
Le Pacte des Trois
~ blablabla~ fourchelangue
« blablabla » rituel
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Le Pacte des Trois
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Un sentiment d'angoisse diffuse planait. Tous les étudiants avaient été rappelés en urgence et réunis dans la Grande Salle. Les directeurs de maison été passés nerveusement dans les rangs, comptant les élèves.
Personne ne savait pourquoi ils étaient là. Certains n'étaient même pas encore arrivés dans leurs salles communes lorsqu'on leur avait ordonné de retourner dans la Grande Salle. L'incertitude n'avait duré qu'un court instant avant que les premières informations soient diffusées.
Les chuchotements étaient sévèrement réprimés par des enseignants aux visages affreusement pâles, mais l'information avait tout de même circulé.
La Grosse Dame, gardienne de la Tour de Gryffondor avait été attaquée !
Son tableau avait été lacéré !
Aucun nom n'avait été mentionné, mais les élèves n'étaient pas idiots.
« Lestrange, ce sont les Lestrange…», avait chuchoté furieusement une voix de Serdaigle.
« Lestrange. Ce sont les Lestrange ! » avait repris des Poufsouffles.
« Lestrange ! Ce sont les Lestrange ! »
Les professeurs n'avaient ni confirmé, ni démentis.
Une fois que tous les élèves avaient été comptés, McGonagall avait rassemblé les Préfets dans la petite salle se situant derrière l'estrade où siégeait habituellement la table des enseignants. Babbling et Flitwick avaient transfiguré le mobilier présent en matelas, couvertures et oreillers et Chourave s'était assurée que tous les élèves, et en priorité les Gryffondors, reçoivent une grande tasse de chocolat chaud.
Alors qu'il se glissait dans lit de fortune encore tout habillé, Harry jeta un coup d'œil sur les adultes traversant la Grande Salle au pas de course.
Les enseignants n'étant pas Directeurs de Maisons avaient tenu leur propre conseil et sortaient désormais de la Grande Salle. McGonagall et les trois autres les suivirent peu après laissant derrière eux des Préfets aux visages pâles et aux mains tremblantes.
La lourde porte de la Grande Salle claqua avec des airs de finalité.
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Argus Rusard était nerveux.
Ses mains étaient crispées sur son vieux balai, comme si celui-ci pouvait lui procurer la moindre protection et de la sueur froide lui coulait dans le dos.
Trois des plus dangereux criminels sorciers de ce siècle étaient en cavale et étaient entrés dans le château.
Le vieux concierge avait peur. Une peur tenace qui lui broyait les entrailles.
Les Lestrange étaient dangereux, violents et fous. Oui, leurs baguettes avaient été brisées et oui ils avaient passés douze ans à Azkaban, à être torturés quotidiennement par les Détraqueurs… Mais ils avaient réussi l'exploit de s'échapper de leur prison et à rejoindre Poudlard.
Argus n'était pas stupide. Il savait qu'il avait eu beaucoup de chance. En tant que Cracmol, il faisait partie des victimes de prédilections de Mangemorts, au même niveau que les sorciers de première génération, à peine au-dessus des Moldus. Être à Poudlard durant la guerre contre Vous-Savez-Qui lui avait assuré protection et sécurité.
Aujourd'hui cette réalité avait explosé en plein vol. Les Lestranges, les plus grands et violents supporters du Mage Noir avaient violés son sanctuaire.
S'ils lui mettaient la main dessus, il était dans la merde.
Aussi, c'était avec un soulagement non feint qu'il regardait la lourde, très lourde et très solide grille de la porte principale descendre. Une fois la grille descendue, les lourds battants de la porte se fermèrent avant que des épaisses barres de bois gravées de runes venaient bloquer la porte en position.
« Et maintenant Professeur ? »
Minerva se tourna vers Argus, le visage sévère. La situation la mettait particulièrement sous tension.
« Maintenant, il nous faut rejoindre la Salle des Professeurs. Le Directeur est au Ministère, je dois donc centraliser les informations du personnel. Ceux patrouillant dans les premiers niveaux auront rapidement fini et je vais devoir organiser le reste des rondes. Heureusement que les fantômes et les Elfes nous aident à fouiller le bâtiment afin de voir si les fugitifs sont encore ici. J'en doute fortement, mais nous devons nous en assurer. »
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Remus fit craquer les articulations de ses mains et sa nuque. Cela faisait déjà cinq jours depuis la dernière Pleine Lune, mais Lunard ne s'était pas rendormi pour autant.
Après que Remus eu fait la paix avec sa part d'ombre, le grand loup gris ne retombait plus dans un état léthargique entre deux pleines lunes. À la place, il se contentait de se tapir au fond de l'esprit de Remus, regardant le monde de loin.
Et ce soir, alors que l'adrénaline pulsait dans les veines du professeur de Défense contre les Forces du Mal, Lunard venait gratter aux frontières de l'esprit de Remus. Le grand loup avait compris que son humain était en chasse et lui aussi voulait jouer.
Remus inspira profondément, les yeux clos.
Son loup était si proche de la surface que ses yeux hésitaient entre l'ambre et l'or. Il devait se calmer pour calmer Lunard et ne pas se laisser envahir.
Il n'y avait aucun risque que Lunard sorte complètement, mais parfois lorsque ce que celui-ci était vraiment excité, notamment à proximité d'une pleine lune, certains traits physiques de Remus viraient canin ce qui pouvait être « carrément flippant » d'après son Alpha.
Remus rouvrit les yeux, priant pour avoir réussi à juguler son loup.
Lorsque Severus resta de marbre en croisant le regard du Lycan, celui-ci su qu'il avait réussi. Remus avait établi une trêve fragile avec le Potionniste et il ne voulait pas le faire fuir en ne se maîtrisant pas.
Joggant jusqu'à son collègue, Remus le balaya du regard. Le Potionniste s'était débarrassé de ses robes de cours et portait une tenue moldue adaptée à la course et au combat. Tellement adaptée que…
« C'est un flingue ? » s'exclama Remus.
« Yep. On sait pas ou sont les Lestranges. Et je veux pas prendre de risque si on tombe nez à nez avec eux », déclara-t-il sombrement en armant l'arme avant d'attraper de sa main libre sa baguette.
Remus acquiesça. Il songea un instant à demander où Severus s'était procuré l'arme moldue. Il secoua la tête. Cela n'avait aucune importance. Le tout était que Severus sache se servir du pistolet. (Même si de l'humble avis de Remus, une balle dans la tête était particulièrement miséricordieuse pour ces salauds enragés)
« Je t'aiderai à planquer les corps si nécessaire. »
Severus sourit.
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Rufus Scrimgeour n'était pas un homme heureux.
C'était même exactement l'inverse.
Depuis quelques mois sa vie était devenue un putain d'enfer.
D'abord il y avait eu l'évasion des trois timbrés.
Personne ne savait comment ils avaient fait. Personne ne s'échappait jamais d'Azkaban ! Sauf ces putains de Lestrange ! Et puis si ça ne suffisait pas, personne n'arrivait à remettre la main sur les fugitifs !
Bordel ! C'était trois clochards affamés et galeux complètement tarés et usés par douze ans de prisons et sans baguettes ! Et pourtant ils échappaient à ses meilleurs traqueurs depuis des putains de semaines !
Et voilà qu'en plus Albus putain de Dumbledore déboulait dans son putain de bureau pour lui dire que les putains de Lestrange étaient entrés dans cette putain d'école !
MERDE ! MERDE ! MERDE ! Et REMERDE !
Alors oui, Rufus Scrimgeour n'était pas, vraiment pas, un homme heureux.
« ROBARDS ! », hurla le chef des aurors de sa voix rauque et caverneuse.
Son bras droit arriva en courant, avec des cernes immenses sous les yeux et les vêtements froissés. Le pauvre homme subissait de plein fouet la mauvaise humeur de Rufus depuis le début de cette putain de crise.
« Patron ? », demanda-t-il, baguette en main, ses yeux balayant le bureau à la recherche du danger.
« Changement de mission ! Tu prends Savage, Proudfoot et Tonks aussi ! Vous allez à Poudlard. Vous évaluez la situation surplace et étudiez le risque. Je veux un rapport complet d'ici trois jours. »
« Tonks est encore une junior… »
« Justement, elle se souviendra mieux de Poudlard que vous trois réunis. Et elle pourra communiquer plus facilement avec les étudiants si nécessaire. »
« Très bien. »
Gawain Robards fila sans demander son reste. Dans six heures il serait à Poudlard avec son équipe.
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~ L'ambiance était aussi lourde la première fois ?~
Harry se tourna vers Léo. Son jumeau avait enfilé le pull doré avec des serpents noirs offert par Mami Rose à Noël.
(Harry en avait un similaire vert avec des blaireaux/ours gris argenté. Rose avait volontairement mélangé couleur et symbole des maisons de ses petits enfants. Les jumeaux adoraient leurs pulls, car les gens, élèves et profs buguaient systématiquement en les voyant. Sauf Severus.)
~ Je ne me souviens plus. J'étais obnubilé par le fait qu'un dangereux psychopathe voulait ma peau.~
Léo rejoignit son frère au pied de l'une des grandes statues de Salazard Serpentard.
La chambre des Secrets était vide. Luolès hibernait dans son nid et tous les autres serpents servant de cour à la vieille reine s'étaient eux aussi cachés pour l'hiver. Même Natrix et Davon dormaient, la première dans une boite à chaussure dans le dortoir de Léo, le second chez les Poufsouffles, dans une petite cache aménagée par Harry.
~ Black n'en a jamais eu après toi ~, siffla sarcastiquement Léo
~ Tu le sais maintenant uniquement parce qu'on en a parlé,~ rétorqua Harry. ~ Mais ma réponse reste identique. Je ne me souviens plus.~
Léo fronça le nez en grimaçant.
~ J'ai l'impression que c'est pire~, annonça le Serpentard avec un air de finalité.
~ Ils sont trois cette fois~, dit Harry. ~Et y a des Aurors à Poudlard.~
Jamais au grand jamais, lors de la première vie de Harry, Dumbledore n'avait accepté de son plein gré une présence ministérielle à Poudlard. Face de crapaud lui avait été imposé par Fudge et le Ministère pour « surveiller » le grand malade avide d'attention qu'était Harry.
Le Maître de la Mort croisait les doigts pour que la présence de cette femme ne soit pas un foutu élément clé.
Bref, pour en revenir aux Aurors, le directeur devait vraiment être désespéré pour demander leur aide. Ou alors c'était un coup politique pour éviter des emmerdes avec le Conseil d'Administration.
Dans tous les cas, il y avait désormais quatre Aurors dans l'École. Ils étaient arrivés l'avant-veille et avaient commencé à fouiller l'intégralité du Château.
Entre cette présence surprise et les rondes renforcées des profs, des préfets et des fantômes, les sorties nocturnes des deux Potter allaient être beaucoup plus complexes.
~ Tu as besoin de la cape cette semaine ?~ demanda Harry.
~ Non. Je peux rejoindre ma salle commune sans me faire voir. J'ai trouvé un passage dans les murs qui y débouche directement.~
~ Cool. Faudra le rajouter sur la carte du Maraudeur.~
~ Encore faudrait-il que nous ayons la carte du Maraudeur.~
Harry tira la langue à son frère.
~ Je passerai à la poste de Pré-au-Lard demain. Gringotts a envoyé un hibou. Ils sont prêts.~
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Lucas Proudfoot était Auror depuis 9 ans. C'était incroyablement peu. Avec ses 26 balais, il n'était encore qu'un néophyte. Un gosse qui n'y connaissait finalement pas grand-chose à la vie.
Entre Nikkie Savage qui n'avait que 5 ans d'expérience et Tonks qui était officiellement auror uniquement depuis septembre, ils étaient tous inexpérimentés. Au mieux, ils intervenaient pour séparer deux ivrognes se croyant suffisamment malin pour se défier en duel avec 4 grammes dans le sang.
Il n'y avait que le patron, Gawain Robards qui avait vraiment vu des choses. Il faisait partie de la vingtaine d'aurors ayant survécu à la guerre contre Vous-Savez-Qui.
« Nikkie, des nouvelles ? », demanda Lucas à sa collègue lorsque celle-ci entra dans le bureau ayant été mis à leur disposition par le Directeur.
« J'ai quadrillé la totalité du château avec l'aide de différents professeurs. Par Merlin, avoir mon ancien directeur de maison me demander de l'appeler Filius, ça fait un choc. Bref, le bâtiment est immense, il va nous falloir du renfort si l'on veut mettre en place une surveillance efficace. Minimum dix hommes en plus. Idéalement quinze, d'autant plus si l'on souhaite surveiller également Pré-au-Lard. »
Lucas hocha la tête et griffonna rapidement une note sur un bout de parchemin.
« Et la Grosse Dame ? »
La gardienne de la Tour de Gryffondor avait disparu depuis quatre jours. Personne ne savait où elle était passée et il avait fallu la remplacer en urgence afin que l'antre des lions ne reste pas ouverte aux quatre vents.
« Tonks et le Professeur Snape l'ont retrouvée. Elle était cachée dans un tableau du septième étage. Celui avec les trolls en tutus. »
« Qu'est-ce qu'elle foutait… » Lucas secoua la tête. « Nan, on s'en fout. Qu'est-ce que vous avez pu en tirer ? »
« Elle a confirmé les craintes du Directeur. C'était les Lestrange. Les trois étaient là. Ils voulaient entrer pour tuer les Potter. »
« Mais ils sont pas à Gryffondors. »
Nikkie haussa les épaules.
« Cette info à pas l'air de leur être parvenue… Et puis ils sont complètement timbrés. La Grosse Dame nous les a décrits. Complètement barges. Et vraiment flippants ! Ils vivent dans leur monde et pense que tuer Potter fera que Tu-sais-Qui sera heureux avec eux. Ils n'ont pas vraiment l'air d'avoir percuté qu'il est mort. »
« Je déteste les timbrés. Ils sont complètement imprévisibles. Ils ne fonctionnent pas comme nous. Je vais en parler au Patron. Il doit être avec Dumbledore en ce moment. Souhaite-moi bonne chance !
Nikkie gloussa en regardant son collègue partir pour le bureau du directeur. Elle s'étira faisant craquer les articulations de ses épaules avant de s'allonger dans le sofa.
Lucas, en tant qu'ancien serpentard avait toujours eut du mal avec le grand et puissant et sacro-saint Directeur champion de la Lumière et des causes désespérées. Notez l'ironie.
Nikkie elle-même, bien qu'elle soit bleue et bronze, avait du mal avec le directeur.
En fait, tout le monde sauf les anciens Lions avait du mal avec le vieux barbu. Il était beaucoup trop partial avec beaucoup trop de pouvoir. Il était dangereux. Pour ses ennemis mais également pour ses alliés.
Les braves petits lionceaux ne s'en rendaient pas compte mais le dirlo était prêt à les sacrifier comme de bons petits pions juste pour le plus grand bien. Les Serpentards l'apprenaient avant la fin de leur première année, les Serdaigles étaient les suivants, et même les Poufsouffles tentaient de voir le bien en chacun se rendaient compte que le Directeur était pas un saint avant la fin de leurs études.
En fait, seuls les lions avaient de la merde dans les yeux ! C'était peut-être pour cela qu'aucun Rouge et Or ne faisait partie des Aurors seniors… ils mourraient avant.
« Savage ? »
Nikkie releva la tête vers l'entrée de leur bureau. Le bébé de l'équipe était de retour. Elle avait l'air d'être au bout du rouleau. Sa robe d'auror avait besoin d'un bon dépoussiérage et ses cheveux avaient perdu de leur éclat.
« Oui Tonks ? »
« On sait quand les renforts arrivent ? » demanda la métamorphomage en se laissant tomber sur une chaise.
« Pas avant longtemps. Faudrait déjà qu'on les ait demandés. »
« Merde. Je suis épuisée… »
« Bois du café. »
« J'en ai paaaa… Ah ! J'adore les Elfes de Maisons », s'exclama la métamorphomage en attrapant la tasse de café brûlante.
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Remus détacha le journal de la patte du hibou avant de donner un bout de bacon au rapace. Celui- c i l'avala tout rond avant de s'envoler.
Le lycanthrope n'avait pas dormi de la nuit. Il avait patrouillé dans le château, sur le qui-vive, scrutant les ombres à la recherche de trois monstres. Cela le mettait de forte mauvaise humeur.
Ses premiers élèves de la journée allaient avoir droit à un test. Deux heures à gratter sur un bel examen surprise. Cela assurerait deux heures de tranquillité à Remus, largement suffisamment de temps pour que le café agisse et pour qu'il puisse lire son journal.
« Qu'est-ce ? » demanda Filius en jetant un coup d'œil sur le courrier du lycanthrope.
« L'Hippogriffe déchaîné. »
« Le journal français ? »
« Ouais. Les élections approchent et je veux être au courant de la vie politique. Ça va être sacrément mouvementé dans le prochain mois. »
« Le FUCM prend de l'ampleur ? » demanda Filius.
« Tellement plus que ce que nous imaginions initialement… »
Le demi-gobelin sourit de toutes ses dents aiguisées. Remus lui répondit, dévoilant des canines proéminentes.
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Léo regardait les sculptures, la tête penchée sur le côté, d'un air interrogateur.
Il ne s'attendait pas franchement à cela. En fait il ne savait pas à quoi il s'attendait en demandait deux arbres généalogiques aux Gobelins, mais certainement pas à cela.
~ Oula, c'est quoi ce bordel ?! ~
~ Toujours aussi loquace très cher frère. ~
Harry l'ignora et s'approcha des deux sculptures posées sur la table.
~ Putain, je m'y attendais pas…~
Léo haussa un sourcil. C'était pourtant Harry qui était allé les chercher à Pré-au-Lard. N'y avait-il pas jeté un coup d'œil ?
~ Nope ! J'ai posé les coffrets ici puis j'ai filé en cours avant d'être à la bourre. Sev' m'aurait arraché la tête ! ~
Ah. Effectivement. Le problème des horaires foireux de l'office, ouverte uniquement durant les heures de cours. Heureusement qu'ils ne fermaient pas à midi ! Cela avait permis au Poufsouffle de courir au Village, sous la cape d'Invisibilité, pour récupérer leurs colis.
Léo avait fini ses cours avant son jumeau. Il s'était précipité dans la Chambre des Secrets, utilisant le passage de leur salle commune à la tanière de Luolès.
Là, dans l'arrière salle ayant servi de laboratoire de potion et bibliothèque à Salazard Serpentard, l'attendaient deux coffrets ouvragés. D'environs une coudée de diamètre et deux de haut, les boites étaient en bois pale aux veines rosées. De la marqueterie délicate formait des motifs géométriques complexes entourant, pour l'une le blason Black, pour l'autre le blason Potter.
Et l'intérieur des coffrets était plus beau encore.
~ C'est magnifique. ~
~ N'est-ce pas. ~
La sculpture était aussi étrange que magnifique.
C'était un arbre d'or et d'argent aux feuilles de cuivre. Son tronc était tortueux, ses racines noueuses et ses branches multiples foisonnaient en un déluge d'éclats métalliques. C'était hypnotiquement beau.
Au milieu de son feuillage de délicates écritures de mithril nommaient les membres, morts et vivants des familles Black et Potter.
Harry effleura son propre nom sur l'arbre des Potter. Celui-ci s'illumina. Léo se pencha par-dessus son frère, à moitié couché sur son dos. Ils suivirent du bout des doigts les branches illuminées.
~ Oh merde…~ murmura Léo en trouvant les noms de leurs premiers ancêtres magiques.
Harry regardait le nom, incapable de comprendre.
~ Bordel… Comment ? C'est complètement…~
~ Ça va être encore rigolo à expliquer ça…~, gloussa Léo.
Redescendant vers le bas de l'arbre, les jumeaux eurent la surprise de trouver plus de Potter vivants que prévus.
~ Ah ! Ça aussi ça va être rigolo à expliquer.~
Léo tapa l'épaule de son jumeau.
~ J'ai déjà regardé l'arbre des Black. Il y a aussi quelques surprises étonnantes.~
~ Quand souhaites-tu gérer cela ? ~
~ Plus tard. Sauf pour ces deux-là. ~ annonça le Serpentard en tapotant deux noms connus.
Harry hocha la tête.
De temps en temps Léo était vraiment surpris de la facilité qu'ils avaient à se comprendre. Quelques mots sifflés ou signés, parfois juste un geste ou un regard. C'était incroyablement terrifiant. Jamais de ses deux vies il n'avait connu une telle proximité avec quelqu'un. Aussi perturbant que ce soit, Léo Potter, anciennement Draco Malfoy, était désormais la personne la plus proche de sa meilleure Némésis, Harry Potter, le Survivant.
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Su était absolument perplexe suite à la lecture de la lettre de sa grand-mère. La jeune sorcière avait passé ses vacances de Noël en Chine avec sa Zǔmǔ. Elle lui avait parlé de ses études en spiritisme ainsi que des différents êtres magiques qu'elle avait rencontré depuis l'été. Elle lui avait aussi parlé de ses études, de ses amis et de Poudlard en général. Zǔmǔ l'avait traînée dans un road-trip sur la cote quelques jours après Yule. Su en avait profité pour lui parler de Percy.
Son cas avait interpellé la vieille Exorciste. Elle n'avait jamais entendu parler de quelque chose comme ça. Elle avait promis de se renseigner. À la fois par curiosité et à la fois pour tenter d'aider l'ami de sa petite-fille.
Su et sa grand-mère avaient fouillé les Archives Li sans grand succès. La grand-mère avait promis de continuer de chercher, notamment en se renseignant auprès d'autres Exorcistes voire auprès de collègues situés de l'autre côté de la mer.
Et quasiment un mois après, voici que Su avait la réponse entre les mains. Désormais elle avait une véritable piste pour comprendre ce qui arrivait à Percy. Et c'était la galère…
Zǔmǔ lui avait envoyé des extraits de la Brihad-âranyaka-Upanishad et du Shatapatha Brahmana. Là, un théoricien de la réincarnation, et maître très respecté en Inde, Yājñavalkya, vivant autour du VIe siècle, décrivait la dissolution de l'être humain à la mort, et expliquait que son karma était la cause d'une naissance nouvelle qui était fonction des actes bons ou mauvais de l'existence antérieure.
Un autre extrait, d'origine mésopotamienne, expliquait le concept philosophique de l'éternel retour. Selon les philosophes l'histoire du monde se déroulait de façon cyclique et recommencerait après chaque « Grande Année » qui serait composée de milliers d'années normales.
Et il y avait encore d'autres extraits de textes religieux, sacrés ou philosophiques de diverses régions d'Asie. Zǔmǔ avait fait un boulot remarquable dans sa pêche aux infos. Heureusement d'ailleurs que la majorité des textes avaient été traduits en anglais ou en mandarin et que pour les autres, Su avait une bonne maîtrise du sortilège de Babel !
Il lui avait fallu quasiment trois heures pour tout lire. Et maintenant, elle n'y comprenait plus rien.
Les textes étaient absolument incompréhensibles. Cela parlait d'âmes anciennes, de souvenirs, de cercles incomplets, de retours douloureux et de putain de réincarnation !
De la putain de réincarnation ! Et puis quoi après ? La Mort en tutu ? Snape jouant au golf ? Le Dieu de la magie envahissant New York avec une armée extraterrestre ?
Une réincarnation… Aussi improbable que ce soit, elle devait enquêter et prévenir Percy. Et peut-être Harry…
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Toute l'École était sous tension et Colin n'échappait pas à la règle. Savoir que les pires criminels de l'histoire récente étaient entrés dans leur école était loin d'être rassurant. Et puis, même avec une flopée d'aurors dans l'école, les étudiants étaient toujours apeurés. En même temps si les Lestrange foutaient une peur bleue à tout le monde, les Aurors étaient pas mal aussi dans leur genre. Avec leurs robes de combats rouge sang brodées de runes protectrices et leurs visages fermés, ils étaient flippants. Y avait finalement que Tonks qui était à peu près normale… et elle était une métamorphomage complètement folle !
Ça faisait plaisir d'ailleurs de revoir l'ancienne Poufsouffle. Elle mettait un peu de soleil parmi les figures solennelles de ses collègues. C'était bien qu'elle soit là.
Colin rejoignit ses camarades de classe. Le groupe quitta la salle de Métamorphose et se dirigea vers le rez-de-chaussée puis vers les donjons. Aujourd'hui plus personne ne se déplaçait seul. Les étudiants étaient toujours en groupe et privilégiaient les couloirs où les Aurors patrouillaient.
« Je suis presque heureux d'être arrivé dans ma salle de cours », déclara un camarade de dortoir de Colin. « Presque. »
Colin grimaça en voyant le visage tendu de leur prof de potion.
Snape était en colère.
Son visage était ombrageux et ses mains tremblaient de fureur. C'était à peu près son état permanent depuis la venue des Aurors. Il était sur les nerfs et plus tendu que la corde d'un arc. Le professeur avait beau être moins terrible depuis quelques années, il conservait son surnom de « Terreur des Cachots. » Autant dire qu'un Snape énervé restait une très, très mauvaise nouvelle pour ses étudiants.
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« Une réincarnation ? »
« Yep. »
« Fuck. »
Su gloussa. La réaction de Harry était exactement la même que la sienne. C'était assez plaisant. Le génie de Poufsouffle était toujours tellement sûr de lui, réussir à le déstabiliser était toujours un plaisir.
« Maintenant on fait quoi ? » demanda le Jaune et Noir.
Su grimaça. Elle se posait la même question depuis qu'elle avait fini l'intégralité des lettres de sa grand-m ère.
« Percy a plus que le droit d'être au courant. Il est le premier concerné ! »
« Je suis d'accord. Mais comment pourra-t-on l'aider ? »
« Ça, c'est encore un autre problème. Je ne sais même pas si on pourra l'aider ! »
Les deux troisièmes années, allongés sur le parquet de la salle de musique oubliée, laissèrent le silence les envelopper.
« Quand doit-il venir ? » demanda finalement Harry.
Su lança un tempos.
« Une dizaine de minutes s'il est ponctuel. »
« Percy Weasley ?! Non ponctuel ? La fin du monde est proche », ricana le Poufsouffle.
La Serdaigle roula des yeux.
« Parfois je me demande pourquoi je suis amie avec toi. »
« Pour mon inestimable présence, mon charisme incroyable et parce que je suis le Survivant », répondit Harry d'une voix pompeuse.
La sorcière asiatique éclata de rire. C'était pour ça qu'elle adorait cet abruti. Il trouvait toujours le moyen de la faire rire.
C'était l a curiosité maladive de la Serdaigle qui l'avait poussé vers le Survivant.
C'était le caractère du Poufsouffle, sa gentillesse, sa foutue langue de vipère qui l'avait faite rester.
Certains secrets avaient été révélés, d'autres restaient cachés. Ce n'était pas un problème de confiance. Su avait accepté cet état de fait. S on ami (son meilleur ami) lui cachait des choses. Il en cachait à tout le monde. Il n'y avait que son jumeau, son reflet, l'autre moitié de son âme qui en connaissait tous les secrets.
Su espérait juste qu'un jour Harry accepterait de lui révéler ce qu'il cachait encore aujourd'hui.
« Potter, Li. »
Les deux Troisièmes années relevèrent la tête. Su salua d'un geste de main le Préfet en Chef venant d'entrer.
« Ferme derrière toi », ordonna Harry avant de se lever d'un geste vif.
Su le suivit plus lentement. La porte de la salle scintilla brièvement. Elle était désormais scellée. Ils ne seraient pas dérangés ou espionner.
Des secrets et un Serment Inviolable liaient les trois étudiants. La connaissance de la survie et du retour potentiel du Mage Noir avait créé quelque chose entre eux. Ils étaient en quelque sorte obligés de se faire confiance. Était-ce pour cela que Percy avait évoqué ses problèmes avec Su et pour cela qu'il n'avait pas tilté en voyant que Harry avait été mis au courant ? Très certainement.
Le Préfet en Chef s'assit sur le tabouret bancal d'un piano désaccordé.
« Comment vas-tu ? » demanda Su au Weasley.
Celui-ci eut une petite moue.
« Mieux. »
Su le croyait sur parole. Il n'avait plus ce teint de cadavre pas frais qu'il traînait avant les vacances. Ses yeux bleus-verts étaient à nouveau concentrés sur le monde l'entourant et non pas perdu sur ces choses que lui seul percevait.
« Tu te souviens que tu m'avais demandé avant Noël ? »
« Oui. Je t'ai parlé de ce qui m'arrive. Tu es au courant je suppose Harry ? »
« Yep. Des souvenirs qui ne sont pas les tiens t'envahissent. Tu ne sais pas d'où ils viennent et tu ne sais pas ce qu'ils représentent. Tu as peur, car tu ne maîtrises rien. »
« Vrai », sourit Percy, guère dérangé par les propos crus du Survivant.
Harry répondit par son propre sourire, plein de dents et de malice.
Su lui colla une taloche avant de reprendre la parole.
« J'ai parlé de tes visions à ma Grand-Mère. Elle s'est renseignée à son tour. Elle m'a envoyé de nombreux ouvrages. Je pense qu'il s'agit »
« D'une réincarnation » coupa le Weasley.
« Comment ? »
« C'est soit cela, soit je suis complètement taré et tout espoir est perdu », commenta Percy.
« Réincarnation », confirma Su. « Les textes ne sont pas toujours clairs et certains se contredisent, mais tous en arrivent à dire que des âmes, toutes ou certaines, reviennent à la vie, dans leur premier univers ou dans un nouveau, avec ou sans leurs souvenirs premiers. »
« Fuck. »
Su grimaça. C'était tellement rare d'entendre le sérieux Préfet en Chef jurer.
« Mais si je suis toujours moi, pourquoi est-ce que c'est tellement le bordel dans ma tête ? » s'énerva Percy.
Su secoua la tête.
« J'en sais rien. Peut-être que ta première incarnation n'a pas su se débarrasser de ses regrets, peut-être qu'elle est revenue trop vite, trop tôt. Peut-être que c'est un passage normal pour tous les réincarnés ! Peut-être que tu n'es même pas un réincarné et que nous faisons complètement fausse route ! » s'exclama la Serdaigle. « Comment savoir ? »
« Nous ne pouvons pas. » Percy soupira. « Je ne peux que vivre avec. Souhaitez-moi bonne chance. »
Harry l'interpella au moment où le rouquin allait passer la porte.
« Ne veux-tu pas savoir ? »
« Comment le pourrais-je ? Nous nageons dans un monde d'incertitudes et de suppositions. Je vais bien… mieux du moins. C'est le principal. »
Après qu'il eut disparu, Su se tourna vers son ami. Harry était soucieux. Cela se voyait à ses sourcils froncés et sa bouche plissée.
« Ça va ? »
« Je trouve Percy bien peu concerné par tout cela. Trop… léger… trop… détaché. »
Su hocha la tête.
« Nous devrons le surveiller. Il est notre ami. »
« Ami, je ne sais pas », commenta Harry. « Allié, c'est une certitude. Et même s'il ne l'était pas, je garderai quand même un œil sur lui. Il nous cache des choses. »
Su leva les yeux au ciel avant de quitter la pièce C'était l'hôpital qui se foutait de la charité . Harry qui râlait à propos des secrets d'autrui ?! C'te bonne blague.
Percy était un ami ! Et elle veillait toujours sur ses amis !
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Les jumelles étaient tendues. Elles avaient vécu un début d'année absolument infernal. Tout le monde leur crachait dessus sauf une poignée d'étudiants, la plupart plus âgés.
Parmi leurs condisciples de première année, il n'y avait que Anna qui était leur amie. La née de moldus répartie à Serdaigle n'avait que peu de temps à passer avec elles, leurs emplois du temps trop différents pour qu'elles se croisent aisément. Et maintenant, il y avait les Lestranges à côté de l'école.
La grosse looze.
La question désormais était pourquoi donc le Survivant et son jumeau voulaient les voir. Les deux fillettes rejoignirent le septième étage. En face du tableau immonde avec les trolls en tutus, il y avait une porte. C'était bizarre car c'était la première fois qu'elles voyaient cette porte.
« Bonsoir ? », demanda Hestia en passant la tête par la porte.
« Ah ! » s'exclama Harry. « Hestia, Flora… et… »
« Anna Ramsay », déclara l'amie des jumelles, stoïque, « Hestia et Flora m'ont demandé de venir. »
« Ah… Ce n'était pas vraiment prévu… »
« Laisse Harry. Ça ira », intervint Léo Potter sans lever du fauteuil dans lequel il était assis.
La pièce était vaste, peinte dans des teintes très claires. Un feu puissant ronflait dans la cheminée et quatre fauteuils moelleux étaient installés autour d'une table basse. Sur celle-ci une étrange sculpture de métal gris et rouge était posée.
Léo Potter agita la main et un cinquième fauteuil apparu, s'insérant entre les autres.
« Impressionnant », siffla Hestia.
« La salle a sa propre magie », déclara Harry. « Anna, tu n'étais pas prévue au programme, mais si les jumelles t'ont demandé de venir, c'est qu'elles doivent te faire confiance. Par contre, au vu de ce qui va être discuté ce soir, nous allons être obligés de te demander de faire un Serment Inviolable. »
« Pardon ? » s'exclama la jeune Serdaigle.
« Ou tu pars. », proposa le Survivant avec légèreté.
Anna regarda ses amies. Elle n'était pas née de parents magiques, mais elle s'était renseignée. Elle savait ce qu'impliquait un Serment Inviolable.
« Quels en seraient les termes ? »
« Ne rien répéter de ce qui aura été dit ce soir sans l'accord de Flora, Hestia, Harry ou moi », expliqua le Potter de Serpentard.
Anna réfléchi un moment. Le fait que ses amis puissent la libérer de ce serment était rassurant. Elle n'était pas à la merci des deux Potter.
« Cela me semble correcte. Ok. Faisons ce serment. »
Flora observa son amie effectuer l'un des actes magiques les plus puissants du monde sorcier. Ce fut étonnamment rapide et presque décevant. Et pourtant Anna venait de faire une promesse pouvant mener à sa mort si elle la rompait.
« Bien. Maintenant passons aux choses sérieuses. Savez-vous ce qu'est-ce truc ? », demanda Harry en pointant l'étrange sculpture sur la table.
« Aucune idée, mais ça pue la magie à plein nez », répondit Hestia.
« Ceci, Ladies Carrows, Miss Ramsay, est un Arbre Généalogique de fabrication gobeline. C'est ce qu'on crée de mieux dans le monde magique concernant les recherches généalogiques. Cela permet de retrouver tous les membres magiques d'une famille jusqu'aux parents du premier ancêtre magique. »
Hestia siffla. C'était vraiment impressionnant ! Habituellement les tapisseries magiques de généalogie remontaient sur une poignée de génération. Une dizaine pour les plus puissantes. Mais cet arbre-là, si elle comprenait ce qu'elle voyait, remontait sur plus de cinquante générations ! Quand on disait que les Potter étaient une vieille Famille, c'était pas une blague !
« Et en quoi sommes nous concernées ? », demanda Flora, sortant sa sœur de sa contemplation.
« Votre arrière-grand-mère est Iris Carrow, née Potter. Et elle est aussi notre grand-tante. Vous êtes de la famille », annonça Harry en tapant sa baguette sur la sculpture.
Plusieurs branches s'illuminèrent, cheminant des noms de Harry et Léo à ceux de Hestia et Flora.
« Nous savons que votre début d'année a été absolument ignoble. Vous n'avez aucun allié à Poudlard et vous n'aurez aucun allié en sortant d'ici. Les factions Sang-Purs les plus réactionnaires vous détestent à cause de votre mère et les Sorciers de la « Lumière » vous en veulent à cause du poids de votre nom », continua Léo sans tenir compte du choc des deux Carrows.
Hestia se crispa. Elle et Flora savaient tout cela. Leur mère était une moldue, mais leur père était un Sang-Pur. Il les avait bien éduquées. Elles savaient très bien que leur parenté les foutait dans la merde des deux cotés.
« Et alors ?! » grinça Flora, la rage audible dans sa voix.
« Alors, moi, Harry Potter, Héritier de la Famille Potter, vous propose de vous placer sous la protection de la Famille Potter. »
Hestia jura violemment. Un protectorat. Potter venait de proposer un putain de protectorat ! C'était… C'était formidable ! Certes, la branche cadette des Carrows fondée par leur père, passerait de famille Régente à famille Vassale, mais cela n'avait aucune importance. Avec le protectorat de la Famille Potter, elles auraient un avenir ! La Gryffondor chercha le regard de sa jumelle. Elles se comprirent rapidement.
« Nous ne pouvons décider seules Héritier Potter. Nous devons contacter notre Père et Lord », déclarent les jumelles de façon synchronisée.
« La réponse mettra un peu de temps à venir », continua Hestia.
« Elle doit faire le trajet depuis le Texas. Nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons la réponse », finit Flora.
« Parfait ! » s'exclama Harry en frappant dans ses mains, heureux comme un gosse. « Maintenant, il va falloir retrouver la vieille ! »
« Pardon ? »
« Iris Carrow née Potter est encore en vie », annonça Léo Potter avec un regard sombre.
oOo
o
oOo
Bellatrix.
Rodolphus.
Rabastan.
Trois noms.
Trois noms haïs.
Une femme sadique, folle à lier, complètement fanatique.
Le Lord d'une famille de malade, aussi taré que son épouse et ayant vendus leur sœur contre plus de renommée, de puissance et d'argent.
L'héritier présomptif de la famille en attendant que les deux autres se reproduisent, le chien enragé sans aucunes limites qui attaquait sans retenue.
Neville les haïssait.
Ils avaient tué son père et torturés sa mère. Il voulait les voir souffrir, voir leur sang couler sur le sol tandis que leurs râles d'agonies sonneraient délicieusement à ses oreilles. Il voulait… Il voulait… il ne savait pas vraiment ce qu'il voulait. Il voulait juste que sa famille soit en sécurité.
Théodore les haïssait.
Ils étaient la cause de la mort de sa mère. La cause de sa naissance aussi, mais il aurait préféré ne pas vivre plutôt que sa mère souffre comme elle avait souffert. Senior l'avait battue. Battue jusqu'à la tuer. Il voulait la venger. Cela ne la ramènerait pas. Mais cela soulagerait un peu son âme.
Draconis les haïssait.
Il LA haïssait. Elle, plus que tous les autres. Elle était une terrible épée de Damoclès au-dessus de sa Famille. Elle terrifiait sa sœur, dégouttait son père et crispait sa mère. Et cela le mettait dans une rage noire. Il la voulait loin, très loin de sa sœur et très loin aussi de ses parents.
« Longdubas. »
« Malfoy, Nott »
Le Gryffondor observa les deux Serpentards. Ils avaient l'air épuisés. Draconis avait des cernes monstrueuses sous ses yeux gris acier et la peau de Théodore était plus grise qu'autre chose. Neville avait l'impression de se regarder dans un miroir. Lui aussi avait l'air malade voire moribond.
Un rictus furtif passa sur le visage de l'Héritier Malfoy.
Draconis plongea ses iris argentés dans les prunelles bleutées du Gryffondor. Celui-ci avait l'air aussi défoncé que Théo ou Draconis lui-même. Et le même feu brûlait dans ses yeux.
Ils voulaient tous les trois que les Lestranges disparaissent de la scène.
De manière définitive si possible.
Théodore sortit de sa besace un long poignard à la lame courbe et noire. Une lame sacrificielle. Draconis en avait déjà vu une. Elle était rangée dans le coffre familial et seul le chef de Famille, son père donc, pouvait l'en sortir ou l'utiliser.
Que Théodore en ait une en sa possession était à la fois une véritable aubaine et une grande source d'inquiétude. C'était ce genre de saloperie qui étaient utilisées pour les pires rituels de Nécromancie, les pires Malédictions et tout ce que la Magie pouvait avoir de mauvais et corrompu.
« Prêt ? », demanda l'Héritier Nott d'une voix ferme.
« Je ne reculerai pas », répondit le Gryffondor sans une once d'hésitation.
Des trois élèves présents, il était le seul à faire partie d'une famille « Blanche ». Le seul pouvait véritablement reculer devant ce qu'ils allaient accomplir.
« Bien. »
Le sourire de Théodore était glacial. Terriblement faux également.
Théodore s'entailla la paume de la main gauche sans sourciller. Le sang, chaud et fluide coula sur la lame et la chair avant de goutter sur le sol de dalles poussiéreuses. Il tendit le coutelas de cérémonie à son voisin qui l'imita avant de donner l'arme à Draconis.
Les trois jeunes sorciers aux mains ensanglantées tracèrent sur leur front respectif le symbole infini avec leur sang avant de refaire la même chose sur celui des autres.
Le symbole primaire de la Magie, tracé avec leur trois sang au niveau de l'un de leurs centres magiques, pulsait désagréablement.
Le sol était taché de sang et l'odeur ferreuse et salée du liquide carmin était entêtante.
Neville songea brièvement qu'ils tapaient allègrement dans la Magie Noire avec ce rituel illégal. S'ils se faisaient attraper, ils allaient avoir de sacrés soucis.
Il attrapa ensuite la main tendue de Draconis avant de tendre l'autre à Théodore. Ensembles ils formaient un triangle au centre du quel était posée la dague couverte d'hémoglobine.
Le gryffondor vit le plus jeune d'entre eux fermer les yeux et inspirer profondément.
« Hecade Tergemina », commença Théodore d'une voix un peu tremblante. « Akoúste to aítimá mas. Amaimacetos basileia, mas stiríxoume stin prospátheiá mas, sas parakaloúme. »
Le sortilège était une mélopée antique aux échos sauvages et puissants. Draconis le sentait résonnait dans ses os et sa chaire, dans son esprit et son âme.
Ce n'était pas un sortilège au sens moderne du terme. Beaucoup trop chaotique pour cela. Non, c'était plutôt un appel, une demande de bénédiction de la part de la Magie et une promesse, un engagement inrompable envers des puissances dépassant l'entendement.
Entre les 3 enfants la lame noire s'était mise à léviter, montant lentement jusqu'au niveau de leurs yeux. Elle tourbillonnait lentement sur elle-même renvoyant la lueur des bougies sur les visages concentrés des trois enfants.
« Dóste mas ti dýnami na ekdikithoúme tous synomilíkous mas, na nikísoume tous echthroús mas. Tha polemísoume méchri thanátou. »
Les trois voix s'étaient mêlées ne formant plus qu'une.
Les adolescents furent emportés par leurs paroles, les mots se bousculant dans leurs bouches sans qu'ils ne les maîtrisent. La Magie les portait et les emportaient sans qu'ils ne puissent lutter. Sur leur front le signe infini pulsait de plus en plus vite et commençait à chauffer.
« Mitéra tis Mageías, na eíste mártyras tis désmefsís mas kai an kápoios apó emás spásei ti sýndesi, párte píso to dóro pou tou dósate. »
Un vent sorti de nulle part emporta les flammes des bougies, portant les petites sources de lumière comme autant de luciole en un tourbillon chaotique autour des trois Héritiers.
Puis aussi vite que leurs voix étaient montées en volume, chargées de magie et de puissance, tout s'arrêta. Le vent tomba et les flammes s'éteignirent.
« Egó, o Theódoros Nots, orkízomai edó brostá sti megáli Hecade Nyctipolos gia na timoríso ekeínous pou me ékanan láthos », déclara Théo, le symbole de sang s'illuminant sur son front.
« Egó, o Drákis Malógi, orkízomai edó brostá sti megáli Ekádi gia na timoríso ekeínous pou me ékanan láthos », continua Draconis, avant de briller lui aussi.
« Egó, Neville Longdubas Orkízomai edó brostá sti megáli Hécade gia na timoríso ekeínous pou me ékanan láthos », termina Neville avant qu'un déluge de lumière n'inonde la pièce.