Parce que.

Harry Potter - J. K. Rowling
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Parce que.
Summary
Pourquoi Albus était-il différent ? Avait-il fait quelque chose de travers ? Y avait-il une raison à tout ? Quelles étaient les réponses à ces questions ? /!\ ne prend pas en compte l'Enfant Maudit (mais un petit clin d'œil pour le fun) /!\Passe en underage sex NON EXPLICITE à partir du chapitre 8 :)
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Trêve Fraternelle

- Les enfants, on a reçu les lettres de Poudlard ! Cria Ginny Potter depuis l’entrée. Albus, tu veux bien descendre s’il te plaît ? 

Albus leva les yeux au ciel, puis lâcha la lettre de Scorpius qu’il était en train de relire, sortant de sa chambre en traînant des pieds pour se pencher par-dessus la rambarde de la coursive de son étage.

- Pourquoi ? 

- Parce qu’on a reçu un courrier en parallèle du tien, et il faut qu’on te parle, rétorqua sa mère sans même passer la tête dans la cage d’escalier. Allez, descends maintenant !

- J’arrive, soupira-t-il en descendant finalement les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée. Alors ? 

- Dans la cuisine, répondit sa mère, le laissant entrer avant de refermer la porte derrière lui. Désolée mon chéri, tu n’as rien fait de mal, mais je préfère qu’on soit tranquilles pour discuter. Commence par ouvrir ta lettre, tu comprendras après.

Albus s’exécuta, interloqué, puis ouvrit de grands yeux en lisant le courrier qui accompagnait sa liste de fournitures. Préfet. Il avait été nommé Préfet de Serpentard. Tout comme la semaine de vacances qu’il avait passée avec ses amis chez Jo, il était incapable de dire si c’était une bénédiction ou une malédiction. Puis il fronça les sourcils en arrivant au bas de la page. “une mission exceptionnelle a été ajoutée à vos missions de Préfet, nous vous demanderons de veiller étroitement sur votre camarade Marcus Selby, le courrier adressé à vos parents contient une autorisation expresse d’utiliser un objet spécifique qui vous sera nécessaire pour cette mission.”

- Quel objet ? Demanda Albus, méfiant.

- Nev… le professeur Londubat parle de la cape de ton père, soupira Ginny en repoussant des cheveux roux derrière son épaule.

- La cape ? Laquelle ?

- Sa cape d'invisibilité. On ne l'a pas confiée à James, remuant comme il l'était, la carte était déjà bien suffisante, même si normalement la cape est censée aller à l'aîné… bref. Comme tu n'étais visiblement pas intéressé par ce genre d'objets, on pensait la confier à Lily cette année, mais étant donné les circonstances…

- Attends une minute. Papa avait une cape d'invisibilité ? Insista Albus, outré. Mais c'est pour ça qu'il ne se faisait quasiment jamais prendre dans ses histoires !

- Je croyais que tu n'écoutais pas ses histoires ? Sourit sa mère, amusée.

- Peu importe. Donc, le directeur adjoint veut que j'utilise cette cape pour espionner un élève ? Qu'est-ce que c'est que cette idée encore ?

- Les professeurs s'inquiètent, apparemment, ce Marcus Selby ne serait pas très bien intégré parmi les élèves de son année, et Nev… le professeur Londubat a jugé utile de te permettre d'utiliser tes droits de Préfet pour garder un œil sur lui. Le but n'est évidemment pas de te faire rater des cours ou faire des nuits blanches pour le suivre partout vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La cape te permettra de le suivre discrètement de temps en temps, pour t'assurer qu'il va bien et que les autres élèves ne l'embêtent pas outre mesure. 

- Mais je n'ai rien demandé à personne moi… 

- Considère qu'ils t'autorisent aussi à utiliser la cape en dehors de tes fonctions de Préfet. Je ne t'ai jamais entendu parler de rendez-vous amoureux, mais si jamais il t'en prenait l'envie, sache que la cape te permettrait, enfin vous permettrait d'être plus discrets. 

- Je n'ai aucune raison d'avoir un rendez-vous amoureux, rétorqua Albus avec dédain. Enfin… au moins, je n'ai rien fait de mal. Et je suis sûr que Scorpius sera ravi de découvrir cette cape.

- Ne la montre pas non plus à tout le dortoir.

- J'ai une tête à me pavaner avec une cape d'invisibilité devant tout le monde ?

- Non, en effet, ce serait plutôt le genre de James. Lily et toi êtes bien plus discrets. C'est pour ça qu'on avait prévu de la léguer à l'un de vous.

- Papa n'en a pas besoin au travail ? 

- Non, ça fait un moment qu'il ne l'a plus utilisée, rit sa mère. Enfin, voilà, je voulais en parler avec toi. Tu peux monter avec tes lettres, tu sais quand les autres ont prévu d'aller faire leurs achats ?

- Claire y va toujours le 30, mais je ne sais pas si les autres voudront attendre.

- Je vais appeler Ron pour savoir ce qu'ils font, et demander à ton frère et ta sœur, c'est toujours compliqué dans les familles avec plusieurs enfants qui veulent retrouver leurs camarades. Allez, file, ton père te déposera la cape dans ta malle en arrivant ce soir, je lui ai envoyé un hibou.

Albus ramassa sa lettre qu'il avait laissée sur la table, et sortit le petit insigne de Préfet vert et argent, en observant la surface parfaitement lisse reflétant la lumière des escaliers. Il finit par laisser tomber la lettre et l'insigne dans sa malle, et reprit la lettre de Scorpius, se laissant tomber sur le ventre en travers du lit. Son ami lui confirmait qu'il les inviterait tous chez lui pour les prochaines vacances d'été, c'était son tour d'accueillir la bande, et Albus était curieux. Il ne parvenait pas à imaginer la maison de son ami, il avait pu voir sa chambre dans la Salle sur Demande lorsque Scorpius lui avait rendu la pareille la veille de leur départ de Poudlard, près de deux mois plus tôt, mais ils avaient tenté sans succès de faire apparaître leur maison en entier. La Salle sur Demande avait ses limites. 

Albus se demanda comment Scorpius et leurs amis réagiraient à sa nouvelle fonction de Préfet, lui qui commençait à peine à retenir les noms de ses camarades de classe. Puis il se redressa, nerveux. Les Préfets étaient deux par maison et par année à Poudlard, sauf en septième année. Qui partagerait sa fonction ? Paniqué, Albus se repassa mentalement les visages de tous ses camarades de classe, tentant de se rappeler des filles de sa maison, sans succès. Il décida d'écrire à Scorpius, son ami connaissait tout le monde, forcément, et saurait lui décrire les filles de leur maison et lui rappeler leurs noms. Albus se leva et s'installa à son bureau, racontant dans les détails les évènements de la journée avant de plier consciencieusement sa lettre, puis monta au grenier, où un hibou au plumage fauve moucheté de noir somnolait, perché sur une poutre. 

Albus aimait beaucoup le grenier. James, tout courageux qu'il était, avait toujours eu une peur bleue des araignées qui peuplaient l'endroit, et, à l'époque où Albus ne parvenait pas à s'enfermer dans sa chambre pour fuir les mauvaises blagues de son frère, il s'y réfugiait en dernier recours. L'endroit était sombre, malgré le gros Œil-de-Boeuf dans le faîte pour laisser passer les hiboux de la famille qui s'y reposaient volontiers, et ses parents y avaient rangé un certain nombre de choses qu'ils ne souhaitaient pas jeter mais n'avaient pas la place de conserver ailleurs. Ainsi, Albus s'était amusé pendant des heures parmi des vieux portraits, discutant parfois avec eux, dépoussiérant le vieil Éclair de Feu de son père, s'amusant avec les reflets de la lumière sur le Trophée des Trois Sorciers…

Le garçon appela doucement le hibou, et Queudver (il n'avait jamais compris ce nom étrange) se réveilla avec un hululement discret avant de s'envoler d'un battement d'ailes pour se poser sur son bras. Albus le caressa avec un sourire, il avait toujours aimé les animaux, pas au point d'en faire une obsession et un projet de carrière comme sa sœur, mais tout de même, il préférait la compagnie des animaux plutôt que celle des humains, la plupart du temps. Il fixa sa lettre à la patte du hibou, puis le laissa s'envoler par l'Œil-de-Bœuf après une dernière caresse.

-Vous soupirez beaucoup aujourd'hui, jeune Potter, marmonna un portrait dans l'ombre.

- Bonjour Phinéas, répondit poliment Albus. Je repensais aux choix d'orientation, je vais commencer ma cinquième année.

- Ah, les choix d'orientation et de carrière, tant de bons souvenirs… j'ai été directeur de Poudlard, vous savez ?

- Oh je crois que vous m'en aviez déjà parlé, gloussa le garçon en s'asseyant à côté du tableau. Mais je n'ai aucune idée de ce que je pourrais bien vouloir faire, c'est assez inquiétant quand je vois que James a décidé en deuxième année de travailler au Département des Jeux Magiques du Ministère de la Magie, et que Lily savait même avant de commencer ses études à Poudlard qu'elle voudrait être Magizoologiste. Je suis le seul à ne pas savoir.

- Pourquoi ne pas suivre les traces de votre père dans ce cas ?

- Pour deux raisons. La première, c'est que même s'il a arrêté de me martyriser, il est hors de question que je travaille au même endroit que James. Impossible. Ensuite… je ne suis pas fait pour attraper des mages noirs, ou des sorciers qui enfreignent le Secret. 

- Pourquoi ne pas devenir professeur en ce cas ? L'une des matières enseignées à l'école ne vous passionne pas plus que les autres ?

- Pas vraiment… 

- Ne vous en faites pas, vos professeurs vous connaissent bien, ils sauront vous conseiller selon vos forces et vos goûts et vous proposer les carrières qui pourront vous convenir. Vous avez le temps de voir venir, ce n'est pas pressé, vous devrez choisir vos matières en fonction des BUSES que vous obtiendrez. Et je ne doute pas, venant d'un élève de Serpentard, que vous soyez promis à un avenir brillant.

- Merci Phinéas, sourit Albus. Bonne journée, et si je ne vous revois pas avant mon départ, bonne année scolaire.

Albus l'entendit rire en quittant son portrait, et se demanda si le professeur McGonagall passait les vacances d'été dans son bureau, essaya d'imaginer ledit bureau d'après les descriptions qu'en avait faites son père… puis finit par secouer la tête et descendit par la trappe, rejoignant James et Lily dans le salon en les entendant rire. Sans surprise, il découvrit sa mère en train de lire un article de presse particulièrement drôle, tournant au ridicule un certain Marcus Flint qui aurait tenté de faire passer en douce des artefacts ensorcelés à des Moldus mais avait lamentablement échoué. Cette anecdote lui rappela l'existence de Marcus Selby, et Albus soupira. La scène qu'ils avaient surprise avec Scorpius était restée gravée dans son esprit. Il n'en avait parlé à personne, évidemment, et ce n'était pas tant les élèves concernés que le geste en lui-même qui l'avait hypnotisé. 

-Albus ? Qu'est-ce que t'as, t'es tout rouge, remarqua Lily.

- Oh ? À quoi tu pensais, Al ? Ricana James.

- À rien de particulier, se renfrogna le plus jeune. 

- À d'autres, poursuivit son grand frère, un peu plus bas. Laisse-moi deviner, c'est Scorpius, c'est ça ? Ou alors tu as pensé à quelqu'un d'autre ? Allez, dis-moi tout Al…

- Premièrement, non, je ne pensais pas à Scorpius, et je ne vois pas ce qui a pu te faire croire que c'était le cas. Deuxièmement, ce à quoi je pense ne te regarde vraiment pas. Mais puisque je sais que tu vas être insupportable, et que je n'ai pas envie que tu me fatigues, je vais te le dire : je pensais à Selby. J'ai appris juste avant de partir de Poudlard en juin qu'il était le seul Serpentard de son année, et qu'il était harcelé à l'école parce qu'il était né-moldu.

- Je ne pensais pas que ce genre de choses avaient encore cours, marmonna leur mère en fronçant les sourcils, sans montrer qu'elle était déjà au courant.

- C'est parce qu'il a été réparti à Serpentard, les autres ont trouvé ça drôle, expliqua Lily avec une moue dégoûtée. J'espère pour lui que ça ira mieux cette année, le pauvre, il n'a rien fait pour mériter tout ça. Heureusement qu'il a un pote qui le soutient, j'aurais jamais cru que la seule personne à le défendre contre les autres soit un Poufsouffle.

- C'est une situation assez étrange, confirma Ginny. Mais d'un autre côté, je vois mal les Poufsouffle être auteurs de harcèlement, ça n'entre pas du tout dans leurs habitudes…

- Il m'est arrivé d'être ignoré et évité par des Poufsouffle, pendant quasiment toute la deuxième année. Plus quelques mois en quatrième année, intervint une voix d'homme depuis le feu de cheminée.

- Papa ! S'exclama Lily. Tu m'as fait super peur, tu es complètement fou !

- Désolé ma chérie, je ne voulais pas vous interrompre. Ginny, Hermione m’a demandé si on allait au Chemin de Traverse ensemble, tu as réussi à négocier une date commune à notre bande de fous ? 

- Pas vraiment, du côté d’Albus et Rose, ce serait plutôt le 30, pour James le 25, et pour Lily c’est entre les deux…, soupira leur mère en passant ses doigts dans ses cheveux roux. 

- J’ai croisé Drago tout à l’heure, il m’a dit qu’il n’avait pas d’impératif si les enfants voulaient se retrouver. Par contre pour James je ne sais pas, je n’ai pas réussi à mettre la main sur Seamus, il court partout en ce moment, c’est la folie au département des Sports et Jeux Magiques. 

- Laisse tomber, je crois qu’on n’arrivera pas à se retrouver, on se verra dans le train, sourit James.

- Nous aussi, t’embête pas avec les dates papa, rit Lily. Enfin, si Albus peut voir ses amis, c’est mieux, sinon il va encore bouder jusqu’à la rentrée.

- Hé, je ne boude pas !

- Tu ne boudes plus, corrigea l’aîné en ricanant.

- C’est ça… Moi je n’ai pas besoin d’une carte magique pour croiser par hasard certaines personnes, rétorqua Albus avec un immense sourire.

James rougit, et pour la première fois à la connaissance d’Albus, resta silencieux. Puis il plissa les yeux, un sourire cruel étirant ses lèvres.

- En effet. Mais moi au moins je reconnais que je suis amoureux de quelqu’un et je ne me voile pas la face avec une fausse amitié.

- James ! S’exclama Ginny, scandalisée.

- Quoi, c’est lui qui m’attaque, je me défends et c’est moi qui prends ?! Alors que, pour une fois, je n’ai pas dit un seul mensonge ? Tu ne perds rien pour attendre Albus, j’attendrai mon heure, et tu vas regretter d’avoir osé t’attaquer à moi, ricana finalement James avant de monter dans sa chambre sans se départir de son petit air supérieur.

- Bon, je vous laisse vous organiser entre vous les enfants, Albus si tu peux prévenir Rose, pour que ses parents aient le temps de s’organiser…

- D’accord. Je vais lui écrire, j’avais déjà demandé à Scorpius s’il pouvait se débrouiller pour le 30, on attend la réponse de Jo puisque les Granger-Weasley y vont en même temps que nous.

Albus fit un signe de main à ses parents et détala vers les escaliers, s’excusant auprès de Kreattur qu’il avait failli percuter. Il fit irruption dans la chambre de son frère sans frapper, et le toisa d’un air soupçonneux.

- C’est quoi cette histoire encore ? 

- Oh, le petit Al se sent menacé ? Ricana James en lâchant le numéro ancien de Sorcière-Hebdo qu’il était en train de feuilleter sur son lit. Installe-toi donc, tu es venu pour négocier une remise de peine, non ? 

- Je suis venu pour savoir de quoi tu parles.

- Ne joue pas à l’idiot avec moi Al, je sais que tu te fais plus bête que tu n’est pour éviter de devoir parler aux gens. Et tu sais que ça ne prend pas avec moi.

- Très bien. Si j’évite d’en parler, ce n’est pas pour que tu t’amuses à lancer ça comme une bombe au milieu d’une discussion.

- Tu as commencé.

- James, tu as SEIZE ANS ! Je te pensais au-dessus de ça, franchement.

- Cause toujours. Qui t’a dit pour Bettie ? 

- Personne.

- Donc Scorpius. 

Albus souffla par le nez, excédé, puis finit par refermer la porte et s’installa sur la chaise de bureau de James. Sa chambre était recouverte de photos de groupes d’amis, de la famille, qui saluaient et riaient joyeusement. 

- Alors, qu’est-ce que tu veux ? Demanda Albus.

- Des renseignements. Je sais que tu as été nommé Préfet, ton enveloppe a fait du bruit quand tu l’as jetée dans ta valise.

- T’es à l’étage en-dessous.

- Oreilles à rallonge sans fil dernier cri, répondit fièrement l’aîné en lui montrant le petit objet couleur chair trônant sur son bureau.

- Et donc ? Tu as besoin de quelque chose que le grand James Sirius Potter ne peut pas obtenir par lui-même ? 

- Scorpius sait beaucoup de choses. Quasiment tout sur tout le monde, il laisse traîner ses oreilles et met son nez dans les affaires des autres.

- Laisse-le en dehors de ça, grogna Albus.

- Relax, je ne vais pas toucher à ta copine, ricana James. J’ai besoin de ses talents. Tout ce qu’il pourra apprendre sur Bettie. Contre ma discrétion.

- C’est cher payé, ça induit que je lui demande un service sans qu’il sache pourquoi. Et c'est pas ma copine. 

- C’est ma seule offre, à prendre ou à laisser. Qu’est-ce que tu choisis, petit frère, est-ce que tu supporteras d’être au centre de l’attention de l’école toute entière, par pure fierté ? 

Albus fusilla son frère du regard, mais savait qu’il n’avait pas le choix. Hors de question de le laisser faire courir des rumeurs alors qu’il venait à peine de comprendre ce qu’il ressentait. Il ne fallait surtout pas que quelqu’un l’apprenne. Et encore moins son meilleur ami. Personne ne devait savoir… et pourtant il y avait déjà deux personnes au courant, dont une, face à lui, était potentiellement dangereuse pour sa santé mentale. 

- Vendu. 

Albus tendit la main, et James la serra en le regardant droit dans les yeux, les iris sombres évaluant la volonté des yeux verts face à eux. Mais Albus ne faiblit pas, et James sourit, lui adressant pour la première fois de sa vie un regard presque amical, dénué de toute trace de moquerie. Il entrevit pour la première fois ce que les autres voyaient chez James, et sut qu’il tiendrait parole à tout prix, tant qu’Albus respecterait la sienne.

- Parle-moi de Bettie.

- Ce n’était pas dans le marché.

- Je sais. Mais je ne vois absolument pas qui elle est, comme tu l’as dit, c’est Scorpius qui a toutes les informations, je ne retiens jamais les noms ou les visages des gens…

- Hmpf. Tu es un cachottier, mais je sais que tu ne mens pas sur ce coup-là. Très bien puisque tu as accepté le marché, je vais te parler d’elle. 

Albus écouta son frère, attentif. Il avait déjà vu des personnes parler avec passion, amour et déférence d’autres personnes qu’ils aimaient, mais n’avait jamais vu son propre frère dans cet état, semblable à une transe, pourtant il restait parfaitement sérieux. Lui qui se considérait au-dessus de tous, il semblait se considérer comme un moins que rien face à elle. Visiblement, elle était la seule Gryffondor à ne pas rire à ses blagues, à le rabrouer lorsqu’il chahutait trop, et à l’insulter lorsqu’il se moquait des autres. Elle l’avait copieusement incendié lorsqu’il avait ricané en entendant qu’un né-moldu avait été envoyé à Serpentard, elle était même la raison pour laquelle il avait arrêté d’embêter Albus dès qu’il le voyait. Le plus jeune découvrait une facette de son frère qu’il n’avait jamais vue, une part de lui qui pourrait être sa version adulte et mature. Et il se sentit soudain privilégié, d’avoir obtenu la confiance de James aussi rapidement, pour qu’il le laisse voir cette part de lui. Puis, alors qu’il ne s’y attendait pas du tout, son frère se leva et posa une main sur l’épaule d’Albus.

- Je te souhaite bien du courage. Dès que je l’ai vu, je me suis promis de ne jamais me moquer de toi par rapport à ça. Tu vas suffisamment avoir de problèmes sans que j’y mette le nez.

- Pardon ? 

- Moi au moins, c’est plus facile. Je sais que Bettie aime les garçons, j’ai juste à la convaincre de me regarder vraiment… et croiser les doigts pour que ça marche. Tu n’as même pas cette certitude-là. Bonne chance petit frère. Si ça ne marche pas, je le démolirai pour toi.

En douceur, James le poussa, et Albus se leva pour retourner dans sa chambre sans même en avoir conscience, son cerveau tournant à plein régime. Il se laissa tomber sur son lit, les yeux fixés sur le plafond, totalement perdu. Il n’avait strictement aucune chance, et il n’avait même pas encore essayé. Cette année promettait d’être mouvementée. Il allait devoir apprendre à contrôler ses réactions. Et à mentir à son meilleur ami, tout en marchandant des informations, en accomplissant les missions d’un Préfet, en espionnant un camarade de maison, sans oublier le fait qu’il allait devoir trouver une idée de future carrière et passer ses BUSE. Un jeu d’enfant, vraiment, il était parti pour l’année scolaire la plus simple de sa vie.

Albus sursauta en entendant un tap-tap régulier contre sa fenêtre, et l’ouvrit avec un air ahuri en voyant Queudver rentrer par la fenêtre, déposant une lettre sur son bureau avant de repartir à l’extérieur sous le soleil de midi, laissant le garçon figé par la stupeur. Il finit par se reprendre et ouvrit la réponse de Scorpius.

“Albus, 

C’est génial, félicitations ! Je voyais mal les autres gars du dortoir obtenir le titre, sans vouloir être méchant, ils n’ont pas les épaules pour, ça pouvait être que l’un de nous deux, et je suis très content pour toi ! Il faudra ABSOLUMENT que tu me montres cette cape, et qu’on l’essaie. Le plus vite possible. Ah, et puisque tu vas être Préfet, il faudra aussi que tu me montres les salles de bains des Préfets, elles sont légendaires, il paraît qu’il y a des baignoires, c’est dingue ! 

Au fait, pour les filles, c’est simple, il n’y en a qu’une chez Serpentard de notre année, c’est Chaïma Patil, elle n’est pas bavarde, mais elle a la tête sur les épaules et ne fera pas de distinction entre les maisons quand il s’agira de distribuer des punitions puisqu’elle ne supporte personne. Bien sûr qu’on peut se retrouver le 30 sur le Chemin de Traverse, mes parents sont plutôt du matin, je ne sais pas pour les tiens, mais confirme-moi quand tu y seras et je t’attendrai, Jo vient de répondre à ma lettre et il sera là le 30 également.

J’ai hâte qu’on se retrouve tous, une semaine de vacances ensemble c’était vraiment trop court, on n’a pas pu profiter totalement de nos vacances, toi encore moins, tu étais constamment nerveux et j’ai l’impression que tu n’en as pas autant profité que nous. 

J’attends ta réponse pour le 30, j’ai hâte de reprendre le train et de tous vous retrouver tous les jours.

Scorpius.”

Nerveux ? Il ne voyait pas pourquoi, ce n’était pas comme s’il avait été beaucoup trop conscient de la présence et de l’éventuelle proximité de son meilleur ami pendant TOUT leur séjour chez les parents de Jo. Albus soupira, puis referma la fenêtre en posant la lettre sur son bureau, se laissant glisser au sol. Cette année promettait d’être difficile. Mais il devait y arriver. 

Il ferma les yeux, se remémorant la semaine qu'il avait passée avec ses amis. Il avait cessé de compter le nombre de fois où il avait rougi, où ses entrailles avaient fait des loopings, où il avait perdu pied avec la réalité… et où il avait fermé les yeux, se concentrant pour ne pas réagir. Sans compter les heures de sommeil perdues à l'écouter dormir, résistant de toutes ses forces à l'envie de se rapprocher de lui. Il était devenu fou. C'était une chose que de se rendre compte qu'il était amoureux… c'en était une autre de vivre avec les multiples désagréments que cet état lui avait apportés. S'il avait pu choisir, il aurait préféré ne jamais tomber amoureux, de toute sa vie. Comme s'il avait eu le choix.

Albus repensa à leur séparation quelques semaines plus tôt, après leurs vacances ensemble. Scorpius les avait tous pris dans ses bras un par un, les serrant jusqu'à l'étouffement, faisant rire ses amis. Il lui avait murmuré un "à bientôt" dans l'oreille qui lui avait provoqué d'incontrôlables frissons, et avait ri devant sa réaction. Il adorait cette habitude qu'avait son meilleur ami, mais n'était pas certain d'y survivre la prochaine fois. Il espérait et redoutait qu'il le refasse lorsqu'ils se retrouveraient sur le Chemin de Traverse. Dans quelques jours. Il allait le revoir. Non, il allait les revoir, se corrigea Albus, fronçant les sourcils. Il fallait qu'il commence à s'habituer, il était hors de question qu'il laisse ses sentiments le mener par le bout du nez ! 

 

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