Le Pacte des Trois

Harry Potter - J. K. Rowling
Gen
G
Le Pacte des Trois
Summary
Suite de "Potter, menteur et Nécromanciens". Les jumeaux se préparent pour leur troisième rentrée à Poudlard. Mais avant cela l'été s'annonce chargé. Harry n'avait pas imaginé que Léo et lui changeraient tant de choses, volontairement ou non.
All Chapters Forward

Retour à Poudlard

Retour à Poudlard

o

**blabla** : langue des signes

blabla : pensée

blabla : extrait journaux et/ou lettres

oOo

o

oOo

Léo officiellement Potter, officieusement Black, regardait le paysage défiler sans vraiment le voir. Tout était noyé dans un océan de vert et de brun. Il était de toute façon bien trop plongé dans ses pensées pour en profiter.

Sa rencontre avec Sirius Black avait bien plus perturbé Léo que ce à quoi il s'attendait. Le jeune Serpentard avait été heureux de voir son parrain. Mais il avait été gêné par les ombres qui obscurcissaient régulièrement les iris de l'homme.

Léo et Harry avaient passé un long moment avec Sirius, à discuter de tout et de rien, de la maison et de Poudlard, de leur nouvelle famille et de leurs amis. Ils n'avaient jamais évoqué la famille de Sirius, la Guerre ou l'attaque du 31 octobre.

Les jumeaux avaient également soigneusement évité le sujet de la gérance de la Famille Black. Sirius ne savait pas que son « mignon petit Bambi » était le nouveau Lord Black. Et plus longtemps il l'ignorerait, mieux cela vaudrait pour les jumeaux et leurs plans. Que Sirius pense que les Black étaient morts avec Walburga. Léo s'occuperait de ses petites affaires en coulisses jusqu'à ce que le rideau se lève.

Et puis pour être parfaitement honnête, Léo ne savait pas comment réagirait Sirius à la nouvelle. Harry lui-même l'ignorait. Il avait toujours eu du mal à anticiper les réactions de SON Sirius, alors avec celui-ci… Un Sirius qui n'avait pas vécu Azkaban mais une épreuve tout aussi horrible, si ce n'était pire. L'homme flirtait avec la folie. Comme Bellatrix ou même Narcissa.

Plus que la douleur, la consanguinité avait fait des ravages chez les Sangs Purs.

C'était quelque chose que Draco avait toujours refusé de voir, mais sa nouvelle vie l'avait obligé à ouvrir les yeux sur cette réalité. L'apport de sang neuf, surtout dans une société aussi fermée que celle des Sorciers était nécessaire. Léo le savait. Il ne s'était jamais senti aussi puissante que depuis qu'il était devenu le fils de Lily Potter née Evans. Plus puissant… et plus équilibré mentalement aussi.

La Société Magique Anglaise était moribonde. C'était désormais une certitude pour le nouveau Lord Black. Il fallait que les choses changent. Léo fit tourner entre ses doigts la petite amulette de chance que lui avait offert Victoria Frobisher pour ses douze ans. C'était un tic qu'il avait lorsqu'il réfléchissait. Harry le lui avait fait remarqué en riant peu avant leur anniversaire.

Léo était désormais Lord Black. Il avait le pouvoir et l'influence qui allait avec. Son siège au Magenmagot était resté inoccupé depuis la mort de Orion Black. Mais dès qu'il le pourrait, dès ses quinze ans, Léo l'occuperait. Et il en faisait la promesse, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour faire bouger les choses et sauver son monde. Entre son talent naturel et ses alliances politiques, il y parviendrait !

oOo

Confortablement allongée, la tête posée sur les jambes de Harry, Su lisait un épais rouleau de papier de riz jaunis et craquelant. Sa grand-mère le lui avait donné en lui ordonnant d'apprendre tout son contenu par cœur. Elle devait le connaître sur les bouts des doigts et savoir le réciter à la virgule près.

Su n'avait jamais vraiment su ce qu'elle voulait faire de sa vie. Puis il y avait eu la possession de Ginevra Weasley et la révélation de Harry sur la suivie de Voldemort. Depuis lors la jeune Serdaigle avait pris sa décision. Elle apprendrait les techniques familiales ancestrales et prendrait la suite de sa grand-mère pour devenir une Exorciste et aider ses amis dans leurs combats.

Zǔmǔ avait accepté de lui enseigner. Su avait passé l'été à apprendre auprès de son aïeule. Cela n'avait pas été facile, loin de là. La Grand-mère était exigeante, mais elle avait ses raisons. Être une Exorciste était dangereux. Les yōkai n'étaient pas toujours bienveillants. Certains étaient même franchement dangereux.

Il en existait une grande variété. Certains étaient même connus des moldus. Parmi ceux-ci, Su pouvait nommer les yōkai animaux comme les Tanukis, les serpents, les araignées et les chiens. Il y avait également des Yokai humanoïdes.

Le plus connu était l'Oni, une sorte d'ogre descendant des montagnes, ayant une peau rouge, bleue, marron ou noire, deux cornes sur la tête, une large bouche remplie de crocs et qui seulement revêtu d'un pagne en peau de tigre. Il portait souvent un kanabō en fer ou une épée géante. Les oni étaient la plupart du temps décrits comme des êtres démoniaques dans les récits folkloriques moldus, mais ils pouvaient occasionnellement personnifier une force naturelle ambivalente. Celui que Su avait rencontré avec Zǔmǔ avait été très sympathique et avait partagé la cérémonie du thé avec elles.

Les cousins des Onis étaient les Tengus. Ressemblant quelque peu aux gobelins, ils avaient plusieurs pouvoirs surnaturels et des connaissances particulièrement poussés en arts martiaux. C'étaient des démons extrêmement dangereux, rusés et cruel. Mieux valait ne jamais avoir affaire à eux.

D'autres yokai étaient des humains ordinaires à l'origine. Ils avaient été transformés en quelque chose d'horrible, de grotesque à cause d'un état émotionnel extrême ou d'une malédiction des dieux. La dernière catégorie était, aux yeux de Su, les plus amusants. C'était les tsukumogami, des objets domestiques prenant vie lors de leur centième anniversaire. Il y avait des sandales de paille, des lanternes en papier, des vieux parapluies et même des bouilloires ! À quand l'horloge de grand-mère ?!

Lorsque Su connaîtrait tout des Yokai, leurs noms, origines, aliments favoris, alors à ce moment-là, et seulement à ce moment-là, elle pourrait, sous la surveillance de Zǔmǔ, essayer de prendre contact avec un Yokai. Peut-être un esprit protecteur des rizières ou des foyers. La grand-mère déciderait.

De toute façon, Su avait encore du boulot avant d'en être là.

oOo

Harry, les yeux dans le vide, son casque audio fermement fixé sur son crane, ACDC à fond dans les oreilles laissait ses pensées vagabonder. Jusqu'à présent le voyage s'était très bien passé. Pas de pluie, pas d'arrêt anormal, pas de Détraqueurs. Pas de Remus Lupin non plus d'ailleurs… En même temps, Dumby n'avait aucune raison de l'appeler étant donné que Sirius ne s'était pas évadé d'Azkaban…

Si Remus n'était pas là, il ne rencontrerait jamais Tonks. Et le petit Teddy ne viendrait jamais au monde ! Foutu effet Papillon.

Distraitement, le Poufsouffle jouait avec une mèche des très longs cheveux de Su. Son amie le prenait pour un oreiller depuis le début du voyage.

Peut-être que cette année, il pourrait avoir une scolarité tranquille. Sans monstres, sans Voldy, sans fous furieux… Tranquille. Juste les études, les amis, les sorties à Pré-au-lard et le Quidditch. Mouais. Enfin… Si les magouilles des jumeaux réussissaient, la fin d'année serait marquée par le passage des BUSEs de Runes et Sortilège pour Harry et de Métamorphose pour Léo.

Cela allait être fun. Surtout la tête des examinateurs lorsqu'ils verraient débarquer deux gamins de treize ans. Harry laissa échapper un ricanement tandis que dans ses oreilles, ACDC laissait place à Suzette de Dany Brillant.

oOo

Se rasseyant après avoir acheté un paquet de Dragées surprises, Mili jeta un coup d'œil dans son compartiment et sourit. Blaise était allongé de tout son long, shooté aux somnifères, les jambes dans le vide et la bouche ouverte. Léo avait quitté son observation de la fenêtre et lisait désormais un épais bouquin de cuir rouge dont le titre commençait par « Lord o… ». Harry, perdu dans ses pensées, écoutait sa musique en laissant parfois échapper un ricanement diabolique et flippant. Su apprenait par cœur un pavé écrit en idéogrammes et squattait les jambes de son ami.

Leur Quintet ne collait pas franchement aux habitudes des étudiants de troisièmes années, piailleurs et bruyants qui jouaient aux cartes en braillant et qui échangeaient souvenirs et photos de vacances.

Non, ils n'étaient pas comme les autres.

Mais c'était cool et Mili ne changerait cela pour rien au monde.

oOo

Flora était tendue. Ses entrailles étaient nouées depuis qu'elle avait franchis les grandes portes du Hall et depuis lors, la jeune fille était tendue comme la corde d'un arc. Elle savait, sans même la regarder que sa jumelle était dans le même état qu'elle.

Tentant de calmer son stress montant Flora repensa aux conseils de son père. Elle n'avait rien fait de mal et n'avait rien à craindre. Le sang ne faisait pas tout, loin de là. L'important était de faire bonne impression et de rester calme dans toute circonstance.

Flora sentit une main se poser sur son épaule et sursauta assez violemment. Elle se retourna et vit la mine inquiète de Anna. La jeune Née-de-Moldus avait fait la rencontre des jumelles dans le train et avait immédiatement sympathisé.

« Ça va aller ? »

Flora hocha doucement la tête en offrant un tout petit sourire à sa nouvelle amie. Elle avait l'impression que si elle ouvrait plus la bouche, l'angoisse allait la faire vomir.

L'arrivée des fantômes et la chanson du Choixpeau ne permit pas à Flora de se détendre. Au contraire, elle commença à trembler sous le stress et la peur.

Les premiers élèves furent appelés et répartis. L'ambiance était festive, les applaudissements résonnaient sous le ciel enchanté.

« CARROW, Flora ! »

Tremblant sur ses jambes, la première année s'installa sur le tabouret. Elle n'aperçut pas le sourire encourageant du Professeur Mcgonagall. Elle se concentrait uniquement sur les portes de la Grande Salle et le nœud de bois en forme d'étoile qu'il y avait sur l'un des battants. Cependant, malgré toute sa volonté pour ne pas regarder les élèves, Flora vit les visages fermés et les reflets haineux dans les prunelles des plus âgés.

Lorsque le Choixpeau lui tomba sur les yeux Flora maudit une énième fois les aînés de son père.

oOo

« Je suis heureux d'accueillir parmi nous deux nouveaux enseignants. Tout d'abord le professeur Lupin qui a bien voulu se charger des cours de Défenses contre les Forces du Mal. »

Il y eut quelques applaudissements plutôt tièdes. Forcément, après le génialissime Professeur Brook, les attentes des étudiants étaient très hautes. Les élèves craignaient d'être déçus et de retrouver des bouses comme Lockhart, Quirrel ou même Al'Raloff que Neville avait dû supporter lors de sa première année.

Cependant certains élèves applaudirent de bon cœur. Parmi ceci, le quatrième année remarqua qu'il y avait les jumeaux Potter. Neville s'interrogea vaguement sur enthousiasme de ses amis d'enfance mais relégua cette pensée au fond de son esprit dans la boite déjà bien pleine, regroupant les bizarreries Potteriennes.

Remus Lupin était un homme mince et sec. Ses yeux ambrés étaient soulignés de larges cernes bleuâtres. Ses cheveux châtains aux reflets miels à la lueur des bougies étaient ébouriffés. Neville lui trouvait l'air d'un homme qui vient de passer la nuit à faire la fête…

Son long manteau noir à l'encolure finement brodée de fils pourpre étaient entrouverts sur une chemise gris perle et une cravate noire tout ce qu'il y avait de plus moldu. Cela fit sourire Neville.

« Hey, regarde Snape », souffla Dennis à Neville.

Le beau-père de Neville, même si personne ne le savait parmi les élèves, regardait fixement Lupin. Il était de notoriété publique qu'il briguait le poste de DCFM mais même Neville (qui commençait à franchement bien connaître Severus) fut surpris de l'expression de son visage. Plus que la colère, c'était le dégoût qui déformait les traits de son visage maigre et pale.

« Quant à la seconde nomination », reprit Dumbledore lorsque les applaudissements se furent évanouis, « je dois d'abord vous informer que le professeur Brulopot qui enseignait les Soins aux Créatures Magiques, a pris sa retraite afin de pouvoir préserver les derniers membres qu'il lui reste. »

Neville laissa échapper un petit « Oh ! » désappointé. Il aimait beaucoup le vieux Professeur. Silvanus Brûlopot était excentrique, sympathique et aimé des élèves. Il est passionné des créatures magiques, mais il avait eu tendance tout au long de sa carrière à sous-estimer les créatures les plus dangereuses comme le Crabe de Feu ou l'Occamy. La dernière fois que Neville l'avait vu, en juin dernier, il ne lui restait qu'un bras et la moitié d'une jambe. Tout le reste était constitué de prothèses enchantées.

« Je suis cependant ravi de vous annoncer que cette discipline sera désormais enseignée par Rubeus Hagrid qui a accepté d'ajouter cette nouvelle responsabilité à ses fonctions de garde-chasse. »

Neville, Dennis et Svetlana échangèrent un regard stupéfait puis ils se joignirent avec enthousiasme aux applaudissements tumultueux qui accueillirent la nouvelle, en particulier à la table des Lions. Le Quatrième année se pencha pour mieux voir Hagrid : le teint écarlate, les yeux baissés sur ses énormes mains, il avait un large sourire qui dissimulait sa barbe noire et hirsute.

« On aurait pu s'en douter », s'exclama Dennis en frappant du poing sur la table. « Qui d'autre aurait pu nous faire acheter un livre qui mord !? »

Lorsque Dumby reprit la parole, les trois amis remarquèrent que Hagrid s'essuyait les yeux avec un coin de nappe.

« Je crois vous avoir dit l'essentiel », conclut Dumby. « Que le festin commence ! »

oOo

« Les Carrow ont tué mes oncles ! »

« Bordel Olivier ! Elles, elles n'y sont pour rien ! », s'écria Percy, sérieusement fatigué par toute cette histoire.

« Alecto et Amycus Carrow… »

« Ne sont pas HESTIA et FLORA Carrow », coupa Percy. « Bon sang, mais écoute-toi, on dirait un… un… J'ai même pas de terme pour décrire ça poliment ! Tu mets les gosses dans le même sac que leurs oncle et tante ! Réveille-toi Olivier ! Elles n'étaient même nées quand les mangemorts ont attaqué ta famille ! La gamine en bas qui vient de s'effondrer en larme dans les bras de Longdubas est INNOCENTE du crime dont tu l'accuses ! »

« C'est une… »

« Ne finis pas cette phrase Dubois », menaça Percy la main crispée sur sa baguette. « Tu ne veux pas écouter ce que j'ai à te dire, soit. Mais réfléchis juste à cela. Ma grand-mère était une Black. Bellatrix Lestrange est née Black. Si elle est coupable, en suivant ton raisonnement, je suis coupable également, car nous somme liés », déclara très froidement et très calmement Percy avant de sortir du dortoir et de dévaler les escaliers.

Olivier l'avait franchement mis sur les nerfs. Ça lui donnait envie de frapper quelqu'un. Dans la Salle Commune, il ne restait plus que Neville avec la petiote de première année dans les bras. Lorsqu'il s'approcha, Percy s'aperçut que celle-ci, les joues encore humides de larmes dormait, calée contre l'Héritier Longdubas.

« Comment va-t-elle ? », demanda le Préfet en Chef à voix basse.

« Épuisée et à bout de nerfs. Tu as accès au dortoir des filles ? »

« Non. Pourquoi j'aurais… ? »

« Préfet en Chef. Ça ne m'arrange pas du tout. La petiote s'est endormie sur moi et je peux pas aller la mettre dans son lit. »

Percy leva les yeux vers l'horloge murale de la Salle Commune. A peine 10 heures. Pour un retour de vacances les gens étaient vraiment allés se coucher tôt.

« Svetlana ne peut pas… »

« On s'est engueulé à propos des Carrow. »

« Toi aussi », soupira Percy. « Bon, tu penses pouvoir la porter ? »

Neville hocha la tête avant de se redresser. Percy l'aida à installer Hestia sur son dos avant de faire signe au quatrième année de le suivre.

Puis qu'aucun d'eux ne pouvait aller coucher la petiote dans son dortoir, qu'il était hors de question de la laisser dormir seule dans la salle commune et que les canapés étaient beaucoup trop désagréables pour y dormir, Percy allait improviser.

Le rouquin aux lunettes en écailles de tortue quitta la Salle Commune et prit la direction du Hall. Il s'arrêta devant un tableau représentant une jolie nymphe accompagnée par une biche et murmura doucement le mot de passe.

Les Préfet et Préfète en Chef s'investissaient beaucoup plus que les « simples » préfets. Ils patrouillaient un peu plus et surtout devaient gérer les autres préfets, établir les rondes et participer aux réunions pédagogiques. Ils passaient donc beaucoup de temps hors de leurs dortoirs et rentraient régulièrement largement après le couvre feu.

Afin d'éviter de déranger tout leur dortoir à chaque fois, les Préfets en Chefs avaient chacun une chambre particulière à proximité du Hall. C'était là que Percy avait emmené Neville et sa charge.

Les deux garçons déchaussèrent l'enfant avant de l'allonger sous la couette. Sa robe serait toute froissée le lendemain, mais cela n'avait aucune importance.

« Je suppose que tu restes là ? » demanda Percy à Neville.

« Vaut mieux qu'elle retrouve un visage amical demain, au lieu d'une pièce inconnue. »

« Je me doutais que tu dirais ça », sourit Percy.

Il transforma le large fauteuil présent dans la pièce en matelas avant de changer les coussins en couvertures.

« Et voilà. »

« Merci. Et toi ? » s'inquiéta Neville.

« Je vais faire une ronde dans le château et après je me débrouillerais, t'inquiète pas », répondit Percy avant de quitter la pièce.

Poudlard était un château magnifique, plein de couloirs et d'alcôves. Après avoir fait sa ronde, le rouquin s'installa dans un petit renfoncement et observa par la fenêtre le parc à la lueur de la Lune.

Glissant la main dans son col, Percy en ressorti une chaînette d'argent au bout du quel pendant un petit scarabée de jade. Le pendentif lui avait été donné durant son voyage en Égypte par un vieil homme alors que la famille Weasley visitait le souk magique du Caire. L'homme avait fourré le bijou dans la main de Percy avant de disparaître dans la foule.

Le Gryffondor n'avait pas compris pourquoi l'homme lui avait donné ce pendentif. Il n'avait pas eu le temps de lui demander.

Faisant machinalement rouler le scarabée entre ses doigts Percy replongea dans ses souvenirs d'été. Lorsque le port-au-loin International s'était posé en Égypte, une sensation de malaise diffus avant envahis Percy. Ce sentiment n'avait cessé de grandis jusqu'à ce qu'ils visitent les Pyramides de Khéops.

Le Gryffondor savait pertinemment que son esprit avait… « bugué », à défaut d'un meilleur terme lorsqu'il était entré dans le cœur de la pyramide. Il se souvenait être entré dans cette pièce puis d'être ressorti de l'immense bâtiment. Entre les deux, c'était le vide absolut.

Il ignorait ce qui s'était passé. Aucun membre de sa famille n'avait dit quoi que ce soit dont le Préfet en chef supposait que son corps avait continué d'agir normalement.

Était-ce une crise de somnambulisme, une possession ? Il l'ignorait. Le pire était que ces épisodes de « blanc » l'avaient frappé à plusieurs reprises durant son voyage en Égypte, sans que personne ne remarque quoique ce soit. Et cela terrifiait Percy.

Percy expira lentement et profondément, évacuant l'angoisse qui l'avait saisi en même temps que ses souvenirs. Maintenant qu'il était de retour à Poudlard, le préfet irait discrètement se renseigner sur ses symptômes. Et si ça recommençait, il en parlerait à quelqu'un.

oOo

o

oOo

Pétunia mordillait le bout de son stylo. Elle était inquiète. Très inquiète.

Les finances du Black Bee étaient à la limite du rouge. Les clients se faisaient rares. Seuls les habitués restaient. Si la tendance ne s'inversait pas rapidement, elle ne pourrait plus payer Max, son cuisinier. Et si cela empirait, elle devrait même mettre la clé sous la porte.

C'était la merde. Carrément la merde.

Mais bon, c'était la rentrée, les étudiants ne connaissaient pas encore le coin. D'ici quelques semaines, la salle du Black Bee serait pleine de nouveaux clients qui renfloueraient les caisses, tenta de se rassurer Pétunia.

En attendant la situation était limite.

oOo

Allongé dans son lit, Dudley relisait mollement son cours pour le lendemain. Mr Sintrak, le professeur de mécanique était un salopard complet qui collait systématiquement un putain de gros DS archi compliqué le premier jour de la rentrée.

Mais très honnêtement le voyant n'avait pas la tête à ça. Il connaissait de toute façon déjà le sujet. Non, ce qui prenait vraiment la tête à Dudley, c'était ce foutu acte de naissance qui le narguait depuis son bureau.

Si Marc Granger était le père de Dudley, l'adolescent savait qu'ils ne partageaient pas de sang. Cela n'avait jamais dérangé le voyant. En fait, il s'en foutait complément. Marc l'avait élevé, soigné, grondé, aimé, adopté. Le dentiste était son PÈRE.

Et cela faisait terriblement écho à Star Wars… songea Dudley en ricanant.

Cependant le jeune homme était curieux. Qui donc était son père biologique ? Qui donc était l'homme qui partageait la moitié de son patrimoine génétique ? D'où venait-il ? Que faisait-il ? Pourquoi était-il parti ?

Les questions et théories tournaient dans la tête de Dudley, depuis le commentaire de Hermione sur sa ressemblance avec Marjorie. Sa mère avait-elle été la maîtresse d'un homme marié qui l'avait laissé tomber lorsqu'elle était tombée enceinte ? Était-il mort ou vivant ? Pourquoi le visage de sa mère se fermait-il lorsqu'il tentait, doucement d'amener le sujet sur la table ? Si son père biologique était vivant, Dudley avait-il des demi-frères ou sœurs ? Marge en savait-elle plus ? Avait-elle un lien avec son géniteur ? Et… ? Si… ? Où… ? Comment… ?

Grognant Dudley roula sur le ventre et se redressa. Il s'assit en tailleur sur son matelas et tira à lui la bougie de communication. Il fallait qu'il contacte Gemna. Sa mentor dans l'Art ardu de la Divination saurait quoi faire. Avec son aide, il parviendrait à en savoir plus.

La flammèche crépita et dansa au bout de la mèche de la chandelle. Dudley y lança une pincée de poudre de Cheminette.

« Gemna Pomfresh ! »

La flamme vira au vert un bref instant avant qu'un « Quoi gamin ? » résonne dans la pièce. Le jeune voyant sourit.

« Bonjour aussi la vieille. »

oOo

o

oOo

Bathsheba Babbling n'avait aucune honte à dire qu'elle était excellente dans son domaine. Les Runes étaient sa vie, son monde, sa passion. Elle avait siégé à la Confrérie des Runes pendant plusieurs années, fait un nombre de découvertes incroyables sur la magie des anciennes Runes Nordiques et maîtrisait les Runes Aztèques sur le bout des doigts. On lui demandait conseil aux quatre coins du monde même maintenant alors qu'elle avait quitté la Tour pour enseigner.

Oui, Bathsheba Babbling était juste la meilleure Maîtresse de Runes du monde !

Et pourtant la petite directrice des Serpentards devait bien avouer qu'elle avait certainement trouvé son successeur. Un gamin avec un potentiel énorme, avec une intelligence vive et une imagination débordante. Tout ce qu'il fallait pour briller dans le noble art des Runes.

Harry Potter était un génie. Un pur génie.

Bathsheba, assise à son bureau tenait entre ses mains les copies de ses troisièmes années.

Chaque année, lors de son premier cours avec les troisièmes années, elle leur faisait remplir un petit questionnaire, afin dévaluer leur niveau.

Elle leur dessinait les runes et elle leur demandait de les nommer, de donner leurs effets et de dire avec quelles autres runes elles étaient fréquemment utilisées. Et comme question bonus, elle leur demandait de dessiner un petit diagramme, celui de leur choix.

Les Nés de Moldus, s'ils avaient ouvert leur livre dans les vacances, parvenaient à nommer quelques runes et à donner quelques effets. Les enfants de parents magiques nommaient quasiment toutes les runes, donnaient presque tous leurs effets, et connaissaient quelques combinaisons usuelles voire un ou deux diagrammes à trois runes classiques.

La promotion de cette année rentrait parfaitement dans ce schéma, à deux détails prêts. Deux détails nommés Potter. Les deux frères étaient au-delà du niveau attendu par l'enseignante. Ils avaient rempli tout deux entièrement l'interrogation et elle était intégralement juste.

À la question bonus Léo lui avait tracé un diagramme de Rowl, un glyphe de recherche à cinq runes imbriquées. C'était du niveau de fin de troisième, début de quatrième année.

Quant à Harry, il lui avait carrément pondu un putain de diagramme de Gant. C'était au programme des sixièmes années !

Non, il n'y avait pas à tortiller, la professeure était soufflée. Le gamin avait un avenir tout tracé dans les runes. Il y avait encore quelques petites maladresses dans le tracé, la main n'était pas encore très assurée et quelques détails à corriger dans le placement des runes dans les diagrammes.

Harry allait s'ennuyer ferme s'il restait avec les troisièmes années. Il ne pouvait pas rester là. Le mieux à faire serait de le passer dans la classe des cinquièmes années. Et de le faire se présenter à l'épreuve des BUSEs en juin.

La Directrice des Serpentards sourit en reposant la copie sur le tas. Elle irait voir le directeur dès que possible pour lui demander le transfert du jeune prodige en Runes. Quant à Léo, elle adapterait son programme pour lui et à Noël, en fonction de sa progression, elle demanderait son passage dans la classe supérieure.

oOo

o

oOo

Le tribunal de la Cour de Justice Magique Européenne (CMJE) a prononcé, mardi 3 décembre, le verdict sur l'affaire Lockhart.

Ce procès a commencé avec l'accusation de Mr et Mme Granger, tuteurs de MM Léo et Harry Potter pour agression et tentative de meurtres envers leurs pupilles. En effet, Mr Lockhart, alors professeur de Défenses contre les Forces du Mal à l'École de Poudlard, avait jeté un sortilège de son invention au jeune Harry Potter, faisant disparaître l'intégralité des os de son bras. Le même sortilège lancé sur le torse d'une personne la tue sur le coup, les organes se pouvant pas supporter la disparition totale des cotes, sternums ou colonne vertébrale.

Les investigations des experts allemands appelés par Maître Tonks ont rapidement démontré l'incapacité de Mr Lockhart a enseigné. Plusieurs interrogations ont relevé plusieurs failles dans les interventions et témoignages de l'accusé, mettant ainsi à jour un monstrueux complot.

En effet, si Gilderoy Lockhart est connu comme un auteur talentueux et renommé, connus par ses nombreux exploits à l'étranger, il s'est avéré qu'en réalité, il traquait les sorciers et sorcières qui avaient accompli de véritables exploits et les incitait à lui raconter le déroulement de leurs actions, avant d'effacer leurs souvenirs à l'aide d'un sortilège d'Amnésie. Il se sert ensuite des informations qu'il a obtenues pour décrire en détails les prouesses qu'il s'attribue à lui-même.

Un véritable travail d'équipe entre les différentes équipes d'enquêteurs magiques a permis de récolter plus d'une dizaine de témoignages prouvant que Mr Lockhart n'était celui ayant effectué tous ces exploits.

Au final, ce sont plus de 32 témoins qui ont défilé à la barre. Soumis au test du veritaserum, ils ont apporté de multiples preuves du vol effectué par Mr Lokhart. Le fait que l'accusé refuse de prendre du veritaserum pour répondre aux questions du juge Nevers est une preuve en lui-même du fondement des accusations pesant sur sa personne.

Finalement, les charges de Faux et usage de faux, usurpation d'identité, escroquerie et agressions ont été retenues contre l'accusé.

Ce procès retentissant s'est achevé après plus de deux mois d'audiences par la condamnation de Gilderoy Lockhart à vingt ans d'emprisonnement à Nurmengard et a une amende de 10 millions de galions qui seront reversés à ses multiples victimes. De plus son Ordre de Merlin troisième classe et son titre de membre honoraire de la Ligue de Défense contre les Forces du Mal lui seront retirés d'ici quelques semaines.

« Les crimes de Mr Lockhart dépassent les simples frontières de notre pays. La Cour de Justice Magique Européenne était donc la plus indiquée pour ce procès. Et puis soyons réaliste Monsieur, vous pensez vraiment qu'une plainte de Moldus ou Nés-de-Moldus serait passée en jugement, ici en Angleterre, devant le Magenmagot ? Nan, il n'y a qu'en France et en Allemagne qu'on peut espérer une telle chose ! Et uniquement parce que le FUCM a pris de l'ampleur et du pouvoir ! » A déclaré Maître Tonks, avocat de la partie civile et initiateur de ce procès retentissant, lorsque nous l'avons interrogé sur ses motivations à faire appel à la CJME et non pas à la justice anglaise

Cette affirmation soulève le débat des droits des moldus et sorciers d'origine moldue dans notre pays. L'interview de Lord Flamel, présent lors du procès, à ce sujet est à retrouver en page 5.

Biographie de Gilderoy Lockhart en page 17.

Retrouvez les témoignages complets de Piotr Aléxeïévitch, conjoint de Eudoxie Lopoukhine, véritable héroïne de l'aventure désormais connu sous le nom « Vacances avec des Harpies », de Yongzheng petit-fils de Qianlong, héros de « Une année avec le Yéti » et de Parménide d'Élée, ami d'enfance de Empédocle d'Agrigente, véritable héros de « Randonnées avec les Trolls » en page 8.

Extrait du Chicaneur du 14 septembre 1993

oOo

LE SCANDALE ÉTHIQUE QUI SECOUE LE MONDE MAGIQUE !

Ce scandale éthique majeur a des ramifications dans de nombreuses communautés magiques européenne. Il a mis en lumière la plus grande arnaque jamais mise sur pied.

La découverte de la fraude

L'affaire éclate presque par erreur lorsque Mr Gilderoy Lockhart a attaqué l'un de ses étudiants, Harry Potter, en lui supprimant les os du bras. Le père adoptif du Survivant a alors choisi de porter plainte contre le professeur.

Maître Tonks, avocat de Mr Potter, a demandé à des enquêteurs de la CMJE de fouiller dans le passé de Mr Lockhart afin de monter son dossier. Les découvertes des agents Adèle Feuerhart et Karl Vogt lors de leurs investigations vont au-delà de la simple agression d'étudiants.

Les protagonistes de l'« affaire Lockhart »

Maître Tonks

Maître Edward Tonks est un ancien Poufsouffle. Il a épousé Androméda Black, causant son reniement de la famille Black. Après Poudlard Edward part en Italie pour y étudier le droit magique. Il y obtient son diplôme en 5 ans et revient ensuite en Angleterre pour y fonder un cabinet d'avocat. Depuis lors avec ses associés, il plaide à la Cours Magique Anglaise mais également aux Cours Magiques de Justices Européenne, Italienne et Française.

La totalité des procès auquel il a participé à vu la victoire de ses clients, principalement des créatures magiques ou des sorciers Nés-de-Moldus. C'est son amour pour les causes désespérées de clients mal aimés des Gouvernements Européens qui a mené Mr Granger, père adoptif de Mr Potter à sonner au cabinet de Maître Tonks.

CMJE et Interpol

Suite à la demande de Maître Tonks, une enquête a été menée par des enquêteurs du bureau magique d'Interpol. Les deux agents responsables, Agent Adèle Feuerhart – Sorcière allemande ayant étudié à Zauberwald en Allemagne – et Agent Karl Vogt – Sorcier Aero-Mage danois ayant étudié en Islande à Blár Snjór – ont retracé le chemin de Mr Lockhart depuis sa sortie de Poudlard. Leur rapport a été transmis à Maîtres Tonks et Castamere respectivement avocat de Mr Potter et de Mr Lockhart ainsi qu'au procureur général de la Cour Magique de Justice Européenne.

Lockhart

Gilderoy Lockhart est né d'une mère sorcière et d'un père moldu, avec deux sœurs aînées. Il est le seul des trois enfants à manifester une aptitude pour la magie. Enfant, il tente de se faire remarquer, d'attirer l'attention sur lui, mais la plupart de ses tentatives échouent, même s'il développe une certaine habileté à pratiquer les sortilèges d'Amnésie et devient le chouchou de sa mère, au détriment de ses sœurs.

Il entre à Poudlard en 1975 et est répartie à Serdaigle. Durant toute sa scolarité, il tente de se faire remarquer par divers moyens : il reçoit une retenue d'une semaine pour avoir sculpté son nom en lettres de sept mètres sur le terrain de Quidditch, crée une gigantesque projection lumineuse de son visage ou le jour de la Saint-Valentin, s'envoie à lui-même huit cents cartes de Saint-Valentin, qui provoque un tel embouteillage de hiboux dans la Grande Salle que les professeurs et les élèves durent abandonner leur petit déjeuner, leurs porridges étant couverts de plumes et d'excréments.

Après être sorti diplômé de Poudlard, Gilderoy Lockhart devient un auteur talentueux et renommé, connus par ses nombreux exploits à l'étranger. Ses livres deviennent très populaires. Il reçoit également de nombreuses récompenses pour ses talents, tels que l'Ordre de Merlin, troisième classe.

Les vols d'identités et les victimes

Le procès a débuté le 13 juillet 1993 avec l'audition de Mrs Potter et Granger à propos de l'incident à Poudlard. Sont ensuite venus les auditions des Agents Feuerhart et Vogt avec la mise en lumière de la plus vaste escroquerie mondiale jamais montée dans le monde magique.

En effet, il est apparu que Mr Gilderoy Lockhart en sortant de Poudlard est parti faire un tour du monde. Il interrogeait des sorciers et sorcières locaux ayant effectué divers actions héroïques avant de leur effacer la mémoire et s'approprier leurs actes.

Au total, plus d'une dizaine de sorciers ont été volés. Des dizaines de témoins ont défilé à la barre, présentant leurs versions des évènements et témoignant sur les victimes des vols de Mr Lockhart. Plusieurs experts d'origines multiples ont également témoigné. Parmi eux se trouve la célèbre voyante de rang 2S, Mme Cassandre Priakori dont le témoignage a finit la longue liste de témoins.

La condamnation

Mr Lockhart a été condamné a vingt ans d'emprisonnement et a une amende de 10 millions. Il a été enfermé à la prison de Nurmengard dans les alpes autrichiennes immédiatement après le verdict. Sa baguette a été saisie ainsi que la totalité de ses possessions car le compte de l'auteur de suffisait pas à couvrir son amende. De plus la totalité des droits d'auteur de Mr Lockhart seront transférés à ses victimes.

Retrouvez les biographies des véritables auteurs des exploits volés par Mr Gilderoy Lockhart en p10.

Les conséquences

Les ramifications de cette affaire sont multiples et cela à de nombreux niveaux. En effet, toutes les victimes de Mr Lockhart sont des sorciers Nés-de-Moldus ou des Cracmols. Leurs absences de protection par leurs divers gouvernements, le manque de réactivité lorsque des gouvernements magiques lorsque les victimes ne sont pas des Sang-Purs redonne un souffle puissant aux débats éthiques qui courent dans les gouvernements magiques européens. Cela offre de plus une grande couverture médiatique au FUCM qui vient de faire un bon important dans les soudages et qui est donc en tête pour les élections françaises ayant lieu en mai.

Pour plus d'information sur la politique européenne, rendez-vous à la page 20.

Extrait de l'Hippogriffe Déchaîné du 14 septembre 1993

oOo

Un grand sourire absolument effrayant se dessina sur le visage de Léo. Il adorait voir la démise de cet enfoiré de Lockhart. C'était incroyablement bon. Et pour une fois l'article était plutôt bien écrit. C'était l'avantage d'avoir la liberté de la presse. Et puis Mei Ashitaka était une ancienne Serdaigle. Elle était consciencieuse dans son travail ! Une tape sur son épaule le fit sursauter. Il se tourna et vit Milli qui observait son journal avec interrogation.

*Quoi ça ?*

« Tu as encore des progrès à faire en langue des signes », sourit narquoisement Léo.

*Toi rat noyé. Quoi ça ?*

« Sympa comme insulte. Ce sont les éditions d'aujourd'hui du « Chicaneur » et de « L'Hippogriffe déchaîné », un journal français. Ça parle du procès de Lockhart. »

*Lui crotte rat*

« Tu as un vocabulaire vraiment limité. »

Le magnifique majeur que Milli lui montra en réponse se passait de toute traduction.

oOo

o

oOo

Cela faisait dix jours que l'École avait repris. Cela faisait dix jours que Remus Lupin était revenu dans ce lieu magique plein de souvenirs heureux et douloureux. C'était ici qu'il avait eu ses premiers amis, ses premiers soutiens. Mais penser à James, Sirius, Peter, Lily, Alice, Franck, Emeline et tous les autres… Ça faisait mal. Très mal.

Mal, car ils ne l'avaient pas cru, car ils l'avaient imaginé coupable de trahison, coupable d'être un mangemort. Tout ça parce qu'il était un loup-garou, une créature des ténèbres.

Mal parce qu'ils étaient ses amis et qu'ils étaient morts. Ou disparus. Ou fous.

Depuis la rentrée Remus essayait également de parler avec Severus Snape. Il avait des choses à expliquer et à se faire pardonner. Mais le professeur de potion était plus glissant qu'une anguille. Il était impossible de réussir à lui parler seul à seul. Outre le fait que Snape ait quitté sa charge de Directeur de Maison et qu'il évite la salle des Professeurs, il ne semblait plus dormir au château. Autant dire que cela compliquait la tache de Remus qui pouvait même pas rendre visite à son collègue dans ses appartements.

Dans la Grande Salle Remus était en train d'étaler de la gelée de groseille sur son croissant lorsqu'un « pouf » quasiment inaudible résonna. Filius, positionné à la gauche de Remus lâcha un gémissement de désespoir en regardant les tables des étudiants.

« Ils ont recommencé ! »

Remus haussa un sourcil, tourna lui aussi son regard vers les élèves et manqua de s'étouffer avec son bout de croissant. Bloody Hell ! Mais qu'est-ce que… Il lâcha un ricanement quelque peu hystérique.

« Fascinant », murmura Minerva assisse de l'autre côté de Filius. « Incroyablement fascinant. »

À sept heures trente, quasiment tous les élèves étaient déjà dans la salle. Les quatre tables étaient pleines. Sauf qu'on ne pouvait pas vraiment dire que c'était des élèves qui y étaient attablés.

Armures et tenues d'autres époques et d'autres lieux avait remplacé les uniformes des étudiants. Rome antique, Perse, Japon et Europe du Nord médiéval, il y en avait pour tous les goûts. Remus éclata de rire en s'apercevant du sens du détail de la blague.

Par exemple, les gryffondors semblait tout droit sortit de la Rome antique. Les robes sorcières des étudiantes s'étaient changées en longues toges plissées et leurs chaussures en sandales lassées. Les garçons eux, portaient les armures de la Légion Romaine. Tous étaient des soldats de bases excepté les préfets qui étaient des porte-étendards et du Prefet-en-chef qui avait été métamorphosé en Centurion.

Les tenues des Serdaigles mâles avaient été transformées en armures en cuir ou en tissu molletonné, sur laquelle était fixé des écailles de métal afin de protéger la poitrine, l'abdomen, le dos et les épaules, le tout porté sous une tunique de couleurs vives. Les étudiantes de Serdaigle étaient désormais coiffées d'une tiare et d'un long voile couvrant tout leur dos. Certaines portaient une robe longue très ajustée sous une tunique plus large et d'autre un pantalon sous une robe plissée en soie brodée.

Les Poufsouffles, aussi bien les adolescents que les adolescentes étaient vêtues d'armures de cuir et de fourrure à la plus belle mode viking. Et Remus pouvait même apercevoir quelques haches et épées attachés dans le dos de ses étudiants. Il s'étonna des tenues roses des préfets de Poufsouffle avant de se souvenir que chez les Vikings cette couleur était considérée comme très virile. Oui, il avait retenu quelques trucs de son diplôme d'historien.

Les Serpentards eux avaient été transformés en guerriers samouraïs tandis que leurs compatriotes féminines étaient habillés de longs kimonos colorés. Le professeur de Défense se demanda si les farceurs avaient respecté toutes les caractéristiques des armures ou s'ils les avaient… adapté ? Sachant que ces trucs pouvaient peser plus de 20 kg, il espérait vraiment qu'elles avaient été allégées.

Les préfets étaient les porte-étendards de leurs maisons respectives et leurs oriflammes s'ornaient de leurs mascottes stylisées. Le griffon remplaçait l'aigle sur les vexilum rouges et ors, un aigle bleu s'étalait sur les grands boucliers oblongs des Serdaigles, un blaireau qui avait des airs d'ours en colère avait été peint sur tous les boucliers ronds cerclés de fer des Vikings. Les Samouraïs eux, abordaient un serpent émeraude sur l'ornement frontal de leur casque, même serpent qui se retrouvait sur les broderies des obis des kimonos de leurs camarades.

Non, il n'y avait pas à chipoter, c'était du grand art.

« Pomodora, tu as perdu. Ils ont frappé avant octobre. »

Sous les yeux ébahis de Remus, la Directrice des Poufsouffles lança une pièce d'argent à sa collègue d'Astronomie.

« Qu'est-ce… »

« Chaque année l'école à droit à une blague de grande ampleur entre la rentrée et le banquet d'Halloween. C'est toujours très impressionnant. »

« Ce sont les jumeaux Weasley ? J'ai entendu dire qu'ils approchaient les Maraudeurs en termes d'heure de colle et qu'ils avaient une sacrée réputation de farceurs. »

« Ce sont bien des jumeaux Remus… Mais pas des Weasley », répondit Minerva en sirotant son thé.

oOo

Harry grommela en soulevant son sac. Entre sa hache, son putain d'énorme manteau en fourrure qui tenait bien trop chaud, ce foutu plastron en cuir et les jambières en métal, il y avait de quoi devenir fou ! Bon sang, si jamais il mettait la main sur Léo, il lui ferait regretter sa blague à la con !

D'un autre côté le Poufsouffle avouait volontiers que malgré les désagréments occasionnés, c'était fun. La tête des profs surtout lorsqu'ils avaient vu l'état de leurs étudiants. Faire cours à une armée de soldats armés jusqu'aux dents devait être assez perturbant.

Harry poussa la porte de la salle de Défense contre les Forces du Mal et entra suivit par le reste des Poufsouffles et des . Aujourd'hui c'était la première fois qu'il aurait cours de Défense Contre les Forces du Mal avec Remus J. Lupin. Une grande première. Enfin… façon de parler.

Tout comme la première fois, le professeur souriant fit rejoindre la salle des professeurs à ses élèves. Comme la première fois Severus était là et comme la première fois, il quitta la salle dès que les élèves arrivèrent. Mais cette fois il ne dit rien. Neville n'était pas là.

« Quelqu'un peut-il me dire ce qu'il y a dans cette armoire ? Oui Miss Abbot ? »

« C'est un Epouventard. Une créature magique polymorphe capable de prendre la forme de notre plus grande peur. »

« Très Bien Miss. Cinq points pour Poufsouffle. Mr Moon, pouvez-vous donc me dire quel est notre avantage actuel. »

« Nous sommes plusieurs. Cela va déconcerter l'Epouventard qui ne saura quelle forme prendre. Et s'il veut essayer de faire peur à plusieurs personne en même temps, le résultat risque d'être ridicule… Ou particulièrement horrible. »

« Très bonne réponse. Cinq Points pour Serdaigle. J'ai déjà vu un Epouventard essayer de faire peur à deux personnes en même temps. L'une avait peur des limaces et l'autre des corps décapité. Autant vous dire qu'une limace sans tête n'est pas très effrayant. »

Il y eut quelques rires dans la salle avant que l'armoire se remettre à trembler, faisant sursauter les élèves les plus proches. Le regard du professeur se fit plus perçant. Il leur expliqua comment chasser un Epouventard et leur fit répéter plusieurs fois l'incantation et le geste associé.

« Y a-t-il un ou une volontaire parmi vous ? »

Harry, déterminé, leva la main. Il voulait affronter ce foutu Epouventard ! Il en avait été privé dans sa première vie et cela l'avait toujours chagriné.

« Mr Potter… »

Voyant l'air embarrassé du professeur qui ne semblait pas vraiment ravi de la proposition du Poufsouffle, celui-ci reprit rapidement la parole.

« Ma plus grande peur n'est pas Vous-savez-Qui. »

Remus Lupin hocha brièvement la tête en faisant signe à l'élève de s'approcher.

« Vous avez tout compris Mr Potter ? »

« Oui Professeur. »

« Très bien… Allons-y. »

D'un informulé le professeur déverrouilla la porte de l'armoire qui s'ouvrit en grinçant. Une grande forme noire au souffle rauque en sortit. La température dans la salle chuta drastiquement tandis que l'Epouventard s'approchait.

Harry frissonna en voyant les mains décharnées et couvertes de cloques noirâtres et purulentes sortant de sous la cape déchirée. Sa main se crispa sur sa baguette tandis qu'il se forçait à ne pas crier la forme du Patronus.

« Ridikulus ! »

Le sort frappa le détraqueur qui se prit les pieds dans sa cape et se cassa la gueule sur le plancher ciré. Harry éclata de rire. Il avait réussi.

« Bravo ! Très bien Harry ! Allez, au suivant. Miss Jones ! À vous. »

Harry recula au fond de la salle, laissant ses condisciples en tenues vikings ou perse affronter à tour de rôle l'Epouventard. Cette fois-ci tout le monde put passer et ce fut Su qui le revoyant dans l'armoire où le professeur le renferma.

« Bravo, bravo tout le monde. C'était très bien. Cinq points à tout le monde. C'était une très belle prestation. J'ose espérer que vos amis de Gryffondors et Serpentards feront aussi bien cet après-midi. »

oOo

Le soleil était couché depuis longtemps et les étoiles illuminaient la voûte céleste. L'air sentait les fleurs d'été. C'était paisible. Sally se glissa sous le feuillage du grand saule-pleureur et s'assit aux côtés de Théodore Nott.

Le Serpentard était recroquevillé sur lui-même, ses genoux remontés contre sa poitrine. Sally n'avait pas besoin de le voir pour savoir que son visage était plus pâle que la mort et que ses yeux étaient rouges de larmes n'ayant pas coulées.

Le croassement d'un batracien rompit le silence de la nuit.

« Tu veux en parler ? »

« Non. »

Sally hocha la tête, replongeant dans le silence. Elle ne se souvenait que trop bien de sa première rencontre avec un Epouventard. Elle se souvenait de la façon dont leurs peurs, à Théodore et elle, étaient si semblables qu'elles s'étaient nourries l'une l'autre, devenant absolument monstrueuses.

Elle se souvenait de ce qu'elle avait vu. Elle se souvenait de ces longues heures, cachée dans un placard avec le Serpentard, mordant son poing pour éviter que ses gémissements de terreurs soient entendus.

Sally-Ann Perks connaissait la plus grande peur de Théodore Nott, tout comme il connaissait la sienne. Et elle savait exactement à quel point le cours du professeur Lupin avait perturbé Théodore.

Elle était exactement dans la même situation.

Forward
Sign in to leave a review.