Le Pacte des Trois

Harry Potter - J. K. Rowling
Gen
G
Le Pacte des Trois
Summary
Suite de "Potter, menteur et Nécromanciens". Les jumeaux se préparent pour leur troisième rentrée à Poudlard. Mais avant cela l'été s'annonce chargé. Harry n'avait pas imaginé que Léo et lui changeraient tant de choses, volontairement ou non.
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Les Vacances de Noël

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Les Vacances de Noël

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La table était couverte de plans du Black Bee. Le pub avait fermé la semaine dernière pour un temps encore non définit. Cela avait inquiété les rares habitués qui venaient encore.

Pétunia avait rassuré France, Moustafa, Maxence et les quelques autres irréductibles. Le pub était fermé pour travaux. Il rouvrirait. Elle avait aussi négocié avec Max. Le cuisinier n'était absolument pas renvoyé. Mordred avait insisté pour qu'il continue à travailler au Black Bee.

Du coup le jeune Liostro était en congé payé pour les mois à venir. Il avait donc décidé de partir faire un tour du monde. Son petit-ami, un certain Gabriel que Pétunia n'avait toujours vu que de loin avait été enthousiasmé par l'idée et avait démissionné de son boulot pour accompagner Max.

Pétunia avait parié avec Marc que lorsque son cuisinier reviendrait, il aurait plein de nouvelles recettes en tête mais également une bague autour du doigt.

Baissant son regard sur les plans, la gérante du Black Bee devait bien avouer que Mordred avait fait les choses en grand. Le Vampire avait BEAUCOUP d'or dans de nombreuses banques, moldues et sorcières. Il avait profité de sa fortune pour racheter la totalité des appartements sous lesquels était le Black Bee et le local voisin du pub. Pétunia avait halluciné lorsque Mordred le lui avait dit. Ce fou furieux était devenu propriétaire de tout un immeuble en un rien de temps. Comment avait-il réussi à doubler tous les immobiliers qui lorgnaient sur l'immeuble à moitié abandonné, Pétunia n'était pas certaine de vouloir savoir.

Le fait était que désormais le vampire possédait le Black Bee, un local vide de la même superficie juste attenant et trois appartements. Il avait immédiatement contacté des amis outre-Manche et avait commencé à dessiner des plans. Son objectif était d'abattre la cloison entre le Black Bee et l'autre local afin d'agrandir le pub. Il voulait également réaménager les étages afin d'en faire une auberge.

Pétunia avait rapidement fait une estimation du coup s'ils passaient par des entreprises moldues tandis que Mordred faisait de même avec les entreprises magiques. Cela leur coûterait trois fois moins cher de passer par des moldus. Par contre, dans tous les cas, ils devraient passer par une société magique pour la mise en place des protections.

Ensemble Pétunia et Mordred avaient sélectionné l'entreprise moldue qui allait travailler pour eux. Ils avaient ensuite contacté plusieurs sociétés sorcières, toutes sur le vieux continent et attendaient leur devis.

Les travaux commenceraient dans deux semaines, au début du mois de janvier. Si tout allait bien le gros œuvre serait fini début mars. Il n'y avait pas grand-chose à faire ou refaire. Les lots secondaires, cloisons, plomberie, électricité, peinture et autres, seraient plus longs.

Avec de la chance le Black Bee pourrait rouvrir en juin ou juillet. Pour les appartements, s'ils pouvaient être finis avant l'hiver, ce serait cool, mais Pétunia était plus sceptique. Dans tous les cas, cela lui laissait 6 mois pour trouver des fournisseurs « particuliers ».

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Olivier Dubois, Gardien extraordinaire, Capitaine d'exception et meilleur ami de Percy Weasley était inquiet.

Ce soir débutait les vacances de Noël et comme chaque année, il allait rentrer chez lui. Or, contrairement à toutes les années précédentes, cela ne lui plaisait pas.

Rentrer chez lui signifiait certes revoir sa mère qui lui manquait énormément, mais cela signifiait surtout laisser Percy tout seul.

Le problème était que Percy allait très, très mal !

Il avait la mine blafarde et le regard éteint. Il dormait si peu et si mal que ses cernes avaient des cernes. Il était épuisé et complètement désespéré.

Olivier n'en connaissait pas la cause. Chacune de ses tentatives d'en savoir plus avait échouée. Percy était bien trop doué pour détourner l'attention et esquiver les questions. S'en était au point qu'Olivier avait l'impression d'être le seul à voir le problème !

Ni les frères de Percy (les jumeaux d'ailleurs ne faisaient qu'exacerber le problème avec leurs blagues stupides !), ni Pénélope (la Serdaigle connaissait bien Percy, ils avaient été en couple plus d'un an ! Elle aurait du détecté quelque chose !).

C'était terriblement frustrant !

Son meilleur ami était au fond du trou et refusait d'attraper la main qu'il lui tendait !

Pire que tout, Olivier voyait Percy s'isoler de plus en plus et dépérir à vu d'œil comme une plante privée de soleil et d'eau !

Pour être parfaitement honnête, le Capitaine de Quidditch craignait de retrouver un matin son meilleur ami complètement raide dans son lit. Ou pire. Baignant dans son sang dans la salle de bain. (Il y avait une raison à la disparition de tous les rasoirs des Gryffondors de Septième année.)

Alors oui, Olivier était content d'être en vacances, mais il était surtout furieux d'être obligé de rentrer chez ses parents. Il adorait sa mère, vraiment, mais pourquoi avait-elle exigé sa présence, précisément ce Noël-ci ?

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Assis contre la fenêtre de son dortoir, Ron regardait ses camarades quitter Poudlard. Les diligences sans chevaux avaient à peine la taille de noix vue depuis la Tour de Gryffondor. Le plus jeune des fils Weasley avait un pincement de cœur devant ce spectacle. Il aurait aimé être dans l'une de ces diligences en direction du Poudlard Express.

À la place il était seul dans ce dortoir déprimant.

Seamus, Dean et Wayne rentraient tous chez eux pour Noël. Le premier était attendu par sa famille en Irlande, le second partait au Maroc chez la famille de son (beau-) père et le dernier avait l'honneur discutable de devoir accompagner son grand-père au Bal du Ministère pour Yule.

De son côté Ron et le reste de sa fratrie devait rester à Poudlard. Molly devait s'occuper de la grand-tante Muriel qui avait attrapé la draconcelle. La maladie pouvait être mortelle lorsqu'attrapée à un âge avancé et la grand-tante Muriel n'était plus de prime jeunesse… Arthur de son côté était noyé sous les dossiers car quelques sorciers trouvaient très amusant de profiter de cette période de fête pour fabriquer et vendre de très nombreux artefacts ensorcelés à des moldus inconscients.

Ron soupira. Cette année encore il pouvait faire une croix sur un Noël en famille. En fait depuis le départ de Charlie en Roumanie, ils n'avaient plus eu de Noël tous ensemble… cela lui manquait.

Bah, avec un peu de chance, l'année prochaine, Bill et Charlie reviendraient à la maison et ils feront Noël tous ensemble. Sa mère crierait contre la dernière bêtise des jumeaux, Papa s'enthousiasmerait devant un quelconque gadget moldu, Bill et Charlie leur raconteraient leurs quotidiens incroyables, ils degnomeraient le jardin ensemble, Ginny proposerait la traditionnelle bataille de boules de neige et même Percy sourirait pour Noël.

Le dernier fils Weasley frissonna. Il avait froid et était fatigué. Il n'avait pas envie de descendre dans la salle commune pour supporter les jumeaux ou Percy. À la place il se roula en boule sur son lit, enfouie sous ses couvertures.

Qu'est-ce que son dortoir désert était déprimant.

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« Pardon ?! »

Lady Dubois regarda son fils avec tendresse et compassion. Elle était véritablement désolée de secouer à ce point la chair de sa chair. Elle savait très bien qu'entre les deux révélations qu'elle venait de faire, elle chamboulait les croyances primaires de son enfant. Mais elle n'avait pas le choix. Pas lorsque son réveil arrivait si vite ou lorsqu'elle-même était en danger.

Olivier, encore dans son uniforme d'École observait abasourdi sa mère.

Johan Dubois née Smith était une femme absolument magnifique. Sa silhouette grande et fine aux jambes longues et fuselées avait la garce et la délicatesse d'une ballerine. Son visage de porcelaine était fin et délicat sans le moindre défaut. Sa longue chevelure couleur ambre parcourue d'éclats couleur or tombait en une longue cascade de vagues souples le long de son dos. Ses yeux, d'un vert presque blanc étaient incroyablement perçants.

Olivier savait que de nombreuses personnes étaient incroyablement mal à l'aise face à ce regard qui semblait fouiller le moindre recoin de votre âme, mais lui-même n'en avait jamais été dérangé.

Oui, Lady Dubois était magnifique, d'une beauté qui ensorcelait les sens mais qui mettait également mal à l'aise, comme si la dame appartenait à un autre monde, un monde où les Hommes n'auraient pas le droit d'aller.

Lorsqu'il était rentré chez lui, le Capitaine de Quidditch de Gryffondor pensait passer un Noël en famille. Ils auraient été trois, comme d'habitude. Lui-même était fils unique, ses Grands-parents paternels étaient tombés sous les attaques des Mangemorts et ses Grands-parents maternels ne supportaient pas son père. Cela lui avait toujours semblé étrange, mais il en comprenait désormais la raison.

Ils auraient mangé en écoutant la radio dans une atmosphère que même l'esprit de noël n'aurait pas réussi à alléger.

Comme d'habitude.

Olivier n'était pas idiot. Il savait que sa mère était en colère contre son père et que ce dernier ne semblait pas tellement en avoir quelque-chose à faire. Il savait également que ses parents s'étaient mariés par amour. Stephen Dubois était fiancé à une jeune fille de Sang-Pur, comme lui, mais il lui avait préféré une petite Née de Moldue de deux ans sa cadette. Sachant cela, Olivier avait de la peine en voyant lentement le mariage se dégrader sans que lui-même ne puisse rien y faire.

« J'ai des frères et sœurs… », murmura le jeune sorcier choqué

« Oui. Ils étaient sept la dernière fois que j'ai compté. »

« Mais comment… »

« Je suis tombée amoureuse de la mauvaise personne. Ton père me fascinait. Il a les grandes forces des Hommes, leur détermination et leur désir de toujours aller plus loin, mais il a également leur plus grand défaut, leur inconstance. J'ai su dès la première qu'il me trompait. Mais je lui ai pardonné. Au début. Avant que je ne comprenne que jamais il ne changerait. Il aime les femmes. Trop pour se satisfaire d'une. »

« Comment peux-tu être aussi calme ? »

Lady Dubois se leva de son fauteuil et serra son fils dans ses bras. Il tremblait et son visage était livide. Elle resserra sa prise et laissa une de ses mains caresser avec tendresse les cheveux couleur jeune écorce de son fils.

« Oh, je ne suis pas calme mon tout petit. Je suis seulement réaliste. La passion que j'avais pour Stephen est morte depuis bien longtemps et cela fait à peu près autant de temps que nous ne partageons plus la même couche. Je ne suis restée uniquement pour toi, pour mon petit rayon de soleil. Désormais tu as dix-sept ans, tu es majeur et officiellement l'Héritier de la Maison Dubois. Je vais donc pouvoir quitter ton père sans que cela ne se répercute sur toi. »

Olivier se désincarcéra de l'étreinte de sa mère et la regarda ébahi.

« Tu vas renoncer au titre de Lady Dubois ? Mais qu'est-ce que tu vas faire ? Retourner dans le monde moldu ? »

Lady Dubois se mordilla la lèvre inférieure, soudainement mal à l'aise. Elle fit s'asseoir son fils dans le grand fauteuil de velours vert feuille.

« Tu es adulte désormais Olivier. Et il est plus que temps que je sois honnête avec toi. »

Olivier se tétanisa, inquiet. Qu'est-ce qui pouvait mettre mal à l'aise une femme capable de révéler à son fils unique 1) l'existence des bâtards de son époux, 2) son futur divorce sans broncher ?

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Ginny éternua.

Le bruit résonna dans la pièce.

Un grognement lui répondit.

On bougea à la gauche de Ginny, tirant sur la couverture.

La plus jeune Weasley entrouvrit un œil et sourit en voyant les pots suspendus de la salle commune de Poufsouffle. Elle n'avait donc pas imaginé la soirée de la veille !

Ginny sourit, heureuse.

Tout avait commencé lorsque la rouquine avait fait appel au courage de sa maison et avait rejoint les autres étudiantes à la bibliothèque. Elle avait été très intimidée de s'installer à la table des deux septièmes années, surtout que l'une d'entre elles était une Serpentard.

Ses deux aînées l'avaient regardée en silence. Puis Julie Higgs lui avait dégagé un bout de table et Éloïse Midgen lui avait proposé des chocolats avant de replonger dans leurs révisions.

Elles avaient travaillé pendant des heures et Ginny avait pu finir la quasi-totalité de ses devoirs. C'était bien. Elle avait beau adorer ses frères, ils commençaient sérieusement à la saouler ! Ils étaient soit bruyants, soit trop protecteurs, soit gronchons, soit dans leurs mondes.

Une coupure était la bienvenue.

Vraiment bienvenue.

Lorsque le ventre de Ginny avait bruyamment grondé, la Serpentard et la Poufsouffle étaient sorties de leurs transes studieuses.

« Merlin ! Déjà 19 heures ! »

Ginny avait grimacé. Elle n'avait pas vu l'horloge tourner ! Elles avaient toute trois raté le dîner !

« Allez, viens gamine. »

« Ginny », avait déclaré la Gryffondor.

« Cool », avait répondu la Septième année d'un ton blasé en fourrant ses livres dans son sac. « Viens gamine. »

Hésitant à donner un coup de pied à la Serpentard, Ginny avait rassemblé ses affaires et emboîté le pas à ses aînées.

Elle avait fini aux cuisines à manger et discuter avec les deux plus âgées. Elles avaient rapidement évoqué les cours et les profs avant de passer aux ragots. Ginny avait appris plein de choses ! Puis elles avaient dérivé sur d'autres sujets, des Bizzar'Sisters, aux stars de Quidditch, en passant par des astuces maquillages et l'art d'aiguiser les couteaux.

Et sans vraiment comprendre comment Ginny se retrouva dans la salle commune des Poufsouffles, nageant dans un des pyjamas de Pricile Avery, à discuter avec des personnes dont elle ignorait jusqu'au nom quelques heures auparavant.

En plus de Julie et Éloïse, Ginny avait ainsi rencontré Pricile Avery, une des joueuses de Quidditch de Poufsouffle, Joan Midgen, la petite sœur de Éloïse qui abordait fièrement les couleurs de Serpentard. Il y avait aussi Emma, la seule Serdaigle du groupe et seule première année. Étant une cousine de Cédric Diggory, elle s'était installée chez les Poufsouffles pour la durée des vacances afin de ne pas être seule dans son dortoir.

Cédric, unique élève masculin ne répondant pas au nom de Weasley, s'était retrouvé piégé par sa petite cousine aux grands yeux de chaton.

Il s'était laissé peindre les ongles par Emma et Ginny avec un air résigné sous les rires des autres filles. Il ne devait pas être trop vexé, car il était resté avec elles pour regarder un film (magnifique invention moldu que cela ! Ginny était sûre que son père adorerait !)

Ginny tourna la tête. Julie dormant à sa gauche s'était retournée, entraînant une partie de la couette. De l'autre côté Pricile dormait la bouche grande ouverte. Un peu plus loin Emma était serrée contre Cédric. La main de Joan avait fini sur le visage de sa sœur et son pied sortait de sous la couette.

Après le film, ils s'étaient tous endormis dans la salle commune sur des matelas métamorphosés à partir des canapés. Ils avaient dormi en tas. C'était hyper inconfortable. Quelqu'un avait ronflé, Ginny s'était pris un ou deux coups de pieds ou de coude et elle avait passé la nuit à se battre pour la couette.

Pourtant cela faisait longtemps qu'elle s'était autant amusée et qu'elle se sentait si légère.

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« Bonjour Sirius ! »

L'ancien Auror leva la tête de son livre, un excellent roman policier recommandé par sa psychologue lors de leur dernière séance. Dans l'embrasure de la porte de sa chambre se tenait un visage bien connu.

« Bonjour Doc' comment vas-tu ? »

Terence Higgs entra d'un pas sautillant dans la chambre d'hôpital de Sirius. Le gamin de juste 19 ans était techniquement le Médicomage référent du dernier Black bien qu'il n'ait pas fini sa formation. C'était lui qui l'avait ancré dans sa nouvelle époque, qui lui avait permis de se déplacer le temps que ses jambes soient suffisamment solides pour le porter (même si ce foutu fauteuil roulant était une véritable horreur) et c'était grâce à lui qu'il avait rencontré Samantha Fimmel, sa psy.

Le gamin aux courts cheveux châtains avait été le seul point de repère de Sirius lorsqu'il venait de sortir de ses presque douze ans d'absence. L'ancien Gryffondor ne pensait pas dire cela un jour, mais il avait une confiance absolut en un Serpentard.

« Tout baigne ! Tu as déjà rencontré Amanda ? »

Sirius tourna son attention vers la jeune femme qui suivait Terence. Elle était un peu plus petite que lui avec de longs cheveux sombres ondulant légèrement. Elle portait une grosse doudoune, un peu comme celle de Lily à l'époque, ce qui était très étrange dans un hôpital sorcier où le reste des visiteurs étaient en robes longues.

« Amanda, voici Sirius, mon patient favori. Sirius, voici Amanda, la femme de ma vie. »

« Je suis ton seul patient Terence », commenta Sirius avant de tendre sa main à Amanda. « Ravi de faire ta connaissance. Tu as le courage d'une Gryffondor pour supporter cet énergumène. »

« Plutôt la sagesse d'une Serdaigle », sourit-elle en serrant la main de l'ancien Auror.

« Vous avez fini de vous moquer ? » demanda Terence en croisant les bras.

Sirius échangea un regard avec Amanda dont les yeux pétillaient. Ils se tournèrent vers l'ancien Serpentard et répondirent en chœur.

« Non. »

« Mais ! Puisse que c'est ça, je ne te montre pas mon autographe ! »

« Quel autographe ? »

Sirius était curieux. Il l'avait toujours été.

« C'est celui de Krum », annonça Amanda en levant les yeux au ciel.

« QUOI ?! Montre ! » s'exclama Sirius en se levant de son fauteuil.

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« Bonjour Sirius. »

L'ancien Auror crispa les mâchoires en reconnaissant la voix. Il leva lentement la tête de son livre, la suite de l'excellent roman policier recommandé par sa psychologue lors de leur dernière séance. Dans l'embrasure de la porte de sa chambre se tenait un visage bien connu.

« Narcissa », répondit-il sans chaleur.

Sa cousine aux cheveux blonds entra lentement dans la chambre. Son regard argent balaya la pièce, notant les piles de livres sur la commode et les quelques photos dans des cadres.

Cela faisait plus d'une dizaine d'années que Sirius n'avait pas eut le « plaisir » de voir sa cousine. Mis à part un visage plus mature elle n'avait pas changé. Toujours le même air hautain et crispé.

« Que fais-tu ici ? »

« Je suis venue te rendre visite. »

« Le jour de Noël ? Vraiment ? »

La Sang-Pur fronça son nez délicat devant le sarcasme de son cousin. Elle hésita un instant. Mis à part le fauteuil où était installé Sirius, seul le lit pouvait faire office de siège. Sans grande surprise, elle resta debout, ses gants de soie noire serrés sur son sac en peau de dragon.

« Quand sors-tu de l'Hôpital ? »

« Bientôt », déclara Sirius sans développer.

Cela faisait presque 7 mois qu'il avait été « réveillé » de son « coma éveillé ». Il était surprenant qu'il soit encore à Sainte Mangouste. Mais entre la curiosité du corps médical et la ténacité de Terence qui refusait de le laisser sortir tant qu'il ne serait pas remis totalement physiquement et « au moins à 50 % mentalement » (selon les propres dires du médicomage), Sirius avait obtenu le droit de rester ici.

Les derniers examens de Sirius étaient très encourageants et même Samantha était pour une sortie de l'Hôpital et un retour à une routine plus standard.

« Ton ancien appartement a été revendu par ta mère et je doute que la maison du numéro 12 soit habitable. »

« Et ? »

« Tu peux venir au Manoir »

« Non », coupa Sirius. « Non. Je préfère passer 10 ans supplémentaires enfermé dans ma tête plutôt que de partager un toit avec ton époux. »

Un éclat étrange passa dans le regard gris de Narcissa. Sirius ne s'en soucia pas. Il n'avait fait que dire la vérité. Il n'avait jamais supporté Malfoy avec sa tête de thon. Sans parler des idéologies traditionnelles de cette famille qui étaient en oppositions complète avec les valeurs de Sirius.

« Que vas-tu faire dans ce cas lorsque tu sortiras ? » demanda Narcissa avec une certaine tension dans la voix.

« Je suis le dernier Black », s'esclaffa l'animagus chien. « Il y a suffisamment d'or dans les coffres pour que je puisse m'acheter un logement. »

« Tu n'es pas au courant », souffla la sorcière blonde.

« De quoi ? »

« Rien. C'est sans importance. »

Sa réponse trop rapide était suspicieuse et son regard qui esquivait soigneusement le sien l'était tout autant. Que lui cachait-elle ?

« Narcissa. »

« Tu m'appelais Cissy avant… »

Sirius crispa les mâchoires. Il était évident qu'il n'aurait pas dû entendre cela. Narcissa s'était parlée à elle-même, ne sachant pas que l'ouïe de son jeune cousin était plus aiguisée que la moyenne.

Cissy… Depuis ne l'avait-il plus appelé ainsi ? Des années, si ce n'était des décennies. C'était bien avant la guerre. Avant même son entrée à Poudlard. Lorsqu'ils étaient encore jeunes et naïfs, avant que Druella ne formate ses filles pour en faire de parfaites épouses Sang-Pur, avant que Walburga ne tente de faire de Sirius le parfait petit Héritier Sang-Pur.

« Lorsque tu seras sorti », reprit Narcissa, « et te seras installé, envoie-moi ton adresse. »

« Pourquoi ? »

« Je sais que nous ne sommes pas proches Sirius, mais je ne suis pas ton ennemie. Tu es la seule famille qu'il me reste. Et la seule famille maternelle qu'il reste à mes enfants. »

Narcissa pris une profonde inspiration avant de poursuivre.

« J'aimerais que tu les rencontres. »

« Androméda… » commença Sirius.

« N'est pas une Malfoy » coupa la sorcière blonde. « Et n'est plus une Black. S'il te plaît Sirius. »

« J'y réfléchirai », promit l'animagus.

Sa cousine le salua d'un hochement de tête avant de sortir de la chambre d'hôpital à pas lents, comme si elle espaçait qu'il la rappelle.

Les pensées de Sirius étaient bien trop tumultueuses pour qu'il s'aperçoive de ce détail et dans un dernier froissement de tissus il vit l'une de ses dernières parentes vivantes disparaître. Cette visite complètement inattendue l'avait secoué jusqu'à ses plus profondes fondations. Il se sentait vaciller.

Il avait besoin d'aide.

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« Bonjour Mr Black ! »

Sirius sursauta et releva la tête de sa lecture, prêt à engueuler l'étranger venant le déranger. Il en était au meilleur moment ! Quand toutes les pièces du puzzle se rassemblaient et que l'inspecteur résolvait le mystère !

Dans l'embrasure de la porte de sa chambre se tenait une gamine, à peu près de l'age de Terence, avec de courts cheveux roses. Elle avait un sourire un peu crispé et jouait inconsciemment avec le bord de la manche de son manteau d'auror.

« Bonjour… »

« Tonks ! Je suis Tonks. La fille de votre cousine Androméda. »

Sirius écarquilla les yeux.

« La petite Nymph' ?! »

L'auror grimaça à l'entente du surnom, faisant sourire Sirius.

« Entre donc ! Par Merlin, la dernière fois que je t'ai vu tu avais quoi ? Six ans ? Sept ? »

« Huit », grinça l'aurore, ses cheveux virant au rouge cramoisi « C'était en juin 1981. Et vous m'aviez jeté dans l'étang. »

Sirius gloussa.

« Ah oui ! Ta mère m'a frappé avec une poêle après. Et ton père… »

« était absolument mort de rire sur le bord », poursuivit Tonks.

« C'était le bon temps. Je vois que tu es Auror maintenant. C'est dingue. Comment vont tes parents ? Et tutoie-moi. »

La jeune femme hocha la tête. Ses cheveux prirent une teinte bleutée alors qu'elle se laissait tomber sur le lit de Sirius.

« Ils vont bien. Mum voulait passer vous, te voir, mais elle n'a pas eu le temps. Elle a été appelée en urgence au Canada juste après le décès de Walburga, depuis la découverte de ce fossile géant, elle ne fait que passer en coup de vent. Et Da' est submergé par les affaires depuis sa victoire en septembre. »

« Le procès Lockhart ? J'ai vu les journaux. C'est absolument incroyable. Je pensais pas une telle chose possible. »

« Moi non plus. C'est une grande victoire pour tous les Nés-de-Moldus. Bref. Mum a promis de venir dès qu'elle sera rentrée de sa conférence. Mais en attendant elle m'a demandé de passer te voir et de te donner ça. »

Sirius attrapa le paquet tendu par sa petite-cousine. C'était un parallélépipède de quelques centimètres de haut, d'une trentaine de long et une vingtaine de large.

« Tu veux rester manger ? C'est pas extraordinaire, mais ça me ferait plaisir d'apprendre à te connaître petite Nymph' »

« Je suis vraiment désolée. Je suis venue pendant ma pause et le patron va t'arracher la tête si j'y retourne pas rapidement. »

« Ah. Je comprends. »

Sirius eut un léger pincement au cœur. En même temps, qui voulait passer du temps avec un taré enfermé à Sainte Mangouste depuis douze ans ?

« Mais je peux revenir ce soir si tu veux ! Ma coloc est avec son copain et les parents à l'étranger. On ira au resto ! Je connais un pub vraiment cool dans l'allée des Embrumes ! »

Sirius sourit et salua de la main sa petite-cousine alors que celle-ci quittait la pièce, manquant de se manger l'embrasure de la porte.

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« Padfoot. »

Sirius bondit de son fauteuil à l'entente de ce surnom. Il n'y avait qu'une seule personne encore en vie qui connaissait ce secret.

IL était là, dans l'embrasure de la porte. Le pale soleil d'hiver couvrait ses cheveux châtains d'éclats d'or et illuminait ses yeux ambrés. Il portait des habits moldus bien taillés sous un long manteau sorcier. Il adressa un petit sourire maladroit à Sirius.

Abandonnant son livre sur son fauteuil l'animagus se précipita vers son plus vieil ami. Il s'arrêta à un pas de Remus, incertain de l'accueil qu'allait lui faire le lycanthrope.

Ils ne s'étaient pas quitté en bons termes. Jeunes crétins qu'ils étaient (que Sirius avait encore l'impression d'être), ils s'étaient enfermés dans leurs préjudices et avaient imaginé que Remus (Remus !) devait avoir prit le parti de Lord Voldemort tout simplement parce qu'il était un loup-garou.

Personne de l'Ordre n'en avait parlé au jeune Lupin mais celui-ci l'avait apprit, Merlin savait comment. Remus avait alors envoyé baladé le parti de Dumbledore et les Maraudeurs. Sa lettre, la dernière, était écrite d'un ton très sombre. Elle était pleine de vérités blessantes et tous en avait prit pour son grade, des Maraudeurs à Dumbledore en passant par la totalité des membres, à l'exception des jumeaux Prewett.

Plus personne n'avait été capable de retrouvé Remus après juin 1981. Il avait complètement disparu. Le véritable espion avait été démasqué et les Maraudeurs n'avaient eu que leurs yeux pour pleurer la perte de l'un des leurs.

Remus écarta les bras et fit un simple pas. Sirius se laissa tomber dans son étreinte et s'accrocha avec l'énergie du désespoir à Lunard.

« Hey, ça va aller. Je suis là désormais. »

Sirius s'aperçut qu'il était en train de pleurer. Cette réalisation fit redoubler ses larmes.

Dans un petit coin de sa tête Samantha l'encourageait à vocaliser ses émotions même si cela devait passer par une crise de larme digne de son filleul lorsqu'il n'avait pas son biberon suffisamment vite. (Léo était une véritable terreur à un an.)

« Ça va aller », répéta Remus, les yeux humides lui aussi.

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A Gringotts tous les gobelins savaient que Truehammer Te Kal Gornuk était un peu siphonné sur les bords. Après tout il fallait l'être pour trouver plaisir à négocier avec des sorciers, même des Nés de Moldus. Mais bon, on le respectait quand même grandement. Il était un puissant guerrier, certains de ses clients étaient trèèèès riches et il savait faire fructifier ses affaires de manière magistrale.

C'était pour toutes ces raisons que les Shamans et Forge-Runes s'étaient exécutées avec célérité et application lorsqu'il avait fait appel à eux. FizzBottom Ti Nek Lilmi avait haussé un sourcil devant la requête des clients de Truehammer Te Kal Gornuk. Avoir un arbre généalogique enchanté par leur peuple coûtait cher, trèèèès cher. Alors deux ! Mais bon, les clients de Truehammer Te Kal Gornuk étaient trèèèès riches…

La Forge-Rune avait fait appel à son Apprentie, Grandmask Til Nek Klyxmakle ainsi qu'à une paire de Shamans avec qui elle avait l'habitude de travailler. Gigacrook Te Alz Grashze était un maître shaman très vieux mais très compétent. Crafvolt Tel Alz Wazgak était son seul et unique Apprenti de toute la longue vie du vieux maître et donc son Héritier. Le gamin était grande-gueule et souvent hautain, mais il puait la compétence et la capabilité à des lieux à la ronde.

Ensembles, suivant un rituel ancestral, le quatuor avait chanté, forgé, gravé. Sous leurs magies combinées étaient nés deux tapisseries – si seulement un objet avec tant de métal en lui pouvait être nommé tapisserie – gravées l'une au nom des Potter, l'autre au nom des Black et remontant jusqu'aux parents du premier être magique fondateur de la Maison.

« Tes commandes sont terminées Truehammer Te Kal Gornuk », annonça Lilmi de sa voix rauque et cassée. Les fumées des Grandes Forges ne pardonnaient pas la moindre erreur.

« Tu m'en vois fort satisfait, FizzBottom Ti Nek Lilmi. Je suppose que tout est parfait, comme d'habitude. »

« Évidement. Même pour des sorciers, je mets tout mon cœur à l'ouvrage. Jamais ma main ne tremble, ma voix ne flanche ou ma magie ne faiblit. Je suis une Maîtresse Forge-Runes. »

« Évidement », répondit Gornuk en prenant une gorgée d'hydromel sans se départir d son horripilant sourire en coin. « Et sinon, quel âge va avoir ton apprentie, Grandmask Til Nek Klyxmakle ? »

« Son premier Printemps de Cristal approche. Il aura lieu dans treize chants de Pierre. Pourquoi ? Tu serais intéressé ? »

Seul le sourire plein de dents de Truehammer Te Kal Gornuk répondit à Lilmi. Cela lui suffit. La Maîtresse Forge-Runes s'était toujours refusée à prendre un compagnon à ses Printemps de Cristal et ce malgré les prétendants qui se battaient pour elle. Lilmi n'avait qu'un Amour, son travail de Forge-Runes.

Mais Klyxmakle n'était pas pareil. Sa petite Apprentie était douée dans son travail, riche et belle. Le sang allait couler pour elle. Surtout si Truehammer Te Kal Gornuk décidait de gagner sa main. Et connaissant Klyxmakle, si jamais Gornuk éliminait ses adversaires et parvenait jusqu'à elle, la petiote se laisserait enlever sans rouspéter.

Le Maître de Guerre salua sa compatriote et quitta le bureau de la Maîtresse Forge-Runes, laissant la gobeline seule dans ses pensées. La société gobeline était violente et dominée par les arts de la guerre. Ils étaient longtemps été des barbares, pilleurs et destructeurs avant de s'intéresser à l'Argent. Leur passé influait encore et toujours leurs mœurs et cultures. À ceci près que contrairement aux temps anciens, si la dame ne voulait pas de son prétendant, elle pouvait refuser sa proposition voire lui ratatiner le museau s'il était un peu trop insistant.

Bah, Klyxmakle était grande, elle pouvait choisir toute seule si elle voulait d'un compagnon. Et puis, juste au cas où, Lilmi lui donnerait quelques cours de maniement du marteau de guerre avant son Printemps de Cristal.

Juste au cas où.

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Ronald Weasley sourit.

Une jolie pile de cadeaux était posée au pied de son lit. Il ouvrit rapidement les plus petits, trouvant divers confiseries et chocolats envoyés par ses amis et camarades de dortoirs. Il lut aussi avec applications les cartes reçues avant de se tourner vers les trois derniers paquets, les trois plus grands.

Le premier fut sans grande surprise le pull de sa mère. Rouge avec un grand « R » noir brodé à l'avant. Ron l'enfila. Même si ce n'était pas quelque chose d'incroyable, il aimait ces pulls. Ils avaient cette odeur rappelant la maison et l'amour de ses parents. C'était pas un cadeau onéreux, mais Ron l'adorait.

Le second paquet était une grande boite rectangulaire assez lourde. Ron était intrigué. Il déchira le papier et découvrit une boite en bois close par de délicats fermoirs argentés. Il l'ouvrit, se demandant qui lui avait envoyé cela.

L'expéditeur fut évident lorsqu'il vit le contenu de la boite.

Un jeu de xiangqi. Le plateau était posé au centre et les pions soigneusement rangés dans de petits compartiments sur le côté.

Ron caressa le bois poli du plateau d'un geste révérencieux avant d'attraper le parchemin plié en deux.

Prépare-toi, je serai sans pitié.

Ron sourit. Su lui avait appris à jouer au xiangqi l'an passé. Le Gryffondor avait beau être excellent aux échecs, il peinait à appréhender toutes les subtilités de ce jeu de stratégie asiatique. C'était à la fois très similaire et complètement différents.

Jouer contre Su était terriblement frustrant et incroyablement stimulant.

Il avait hâte qu'elle revienne pour l'affronter à nouveau.

Ron referma la boite et la posa délicatement sur son lit avant d'attraper le dernier paquet. Plus léger que le jeu d'échec chinois, il était pourtant plus grand.

Le Gryffondor l'ouvrit, trouvant sous le papier cadeau une boite de carton. Ron jura en voyant le contenu.

Un masque de porcelaine blanche lui faisait face. Les lèvres rouges étirées en un sourire empli de mystère et les arabesques argentés encadrant les yeux étaient les seules touches de couleurs sur le visage. Celui-ci était surplombé d'une coiffe de velours noir décoré de vrilles et étoiles argentées d'où s'échappaient de multiples plumes, certaines rouges, d'autres noires et les dernières blanches.

L'ensemble était magnifique.

Un masque digne d'un vainqueur. H&L

Ron sourit en lisant la carte. Il n'était pas certain de pouvoir gagner le Grand Tournoi d'échecs cette année, mais il comptait bien s'inscrire dans le top 3 !

Mais pour cela il devait s'entraîner.

Et en parlant de s'entraîner, la cadette Diggory l'attendait à 10 heures, à la bibliothèque pour une partie !

Ginny lui avait présenté la Serdaigle de première année quelques jours auparavant. Emma Diggory était une véritable menace sur un échiquier. L'affronter était très amusant. Contrairement à la majorité des personnes avec qui il jouait, il n'était jamais certain de l'issue du match avec la bleue et bronze !

Attrapant le pull de sa mère et ses habits propres, Ron fila dans la salle de bain. Il avait une grosse heure pour se préparer, manger un morceau, signer la carte pour ses parents avant de devoir rejoindre la bibliothèque.

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Hagrid travaillait à Poudlard depuis très longtemps. Depuis ses onze ans d'une certaine façon.

L'École était devenue son refuge après la mort de son père puis sa maison après son renvoi (aussi paradoxale que ce soit).

Depuis ses onze ans il avait vécu de très nombreux Noëls à Poudlard. Rares étaient les vacances où aussi peu d'élèves restaient à l'école. Cette année ils étaient dix en tout et pour tout. Et la moitié d'entre eux étaient des Weasley.

Cela avait assuré des journées très calmes. Même les jumeaux Weasley n'arrivaient pas à troubler la quiétude de l'École enfouie sous son épais manteau de neige.

Hagrid lançait une balle à Crocdur qui courrait comme un dingue dans la neige. Le molosse aimait se rouler dans la poudreuse et il ne rechignait pas à faire un peu d'exercices de temps en temps.

Un tintement attira l'attention du Demi-Géant. Quelqu'un était à la Porte de l'École.

Hagrid fronça les sourcils. Il ferma les yeux et se concentra. Être le Gardien des Clés de Poudlard n'était juste un joli titre. Cela avait une signification plus profonde que tous ignoraient à l'exception du Directeur et son Adjointe.

Les Barrières répondirent à la question de Hagrid.

Ami. Protégé.

Ah. Un protégé. Un élève du coup. Hagrid récupéra la balle que Crocdur venait de poser à ses pieds. D'un petit geste de bras, il la renvoya en direction de l'école avant de tourner les talons, prenant la direction du portail.

« Bonjour Hagrid. »

« Le p'tit Dubois ?! Tu rentres déjà ? »

Le Gryffondor offrit un sourire terriblement factice au Gardien.

« Oui. Problèmes personnels. »

Hagrid hocha la tête.

Il en avait vu passé des élèves qui avaient des « problèmes ». Il leur ouvrait toujours les portes de l'École. Poudlard était un asile pour ceux le demandant. Hagrid voulait aussi garder les portes ouvertes l'été pour ceux le nécessitant réellement. Mais il n'avait toujours pas réussi à convaincre le Directeur. (C'était le plus gros contentieux qu'il avait avec Albus Dumbledore.)

« Entre donc. Poudlard est et sera ta maison aussi longtemps que tu le nécessiteras. »

C'était des paroles traditionnelles qui avaient perdu beaucoup de sens pour beaucoup de gens depuis des années. Seuls Hagrid et Poppy Pomfresh continuaient d'y croire, de les respecter et de les appliquer.

Olivier Dubois sourit, de façon un peu plus réelle avant d'entrer sur les terres de l'École, franchissant les Barrières protectrices de Poudlard.

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Olivier gloussa.

Percy, allongé sur le sol ricana à son tour.

Ils étaient complètement ivres.

« Comment on en est arrivé là ? », demanda-t-il à voix basse.

« Tu m'as traîné dans les cachots de Snape moins de deux heures après mon retour à Poudlard », commenta Olivier avec un rien de sarcasme.

Le Préfet de Chef l'injuria à voix basse.

« Tu es sûr de vouloir le faire ? »

« Je suis absolument certain de ne PAS vouloir le faire. Mais a-t-on vraiment le choix ? »

Percy ricana. Non, ils n'avaient pas le choix. Ni lui, ni Olivier.

Il était temps qu'ils soient honnêtes l'un avec l'autre. Enfin. Percy devait être honnête avec son meilleur ami. Et si de son côté Olivier voulait alléger le fardeau qui pesait sur ses épaules depuis qu'il était revenu à Poudlard, le Préfet lui prêterait une oreille attentive.

"Prêt ?"

"Autant que faire se peut."

Heureusement que Percy savait où les Serdaigles planquaient leurs alcools forts. Il avait vraiment besoin de courage liquide pour vider son sac.

"Alors c'est parti."

Percy verrouilla la porte du cachot d'un geste de baguette. Ici ils ne seraient pas dérangés par quiconque. Pas même par les jumeaux. Severus. By Jove, il en était à appeler la terreur des cachots par son prénom… Bref, Severus lui avait donné l'accès à ce cachot complètement incartable et impossible à trouver par ceux en ignorant l'existence. Ce n'était pas un Fidelitas, mais cela s'en rapprochait.

Bref. Ils seraient peinards pour dévoiler les tréfonds de leurs âmes.

« Moi, Olivier Dubois Peredhel jure de garder les secrets que Perceval Weasley me révélera aujourd'hui », jura le Capitaine de Quidditch.

Un ruban de magie s'éleva de ses mains et serpenta dans les airs avant de plonger dans la poitrine de Percy. La magie étrangère et inconnue était chaude et sentait de foin coupé. C'était relaxant.

Dans la pénombre du cachot les yeux d'Olivier luisait d'une lueur dorée.

« Pourquoi es-tu aussi distant depuis cet été ? Et pourquoi ton état ne cesse de se dégrader ? »

« Je… »

« N'essaye pas de dire que tu vas bien Perce. Tes cernes ont des cernes. Tu as l'air d'un cadavre pas frais. »

Percy grimaça. Olivier avait tendance à être très brut de décoffrage lorsqu'il avait un coup dans le nez.

« Je vois des choses qui n'existent pas. Je rêve d'une vie qui n'est pas la mienne. Et parfois j'agis sans m'en rendre compte ou en garder souvenir. »

Olivier jura.

« Depuis cet été ? »

« Oui. Depuis l'Égypte. Mais ça empire en ce moment. J'en suis arrivé à un point où les blessures subites dans mes rêves apparaissent sur mon corps à mon réveil. »

« Perce… »

« Je suis complètement fou Oliv' et ma magie est en train de me tuer. »

Un silence pesant s'installa. Allongé sur les dalles irrégulières, Percy suivait des yeux les fissures du plafond.

« je pense… Je pense que ta magie veut te dire quelque chose. Et que tant que tu ne sauras pas quoi, tes crises seront de plus en plus violentes. »

« Tu n'imagines pas à quel point c'est perturbant Olivier. Je vois des choses et des gens que je ne connais pas. Des lieux à des certaines de kilomètres et des évènements qui n'ont jamais eut lieu. »

« Peut-être est-ce un aperçut du futur. Ce sont peut-être des souvenirs de ton futur toi. »

Percy fronça les sourcils. Cette phrase était bizarre.

« Je pense pas. Ce ne sont pas mes souvenirs. Pas même ceux d'une future version de moi. »

« Alors de qui ? »

« Philip Mortimer. »

« Jamais entendu parler. »

« C'est un savant Moldu. Brillant. Trop sarcastique pour son propre bien. Avec une fâcheuse tendance pour se mettre dans le pétrin. »

« Ah. »

A taton Percy attrapa la bouteille de Ice Vodka, un alcool russe ramené par un des camarades de Pénélope. Il en but deux longues gorgées après s'être redressé sur les coudes.

« Et toi, pourquoi être revenu aussi vite à Poudlard ? »

« Je ne pouvais pas rester chez moi, sans quoi j'aurai tué mon père et ma mère. »

Percy grimaça. Olivier aussi. La vérité était brutale.

« C'est violent. Pourquoi ? »

« Mon père est un connard infidèle. Et ma mère… elle m'a menti toute ma vie. »

« Hum ? »

« Elle n'est pas humaine. »

« QUOI ?! » cria Percy en se redressant brusquement.

Olivier, assis en tailleur, appuyé contre le mur, esquiva le regard du préfet. Ses doigts se serraient nerveusement sur le col de sa bouteille de Whisky.

Percy sentit ses lèvres s'étirer malgré lui. Un gloussement hystérique lui échappa.

« Un mort en sursit qui se fait bouffer par sa seconde personnalité et un demi-sang qui s'ignore se torchent la gueule dans un cachot. On dirait le début d'une mauvaise blague », parvint-il à prononcer difficilement entre deux rires.

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Percy était malade. Il devenait fou et personne ne pouvait rien y faire. Le professeur Rogue et Su lui avaient dit que rien ne clochait avec lui. Rien de magique en tout cas. Et pourtant, il perdait la boule.

Percy avait 17 ans depuis plusieurs mois et c'était les vacances de Noël. Leur père avait plusieurs dossiers épineux à gérer en même temps et leur mère était partie voir la vieille Tante Muriel qui n'allait vraiment pas bien. Du coup lui et ses frères étaient restés au château.

Ils n'étaient pas nombreux cette année à être restés. A peine une poignée.

Olivier était revenu à peine deux jours après être parti. Il avait été témoin de l'effondrement de son monde, de l'abandon de sa mère et de la déchéance de son père. Tout ce sur quoi il s'était construit était parti en fumée.

Au final, Percy et lui se retrouvaient dans le même bateau. Naufragés perdus dans une mer de sable mouvant, ils n'avaient finalement plus grand choses à quoi se raccrocher. Ils avaient vidé plusieurs bouteilles de Whisky Pur Feu et autre alcools forts cet après-midi-là.

C'était le Préfet en Chef qui avait lancé l'idée de sortir se vider la tête. Olivier avait immédiatement accepté. Ils avaient fait le mur et filer à Pré-au-Lard. Ils étaient pompettes et la tête emplie de bêtises. Se servant des rêves qui emplissaient sa tête, Percy avait transformé leurs vêtements sorciers en habits moldus. C'était en jean et veste en cuir que les deux sorciers avaient débarqué dans la boite de nuit en plein cœur de Londres. Ils n'avaient pas le moindre argent, étaient encore mineurs et ne marchaient plus vraiment droit, mais ils étaient entrés et avaient dansé et avaient bu. Beaucoup.

Trop peut-être.

Certainement trop.

Il dansait. Il dansait, complètement immergé dans la musique. Ou bien il ne dansait pas. Il ne savait plus vraiment. Il bougeait, cela était certain. Bras, jambes et tête en mouvement, saccades dures au rythme de la musique. Les battements sourds de la batterie et les cris des guitares se mêlaient sous les mains expertes du DJ.

Autour de lui d'autres gens dansaient. Ils étaient nombreux. Ils remplissaient les salles. Dans la semi-pénombre les spots de lumière et les fumigènes renvoyaient une image tremblante et illusoire de la foule.

Face à lui, il y avait cette grande blonde. Elle dansait, seule dans son monde, ses magnifiques yeux saphirs mi-clos. Elle avait un débardeur noir et un jean taille basse laissant apercevoir une partie de son dos. Elle était mignonne. Vraiment mignonne. Son visage fin au nez pointu était familier, mais il ne parvenait pas à savoir où il l'avait déjà vu.

Bah ! Cela n'avait aucune importance.

Rien n'avait plus d'importance.

Il était fou.

Il était ivre.

Il était libre !

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