Aurora Sinistra
Aurora réceptionna avec adresse sa nièce. L’enfant de sept ans la serra dans ses bras, le visage fendu en deux par son grand sourire.
L’enseignante d’Astronomie de Poudlard lui rendit son étreinte avant de reposer l’enfant qui commençait à ne plus être si légère.
« Tu as fait bon voyage ? »
« C’était long. »
« Fallait pas prendre l’avion. »
Très mature, Aurora tira la langue à son frère aîné. Celui-ci ricana avant de prendre la valise et prendre la direction de la voiture.
La sorcière aurait pu prendre un porte-au-loin pour rejoindre sa Louisiane natale, mais elle n’en avait pas envie. Elle avait même besoin d’une rupture brutale et totale avec le monde magique anglais. (Rien de tel que dix heures d’avion pour cela !)
Dieu que cette année avait été pourrie ! La faute de ces saloperies de Détraqueurs ! Ces maudites bestioles donnaient l’impression d’être deux fois plus actives la nuit quand Aurora donnait cours !
(Remus avait émis l’hypothèse que les détraqueurs se rassemblaient, car sa classe était la seule à « proximité », alors que dans la journée il y avait des étudiants dans les serres ou avec Rubeus, ce qui dispersait d’attention des créatures… Dans tous les cas, ils avaient miné le moral de la sorcière toute l’année durant!)
« Cette année avait l’air très pénible. » commenta son frère en mettant la valise dans le coffre pendant qu’Aurora ouvrait la portière pour sa nièce.
« Tu n’as pas idée. »
« Ta dernière lettre a vraiment inquiété maman. »
« Ce n’était pas le but. »
La sorcière se glissa sur le siège passager et s’attacha, laissant ses pensées divaguées. Le changement horaire était brutal. Au moins elle était en bonne voix pour atteindre ses objectifs de vacances.
Aurora avait grandement besoin de se changer les idées et de profiter du soleil. Elle avait besoin de déconnecter de son travail et de se connecter à sa famille.
Retourner dans le bayou avec la totalité du clan Sinistra lui ferait beaucoup de bien.
Écoutant la nièce babiller à propos de son école, de sa visite au zoo et de l’anniversaire de sa meilleure amie, Aurora commença sérieusement à s’endormir. Aussi manqua-t-elle de peu la crise cardiaque lorsque l’enfant, en toute innocence lui demanda si elle aussi elle avait déjà eu un amoureux.
« C’est quoi ce regard de bête traquée ? » chuchota son aîné après que la sorcière eut répondu un « y a très longtemps » à sa nièce.
« Mais de quoi j’me mêle ? Est-ce que je te demande comment va ta vie de couple moi ? » siffla Aurora.
« À merveille ! Mais ça sent le détournement de conversation ça ! »
Aurora insulta son frère (toujours à voix basse pour que la petite ne les entende pas) avant de détourner le regard. La végétation typique du bayou défilait derrière la fenêtre en un épais rideau vert.
Les pensées de la sorcière dérivèrent vers le joli petit lot qui lui avait tenu compagnie lors du second semestre. Svelte avec les muscles secs d’un coureur de fond, une peau d’albâtre qui formait un contraste charmant avec la sienne et de longs cheveux châtains qu’elle adorait décoiffer, Lucas Proudfoot avait été le parfait compagnon de sommier. (Son endurance d’Auror n’avait rien gâché, au contraire.)
Aurora senti ses joues chauffer. C’était dans ce genre de cas qu’elle était contente de sa carnation foncée. Cela l’empêchait de virer visiblement au cramoisi.
« Il y a peu être quelqu’un », finit par dire à voix basse Aurora tandis que sa nièce s’égosillait à plein poumon sur le dernier tube à la mode passant à la radio.
« Vraiment ? »
« C’est… pour l’instant c’était physique. Nous avions besoin de décompresser. Tous les deux. »
Son frère hocha la tête.
« Tu en veux plus ? » demanda-t-il.
« Non. Oui. Peut-être… C’est compliqué… »
Le sexe avait été fantastique, mais les discussions sur l’oreiller n’avaient pas été en reste. En plus d’être vraiment mignon (et doué dans les draps), Lucas était aussi intelligent et retord. Cela avait vraiment plus à la sorcière.
« On s’est laissé l’été pour réfléchir. Savoir si l’on veut arrêter, continuer ou bien évoluer vers quelque chose de potentiellement… plus », expliqua Aurora.
Lucas était vraiment génial sur bien des points et cerise sur le gâteau, il se contre-foutait qu’elle soit noire, née-de-moldus et américaine.
« Tu sais ce que dirait la Mamé si elle était encore de ce monde », commenta son aîné.
Aurora sourit. Oui, elle savait ce que dirait sa grand-mère. Et elle savait aussi que plus elle y réfléchissait, plus elle avait envie de tenter l’aventure avec son auror.