Parce que.

Harry Potter - J. K. Rowling
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G
Parce que.
Summary
Pourquoi Albus était-il différent ? Avait-il fait quelque chose de travers ? Y avait-il une raison à tout ? Quelles étaient les réponses à ces questions ? /!\ ne prend pas en compte l'Enfant Maudit (mais un petit clin d'œil pour le fun) /!\Passe en underage sex NON EXPLICITE à partir du chapitre 8 :)
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Conséquences

- Albus, il faut qu’on parle, déclara Scorpius au petit-déjeuner.

- Et bien, ça n’aura pas duré longtemps, ricana Malcolm face à eux.

Albus manqua de s’étouffer avec son jus de citrouille et évita le regard goguenard de leur camarade de maison. Malgré leurs tentatives de rester discrets et le fait qu’ils ne s’approchaient quasiment pas au sein du dortoir, tous leurs camarades avaient été au courant de leur relation, à peine une semaine après la Saint Valentin.

- C’est à propos de Dot.

Albus releva  brusquement la tête, inquiet.

- Elle dort de plus en plus, et depuis hier, elle ne veut plus manger…

- On va aller voir Hagrid, décida le garçon brun. Il pourra nous dire s’il faut s’inquiéter ou pas, dans l’immédiat… Je suppose que tu l’as avec toi ? 

Scorpius sortit la ratte de son écharpe, près de son cou, et celle-ci redressa faiblement le museau vers Albus sans le voir. Il trempa son doigt dans son jus de citrouille et déposa la goutte contre les dents du rongeur qui, contrairement à son habitude, ne sortit pas sa langue pour la lécher. Elle reposa sa tête contre la main de Scorpius et se rendormit, Albus observant avec inquiétude son ventre qui se levait et s’abaissait au rythme de sa respiration.

- Albus… tu crois qu’elle…

- On s’occupe d’elle depuis un mois, elle est tout le temps avec nous, et ça ne l’a pas aidée, mais c'est peut-être le froid, le printemps tarde à revenir cette année, souffla le garçon brun, terrifié par l’idée que leur petit animal ne soit en fin de vie. Viens, Slughorn ne nous en voudra pas si on arrive un peu en retard, on est en Mai, on a pratiquement fini le programme. On va voir Hagrid.

Ils se levèrent ensemble, laissant en plan leur petit déjeuner à peine entamé, et Albus adressa un signe de la main à Claire en passant près de la table des Poufsouffle. Il la vit se précipiter à leur suite du coin de l'œil, et n’essaya pas de l’en empêcher, glissant sa main dans celle de Scorpius alors qu’ils passaient la grande porte du hall donnant sur le parc. Le temps qu’ils parviennent jusqu’à la cabane de Hagrid, Rose et Jo les avaient rejoints, essoufflés, et Albus frappa à la porte de leur professeur de soins aux créatures magiques. 

- Voilà, j’arrive ! Répondit Hagrid d’une voix sonore. Oh, qu’est-ce que… que se passe-t-il ? Albus ? 

- Bonjour Hagrid, c’est…, hésita Albus.

- Notre ratte va mal, souffla Scorpius en tendant une main tremblante où Dot dormait toujours. 

- Venez à l’intérieur, et pose-la sur la table, je vais l’examiner, sourit Hagrid. Vous l’avez depuis longtemps ? Les rats de sorciers ont une espérance de vie d’environ quatre à cinq ans, ce qui est mieux que les rats domestiques des Moldus, vivre au contact de la magie a tendance à augmenter l’espérance de vie des êtres vivants, elle est peut-être simplement fatiguée…

- En première année, souffla Albus, les larmes aux yeux tandis que Scorpius déposait Dot avec une infinie douceur sur la table. 

Albus sentit une main se poser sur son épaule et la presser, mais il ne se tourna pas pour remercier la personne qui tentait de le réconforter. Ses amis étaient là, c’était tout ce qui lui importait. Il pressa la main de Scorpius dans la sienne tandis qu’Hagrid examinait la ratte avec précaution, utilisant une cuillère à thé pour soulever ses membres en douceur et observer sa respiration. Puis, il reposa lentement son outil improvisé, glissa un doigt le long du dos de la ratte, et soupira avant de lever les yeux vers les adolescents devant lui.

- Je suis vraiment désolé Scorpius. Tu n’avais pas besoin de ça, mais… elle n’en a plus pour très longtemps. 

La vue d’Albus se brouilla immédiatement, mais il n’y fit pas attention, et attendit la réaction de son petit-ami. Celui-ci se racla la gorge avant de répondre.

- Est-ce… désolé, est-ce qu’elle souffre ? Demanda le garçon blond d’une voix éteinte.

- Je ne peux pas l’affirmer avec certitude, mais… c’est possible, en effet. 

- Qu’est-ce qu’on peut faire ? Demanda Rose d’une petite voix.

- Pas grand-chose, malheureusement, soupira le professeur.

- Quand…, hésita Claire, avant d’inspirer un grand coup pour continuer. Quand le chien de mes parents est devenu trop vieux, avant que j’aille à Poudlard, le vétérinaire avait dit qu’il souffrirait moins si… on le piquait.

- Piquer ? Demanda Jo, sans comprendre, tandis que Rose et Albus ouvraient de grands yeux.

- Le vétérinaire lui administrait un médicament, un calmant très puissant. On lui a dit au-revoir, il lui a fait la piqûre… et notre chien s’est endormi. Définitivement, ajouta-t-elle, la gorge serrée par l’émotion. Il avait très mal aux articulations, à cause de son âge…

Rose cueillit une larme sur la joue de son amie, et celle-ci renifla bruyamment, avant de planter ses yeux humides dans ceux de leur professeur de Soins aux Créatures Magiques.

- Oui, c’est quelque chose que je peux faire pour vous, si vous y tenez, répondit-il d’une voix profonde. Enfin, c’est à Scorpius de décider.

Le garçon blond se tourna vers ses amis, les observant un par un comme pour avoir leur avis, puis se tourna vers Albus, l’air désespéré.

- C’est ton choix, souffla-t-il en s’accrochant à sa main.

- Autant que le tien. C’est toi qui l’as nommée, elle est autant à toi qu’à moi, s’il te plaît,  supplia Scorpius.

- Je pense que l’idée de Claire est la meilleure solution, finit par avouer Albus, sentant une nouvelle vague de larmes couler sur ses joues. Mais la décision finale te revient. C’était un cadeau de tes parents.

Scorpius tendit sa main libre et caressa la fourrure de Dot, qui releva légèrement la tête en reconnaissant son odeur, puis la reposa, visiblement exténuée. Il se tourna vers Albus, désemparé, et se précipita sur lui, enfouissant son nez dans son cou, le serrant contre lui de toutes ses forces. Albus lui rendit son étreinte, fermant étroitement les yeux, le nez dans son écharpe. Personne n’osa parler, puis, après de longues minutes, Scorpius finit par reculer, l’air dévasté mais déterminé malgré tout.

- Je préfère qu’elle ne souffre plus, plutôt que de la garder égoïstement avec moi. Est-ce que… vous accepteriez de vous en charger, professeur ? 

- Ce sera un honneur, Mr Malefoy. 

Celui-ci hocha la tête, encore accroché à Albus, et garda ses yeux fixés sur la ratte endormie sur la table tandis qu’Hagrid récupérait son vieux parapluie rose. Albus crispa ses mains sur les bras de Scorpius, et observa sans bouger tandis que leur professeur marmonnait une formule qu’il ne connaissait pas, et un léger halo bleuté entoura la ratte un instant, ralentissant sa respiration jusqu’à ce que son corps ne bouge plus. Lentement, Rose s’approcha de la table, puis, avec une grande douceur, posa son index entre les oreilles de la ratte et le laissa courir le long de son dos et de sa queue, avant de murmurer un au-revoir. Claire l’imita, les joues ruisselantes de larmes, puis Jo, reproduisant avec exactitude les gestes de ses amies. Albus lâcha Scorpius d’une main tremblante et s’approcha, avant de la caresser, non pas comme les autres, mais comme il l’avait toujours fait, grattant légèrement derrière ses oreilles avec son pouce et son index avant de poser sa main entière sur son corps encore chaud, caressant la fourrure à plusieurs reprises, enroulant son index autour de sa queue, puis finit par reculer, incapable d’articuler un mot. Scorpius le lâcha complètement, puis ramassa dot avec douceur, frottant son nez avec tendresse sur sa fourrure, la trempant de larmes au passage. 

- Je suis désolé, les enfants, sanglota Hagrid, incapable de se contrôler. J’aimerais tellement pouvoir faire plus pour vous… je… On peut l’enterrer, si vous voulez…

Scorpius leva les yeux vers lui et hocha la tête. En quelques secondes, Hagrid avait trouvé une petite boîte en bois qu’il vida de son contenu, y glissa plusieurs morceaux d’étoffes, puis leur fit signe de le suivre à l’extérieur. Ils contournèrent le potager, et leur professeur s’arrêta près d’une portion d’herbe où fleurissait de petits bleuets. 

- Elle se reposera près de mon vieil ami Aragog, elle ne sera pas seule, chuchota Hagrid, une petite pelle de jardinage à la main. Quelqu’un veut creuser ? 

Chacun des adolescents secoua négativement la tête, y compris Scorpius et Albus, et Hagrid confia la petite boîte à Albus avant de commencer à creuser un trou atteignant rapidement un bon mètre cinquante de profondeur, comme un petit puits. Scorpius déposa en silence le corps de Dot dans la boîte qu’Albus referma et verrouilla, puis les deux garçons sortirent leurs baguettes et firent léviter la boîte, lentement, jusqu’au fond du trou. Scorpius glissa sa main dans celle d’Albus, et Hagrid remit la terre à la main, formant un petit tertre. Rose s’avança, sortit sa baguette, et, d’un geste souple, fit fleurir un minuscule rosier sur le tertre. Puis elle serra Albus et Scorpius contre elle, remercia Hagrid, et s’éloigna en direction du château. Jo l’imita, non sans avoir fait pousser quelques pissenlits sur le petit tas de terre, et s’éloigna. Claire se tourna vers ses deux amis, un sourire triste aux lèvres, puis leva sa propre baguette, l’agitant lentement tandis qu’un morceau de bois tournoyait sur lui-même en changeant de forme. Lorsqu’elle abaissa sa baguette, une statuette en bois reproduisant Dot dans ses moindres détails était posée sur la petite tombe. Elle les serra contre elle sans un mot, puis se tourna vers Hagrid et lui serra la main, avant de s’éloigner à son tour. 

- Vous avez cours, je suppose ? Demanda Hagrid avant de souffler dans un énorme mouchoir à pois.

- Potions, marmonna Albus. Déjà commencé.

- Allez vous promener dans le parc, prenez l’air. Je ne pense pas qu’Horace vous en tiendra rigueur. J’aurais bien porté un toast, en l’honneur de votre amie disparue, mais pas pendant mes horaires de travail, j’ai un cours à dix heures. 

- Merci, Hagrid, pour tout ce que vous avez fait, déclara Scorpius d’une voix rauque. On va aller marcher un peu, ensuite on ira en cours. 

- Ce n’était rien, je n’ai pas fait grand chose…

Hagrid se tut, les deux garçons se précipitèrent vers lui, tentant d’entourer sa taille de leurs bras. Il posa ses mains sur leurs têtes, leur ébouriffant gentiment les cheveux, puis ils reculèrent, sans un mot, avant de s’éloigner, main dans la main. Les quelques élèves présents dans le parc ne leur prêtèrent aucune attention, et, sans même y penser, leurs pas les menèrent jusqu'au débarcadère, au bord du lac. Sans se concerter, Albus et Scorpius levèrent leurs baguettes et firent léviter une barque, la posant en douceur sur la surface du lac. Le garçon blond descendit en premier, puis tendit la main à son compagnon pour l'aider à monter à bord. Ils restèrent immobiles, silencieux, laissant la barque dériver lentement à l'abri des regards. Scorpius avait gardé les mains d'Albus dans les siennes, ses yeux fixés dans le vide entre eux. Albus n'avait aucune envie de dire quoi que ce soit, anéanti par la perte du petit animal qu'il avait considéré comme le leur. Puis, lentement, il vit Scorpius émerger de sa torpeur et le regarder dans les yeux. Il s'attendait à voir une tristesse infinie dans son regard, mais celle-ci semblait éclipsée par quelque chose. 

- Il faut… je devrais aller à la volière, déclara-t-il. J'ai été égoïste et puéril, exactement ce que j'ai reproché à mon père… je suppose que je lui ressemble plus que je ne pensais. 

- Qu'est-ce que tu veux faire ? Demanda Albus d'une voix enrouée.

- Lui parler. Je vais lui dire de venir samedi. 

Albus attendit, sentant qu'il y avait autre chose.

- Je… vais aussi lui dire. Pour nous, précisa Scorpius. Lui montrer que je suis honnête avec lui. Peut-être qu’il me fera suffisamment confiance pour faire la même chose. 

Albus hocha la tête, puis passa lentement son pouce sur la main de son petit-ami.

- Je n’ai rien dit à mes parents, mais… ils pensent qu’on est ensemble depuis notre cinquième année, donc je ne suis pas certain que ça change quelque chose. Mais je vais quand même leur dire, officiellement, puisque tu le fais.

- Ne t’y sens pas obligé, ce n’est pas parce que j’en parle à mon père que tu dois faire la même chose. Surtout si tu ne te sens pas prêt à répondre aux questions qu’ils pourraient te poser. Même si, dans ton cas, je ne pense pas que ce sera aussi gênant que pour moi.

- Tu n’as pourtant jamais eu l’air gêné de ce que pouvaient penser les gens en nous voyant, se moqua Albus.

- Les gens, oui. Mon père… c’est autre chose. 

- Tu voudras que je vienne avec toi ? 

- C’est extrêmement tentant. Mais je dois lui parler seul, sans qu’il puisse penser que j’essaie de le mettre au pied du mur. Tu m’attendras ? 

- Bien sûr. Je t’attendrai toujours. 

- Et après c’est moi qui fais des déclarations gênantes, marmonna le garçon blond en rougissant. Je vais lui donner rendez-vous à la Tête de Sanglier, tu…

- Je t’attendrai ici, sourit Albus. Je ne veux pas avoir l’air de t’espionner s’il me voit à Pré-Au-Lard, et si tu as besoin de discrétion, on sera déjà au bon endroit. Mais pour ça, il faut aller à la volière. Et en classe. Pas nécessairement dans cet ordre…

- Tu as raison, grogna Scorpius. Retournons en classe, il va falloir expliquer notre absence à Slughorn…

- Je pense qu’en disant que nous étions chez Hagrid, on devrait déjà avoir une bonne excuse. 

Scorpius donna un petit coup de baguette sur l’arrière de la barque, et celle-ci retourna docilement à l'embarcadère, leur permettant de retrouver la terre ferme. Étrangement, leur professeur de potions et directeur de maison les laissa entrer en classe sans leur poser la moindre question, et leur expliqua l’exercice du jour, leur demandant simplement d’aller le plus loin possible dans la préparation. Il leur tapota maladroitement l’épaule, et Albus aperçut un morceau de parchemin plié à la hâte sur le bureau du professeur. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu’Hagrid les avait couverts. Se promettant de lui faire un cadeau pour le remercier, Albus se plongea immédiatement dans la première phase de la préparation du Napel tandis que Scorpius lui préparait les ingrédients. De temps en temps, ils changeaient de rôle, essentiellement lorsqu’Albus sentait qu’ils devaient faire les choses différemment, et, lorsque la sonnerie pour le déjeuner retentit dans le château, ils avaient quasiment rattrapé les six autres élèves du cours avancé de potions. Slughorn les autorisa à rester un peu plus longtemps pour terminer l’étape de la préparation, puis leur fit protéger leur chaudron plein et le rangea consciencieusement avec ceux des autres élèves. 

Les deux garçons se précipitèrent à la volière, et Andromeda vola directement vers Scorpius, se contentant de se poser sur son épaule, au plus près de sa tête, et de faire bouffer ses plumes. Ils la caressèrent doucement avec une certaine tristesse, puis s’approchèrent d’un rebord de fenêtre pour écrire leurs lettres respectives. Scorpius se contenta de donner rendez-vous à son père à la Tête de Sanglier le samedi suivant à quatorze heures pour discuter lors d’une trêve, et plia consciencieusement sa lettre, tandis qu’Albus écrivait un courrier bien plus long. Il sentit Scorpius glisser son bras autour de sa taille alors qu’il expliquait à ses parents qu’ils n’étaient officiellement ensemble que depuis le mois de Février, puis ajouta que Scorpius allait discuter avec son père à Pré-Au-Lard ce samedi, et qu’il leur dirai s’il se passait quoi que ce fut. Enfin, il plia sa lettre, et l’attacha à la patte de leur chouette au plumage sombre, près de celle de Scorpius, caressa une dernière fois leur oiseau, et Andromeda prit son envol dans un bruissement d'ailes. 

 

***

 

- Je te répète que je ne comprends pas ce que tu fais ici, affirma Albus en fronçant le nez.

- Exactement la même chose que toi, rétorqua son père avec un sourire narquois, le regard fixé sur la cape d’invisibilité dans la main d’Albus.

- Oh tu files ton petit-ami ? J’ai le droit d’en parler à maman ? 

- Ha-ha, très drôle. Je n’interviendrai pas, si tu te poses la question, je tiens juste à voir comment Drago s’en sort, c’est tout. 

- J’aurais très bien pu te le raconter. 

- Tu aurais édulcoré si les choses s’étaient mal passées.

- Et si je ne veux pas de toi dans ma filature ? Demanda Albus en haussant les sourcils alors qu’il s’avançaient sur le quai de la gare de Pré-Au-Lard.

- Tu ne m’aurais pas retrouvé ici. Mais ne t’en fais pas, personne ne s’apercevra de ma présence, j’ai l’habitude de me rendre invisible, répondit son père avec un clin d'œil. Depuis ma première année à Poudlard, pour être précis.

- Depuis la deuxième moitié de ta première année, corrigea Albus en enfilant la cape d’invisibilité. Bon, si tu y tiens, il va falloir y aller, ou on va rater le début. 

Son père lui fit un clin d'œil, puis leva sa baguette et disparut progressivement grâce à un sortilège de Désillusion. Si Albus penchait la tête sur le bon angle et plissait les yeux, il pouvait voir l’air miroiter à l’emplacement de son père, mais si personne ne cherchait à le voir, il restait globalement invisible. Le jeune Potter se mit en marche rapidement, marchant silencieusement dans les rues du village en direction de la Tête de Sanglier. Il sentit son père le tirer par la manche, lui indiquant une ruelle juste avant celle du pub, et s’y dirigea sans un mot, évitant habilement le moindre obstacle autour de lui. Il s’arrêta devant une fenêtre entrouverte, et vérifia qu’ils étaient seuls avant de s’installer sur une caisse, évitant le moindre grincement. Il sentit son père s’accroupir près de lui, puis lui passer un petit objet sous la cape : une Oreille à Rallonge sans fil. Il lança la minuscule boulette servant de capteur et d’émetteur par l’entrebâillement de la fenêtre et Albus glissa l’objet dans son oreille, écoutant attentivement pour entendre la voix de Scorpius. 

- …revenir à la maison en juillet ? 

- Non, ce n’est pas vraiment pour ça que je t’ai demandé de venir, marmonna la voix de Scorpius. 

- Alors… tu ne veux pas revenir ? 

- Je veux comprendre. J’ai besoin que tu m’expliques clairement, et que tu me dises tout ce que tu m’as caché.

- Oh, parce que toi, tu ne me caches rien ? 

- Je t’ai dit qu’Albus était mon petit-ami, le reste tient de la vie privée. 

 

Albus rougit et put facilement imaginer son ami froncer les sourcils, excédé.

 

- Pas si honnête que cela alors. Je m’inquiète pour toi, Scorpius, je ne voudrais pas… tu es encore jeune, je sais que votre relation est innocente, à votre âge, mais je ne voudrais pas qu’il t’entraîne vers quelque chose de…

 

Scorpius sembla s’étouffer dans son verre, et Albus atteignit un pic de rougissement inédit alors que son père semblait secoué d’un fou rire silencieux. 

 

- Tu veux vraiment que je rentre dans les détails ? Demanda Scorpius, visiblement hilare. Crois-moi, ça ne te plaira pas, il vaut mieux que tu te contentes de ne pas savoir. 

 

Cette fois, Albus dut se retenir de rire à son tour, et son père posa une main sur son épaule, comme pour l’encourager à rester silencieux. Mais Albus se déconcentra, il était persuadé d’avoir vu un miroitement au bout de la ruelle. Les yeux plissés, tendu, il observa la ruelle vide devant eux, méfiant. Ne voyant rien, il se concentra à nouveau sur ce que disaient les Malefoy dans le pub.

 

- …trois ans, et tu ne t’es jamais dit qu’il serait utile de m’en parler ? 

- Ta mère ne voulait pas mettre ce poids sur ses épaules. 

- Evidemment, c’est trop facile de dire que c’était ce qu’elle voulait. ça t’arrangeait bien.

- Certainement. Mais pas pour les mêmes raisons. Elle te savait heureux et ne voulait pas que ça change. Je trouvais que tu avais suffisamment de problèmes avec cette… proximité grandissante, entre le jeune Potter et toi…

- Premièrement, tu seras gentil d’appeler mon petit-ami par son prénom. Deuxièmement, j’aimerais que tu arrêtes de considérer toute cette histoire comme un problème, comme une suite de problèmes. Cette proximité ne m’a jamais posé problème. Jamais. D’ailleurs, si j’avais été un tant soit peu observateur, j’aurais compris bien plus tôt.

- C’est donc bien lui qui t’a approché en premier, jeta Drago avec un dégoût parfaitement audible.

- Comment tu peux te comporter de cette façon alors que tu l’as défendu contre Grand-Père Lucius cet été ? Il faut absolument que tu ramènes tout à ma relation avec Albus, hein ? Même quand je veux te parler de maman, tu te débrouilles pour éviter le sujet et recommencer à l’attaquer. Mais soit, puisque tu y tiens, je vais te dire ce qu’il a fait dès le début, lors de notre premier voyage dans le Poudlard Express. Figure-toi que j’ai traversé plus de la moitié du train sept longs wagons, avant de trouver un compartiment où les gens ne m’ont pas dévisagé ou même repoussé en sachant qui j’étais. Albus et Rose m’ont accueilli dans leur compartiment comme si j’étais n’importe qui, alors qu’il savaient pertinemment qui j’étais. Je ne sais pas si ça t’es déjà arrivé, mais Albus n’en avait rien à faire de savoir qui était ma famille. Il m’a aidé chaque fois qu’il en avait l’occasion, ne m’a jamais tourné le dos, même quand nos camarades de maison nous ignoraient, ou quand des élèves de Gryffondor nous ont harcelés en deuxième année. Il n’aurait rien subi s’il n’avait pas été avec moi, pourtant il est resté. Les autres aussi. Alors oui, on a toujours été proches. Oui, on a toujours été très tactiles. Mais tu sais quoi ? C’est comme ça, tu ne pourras jamais rien y changer, et si tu veux croire que mes amis sont hypocrites, que mon petit-ami est toxique, libre à toi. Mais il est hors de question que tu imposes cette vision à qui que ce soit. Maintenant, j’aimerais que tu me parles de maman, s’il te plaît.

Albus avait porté sa main à sa bouche, abasourdi, et voulut croiser le regard de son père, oubliant qu’il était désillusionné. Au lieu de cela, il vit nettement un scintillement sur sa droite, et la fenêtre s’ouvrit légèrement. Le scintillement se transforma pendant une milli-seconde en une jeune femme blonde, puis celle-ci laissa la place à une abeille, qui se posa sur le rebord de la fenêtre. Albus tendit la main hors de la cape pour prendre le bras de son père à tâtons, et se pencha vers lui jusqu’à ce que sa bouche soit plaquée contre son oreille.

- L’abeille… c’est…

Il sentit son père hocher la tête, puis, sans qu’aucun son ne lui échappe, un rayon rouge sortit de nulle part et frappa l’abeille avec précision. Quelque chose n’allait pas, Albus n’entendait plus Scorpius ni son père. Il risqua un regard vers la fenêtre pour vérifier que l’émetteur des Oreilles sans Fil était toujours en bon état… et se pétrifia en voyant Drago regarder l’abeille par la fenêtre. Son père ne le vit pas, et tendit son bras invisible pour soulever l’abeille délicatement par les ailes, avant de la faire disparaître, probablement dans l’une de ses poches. 

- Papa, qu’est-ce qu’il y a encore ? Demanda la voix de Scorpius, irrité.

- Potter, souffla Drago en plissant les yeux, tendant la main par la fenêtre. 

 

Albus ne dut son salut qu’aux réflexes vifs de son père, qui le tira hors de portée dans un silence total, juste avant que Drago ne puisse sentir l’étoffe de la cape.

 

- Comment ça ? 

- Non, pas… Albus. Son père.

- Comment peux- tu en être sûr ? Il n’y a personne ici, ajouta Scorpius en ouvrant la fenêtre en grand. Tu peux arrêter de chercher des excuses pour ne pas me parler de ce qu’il s’est passé à l’hôpital, s’il te plaît

- Je suis désolé, Scorpius, s’excusa Drago avec un air coupable. Ta mère m’avait fait promettre que, s’ils ne pouvaient rien faire… je devais la laisser partir. Et ce n’était pas une excuse, Potter est ici. J’en suis persuadé. Il a une cape d’invisibilité.

- C’est Albus qui a la cape, rétorqua son fils en croisant les bras. Et je ne pense pas qu’il lui aurait prêtée pour ça. 

- Je suis sûr qu’il est là, je le sens. Il existe d’autres moyens de… hominus revelio ! S’exclama soudain l’homme blond en pointant sa baguette sur la ruelle.

 

Il se produisit alors plusieurs choses simultanément. Harry apparut, parfaitement visible, face à la fenêtre en affichant un air gêné. L’abeille fut éjectée de sa poche et reprit la forme de la jeune femme qu’Albus avait aperçue plus tôt. Un léger courant d’air agita la cape d’invisibilité, sans la retirer, malgré la peur qui faisait trembler Albus. Scorpius ouvrit de grands yeux en découvrant les deux adultes dans la ruelle, et son père afficha une moue satisfaite.

 

- Potter.

- Bonjour Drago, Scorpius. Ce n’est pas vraiment…

- Oh, pitié, ne vas pas dire que ce n’est pas ce qu’on croit, je sais que c’est exactement ça ! Cracha Drago. Tu n’as pas changé, le Directeur du Bureau des Aurors n’a vraiment rien d’autre à faire de ses journées que de venir m’espionner ? 

- Elle !? 

- Je ne voulais pas vous déranger, j’ai suivi la piste indiquée par Hermione et ton indic, mais elle était plus difficile à coincer que prévu, expliqua Harry avec aplomb. Maintenant, je sais pourquoi, c’est une animagus non déclarée, comme sa grand-mère, il faut croire qu’elle lui a appris tout ce qu’elle savait…

- Skeeter ? Tu vas me faire croire que tu étais en train de la suivre ?

- Non seulement je la suivais, mais je peux aussi te dire qu’elle a entendu une partie de votre conversation avant que je ne la stupéfixie. Par contre, je suis désolé, tu avais tort à propos d’Albus, il n’est pas là. Je crois qu’il m’a dit qu’il attendrait Scorpius à leur point de rendez-vous habituel, lorsqu’il aurait fini. Ne vous préoccupez pas de moi, je vais emmener cette jeune femme et la mettre en cellule pour déformation de propos, diffamation, usage d’objets magiques interdits et métamorphose illégale.

- Ne vous en faites pas, répondit Scorpius, le visage fermé. J’ai entendu ce que mon père avait à dire, je vais aller retrouver Albus. Bonne journée, monsieur Potter. Au-revoir, papa. 

 

Albus sursauta, puis s’empressa de quitter la ruelle en silence, touchant l’épaule de son père au passage pour le prévenir. Dès qu’il fut arrivé dans la rue principale, il se mit à courir, maintenant la cape d’invisibilité autour de lui pour rester invisible. Il parvint au débarcadère hors d’haleine, retira la cape qu’il glissa dans la poche de sa robe de sorcier, puis se laissa glisser au sol, tentant de reprendre son souffle malgré les protestations de ses poumons. Scorpius arriva dix minutes plus tard, et le trouva au même endroit, respirant à peine mieux.

 

- Ce n’était pas la peine de courir, remarqua-t-il en croisant les bras, un sourire en coin.

 

Albus leva les yeux d’un air contrit, réfléchissant pour comprendre les paroles dont l’écho étrange résonnait dans son oreille.

 

- J’ai… pas vu… l’heure… pas voulu… arriver… en retard…, souffla Albus en tentant de réduire son point de côté.

- Comment ça, en retard ? Tu n’avais aucun moyen de savoir à quelle heure j’allais arriver, rétorqua Scorpius en haussant les sourcils.

- Ju…stement… c’est… pour ça…

 

Scorpius s’accroupit, les coudes sur les genoux, un sourire amusé étirant ses lèvres, et Albus sentit la température augmenter alors qu’il le regardait droit dans les yeux. Il entendait toujours ses paroles en écho et se demanda s’il s’était cogné la tête en arrivant.

 

- Sauf si tu étais là. Auquel cas c’était idiot de courir, on aurait pu faire la route ensemble. Tu feras attention, tu as laissé traîner quelque chose au pub, déclara son petit-ami en ouvrant sa main, révélant une petite boule couleur chair… l’émetteur des Oreilles sans Fil. Ne t’en fais pas, ton père ne pourra pas t’écouter, il est reparti avec mon père et Emily Skeeter, les Oreilles sans Fil ont une limite de portée d’une centaine de mètres. 

 

Albus rougit et détourna le regard, honteux, avant de retirer le petit objet de son oreille pour le poser au sol près de lui. Puis il leva les yeux, attendant la sentence de son camarade… qui se contenta de lui ébouriffer affectueusement les cheveux.

 

- J’étais content de savoir que tu étais là. Ta présence m’a aidé. Le but était que mon père se sente libre de parler, et ça induisait qu’il ne te voie pas. En soi, c’est ce qu’il s’est passé. Désolé, d’ailleurs, pour… euh… le côté toxique. J’ai du mal à imaginer ta réaction… encore moins celle de ton père.

- Je ne saurais pas te dire… pour lui, je ne pouvais pas le voir… mais je m’y attendais un peu… Par contre… mon père a presque autant ri que moi pour la… relation innocente…

 

Scorpius eût un rire de nez, puis finit par se déplacer pour se laisser tomber près de lui, laissant reposer sa tête sur son épaule en lui prenant la main.

 

- Un père dans le déni, et un autre beaucoup trop perspicace, on n’aurait pas pu avoir le juste milieu, hein ? J’imagine bien le moment gênant où on rentrera chez toi, ricana Scorpius.

 - Tu veux toujours venir habiter avec nous ? Demanda Albus, surpris.

- Sauf si tu ne veux plus de moi. Ou que ton père décide que c’est… indécent.

- La première option est impossible. La deuxième m’étonnerait beaucoup. Je pense qu’il préfèrera te mettre mal à l’aise pour rire, plutôt que de jouer la carte de l’indécence… 

- Si ce n’est que ça, je saurai faire avec, rit Scorpius.

- Tu aurais fait quoi si… 

- Si ? 

- Si tu avais su… plus tôt. 

- Je pense que ça dépend.. à quel moment. Je veux dire, je ne suis pas certain que j’aurais pu le voir si toi tu ne t’en étais pas rendu compte, réfléchit le garçon blond. Tu l’as su quand ? 

- Quand on s’est disputés, grimaça Albus.

- Attends, mais… ça ne colle pas, enfin, quand j’ai cherché des signes dans mes souvenirs, ça remonte bien plus loin…

- Oh, d’après Rose, c’était quasiment dès le début. Mais tu m’as demandé quand je m’en étais rendu compte, rétorqua Albus en haussant les épaules. Sinon, s’il faut chercher avant que je m’en rende compte… j’ai la fâcheuse impression qu’elle avait raison. 

 

Un silence s’installa entre eux, gêné pour Albus, pensif pour Scorpius, et ils restèrent immobiles de longues minutes, le regard perdu sur le lac. Puis, un battement d’ailes les tira de leur torpeur, et Albus reconnut Harp au moment où elle se posa devant lui, tendant la patte en claquant son bec d’un air impatient. Albus pouffa et détacha rapidement la lettre, puis la chouette s’envola à tire-d’ailes, sans un regard en arrière.

 

- Heureusement que Meda est plus gentille, quelle chouette ingrate ! Remarqua Scorpius. Qu’est-ce que c’est ? 

- Papa qui me confirme qu’ils ont mis Emily Skeeter sous les verrous, apparemment, ton père a interféré dans son arrestation et il est possible qu’elle ait oublié votre conversation à la Tête de Sanglier, rit Albus. Mon père dit que le fait qu’on soit ensemble ne change rien à sa proposition de t’héberger pendant les vacances si besoin. Et maman ajoute qu’on n’a pas le droit de rester enfermés dans notre chambre en journée pendant les vacances, c’est porte ouverte obligatoire. Et pas un bruit la nuit.

- Ouch, grimaça comiquement son petit-ami. Il va falloir qu’on profite d’être tranquilles à l’école alors…

Albus rougit jusqu’aux oreilles, et lui donna une petite tape sur la tête, le faisant rire aux éclats. Puis Scorpius se redressa légèrement, déposa un baiser sur sa joue et se laissa glisser jusqu’à poser sa tête sur les jambes d’Albus, ses yeux plongés dans les siens. Le garçon brun plongea les doigts dans les longues mèches blondes et soupira, un immense sourire aux lèvres.

- Et après ? 

- Après ? On finit nos études, on commence nos formations, puis on prend un logement tous les deux… et peut-être un chat, sourit Scorpius. Sauf si ton oncle préféré t’a contaminé, mais je ne te promets pas qu’on puisse avoir un dragon. Tu as peut-être d’autres projets ?

Albus se pencha, crut qu’il ne parviendrait pas jusqu’à lui, et Scorpius se redressa suffisamment pour lui permettre de l’embrasser, un sourire aux lèvres.

- Tant que le projet, c’est d’être ensemble, je te suis, chuchota-t-il en réponse. 

 

Le sourire rayonnant que lui adressa Scorpius éclipsa largement la lumière du soleil couchant se reflétant à la surface du lac. 

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