Charity Burbage
Charity Burbage faisait partie de cette génération née pendant la guerre mais qui avait été trop jeune pour en prendre conscience.
Elle avait vu des membres de sa famille disparaître du jour au lendemain sans comprendre pourquoi ils ne revenaient pas et pourquoi il y avait tant de larmes sur les joues de sa mère. Elle avait vu les ravages laissés par une guerre civile aussi violente qu’insensée, mais elle avait été trop petite pour comprendre pourquoi. Pourquoi son pays en était arrivé là. Pourquoi la haine s’était à ce point emparée du cœur des hommes. Pourquoi, tout simplement pourquoi ?
Charity avait grandi sans père, sans oncles, sans grand-père. Heureusement elle avait sa mère, sa grand-mère, ses tantes et ses cousins et cousines.
Elle avait grandi dans un petit village sorcier, sur la cote. Elle avait joué au Quidditch avec les autres enfants du coin, volant au-dessus des vagues et des embruns. Elle avait tiré les cartes avec sa grand-mère et brasser des potions avec sa mère.
Charity les entendait parler à voix basses de procès et de manipulations, de traîtres et de dangers. Elle ne comprenait pas. Et cela ne l’intéressait pas. Elle était jeune et insouciante à l’époque.
Puis elle était allée à Poudlard. Elle avait eu une scolarité sans histoire. Son statut de Sang-Pure la protégeait des médisances mesquines des enfants de puristes et pour le reste, le fait d’être à Poufsouffle lui avait assuré d’être toujours soutenue et entourée. Elle s’était fait des amies avec qui elle avait passé des soirées mémorables, discutant des cours, des ragots et des garçons.
D’ailleurs, en parlant de cela, comme toutes les filles de sa promotion, elle avait eu un crush monstrueux sur le beau Bill Weasley.
Sept années étaient passées très vite entre les cours et les devoirs, les sorties à Pré-au-Lard et les matchs de Quidditch qu’elle suivait avec attention depuis les tribunes.
Elle avait passé ses BUSES puis ses ASPICS avec une réussite bonne sans être exceptionnelle. La seule matière qui avait VRAIMENT son intérêt était l’Étude des Moldus. C’était vraiment passionnant de voir ce que ces personnes sans magie pouvaient faire ! La machine à vapeur par exemple ! Ou les automobiles !
À la grande inquiétude de sa mère Charity avait décidé d’aller explorer le monde moldu. Elle avait pris son sac à dos et des chaussures confortables et avait filé.
Cela avait été une foutue claque !
Les cours de Charity étaient tellement… tellement mauvais ! Le professeur Hacketts avait au moins un siècle de retard ! Il ne leur avait pas parlé de Guerres Mondiales ! Ou de bombe atomique ! Ou de MARCHER SUR LA LUNE !!!
Charity avait ragé comme un vieux putois devant cette… désinformation ! Avant de sabordage systématique des jeunes esprits sorciers ! Par les couilles de Merlin, les moldus avaient ! Marché ! Sur ! La ! LUNE !
Merde quoi !
Alors Charity avait exploré. Elle avait vadrouillé à travers l’Europe, à pied, en voiture, en train. Elle avait même pris l’avion ! Elle avait pris des notes et des notes, noircissant des cahiers de ses pattes de mouches quasi illisibles.
Elle en avait fait un livre et l’avait fait publier en Allemagne (pas en Angleterre. Elle savait à quel point son pays était anti-moldu, même après la disparition du Mage Noir). Et elle avait continué, publiant un deuxième puis un troisième ouvrage.
Cela lui assurait une petite rentrée d’argent. Pas exceptionnelle, mais relativement régulière.
Aujourd’hui, à 24 ans, Charity s’était fait une belle petite renommée. Elle était une des plus grandes expertes des moldus (ce qui la faisait rire jaune. Elle n’était pas exceptionnelle. Elle avait juste eu la curiosité d’aller voir ce qui se passait chez ses voisins.). Et cette renommée lui avait valu de recevoir une lettre intrigante de son ancien directeur.
Charity reposa le parchemin. Elle allait accepter la proposition de Dumbledore. Cela calmerait sa mère qui s’inquiétait trop pour son avenir.