
Chapter 2
Blablabla : paroles télépathiques entre les jumeaux et/ou pensées
~ blablabla ~ : Fourchelangue
*/* Blablabla*/* langue des signes
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La vérité
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Léo regarda la campagne qui s’étalait sous ses pieds. La péninsule de Cornouailles, au long littoral accidenté, avait charmé le Serpentard autant par son isolement que par son aspect sauvage. Il aimait particulièrement se promener sur les sentiers très sinueux, serpentant au-dessus de falaises abruptes et de criques dentelées.
Dans son dos, perdu au milieu de lande, il y avait un minuscule village composé de cottages aux toits de chaume. Dans les collines herbeuses balayées par le vent marin, plusieurs troupeaux de moutons pâturaient.
Les enfants Granger avaient été envoyés chez Rose pendant une dizaine de jours. Cette pause perdue au milieu de la campagne anglaise typique était très appréciée par Léo qui avait tendance à Grquitter la maison tôt le matin, Natrix enroulée autour du cou, de passer en coup de vent à midi pour grignoter et de ne rentrer que tard le soir avec les derniers rayons du soleil après une journée de vadrouille.
Son attitude faisait rire Rose qui revoyait son fils au même age. Marc avait été un gamin solitaire et assez sauvage, préférant les cris des mouettes et le chant du silence au bruit des humains et des voitures. Il avait fallu attendre son entrée au Lycée pour qu’il sorte de sa bulle de silence.
La grand-mère des enfants était une petite femme toute menue capable de battre Dudley au bras de fer. Rose Granger n’avait guère eut une vie facile, abandonnée par le père de Marc avant même la naissance de son fils. Reniée par son père pour avoir un enfant dans le péché, elle avait dû se débrouiller seule avec Marc. Les épreuves de la vie lui avaient forgé un caractère fort. Elle était un roc, un soutien infaillible pour sa famille qui était toute sa vie.
Léo se tourna vers la mer et s’assit au bord de la falaise. Du haut de son perchoir, il avait une vue imprenable sur ses aînés qui s’amusaient sur la plage de sable grossier. Si Hermione le voyait, elle l’engueulerait. Mais elle était actuellement occupée à essayer de faire voler son cerf-volant. Le Serpentard pouffa lorsque l’engin plongea dans la mer.
Il regarda Dudley rire des déboires d’Hermione. Le grand blond, battit comme une armoire à glace, avait sorti le vieux matériel de pêche de Marc et tentait de s’en servir pour attraper quelque chose. Harry avait parié avec son jumeau que la seule chose que ramènerait le boxeur à la maison serait des ampoules aux mains.
Et en parlant du loup, il sortait du bois. Harry s’assit à côté de son frère et grattouilla la tête de la grande couleuvre qui était sortie sa cachette pour réclamer un câlin.
~ Tu es prêt ? ~
~ Oui.~
Les jumeaux se levèrent et s’éloignèrent du bord de la falaise. Harry sortit deux fioles de sa poche et en tendit une à Léo. L’Héritier l’attrapa, la déboucha et l’avala d’une traite. Il grimaça à cause du goût dégueulasse. Il fallait vraiment que Dudley améliore ce souci.
Léo grimaça en sentant des fourmillements parcourir son corps. Une démangeaison insupportable prit naissance dans ses pieds et remonta dans ses jambes. Le Serpentard fit appel à tout son contrôle pour ne pas se gratter jusqu’au sang.
Heureusement la crise passa vite.
Léo enleva ses lunettes qui lui brouillaient la vue. Il fit rouler ses épaules, faisant jouer les muscles puissants de son dos. Face à lui, Harry avait également enlevé ses lunettes et admirait avec une joie enfantine la peau foncée.
Les jumeaux partaient en expédition et ne souhaitaient pas être reconnu. Ils s’étaient procurés auprès de leur frère des doses de polynectard. Léo et Harry avaient respectivement pris l’apparence de Tim Taloc et Mustafa Soulès, deux moldus habitués du Black Bee grâce à des cheveux subtilisés avec la magie.
Harry, de sa voix grave à l’accent turc à couper au couteau redemanda à son frère s’il était prêt. Léo acquiesça en soupirant mentalement. Il avait changé physiquement, mais la malédiction des Nornes était encore là. Dommage.
Harry leva sa baguette et donna un coup dans le vide.
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« Thomas Jedusor, né en 1880, mort en 1943… assassiné par son saligot de petit fils, Tom Elvis Jedusor », déclara Harry d’une voix morne en lisant la plaque de marbre située sous l’énorme statue de Faucheuse.
Le cimetière de Little Hangleton est situé derrière la petite église du village. Il était envahi par la végétation et était bordé par une longue haie d’ifs qui n’avaient pas dû voir une paire de cisaille depuis un temps certain.
*/* Pourquoi on est là déjà ? */* demanda le Survivant en re retournant vers son frère.
*/* Parce que le Magicobus nous a posé ici. Et qu’on attend que l’effet du Polynectard se dissipe avant de partir à l’aventure dans ce bled perdu. */* répondit quelque peu sèchement Léo.
Le Serpentard n’avait jamais eu à prendre le Magicobus dans sa première vie et il avait été choqué par cette première expérience. Ce transport avait fait son apparition en 1865 en Grande-Bretagne. Le ministre de la magie de l’époque, Dugald McPhail, avait eut l’idée de copier le service d’autobus moldus avec ce « bus » magique. Selon Léo, ce n’était pas un bus mais le fils caché d’une essoreuse à salade et d’un manège de montagne russes. De quoi rendre malade n’importe qui.
Et en plus c’était moche. Le Magicobus était un bus violet à double impériale comportant des chaises et des fauteuils dépareillés qui n’étaient pas fixés au sol. Comme il se déplaçait en bondissant d’une destination à l’autre, il n’était pas particulièrement confortable et surtout, tout le mobilier se déplaçait au gré des coups de freins et d’accélérateur.
*/* C’était pas si terrible. */* commenta Harry.
*/* Dis ça à mon estomac. */*
Harry croisa les bras en soufflant, dardant son frère assit par terre de regards noirs. Voyant que Léo n’en avait strictement rien à faire, le Survivant décida de visiter le reste du cimetière. Celui-ci comptait très peu de tombes, à peine une vingtaine, mais éparpillées sur un grand terrain.
Le Poufsouffle s’approcha d’un vieil érable tordu qui poussait dans un coin. Harry sortit un couteau suisse de sa poche arrière et grava d’un geste sûr sept runes enlacées dans l’écorce granuleuse. Il reprit sa route puis recommença, un peu plus loin sur un if, puis sur un églantier, puis sur un autre if puis…
Léo regarda son petit frère faire le tour du cimetière en s’arrêtant régulièrement pour graver des runes sur divers arbres. Il connaissait la hantise de Harry, à savoir, participer, contre son gré au renouveau de Voldemort. Le Survivant craignait que la renaissance du Mage Noir soit l’un de ces dix événements clé qu’il avait laissé en payement aux Nornes. Harry avait donc décidé de prendre les devants et de préparer le terrain à son avantage. S’il devait être à nouveau kidnappé et amené dans ce cimetière, il pourrait activer les runes déjà en place. S’il ne revenait pas, elles resteraient endormies.
Finalement, le temps que Harry finisse son tour du propriétaire, une heure s’était écoulée et les jumeaux avaient repris leur apparence initiale. Léo, mâchonnant un brin d’herbe, se leva. Son jumeau le rejoignit et ensemble ils prirent la direction de la route allant à Great Hangleton
Le village des parents de Voldemort se trouvait dans une vallée encaissée, nichée entre deux collines. Il était possible d’avoir une vue panoramique de Little Hangleton depuis la route menant à Great Hangleton. Les Potter y découvrirent une vue imprenable sur la vallée et ses alentours. D’ici, l’église et son cimetière étaient clairement visibles et sur la colline opposée, Ils aperçurent un manoir élégant entouré d’un jardin à l’anglaise.
Harry détourna les yeux de la maison des « Jeux du sort » et son regard dériva vers la forêt qui bordait le village. Il savait qu’il y avait là-bas, la maison des Gaunt.
~ C’est par là. ~
Après une petite marche d’à peine un kilomètre, le long de la route reliant les villages de Little Hangleton et Great Hangleton entre eux, les jumeaux bifurquèrent dans un petit chemin sinueux et mal entretenu. Ils arrivèrent dans une clairière envahie par les herbes folles et de petits buissons au centre de laquelle trônait un cottage misérable. Les murs étaient recouverts de mousse et de nombreuses tuiles manquaient sur le toit. Un crâne de serpent était cloué sur la porte d’entrée et de petites fenêtres crasseuses venaient compléter l’ensemble vétuste.
~ C’est dégueulasse ~
~ Oui… Et c’était limite pire quand c’était habité.~
Léo regarda son frère avec soupçon, se demandant si ce dernier se foutait de lui. Apparemment non.
Harry rejoignit la masure et en poussa la porte. Celle-ci s’ouvrit dans un grincement de fin du monde.
L’intérieur était d’une extrême saleté. Les meubles étaient couverts de poussière et de terre. L’entrée des Jumeaux dérangea un mulot qui s’enfuit en couinant. La Nature avait repris ses droits dans la maison abandonnée.
Léo sortit un rouleau de parchemin de sa sacoche. Il le déroula au sol avant de regarder Harry. Les deux frères avaient travaillé ensemble pour créer un rituel capable de détecter les sources de magie de l’Âme et capable de briser quasiment toutes les protections qui aurait pu être placé par Voldemort.
En soit, Léo avait les connaissances en magie « noire » pour détecter les horcruxes et pour faire sauter les protections, mais il ne pouvait pas les utiliser à cause de la Trace. Le limiteur du Ministère placé sur les baguettes avait été une véritable épine dans le pied des jumeaux. Heureusement, les Anglais s’appuyaient beaucoup trop sur les baguettes et sur la magie « européenne ». Ils avaient oublié les vieilles magies telles les Runes, la Sanguimagie, ou la magie basée sur la maîtrise des Éléments.
Une combinaison intelligente de Runes Mayas et Nordiques, le tout saupoudré de Magie des Serpents et le tour était joué. Harry se piqua le doigt, laissant tomber une simple goutte de son sang sur le parchemin avant de poser ses mains dessus et laisser infuser sa magie dedans.
Le papier se mit à luire et à siffler désagréablement. Le son augmentait de plus en plus jusqu’à ce qu’un grand bruit de verre brisé explose dans la maison. Sous les yeux de Léo et Harry une partie du mur se brouilla et disparut, laissant place à un petit écrin noir.
~ Trouvé ! ~ chantonna Harry en s’emparant de l’écrin.
Il l’ouvrit et découvrit à l’intérieur, posé sur un petit coussin de soie émeraude, un gros anneau d’argent sertit d’une lourde pierre noire ronde et légèrement aplatie, faisant environ trois centimètres de diamètre, sur laquelle est gravé le symbole des Reliques de la Mort.
« La clé ! »
Léo et Harry hurlèrent en concert en bondissant de peur avant de se tourner, en parfaite synchronisation vers l’origine de la voix.
À moitié cachée dans l’ombre Héla adressa un grand sourire aux enfants, amusée par la peur qu’elle venait de leur faire.
« Héla ? Mais… Je croyais que tu ne pouvais pas sortir de ton royaume ? »
Le sourire de la déesse s’agrandit un peu plus en entendant la question du frère de son Chevalier.
« C’est la rencontre entre Harry et cet artefact qui m’a appelée. »
« C’est juste un caillou », fit le Survivant.
« Non ! Cette pierre est totalement artificielle, comme les pierres philosophales. Bien que leurs emplois soient différents. »
« D’ac… Attends. LES ? Pierres philosophales ? »
« Oups. Boulette », ricana la Déesse avant de faire comme si elle fermait sa bouche à clé et qu’elle jetait la fameuse clé.
« Quel est l’emploi de cette Pierre dans ce cas ? », demanda Harry en comprenant que celle dont il était soi-disant le Maître n’en dirait pas plus.
« Cadmus Peverell, un brillant alchimiste particulièrement arrogant la créa dans le but d’en faire une clé du royaume des Morts. »
« Tu veux dire que le caillou me permettrait d’aller te rendre visite ? »
« Oui. Mais tu ne le feras pas car dès que tu l’auras purifiée, je détruirais la pierre ! Cette satanée clé est une véritable faille dans les défenses de Helheim. Elle met le repos des âmes en dangers pas sa simple existence. »
« Pourquoi ne pas l’avoir détruite avant dans ce cas-là ? », questionna Léo curieux.
« Je ne peux pas intervenir directement sur Midgar. C’est pourquoi Ryry la détruira pour moi ! », chantonna la Reine des Morts en se penchant sur son Chevalier pour lui frotter énergiquement la tête.
Harry râla en tentant d’aplatir sa tignasse rebelle tandis que Léo se gondolait de rire plus loin dans la pièce. Le Serpentard, qui ne retrouvait son ouïe qu’en présence de la Déesse appréciait le caractère loufoque de la Reine de Helheim qui brisait ainsi bon nombre de préjugés sur la mort, les dieux, la royauté et d’autres choses encore.
Héla aimait beaucoup ces deux gamins. Ils n’étaient absolument pas ce qu’ils semblaient être et jouaient avec des forces que bien des Dieux redouteraient. La Vie, la Mort, le Temps et le Destin étaient des choses qui échappaient à tous, même aux Asgardiens. Les Nornes elles-mêmes n’étaient que les Gardiennes du Destin, qui se créait seul au gré du hasard.
La Reine des Morts était la fille du Chaos. À ce titre, elle était habitée de la même folie que sa mère et c’était avec un amusement certain qu’elle regardait son Chevalier et le Dragon. Ces deux âmes chamboulaient tous sur leur passage, créant un chaos digne de Loki lui-même. Depuis qu’elle les connaissait, Léo et Harry Potter avaient été une grande source de divertissement pour la Déesse. Elle avait tellement hâte qu’ils soient plus grands pour qu’ils puissent créer plus de bazar dans le monde si morne des mortels !
« Vous souhaitez que je vous ramène chez vous les enfants ? »
« Volontiers ! »
Harry empoigna la main morte de la Reine tandis que Léo attrapait l’autre, bien vivante. La souveraine de Helheim sourit puis le trio disparut dans un tourbillon de flammes noires et bleues.
Alors que le silence retombait dans la masure humaine, une silhouette sourit dans l’ombre. La source de magie néfaste avait disparu. La Nature pourrait définitivement reprendre ses droits dans cette clairière oubliée de tous. La mauvaise magie avait disparu, le Chevalier de la Mort et la mère des Dragons l’avaient prise. La roue du Destin était lancée.
La jeune nymphe quitta l’ombre et entra dans son arbre. Elle devait prévenir le Petit Peuple que la Prophétie avait commencé.
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Harry serra sa main de sa mère avec force. Il avait peur. Non. Il était terrifié !
La veille, Pétunia les avait pris à partie dans la cuisine, Léo et lui. Elle leur avait expliqué avec une voix rendue serrée par l’émotion, que Severus, après plus de 10 ans de recherches avait retrouvé Sirius Black, le parrain magique de Léo.
L’homme que Severus avait décrit comme étant le meilleur ami de James Potter avait été très difficile à trouver. Cela avait fait craindre à Harry que son ancien parrain ne soit décédé.
Le dossier de Sirius Black avait été difficile à retrouver à cause du blocus effectué par la Matriarche de la Maison Black, Walburga Irma Black.
Ce fut complètement par hasard que Alice avait entendu parler de Sirius. Elle en avait parlé à Severus qui avait fait des recherches plus approfondies. Et finalement il avait trouvé Black.
Pétunia avait expliqué avec une grande douceur et une grande empathie ce qu’elle savait sur l’état de Sirius Black. Elle avait également dit aux jumeaux qu’ils iraient avec elle et Severus rendre visite à Sirius le lendemain.
Lorsque la porte de la chambre s’ouvrit et que Harry croisa pour la première fois le regard de l’homme qui avait été si important pour lui de l’autre côté, il fondit en larmes.
Léo remarqua à peine les larmes de son frère et leur mère qui enserrait son plus jeune fils dans ses bras. Son attention était entièrement focalisée sur l’homme assis en tailleur dans le lit. Léo détailla les cheveux noir d’encre qui tombaient en boucles molles sur les épaules de l’homme. Il nota les traits altiers et racés du Sang-Pur. Et surtout il stoppa sur les iris voilés de son parrain.
Sirius Black était fou. Fou à lier. Perdu dans un monde inaccessible aux autres, solitaire dans sa folie. Son esprit s’était brisé sous la douleur, la folie était son linceul.
L’auror Black avait été torturé à coups de Doloris jusqu’à plonger dans la folie. Il avait survécu mais à quel prix ? Il ne reconnaissait plus rien ni personne. Il était à peine plus autonome qu’un enfant de trois ans.
Léo s’approcha du lit. Son parrain ne broncha pas, continuant de noircir au fusain le parchemin qui était sur ses genoux. Le Serpentard s’assit prudemment et tendit la main pour attraper celle de Sirius.
L’aîné de Walburga leva la tête de son… dessin et regarda Léo avec intensité.
« Bonjour Sirius. »
L’ancien Griffondore ne broncha pas, ne réagit pas et ne répondit rien. Il se contenta de baisser son visage vers son parchemin et reprit le coloriage systématique de sa feuille.
Léo descendit du lit et retrouva Severus qui l’attendait à l’entrée de la Chambre. Le potionniste posa une main sur son épaule et la lui serra doucement.
*/* Ta mère et Harry sont montés à la cafétéria. */*
*/* Allons-y. */*
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« Qu’est-ce qu’une… moldue fait ici ! »
Harry se retourna en sursaut en entendant la voix glaciale qui venait de s’élever dans la cafétéria. Le ton général était désagréable et le terme « moldu » avait été craché à la fois avec haine et dégoût. En se retournant, le Survivant compris pourquoi.
Une femme, petite et sèche, aux lèvres pincées et au haut chignon noir serré dardait un regard méprisant sur Pétunia qui était en train d’acheter un café de l’autre côté de la salle. La moldue blonde, vêtue d’un jean et d’un chemisier à fleur détonnait au milieu des sorciers en robe longues et sombres.
Harry se leva et se positionna face à la sorcière molduphobe qui le foudroya du regard.
« Je vous prierais de ne pas insulter ma mère Madame. Vous ne voudriez pas vous mettre ma famille à dos. »
« Sais-tu à qui tu parles petit impertinent. »
Harry ricana mentalement. Il savait très bien à qui il parlait. Il ne connaissait qu’une seule femme à la voix aussi désagréable. Et il n’avait vu qu’une seule personne avec des iris d’un gris si clair qu’il paraissait blanc.
Il n’avait connu Walburga Black qu’après sa mort à travers son portrait au 12 Square Grimmaurd. Harry, lorsqu’il avait emménagé dans la vieille maison après la guerre avait fait sauter le mur pour se débarrasser du portrait de la mère de Sirius.
« Oh oui, je le sais Lady Black. Et quel que soit le pouvoir de votre Famille, je doute qu’il puisse contrer celui du Survivant allié au Patriarche Potter. »
Le visage de la Matriarche Black se ferma un peu plus. Harry avait raison, en cas de confrontation, les Potter gagneraient à coup sûr, écrasant la Maison Black qui s’était énormément affaiblie depuis deux décennies.
« Harry, ça va ? »
« Oui Sev'. J’expliquais juste à Lady Black qu’elle ne devait surtout pas insulter ma mère. »
Le Potionniste soupira intérieurement. Lorsqu’il était entré dans la cafétéria avec Léo et qu’ils avaient vu Harry dressé face à une sorcière de la haute société d’après ses vêtements de très grande qualité, Severus Snape avait su qu’il allait droit dans les ennuis. Pourquoi avait-il accepté de devenir le Tuteur Magique des deux poisons déjà ? Ah oui. Pétunia ne lui avait pas laissé le choix.
« Qui êtes-vous ? », questionna sèchement la femme, son regard balayant et jugeant la tenue moldue du Potionniste.
« Severus Snape, Héritier de la Famille Prince, Tuteur Magique de Léo et Harry Potter. Nous sommes venus rendre visite à votre fils qui est le Parrain Magique de Léo. »
« Lady Black, c’est un plaisir de vous rencontrer », salua Léo.
Le Serpentard avait reconnu dès son entrée dans la cafétéria Walburga Black. La femme avait été sa grand-tante maternelle et elle avait rendu souvent visite aux Malfoy lorsque Léo-Draco était petit.
Aujourd’hui, le seul lien qu’il avait avec cette femme était Sirius Black, son parrain qui avait autant de répondant qu’une carotte cuite.
En voyant le regard de Walburga Black se faire plus acérer et calculateur, Léo se demanda dans quoi il venait de mettre les pieds. La Matriarche Black avait apparemment une idée derrière la tête et les idées des Blacks pouvaient être terriblement dangereuses… Pour les autres. Eux y trouvaient toujours leurs intérêts.
« Léo Potter, prochain Patriarche Potter, affilié à la Noble et Ancienne Maison Black par mon fils Sirius Orion Black, accepteriez-vous de devenir le prochain Maître de ma Maison ? »
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« Pourquoi ? », s’étonna Marc.
Pétunia, les enfants et Severus étaient rentrés de l’Hôpital un peu plus tôt dans l’après-midi. Léo était encore sous le choc de la demande de Lady Black tandis que Pétunia peinait à comprendre la teneur exacte de l’offre de la sorcière. Severus s’était donc arrêté pour prendre le thé chez les Granger et pour expliquer en détail aux moldus ce que venait de proposer la femme.
« Comment cela pourquoi ? », demanda le potionniste
« Pourquoi Léo ? Il n’est pas apparenté aux Blacks. Le prochain… Patriarche Black ne devrait pas être un gosse Black ? »
Harry observa silencieusement son Tuteur Magique expliquer à ses parents qui étaient exactement les Blacks. C’était dans des situations comme celle-là qu’il prenait conscience de la complexité du monde des Vieilles Familles Sang-Pures.
Le Survivant savait déjà que c’était un véritable sac de nœud. Dans sa première dimension, il était devenu le Patriarche de sa Famille à la fin de la guerre. Les Wesley étaient considérés comme des traîtres à leur sang, car ils avaient rejeté ces vieilles coutumes et Hermione était une Sorcière de Première Génération. Ses amis ne lui avaient donc été d’aucunes aides sur ce coup-là.
Harry avait donc passé beaucoup de temps le nez plongé dans des bouquins avec Luna afin de tenter de comprendre ce nouveau rôle. Ayant été formée toute son enfance à reprendre la tête de la Famille Lovegood, la Serdaigle avait été d’une grande aide.
Harry avait galéré à tout gérer lorsque la myriade d’information sur les différentes propriétés familiales, les entreprises, les placements financiers, etc, lui étaient tombés dessus. Il avait dû reprendre en main quelque dix-sept ans d’affaires diverses et variées. Quelque part, Harry avait été heureux d’être le dernier de sa lignée et de ne pas avoir, en plus, à gérer les données humaines.
« Le seul qui pourrait prétendre au titre de Seigneur Black est Draconis Malfoy si Sirius n’a jamais d’enfants. »
« Et pourquoi ce n’est pas lui ? », demanda Pétunia.
Severus soupira.
« Cela, je l’ignore. Il faudrait demander à Lady Black. J’avoue ne pas avoir pensé à lui demander. J’ai été un peu trop surpris. »
*/* Je lui ai envoyé une lettre */* signala Léo en s’immisçant dans la conversation. */* Je lui ai demandé ses raisons ainsi que du temps pour réfléchir à sa proposition. */*
Pétunia se décala sur le canapé et serra son fils dans ses bras. Les jumeaux étaient des génies. Ils apprenaient plus vite et plus tôt que les autres enfants et cela faisait peur à la grande blonde. Elle craignait qu’ils grandissent trop vite sans profiter de l’innocence de l’enfance, qu’ils deviennent adultes trop tôt…
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« Mon parrain, même s’il venait à retrouver ses esprits, n’aura jamais d’enfant », déclara Léo en déplaçant son cavalier sur l’échiquier.
Les Jumeaux avaient décidé de s’accorder un petit moment de discussion mentale. Leur lien était particulièrement pratique lorsqu’ils devaient parler de chose un peu sensibles tels les Horcruxes, Voldemort, Héla, les Nornes ou ici, Sirius Black.
« Il est stérile ? », demanda Harry tout en se doutant de la réponse.
« Ouaip. Lady Black ne s’est pas éternisé sur la cause de cela, mais je pense que c’est lié à la consanguinité des Blacks. »
Harry déplaça sa tour.
« Elle t’en a dit plus sur pourquoi elle te veut toi comme Chef de Famille ? »
« Oui. »
La lettre de Walburga Black était arrivée en soirée. Elle était scellée de façon à ce que seul Léo puisse l’ouvrir.
« Elle a déclenché une Vendetta contre le Seigneur des Ténèbres. Échec. »
Harry jura. Il n’avait pas vu le pion de son frère. Il plaça son roi à l’abri avant de réfléchir posément à ce que Léo venait de révéler.
La Famille Black, comme toutes les vieilles familles sang-pures, était pétrie de tradition datant de la sombre époque des Guerres de Clans. En ces temps anciens remontant à l’époque de la conquête romaine, les sorciers vivaient en Clans qui ne parvenaient pas à s’entendre entre eux.
Lorsqu’un clan entrait en vendetta, cela signifiait tout simplement qu’il condamnait l’un de ses ennemis à mort et que la bataille ne cesserait que lorsque l’ennemi soit décimé ou que tous les membres du clan soient morts. Autant dire que Voldemort n’aurait pas d’ennemis plus acharnés que les Blacks quand il reviendrait.
« C’est à cause de Régulus ? », demanda Harry.
Léo opina du menton avant de jouer. Régulus Black avait été un mangemort avant de retourner sa veste. Il avait payé cet acte de sa vie. Walburga était une femme froide et dure, mais elle aimait profondément ses enfants.
Malgré sa fuite, Sirius n’avait jamais été renié. Banni, oui, mais pas renié. Pour le commun des mortels, c’était identique, mais pour les Vieilles Familles, la différence était énorme. Sirius avait perdu son titre d’héritier, mais restait un Black. Il avait accès, s’il le désirait à la maison et au coffre familial. S’il avait été banni, il aurait tout perdu. Il aurait été Sirius et juste Sirius, sans patronyme, sans famille, sans rien.
La mort de Régulus avait détruit la Famille Black et notamment Walburga. C’était la vengeance contre l’assassin de son fils qui avait permis à la Lady de ne pas baisser les bras. Puis il y avait eu l’attaque de Sirius. Walburga avait été anéantie. Et aujourd’hui, elle ne restait en vie que parce qu’elle savait que son fils aîné, perdu dans sa folie avait besoin qu’on veille sur lui.
« Les Blacks ont été nombreux et puissants. Aujourd’hui, ils sont… mourants. Sirius et Walburga sont les seuls Blacks en vie. »
« Il y a les trois sœurs et leurs enfants », commenta Harry.
« Elles ne font plus, à proprement parlé, partie du Clan à cause de leur mariage… Sans parler de la Vendetta. Bellatrix est une mangemort. Elle est donc alliée à Voldy, et donc ennemie de sa Famille natale. Narcissa pareil, bien que le lien soit moins direct. »
« Lucius est un mangemort. »
« Exact. Et c’est d’ailleurs à cause de cela que Walburga refuse le titre de Patriarche à Draconis. Ensuite, il y a Androméda. Elle, c’est très simple, elle a été reniée. »
Harry grimaça. Il savait que les Blacks n’étaient pas très ouverts aux moldus, mais delà à renier leur fille… Si elle n’avait pas épousé le père de Tonk, Androméda n’aurait été personne. Son reniement l’excluait définitivement de la Famille Black.
« Donc, la vieille se rabat sur toi. Car tu es le seul choix qui lui reste », commenta Harry en mangeant un fou de son frère.
« On peut dire ça comme ça. Et puis de cette manière, Wally, en plaçant le frère du Survivant à la tête des Blacks, s’assure que la Vendetta contre Voldemort soit continuée, même si elle décède. »
« Il faut encore que tu acceptes. »
« Mmm… »
Le silence retomba dans la pièce mentale.
« Tu voudrais accepter ? », demanda Harry, brisant le silence qui commençait à devenir pesant.
Léo ne répondit pas immédiatement. Il voulait accepter. Les Blacks étaient SA famille. Le seul lien avec Avant. Il voulait accepter. Il le voulait vraiment.
« Oui. Je vais devenir le prochain Patriarche Black. »
« Bien ! Maintenant que tu t’es avoué que… »
« Comment ça avouer ? », interrompit Léo.
Harry lui dédia un grand sourire moqueur avant de répondre.
« C’était évident ! Même Papa a compris que tu allais accepter ! Il fallait juste que tu te l’avoues à toi-même. Maintenant que c’est fait, on va pouvoir discuter des choses sérieuses ! Que devient le titre des Potter. »
« Deux solutions. Soit je deviens l’Héritier des deux titres, ce que je refuse, soit je te lègue le titre de Lord Potter. »
« C’est possible ? », s’étonna Harry.
« C’est une pratique qui a tendance à tomber en désuétude. Cependant je sais de source sûre que Lady Prewett souhaite transmettre son nom au deuxième fils de sa nièce afin que la Famille Prewett renaisse de ses cendres. »
« La Gazette n’est pas une source sure », commenta moqueusement Harry.
« Je suis d’accord avec toi. Mais Susan, elle, est une source sûre ! Échec et mat. »
Harry tira un chapeau invisible à son jumeau. Léo l’avait eu sur ce coup-là.
« Toute cette histoire avec Sirius m’a fait pensé à la prophétie de Big D. »
« Laquelle ? », demanda Léo en rangeant le plateau.
Le Survivant eu un sourire sans joie. Il n’appréciait guère la divination. Une prophétie avait conditionné sa première vie. Et aujourd’hui il se retrouvait avec un grand frère qui était l’un des plus puissants voyants au monde selon Gemna, la sorcière qui s’occupait d’enseigner à Dudley à gérer ses dons.
« Lorsque l’heure de la pierre sonnera la fin de l’Or,
Le Héraut Obscur de Celle que l’on ne voit jamais rencontrera le Chevalier,
La main de Celle qui n’aurait pas dû être scellera le destin du Chien,
Et l’Hydre inclinera trois têtes face à la Reine d’Émeraude », récita Harry de mémoire.
Dudley avait fait une dizaine de prophéties depuis ses huit ans. La majorité de celles-ci concernaient des personnes et des événements du monde Moldu et s’étaient déjà accomplies. Cependant il y en avait quelques-unes qui restaient floues. La première de Dudley, celle de Nick et celle sur l’heure de la pierre.
« Le Chien, c’est Sirius. Son animagus est un gros chien noir et Dudley ne nomme jamais les personnages de ses prophéties. Il donne toujours des surnoms en liens avec les capacités de la personne. »
Léo plongea dans ses pensées. Effectivement, cela lui semblait logique.
« Celle qu’on ne voit jamais, c’est la Mort. Et tu es le Chevalier. »
« Dans ce cas, cela voudrait dire que à un certain moment, déterminé par « l’heure de la pierre » et « la fin de l’Or », je vais rencontrer le « Héraut » d’Héla. On aura ensuite « Celle qui n’aurait pas dû être » qui va faire du mal à Sirius… La dernière partie m’est incompréhensible par contre. »
« Je suis d’accord avec ton interprétation… Va falloir faire attention cette année. Même si le Héraut a ne serait-ce qu’un tiers de ta puissance, on va en chier pour survivre sans griller notre secret. »
Harry acquiesça. Il n’allait pas réussir à avoir une année tranquille à l’École !
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Le bar était lumineux. Une grande baie vitrée par laquelle entrait le soleil matinal donnait sur le petit parc qui était situé entre l’Hôpital Saint-Bart et les immeubles. Les murs étaient peints de couleurs chaudes et l’un d’entre eux était couverts de chapeaux tous plus étranges les uns que les autres.
Les tables rondes accueillaient quelques clients moldus qui buvaient des cafés en lisant des journaux ou en mangeant d’étranges gâteaux qui s’effeuillaient complètement.
L’homme se félicita d’avoir écouté les sages conseils de sa petite princesse. Elle lui avait dit de ne pas mettre de robes sorcières mais plutôt son pantalon d’explorateur et sa chemise orange.
Xenophilius s’approcha du comptoir et salua la moldue blonde au sourire avenant qui séchait de grands verres.
« Monsieur Lovegood. C’est un plaisir de vous voir. »
« Le plaisir est pour moi Madame Granger. »
« Les enfants se préparent. Vous désiraient quelque chose en les attendant ? »
Xenophilius accepta volontiers et commanda un chocolat chaud à la guimauve et l’une de ces pâtisseries étranges qui s’émiettaient. La mère des amis de sa princesse lui expliqua que c’étaient des croissants, une viennoiserie française. C’était son jeune aide cuisinier, originaire du pays de l’amour, qui les préparait.
Le sorcier récupéra sa commande et s’installa dans un coin qui lui offrait un grand champ de vision sur la salle. L’atmosphère du bar moldu était détendue et cossue. On s’y sentait bien, comme à la maison. Les rares clients matinaux étaient souriants. Ils plaisantaient gentiment avec la barmaid qui semblait tous les connaître par leur prénom.
Certains consommaient sur place, d’autres passaient rapidement avant de repartir, leur commande dans un petit sac en papier. Cela n’avait rien à voir avec le Chaudron Baveur. Plus lumineux, plus calme, plus serein. Et puis la nourriture moldue était agréable à découvrir !
« Bonjour Monsieur ! »
Xenophilius accueillit les deux enfants avec un sourire doux. Léo et Harry Potter étaient deux garçons minces de taille moyenne avec les cheveux noirs et le teint pâle. Ils avaient tous les deux le visage fin aux traits racés des Vieilles Familles sorcières anglaises. Ils se ressemblaient beaucoup mais le Directeur du Chicaneur ne comprenait pas comment les gens parvenaient à les confondre.
Les couleurs de leurs yeux étaient différentes. Les iris du Survivant étaient verts, d’un vert émeraude intense, brillant de puissance contenue. Ses yeux étaient cerclés de lunettes fines d’un noir-vert qui soulignait la couleur presque irréelle de ses iris. Son jumeau avait un regard vert tacheté de gris argent, ce qui le durcissait et donnait une désagréable sensation de danger, comme si l’enfant était un prédateur en chasse. Ses lunettes strictes et rectangulaire, n’amélioraient pas cette impression.
Il y avait ensuite, de manière plus visible leur chevelure. L’aîné, Léo, avait les cheveux ébouriffés des Potter alors que Harry avait la tignasse parfaitement indomptable de la famille Evans. Xenophilius en avait discuté à l’occasion avec Madame Granger. Sa sœur, Lily ne parvenait à maîtriser sa chevelure que grâce à sa longueur. Sans cela, elle avait un véritable nid d’oiseau sur le crane. L’anecdote avait fait rire le sorcier.
« Comment allez-vous ? », demanda Harry.
« Très bien. Luna est très impatiente de vous voir. »
« Nous aussi ! »
Après une dernière salutation de Madame Granger, Xenophilius et les enfants sortirent du bar. Le trio s’engouffra dans une petite rue déserte où le sorcier appela le Magicobus.
Le Directeur du Chicaneur était un sorcier peu banal à l’esprit très ouvert. Peu de sorciers le prenait au sérieux. Il passait pour un être loufoque et dérangé du bocal, mais il n’en avait cure. Sa réputation auprès de ses compatriotes était le dernier de ses soucis. Lui voulait juste protéger et rendre sa famille heureuse. Et pour cela, il était près à tout, y comprit à tuer.
Xenophilius avait une lointaine ancêtre originaire du Petit Peuple. Cette aïeule nymphe avait laissé à ses descendants une capacité étonnante, celle d’écouter la magie. Ce n’était pas de la divination, mais plutôt des intuitions. La Magie avait hurlé aux oreilles du sorcier que les Jumeaux Potter étaient dangereux. Ces enfants étaient des monstres de puissances et ils avaient les connaissances pour utiliser cette puissance. Ils étaient dangereux, incroyablement dangereux.
Le sorcier s’était méfié. Ils étaient un danger potentiel pour sa famille. Puis il les avait vu rire avec sa Princesse, chercher des crabes dans des trous d’eau avec elle, il les avait observés jouer à cache-cache avec Lorcan et Lysander. Il avait été témoin du pâlissement de Léo lorsqu’il avait compris qu’ils prendraient le Magicobus et du rire de Harry qui se moquait de son frère.
Les jumeaux Potter étaient des enfants. Certes trop puissants et matures pour leur âge, mais des enfants tout de même.
En voyant le Survivant et l’Héritier courir vers Luna et la serrer dans leur bras, Xenophilius se fit la réflexion que Pandora avait très bien fait de les inviter quelques jours à la maison.