Parce que.

Harry Potter - J. K. Rowling
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Parce que.
Summary
Pourquoi Albus était-il différent ? Avait-il fait quelque chose de travers ? Y avait-il une raison à tout ? Quelles étaient les réponses à ces questions ? /!\ ne prend pas en compte l'Enfant Maudit (mais un petit clin d'œil pour le fun) /!\Passe en underage sex NON EXPLICITE à partir du chapitre 8 :)
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Ensemble

Albus chipotait avec les pommes de terre dans son assiette. C’était son dernier repas à Poudlard, et il ne parvenait pas à y croire. Il quittait l’école, commencerait sa formation dans la recherche en potions au mois d’août, et ne reverrait plus jamais cet endroit, sauf cas exceptionnel. Ni son dortoir, ni les couloirs, ni la Salle sur Demande, ni la Grande Salle, ni le parc… ni le débarcadère. Il leva la tête dans un sursaut, croisant évidemment le regard de Scorpius qui l’observait, face à lui. Le garçon blond lui sourit, et Albus détourna le regard, en silence. Il ne lui parlait plus. Il ne l’approchait plus. Et Scorpius lui souriait toujours, comme si rien n’avait changé.

- Je n’ai plus faim, je vous laisse, marmonna Albus avant de se lever pour sortir de la Grande Salle, les mains fourrées dans les poches de sa robe de sorcier. 

Il avait pris peur, deux mois plus tôt, et avait brusquement imposé cette distance à Scorpius, sous le stress des ASPICs approchants, quand il avait entendu des gens chuchoter en les pointant du doigt. Il avait suffisamment entendu les histoires de son père pour savoir que les gens qui chuchotaient sur son passage ne lui voudraient pas du bien. Il refusait que Scorpius subisse ce genre de choses. Grimpant les marches d’un raccourci, il s’y arrêta un instant pour observer la vue par la fenêtre près de lui. Chaque passage secret, chaque recoin de ce château était empreint de souvenirs de Scorpius. Ils s’étaient disputés dans ce raccourci, le jour où Albus avait compris que ses sentiments n’étaient pas uniquement amicaux envers le garçon blond. Il aurait dû le voir venir, même Rose l’avait vu bien avant qu’il ne s’en rende compte. Soupirant, Albus repartit, déambulant dans les couloirs, souriant mélancoliquement chaque fois qu’un endroit lui rappelait Scorpius. Beaucoup trop souvent. 

- Vous semblez nostalgique, Albus.

- Bonsoir, Phinéas. En effet, c’est le cas.

- C’est toujours un étrange moment, le dernier soir ici, confirma l’ancien Directeur en le suivant d’une toile à l’autre. Même lorsqu’on revient en tant que professeur, c’est très différent. Et je sais que vous ne reviendrez pas ici.

- Non, en effet, je ne reviendrai pas. Cet endroit va me manquer.

- Vous me manquerez aussi, lorsque vous partirez de chez vos parents. L’arrangement avec votre ami tient toujours ? Je n’en reviens toujours pas, moi qui croyais vous conseiller pour une jeune fille, toutes ces années…

- Vos conseils auraient été différents ? Demanda Scorpius, gêné, évitant la question.

- Probablement pas. Je ne vous en veux pas de l’avoir caché, j’ai pu voir les époques évoluer depuis ma toile, mais il m’a fallu un certain temps pour accepter ce que j’entendais et voyais. Puis, j’ai eu vent de votre relation, j’ai voulu me plaindre dans le bureau Directorial… et je me suis fait remonter les bretelles par un certain nombre de Directeurs, y compris Dumbledore et McGonagall.

- Ils ont pris ma défense ? C’est surprenant…

- Oh, pas directement, ils m’ont simplement recommandé de me mêler de mes affaires. J’ai donc arrêté de me plaindre, et vous ai observés. Ce n’est pas si différent des relations dont j’ai l’habitude, ce n’est pas la peine d’en faire tout un cirque. Je note cependant que vous n’avez pas répondu à ma question. Êtes-vous donc toujours en froid, tous les deux ? 

- C’est… compliqué. Je… je n’ai pas la réponse à cette question. Ni à l’autre. 

- Vous devriez lui parler.

- J’ai fait exprès de ne plus l’approcher pour que les rumeurs ne l’atteignent pas, ce n’est pas pour recommencer.

- Vous partez demain, avez-vous tant à cœur que cela la réputation que vous pourriez avoir tous les deux au sein de ce château ? 

- Non, vous avez raison… Phinéas, et si…

- S’il ne vous laissait pas revenir ? Allons bon, avez-vous eu des signes prouvant qu’il ne voulait plus de votre compagnie ? 

- Non, soupira Albus.

- Albus ? Ah, tu es là, ça fait une demi-heure qu’on te cherche partout avec Jo, on fait une soirée tous les cinq dans la Salle sur Demande, tu veux venir ? Lui proposa Claire avec un sourire. Pardon, tu discutais avec quelqu’un ? 

- Ne vous inquiétez pas, jeune fille, nous avions terminé je crois. Vous devriez y aller, Albus, votre dernière soirée d’élèves de Poudlard, c’est une occasion à ne pas manquer. Je suis certain que vous trouverez vos réponses. Bonsoir.

- Bonsoir, Phinéas, le salua Albus tandis que l’ancien Directeur s’éloignait de toile en toile.

- Tu as de drôles de connaissances, remarqua Claire. Alors, tu viens ? 

- Je viens, je viens, sourit le garçon en la suivant. Les autres sont déjà là ? 

- Scorpius est introuvable, mais je suis sûre que Jo parviendra à le sortir de sa cachette, c’est le dernier soir, et quoi qu’il se passe entre vous, on va le passer ensemble, c’est bien compris ? 

- Oui madame, grimaça Albus. 

Leurs amis ne leur avaient rien dit lorsqu’Albus avait soudainement pris ses distances avec Scorpius, et ne lui avait plus adressé un mot et ne l’avait plus approché. Pourtant, Albus sentait que, s’il avait eu la moindre envie de faire marche arrière, de revenir vers lui, Scorpius le laisserait revenir avec un immense sourire. Il lui manquait. C’était idiot, il le voyait absolument tous les jour. Mais ne l’entendait que lorsqu’il s’adressait à quelqu’un d’autre, et si Scorpius ne se gênait pas pour le fixer et lui sourire largement, cela ne suffisait pas à Albus. Il avait dix-huit ans depuis quelques jours, mais son anniversaire était tombé en plein sur l’ASPIC de potions, la veille de l’épreuve des Soins aux Créatures Magiques, et à part un chou à la crème mystérieusement poussé vers son assiette au dessert du dîner, il n’avait pas vraiment pu fêter son anniversaire. Il soupçonnait que ses amis voulaient profiter de cette soirée pour se rattraper. Mais, en arrivant devant la Salle sur Demande, Claire et Albus trouvèrent Rose, inquiète, et Jo en train de faire les cent pas.

-Ah, Albus. On a un problème. Je sais que vous êtes en froid, et je ne veux surtout pas me mêler de vos affaires, mais Scorpius est introuvable. J'ai cherché sur la carte de ta sœur avec elle, mais aucune trace de lui. Et il n'est pas dans la Salle sur Demande, elle est vide. Il y a un certain nombre de passages secrets dans ce château qui ne sont pas référencés sur la carte, alors on va tous partir à sa recherche. Albus, tu vérifies les passages du sous-sol et votre dortoir, je n'ai pas pu y rentrer. Claire, je te laisse gérer les trois premiers étages, Rose, tu-

- Temps mort ! L'interrompit Albus. Et s'il avait envie de rester seul ? 

- Il m'a confirmé qu'il venait quand on s'est croisés cet après-midi, rétorqua Jo. Je ne pense pas qu'il se serait débiné sans prévenir. Alors on va le chercher, il est peut-être bloqué quelque part. J'ai vu des Serdaigle de cinquième année l'aborder en groupe tout à l'heure, je ne pense pas que ce soit quelque chose de ce genre la veille des vacances, mais on ne sait jamais…

Albus cessa d'écouter et prit ses jambes à son cou, descendant les escaliers des raccourcis en courant, manquant de s'étaler plusieurs fois, et fit irruption dans le dortoir des Serpentard de septième année. Il y trouva deux de leurs camarades, qui haussèrent les épaules lorsqu'il leur fit signe qu'il cherchait Scorpius, à bout de souffle, et Albus fit demi-tour, décidant de fouiller toutes les toilettes du sous-sol. Il s'arrêta à mi-parcours dans un dérapage presque pas contrôlé, et se força à réfléchir. Scorpius était doué en sortilèges. Il se serait défendu, leur aurait faussé compagnie et se serait caché quelque part, s'assurant que ses assaillants fussent partis avant de sortir. Prenant une profonde inspiration, Albus ferma les yeux. Où Scorpius se serait caché, afin d'être sûr de ne pas être suivi ? 

Le garçon rouvrit les yeux, serra les dents, puis inspira et se remit à courir, sortant sa cape de sa poche pour l'enfiler sans s'arrêter, grimpant les marches deux à deux et fit irruption dans le hall avec deux points de côté, à bout de souffle. Des élèves sortaient encore de la Grande Salle après un dîner tardif, mais Albus n'y prêta aucune attention et s'élança vers l'escalier descendant jusqu'au débarcadère. Il ne voulait pas revenir sur sa décision de prendre ses distances avec Scorpius tant qu'ils étaient soumis aux regards des autres élèves, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. S'il avait été attaqué par ces élèves à cause de lui, de leur relation… il ne le supporterait pas. Rongé par la culpabilité, la respiration sifflante, Albus accéléra encore dans l'escalier, se rua vers le débarcadère, et ouvrit brutalement la porte du placard. Il voulut l'appeler, mais sa voix ne répondit pas, et il se précipita sur la forme de son ami, assis sur une caisse dans l'ombre.

- Albus ? Demanda Scorpius, incertain. 

L'intéressé ne lui répondit pas, il l'examinant du mieux qu'il pouvait, palpant doucement ses bras, ses jambes, son corps, à la recherche d'une blessure ou d'un sortilège qui aurait mal tourné.

- Je vais bien, ils ne m'ont rien fait, ne t'en fais pas, affirma-t-il à voix basse.

Albus glissa une main sur la joue de son camarade, ami, et petit-ami, et éclata en sanglots de façon tout à fait inattendue.

- Je suis… hic! tellement… TELLEMENT désolé, Scorpius… hic! Je… suis un IDIOT ! 

- Oui, souffla Scorpius avec un sourire affectueux. Mais comme tu es mon idiot, ce n'est pas très grave. 

- C'est… tellement… hic ! STUPIDE ! Tu es là… tu… je… hic !  Et on… s'en fout… des autres ! 

- Oui, je suis là, en effet, je t'aime, et je t'aurais attendu. 

- C'est quand même… à cause de moi… que tu subis ça…

- Je ne suis pas d'accord, grommela Scorpius en lui retirant la cape d'invisibilité, puis en lui essuyant doucement le visage avec sa manche. Ça ne peut pas être de ta faute, à aucun moment. Ce n'est pas toi qui as causé ce que je ressens. Ou alors, il faut me tenir responsable de tes sentiments. Sinon, c'est injuste.

- Vu comme ça, marmonna Albus en reniflant. Mais j'ai vraiment eu peur, je… je ne veux pas que tu souffres à cause de… nous.

- Ça ? C'est trois fois rien, quelques ricanements et des noms d'animaux n'ont aucun poids face à ce que j'ai avec toi. Enfin, si tu veux toujours de moi, évidemment.

- Ce serait plutôt à moi de dire ça, ce n'est pas toi qui as décidé d'un coup de ne plus parler à ton petit-ami, sans aucune raison valable, et de ne plus le toucher pendant presque DEUX MOIS. 

- Sans vouloir te vexer, tu ne m'aurais pas trouvé si je n'avais pas voulu de toi, rit Scorpius. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi…

- Dans l'immédiat, je ne sais pas, Jo m'a demandé de te ramener, mais… 

- On peut peut-être… les rejoindre un peu plus tard ? Si mon petit-ami est d'accord, j'aimerais profiter un peu d'avoir à nouveau le droit de le toucher…

Albus déglutit, et hésita. D'un côté, il avait très envie de le toucher. D'un autre côté, Jo, Rose et Claire s'inquiétaient probablement déjà de ne pas le voir revenir avec Scorpius ou de ne pas l'avoir trouvé.

- Les autres… , commença Albus.

- Peuvent bien attendre cinq minutes de plus, promis je ne ferai pas grand chose… maintenant. Je t'enlèverai peut-être plus tard, ceci dit.

Albus soupira, puis hocha la tête. Scorpius referma ses bras sur lui et le serra à lui couper le souffle. Il posa sa tête contre son torse, sans un mot, et Albus glissa ses doigts dans les longues mèches blondes, soupirant de soulagement. 

- J'ai vraiment été stupide.

- Tu veux bien arrêter deux minutes d'insulter mon petit-ami, s'il te plaît ? Répondit Scorpius. Je n'arrive pas à entendre son cœur.

Albus rit faiblement, puis le pressa contre lui, baissa la tête et déposa un baiser au sommet de son crâne. La main de Scorpius glissa le long de son bras pour trouver la sienne, et laissa échapper un soupir qui ressemblait à un sanglot étouffé.

-Scorpius …?

- Je souriais, il fallait que je te montre que tu pouvais revenir vers moi n'importe quand… mais j'étais terrifié… que tu ne reviennes jamais vers moi… 

Albus sentit son cœur se serrer, et crispa ses doigts sur les siens. 

- Je suis tellement désolé, je…

- Ça va… enfin, ça va mieux. Mais… je vais avoir peur un petit moment encore je pense… ça ne va pas disparaître comme ça… mais tant que tu es là, ça devrait aller…

Albus déglutit, et resta un long moment immobile contre lui, le nez dans ses cheveux, écoutant sa respiration se calmer progressivement. Puis, Scorpius soupira, et il s'écarta légèrement. Le garçon blond semblait apaisé, et lui sourit affectueusement. 

- C'est le moment où tu me dis qu'il faut aller les rejoindre, c'est ça ?

- Si tu es prêt, oui.

- Je peux négocier un passage prolongé par une salle de bain des préfets après ? Demanda Scorpius en prenant une voix enfantine. S'il-te-plaîîîît ?

- Bien sûr, rit Albus. Tout ce que tu voudras. 

- Oh ? Ce n'est pourtant ni Noël, ni mon anniversaire. 

- Que veux-tu, je me sens d'humeur généreuse aujourd'hui.

Scorpius ricana, puis déposa un baiser sur sa joue avant de poser son front sur le sien. Ils louchaient presque, mais gardèrent les yeux ouverts, et inspirèrent avant de parler en même.

- Scorpius, je…

- Albus, tu sais…

Ils s'interrompirent, échangèrent un sourire, puis attendirent patiemment que l'autre reprenne. Lorsqu'ils reprirent la parole, ce fut à nouveau en parfaite synchronisation.

- Je t'aime.

- Je veux vivre avec toi. 

Scorpius haussa les sourcils, puis recula légèrement pour voir son petit-ami rougir, avant de lui faire signe de continuer.

- Oui ?

- Je veux dire, pas seulement parce que tu ne veux pas rentrer chez toi, ou que mes parents t'accueillent. Je veux vivre avec toi, toute ma vie, plus tard quand on travaillera tous les deux, et même quand on sera trop vieux pour travailler… Tu sais, j'ai eu le temps de réfléchir pendant ces deux derniers mois… je ne veux plus qu'on soit séparés. Plus jamais. Et si les gens l'apprennent… et bien tant pis, de toute façon tu vaux bien tous les regards de travers du monde. Je… enfin… seulement si tu es d'accord, évidemment, je ne voudrais pas te… c'est que…

- Oui.

- Hein ? 

- J'ai dit oui, Albus. Je suis d'accord.

- Tu… tu es sûr ? 

- Albus, on vit pratiquement ensemble depuis sept ans, dix mois par an, et je ne voudrais changer ça pour rien au monde. 

- Oh. Mais, c'est que, heu…

- À moins que ce ne soit la formulation de ma réponse qui te dérange ? 

- Je n'ai jamais dit…, marmonna Albus, de plus en plus rouge.

- Je le veux.

Albus ouvrit la bouche sous le coup de la surprise, et vit, derrière l'expression amusée de Scorpius, une affection sans limite. Incapable de faire quoi que ce soit d'autre, Albus hocha lentement la tête, et Scorpius eût un petit rire. Il se pencha pour déposer un baiser léger sur son nez, puis se détourna en sortant sa baguette, son autre main fermement accrochée à celle de son petit-ami.

- Je vais prévenir les autres, on ne remonte pas. Je te partagerai un autre jour, je suis sûr que Jo et les filles comprendront. 

Albus vit une forme argentée sortir de sa baguette, traversant les murs, puis Scorpius se tourna à nouveau vers lui, rayonnant.

 

***

 

Albus crispa ses doigts sur la lettre, écrite de la main de Minerva McGonagall à l’encre verte, qu’ils avaient relue des dizaines de fois, sans vraiment y croire. Pourtant, cette lettre avait quasiment six mois. Il inspira à fond, puis se pencha et récupéra sa mallette et passa la grande double porte du hall de l’école de magie. Il se souvenait du premier courrier, de la main d’Horace Slughorn, qu’il avait été surpris de recevoir en dehors de ses habituels vœux de Noël. Il lui avait parlé de son âge avancé, de son besoin de prendre une retraite bien méritée, de sa fierté d’avoir eu l’honneur d’enseigner les potions à sa grand-mère, son père, et lui-même. Puis avait ajouté qu’il le pensait parfaitement capable de tenir le rôle qu’il avait eu durant des dizaines d’années.

Albus avait cru à l’une de ses habituelles lubies… jusqu’au courrier de la Directrice de Poudlard. Qui lui proposait un rendez-vous en vue d’une éventuelle prise de poste en tant que professeur. Scorpius l’avait poussé à s’y rendre, affirmant qu’ils auraient tout le temps d’y réfléchir après qu’il ait vu la Directrice. Celle-ci avait eu un demi-sourire en lui annonçant qu’Horace avait bien insisté sur le fait qu’il ne voulait pas nommer de remplaçant, mais qu’il recommandait vivement de proposer le poste à Albus. Celui-ci avait été surpris de constater qu’il était très tenté par le poste. Alors qu’il était confortablement installé dans son quotidien de chercheur, travaillant à domicile trois jours par semaine et le reste du temps dans un laboratoire où il ne croisait quasiment personne. La solitude et le calme de son emploi lui plaisaient, tout comme son emploi actuel, pourtant, il avait envie d’en changer, soudain. Mais les professeurs de Poudlard vivaient dans le château, et il ne pensait pas parvenir à infiltrer Scorpius avec lui. 

C’était à cet instant qu’il avait perdu pied avec la réalité. Madame Pomfresh, qu’il pensait éternelle, avait demandé à la Directrice de lui trouver un médicomage compétent afin de le former pour reprendre l’infirmerie de l’école et lui permettre de se retirer. Et, lorsqu’Albus avait confié à la fin de l’entrevue qu’il avait besoin de réfléchir car il ne souhaitait pas se séparer de la personne avec laquelle il vivait, la Directrice l’avait regardé droit dans les yeux et lui avait affirmé que Scorpius était plus que compétent pour le poste s’il souhaitait le suivre. Albus n’avait pas su que répondre, et il avait entendu Phinéas Nigellus Black ricaner dans son portrait, quelque part sur sa droite. Il avait fini par bafouiller qu’ils en parleraient ensemble avant d’envoyer leurs réponses respectives, et la professeure avait souri. 

Cinq mois plus tard, il grimpait les marches menant au bureau de Slughorn, quelques jours avant son anniversaire, et son ancien Directeur de maison lui fit un immense sourire en l’accueillant.

- Albus, quel plaisir de vous voir ! Entrez donc, après tout, c’est bientôt votre bureau, s’esclaffa l’homme bedonnant. Je suis ravi que vous ayez accepté le poste, vraiment. Vous êtes certain que vous ne dormirez pas dans le logement attenant au bureau ? 

- En effet, j’ai un arrangement avec le pro… avec Minerva, se reprit-il. Je ne suis pas venu avec grand-chose, mes affaires sont dans des cartons que je déménagerai une fois que tout le monde sera parti, je n’ai pas très envie de déménager sous les yeux des élèves.

- Bien entendu. Alors, je vous laisse des copies de mes notes sur chaque élève de chaque année dans cette bibliothèque, ainsi que, bien évidemment, les manuels de chaque programme annotés et mis à jour. Nous allons passer une semaine à vous présenter aux élèves actuellement présents dans mes classes et à vous habituer à la situation, puis deux semaines après le départ des élèves à travailler sur votre approche des programmes, des classes, et bien évidemment je répondrai à la moindre question que vous pourriez avoir.

Albus posa sa mallette près du bureau, puis sortit de sa poche des friandises maison, faites par sa grand-mère, et Horace le remercia chaleureusement, piochant l’une des pralines avec un plaisir évident. Après discussion avec Phinéas, Albus avait décidé de remettre le portrait de l’ancêtre des Black dans le domicile familial, il aurait été idiot de l’emporter au château où il avait déjà un portrait, et Scorpius avait finalement accepté de revendre leur appartement en plein centre-ville de Londres, ils ne pouvaient donc pas le laisser là-bas. Albus vit du coin de l'œil l’ancien directeur se glisser dans un tableau du bureau, et eût un demi-sourire. Il était bien trop protecteur envers lui, mais Scorpius avait toujours trouvé l’intérêt du Professeur Black très divertissant et avait demandé à Albus de le laisser faire, tant que c’était supportable. 

Le soir-même, Albus sortit du château et retourna à Pré-Au-Lard où il retrouva Scorpius à la Tête de Sanglier. Il lui pressa brièvement la main, puis le suivit dans la salle où ils s’installèrent après avoir salué Abelforth.

- Alors ? Demanda Scorpius avec un sourire.

- Alors tout s’est bien passé, tu avais raison, je pense que je n’avais aucune raison de m’inquiéter. C’est… ça fait bizarre de revenir.

- Tu t’habitueras, au bout d’une semaine je me sentais chez moi à l’infirmerie. 

- Tu parles, tu te sens chez toi partout, ce n’est pas bien dur. En plus tu travailles avec Madame Pomfresh depuis près de trois mois…

- Tu es trop vieux pour ronchonner comme un gamin, ricana Scorpius en sortant un élastique de sa poche pour rassembler ses longs cheveux blonds en un catogan lâche. Attention, tu baves.

- Dans tes rêves, marmonna Albus en détournant le regard. Tu te rends compte que tu vas me forcer à dormir dans l’annexe de l’infirmerie ? 

- Ne t’en fais pas, j’en paierai le prix sans aucun problème. 

Albus dut se faire violence pour se concentrer sur autre chose que son partenaire et décida finalement de se lever pour commander deux hydromels. Lorsqu’il était parti, dix jours plus tôt, Scorpius arborait une barbe de trois jours très distrayante. Aujourd’hui celle-ci avait poussé, et Albus ne pouvait s’empêcher de le fixer. La barbe lui donnait un air mature parfaitement renversant, et il avait du mal à ne pas lui sauter dessus. Et, s’il se fiait au regard gris pétillant de malice qui l’observait alors qu’il se rasseyait à table, Scorpius avait parfaitement conscience de l’effet qu’il produisait sur Albus. 

- Tu veux peut-être manger plus tard ? Ou faire monter le repas dans ta chambre ? Tu sembles avoir… faim, affirma l’homme blond d’une voix suave, ses yeux plongés dans les siens.

- Je vais commencer par boire cet hydromel, ce soir nous fêtons le début d’une nouvelle vie, répondit Albus, fier du contrôle qu’il avait sur lui-même.

Scorpius émit un petit rire, puis entrechoqua son verre avec celui d’Albus, sans jamais le quitter du regard. Il vida son verre d’un trait, puis passa sa langue sur ses lèvres, et Albus ferma les yeux. Il était un adulte, bon sang, il avait vingt-quatre ans, pas dix-sept, il n’était plus un ado contrôlé par ses hormones. Normalement. Probablement. Peut-être. 

- Tu devrais respirer, souffla la voix de son compagnon. L’apnée n’est pas recommandée hors de l’eau. 

Albus rouvrit les yeux en soupirant, vida son verre en une gorgée, laissant l’alcool réchauffer brutalement sa gorge et son estomac, puis se leva en marmonnant un “on monte” qui sembla ravir Scorpius. Il s’arrêta devant le bar pour indiquer à Abelforth qu’ils redescendraient plus tard pour manger, et celui-ci leva les yeux au ciel avant de reprendre l’essuyage de verres qu’Albus avait interrompu. Lorsque celui-ci posa la main sur la poignée de la chambre qu’il avait louée pour la semaine, il n’eût pas besoin de se retourner pour savoir que Scorpius se trouvait juste derrière lui, et s’empressa d’ouvrir la porte, puis de la verrouiller derrière eux. Il allait devoir apprendre à se retenir plus longtemps que quelques minutes, mais, pour le moment, il se jeta allègrement sur son amant, le plaquant contre le lit avec un soupir. Une dizaine de jours sans lui. Tant pis, il apprendrait à résister plus tard. Un jour. Peut-être. Ou pas. Après tout, pourquoi s’en faire ? Ils s’aimaient, rien d’autre ne comptait. Parce que, finalement, c’était la seule réponse possible. La seule qui avait un sens.

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