Pattenrond
Pattenrond savait que quelque chose clochait.
Fallait pas le prendre pour un chaton de deux semaines ! Il pouvait sentir que quelque chose de louche se tramait.
Il avait toujours eu un très bon instinct. Et n’était pas la moitié d’un citron.
Il tenait ça de ses parents.
Son père était un kneazle, de l’espèce Felis silvestris magicae. Comme tous ceux de sa race, il était très intelligent et capable d’une grande clairvoyance. Élégant, gracieux, petit et discret, il pouvait se glisser dans des lieux improbables et était un excellent juge de caractère. (Ce qui lui avait sauvé la vie plusieurs fois et lui avait permis de se trouver une petite famille sorcière pour couler des jours peinards).
Bastet elle seule savait comment son géniteur avait réussi à s’imposer pour gagner les faveurs de la mère de Pattenrond.
Ah, elle était maligne sa mère. Avec son épaisse fourrure drue et ses cicatrices de guerre, elle était une survivaliste dans l’âme. Certes, elle n’était pas l’ampoule la plus brillante de la guirlande (Il ne fallait pas lui en vouloir, elle n’était qu’une simple chatte des rues de l’espèce Felis silvestris cattus), mais question survie et bons plans, elle était sans nul contexte la meilleure.
Pattenrond lui ressemblait assez. Il avait hérité de son physique imposant, de son épaisse fourrure et de ses petites oreilles. (Il n’y avait que la couleur feu qui lui venait de son paternel).
C’était elle qui lui avait appris à chasser et à se déplacer dans la ville sans être vu des deux-pattes. Elle avait montré à toute la portée où trouver à manger, où dormir au chaud et comment manipuler les deux-pattes pour obtenir ce qu’ils voulaient.
Son enseignement avait été diablement pratique à Pattenrond. Contrairement à ses sœurs qui avaient la grâce des kneazles et la taille des chats (ce qui les rendait très exotiques et donc prisées) et ses frères qui passaient pour des kneazles purs races, Pattenrond était des plus banals. Avec sa gueule cassée et ses pattes arquées, on pouvait même dire qu’il était moche. Alors il avait rusé pour réussir à entrer dans la boutique pour pouvoir être ensuite adopté par une famille d’esclaves sorciers.
(Fallait pas déconner, Bastet lui avait donné un vrai coup de pouce aussi)
Tout cela pour dire que Pattenrond avait hérité des intelligences de ses parents, mais contrairement à ses frères et sœurs qui avaient copié l’une ou l’autre, lui avait pris les deux et les avaient sublimées !
Alors oui, le gros félin roux savait qu’il se tramait quelque chose. Son esclave favorite s’afférait comme un oiseau sans tête autour de son sac de voyage alors que l’on était à peine début aout.
Grognon Pattenrond trotta jusqu’à son esclave favori numéro deux et lui sauta dessus, exigeant des câlins.
Marc étouffa un grognement lorsque le chat de sa fille lui sauta sur le ventre. La bestiole avait, avec les années, atteint un volume assez monstrueux et pesait son poids. Sachant pertinemment que la terreur ne lui foutrait pas la paix avant d’avoir obtenu ce qu’elle voulait, le dentiste prit son livre d’une main et commença à grattouiller les oreilles du félin de l’autre.