
The END
Blablabla : pensées
~ blablabla ~ : Fourchelangue
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The end
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Su tourna sur elle-même afin d’admirer la salle gigantesque dans laquelle elle se trouvait.
Lorsqu’elle avait tiré Harry jusqu’aux toilettes, elle ne pensait pas vraiment qu’elle allait explorer la Chambre des Secrets.
Harry lui avait montré un tout petit serpent gravé sur l’un des robinets avant de siffler à voix basse.
Le robinet s’était mis à briller d’une lueur blanche en tournant sur lui-même. Un instant plus tard, le lavabo avait basculé et disparu, laissant apparaître l’entrée d’un gros tuyau suffisamment large pour permettre à un homme de s’y glisser.
Le mamba noir avait alors glissé du cou de Harry avant de sauter dans le conduit. Harry s’était alors tourné vers Su et lui avait demandé avec sérieux si elle souhaitait réellement y aller.
« Oui. »
Et Su avait sauté dans le trou avant de trop réfléchir.
Elle avait eu l’impression de dévaler un toboggan sans fin, obscur et visqueux. Au passage, elle aperçut d’autres tuyaux qui partaient dans toutes les directions mais aucun n’était aussi large. Su avait été secouée en tous sens par les sinuosités du tuyau qui la précipitait dans des profondeurs insoupçonnées, bien loin au-dessous des cachots. Puis soudain, le tuyau était redevenu horizontal et elle avait été projetée sur le sol humide d’un tunnel aux parois de pierre, juste assez haut pour s’y tenir debout. Elle venait à peine de se redresser que Harry, déboulant du toboggan l’avait fauchée.
La Serdaigle avait râlé tandis que son ami s’excusait piteusement. Il avait cependant rajouté que si elle lui avait laissé le temps d’en placer une avant de sauter, il aurait pu la prévenir de l’arrivée brutale du toboggan.
Harry avait créé une boule de lumière d’environs dix centimètres de diamètre avant de s’enfoncer plus profondément dans le dédale de tunnels. L’ambiance était quelque peu morbide. Il n’y avait pas un son. Cela ressemblait une crypte et cela n’avait absolument rien de réjouissant.
Harry lui avait dit ce qu’il savait sur la Chambre. La Pièce avait été construite par Salazard Serpentard peu après l’ouverture de l’École aux élèves. Elle lui servait à l’origine de bibliothèque. Le Fondateur avait été un très grand Mage Noir dans le sens le plus antique du terme. Il était un expert en rituel de protection, en magie du sang et de l’âme et en sortilèges sacrificiels.
Lorsqu’il était parti de Poudlard, pour fonder sa famille et non pas à cause d’une querelle avec les trois autres Fondateurs, il avait vidé la bibliothèque et installé le nid de Luolès à la place.
« Qui ? »
« Le Basilique. »
Savoir que la créature qui pétrifiait les élèves de l’école avait un nom et que Harry le connaissait avait vraiment fait bizarre à Su.
Elle connaissait les Potter depuis un an et demi désormais et elle se doutait depuis longtemps qu’ils n’étaient pas normaux. Harry lui avait dit que son frère et lui avaient été diagnostiqués comme étant des « surdoués ». Mais cela n’expliquait pas tout. Il y avait des détails qui ne collaient pas.
Quelques fois, Harry agissait comme s’il savait déjà ce qui allait se passer… Cependant à d’autres occasions, il était complètement perdu… Le Survivant n’était pas normal.
Après un long moment de marche, le duo avait croisé une énorme mue de serpent puis ils étaient arrivés devant un mur sur lequel étaient gravés deux serpents entrelacés. De grosses émeraudes étincelantes étaient serties à la place de leurs yeux.
Harry avait sifflé à nouveau. Les deux serpents s’étaient séparés, ouvrant les deux pans de mur sur lesquels ils étaient gravés.
Su avait alors découvert la Chambre des Secrets. Elle lui faisait penser à un énorme temple avec des piliers et des serpents sculptés. Le plafond était noyé dans l’obscurité tandis que les colonnes projetaient leurs ombres noires dans une atmosphère étrange et verdâtre.
Su rejoignit en courant Harry qui était quasiment aux pieds d’une statue gigantesque. Elle faisait toute la hauteur de la Chambre. Su l’observa avec attention. Cette sculpture représentait un sorcier avec une longue barbe mince qui tombait presque jusqu’au bas de sa robe où deux énormes pieds grisâtres reposaient sur le sol lisse.
« Salazard Serpentard », chuchota Su, intimidée.
« Oui. Voici le grand Fondateur de la Maison des Verts et Argents. »
~ Harry ? Tu ne devrais pas être en train d’apprendre ? ~
Le Survivant se retourna vers l’ouverture de l’un des multiples tuyaux qui perçaient la Chambre de Salazard Serpentard. Su glapit en entendant le sifflement grave avant de se cramponner au bras du Poufsouffle.
~ Non, j’ai terminé ma journée. Attends deux secondes… ~
Harry fit un rapide mouvement de baguette avant de dire à la reine des Serpents qu’elle pouvait venir.
« Merde », murmura Su, les yeux rivés sur l’immense serpent qui émergeait silencieusement de l’ombre.
Le Basilique, à la magnifique robe émeraude avançait lentement vers les deux étudiants. Su compta rapidement que la créature devait facilement avoisiner les quinze mètres de long. Elle savait que le regard des basiliques avait la faculté de tuer instantanément, mais, comme hypnotisée, son regard remonta vers la tête du serpent.
Et alors qu’elle allait croiser les deux grands yeux jaunes, Su vit…
« Des lunettes de soleil ? »
« Des lunettes en miroir sans tain pour être exact ! », s’exclama Harry tout fier. « Comme ça Luolès peut nous voir, et nous, on ne voit pas ses yeux. »
Toute la tension et la peur refoulée de Su s’envola d’un coup. Elle laissa échapper un petit rire hystérique.
« Tu ne pouvais pas me le dire avant ? Tu te rends compte de la trouille que tu m’as fait andouille ? »
Harry se gratta la nuque, penaud.
« Bon. Su, voici Luolès, ~ Luolès, voici Su. ~ »
~ Ta compagne a du potentiel. Vos petits seront forts. ~ commenta sobrement Luolès avant de s’enrouler sur elle-même aux pieds de la statue de Serpentard.
Harry rosit avant de devenir franchement rouge lorsque Su lui demanda de traduire ce qu’avait dit le basilique.
Su était une amie précieuse, mais il n’avait absolument aucun sentiment amoureux pour elle. Il était adulte par Morgane ! Il ne pouvait juste pas imaginer Su comme autre chose qu’une amie. Se serait juste dégueu !
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Su était songeuse. Harry et Luolès, bien qu’elle ne comprenne pas ses sifflements, venaient de lui expliquer que la vieille et majestueuse Basilique à la robe émeraude était obligée d’obéir aux ordres des descendants de son créateur. Elle ne pouvait contrer un ordre direct même si elle en rêvait.
C’était sur les ordres de l’Héritier qu’elle devait parcourir le château en faisant le maximum de victime possible. Évidement, la Reine des serpents s’était arrangée pour interpréter les ordres à sa manière. Ainsi, elle se débrouillait pour que ses victimes ne croisent que le reflet de ses yeux.
Su avait demandé si les lunettes de vue protégeaient du regard mortel. Mimi Geignarde était la preuve « vivante » que non. Cela avait fait grimacer Su.
« Et pourquoi ne pas garder indéfiniment ces lunettes en miroir espion ? »
« L’Héritier les verrait. Et les enlèverait. Et surtout, il saurait que d’autres élèves sont au courant pour la Chambre et pour Luolès. »
« Et tu perdrais l’effet de surprise… D’ailleurs, c’est qui ce fameux descendant ? »
« C’est »
Un grincement suivit de légers bruits de pas résonnèrent dans la Chambre des Secrets. Harry bâillonna immédiatement Su avant de reculer dans les ombres de la salle, faisant s’évanouir les lunettes conjurées.
Cachée dans l’ombre d’un pilier, Su vit passer Ginevra Weasley d’un pas lent et mécanique. La surprise lui écarquilla les yeux lorsque la première année de Griffondore aux yeux ternes se mit à siffler qu’une voix rauque et écorchée.
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Poppy faisait son inventaire hebdomadaire de potion. Il fallait qu’elle demande à Severus un nouveau chaudron de pimentine… et de pousse-os. Le Quidditch et l’hiver faisaient des ravages chez les étudiants en ce moment.
La Médicomage, officiant comme infirmière, était en train d’écrire un message pour le Maître des Potions lorsqu’une forme blanche traversa brusquement le mur de son bureau. Elle sursauta avant de brandir sa baguette en direction de l’apparition.
Le climat de peur et de défiance qui régnait sur l’École actuellement mettait tout le monde sur les nerfs… même elle.
Pointant toujours sa baguette sur la forme blanche, elle prit le temps de l’analyser correctement. C’était un oiseau. Un toucan. Sa sœur Gemma lui avait parlé de ces oiseaux exotiques. Un toucan blanc entièrement fait de magie… Un patronus corporel…
L’oiseau ouvrit son bec et une horrible voix caverneuse et éraillée raisonna dans le bureau de l’Infirmière.
« Aile Sud. Quatrième Étage. Une victime. »
Et l’oiseau de magie s’évapora.
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« Votre devoir Mr Potter. »
« Je l’ai pas fait. »
« Et quand comptez-vous me rendre votre travail ? »
« Jamais. »
« Moins 10 points pour Poufsouffle ! »
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« Essayez-vous véritablement de nous empoisonner Mr Potter ? »
« Mmm… Oui. »
« Moins trente points Mr Potter. Et vous me rédigerez un essai de soixante centimètres sur pourquoi il est interdit de mettre des poils de mandragores dans les potions de soins. »
« Oui. »
« Oui, MONSIEUR. »
« Inutile de m’appeler Monsieur. »
« Moins cinquante points pour irrespect envers un professeur Mr Potter. Et une semaine de retenue. Je vous attends demain soir pour la première. »
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« Avez-vous une excuse pour votre retard Mr Potter. »
« Évidement Professeur McGonnagall. Je devais apporter son déjeuné à Luolès. »
« Qui Mr Potter ? »
« Luolès, le monstre de la Chambre. Mais je n’ai pas réussi à me décider entre lui apporter un cuisseau de Poufsouffle ou un faux-filet de Griffodore. Finalement, le temps que je me décide, l’heure était passée. »
« Moins vingt points pour votre retard et moins trente points pour votre insolence ! Allez vous asseoir immédiatement ! »
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« Professeur Binn ? »
« Oui Mr… Potter ? »
« Vous savez qu’on en a rien à foutre ? Genre vraiment rien ? »
« Moins dix points pour Poufsouffle ! »
« Zut… J’espérais plus… Dites, vous savez que vous êtes mort ? C’était par ennuis ? Vous vous êtes suicidé à l’idée d’enseigner des trucs aussi chiant ? Vous… »
« MOINS TRENTE POINTS POUR POUFSOUFFLE ! ET UNE SEMAINE DE RETENUE AVEC MR RUSARD ! »
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Théo tira Léo derrière une tapisserie. Les deux Serpentards, silencieux regardèrent passer le groupe de troisième année de Griffondores.
« Merci », souffla doucement Léo.
Le fils Nott se contenta d’un hochement de tête comme réponse.
Depuis la pétrification de Justin Flitch-Finchet trois jours auparavant, il ne faisait pas bon d’être à Serpentard ou d’être ami avec Harry Potter. Un vent de paranoïa soufflait sur l’École et déjà cinq Verts et Argents ainsi que Su Li en avaient fait les frais, gagnant un aller pour l’Infirmerie.
Leurs agresseurs n’avaient pas été attrapés. Évidement. Léo soupçonnait très fortement un groupe de cinquième année mélangeant Griffondore, Serdaigle et Poufsouffle. Harry les soupçonnait également d’après les regards noirs dont il les fusillait lorsqu’il les croisait dans les couloirs.
Su était sortie ce matin de l’Infirmerie et vu la façon dont Harry la couvait, Léo craignait pour la santé des abrutis qui auraient l’idée stupide d’attaquer à nouveau la Serdaigle. Ils risquaient de tomber sur un os. Voir plusieurs.
Léo ne laisserait pas l’une des rares amies de son frère se faire agresser sans réagir.
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Grant Towler, Griffondore de sixième année au visage rougeaud, poussa violemment la petite Serdaigle blonde contre le mur avant de la maintenir contre la paroi de pierre en lui écrasant la gorge sous les regards indifférents ou heureux d’autres élèves.
« De toute façon, tu n’es qu’une sale engeance de Mangemort, une pute aux serpents. »
Luna se jeta sur l’assaillant de son amie en criant avant de lui sauter sur le dos. Surpris, le Griffondore lâcha Héméra qui s’écroula sur le sol en toussant fortement avant de se débattre pour tenter de se débarrasser de la petite Lovegood.
Se retournant violemment, il fit voler l’enfant qui alla s’écraser contre le mur, son bras produisant un craquement malsain.
Hermione qui était en train de descendre dans le Hall hurla.
Elle hurla de peur et de colère.
Elle se précipita vers Luna. La petite gémissait doucement.
Hermione, furieuse se redressa et s’avança vers Grant. Sa magie crépitait sur sa peau, faisait luire ses yeux et hérisser ses cheveux. Les ailes de son nez vibraient sous la colère rentrée de la jeune femme.
« Tu te rends compte de ce que tu as fait ! Excuse-toi immédiatement. »
« Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi Granger. Tu es comme tes frères de toute façon, une sale p… »
Le poing du dragon de Serdaigle s’écrasa sur le visage du Griffondore dans un craquement écœurant.
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Poppy Pomfresh se pinça le haut du nez en soupirant. Elle était fatiguée… mais si fatiguée… Elle n’en pouvait plus.
Entre les pétrifications, l’épidémie de grippe et les élèves attaqués par d’autres dans les couloirs, elle commençait à saturer.
« Quelqu’un peu m’expliquer pourquoi je viens de recevoir l’intégralité de la promotion de sixième année dans mon infirmerie ? », demanda la Médicomage en scrutant le reste de l’assemblée.
Le Directeur de l’École semblait extrêmement soucieux, les professeurs semblaient éviter le regard de l’Infirmière tandis que les représentants étudiants se tortillaient sur leurs sièges mal à l’aise.
« Poppy… »
« Taisez-vous Lockard », fit sèchement L’infirmière en fusillant du regard l’homme aux cheveux dorés.
Pas complètement inconscient, le sorcier obéit devant les vagues de colère qui semblaient s’échapper de la femme.
« C’est à cause de Potter. »
« Veuillez développer vos propos Mr Buster », demanda aimablement le Directeur.
Le Préfet en chef, un Poufsouffle de septième année aux yeux incroyablement bleus, bordés de très longs cils, se mordilla les lèvres, peu à l’aise.
« Les élèves ont peur et… »
« Et donc, ils passent leur colère et leur peur sur plus faibles qu’eux », claqua froidement la voix de Bathsheda Babbling.
La Directrice des Serpentrards semblait impassible mais Minerva voyait nettement son aura déchaînée par la colère. La professeure de Runes était sur le pied de guerre et la moindre étincelle provoquerait l’explosion.
« Non, c’est pas… »
« Ce n’est pas quoi Buster ? » demanda haineusement Sophie Greylight.
La Préfète en Chef, une Serpentarde de septième année, connue pour son tempérament glacial, ne portait absolument pas son condisciple dans son cœur.
« Je vais vous dire ce qui se passe dans cette foutue école », s’exclama Sophie en frappant la table du plat de sa main.
« Miss Greylight ! » S’exclama la professeure de Botanique, effarée par le toupet de l’élève.
« Quoi ? Quoi Greylight ? Je refuse de me taire encore. Lorsque les adultes sont aveugles, il fait bien leur ouvrir les yeux. Towler a agressé verbalement puis physiquement Héméra Malfoy, une PREMIÈRE ANNÉE, avant de frapper Miss Lovegood, une autre PREMIÈRE ANNÉE ! Il lui a d’ailleurs cassé le bras. »
« Comment savez-vous… »
La Serpentarde regarda dédaigneusement le professeur d’Arithmantie. Le réseau de commérage des verts et Argents était le plus développé et le plus rapide du Château. Mais cela, elle n’allait pas leur révéler.
« Hermione Granger est intervenue avant que Towler ne frappe à nouveau », reprit Sophia. « Et elle s’est défendue lorsque que le Griffondore l’a insultée. Elle a dû se défendre parce qu’aucun des adultes normalement responsables de notre SÉCURITÉ ne l’a fait pour elle ! »
« Les préfets… »
« Rien du tout les préfets ! Nous sommes des élèves ! Et à ce titre nous somme partiaux ! Bon sang ! Les trois quarts de l’École déteste les Serpentards et tout est bon pour nous attaquer ! »
« Vous exagérez Miss », dit avec bonhomie le Directeur. « Je suis certain que vos enseignants s’en seraient rendu compte si la situation était aussi catastrophique. »
« Sauf si les trois quarts de nos professeurs sont également convaincus de la culpabilité des Serpentards. Seuls les Professeurs Snape et Babbling nous protègent. Et à deux, ils ne peuvent pas tous surveiller », commenta sarcastiquement la serpentard. « Ne faites pas cette tête Directeur. Tout le monde sait que vous favorisez vos précieux Griffy et que vous nous haïssez. »
« Mesurez vos propos jeune fille ou… »
« Ou quoi ? Vous allez me virer ? Je m’en contrefous. Ce sera toujours mieux qu’ici ! Je suis suffisamment intelligente pour passer les ASPICS en candidate libre et dans le pire des cas, ma famille est suffisamment riche pour me payer des précepteurs particuliers. Et de toute façon, si vous me virez, je contacte la Gazette du Sorcier et je témoigne sur ce qui se passe à Poudlard. Les pétrifications, les accusations sans fondements, les agressions gratuites, l’indifférence professorale, les élèves blessés sous votre responsabilité… Tout ! Je dis tout ! », s’exclama Sophie en se redressant dans son siège.
« Et surtout », rajouta-t-elle vicieusement, « je contacte Mr Malfoy… Vous savez… le membre du Conseil d’Administration dont la fille est à l’infirmerie après avoir été violentée par Towler… »
Sophie pencha la tête sur le coté et sourit d’une façon presque joueuse (si l’ou oubliait la fureur et la haine dans son regard).
« Sur ce, si vous décidez de me punir pour avoir dit la vérité, je serais dans ma Salle Commune entrain d’essayer de convaincre nos premières années qu’ils ne vont pas être lynchés par les autres Maisons s’ils sortent de notre tanière. »
La Préfète en Chef se leva et quitta la pièce très dignement, laissant planer un silence pesant dans la salle.
Poppy se leva à son tour.
« Miss Greylight a raison sur un point Directeur. De nombreux élèves, majoritairement de Serpentard se sont retrouvé chez moi à cause de blessures graves. Je vous conseille de trouver très rapidement une solution à ces problèmes. Pour la santé de tous. »
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« Les Possessions sont des choses courantes en Asie. »
« Pardon ? »
Su tapa le sommet du crâne de son ami avec son journal roulé.
« Mais ! »
« Tu m’écoutes ? »
« Oui. »
« Donc. Je disais. Ginevra Weasley est possédée. La possession est un phénomène relativement courant en Asie et elle en présente tous les signes. Yeux vitreux, gestes robotisés, voix modifiée… Par contre, je n’ai aucune idée du vecteur de possession. »
« Son journal intime. »
« Je ne te demanderai pas comment tu sais cela, mais j’espère que tu sais que c’est carrément louche. »
Harry passa sa main dans ses cheveux, les rendant encore plus ébouriffés.
« Tu connais les sorciers cachés ? », demandant le Survivant.
« Oui. En Chine, on les nomme « Enchanteurs ». Mon cousin en est un. Mais pourquoi ? »
« Mon frère adoptif en est un. Et sa magie se manifeste à travers des visions. »
Su hocha la tête. Effectivement, la présence d’un devin, d’un vrai devin, pas comme la courge qui servait de prof de Divination, expliquait de nombreuses choses sur l’attitude de Harry.
Le Survivant soupira intérieurement en voyant que son amie gobait son mensonge.
"Il faut donc lui prendre le carnet… puis faire un rituel d’exorcisme pour purifier son essence de toute trace résiduelles de l’esprit… Je demanderais à Zǔmǔ de m’expliquer ! » déclara Su.
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« MOINS 30 POINTS POUR POUFSOUFFLE ! » Hurla Filius.
Le demi Gobelin se releva et fusilla du regard l’élève à la cravate jaune et noire qui souriait, très fier de lui.
Depuis une petite semaine, Harry Potter, le Survivant, le génie de Sortilège, était devenu parfaitement insupportable. Il ne se passait pas un cours sans que le directeur des Serdaigles doive lui retirer des points. Et plus il en enlevait, plus le sourire du fils cadet de James et Lily Potter grandissait.
En une petite semaine, la Maison avait perdu plus de 200 points. Tous à cause de Harry Potter. Certes, entre-temps, les Blaireaux avaient gagné quelque 110 points. Mais le total restait tout de même négatif.
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« Avis ! Oppugno ! Waddiwasi ! »
Quelques dizaines d’oiseaux apparurent autour de Léo avant de foncer, à la vitesse de balles de fusil vers Harry.
« Evanesco ! Expulso ! »
Le Survivant en fit disparaître dans le non-être, c’est-à-dire dans le tout et envoya les autres s’écraser avec une infinie violence contre le mur, les faisant disparaître dans un éclat de magie.
« Confringo ! »
Le Poufsouffle fit une magnifique roulade sautée pour esquiver le sortilège explosif de son jumeau avant de hurler.
« Ascenscio ! Deprimo ! »
Harry fit un bond monstrueux avant que son second sort ne s’écrase contre le sol. Le plancher de la Salle sur demande explosa, envoyant des milliers d’éclats de bois voler à travers la pièce
« Draconifors ! »
Léo, suspendu aux pattes du petit dragon qu’il venait de métamorphoser à partir de sa montre se lança un rapide sort de soin afin d’arrêter le sang qui coulait sur sa joue ouverte par un morceau de bois aiguisé.
« Glacius ! »
Le dragon plongea, esquivant de peu le rayon glaçant lancé par Harry. Léo lança un sortilège informulé et brusquement, les débris du plancher se rassemblèrent en un gros dragon de bois. La créature monstrueuse s’élança vers Harry qui, d’un Bombarda Maxima, la fit exploser.
L’onde de choc qui en résulta repoussa les deux combattants de chaque côté de la salle et fit vibrer avec violence la barrière protectrice derrière laquelle Su s’était réfugiée.
La Serdaigle était complètement sous le choc.
Elle comprenait mieux ce que voulait dire Harry lorsqu’il lui avait dit que son frère et lui étaient des génies.
Voir des enfants de douze ans manipuler avec une telle adresse et une telle désinvolture des sortilèges aussi complexes et aussi puissants était simplement effrayant. Et magnifique. Ses amis lui livraient un combat digne de la Coupe Mondiale de Duel.
Le père de Su était un sorcier chinois. Il avait fait ses études à Fěicuì xuétáng. Il avait étudié la magie sous toutes ses formes, y compris ce que les Anglais nommaient la « magie noire ». Il avait transmis cette culture à sa fille unique. Ce fut pour cette raison que Su sursauta lorsque les jumeaux Potter commencèrent à s’échanger des malédictions et des maléfices aux effets plus horribles les uns que les autres.
Sans s’en rendre compte, la jeune sorcière se mit à trembler sous la pression que lui imposaient les magies de ses camarades. L’air était saturé de magie, et Su, peu habituée à un tel environnement commençait à se sentir mal.
« Su ! Su ! Ça va ? Su ? »
La jeune Serdaigle papillonna des yeux, surprise de voir Léo et Harry penchés au-dessus d’elle. Elle se fit la remarque étrange que le Serpentard avait du sang séché sur le front et le sourcil gauche tandis que le Poufsouffle avait un coquard qui commençait à fleurir autour de son œil droit.
« Qu’est-ce que… »
« Tu t’es évanouie. Tu aurais dû nous faire signe que ça n’allait pas. On se serait arrêté ! », s’exclama Harry en l’aidant à se redresser.
« Tiens, mange ça, ça te fera du bien », dit Léo en tendant une tablette de chocolat à la Serdaigle.
Su l’attrapa avec un petit sourire de remerciement avant de répondre à Harry.
« Tu avais besoin de ce combat. Je ne voulais pas te gêner. »
Harry soupira en secouant la tête. Effectivement, le duel contre Léo lui avait permis d’évacuer une partie de la colère qui couvait dans ses veines, mais cela n’aurait jamais dû se faire au détriment de la santé de son amie. Il l’expliqua à Su d’une voix douce.
« Allez, je te ramène dans ta tour. »
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Mettre des bombabouses dans les dortoirs… Tcheck
Remplacer les plantes de la salle commune par des statues de serpents… Tcheck
Ensorceler les tonneaux pour qu’ils aspergent les gens de vinaigre putride lorsqu’ils tapent le bon code… Tcheck.
Remplir le couloir menant à la Salle Commune de toile d’araignée… Tcheck.
Mettre du poil à gratter dans les draps… Tcheck.
Couper l’eau chaude dans les dortoirs… Pas fait.
Harry, caché sous la cape d’invisibilité de feu James Potter, se dirigea d’un pas guilleret vers le troisième étage. Là-bas, il y avait un passage caché qui, si on lui donnait le bon mot de passe, permettait d’avoir accès au réseau de canalisation de l’École. Et alors, il pourrait couper l’eau chaude des dortoirs des Blaireaux.
Entre ça et la chute vertigineuse des points dans le sablier de leur maison, les Poufsouffles allaient pleurer leurs mères !
Mouhahahaha, que la vengeance était douce !
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« Moins 20 points pour Poufsouffle, Mr Diggory. La prochaine fois que vous tenterez de faire exploser ma salle de classe, vous ferez perdre 50 points à votre maison et vous gagnerez une semaine de retenue. »
Le préfet des Jaunes et noirs blêmit tandis que son professeur faisait disparaître le contenu de son chaudron d’un informulé.
Severus Snape était énervé. Vraiment très énervé. Il savait parfaitement que l’un de ses pupilles avait été chassé de sa Salle Commune. Harry avait beau dire qu’il avait choisi de partir, l’attitude des Poufsouffles ne lui avait guère laissé de choix.
Ah, elle était belle la Maison de la Loyauté !
Le Potionniste fit claquer sa langue contre son palet avant de fusiller du regard les Blaireaux de Cinquième années. Ces misérables morveux n’avaient pas toutes les données en mains lorsqu’ils avaient décidé d’ostraciser Harry. Ils n’avaient pas pris en compte les protecteurs du Survivant : un dragon écumant, un professeur machiavélique, un jumeau aux alliés puissants et sadiques, des serpents revanchards et les amis fidèles du Survivant.
Le fils de Lily avait bien essayé d’empêcher son Tuteur magique de faire un esclandre. Mais rien de ce que pouvait dire Harry n’empêcherait Severus de le venger. Autant dire que les Poufsouffle s’en prenaient plein la tête depuis quelques jours.
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« J’espère que tu te rends compte à quel point les choses sont graves. »
« Non. »
« Harry… »
« Je vous arrête immédiatement Madame. Je pourris certes la vie des membres de ma Maison depuis quelques jours, mais je tiens à vous signaler que j’ai d’excellentes circonstances atténuantes. »
Madame Chourave pinça les lèvres. Le jeune Potter ne semblait éprouver le moindre remord pour son attitude des semaines passées.
« Je voudrais bien entendre lesquelles Mr Potter. »
« Vos précieux Poufsouffles, si loyaux, si gentils, m’ont agressé en premier. J’ai préféré quitter la Salle Commune et dormir ailleurs dans le Château plutôt que de me prendre un coup de couteau dans le dos. Vous n’avez nullement réagi à ce moment. Continuez sur votre lancée et laissez-moi me venger en paix, ou alors allez voir vos élèves et faites votre travail de Directrice de Maison. Mais ne le faites pas à moitié. »
« Votre insolence vous coûtera une exclusion de l’équipe de Quidditch ! », le menaça Pomodora.
« Pour ce que j’en ai à cirer de l’Équipe… »
« Ainsi que deux semaines de retenues. »
« Mais bien sur… Punissons le pauvre deuxième année qui s’est fait mettre à la porte par ses aînés », minauda Harry, sa voix dégoulinant de sarcasme. « Les pauvres bichoux de dix-sept ans ont bien besoin qu’on leur fasse un câlin lorsque un môme de douze ans a été méchant avec eux », ricana Harry en se levant de sa chaise. « Envoyez-moi un hibou pour les formalités des retenues, je ne loge plus chez les Traîtres. »
La porte claqua derrière l’élève aux cheveux ébouriffés. Pomodora soupira. Mais depuis quand la situation lui avait échappé à ce point ? Si Harry ne se calmait pas rapidement, elle devrait en référer au Directeur… Mais en attendant, il fallait qu’elle aille discuter sérieusement avec ses Poufsouffles.
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Luna caressa le beau plumage de la chouette blanche. Elle aimait bien Hedwidge. Elle aimait bien les oiseaux en général, mais la chouette des Potter avait largement sa préférence.
« Tu auras plein de friandises après ça, je te le promets ma toute belle. »
Luna caressa encore une fois la chouette des neiges avant de lui poser une petite enveloppe sur son perchoir.
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Les globes de lumière diffusaient une douce lumière tamisée lorsque Draconis descendit dans sa salle commune. Le Serpentard de Troisième année s’assit dans l’un des canapés de cuir noir avant de sortir son manuel de sortilège de son sac. Il n’était pas encore sept heures. Un mauvais songe avait réveillé l’Héritier Malfoy et l’avait tiré du lit. Le jeune homme avait donc décidé de se préparer et de réviser un peu ses cours de la journée avant d’aller déjeuner.
« Bonjours Draconis », salua le jeune Théodore Nott qui travaillait déjà dans son coin.
Le Serpentard blond salua son condisciple d’un mouvement de tête. L’Héritier Nott était un habitué des réveils matinaux. D’aussi loin qu’il se souvienne, Draconis l’avait toujours vu debout, habillé pour la journée, entrain de travailler lorsqu’il descendait de son dortoir.
Théodore avait un rythme de vie décalé par rapport aux autres étudiants. Il se couchait très tôt, quasiment immédiatement après le dîner. En contrepartie, il se réveillait largement avant l’aube afin de faire ses devoirs. C’était étrange, mais tout le monde si était habitué, y compris les camarades de dortoirs de Théodore.
Draconis venait de finir de relire son cours de Soins aux créatures magiques lorsque Milicent Bulstrode sortit du couloir des dortoirs des filles. La deuxième année s’assit dans un fauteuil à la gauche de Draconis avant de sortir un roman de son sac.
Moins d’une dizaine de minutes plus tard, Léo Potter, Blaise Zabini et Vincent Crabbe rejoignaient la Salle Commune. Une discussion au ton bon enfant débuta entre les Deuxièmes années. Draconis referma son livre. Il ne parvenait plus à se concentrer et de toute façon, il allait bientôt être l’heure d’aller manger.
L’Héritier Malfoy venait de se lever lorsqu’un bruit d’explosion résonna dans la salle commune aussitôt suivi par une épaisse fumée verte qui noya la totalité de la pièce.
Draconis sortit en toussant de la Salle Commune suivit de près par tous les Deuxièmes années. Dans le couloir, le grand blond finit de cracher ses poumons avant de se tourner vers ses camarades d’infortune.
Un hoquet d’horreur lui échappa en constatant le désastre.
« Voilà qui est… Intéressant », commenta Théodore en regardant distraitement sa robe sorcière couverte de peinture.
Blaise à ses côtés éclata de rire tandis que Vincent observait attentivement sa main droite qui abordait un intéressant vert émeraude.
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Ginny mastiquait ses céréales avec entrain lorsqu’un groupe très coloré de Serpentards entra dans la Grande Salle. La jeune Griffondore sourit. Toutes les maisons avaient été touchées par la déferlante de peinture.
La plus jeune Weasley était en train de descendre de son dortoir lorsque leur salle commune avait été envahie par une épaisse fumée de couleur rouge. Lorsque celle-ci s’était dispersée, Ginny avait découvert que la salle des Lions ressemblaient désormais à un arc-en-ciel psychédélique… Et que les élèves étaient également touchés.
Ginny avait entendu Kati Bell jurer à voix haute et dire que c’était la cinquième fois que cette foutue fumée de merde revenait. La petite Griffondore avait retenu un petit rire heureux en voyant Percy, entièrement rouge de la tête aux pieds avec les cheveux dorés.
Elle venait d’entrer dans la Grande Salle lorsque Luna la tira à la table des Serdaigles. Ginny avait essayé de protester mais une Préfète, à la peau couleur bronze et aux cheveux bleus, lui avait dit qu’elle pouvait manger ici tout le temps si elle le souhaitait, sauf pour les événements officiels comme les festins de début d’année ou d’Halloween.
Avec ses cheveux rouges et sa peau dorée Ginny se sentait un peu ridicule et vraiment seule au milieu de la marée bleue et bronze… Mais rapidement, des êtres verts et argents ou jaune et noirs vinrent s’installer chez les Serdaigles. Et Ginny se sentit moins seule.
« Voilà le courrier », chantonna Luna.
En face de Ginny, Héméra Malfoy leva vivement les yeux, cherchant apparemment son hibou dans la mêlée aviaire. La plus jeune Weasley leva elle aussi les yeux, plus par ennuis que par réelle recherche. Il n’y avait aucune raison pour que ses parents lui envoie Errold.
Une chouette blanche attira son attention. Le rapace tenait une petite enveloppe dans ses serres et pourtant, il n’avait toujours pas plongé vers le destinataire du message. La chouette se contentait de faire des cercles au plafond. Intriguée, Ginny scruta plus précisément le fouillis de plume. Elle repéra une dizaine de rapaces, qui comme la chouette blanche, faisaient de large cercles qu’plafond.
Ginny écarquilla les yeux lorsqu’elle vit une grande plume duveteuse d’un affreux rose criard s’envoler de l’enveloppe tenue par le rapace blanc. L’étrange objet volant tomba doucement dans la salle. Personne ne semblait l’avoir vu.
« Tu devrais cacher tes toasts », chuchota mystérieusement Luna en plaçant plusieurs de ses tartines sous un verre vide renversé.
Ginny, sans lâcher des yeux la plume virevoltante qui allait bientôt se poser sur la table des Poufsouffles, mit elle aussi son toast de marmelade sous un verre vide. Luna était étrange, mais ses conseils devaient être écoutés.
Puis la plume se posa sur les cheveux d’un Poufsouffle qui avait un badge de préfet.
Et le monde explosa dans un tourbillon de couleur.
Ginny eut à peine le temps de voir des plumes jaillir en un flot ininterrompu des enveloppes tenues par les hiboux avant que la Grande Salle soit envahie par du duvet.
Rose criard, jaune fluo, vert vif, bleu électrique, orange feu. Le monde n’était que couleur et douceur.
Ginny éclata de rire avant de grimper sur la table et sautiller au milieu des plats pour tenter d’attraper les plumes avant qu’elles ne touchent le sol.
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« Et là ! Regarde ! des sépales d’iris brun ! regarde, regarde ! Vois comme l’androcée est relié à la corolle ! C’est typique des plantes dicotylédones et… »
Svetlana gémit avant d’essayer de tirer son ami hors du Hall.
Lorsque la métamorphomage s’était rendu compte qu’elle ne parvenait pas à effacer le rouge de sa peau et l’or liquide de ses cheveux, Svetlana avait décidé qu’aujourd’hui serait une journée pourrie.
Heureusement qu’elle avait pu avoir un grand bol de café bien noir pour lui remonter le moral ! Elle s’appétait à mordre dans une magnifique tartine généreusement recouverte de crème de marrons lorsque la grande Salle avait été envahie par des tonnes et des tonnes de plumes colorées !
En soit, cela été très joli et Svetlana tirait son chapeau aux gugusses ayant lancé un pareil enchantement. Mais la métamorphomage ne pardonnait pas la perte de sa tartine !
Son pauvre toast était devenu immangeable lorsqu’une longue plume rouge fluo s’était écrasée dessus. La Griffondore n’était pas comme Dennis. Le jeune Crivey s’était contenté de pécher le duvet jaune pétard qui avait atterri dans son thé avant de le boire. Et Svetlana était persuadée qu’il avait oublié des plumes.
Ce fut donc avec la peau aux couleurs de sa maison, une multitude de plumes aux couleurs plus agressives les unes que les autres collées un peu partout, un pot de crème de marron dans une main et son sac dans l’autre que Svetlana était sortie de la Grande Salle suivie de près par Dennis et Neville.
Elle avait manqué d’éclater en sanglots en voyant le rideau de pétales qui tombaient dans le Hall. C’était joli des pétales de fleurs, mais là, c’était juste trop ! Surtout que Neville s’était précipité dans le Hall, au beau milieu de la pluie de fleurs avec la ferme intention de reconnaître toutes les espèces !
Voyant l’heure tournée et ayant bientôt potion, Svet avait pris son courage à deux mains et avait rejoint ses amis dans le Hall, sous l’averse de pétales. Dennis se contentait de sourire niaisement, immobile au milieu du Hall tandis que Neville courrait à droite à gauche, traquant les fleurs rares.
« Snape va nous arracher la tête si on est la bourre, pétales ou pas pétales ! », cria finalement Svetlana.
Ses paroles sortirent Neville de sa transe florale. Le trio de Griffondors prirent le chemin des cachots en courant, semant pétales et plumes dans leur sillage.
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Minerva McGonagall pensait avoir vécue le pire avec les Maraudeurs puis les jumeaux Weasley. Mais manifestement, elle s’était trompée. Et dans les grandes largeurs avec ça !
La professeure de Métamorphose ne partageait pas l’enthousiasme de ses collègues d’enchantement et de runes. Certes, les plaisantins avaient mis la barre très haut. Réussir à piéger les quatre salles communes, la grande salle et le Hall… Cela tenait du génie.
Mais franchement, faire cours à des élèves qui semblaient avoir croisé une exposition d’art moderne et qui étaient couvert de plumes colorées et de pétales de fleur…
C’était du grand n’importe quoi. D’autant plus que ni la couleur ni les « accessoires » ne partaient. Miss Granger le lui avait prouvé en tentant de se débarrasser d’une longue plume bleue électrique. La Serdaigle avait enlevée la plume de ses cheveux en la tenant entre deux doigts. Elle avait ensuite éloigné la chose le plus loin possible de sa chevelure avant de la lâcher.
Sauf que la plume, au lieu de tomber sur le sol avait fusé vers Miss Granger pour se planter à nouveau dans sa chevelure frisée.
« C’est la même chose à chaque fois ! », s’était écriée la Serdaigle. « On a pu se débarrasser du « surplus », mais impossible de se débarrasser de tout ! »
La professeure de métamorphose s’était donc résignée à faire cours à une classe de tableaux de Picasso. Minerva n’avait jamais été aussi heureuse de ne pas être descendue déjeuner dans la Grande-Salle !
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Alicia sortit de la salle de Sortilège rapidement. Elle devait rejoindre la salle de divination de l’autre côté du château en moins de cinq minutes ! Elle venait de mettre un pied dans le couloir lorsque celui-ci se remplit de ballons de baudruche.
La poursuiveuse de Griffondor écarquilla les yeux devant la mer de ballons. C’était pas cool, vraiment pas cool !
Elle prit son courage à deux mains et s’enfonça dans le couloir avec détermination. Les ballons lui arrivaient au niveau de la taille et elle avait plus l’impression de nager que de marcher.
Une explosion à ses côtés la fit sursauter. Fred avait fait exploser un ballon.
« Mais oui ! »
Alicia sortit rapidement une plume de son sac. Empoignant fermement le côté taillé, elle fit de grands gestes devant elle, faisant éclater les ballons en rafales.
Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom Pom !
La poursuiveuse sourit en voyant le chemin s’ouvrir devant elle, telle la mer devant Moise ! Elle se sentait puissante !
Les Griffondors ayant divination arrivèrent dans le couloir du cinquième étage qui avait été transformé en grotte l’an dernier. Il était vide de tout ballon. Alicia s’en demanda la raison avant d’apercevoir des morceaux de plastique au sol.
Effectivement, ballons de baudruche et stalagmites ne faisaient pas bon ménage !
Les élèves avaient quasiment atteint la salle de divination. Il ne leur restait plus que l’escalier menant au septième étage à prendre et ils seraient arrivés.
Alicia allait se féliciter de cette victoire lorsqu’un gigantesque raz-de-ballons engloutit les élèves. La Poursuiveuse allait en crever un lorsque Roger Davies, le capitaine des Serdaigles, la peau bleue et les cheveux bronzes, arrêta son geste.
« Ne fais pas ça ! Sinon, le double nous tombe sur la tête ! »
« Quoi ?! Mais… Mais… On arrivera jamais à l’heure à ce rythme ! »
« Laisse tomber Spinnet. La cage d’escalier est remplie de ballons du sol au plafond. On arrivera jamais en divination à l’heure et on ne peut pas passer par là. Va falloir faire le grand tour et prendre l’échelle de l’horloge. »
« Je hais ces foutus ballons de merde ! »
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Severus était épuisé. Il n’avait qu’une envie, rentrer chez lui, embrasser sa femme et sa fille, prendre un long bain chaud et manger un morceau. Et pas forcément dans cet ordre.
Par Morgane, quelle journée épuisante.
Lorsque Severus avait vu ses étudiants très colorés entrer dans sa salle, il avait craint le pire. Il se souvenait très bien des sourires satisfaits des frères Potter la veille. C’était typiquement le genre de sourire qui annonçait une GROSSE catastrophe.
À midi, lorsqu’il avait retrouvé ses collègues dans la Grande Salle à midi, le Potionniste avait haussé un sourcil en voyant que certain de ses collègues avaient des plumes colorées dans les cheveux, ainsi que pour certains des pétales de fleurs. Filius lui avait rapidement parlé de l’incident des hiboux ainsi que du Hall.
Cette explication avait surpris Severus. En effet, il n’y avait plus la moindre trace de plumes dans la Grande-Salle ou de fleurs dans le Hall. Soient les Elfes de Maison étaient très efficaces soit… Soit les petits cornichons avaient prévue une blague dont les effets se disparaissaient d’eux-mêmes au bout d’un certain temps.
Dans l’après-midi le Potionniste avait accueilli les Septièmes années avec un petit soupire. Les pauvres étaient quasiment aussi bariolés que les danseuses du Carnaval de Rio.
Le cours avait commencé depuis une petite demi-heure lorsqu’un objet insolite avait attiré l’œil de Severus. Une bulle de savon transparentes aux reflets irisés tombait doucement du plafond. Le Potionniste avait sorti sa baguette, prêt à intervenir. Mais lorsque la bulle avait touché le sol, il ne s’était rien passé ! Ni explosion, ni fumée, ni choses bizarre.
Severus avait soupiré mentalement de soulagement. Léo et Harry avaient foiré leur blague !
Puis la bulle avait explosé. Et partout où le savon s’était étalé, une belle tache irisée était apparue. Le Professeur avait observé la tache avec horreur avant de crier à ses étudiants de sortir de la salle. Mais trop tard. Une quantité astronomique de bulles étaient sorties du néant, inondant la classe et ses occupants.
Le résultat de cette effroyable après-midi était que Severus avait été transformé en arc-en-ciel ambulant.
Le Potionniste soupira en poussant la porte de la salle des Professeurs. Promis, il récupérait les copies des deuxièmes années, puis il rentrait chez lui !
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Filius ricana impitoyablement en voyant son collègue de Potion.
Le demi-Gobelin ne s’était pas autant amusé depuis un long moment. Certes, avoir des ballons jusqu’aux épaules lorsqu’il se déplaçait dans les couloirs n’étaient pas très plaisants, mais la beauté et la complexité d’un tel enchantement le laissait béat d’admiration.
Le Directeur des Serdaigles but une longue gorgée de son thé aux framboises avant de reporter son regard sur le reste de ses collègues.
Minerva était couverte d’encre, Babbling dégageait des nuages de poussières de craie à chaque mouvement, Sibylle qui était pour une fois descendue de sa tour, à moins qu’elle n’ait été forcée, avait une myriade de confettis dans les cheveux…
C’était du grand n’importe quoi !
Le Directeur de Serdaigle se félicita intérieurement d’avoir réussi à repérer et désamorcer les sorts qui piégeaient sa salle de cour lorsqu’il vit entrer Pomodora dans la salle des professeurs.
La Professeure de Botanique qui venait d’entrer dans sa salle était trempée. Et très colorée.
« Que s’est-il passé Pomodora ? », demanda Silvanus en lui tendant une tasse de thé.
« De la neige… Dans les serres… de la neige chaude et colorée ! Partout… »
Filius retint un ricanement moqueur devant l’air choqué de sa collègue de Poufsouffle.
Oh, oui, il était vraiment ravi d’avoir désactivé ces sortilèges.
« Un peu plus de thé Minerva ? », demanda le professeur de Sortilèges.
« S’il vous plaît Filius. »
Le Directeur de Serdaigle attrapa la théière…
POP !
POP !
POP !
… et l’enfer se déchaîna !
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Albus Dumbledore était un sorcier puissant.
Un sorcier puissant ayant de nombreuses responsabilités.
Un sorcier puissant ayant de nombreuses responsabilités et ayant vaincu un Mage Noir.
Un sorcier puissant ayant de nombreuses responsabilités, ayant vaincu un Mage Noir et ayant lutté de façon très active contre un second.
Mais surtout, Albus Dumbledore était un sorcier trèèèès fatigué.
Cette journée avait été éreintante et le vieux sorcier ne rêvait plus que de prendre une longue douche chaude puis au dodo !
Le Directeur qui s’était retranché dans son bureau caressa pensivement Fumsek.
Aujourd’hui, il avait vu des choses bien étranges. De la neige chaude et colorée, une pluie de pétales de fleurs, un tsunami de ballons… Il avait vu son professeur de Défenses contre les Forces du Mal devenir aussi miroitant qu’une boule à facette et Binn rire. Oui, décidément il s’était passé des choses étranges à Poudlard cette journée.
Albus frissonna en songeant à ses professeurs. Les malheureux étaient aussi bariolés que qu’une exposition d’art moderne, avaient des plumes, des pétales, de la craie, de l’encre, ou des confettis collés un peu partout et pour ceux ayant eu la mauvaise idée de mettre un orteil dans la salle de repos des professeurs, des paillettes.
Des milliards de microscopiques paillettes dorées et argentées avaient jailli de petits canons habilement cachés un peu partout dans la salle.
Eh bien évidement, ces paillettes avaient été soumises à un sort de glu ce qui les rendait impossibles à détacher par magie.
Du coup, Albus s’était résigné à retourner dans son bureau avec une tenue digne des sorties des discothèques gay de Liverpool le soir du Nouvel An.
Mais désormais, tranquillement installé dans son bureau, loin des pièg… farces de ses abomin… Adorables mons… élèves, le vénérable directeur pouvait souffler. Et se reposer.
PLOC.
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Harry ricana impitoyablement en entendant le hurlement du Directeur résonner dans Poudlard.
Le Poufsouffle s’enfonça intégralement dans l’eau brûlante avec un sourire heureux. Récupérer le mot de passe de la Salle de Bain des Préfets n’avait pas été très compliqué. Cette journée avait été… magique !
Vraiment magique.
Les étudiants avaient été tellement occupés qu’ils avaient oublié de le faire chier et il avait pu évacuer sa colère et sa frustration à travers une très grande dépense magique.
Il n’avait pas été prévu au départ que TOUS les couloirs soient envahis de ballons. Mais c’était soit Harry s’épuisait magiquement par un moyen quelconque, soit il trucidait quelqu’un.
Il avait oublié à quel point les enfants pouvaient être stupides. C’était dans des moments pareils qu’il prenait conscience de l’écart entre lui et les autres. Il n’était plus, et depuis longtemps, un enfant.
Heureusement que Léo était là d’ailleurs.
~ Tu vas finir par cuire dans ton eau~ siffla Natrix depuis le bord du bassin.
La grande couleuvre, suivie par le petit Mamba noir s’était lovée contre un tuyau d’eau chaude.
Harry lui tira la langue avant de plonger à nouveau dans l’eau bouillante de son bain. Lorsqu’il l’aurait fini, il trafiquerait les robinets pour que ceux-ci crachent de la mélasse sur les prochains élèves qui viendraient prendre un bain. Ça leur ferait les pieds à ces quiches.
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Hagrid était en train de grillager son poulailler avec du grillage enchanté pour repousser les renards, fouines et autres prédateurs des volailles lorsque la petite cloche magique liée aux grilles de l’École sonna.
Quelqu’un attendait au portail !
Reposant ses outils, le demi-géant prit la direction des grilles en grommelant.
Une femme blonde, vêtue d’un tailleur gris perlé, accompagnée d’un jeune homme tout aussi blond à la carrure de batteur de Quidditch habillé d’un élégant uniforme scolaire noir aux liserés rouges attendait devant les grilles.
Reconnaissant la femme chez qui vivait les petits Potter, Hagrid lui fit un grand sourire.
« Bonjour, j’ai rendez-vous avec le Directeur Dumbledore », déclara la moldue en lui tendant un parchemin.
Hagrid vérifia rapidement que c’était bel et bien une convocation du Directeur avant d’ouvrir les portes, faisant entrer le duo.
Lorsque le Gardien des Clés et des Lieux de Poudlard et ses accompagnateurs traversèrent le Hall, ils furent rejoints par les jumeaux Potter et Hermione Granger.
« Maman ! »
Le visage sévère de la femme se fendit d’un sourire heureux tandis que Harry sautait dans les bras de sa mère. Pétunia passa ensuite dans les bras de sa fille puis dans ceux de Léo.
« Maman est soumise au sort repousse moldu qui imprègne votre École. Un contact avec un être magique contre le sort, mais ni moi, ni vous n’allons l’accompagner chez le Directeur. Peux-tu faire quelque chose s’il te plaît Léo ? »
Le plus jeune fils Potter hocha la tête avant de marmonner à voix basse. Un halo jaune vif flasha autour de sa mère avant de se dissiper.
« Et voila. C’est le même sort que celui que j’ai utilisé sur Papa la dernière fois. »
« Merci mon poussin », fit Pétunia avant d’embrasser son fils sur le front. « Bon, j’y vais. Ne faites pas de bêtises. Et Harry… Prépare tes affaires. »
« Oui, Mam'. »
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« Directeur Dumbledore, sachez que je suis particulièrement énervée par la façon dont votre équipe pédagogique à gérer cette situation. Mon fils a été ostracisé par ses camarades de classes. Il est devenu leur bouc-émissaire et il a été obligé de se défendre seul. Ce n’est que lorsqu’il s’est mis en tête de rendre la monnaie de leur pièce à vos élèves que vos professeurs ont réagi. Cela soulève dont une question cruciale. Vos professeurs sont-ils partiaux ? Ou sont-ils capables de voir au-delà de la couleur d’une Maison ou d’une langue ? »
Albus Dumbledore était un sorcier puissant, sage et particulièrement respecté par ses semblables, cependant, devant cette femme en tailleur au visage figé dans une expression de glaciale politesse, il se sentait revenir à ses jeunes années lorsque sa mère le grondait.
Il avait fait l’erreur de sous-estimer Pétunia Granger née Evans. Le sorcier connaissait très bien Lily Potter née Evans et son caractère enflammé. La jeune femme avait combattu dans l’Ordre du Phénix aux côtés d’Albus.
Il avait donc décidé d’aborder Pétunia de la même manière que Lily, avec bonhomie et gentillesse. Sauf que si Lily était une pure Griffondore, agissant avec son cœur, sa sœur, elle, respirait la froide et calculatrice intelligence reptilienne.
Pétunia Granger était une moldue, mais elle restait infiniment plus dangereuse que Lily, car elle n’accordait aucune confiance aux sorciers. Chaque mot, chaque action du Directeur était enregistré, analysé, conservé afin de resservir plus tard.
Pétunia pinça les lèvres, adoptant son masque le plus hautain avant de reprendre la parole devant le silence du Directeur.
« Je me plierai à la décision du conseil de discipline Albus Dumbledore. Mais sachez que si la situation de mes fils ne change pas avant la fin de l’année scolaire, je les ferai transférer, eux et Hermione à BeauBaton. »
« Mais… »
« Tous mes enfants, à défaut de s’exprimer parfaitement dans la langue de Molière, la comprennent parfaitement. Cela ne sera donc pas un problème. De plus, leur Tuteur Magique est tout à fait d’accord avec mon idée et a d’ors et déjà signé les documents demandant le transfert. Je n’ai plus qu’à les envoyer. Avez-vous autre chose à me dire ou cet entretien est terminé ? »
« Non. Je n’ai rien à ajouter Madame. »
« Parfait. »
Pétunia se leva de son fauteuil et serra brièvement la main du sorcier. Elle ne tenait pas particulièrement à s’éterniser dans cette foutue école de fous. Outre les souvenirs de Lily qui resurgissaient, la barmaid s’inquiétait pour le Black Bee. Elle avait dû laisser son stagiaire sous la surveillance de son cuisinier et, si Max était très gentil, elle ne lui faisait que moyennement confiance pour gérer un gamin en apprentissage.
« Oh ! J’ai failli oublier un minuscule détail ! » s’exclama Pétunia, la main posée sur la poignée de la porte. « Mon mari a entamé les démarches pour attaquer en justice votre Professeur de Défenses contre les Forces du Mal pour coups et blessures volontaires. Vous devriez lui chercher un remplaçant. La convocation du tribunal va très certainement arriver pendant les vacances de Noël. Sur ce… Au plaisir de ne pas vous revoir. »
Et la porte claqua derrière la moldue blonde. Tandis que le bruit sec de ses talons aiguilles tapant rythmiquement les escaliers diminuait, Albus soupira longuement en se frottant les tempes. Et dire qu’il espérait des vacances tranquilles…
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Su courrait comme si sa vie en dépendait. Déboulant dans le Hall, elle dérapa incontrolablement avant de percuter avec force Harry. Sous le choc le Poufsouffle tomba au sol, entraînant la sorcière bleue et bronze avec lui.
Su se retrouva allongée de tout son long sur son ami, leurs visages séparés de quelques minuscules centimètres. La jeune sorcière rougit en se rendant compte de leur position avant de bondir sur ses pieds en bafouillant des excuses.
Harry se releva sous le ricanement de Léo, le sourire d’une femme blonde et Hermione et les gloussements d’un adolescent immense tandis que Su se tordait les doigts d’embarras.
« Désolée, je voulais juste te dire au revoir avant que tu partes, j’avais peur que d’arriver trop tard et… »
« C’est pas grave Su », la rassura Harry. « D’ailleurs, c’est plutôt cool que tu sois là, j’ai un truc pour toi. »
Harry fouilla ses poches. Il vida les poches avant de son jean, les poches arrières, les poches de son blouson sans trouver ce qu’il cherchait. Alors qu’il grommelait dans sa barbe, le géant blond lui dit sobrement « Poche intérieure ».
Harry s’exécuta et sorti, victorieux, des plaquettes de bois de sa poche.
« Merci Big D. Au fait, Su, voici ma mère, Pétunia et Dudley, mon frère aîné. Et maintenant la cordelette… »
Sous les regards moqueurs de sa famille et perplexe de son amie, Harry refouilla toutes ses poches avant de finalement enlever sa chaussure et la délacer entièrement. Il enfila ensuite les petites plaquettes sur le lacet avant de le tendre à Su.
« Chaque plaquette est gravée d’un ensemble épicycloïdal de Rune maya de protection. Brise une plaquette et un bouclier physique et magique t’enveloppera pendant cinq minutes. »
« Mer… merci… » bafouilla Su en récupérant le lacet où était enfilé quatre plaques. « Ce sont des bâtons de glace ? »
« Des morceaux de bâton de glace. C’est facile à casser et facile à graver », sourit Harry. « Maintenant que je ne suis plus là et vu que tu as refusé l’offre de Natrix, il faut bien que je trouve un truc pour te maintenir sauve. »
Su sourit avant de serrer Harry dans ses bras.
« Merci. Et prends soin de toi. »
La sorcière regarda son meilleur ami, sa mère et son frère aîné quitter l’École avec un rien de mélancolie. Harry avait été exclu pour une durée de deux semaines. Après il y aurait les vacances de Noël… Finalement, la prochaine fois qu’elle le verrait, ce serait dans plus d’un mois.
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Avançant dans le couloir sombre, Olivier réfléchissait. Le Capitaine de l’Équipe de Quidditch revenait d’une retenue du professeur Snape. Il avait dû récurer plusieurs chaudrons bien immondes pour son plus grand malheur.
Pendant qu’il frottait le magma visqueux et puant collé au fond des récipients, il avait eu beaucoup de temps pour penser. Il avait évidemment élaboré de nouvelles stratégies pour le prochain match contre Poufsouffle.
L’Équipe des Jaunes et Noirs avait représenté un défi en début de saison, mais depuis le Club de Duel, l’exclusion de Harry Potter de leur maison et le déchirement de l’École entre les anti et pro-Potter, la cohésion de l’équipe de Poufsouffle battait de l’aile. Potter n’était qu’un remplaçant, mais il motivait ses coéquipiers, les poussant toujours à se surpasser.
Avec son départ de l’équipe tout avait foutu le camp. Sans parler de Marc Stone, le poursuiveur de l’aile droite. Le Septième année aux tendances pyromanes avait claqué la porte de l’Équipe et de Poufsouffle lorsque les attaques contre les Serpentards avaient commencé.
Marc avait collé son poing dans la tête de l’un de ses camarades de dortoir avant d’aller dormir avec sa copine… non, sa FEMME, il fallait vraiment qu’Olivier s’habitue à la notion. Sophie Greylight, nouvellement Stone était la Préfète en Chef, elle avait donc droit à une chambre individuelle.
Les profs n’avaient pas réagi. Olivier suspectait qu’ils ne soient pas au courant. Sinon, ils auraient forcément mouftés en apprenant que deux de leurs élèves avaient profité d’une sortie à Pré-au-Lard pour filer en catimini sur le Chemin de Traverse puis au Ministère pour se marier. Sans parler des terribles conflits entre les élèves.
Bon sang, ils en étaient à un point où le Potter Fourchelangue devait se promener avec un putain de serpent venimeux autour des épaules pour avoir la paix !
Les gens avaient donc voulu faire du mal à Harry en s’en prenant aux gens qui lui était chers. Neville, un chouette gamin de troisième année s’était interposé lorsque des Griffondores et de Poufsouffle de cinquième année avaient essayé d’attaquer Granger.
En quittant sa retenue, retournant à la Tour de Griffondore d’une manière automatique, ses pieds connaissaient le chemin, Olivier avait continué ses réflexions.
Le Sixième année ne considérait pas Granger comme une amie, loin de là. Elle sortait avec Flint ! Mais il la respectait. Elle était puissante, intelligente, retorse, rusée et absolument terrifiante lorsqu’elle défendait une cause ou sa famille ou la cause de sa famille d’ailleurs… Bref. Une sorcière dangereuse. Mais face à sept adversaires, elle avait eu du mal.
Neville était intervenu, soutenant avec efficacité son amie. Apparemment, d’après Svet, Les Longdubas et les Granger-Potter étaient des amis d’enfance. Mais même à deux, ils avaient été rapidement mis en difficulté. C’était à ce moment-là que le Professeur Snape avait déboulé dans le couloir.
Olivier frissonna à ce souvenir. Il n’avait jamais vu son professeur aussi… furieux. Même McGonagall avait sursauté, très légèrement, mais sursauté tout de même, face à l’aura de danger et de mort que dégageait le Professeur Snape à ce moment-là.
Le Capitaine de Quidditch s’interrogeait sur la soudaine et puissante fureur de son professeur. Il avait agi de la même manière que la mère d’Olivier lorsque celui-ci était en danger, comme un parent défendant son enfant…
Snape ? Parent ? Ridicule ! Le mystère restait entier.
Et au milieu de tout ce bazar, de la cohésion de l’École qui disparaissait lambeau par lambeau, il y avait la question des cours de défense. Lockard était une vraie brelle. Et le pire c’était qu’il n’y avait plus rien pour pallier à son incompétence.
Lorsque les premières attaques d’élèves sur élèves, le club de Défense avait été fermé. Comme l’avait si bien dit Granger, une activité basée sur l’entraide et la confiance perdait tout son sens dans un climat de peur et de paranoïa aiguë. Elle avait aussi rajouté, blasée, qu’elle ne voulait pas fournir plus d’armes à ses ennemis pour la poignarder dans le dos par la suite.
Elle avait bien BONK !
Olivier, perdu dans ses réflexions, se retrouva les quatre fers en l’air après sa rencontre brutale avec une statue au beau milieu du couloir.
Statue ?
Milieu du couloir ?
Le Capitaine de Griffondore couina très peu virilement en levant les yeux vers la statue. Lockard, aussi froid et rigide qu’un bloc de granit fixait ses yeux écarquillés d’horreur sur le fond du couloir. Et juste devant lui, un épais gris malsain, flottait Nick-Quasi-Sans-Tete.
Hé bien, au moins, cela règle le problème des cours de Défenses.
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Cédric était terriblement mal à l’aise. Vraiment terriblement mal à l’aise. La découverte morbide de Olivier Dubois remettait bien des choses en questions.
Le Capitaine des Griffondores avait découvert son fantôme de Maison ainsi que le Professeur Lockard pétrifiés. Or Harry avait quitté le château le week-end dernier.
Le Survivant ne pouvait donc pas être l’Héritier…
« Mais qu’est-ce qu’on a fait. »
« On a merdé Diggory », répondit sombrement Colin.
Le Poufsouffle de sixième année s’était terriblement engueulé avec ses amis Hermione et Marcus à cause de toute cette histoire. Il avait découvert avec le reste des élèves des dons de Fourchelangues de Harry. Il avait très mal pris que Hermione lui ait caché une chose aussi énorme. Et surtout, il avait eu peur. Il avait lu plein de choses plus horribles les unes que les autres sur le Fourchelangues et il avait été terrifié.
Cette peur avait bloqué ses capacités de réflexion. Il s’était conduit particulièrement stupidement. Il s’en rendait compte désormais.
« Putain, mais qu’est-ce qu’on va faire… » gémit Cédric pitoyablement.
Le Pauvre préfet avait été celui qui s’était confronté à Harry, lorsque celui-ci était revenu pour la première et dernière fois dans leur salle commune après l’incident du club de Duel. Il avait certes été nommé ambassadeur par ses compagnons, c’était tout de même lui qui avait chassé le deuxième année de leur maison.
« On va ramper… longtemps… En priant pour être pardonné », déclara sobrement Marilyn, la capitaine de l’Équipe de Quidditch.
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« Empêche de passer en sept lettres ? », demanda Neville.
« Gandalf », répondit Luna sans sortir le nez du Chicaneur qu’elle était en train de lire.
Neville remplit consciencieusement les cases de son mot croisé.
« Ah oui. Merci Luna. »
« De rien. »
Les vacances de Noël venaient de commencer et les élèves rentraient chez eux. Léo, Luna et Neville s’étaient installés tous les trois dans un compartiment que le Serpentard avait scellé de plusieurs sorts pas tous légaux. Ils voulaient avoir la paix !
« Tu sembles soucieux Léo. »
Le Serpentard lu la remarque de Luna sur son cahier avant de relever la tête vers la petite blonde aux yeux rêveurs.
« Ces pétrifications m’inquiètent. »
« Moi je suis plutôt heureuse que l’homme doré soit changé en pierre. »
Léo papillonna des yeux tandis que les paroles de Luna se superposaient dans son esprit à d’autres mots dits bien auparavant.
« Tu peux répéter ? »
Luna pencha sa tête sur le côté, interrogative avant de s’exécuter.
« Moi je suis plutôt heureuse que l’homme doré soit changé en pierre. »
Léo jura à voix haute. Il venait de comprendre !
Lorsque l’heure de la pierre sonnera la fin de l’Or,
Le Héraut Obscur de Celle que l’on ne voit jamais rencontrera le Chevalier
La main de celle qui n’aurait pas dû être scellera le destin du Chien
Et l’Hydre inclinera Trois têtes face à la Reine d’Émeraude.
Autant dire que lorsque Lockard sera pétrifié, Harry rencontrera le Héraut de la Mort qui scellera l’avenir de Sirius.
Le Serpentard blêmit. Ils allaient rencontrer très prochainement l’Émissaire de Héla…
Oh Merde.
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La nuit était sombre. La Blanche était toute mince et laissait les toutes-petites-toutes-nombreuses luire sans les éblouir. L’air était plat, sans vent.
Les Deux-pattes dormaient. Les feux de leurs nids étaient éteints. Les Grands dormaient également. Elle pouvait même entendre Celui-Qui-Sait ronfler. Oui, ce soir, elles étaient les Reines. Les Reines de la Nuit, les Reines du Ciel.
Désormais, elle savait voler. Le temps où Melda et elle planaient d’un arbre à l’autre était terminé depuis de très nombreux Temps-de-Feu. Elle aurait voulu rejoindre Maman avant. Mais Celui-qui-Sait lui avait dit que les Deux-Pattes rattrapaient toujours ceux qui partaient.
Il fallait donc qu’elle soit plus rapide qu’eux. Et mieux armée s’ils la rattrapaient.
Melda et elle s’étaient entraînées longtemps, très longtemps. Désormais, les muscles de son dos, de son poitrail et de ses ailes étaient puissants et endurants. Elle les sentait rouler sous sa peau alors qu’elle se coulait hors de son nid.
Dehors, magnifique dans sa robe d’écailles bleues argentées, Melda attendait. La seconde dragonne, d’un noir de jais et au dos protégé de grandes plaques légèrement plus claires rejoignit son amie.
« Ce soir est un bon soir. Le ciel est ouvert sans être illuminé par la Blanche. »
« Oui. »
« Brise la frontière Norberta, je te suis. »
Elle écarta ses ailes avant de les battre lourdement. Les claquements sourds du cuir retentit désagréablement dans la nuit mais aucuns des nids des deux-Pattes ne s’éclaira.
Elle continua de monter, toujours plus haut, toujours plus vite. Elle sentait la magie de sa mère chanter dans son sang. Maman était comme un phare, à la lisière de son esprit qui la guidait vers elle.
Norberta inclina son vol. Ce soir, elle rejoignait sa mère !