
Passation de pouvoirs
*/* langage des signes */*
~ Fourchelangue ~
Pancarte/texte écrit
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Hermione se mordillait les lèvres, indécise sur le comportement à avoir. La nouvelle… Non, LES nouvelles étaient choquantes. Pas forcément surprenantes, mais pas franchement attendues pour autant.
Lady Black était morte. Son cancer l’avait rattrapée. La flamme de son existence s’était éteinte doucement, une nuit de juillet. Harry l’avait senti. Il avait également senti la présence fugace d’Héla. La déesse de la Mort était venue elle-même chercher l’âme de la vieille sorcière.
L’Hôpital de Sainte Mangouste savait que Léo était l’Héritier Black. Il lui avait envoyé une lettre pour le prévenir du décès. Et ils avaient profité du hibou pour lui annoncer le réveil de Sirius Orion Black.
Ces nouvelles avaient… Fait buguer, à défaut d’un meilleur terme, les jumeaux. Aussi bien Léo qu’Harry avaient été choqués par ces lettres. Si Hermione comprenait la réaction de Léo, Sirius était son parrain, elle peinait à comprendre celle du Poufsouffle.
Black n’était rien pour Harry. Juste une connaissance de ses parents biologiques.
Pourtant, l’Héritier Potter semblait encore plus perdu et perturbé que Léo par la nouvelle.
Hermione trouvait cela particulièrement étrange.
Voyant que leurs fils, malgré leur très grande maturité, n’étaient pas en état de gérer les conséquences de la mort de Walburga Black et le réveil de Sirius, Marc et Pétunia avaient pris les choses en mains.
La gérante du Black Bee s’y connaissait en comptabilité. Elle s’occupait de surveiller les comptes des Potter depuis le moment où le couple Granger avait récupéré la garde des jumeaux. La moldue avait donc pris les lourds dossiers des comptes de la Maison Black envoyé par Gringotts afin de les examiner.
Marc, lui, avait contacté Maître Tonks afin de voir comment allait se passer les successions. Et pour parler du procès de Lockhart qui allait se tenir très prochainement, maintenant que le professeur avait été dépétrifié et l’enquête terminée.
L’Avocat frétillait d’avance. Il avait tellement hâte que s’ouvre le procès d’un sang-pur accusé par un couple moldu. Cela allait créer un tsunami dans la presse nationale et même, certainement étrangère !
Mais en attendant, le Maître s’était déjà penché sur les différents dossiers à remplir pour effectuer les cérémonies de passation et avait pris rendez-vous au Ministère de la Magie dans le Département adapté.
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L’enterrement avait été particulièrement sobre.
Lady Black reposait dans un magnifique cercueil d’ébène finement gravé des armoiries de sa famille. Elle était vêtue d’une robe de soie bleue nuit finement brodée d’argent et tenait entre ses mains jointes un grand bouquet de chrysanthèmes noires.
Harry n’avait jamais vu son visage aussi paisible et détendu. Walburga était enfin sereine.
Elle avait rejoint le caveau de sa famille dans lequel reposaient ses ancêtres, son époux et son fils cadet.
Dans le cimetière désert, sous un soleil brûlant, une petite dizaine de personnes étaient venues rendre un dernier hommage à la défunte.
Il y avait évidemment les Granger-Evans-Potter au grand complet, mais également de manière plus surprenante Severus, Alice, Neville et Sarah.
En sortant du cimetière, Léo avait vu son double de cette dimension avec sa sœur et leur mère quitter eux aussi la terre sacrée. Ils étaient restés derrière, presque cachés, pour rendre un dernier hommage à une parente éloignée. Lucius n’était pas là. Léo supposait qu’il n’avait pas apprécié de découvrir que Draconis n’obtiendrait pas le titre de Lord Black.
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Au centre d’un bassin circulaire, étaient érigées cinq statues d’or plus grandes que nature. La plus haute et imposante représentait un sorcier en station verticale et à la noble apparence, pointant sa baguette magique vers le ciel. La statue d’une sorcière d’une grande beauté se trouvait à ses côtés. Le couple côtoyait également les statues d’un centaure, d’un gobelin et d’un elfe de maison. Ces trois dernières contemplaient celles à l’allure humaine avec adoration.
La fontaine d’or possédait plusieurs buses, situées à l’extrémité des baguettes magiques des deux sorciers, de la flèche du centaure, du chapeau pointu du gobelin et des oreilles de l’elfe, d’où l’eau jaillissait et retombait directement dans le bassin en produisant un clapotis régulier.
La fontaine de la Fraternité magique était censée rappeler l’harmonie, le lien symbolique unissant les espèces qui partageaient une histoire commune et qui formaient la communauté magique de Grande-Bretagne.
Pétunia regarda le sorcier à la noble figure mais, vu de près, il lui sembla qu’il avait l’air plutôt faible et stupide. La sorcière affichait un sourire vide, comme une candidate à un concours de beauté et pour connaître assez bien son banquier, la moldue savait qu’il était absolument invraisemblable qu’on surprenne les Gobelins à contempler des humains, quels qu’ils soient, avec une telle mièvrerie.
La sœur de Lily Potter trouvait la statue particulièrement hypocrite. Les sorciers n’avaient jamais vu les autres espèces comme des égaux mais comme des sous-êtres. Cette statue était un étendard monumental de la volonté d’affirmer, ou plutôt de sous-entendre, la puissance et la supériorité des sorciers sur les autres espèces formant cette communauté.
Vu les regards dédaigneux des jumeaux, ils partageaient l’opinion de leur tante. Cela réjouit la moldue. Elle avait réussi à mettre un peu de logique et de bonté dans la tête de ses fils et leurs deux années dans le monde magique ne les avaient pas pervertis.
Un peu plus loin Marc écoutait religieusement Hermione qui lui expliquait les différents Départements et Services du Ministère de la Magie. La Serdaigle avait pensé pendant un temps travailler ici, mais depuis sa rencontre avec G-A Brook elle avait changé d’avis. Elle n’était plus certaine de ses plans d’avenir et remettait tout en questions.
La famille Granger, minorée de Dudley qui était au bord de la mer avec ses amis, descendit au second niveau du Ministère de la Magie. Ils retrouvèrent Maître Tonks qui les attendait, des dossiers sous le bras en discutant avec Severus qui avait quitté ses sombres robes d’enseignement et avait enfilé un jean, une chemise blanche et le grand manteau de cérémonie de la Famille Prince.
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Amélia Bones était une sorcière massive à la mâchoire carrée et aux cheveux gris et courts. Elle portait souvent un monocle sur son œil gauche. Elle était connue pour être droite et juste. Elle semblait également avoir une forte personnalité et ne se laissait pas marcher sur les pieds.
C’était son caractère affirmé, lié à des heures de travail acharné qui lui avait permis d’obtenir le poste qu’elle occupait aujourd’hui.
La Directrice du Département de la Justice Magique avait rendez-vous ce matin, avec la famille Granger pour un Rituel de Passation.
Amélia avait soupiré avec désespoir en voyant le rendez-vous sur son agenda. Ces Rituels n’étaient pas toujours plaisants à voir et très souvent éprouvants pour tous ceux qui y assistaient. Mais c’était son devoir en tant que Directrice du Département de la Justice d’y assister.
La sorcière observa les personnes présentes dans son bureau. Outre les Granger et les Potter, il y avait Lord Snape, le professeur de Potion de Poudlard qui avait repris la tête de la mourante famille Prince. Amélia avait été surprise d’apprendre que le Mangemort repentit était le tuteur magique du Survivant et de son frère. Mais elle n’avait fait aucuns commentaires.
Ils étaient accompagnés par Maître Tonks, un avocat d’origine moldu qui vivait pour lutter contre l’injustice.
La dernière personne présente dans le bureau était Saul Funestar, un Langue-de-Plomb.
« Tout est en ordre Madame la Directrice. Cependant un Rituel de Passation nécessite sept témoins. »
Amélia haussa un sourcil, ne comprenant pas le problème.
« Sans compter Messieurs Potter, nous sommes sept dans ce bureau. »
L’employé grimaça.
« Je me suis mal exprimé. Sept témoins magiques majeurs. Et je vais devoir piloter le Rituel. Je ne pourrai donc pas être un témoin. »
« Donc, il nous faut trois autres sorciers », soupira Amélia.
La sorcière marmonna une formule magique à voix basse. Un iguane de magie pure sorti de sa baguette avant de filer hors du bureau.
Moins d’une dizaine de minutes plus tard, la porte s’ouvrit laissant passer un trio bien mal assorti. En voyant le premier homme, Pétunia pensa immédiatement à un vieux lion. Il avait des traînées grises dans sa crinière de cheveux fauves et des sourcils broussailleux. Ses yeux brillaient d’un reflet jaune derrière ses lunettes cerclées de fer et sa démarche, tout en étant souple et gracieuse, restait claudicante. Il émanait de lui une impression immédiate d’intelligence, de sagacité et de dureté.
Juste derrière lui venait une jeune sorcière au visage pâle en forme de cœur et aux yeux sombres et brillants. Ses cheveux rose vif étaient dressés en pointe sur son crâne. Elle trébucha sur le tapis à l’entrée du bureau mais parvint à ne pas tomber.
Le dernier venu était un homme roux, grand et mince, au crâne dégarni. Il portait des lunettes et avait les yeux bleus. Il ne semblait pas vraiment savoir pourquoi il avait été appelé.
« J’ai eu votre message Amélia. Tous les hommes sont en mission ou en vacances. Il ne reste que Nymphadora. J’ai donc pris la liberté d’aller chercher un autre sorcier », expliqua le vieux lion.
Amélia acquiesça.
« Bien. Messieurs, mesdames, voici Rufus Scrimgeour, le Directeur des Aurors, Nymphadora Tonks, actuellement en apprentissage dans le même service et Arthur Weasley du Service des Détournements de l’Artisanat Moldu. Puisque tout est prêt, on peut y aller. Ouvrez la marche Mr Funestar. »
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Tonks sourit à son père et à Hermione. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’elle faisait là. Elle était en train de remplir de la paperasse lorsque Scrimgeour avait pratiquement défoncé la porte du cagibi qui lui servait de bureau, lui ordonnant de le suivre.
Il était allé chercher l’un des employés du Service des Détournements de l’Artisanat Moldu avant d’aller dans le bureau de la Grande Patronne.
« Salut P'pa. Qu’est-ce que tu fais là ? », souffla discrètement l’ancienne Poufsouffle à son père tandis que tout le groupe s’engouffrait dans l’ascenseur.
« Mes clients vont effectuer un Rituel de Passation et ils manquaient de témoins. »
« Ah… Bah, au moins, j’échappe à cette maudite paperasse pendant un moment. »
« Être Aurore ne signifie pas seulement courir après les méchants », ricana Ted.
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Le Département des mystères était situé au niveau 9 du Ministère de la Magie. Une porte noire et lisse marquait l’entrée du département. La première salle était une pièce circulaire contenant douze portes. Habituellement, lorsqu’une porte se refermait, les murs tournaient sur eux-mêmes pendant un certain temps, ce qui désorientait les personnes non autorisées à entrer.
Cependant, le petit groupe était en présence d’un Langue-de-Plomb et donc, la sécurité ne se déclencha pas.
Saul Funestar ouvrit l’une des portes et fit signe aux autres d’entrer. La salle octogonale était éclairée par une belle lumière verte dansante et scintillante. Le sol était en marbre noir sur lequel était gravé un large cercle de runes.
Arthur était déjà venu dans cette Salle. Moins d’un an auparavant, Charlie était devenu le nouvel Héritier Prewett. Le titre de Lady Prewett revenait pour l’instant à Muriel, la tante de Molly. C’était une vieille sorcière avec un nez en forme de bec, des yeux bordés de rouge et des doigts osseux. Elle passait son temps à râler et à critiquer tout et n’importe quoi. Muriel avait fêté chaque année Noël avec sa nièce Molly et sa famille, jusqu’à ce que Fred et George fassent éclater une Bombabouse sous sa chaise, provoquant sa colère. Arthur était certain qu’elle avait retiré les jumeaux de son testament à cause de cela.
Lorsque la vieille femme partirait de l’autre côté, ses titres et son siège au Magenmagot reviendraient à Charlie qui perdrait alors le nom de Weasley pour celui de Prewett.
Arthur avait été immensément fier de la décision de son fils et n’avait absolument pas été chagriné par le fait que l’un de ses enfants ne porterait plus son nom. Ils étaient suffisamment nombreux pour que le sorcier ne s’inquiète pas de la pérennité de sa Famille.
Le Langue-de-Plomb expliqua comment allait se dérouler le rituel avant de positionner tous les témoins à leur place. Les deux moldus furent placés derrière un bouclier runique qui les protégerait de la magie sauvage et violente qui allait envahir la salle dès le début du rituel.
Les Jumeaux Potter s’installèrent face à face au centre de la grande spirale de runes. Le Langue-de-Plomb, que Arthur était certain d’avoir déjà croisé, tendit devant les garçons une dague recourbée dont la lame était si sombre qu’elle semblait aspirer la lumière elle-même. C’était un puissant artefact de Sanguimagie, gardé au Département des Mystères depuis des siècles.
Les deux enfants s’entaillèrent les paumes sans tressaillir, avant de laisser goutter leur sang sur les runes qui se mirent à luire. Lentement, tel un long serpent de feu, les inscriptions en futhark s’allumèrent d’une lueur rougeâtre.
Le père de famille retint inconsciemment sa respiration. La dernière rune s’alluma et la plus puissante onde de magie qu’il n’eut jamais sentie le traversa.
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Les Rituels demandant l’intervention des mânes des morts n’étaient pas très courants. En comptant les neuf Royaumes, il ne devait guère en avoir plus d’une dizaine et l’un deux était le Rituel de Passation.
Les neuf âmes étaient appelées. Trois de la Maison d’origine, trois de la Famille d’adoption et trois témoins sans aucuns liens d’aucune sorte avec les Appelants.
Habituellement, lorsque deux sorciers faisaient cette cérémonie, c’était neuf âmes humaines sorcières, quelques fois une créature magique midgarienne, qui se présentaient devant la Reine des Morts pour qu’elle autorise leur retour temporaire sur Terre.
Mais ce n’était pas les premiers pécores venus qui venaient de lancer l’Appel. C’était le Chevalier de la Mort, le champion de la Reine et le Maître des Morts. Et ils étaient accompagnés de la Mère des Dragons, l’humain qui n’en était plus un.
Les âmes s’étaient bousculées devant le trône de la Reine, menaçant de se battre entre elles pour avoir l’honneur d’être le témoin de ces êtres exceptionnels. Héla avait mis quelques secondes à se ressaisir lorsqu’une émeute avait manqué d’éclater.
Faire le choix entre les différentes âmes avait été compliqué. Chacune mettait en avant ses qualités, ses liens avec Léo et Harry et avançait ses arguments afin d’être désigné.
La Déesse de la Mort avait finalement fait son choix.
Le premier représentant de la Famille Black était Ferdinand. Un petit sorcier français qui avait décidé de quitter la France avec son épouse et ses enfants pour l’Angleterre, créant une branche secondaire des Blacks. Lorsque la partie française s’était éteinte au Moyen Âge après un épisode de peste particulièrement virulent, il n’était resté que les Blacks d’Angleterre.
Le second représentant était une représentante. Émeraude Black avait été une des potionnistes des plus connues du XVIIIᵉ siècle. Elle avait épousé Sir Dubois, un jeune chevalier juste adoubé. Elle avait évidemment été chassée de la Maison Black pour cet acte de « rébellion », mais elle n’en avait jamais rien eu à foutre.
Le dernier représentant des Blacks était Régulus Arcturus Black, connu aussi par ses initiales R.A.B., ancien mangemort ayant retourné sa veste et ayant troqué sa vie contre le médaillon de Salazard Serpentard. L’homme avait demandé à retourner sur Terre pour le Rituel, mais également et surtout pour revoir une dernière fois son frère aîné.
La première âme envoyée pour incarner la Maison Potter était Isabel Potter, la troisième Directrice de Poudlard. Née à une époque où les femmes étaient principalement considérées comme des pondeuses par les sociétés aussi bien moldue que sorcière, elle avait réussi à percer et elle s’était illustrée de manière admirable.
Elle était accompagnée par Jonas, le Grand-Oncle des Jumeaux. Le Gryffondor avait l’art de s’attirer les pires ennuis et de faire les pires conneries. Albus Dumbledore, alors jeune professeur de Métamorphose à Poudlard, n’avait pas arrêté de le mettre en retenue avec ses amis de toujours, Louis Goyle et Nathanaël Bones. Il s’était calmé à sa sortie de l’École et avait épousé la jolie Anna Crochefer, une sorcière espagnole aussi petite que têtue.
La dernière représentante des Potter était Euphemia, la mère de James. Elle n’était pas née Potter, mais l’était par les liens sacrés du mariage.
Choisir trois témoins non liés aux deux Maisons avait été plus complexe pour la simple et bonne raison qu’il y avait beaucoup trop de volontaires.
Héla avait donc tout simplement laissé la magie intrinsèque du Royaume choisir les meilleurs représentants.
Le Premier témoin était un agile et rusé chasseur Jotun. Le Géant des Glaces avait affiché un grand sourire plein de dents pointues lorsqu’il avait été désigné. Il était fier de pouvoir représenter son Royaume face aux protégés des Nornes.
La Seconde témoin était une magnifique et délicate danseuse Vane. La femme avait une peau pâle qui semblait luire d’une lumière intérieure. Ses traits délicats étaient parfaits et reflétaient sa noblesse et sa sagesse.
Le Troisième témoin était un kitsune. L’esprit renard possédant dix queues d’une magnifique couleur argentée avait vécu plus d’une dizaine de siècles avant de rejoindre volontairement le Royaume éternel. C’était le seul des Témoins à être originaire de la Terre.
Héla avait été surprise de voir les êtres désignés par la Magie. Habituellement, c’étaient des créatures terriennes qui étaient témoins des Rituels de Passations des Sorciers Midgariens. Jamais des habitants des autres Royaumes d’Yggdrasil ne s’étaient mêlés des affaires des mages terriens.
Harry et Léo n’étaient vraiment pas de simples humains, même les Morts le sentaient.
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Le rituel de magie dans la salle sombre avait été éprouvant pour les nerfs de tout le monde.
Voir les reflets de personnes mortes depuis des siècles pour certaines, apparaître comme ça, étaient impressionnants de base. Mais lorsqu’il y avait également un géant à la peau bleue et aux longues cornes, une elfe aussi belle et gracieuse que ceux décris par Tolkien et un homme aux oreilles et aux queues de renard, c’était vraiment à couper le souffle.
Le rituel s’était passé sans anicroche et tous avaient accepté avec plaisir la grande tasse de chocolat bouillant qu’un elfe de maison avait apporté.
Les Granger étaient retournés dans le bureau de Madame Bones, accompagnés de Severus et de Maître Tonks tandis que les autres témoins retournaient à leurs travaux respectifs.
Les Jumeaux s’étaient concertés rapidement par écrits avant de nommer Pétunia comme Régente des Potter et Marc comme Régent des Blacks jusqu’à leurs quinze ans ou jusqu’à ce que le Ministère les considère comme des adultes.
Amélia n’avait pas vraiment compris l’intérêt de la dernière clause étant donné que la majorité sorcière était à dix-sept ans, mais elle n’avait pas contesté la volonté de Maître Tonks de rajouter cette condition sur le contrat.
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Trois jours s’étaient écoulés depuis la cérémonie au Ministère de la Magie. La Famille Granger avait fait comme d’habitude et s’était adaptée aux changements induits par la modification de statut des jumeaux.
Marc était retourné au travail. L’un de ses collègues était en voyage en Australie, et l’autre était en congé après s’être cassé le pied pendant un déménagement. Le père d’Hermione se retrouvait donc seul au boulot et avait dû repousser ses vacances.
Pétunia continuait de travailler au Black Bee, redoublant d’efforts pour éviter que son commerce ne sombre à cause de la nouvelle concurrence. La chaîne de restauration rapide qui s’était installée à quelques encablures de son café, drainait une grande partie des étudiants qui composaient la majorité de sa clientèle.
Hermione s’était dégotée un petit boulot de préparatrice dans un entrepôt frigorifié. Elle passait sa journée à préparer des commandes pour les grandes surfaces de Londres et sa région. Cela faisait beaucoup rire ses frères de la voir partir le matin en jean et chaussure fermées, une écharpe et un épais pull en laine sous le bras alors que la température moyenne en journée était de trente degrés.
Dudley avait fini son année scolaire en étant très bien classé. Il ne regrettait absolument pas son orientation en lycée professionnel. Étant revenu de sa virée à la mer, il allait donner un coup de main à sa mère au Black Bee le matin et passait les après-midi avec sa bande de copains.
Les jumeaux, restés seuls dans le duplex familial, avaient décidé de trier tous les dossiers remis par Lady Black avant sa mort et par les gobelins suite au Rituel. Léo avait été élevé, toute sa première vie, pour être un chef de Famille et pour reprendre la tête d’un empire financier non négligeable. Il savait donc ce qu’il devait regarder en priorité parmi la montagne de papier que les Gobelins leur avaient remis.
La Maison Black avait été l’une des familles principales de Grande-Bretagne. Son déclin avait commencé au début du XXe siècle. Affaiblie par des placements financiers hasardeux, par des mariages consanguins et par la guerre, la famille s’était complètement retirée du plan politique malgré son siège au Magenmagot. Aujourd’hui, les seuls Blacks encore en vie étaient Léo et Sirius. Un gamin et un fou en rémission.
C’était si pitoyable que c’en était drôle.
De manière assez ironique, la situation de la Famille Potter était quasiment identique. Si ces derniers étaient connus, c’était surtout pour leurs morts. Harry était adulé comme étant le Survivant, mais finalement, il n’avait plus rien. Il était le dernier Potter. Le chef d’une famille qui ne comportait qu’un membre.
C’était triste à pleurer.
Les jumeaux s’étaient d’abord occupé de la Maison Potter. Il avait été très simple de trier les papiers. Les biens meubles des Potter étaient réduits à leurs seuls comptes. Or, Pétunia, en sa qualité de tutrice légale des Potter, avait reçu tous les relevés bancaires de la Maison Potter depuis que Léo et Harry étaient arrivés dans sa vie. Elle avait surveillé toutes ces années qu’il n’y ait pas de problèmes. La tante des jumeaux n’avait jamais touché à l’argent dormant. Elle n’avait pas cherché à faire des investissements ou des placements. Elle l’avait laissé dormir, le surveillant du coin de l’œil jusqu’au jour où les fils de Lily en auraient besoin.
Comme biens immeubles, Harry avait hérité de la maison de leurs parents. La gestion des biens de la Famille Potter, qu’ils soient meubles ou immeubles, avait donc été très simple.
Cela avait été plus complexe pour la Famille Black. Outre plusieurs comptes, les Blacks avaient des parts sociales dans de nombreuses entreprises magiques. Harry ricana en se rendant compte que les trois quarts des boutiques où les Blacks étaient actionnaires se situaient dans l’Allée des Embrumes.
On était une famille sombre ou on ne l’était pas.
Depuis, les Blacks avaient plusieurs biens immeubles. Il y avait évidemment le 12 Square Grimmaurd, mais également un terrain au Pays de Galle, trois habitations réparties dans plusieurs villes magiques ou semi-magiques et…
« C’est un bateau ? »
Léo releva le nez du parchemin qu’il était en train de lire et jeta un coup d’œil à ce que venait d’écrire sa plume à papote avant de répondre.
*/* Oui. Mais j’ignore dans quel état il sera. */*
Harry soupira avant de glisser le parchemin dans la pochette des « Biens Meubles ».
*/* On fait quoi maintenant ? */*
*/* On finit de ranger, */* répondit Léo
Le Survivant leva les yeux au ciel.
*/ Sérieusement. */*
Le Serpentard grattouilla pensivement la tête de Natrix qui siffla de bonheur.
*/* On va avoir beaucoup de chose à faire pendant ces vacances. On va devoir visiter toutes nos propriétés, voir à quel point le temps les a abîmées, décider de les vendre, de les réaménager ou de ne rien faire. Et il va falloir aller voir Sirius. */*
*/* Je te propose de commencer par Square Grimmaurd. C’est là-bas qu’est le Médaillon de Serpentard et j’ai encore du venin de Luolé dans mes bagages */* signa Harry avec un grand sourire.
*/* Je suis d’accord. D’autant plus que Kreattur doit m’attendre. */*
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Léo caressa de manière automatique le beau plumage blanc d’Hedwidge. La chouette des Neiges venait de se poser avec délicatesse sur la longue table de la cuisine et lui avait tendu une enveloppe.
Le serpentard l’avait récupéré et l’avait examiné avec attention. La lettre était scellée du complexe et élégant sceau de la Famille Bones et la cire était de couleur rouge. Rouge sang. Le nouveau Lord Black grimaça en cassant la cire. Cette couleur associée au sceau officiel de la famille annonçait une lettre des plus importantes. Après tout le rouge était utilisé pour les demandes de rendez-vous officiel.
Léo lut la lettre en diagonale. Apparemment la situation était moins critique que ce qu’il avait imaginé. Lady Bones était parfaitement au courant du nouveau statut de Léo. Elle avait assisté à la cérémonie de Passation. Mais elle souhaitait tout de même le rencontrer au Manoir des Bones afin lui adressé en tant que Lady Régnante et non plus en tant que Directrice du Département de la Justice Magique, ses congratulations.
Le Serpentard reposa la lettre en soupirant. Il n’était pas né de la dernière pluie et avait bien plus de bouteille que ce que son corps laissant voir. Il savait parfaitement naviguer dans le sac d’anguilles qu’était le Magenmagot et maniait la langue de bois comme personne. Quoi que Terry Boot n’avait pas été mauvais non plus à ce jeu-là dans le monde d’Avant.
Quoi qu’il en soit, il avait parfaitement lu entre les lignes. La Maison Bones avait une alliance avec la Maison Potter à travers le parrainage de Léo par la mère de Susan. Mais le changement de nom de Léo remettait tout cela en question. La Matriarche de la Maison Bones voulait vérifier les intentions de Léo à propos de tout cela et très certainement mettre en place une nouvelle alliance entre sa Maison et celle des Blacks.
Les lèvres de Léo s’étirèrent d’un sourire joueur. Il était un politicien né et s’était toujours extrêmement amusé au Magenmagot. Pouvoir replonger, même de façon momentanée et superficielle dans ce monde plein de mensonge et de pièges était un véritable plaisir. Il allait pouvoir s’amuser un peu.
~ Ton sourire fait froid dans le dos. ~ siffla Harry en rentrant dans la cuisine.
Le sourire de Léo agrandir encore un peu lorsqu’il tendit la lettre à son frère. Harry s’en saisit avant de s’asseoir en face du Serpentard.
~ Tu es vraiment incorrigible. ~ Marmonna Harry en levant les yeux au ciel après avoir pris connaissance du continu du parchemin.
~ C’est pour ça que tu m’aimes ~ Ricana Léo. ~ On a également reçu la réponse de Sally-Ann. Elle est disponible en août et semble impatiente de venir aider.~
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Dudley regarda à nouveau les maisons autour de lui. Ils se trouvaient devant le numéro 11. À gauche, il vit le numéro 10, à droite, le numéro 13.
« Mais où est le… ? »
Léo sourit à pleines dents avant de poser sa main sur le mur. Il injecta sa magie dans la façade, réveillant les sceaux de protection.
Aussitôt, une vieille porte délabrée surgit de nulle part entre les numéros 11 et 13. Des murs décrépis aux fenêtres crasseuses apparurent à leur tour. C’était comme si une nouvelle maison avait soudain écarté les deux autres pour se glisser entre elles.
« La vache », murmura le voyant, ébahis. « Ça, je l’avais pas vu. »
« Content de voir qu’on peut encore te surprendre Big D », répondit Harry tandis que Léo s’avançait sur le perron conduisant à une vieille porte éraflée, recouverte de peinture noire, avec une poignée d’argent en forme de serpent.
Dudley remarqua qu’il n’y avait de trous ni pour la boite aux lettres, ni pour la serrure. Léo tourna la poignée et la porte s’ouvrit dans un grincement de fin du monde.
« Faudra huiler les gonds. »
« S’il n’y avait que ça à faire », soupira Harry.
Le Boxeur franchit le seuil à la suite de ses frères et se retrouva dans l’obscurité quasi totale du Hall. Il flottait dans l’air une odeur douceâtre d’humidité, de poussière et de pourriture. Harry lança trois lumos informulés, créant autant de petites boules de lumière dorées. La lumière des sorts révéla le papier peint à moitié décollé et les tapis usés jusqu’à la corde. Ajouté à cela les toiles d’araignées qui pendaient du lustre éteint et la maison donnait vraiment un sentiment d’abandon total.
« Je croyais que Lady Black vivait ici, déclara Dudley, comment se fait-il que ce soit aussi… pourri ? »
« Elle passait beaucoup de temps à l’Hôpital et se déplaçait par cheminée. Elle n’avait guère de raison de passer par le Hall… »
Le Devin fit la moue, guère convaincu par les explications de son frère. D’un côté, il était vrai que la maison était grande pour une femme seule, de l’autre… C’était vraiment tout pourri.
« Venez », déclara Léo, coupant les pensées de Dudley.
Le trio traversa le Hall et descendit un escalier de marches raides menant dans une vaste cuisine. Le sorcier caché haussa un sourcil en voyant la poussière accumulée sur la longue table de bois.
« Kreattur ! », appela Léo après s’être assis sur une chaise et avoir posé son cahier de brouillon et sa plume à papote sur la table.
Il y eut un crac ! sonore et une petite créature chétive apparue dans la pièce, faisant sursauter le boxeur. Minuscule, d’une taille de moitié inférieure à celle d’un humain, il avait une peau blanchâtre dont les plis pendaient de toutes parts. De grosses touffes de poils gris sales sortaient de ses oreilles de chauves-souris. Il était vêtu d’un vieux chiffon crasseux.
« Bordel, mais c’est quoi ça… », murmura Dudley.
« Un elfe de Maison. Ce sont les esclaves des sorciers. Ils peuvent aussi bien être associés à une famille, à un lieu ou à un individu. Ils sont asservis par magie et seul le don d’un vêtement peut les libérer », répondit Harry à voix basse.
L’elfe s’inclina très bas face à Léo et un peu moins bas face à Harry et Dudley. Il avait reconnu son Maître.
Dudley Steven Granger n’était pas un abruti, loin de là. Certes, il n’avait pas l’intelligence acérée de son aînée ou le génie intellectuel de ses cadets, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il fût con comme une porte de placard.
Il était bon étudiant, parlait couramment trois langues, était un voyant pas mauvais qui avait plusieurs prophéties accomplies à son actif et il allait devenir le plus jeune Maître des Potions de tous les temps.
S’il avait été aveugle à son environnement et s’il avait eu le QI d’une huître, cela n’aurait pas été possible.
C’était parce que justement Dudley passait son temps à observer les petits détails et à les analyser, qu’il avait compris, depuis un certain temps déjà que Léo et Harry n’étaient pas ce qu’on pensait qu’ils étaient.
Ils n’étaient pas des adolescents de treize ans normaux. Dudley avait émis plusieurs hypothèses. Les jumeaux pouvaient être des aliens qui utiliseraient des peaux humaines pour se fondre dans la masse, des démons ayant pris possessions de victimes innocentes, des demi-dieux venus conquérir le monde, ou alors, la réincarnation de personnes puissantes.
Le Boxeur n’avait pas arrêté d’émettre des théories depuis qu’il avait acquis la certitude de l’anormalité de ses frères. Mais, s’il passait son temps à chercher, en réalité, il s’en foutait pas mal. Harry et Léo étaient ses frères de cœur et ils ne les laisseraient jamais tomber, même dans les heures les plus sombres.
Ce fut justement parce que Dudley savait que les jumeaux cachaient quelque chose d’énorme qu’il décida de quitter la cuisine les laissant discuter avec l’elfe de maison. Le temps qu’il fasse un tour du propriétaire, ils auraient bien le temps de régler leurs problèmes.
« Je vais visiter un peu les étages. »
Voyant la phrase s’inscrire sur son cahier, Léo s’arrêta net dans son discourt.
« Kreattur, je sais que Monsieur Regulus t’a confié un médaillon et qu’il t’a chargé de le détruire. »
Le Serpentard vit l’elfe devenir plus blanc qu’un bout de craie et se mettre à haleter.
« Je sais également que tu n’as pas pu le faire. Je peux le détruire. Je sais comment enlever la mauvaise magie qu’il contient. Kreattur, je t’ordonne l’aller me chercher ce médaillon. »
L’elfe écarquilla ses grands yeux avant de disparaître dans un craquement sourd.
~ Tu es sûr de toi mon frère ? ~ demanda Harry.
~ Ce sera peut-être notre seule opportunité de détruire cet horcruxe et toi-même m’as dit que Kreattur sera bien plus vivable après sa destruction,~ répondit Léo.
Harry hocha la tête avant de fouiller les poches magiquement agrandies de son jean. Il en sortit un flacon de verre remplis d’un liquide translucide ayant une viscosité similaire à de l’huile de vidange. Luolès avait été généreuse dans son don.
Kreattur réapparut dans la cuisine moins d’une minute après son départ. Il tenait entre ses longs doigts noueux un lourd médaillon en or avec la lettre S sertie de petites pierres vertes. Il le tendit sans un mot à son Maître. Léo le récupéra et le posa sur le sol, demandant à l’elfe de s’écarter.
~ Prêt Harry ? ~
~ Quand tu veux. ~
~ Ouvre-toi~ siffla Léo.
Le médaillon s’ouvrit et une fumée noirâtre zébrée d’un orange malsain s’éleva. Mais avant que l’Horcruxe n’ait eu le temps de parler, Harry versa une bonne moitié du flacon de venin sur le morceau d’âme.
Un hurlement strident résonna brièvement dans la pièce faisant gémir Kreattur, faisant grimacer Harry et laissant Léo indifférent. Être sourd pouvait, dans quelques cas, être un avantage.
Le survivant rangea le flacon dans sa poche tandis que Léo récupérait le Médaillon de Salazar Serpentard. La relique du Fondateur n’avait pas été abîmée par la destruction de l’Horcruxe. Elle rejoindrait le Diadème de Serdaigle dans la Chambre des Secrets, sous la garde du Basilique.
Désormais, il ne restait à Voldy qu’un seul et unique Horcruxe, la coupe de Poufsouffle. Évidemment, l’âme principale du mage noir, lorsque Pettigrow le rejoindrait, créerait un nouvel horcruxe en la personne de Nagini.
Mais cela n’avait guère d’importance pour l’instant.
Non, maintenant, ce qui importait, c’était de remettre en état Square Grimmaurd et de visiter tous les autres biens immeubles que Léo et Harry venaient d’hériter.
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« Vos bagages sont prêts ? »
Les deux enfants aux cheveux noirs corbeaux courraient partout dans leur chambre, rassemblant vêtements éparpillés et livres abandonnées. Leur grand-mère sourit avec bonhomie. Malgré leur intelligence, les jumeaux restaient des adolescents têtes en l’air.
Lorsque les deux galopins l’avaient appelée, quelques jours auparavant, elle avait senti le coup fourré.
Ils lui avaient expliqué toute la situation, le rituel de Passation et les deux Maisons à reprendre en main. Ils lui avaient ensuite dit qu’ils voulaient faire le tour de leurs nouvelles acquisitions. Et qu’ils avaient besoin d’une présence adulte avec eux. Pétunia avait été clair sur ce point. Ses enfants ne partiraient pas sur les routes tous seuls.
La mère de Marc n’avait plus aucune responsabilité ni aucun impératif. Elle s’ennuyait assez dans sa campagne et un peu d’animation ne lui ferait pas de mal. Sans parler du fait qu’elle n’avait jamais visité le Pays de Galle.
Elle avait accepté avec plaisir de leur servir de chauffeur et de chaperon. Les jumeaux étaient arrivés par cheminée en début de semaine. Harry s’était vautré sur le tapis, noir de suie, tandis que Léo était sorti de l’âtre avec grâce.
Les deux jours qu’ils avaient passé au cottage à préparer leur road trip avaient été suffisants pour qu’ils sèment des affaires dans toute la maison.
« Je vous attends dans le garage », annonça Rose laissant les enfants finir leurs valises.
Demain matin, ils partiraient en direction le Pays de Galles avant de visiter le Tauntonshire puis de remonter vers le nord.
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La chambre était plongée dans une semi-pénombre éclairée par un fin raid de lumière traversant les volets mal joints. Un gros cocon de couvertures allongé sur un fin lit de camps bougeait lentement et régulièrement au rythme des respirations apaisées du dormeur.
Seule une masse de cheveux noirs dépassait du cocon.
La porte de la chambre s’ouvrit doucement et une forte odeur de chocolat chaud envahis l’espace. Le dormeur grogna en remuant légèrement, son esprit mis en éveil par le changement de son espace.
« Il est 8h, Maître Harry. Monsieur Léo a dit à Dobby de dire à Maître Harry qu’il doit se lever rapidement. »
Le dormeur grogna à nouveau. Un bras sortit des couvertures et remua faiblement.
« Ssi D’bby. »
L’elfe de Maison reconnu le geste et décrypta les ordres de son Maître. Il posa le plateau contenant le petit déjeuné sur le sol avant de quitter la chambre, laissant le Survivant émerger de son sommeil.
Harry se redressa sur le lit de camps avant de tâtonner sur le sol à la recherche de ses lunettes. Il les mit sur son nez en baillant longuement. Léo était vraiment un tortionnaire. Il était pas bien de se lever aussi tôt alors que c’était les vacances !
Harry passa une main dans ses cheveux dressés dans le vain espoir de les aplatir quelque peu. Entendant le ricanement moqueur du miroir, il comprit rapidement que sa tache était perdue d’avance et laissa tomber, se rabattant plutôt sur son petit-déjeuné. Tout en mâchonnant sa tartine couverte de confiture de mûres le Poufsouffle laissa son esprit dériver sur tout ce qui lui était arrivé depuis le début des vacances.
Tout avait commencé avec la mort de Lady Black. Léo était devenu le nouveau Lord Black et lui était devenu Lord Potter. Avec ces nouveaux titres, c’était une myriade de papiers et de dossiers qui étaient tombés sur les Jumeaux.
Mamie Rose avait gentiment accepté de leur servir de chauffeur pour visiter une partie des propriétés dont ils venaient d’hériter.
La première propriété avait été une maison située à un demi kilomètre de Tinworth, un village semi-magique anglais des Cornouailles. C’était une maison moyenne à un seul étage, posée sur une colline venteuse à la limite de la plage. Elle était cerclée par une terrasse de bois qui nécessitait une bonne couche de vernis. Sa porte en bois massif à la serrure d’argent s’ouvrait sur une large pièce qui semblait être le salon.
Toute la maison était vide. Il n’y avait pas le moindre meuble. Le rez-de-chaussée comportait six pièces dont une salle d’eau, la cuisine et ce devait être un cellier. À l’étage, il y avait une autre salle d’eau et quatre autres salles de taille moyenne. Toutes étaient peintes de couleurs claires et avaient un sol en parquet.
Rose avait supposé que lorsque la maison était encore habitée, l’étage était occupé par les chambres à coucher et que le salon, la salle à manger et peut-être une bibliothèque ou un fumoir constituait le rez-de-chaussée. Mis à part la façade qui méritait un bon ravalement, la maison était dans un état tout à fait correct.
La seconde propriété avait été le cottage de Godric's Hollow. Harry avait senti ses tripes se tordre lorsqu’ils étaient arrivés devant ce qui restait de leur maison d’enfance. La plus grande partie du cottage est restée debout depuis sa destruction partielle en 1981, mais l’aile droite du dernier étage était complètement détruite. La maison était recouverte de lierre et la haie avait poussé en tous sens. Lorsque Rose avait touché le portillon du jardin, un écriteau parlant s’était élevé, faisant sursauter la vieille Dame.
En ce lieu, dans la nuit du 31 octobre 1981, Lily et James Potter perdirent la vie. Leurs fils, Léo et Harry, demeurent les seuls sorciers qui aient jamais survécu au sortilège de la Mort. Cette maison, invisible aux yeux des Moldus, a été laissée dans son état de ruine comme un monument à la mémoire des Potter et pour rappeler la violence qui a déchiré cette famille.
Cette annonce avait fait bondir les jumeaux. Les sorciers n’avaient aucun droit sur cette maison. Ils n’avaient pas à décider de faire de ce cottage un mémorial. C’était aux Potter de décider ce que deviendrait le Cottage des Étoiles. Et Harry avait décidé de le mettre sous Felidas.
Cette maison était à lui ! Et à Léo. Si les sorciers voulaient avoir un endroit pour se souvenir à quel point ils avaient été lâches face à Voldy et ses chiens, c’était leur problème ! Le Cottage des Étoiles ne remplierait pas ce rôle !
Le rituel de Felidas avait été très rapide à effectuer. Le seul problème avait été l’extrême fatigue qui avait suivi. Cet enchantement était très gourmand en énergie.
Après Godric'Hollow, Rose et ses petits fils étaient partis pour le Pays de Galle où les Black avaient un terrain. Lorsqu’ils étaient arrivés, ils avaient été choqués par ce qu’ils y avaient découverts. Un château. Enfin, non. C’était plus des ruines qu’un château, mais d’après les murs restant, le bâtiment avait été un putain de monstre à mis chemin entre un château fort et le château de Chambord. Le bâtiment était complètement inhabitable au grand dam de Léo. Harry était prêt à parier que son frère réfléchissait à un moyen de rendre au château son état d’origine.
Après la visite des ruines du Château de Winterfell, Rose et les jumeaux étaient rentrés sur Londres.
Harry et Léo avaient fête leurs treize ans entourés par leur famille. Ce fut à ce moment-là que Harry vécu le plus gros choc de sa nouvelle vie. Léo lui offrit Dobby. Harry avait été statufié par le choc pendant une bonne minute avant d’essayer d’étrangler son frère. Léo avait été infiniment fier de lui. Il avait conclu un marché avec Draconis et avait racheté Dobby aux Malfoy au début des vacances d’été dans le but tout avoué de l’offrir à Harry.
Le Poufsouffle avait passé de longues heures à discuter avec son elfe sur son contrat de travail. Ils étaient finalement arrivés à un compromis. Dobby n’était pas libéré, mais il était payé et il avait le droit, si ce n’était le devoir, de s’habiller correctement.
Après leur anniversaire, Harry et Léo étaient partis quelques jours avec Alice et Sarah. Le Survivant avait été ravi de passer du temps avec sa marraine et la petite sœur de Neville.
L’Apothicaire les avait accompagnés en Magicobus jusqu’à Flagley-le-Haut, un village semi-magique anglais situé dans le Yorkshire. Les Black y avaient une sympathique maison poussiéreuse remplit d’objet de magie noir. Le quatuor y était resté une journée, visitant la maison et listant les choses à faire pour la rendre à nouveau habitable. Alice avait été de précieux conseils en apportant un œil féminin sur l’affaire.
Harry et Léo avaient d’ailleurs appris à cette occasion que Severus et Neville étaient en voyage au Brésil. Le Potionniste avait été invité à un colloque à São Paulo et il avait pris Neville avec lui. Apparemment l’Héritier Longdubas profitait grandement de son voyage, vadrouillant dans la zone magique de la ville avec Abraão, un étudiant de Castelobruxo dont la mère participait au même colloque que Severus. Les deux ados étaient complètement fanas de botaniques et passaient leur temps dans les jardins botaniques magiques de la ville.
Harry n’avait eut, étrangement, aucun mal à imaginer Neville courir das tous les sens pour s’exclamer devant telle ou telles plantes, herbes ou arbres.
Le Survivant vida son bol de chocolat avant de le reposer sur le plateau désormais vide.
Bien des choses étaient différentes par rapport à la dernière fois. Neville avait une maman, Pétunia était gentille, Dudley était un voyant, Hermione avait quatre ans de plus que lui.
Oui, bien des choses étaient différentes. Trop peut-être.
Si un battement d’aile de papillon pouvait déclencher un ouragan, qu’allait déclencher quelque chose d’aussi gros que deux âmes étrangères ?
En voyant tout ce qui avait changé, il arrivait qu’une peur panique vienne tordre les tripes de Harry. Et s’il changeait trop de choses et que finalement tout lui échappait ? Et s’il ne parvenait plus à prévoir les actions de Voldy ? Et si… Et si ?
« Harry James Potter ! Tu vas me faire le plaisir de ramener tes fesses rapidement dans la cuisine ! »
Avec des « si », on réécrivait le monde. Mais pas tout de suite car sinon Léo allait le battre à mort avec une petite cuillère.