers lui avec une lueur dans ses yeux.
â On dirait que tu es tout seul cette fois, Queudchou.
Elle coupa sa baguette en deux en un rapide mouvement, le jetant à ses pieds et se délectant de la façon dont Peter recule à mesure qu'elle s'approche.
â N'essaye pas non plus de te transformer. J'ai ensorcelĂ© toute la piĂšce contre toi dĂšs l'instant oĂč nous sommes entrĂ©s. Continue-t-elle, son sourire narquois s'Ă©largissant Ă la pĂąleur qui se glisse sur le visage de Peter en sachant qu'il n'a pas d'issue.
â Quâest ce que tu me veux ? demande-t-il, sa voix tremblante. Tu nâas pas Ă - tu nâas pas- je peux tâaider ! Je parie que je peux faire tomber tes accusations ! Rejoins-nous, et tu auras tout le pouvoir dont tu pourrais avoir besoin⊠Son ton devient aigu de dĂ©sespoir.
Elle lÚve une main, et il se tait. Et, à sa grande surprise, elle se met à rire. C'est un rire qu'il a entendu plusieurs fois, tard le soir dans la salle commune de Gryffondor et lors d'excursions à Pré-au-Lard avec les autres, mais ça sonne différemment. ComplÚtement dépourvu d'humour.
â Si je voulais du pouvoir, Queudver, dit-elle, tu es la derniĂšre personne que jâirais voir. Et de toute façon, pourquoi avoir le pouvoir quand tu peux avoir la vengeance ?
Peter se débarrasse de son dernier lambeau de dignité.
â S'il te plait, Aria ! Je suis dĂ©solĂ©, et je promets que je peux faire mieux-
â Rien de ce que tu puisses faire ne pourrait mĂȘme commencer Ă compenser ce que tu as dĂ©jĂ fait. A Lily. A James. Au petit Harry, qui nâavait quâun an. Comment dors-tu la nuit, sachant quâil sont morts parce que tu les as vendus pour une once de pouvoir ?
â Non ! supplia-t-il. Ne dis pas ça ! Je le regrette tout les jours- jâai juste pensĂ© quâil allait me tuer-
â Alors tu aurais du mourir ! cracha-t-elle Ă ses pieds. Tu aurais du mourir plutĂŽt que de trahir tes amis. Je lâaurais fait. Sirius et Remus lâauraient fait. James et Lily lâauraient certainement fait.
Elle comble le petit espace entre eux, enfonçant sa baguette dans l'espace entre son cou et sa mùchoire :
â Demande grĂące, Queudver, siffla-t-elle. Supplie-moi, et peut-ĂȘtre que j'Ă©pargnerai ta vie misĂ©rable et pathĂ©tique.
â Aria..s-sâil te plaĂźt... bĂ©gaie-t-il, regardant la baguette Ă sa gorge, des larmes mortifiĂ©es coulant sur ses joues. Sâil te plaĂźt, sâil te plaĂźt⊠ne fait pas ça. On peut recommencer, rĂ©gler ça. Je peux tâaider⊠Je peux te donner des informations. Pardonne-moi, Vixen. S'il te plaĂźtâŠ
â Ne m'appelle pas comme ça, grogne-t-elle. Tu as perdu le droit de m'appeler ainsi il y a longtemps.
â S'il te plait, Aria ! Nous Ă©tions amis! Il retient un grand sanglot.
â Oui, dit-elle doucement et ses yeux s'Ă©carquillent d'espoir. Nous Ă©tions. Cruentis Aeternum.
Elle fait un pas en arriĂšre pendant que le sang commence Ă sortir de chaque orifice, revĂȘtant le sol de l'auberge d'une mare Ă©carlate qui s'Ă©tend rapidement. Ses mains se prĂ©cipitent jusqu'Ă sa bouche, essayant faiblement d'Ă©touffer le flux. Ses doigts se colorent de rouge. Il tombe Ă genoux, les yeux scrutant dĂ©sespĂ©rĂ©ment comme ceux d'un animal effrayĂ©.
Aria regarde, le regard inĂ©branlable alors que la couleur s'Ă©coule de son visage. Il pousse un cri Ă©tranglĂ© et gargouillant et s'avance, face contre terre, sur les planches de bois poussiĂ©reuses. Elle s'agenouille Ă cĂŽtĂ© de lui, saisit une poignĂ©e de ses cheveux et tire sa tĂȘte pour qu'elle soit Ă quelques centimĂštres de la sienne :
â Je ne te pardonne pas, Queudver, siffle-t-elle dans son oreille. Et, si l'enfer existe⊠quand tu y arriveras, prĂ©viens-les que vous ĂȘtes plus nombreux Ă venir. Beaucoup, beaucoup plus.
Peter ferme les yeux et pousse un dernier soupire dâagonie avant de devenir immobile. Aria laisse tomber sa tĂȘte et murmure un sort de nettoyage rapide pour enlever le sang de ses mains. Elle regarde le corps sans vie devant elle avec un soupir de contentement, imaginant un ensemble d'Ă©chelles cosmiques qui ont finalement Ă©tĂ© Ă©quilibrĂ©es.
La porte de l'auberge s'ouvre avec un grincement, et Ă lâintĂ©rieur rentre la serveuse du cafĂ©, toujours vĂȘtue de son uniforme.
Aria lÚve son regard vers son amie et alliée avec un sourire :
â Trop tard Marls. Je suis dĂ©solĂ©e que tu nâas pas Ă©tĂ© lĂ pour voir ça. »
MarlĂšne souffle d'agacement.
â Je survivrai. Le bĂątard l'a eu pendant deux ans. Nous devons sortir d'ici, cependant - les patrouilles seront lĂ d'un instant Ă l'autre.
â Une seconde, J'ai juste besoin de me polynecter Ă nouveau. Comment se fait-il que le tiens ne soit pas encore Ă©puisĂ© ?
Aria fait sortir un petit flacon d'une substance verte de sa poche et le débouche avant de l'avaler d'une seule gorgée. Son apparence se transforme rapidement en celle de la fille moldue au hasard qu'elle a prise plus tÎt, et elle fait une grimace à l'arriÚre-goût désagréable.
â J'en ai pris plus avant de quitter le cafĂ©. Je n'allais pas risquer de redevenir moi-mĂȘme dans une rue pleine de moldus, n'est-ce pas ? MarlĂšne cligne de l'Ćil, avant que ses yeux ne se tournent vers les affiches sur le mur. Ooh, câest nous ?
Aria lĂšve les yeux au ciel.
â Oui Marls. Ils les ont enduits sur toutes les surfaces disponibles depuis six mois maintenant.
â Attends- regarde moi ça ! Jâarrive pas Ă croire que la rĂ©compense quâils offrent pour ta capture et celle dâAna est de dix milles galions ! Moi et Shafeek en valons que sept et demi et Dorcas et Laz que cinq.
â Je n'y peux rien si je suis une femme plus voulue que toi, taquine Aria. Allez, allons-y. Je suis fatiguĂ© et jâai tellement envie fumer.
â Tu lis dans mes pensĂ©es. MarlĂšne prend son bras et les deux femmes sâaffairent dans la rue sombre, laissant l'auberge vide et le cadavre encore suintant de Peter Pettigrow derriĂšre.