
Pomona Chourave
Si l’on questionne les collègues de Pomona, la réponse est unanime. La Directrice de Poufsouffle est une gentille sorcière sans histoire ayant un cœur en or et une grande passion pour la botanique. Creusez un peu et Minerva rajoutera qu’elles ont fait leurs études ensembles, Pomona l’année au-dessus de celle de l’animagus chat. Creusez un peu plus et Filius vous avouera à voix basse que Chourave n’est pas son nom de jeune fille. « Elle a été mariée mais est devenue veuve très vite. Évitez le sujet… ». Si vous parvenez à atteindre les archives de Poudlard, vous y découvrirez que Pomona Chourave est née Pomona Harbinger est la fille de Jacob Harbinger, un Sang-Mélé et de Sykea Tremblay, une sorcière issue de la Noble et Pure Famille Tremblay.
Pomona était très satisfaite de cette version officielle. Elle avait mis du temps à parfaire sa couverture. Modifier les archives ministérielles n’était pas difficile. Celles de Poudlard présentaient un défi plus amusant.
De façon beaucoup plus officieuse (et donc beaucoup plus réelle), Pomona était la fille de James Falsworth, un héros de guerre moldu et de Sykea Tremblay. Elle avait été élevée par son père après la mort de sa mère en couche. C’était pour sa propre protection qu’elle ne portait pas le nom de son père. L’ancien parachutiste avait collectionné les ennemis durant son temps avec les Commandos Hurlants. (Quant à sa mère, elle avait été reniée par les Tremblay pour son mariage avec un moldu donc Pomona n’avait aucun droit sur son nom.)
Pomona était passée par Poudlard. Répartie à Poufsouffle elle avait été Préfète. Elle avait explosé tous les scores en Botaniques et Potions et avait salement ramé en métamorphose. Chacun sa spécialité comme elle aimait le dire à Minerva.
En parallèle de ses études de magie, elle avait appris la stratégie militaire, le tir et le combat au couteau avec son père et ses amis. Loin d’être idiote, Pomona savait pertinemment que son père avait peut-être pris sa retraite militaire mais qu’il n’avait pas raccroché pour autant. Elle avait tablé sur le MI5. (Elle s’était trompée d’un département…)
A vingt ans, alors qu’elle était en plein cœur de la jungle avec son maître d’Apprentissage en train de fuir un filet du Diable trop affectueux, Pomona avait percuté de plein fouet un soldat américain qui allait devenir l’homme de sa vie.
Enfin, soldat américain… C’te pauv’e pomme avait une identité aussi réelle que Pomona ! Ils étaient faits l’un pour l’autre.
Le « Soldat américain » était en réalité un fichu auror anglais qui était dans un programme d’échange avec le MACUSA.
Enfin bref. Ils s’étaient rencontrés dans la jungle, avaient fui ensembles (et avec son équipe et le Maître de Pomona) devant la fureur d’une armée de fourmis de feu géantes, s’étaient menti mutuellement sur leurs identités durant une demie-dizaine d’années tout en se sautant dessus dès que possible.
En définitive, il n’était pas surprenant qu’aucun de leurs enfants ne porte leurs noms. Ils vivaient sous des identités aussi factices que celles de leurs parents, ainsi protégés des ennemis de leur père et de leur mère.
(Pomona avait, peut-être, participé à quelques missions pour le Gouvernement de sa Majesté dans ses jeunes années et peut-être qu’elle avait une liste longue comme le bras d’individus, souvent moldus mais pas que, qui voulaient sa peau… Peut-être.)
Les sorciers au courant de l’existence des enfants de Pomona se comptaient sur les doigts d’une seule main. Ils étaient trois. Pomona, son conjoint et la vieille Guérisseuse Harpie vivant dans les Îles Féroé qui avaient diagnostiqué les petiots.
Sur trois enfants, Pomona avait réussi l’exploit de produire trois Négateurs. Ni sorciers, ni cracmolls, les négateurs étaient une sous-catégorie de sorciers cachés. Ils ne pouvaient produire aucune magie, mais ils étaient également insensibles à toutes les magies. Seul l’Avada avait un effet. Tout le reste… néant.
Cette découverte aurait pu détruire le couple de Pomona. Elle en était consciente. Mais Merlin merci son conjoint avait pris la nouvelle avec beaucoup de flegme. Voire avec une certaine joie. Sans magie, leurs petits ne seraient jamais mis en contact avec les ennemis de l’Auror et leurs capacités des Négateurs seraient le plus efficaces des boucliers si par malheur les enfants étaient pris pour cible par des sorciers malfaisants !
Oui, le conjoint de Pomona était complètement parano. Mais cette paranoïa lui avait sauvé la vie plusieurs fois, donc la botaniste laissait couler.
(Et soyons franc, elle aussi était sacrément parano.)
Heureusement que leurs enfants étaient (un peu) plus stables qu’eux. Avec un peu de chance ils arriveraient même un jour à arrêter de changer de faux nom de famille à chaque génération !