
Remus Lyall Lupin-Howell
Remus Lyall Lupin-Howell
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CRAC.
Remus observa les débris du saladier avec un regard fou.
Il était fou.
Fou de colère et de douleur.
Fou de chagrin…
Remus se laissa glisser contre le mur avant de finir assis par terre. Il serra ses genoux contre son torse avant de laisser ses larmes coulées.
Il avait 21 ans et il était seul. Si seul…
On ne lui faisait pas confiance. Plus personne ne lui faisait confiance !
Même eux…
Même ceux qui avaient juré qu’ils seraient toujours ensemble…
Même les Maraudeurs…
Cela durait depuis un certain moment. La dernière gaffe de Peter lui avait permis d’apprendre qu’il y avait eu plusieurs réunions de l’Ordre auxquelles il n’avait pas été convié.
Et ça faisait mal !
Si mal…
Penser que ses… « amis » le prenaient pour un traître… Cela le révoltait !
Sa mère avait raison. Les Anglais ne l’accepteraient jamais. Même Dumbledore, qui avait pris tant de risques pour lui offrir une place à Poudlard. Même ceux qui le connaissaient le mieux ne l’acceptaient pas.
Ils avaient peur.
Ils avaient tous peur de lui !
Remus laissa échapper un rire jaune. Comme s’il ne se terrifiait pas déjà lui-même…
« Laisse tomber cette société qui te hait ! Viens avec moi mon fils ! »
Oh, comme sa mère avait eu raison. Il aurait dû l’écouter ! Il aurait dû partir avec elle, refaire sa vie dans le monde moldu, quelque part en Islande…
Espérance Lupin née Howell était partie juste après l’assassinat de Lyall. Avec la mort du père de Remus, la moldue n’était plus en sécurité en Angleterre. Elle était partie tandis que Remus restait. Il avait 19 ans et rêvait de venger son père…
Quel abruti.
Lorsque Remus se releva, la nuit était déjà tombée depuis longtemps. Puisque même Sirius était certain qu’il était un mangemort infiltré, il ne servait plus à rien que Remus reste pour aider l’Ordre. Il n’allait pas se faire tuer pour des gens que ne lui faisait pas confiance.
Le Lycanthrope ouvrit sa vieille malle d’école d’un grand coup de pied. Il la vida de ses anciens manuels avant de fourrer dedans tous ses habits, son linge de toilettes, ses torchons, ses draps, ses couvertures… Remus dut s’asseoir sur la malle pour réussir à la fermer.
Il sortit ensuite un coffre et une deuxième malle, plus petite de ses placards. Il mit dans le coffre sa vaisselle, les quelques bibelots de décorations qu’il avait et la totalité de ses meubles après les avoir réduits. Sa grande collection de livres finie, elle, dans la petite malle.
Lorsque la frénésie de rangement de Remus retomba, son appartement était entièrement vide. Comme lorsqu’il l’avait loué. Plus rien. Vide.
Et l’aube commençait à poindre à l’horizon.
Le jeune Lupin réduisit et allégea la malle de vêtements et le coffre avant de les fourrer dans sa poche. Il empoigna la malle de livres avant de quitter son appartement. Les livres n’aimaient vraiment pas être victimes de sortilèges d’allègement ou de volume.
Le sorcier arriva rapidement à Gringotts. Il salua les Gobelins avant de demander à parler avec son gestionnaire.
Remus vida son coffre personnel ainsi que le coffre de ses parents. Espérance avait ses propres comptes dans le monde moldu et elle refusait d’utiliser l’argent sorcier depuis la mort de Lyall. Il fit également convertir une partie de son argent en monnaie moldue.
Remus loua une chouette postale qui alla livrer le mois de loyer que Remus devait à son logeur pour le mois entamé. Après quoi Remus Lupin franchit la barrière du Chaudron Baveur et disparut dans la foule moldue.
On était le 6 mai 1981 et ce fut la dernière fois que l’on vit Remus Lupin en Grande-Bretagne.
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« Bonjour Mr Howell ! »
Remus salua sa voisine avec un sourire. La vieille dame était tout à fait charmante même si elle persistait à le trouver trop maigre et donc à lui offrir très régulièrement des petits plats.
Depuis son arrivée en France, deux mois plus tôt, la colère de Remus s’était apaisée. Il avait bien trop de choses à gérer en même temps pour y penser. Entre les dossiers à suivre, la recherche de logements, la queue à la préfecture pour les différents papiers, la recherche de travail… Remus était exténué et ne songeait qu’à dormir.
Que les Anglais se démerdent tous seuls, il avait déjà bien suffisamment à faire ici !
Remus avait quitté l’Angleterre sur un coup de tête. Sa malle de livres sous le bras, il avait marché jusqu’à l’ambassade française où il avait entrepris les démarches pour vivre en France.
Être Sang-mêlé donnait à Remus l’énorme avantage d’exister dans les deux mondes. Chez les sorciers il était Remus Lupin, et chez les moldus, il était Remus Howell.
C’était une chose qu’il n’avait jamais dite aux Maraudeurs. Sa mère le lui avait interdit. Et Madame Lupin pouvait être très, très effrayante lorsqu’elle le voulait !
Aujourd’hui le sorcier continuait de remercier sa mère pour ses précautions.
C’est en tant que Remus Lyall Howell que le lycanthrope s’était installé dans la petite ville d’Arentième dans le Nord-Pas-de-Calais.
Remus avait acheté une petite maison à deux étages à la bordure de la ville. Quasiment toutes ses économies y étaient passées. La maison tenait plus de la passoire thermique qu’autre chose, mais le lycanthrope s’en moquait. Il était bien chez lui. Et puis entre sa nature et sa magie, il passerait bien l’hiver lorsque celui-ci viendrait.
Il avait également acheté une cage de fauve à un cirque de passage. Lunard n’aimait pas la cage mais Remus n’avait pas le choix. Il ne voulait pas être découvert ou pire, blesser quelqu’un en sortant.
Le jeune homme avait trouvé un boulot à mi-temps dans une librairie de la ville et il profitait de son temps libre pour préparer un diplôme moldu.
La surcharge de travail que représentait ce double emploi du temps obligeait Remus à se concentrer sur le présent et à se détacher lentement de sa rancœur envers ses anciens amis.
Oui, vivre chez les moldus en France était un baume sur ses blessures. Il avait été accueilli avec curiosité, ce n’était pas tous les jours qu’un Anglais s’installait en ville, mais avec bienveillance. Il se sentait bien plus apaisé maintenant.
« Remus ! La commande vient d’arriver ! Ramène tes fesses pour m’aider à décharger !
« Oui Madame Blanchard !
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Remus se releva en gémissant doucement. Il avait maaaal…
Le sorcier s’assit sans guère se soucier de sa nudité. De toute façon, il finissait nu à chaque Pleine Lune.
Remus se releva en grommelant. Il avait mal partout. On aurait dit un petit vieux !
C’était étrange. Il n’avait pas mal. Enfin, si, mais c’était pas comme d’habitude. Il avait mal physiquement, mais pas mentalement. Comme si cette fois, le Loup était apaisé, si Lunard n’avait pas lutté lorsque l’humain avait repris ses droits. Ce n’était pas norm…
Remus hoqueta de terreur. La porte de la cage était défoncée et pire encore… la porte de son garage était entrebâillée !
Merde, merde, merde, merde…
Il était sorti !
Lunard était sorti !
Oh par merlin qu’avait-il fait ?!
Remus enfila à la va-vite la robe de chambre qu’il avait entreposée à l’extérieur de la cage avant de bondir aller fermer la porte du garage. Il fila ensuite à l’étage prendre une douche rapide et engloutir deux tartines.
Remus marchait vers son lieu de travail d’un pas vif. Il s’arrêta acheter les journaux du jour au bureau de tabac.
Tandis que le sorcier feuilletait le journal, le soulagement l’envahit. Il n’y avait eu aucun crime horrible causé par un animal sauvage cette nuit.
Mais peut-être que le corps allait être retrouvé plus tard… Remus se retint de gémir de désespoir. Il ne voyait qu’une seule raison pour que le Loup soit si calme.
Il avait tué.
Il avait apaisé ses instincts meurtriers.
C’était la seule solution pour que Lunard soit si tranquille…
Et cette idée rendait malade Remus.
Bon sang, mais qu’avait-il fait cette nuit ?!
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La louve blanche observait la Lune en silence. Elle savait que les membres de la meute commençaient à s’impatienter. Ils voulaient chanter !
Mais ils n’étaient pas tous là. Il manquait le Bêta.
La première fois que le loup solitaire avait rencontré la Meute, lui et l’Alpha avait manqué de s’écharper.
La seconde fois l’Alpha et le Solitaire avait pris le temps de communiquer. Le Solitaire était fort. Il pouvait devenir l’Alpha. Mais il ne voulait pas être alpha. Du coup il était devenu Bêta. Il était aussi fort que l’Alpha. Les autres n’avaient pas contesté l’autorité du nouveau.
Depuis le Solitaire courrait avec la meute. Il n’était plus seul, il était le Bêta de la Meute.
Un mouvement fit se redresser la louve blanche. Son bêta était là. Le grand Loup Gris sauta auprès de son Alpha et frotta doucement sa tête contre l’épaule de la Louve.
Celle-ci le repoussa gentiment avant de se mettre à courir, sa meute lui emboîtant le pas. Les loup-garous coururent jusqu’à une clairière où l’Alpha stoppa net.
La louve blanche leva sa tête vers la Déesse et chanta. Chanta sa joie d’être là, sous la douce lueur de la Mère Lune, chanta son plaisir de galoper avec sa meute, sa famille, dans la nuit.
Et bientôt la voix du Bêta se mêla à la sienne tandis que le reste de la meute chantait en canon.
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Remus avançait d’un pas vif emmitouflé dans son grand manteau d’hiver. Cela faisait six mois qu’il était en France. Et cela faisait quatre mois que Lunard se faisait la belle chaque Pleine Lune.
Au début Remus s’était fait un sang d’encre, mais il avait rapidement eu des flashs, comme si Lunard l’autorisait à savoir ce qui s’était passé.
Remus avait découvert avec soulagement qu’il n’avait tué personne, avec peur qu’il y avait toute une meute de lycanthropes dans la région et avec surprise qu’il était devenu le Bêta de la meute…
Depuis, une trêve fragile s’était établie entre les deux moitiés d’un même être. Remus laissait la porte ouverte avant ses transformations et Lunard n’attaquait personne. Le Loup avait trouvé sa place. Il n’avait plus besoin de se combattre lui-même. Il avait enfin une vraie meute avec qui il pouvait jouer, courir, chasser…
Remus avait été malade en apprenant que la meute avait chassé, tué et mangé deux daims. Il avait encore le goût du sang dans la bouche lorsqu’il s’était retransformé ! Et c’était parfaitement dégueulasse !
Remus était certain de Lunard avait fait exprès et que le Loup se foutait de sa gueule en plus ! Après cette nuit-là, le sorcier avait banni la viande de son menu pendant une longue semaine.
Remus poussa la porte du bâtiment avec soulagement. On avait beau être juste en octobre, il faisait un froid de canard !
« Bonsoir, je viens voir le Commissaire Laurence. »
Le policier indiqua le bureau du commissaire à Remus.
Six mois qu’il était en France et il parvenait déjà à se faire remarquer ! En même temps, il allait pas laisser sa charmante voisine se faire descendre par un gamin stupide qui avait eut l’idée désespérée de braquer la supérette. La drogue était une maîtresse bien exigeante…
Tandis que le môme pointait son arme sur les clients, en hurlant qu’il voulait la caisse, Remus lui avait jeté à la tête la première chose qui lui passait sous la main, soit une bouteille de Bordeaux de 1968.
La bouteille avait explosée sur le crane du gamin, le mettant KO. Remus avait vérifié que l’agresseur était bien vivant avant d’appeler la police.
Le Commissaire qui apparemment n’avait pas d’affaires plus urgentes que ce petit braquage loupé avait demandé à Remus de passer au poste pour faire sa déposition.
Le sorcier frappa à la porte du bureau.
« Entrez ! »
Remus poussa la porte et entra avant de se statufier. L’odeur de l’Alpha était partout dans la pièce. Son regard balaya la pièce. Il n’y avait que le Commissaire d’une grande élégance dans son costume assis à son bureau. Pas d’Alpha.
« Mr Howell. »
« Commissaire. »
Remus s’assit face à l’Homme. Ils parlèrent un peu du braquage avorté avant que le policier ne replonge dans ses rapports.
« Bonsoir Commissaire ! »
Remus tressailli en entendant la voix aiguë et Lunard sursauta en sentant l’odeur de l’Alpha le frapper de plein fouet. Elle était là ! Et elle était accompagnée par une autre femme.
« Avril ! Qu’est-ce que vous fichez là ? »
« C’est à propos de… »
« Stop Avril ! Je ne veux pas écouter vos bêtises ! Marlène, Mr Howell vous attends pour faire sa déposition. »
Remus détailla les deux femmes qui se tenaient débout derrière lui. Il y avait une rouquine aux cheveux frisés, en jean et veste de cuir avec un casque rose pastel sous le bras. L’autre était une femme blonde en robe et talons avec un air particulièrement niais.
« Venez Mr Howell. »
La femme s’installa à son petit bureau et installa une feuille dans la machine à écrire. Remus la suivit plus lentement tandis que derrière lui le Commissaire débattait avec la dénommée Avril.
L’Alpha c’était elle. La secrétaire. La potiche blonde qui aurait bien sa place dans les magazines de mode comme mannequin.
Lunard ne comprenait pas pourquoi l’Alpha faisait semblant d’être si bête. L’Alpha n’était pas bête. Sinon elle ne serait pas l’Alpha…
Le Loup était perturbé et cela perturbait Remus… Presque autant que le décolleté de son interlocutrice.
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DING DONG.
Lorsque Remus ouvrit la porte, il ne fut qu’à moitié surprit de voir la secrétaire nunuche du Commissaire sur le pas de sa porte.
La femme, toujours aussi blonde et toujours aussi maquillée avait baissé son masque de potiche. Remus voyait la lueur calculatrice dans ses yeux et son sourire légèrement sournois.
Lunard s’agita dans son esprit. Là, il reconnaissait l’Alpha.
« Bonsoir Mr Howell… Je crois qu’il serait de bon ton que nous discutions sur divers sujets… »
Remus aurait pu nier et refermer sa porte.
Il aurait pu.
Mais il ne le fit pas.
La femme était l’Alpha et même en étant humain, il savait qu’elle était l’Alpha, son Alpha… Et un alpha protège et guide. Marlène n’était en aucun cas une menace.
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Remus avait fait la connaissance du reste de la Meute avec un rien d’inquiétude.
Mais rapidement il s’était détendu et avait fait la rencontre de ses compagnons avec plaisir. La Meute était petite. Sept membres à peine.
Il y avait le couple Jourdeuil, dont l’époux, Robert était Rédacteur en chef à la Voix du Nord, le jeune Émile Lampion qui rêvait d’être inspecteur de police, les faux jumeaux Thibaut et Amandine Poireau, Marlène et lui.
Une toute petite meute qui ressemblait étrangement à une famille.
Il avait également demandé à son Alpha pourquoi elle se faisait passer pour une telle… blonde. Sa réponse, bien qu’extrêmement logique l’avait étonné.
« Qui suspecterait la jolie et très stupide secrétaire de se transformer à chaque lune ronde ? Et puis comme ça, je suis au courant de tout ce qui se passe ! »
« Et tu ne veux pas un peu de reconnaissance ? »
« Non. Je veux juste pouvoir protéger ma famille. Si je dois passer pour la plus stupide des femmes pour cela, ce n’est pas grave. »
« Ah… »
« Et puis l’expression du commissaire est si drôle. »
Espérence avait été ravie des lettres de son fils qui lui annonçait qu’il avait, enfin, trouvé un équilibre avec son loup.
Remus avait rapidement compris que les autres étaient des lycanthropes moldus. Ils n’avaient absolument pas réagi lorsqu’il avait fait des sous-entendus sur le monde magique. Une meute moldue…
Après tout pourquoi pas.
Le dilemme du jeune Lupin était désormais le suivant : devait-il parler du monde magique à la meute ?
La question relativement simple en apparence cachait divers problèmes.
Comment allait réagir la meute à cette découverte ?
Cela n’allait-il pas lui créer des problèmes avec les sorciers français ?
La longue lettre de sa mère mit fin aux doutes de Remus. Des moldus qui se transformaient en loups à chaque pleine lune avaient déjà un pied dans le monde magique. Et puis vu l’activité des sorciers français dans le nord, ce n’étaient pas eux qui allaient l’embêter !
Remus attrapa son téléphone et composa le numéro.
« Allo ? »
« Bonsoir Marlène… Je crois qu’il serait de bon ton que nous discutions sur divers sujets… »
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« Remus ! Remus ! Regarde ce que j’ai trouvé ! »
Le sorcier se baissa et regarda attentivement le joli nid que lui montrait la petite Louise. Il félicita l’enfant pour sa trouvaille avant de lui ébouriffer les cheveux dans un geste affectueux. La petite fille lui piailla de mécontentement avant de repartir en courant pour montrer son nid à d’autres membres de la meute.
Louise était la plus jeune louve de la meute. Étant la fille de Pierre et Isabelle, deux loups-garous faisant partie de la meute depuis sept ans désormais, elle était une lycanthrope de naissance.
Le Lycanthrope se releva et observa avec un sourire satisfait les gens qui bavardaient tranquillement dans la cour arrière de sa demeure.
La petite maison à deux étages en bordure de ville que Remus avait acheté lors de son arrivée à Arentième avait bien changé en un peu plus d’une décennie. Le sorcier avait passé beaucoup de temps à la rénover, transformant l’ancienne passoire thermique en cottage cosy.
Mais la demeure de Remus n’était pas la seule chose qui avait évolué. La meute avait énormément changé. De toute petite avec seulement sept membres, elle était passée à plus d’une cinquantaine de loups.
« À quoi penses-tu ? »
Le sorcier se tourna vers son alpha qui l’observait avec un petit sourire en coin.
« Je pensais à la meute. »
Marlène acquiesça avant de mordre dans le petit canapé au saumon qu’elle avait en main.
« Si tu n’avais pas parlé du Monde Magique, on en serait pas là aujourd’hui. »
Remus gloussa en repensant à la fameuse soirée où il avait parlé des sorciers à son alpha. Lorsqu’il avait dit à Marlène que la magie existait, la blonde avait seulement lâché un gros « hein ? » incrédule. Le sorcier avait d’ailleurs été surpris par l’étonnement de l’alpha. Si un humain pouvait se changer en loup, pourquoi la magie n’existerait pas.
Finalement Remus avait fait une petite démonstration à Marlène. Il avait fait danser sa tasse de thé sur la table avant de changer un coussin en hérisson. La louve blanche avait bien été forcée de le croire.
Ils avaient passé la nuit à parler du Monde Magique, de la place des lycanthropes dans celui-ci, des études des sorciers mais aussi du passé de Remus, de ses anciens amis dont il n’avait et ne voulait plus aucunes nouvelles et de la situation en Angleterre.
Marlène lui avait également parlé de sa propre famille. Chez les Leroy, la capacité de lycanthropie était héréditaire. Parfois le gène était muet, comme chez la sœur de Marlène, parfois il était actif. C’était la grande loterie de la génétique.
L’Alpha avait appris à « maîtriser » son loup avec son grand-père et sa tante. En fait, elle avait surtout appris à ne pas le combattre et à l’accepter. Vu que Marlène ne se voyait pas comme un monstre et qu’elle acceptait cette partie d’elle-même, la louve n’avait jamais dû combattre pour prendre le contrôle et n’était pas aussi acharnée contre les humains. Elle pouvait très bien en croiser sans chercher à les attaquer. C’était plutôt même le contraire, elle allait les fuir.
Marlène acceptait la louve et celle-ci lui laissait accès aux souvenirs de la pleine lune.
Cela avait franchement étonné Remus qui s’était déjà plusieurs fois interrogé sur l’incroyable contrôle qu’avait son alpha. Mais le sorcier s’était rapidement rendu compte que s’il ne cherchait pas à combattre Lunard, les transformations étaient bien plus apaisées. Et qu’il avait lui aussi accès aux souvenirs du loup.
Cette discussion à cœur ouvert avec son alpha avait plongé Remus dans une intense réflexion. Il avait analysé ses souvenirs et il s’était aperçu qu’il avait tout fait de travers après sa morsure.
À cause des préjugés du monde magique, il avait rejeté cette part de lui et l’avait même haï. Premier problème. Ses parents, en voulant le protéger, l’avait isolé des autres. Second problème. À cause de la haine qu’il avait envers lui-même, Remus luttait à chaque pleine lune contre Lunard, subissant à cause de cela d’horribles souffrances. Troisième problème. Même l’aide des Maraudeurs lui avait finalement plus de mal que de bien.
Les Loup-Garous étaient des créatures grégaires. Ils avaient besoin de vivre en meute. Entre loups. La meute déformée formée par un loup, un chien, un cerf et un rat avait apaisé un instant cet instinct grégaire chez Lunard, mais cela n’était pas suffisant. Cela n’avait jamais été suffisant.
Lunard voulait ne plus être seul. Et pour cela, il lui fallait d’autres loups. Et un moyen rapide était tout simplement la morsure et la transmission du virus.
L’arrivée de Remus en France et son entrée dans la meute de Marlène avait été salutaire pour l’équilibre mental du sorcier. Outre le fait que Lunard aimait être entouré de ses semblables, le fait que Marlène, une louve de naissance, puisse contrôler sa meute et donc empêcher les débordements, avait rassuré Remus, qui avait lâché la bride de son loup.
Marlène et Remus s’étaient mis d’accord sur la manière d’agir envers les sorciers. L’alpha avait décidé de prévenir le reste de la meute de l’existence de la magie et de ne pas chercher à contacter les sorciers.
Remus l’avait soutenu de tout son cœur. Actuellement il ne tenait pas franchement à renouer avec le monde magique.
Mais les sorciers en avaient décidé autrement. Un jour de juin, le lendemain de la soirée des remises des diplômes, alors que le tout nouveau diplômé en Histoire du Moyen Âge Européen avait une gueule de bois impossible, il eut la très grosse frayeur de découvrir sur son perron une femme rousse en robe verte répondant au nom de Lady Anoukian. C’était une employée du Ministère Magique Français.
Même huit ans après, Remus se demandait encore comment il avait fait pour réussir à avoir une discussion intelligible et polie avec la sorcière, vu l’alcool qu’il avait encore dans le sang. Celui qui avait dit que les Lycanthropes éliminaient les toxines plus vite que les autres et que donc, ils ne pouvaient pas être saouls, ne devait jamais avoir mis les pieds dans une soirée étudiante organisée par les médecines !
Après la visite de Lady Anoukian, de son prénom Mélusine, Remus avait renoué avec le Monde Magique. Les sorciers avaient été surpris de découvrir des moldus lycanthropes. Ils ne pensaient pas que cela était possible.
Remus devait accorder un point aux Français, ils étaient réactifs. Le Gouvernement Magique Français était un plus ouvert aux autres races que le Ministère anglais. Les nombreuses Enclaves Vélanes présentes sur le territoire aidait à cette ouverture. Les sorciers appréciaient très peu les Lycanthropes, mais ils comprenaient la nécessité de les aider. Une nouvelle branche du Ministère de l’Entente avait été ouverte pour les Loup-garous Moldus.
Mélusine secondée par Cancrelune et Krapella avait mis en place un enchantement visant à rechercher tous les Loup-Garous moldus. Et ils étaient nombreux. Bien plus que ce que pensait Remus.
Ce fut la Meute du Nord qui récupéra ces loups moldus. La Meute était devenue rapidement trop grande. Du coup, elle avait « essaimé ». Émile Lampion qui venait de passer le concours d’inspecteur de police avait été muté dans le sud de la France. Il avait fondé une seconde meute, emportant une partie des loups avec lui. Puis quelque temps plus tard, ce furent les jumeaux Poireau qui partirent, Thibaut dans les Alpes, Amandine dans les Landes.
Sous la tutelle des loups de la meute originelle, les nouveaux apprenaient à se maîtriser ou à s’accepter ou profitaient tout simplement de ne plus être seul.
Il y avait deux exemples qui illustraient parfaitement cela. Le premier était le cas du petit Boule. Le gamin avait été attaqué par un loup garou et mordu. Mélusine avait immédiatement contacté Remus. Le sorcier avait repris le dossier et était allé voir les parents de l’enfant pour lui expliquer la situation.
Mis à part la crise d’hystérie du père et l’évanouissement de la mère, ils avaient plutôt bien pris la nouvelle. Cela avait soulagé Remus. Il était prêt à ensorceler les parents et prendre le gamin, si les choses dérapaient. C’était la meute de Thibaut qui avait récupéré le gamin et qui s’en occupait à chaque Pleine Lune.
Cancrelune avait ensuite aidé Remus à chasser l’attaquant du gamin. Il s’était avéré que c’était nul autre que Fenrir Greyback, le sorcier qui avait lui-même mordu Remus. Le sorcier avait cependant réussi à échapper à ses traqueurs après une longue poursuite qui les avaient menés jusqu’en Pologne.
Le second cas était celui du jeune Né de Moldu Jérôme Bloch. Le gamin avait été attaqué par un lycanthrope peu après avoir passé ses ASPICS à Beauxbatons. Il avait réussi à tuer son assaillant mais avait été tout de même mordu.
Complètement perdu et entrain de s’enfoncer dans une spirale de haine telle que Remus avait vécu, Jérôme avait été repéré par Mélusine qui l’avait envoyé manus militari à Arentième. Avec la Meute du Nord, il avait appris à accepter son loup et à vivre avec lui.
Sachant qu’il ne serait plus jamais accepté dans le monde sorcier, il ne s’était pas obstiné et s’était installé à Paris et avait passé une licence de détective. Il avait complètement dit adieu au monde magique. Il n’utilisait la magique uniquement pour transplaner chez Remus les soirs de Pleines Lunes.
Désormais, quelque dix ans depuis que les sorciers avaient pris conscience que des moldus pouvaient être touchés par la lycanthropie, une petite dizaine de meutes mordues ou à majorité moldue s’étaient installée en France.
Voyant l’équilibre et la paix qui entouraient les meutes moldues, de nombreux loups sorciers avaient rejoints le monde non magique. Un véritable réseau de créatures magiques c’étaient ainsi développé dans l’ombre du Gouvernement magique sans que les sorciers, sauf Mélusine et ses amies, s’en rendent compte.
Remus, en tant que premier sorcier de la Meute du Nord, qui était la plus grande meute moldue de lycanthrope, gérait les contacts avec le reste des créatures magiques. Ainsi il était régulièrement en communication avec la Matriarche des Enclaves Vélanes, avec Arielle, la souveraine des sirènes de la Manche ou avec Léonard, un vampire complètement fêlé, génie auto-proclamé qui inventait en permanence des trucs complètement loufoques et surtout qui était le Patriarche du principal clan Vampirique française.
« Lorsque tu auras fini de te perdre dans tes souvenirs, tu viendras danser ? Alice te rappelle que tu lui dois une danse », déclara Marlène, abandonnant son Bêta pour rejoindre la piste.
Remus sourit en secouant la tête.
Ce soir c’était le solstice d’été et sa cour avait été agrandie et couverte par magie de façon à accueillir l’ensemble de la meute. Il y avait tout le monde.
C’était beau.
Remus avait trouvé la paix.