La vérité est plus étrange

Harry Potter - J. K. Rowling
F/M
G
La vérité est plus étrange
Summary
Note de traduction: il ne s’agit pas de mon histoire mais d’une traduction de The truth is stranger que Lunalive m’a gentiment laissé publier.Résumé: La petite soeur de Pansy est née Cracmol, et c’est à partir de là que tout part en vrille.Dans ce livre, Pansy devient espionne, Harry gagne une informatrice, et leurs vies sont changées à jamais.Harry Potter et le Prince de sang-mélé & Harry Potter et les Reliques de la Mort, Univers alternatif et sa suite.
All Chapters Forward

destin

Chapitre 23: destin

Tout au long de l'escalier en colimaçon, elle prie de toutes ses forces pour qu'il soit là. Mais lorsqu'elle arrive en haut et qu'elle franchit la porte, le bureau circulaire est vide. Elle pousse un cri de frustration et tourne devant le bureau, cherchant quelque chose, n’importe quoi, un indice, un message…

Un morceau de parchemin.

Elle le ramasse sur le tapis, l'estomac retourné. Il est vierge, mais elle sait de quoi il s'agit, même sans avoir jeté de sorts. Il est exactement comme elle s'en souvient - la déchirure dans le coin, les légères lignes sur un côté. Même s'il l'a probablement fait tomber accidentellement, c'est comme un avertissement.

Dis-moi où tu es, Harry.

Tous les directeurs et directrices ont disparu de leur cadre, même Dumbledore. L'énorme bureau aux pieds griffus a le même aspect qu'il y a quelques heures lorsqu'elle est venue prévenir le professeur Rogue. Des piles de parchemins s’y entassent, avec quelques étranges instruments en argent et un livre de potions. Et une Pensine posée sur le rebord.

Elle s'en approche. Des souvenirs argentés y tourbillonnent ; elle n'en a jamais vu autant. Elle jette un coup d'œil par-dessus son épaule. Elle pourrait y retourner, mais le chercher sans but dans le château semble être une mauvaise stratégie. Elle se retourne vers le bureau. Il y a trop de souvenirs ici, elle ne peut pas tous les passer en revue. Elle en jette la moitié dans la fiole à côté de la Pensine.

Prenant une profonde inspiration, elle s'agrippe aux parois du bassin de pierre, puis se penche en avant, se laissant tomber...

***

Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle se trouve au même endroit que celui qu'elle vient de quitter. À travers les grandes fenêtres, le ciel est sombre et scintille d'étoiles. Avec un sursaut, elle remarque que Dumbledore est assis, à moitié affaissé, dans le fauteuil en forme de trône qui se trouve derrière le bureau. Sa main droite, posée sur le meuble, est noircie et brûlée. Une bague est posée sur le bureau, et à côté d’elle, une épée incrustée de pierres rouges.

Le professeur Rogue se tient devant le bureau, regardant Dumbledore d'un air furieux. Celui-ci se redresse sur sa chaise et dit soudain :

« En fait, voilà qui rend les choses beaucoup plus simples. »

Le professeur Rogue semble éminemment perplexe et Dumbledore sourit.

« Je veux parler du plan que Voldemort a échafaudé à mon intention. Son plan pour amener le malheureux Malefoy à me tuer. »

Le professeur Rogue s'assoit lourdement sur la chaise devant le bureau. La mine renfrognée, il dit:

« Le Seigneur des Ténèbres ne s’attend pas à ce que Drago réussisse. Il s’agit d’un simple châtiment destiné à punir les récents insuccès de Lucius. Une torture lente pour que ses parents voient Drago échouer et en payer le prix. »

Pansy jette un coup d'œil au mur, en cherchant, et trouve le calendrier richement illustré, couvert d'images d'Hippogriffes et d’êtres de l’eau.

10 octobre 1996 . Dumbledore l'avait su très tôt.

« En résumé, ce garçon est condamné à mort aussi sûrement que moi, dit Dumbledore. J’aurais tendance à croire que le successeur naturel pour accomplir ce travail, une fois que Drago aura échoué, sera vous-même ? »

Un bref silence se fait entendre.

« Je pense que c’est le plan du Seigneur des Ténèbres.

–Lord Voldemort prévoit donc que, dans un avenir proche, il n’aura plus besoin d’espion à Poudlard ?

–Il estime en effet que l’école tombera bientôt sous sa coupe.

–Et si elle tombe sous sa coupe, reprit Dumbledore, presque en aparté, j’ai votre parole que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour protéger les élèves de Poudlard ? »

Le professeur Rogue hoche la tête avec raideur. À l'automne de la sixième année, ils discutaient déjà du contrôle de Poudlard par le Seigneur des Ténèbres.

« Bien. Alors, voilà. Votre première priorité sera de découvrir ce que prépare Drago. Un adolescent apeuré est un danger pour les autres comme pour lui-même. Offrez-lui une aide et des conseils, il devrait accepter, il vous aime bien…

– … Beaucoup moins depuis que son père est en disgrâce. Drago m’en rend responsable, il pense que j’ai usurpé la position de Lucius.

–Essayez quand même. Je suis moins inquiet pour moi que pour les éventuelles victimes des stratagèmes auxquels ce garçon pourrait avoir recours. »

Le professeur Rogue hausse les sourcils.

« C'est vraiment un miracle que Draco réussisse à s'éclipser et à faire quoi que ce soit, étant donné que la fille Parkinson… »

Elle sursaute à son évocation.

« …s'accroche à lui. J'ai presque l'impression que...

–L’impression que quoi ? demande Dumbledore, tandis que le professeur Rogue fronce les sourcils en signe de contemplation.

–J'aurais presque tendance à penser... considérant son comportement... qu'elle sait quelque chose. »

Dumbledore secoue la tête, l'air amusé.

« J'en doute. Parfois, l'explication la plus simple est la bonne. » »

Le professeur Rogue continue de froncer les sourcils.

Le souvenir change. Le bureau disparaît, et maintenant le professeur Rogue et Dumbledore se promènent ensemble dans le parc désert du château, au crépuscule. L'état des plantes et des arbres l’amènes à penser que le mois de mars a commencé.

« Vous admettez donc maintenant que j'avais raison ? demande vivement le professeur Rogue. Ils sont en train de préparer quelque chose. »

Une expression pensive se dessine sur le visage de Dumbledore.

« Peut-être. Quoi qu'il en soit, je ne vois pas où est le mal. »

L'irritation se lit dans les yeux du professeur Rogue.

« Le mal ? Son grand-père est un suprémaciste du sang bien connu - il a certainement donné de l'argent au Seigneur des Ténèbres la première fois, même si le Département de la justice magique n'a jamais été en mesure d'obtenir suffisamment de preuves. Tôt ou tard, elle décidera de revenir sur ses pas. »

Ce doit être après que le professeur Rogue ait surpris Harry et elle en train de rôder à l'extérieur de la salle sur demandes.

Vous êtes en train de jouer à un jeu très stupide, avait-il dit.

« J'en doute. Je crois comprendre certaines de ses motivations, et il semble peu probable qu'elle le trahisse.

–Et quelles seraient ces motivations ?

–L’amour, déclare Dumbledore très simplement. »

Le professeur Rogue recule presque. Il n'y a qu'une seule façon de décrire l'expression de son visage : le dégoût pur et simple.

« Vous voulez dire qu'elle est amoureuse de cet arrogant qui ne cherche qu’à attirer l'attention...

–Non, l’interrompt Dumbledore. Non, ce n’est pas ça. J'ai pu voir certaines choses - bien que vous et moi sachions que l'esprit n'est pas un livre que l'on peut lire - et elle a une sœur cadette, une Cracmol. »

Même cela, Dumbledore l’avait su. Le professeur Rogue fronce les sourcils.

« Et, Severus ? demande Dumbledore calmement. Comme je l'ai déjà dit, je crois qu'il ressemble beaucoup plus à sa mère qu'à son père. »

Le professeur Rogue regarde le terrain. Ils sont maintenant près de la forêt interdite.

« Mais c'est toujours un risque, dit-il catégoriquement, semblant ignorer le commentaire sur la mère et le père de Harry.

–Je suis surpris, vous savez. Je pensais que vous aimeriez l'idée d'un autre espion.

–Ce n'est pas une espionne, dit le professeur Rogue avec dédain. C'est une enfant dont les compétences en Occlumancie sont faibles et qui est loin d'être aussi intelligente et subtile qu'elle le pense. Et j'ai horreur d'avoir des élèves dans les pattes, qui se baladent et s'adonnent à des activités sans intérêt. »

Dumbledore soupire.

« Vous savez ce que j’en pense, Severus. Nos élèves doivent apprendre et faire leurs propres erreurs.

–Mais de tous les élèves arrogants, imprudents, stupides...

–Parlez-vous de Miss Parkinson ou de M. Potter ? C'est difficile à dire, dit Dumbledore avec une pointe d'amusement. »

Le professeur Rogue lui lance un regard noir.

« Ils agissent tous les deux de façon idiote, d'une manière qui ne peut que leur attirer des ennuis.

–Vous oubliez, Severus, ce que c'était que d'être jeune, affirme Dumbledore, qui sourit légèrement maintenant. La jeunesse aura toujours ses folies. »

La scène se dissout et se reforme. Ils sont de retour dans le bureau de Dumbledore, les fenêtres sont sombres et Fumseck est silencieux et immobile sur son perchoir. Elle jette un coup d'œil au calendrier accroché au mur : 29 juin 1997. Quelques jours seulement avant que le professeur Rogue ne tue Dumbledore.

Dumbledore est en train de parler.

«  Il faut que Harry continue d’ignorer jusqu’au dernier moment, jusqu’à ce qu’il lui soit nécessaire de savoir, sinon comment pourrait-il avoir la force d’accomplir ce qui doit être fait ? »

Elle a le souffle coupé et se penche en avant.

«  Et que doit-il accomplir ? demande Rogue.

–Ça reste entre Harry et moi. Maintenant, écoutez-moi attentivement, Severus. Le moment va venir, après ma mort – ne discutez pas, ne m’interrompez pas ! Le moment va venir où Lord Voldemort semblera s’inquiéter pour la vie de son serpent.

–Nagini ? »

Rogue semble stupéfait.

« Exactement. Si un jour, Voldemort cesse d’envoyer ce serpent exécuter ses ordres et le garde à l’abri auprès de lui, sous protection magique, alors je pense qu’on pourra sans risques tout révéler à Harry.

–Lui révéler quoi ? »

Dumbledore respira profondément et ferma les yeux.

« Lui révéler que le soir où Voldemort a essayé de le tuer, lorsque Lily a dressé entre eux deux sa propre vie comme un bouclier, le sortilège de Mort a ricoché sur le Seigneur des Ténèbres et qu’un fragment de son âme lui a été arraché. Ce fragment s’est accroché à la seule âme vivante qui restait dans cette maison dévastée. Une partie de Lord Voldemort vit ainsi à l’intérieur de Harry. C’est cela qui lui donne le pouvoir de parler aux serpents et qui établit avec Lord Voldemort une connexion dont il n’a jamais compris la nature. Et tant que ce fragment d’âme, à l’insu de Voldemort, reste attaché à Harry et protégé par lui, Lord Voldemort ne peut mourir. »

Elle peut entendre ce que dit Dumbledore, et tous les mots sont dans le bon ordre, mais ensemble, ils n'ont aucun sens. Il ne peut pas... il ne peut pas dire...

«  Alors, ce garçon… ce garçon doit mourir ? »

Non, pas ça.

« Et Voldemort devra le tuer de sa main, Severus. C’est essentiel. »

Le professeur Rogue et Dumbledore continuent de parler, échangeant d’autres choses, d'une femme appelée Lily et des sorts de Patronus, mais elle ne les entend pas vraiment. Elle est coincée dans le moment où le professeur Rogue avait dit : le garçon doit mourir, les mots résonnant dans son esprit encore et encore.

Et puis, trop tôt, le souvenir commence à se déplacer, et elle fait instinctivement un pas en avant, voulant dire : non, je dois rester ici, je dois comprendre tout cela, je ne peux pas comprendre...

Mais la scène se dissout. Elle se retrouve à nouveau dans le bureau du directeur, Dumbledore et le professeur Rogue sont assis dans leurs fauteuils respectifs. Mais maintenant, la lumière du soleil entre par les fenêtres. Puisque Dumbledore est toujours en vie, ce souvenir doit se situer le lendemain. Ils ont l'air si fatigués qu'il est possible qu'ils aient parlé toute la nuit.

Le professeur Rogue se penche en avant sur sa chaise.

« Qu'en est-il de la fille Parkinson ? Qu'avez-vous l'intention de faire ? »

Dumbledore fronce les sourcils.

« Je n'ai pas l'intention de faire quoi que ce soit. Je lui ai déjà donné un avertissement, qui n'a manifestement pas eu d'effet, comme nous en avons discuté.

–Vous allez donc lui permettre de... bafouille-t-il.

–Mais c'est touchant, Severus, dit Dumbledore sérieusement. Avez-vous fini par vous préoccuper d’elle ? Je suppose que c'est normal, étant donné qu'elle fait partie de votre maison. »

Le professeur Rogue se hérisse.

« Bien sûr que non. Je m'inquiète simplement du fait que vous ne l'ayez pas prise en compte dans votre plan. Après tout, vous avez compté sur Mlle Granger pour apporter la raison et la patience, et vous avez compté sur M. Weasley pour apporter..." une pause douteuse, "...un soutien moral et un sens de l'humour, mais qu'attendez-vous exactement de Mlle Parkinson ? Un talent pour le chaos ? »

Dumbledore ouvre les mains en un geste d'apaisement.

« Vous avez raison, Severus. Je n'avais pas prévu Miss Parkinson.

–Précisément, dit le professeur Rogue. Vous n'avez pas besoin d'elle pour faire quoi que ce soit. Non seulement vous n'en avez pas besoin, mais si vos prévisions sont exactes, elle ne fera que causer des problèmes. Elle découvrira les choses trop tôt ou peut-être même éloignera-t-elle Potter de la décision que vous espérez tant qu'il prenne. »

Une sorte de lassitude patiente apparaît dans les yeux de Dumbledore.

« Que voulez-vous que je fasse ?

–Expulsez-la de l'école, conseille le professeur Rogue d’un ton catégorique. Dites à ses parents de l'envoyer à Beauxbatons. Veillez à ce qu'elle reste en dehors de tout cela. »

Pour une fois, Dumbledore a l'air surpris.

« Severus, je ne peux pas faire cela. Je ne peux certainement pas renvoyer une élève sans raison.

–Vous n'avez jamais hésité à exercer votre pouvoir auparavant, affirme le professeur Rogue, furieux, les yeux réduis comme des fentes. Pourquoi pas maintenant ?

–Ce n'est pas à nous de jouer les dieux. C'est aller trop loin. »

Dumbledore secoue lentement la tête.

« Je pense que vous vous inquiétez trop. J'espère que les choses s'arrangeront d'elles-mêmes.

–Vous espérez, vous espérez, marmonne le professeur Rogue d'un ton cinglant.

–Oui, c'est vrai. »

Dumbledore cligne des yeux par-dessus ses lunettes.

« Vous devriez avoir un peu de foi, Severus. Et j'ai confiance en vos capacités - je sais que vous serez là pour veiller à ce que les choses se mettent en place. »

Le professeur Rogue se rassied sur sa chaise. Pendant un long moment, ils se regardent l'un l'autre, le professeur et le directeur. Quelque chose change sur le visage du professeur Rogue, puis il dit à voix basse :

« Certains pourraient vous qualifier de cruel, Dumbledore. Après tout, cela ne peut que mal se terminer. »

Dumbledore sourit doucement, tristement.

« C'est possible, c'est possible. Mais quoi qu'il en soit, certaines choses sont liées au voyage, pas à la destination. Permettez à un vieil homme d'être sentimental. Je n'appellerais pas cela de la cruauté.

–Je doute qu'elle soit du même avis, déclare le professeur Rogue d'un ton ferme. »

Dumbledore le scrute par-dessus le bureau.

« Il semble que vous pensiez que votre plan est meilleur, dit-il doucement. Je suppose que la question est de savoir s'il est préférable d'aimer et de perdre, ou de n'avoir jamais aimé du tout. »

Le professeur Rogue se raidit et un air sombre traverse son visage.

« S'il n'y a rien d'autre à dire, je dois vérifier mes potions. »

Il se lève de son siège.

Dumbledore le regarde se diriger vers la porte.

« Savez-vous à qui elle me fait penser ? demande-t-il doucement, au moment où le professeur Rogue pose la main sur la poignée de la porte.

—Non, dit sèchement le professeur Rogue. Je n'ai pas envie de l'entendre non plus. »

Et il quitte la pièce.

La scène se décompose et se recompose. Le professeur Rogue est maintenant assis seul dans le fauteuil en forme de trône qui se trouve derrière le bureau. Par-dessus son épaule, elle voit deux morceaux de parchemin. Elle jette un coup d'œil au calendrier accroché au mur. 10 août 1997.

Le parchemin de gauche semble contenir tous les noms des garçons de son année, celui de droite, ceux des filles. Il a déjà rayé de nombreux noms : Dean Thomas, Hermione Granger, Justin Finch-Fletchley, Hannah Abbot, Seamus Finnegan. Sur la liste des garçons, Theodore Nott est encerclé.

Le professeur Rogue laisse planer sa plume sur le nom de Daphné pendant un long moment. Mais ensuite, il bouge sa main. Il marmonne quelque chose, elle se penche plus près et l'entend dire : « ...la garder occupée… », juste au moment où il entoure les mots : Pansy Parkinson.

Elle se raidit.

Le souvenir se dissout et se reforme, et maintenant, le professeur Rogue se tient près de la porte, tirant sur sa cape.

« Souvenez-vous, Severus, dit une voix. »

Elle lève les yeux et voit que c'est Dumbledore en portrait, sur le mur. A côté de lui, le calendrier indique : 25 mars 1998.

« Peu importe ce qu'elle demande au sujet des Horcruxes, elle ne peut pas connaître la vérité.

–Oui, dit le professeur Rogue avec irritation. Je pense avoir prouvé que j'étais capable de suivre des instructions, après dix-sept longues années. »

Le portrait de Dumbledore sourit doucement.

« Je sais que c'est difficile pour vous, Severus. Ce n'est pas facile. »

Le visage du professeur Rogue devient curieusement vide. Il redresse sa cape.

« Ne vous inquiétez pas, dit-il froidement. »

Il lève les yeux vers le portrait, et la jeune fille a le souffle coupé, car il y a dans ses yeux quelque chose qu'elle n'a jamais vu auparavant : du pur dégoût.

« Je ne dévierai pas de votre plan. »

La porte se referme derrière lui avec un léger clique.

Le souvenir change à nouveau. Ils se trouvent maintenant dans une pièce qu'elle ne reconnaît pas. Le sol est très abîmé et le papier peint, dont la couleur s'estompe, se décolle. Il y a une table sur le côté et un...

Professeur Rogue sur le sol, couvert de sang jaillissant d'une blessure au cou.

Elle crie et fait un pas en avant, mais se souvient qu'il s'agit d'un souvenir.

Elle voit que Harry est à genoux devant le professeur Rogue et que celui-ci saisit sa robe. Un terrible bruit de râpe et de gargouillement.

« Prenez-les... Prenez-les... »

Quelque chose d’autre que du sang ruisselle du visage de Rogue. D’un bleu argenté, ni gaz, ni liquide, la substance jaillit de sa bouche, de ses oreilles, de ses yeux.

Hermione fait apparaître une fiole et la place dans la main de Harry. Harry soulève la substance argentée à l'aide de sa baguette, encore et encore, jusqu'à ce que la fiole soit pleine. À la fin, le professeur Rogue devient blanc et sa prise sur la robe de Harry se relâche.

« Restez éveillé, dit Harry avec insistance, puis il se retourne vers Hermione et Ron. Nous devons...

–Regardez-moi... chuchote le professeur Rogue, et Harry se retourne vers lui. Dites-lui... dites-lui qu'elle survivra.

–Lui dire… survivre à quoi ? »

Le souvenir se dissout.

***

Comme sortant de l'eau, elle s'élève hors de la Pensine, puis recule en titubant, à bout de souffle. Il lui faut un moment pour comprendre que les souvenirs ont pris fin parce que le professeur Rogue s'est évanoui, ou parce qu'il...

Repoussant cette pensée, elle s'agenouille sur le tapis.

Le garçon doit mourir… elle ne fera que causer des problèmes... les choses s'arrangeront d'elles-mêmes... Cela ne peut que mal se terminer... certaines choses sont liées au voyage, pas à la destination... la garder occupée... elle ne peut pas connaître la vérité... dites-lui qu'elle survivra...

Ils l’avaient su. Ils l’avaient toujours su.

Et ils ont laissé les choses se dérouler malgré tout.

Les motifs du tapis défilent devant ses yeux.

Elle avait cru qu'elle écrivait son propre destin. Elle avait cru qu'elle contrôlait la situation. Mais elle n'avait jamais vraiment compris quoi que ce soit.

Elle avait déjà ressenti cela une fois, dans le bureau de son père. Mais à l’époque, ce n'était qu'un murmure, quand il s'agit d'un ouragan à présent.

Chaque fois qu'elle avait fait un choix, elle avait fait celui qu'ils voulaient. Elle avait été distraite par son rôle de préfète en chef, elle n'était pas restée à la chaumière aux coquillages, elle s'était éloignée des Horcruxes en apprenant l'Occlumancie, elle avait essayé de se couper de ses émotions.

Comme une comédienne dans une pièce de théâtre, jouant son rôle. Seulement, elle n'avait jamais su qu'elle était sur scène.

Et elle a l'impression que le monde se moque d'elle. Car combien de fois avait-elle dit qu'elle ne croyait pas aux prophéties ? Combien de fois s'était-elle moquée de l'idée d'un Élu ?

Croire au destin, c'est de la fantaisie.

Elle avait été si arrogante.

Car la vérité est là : Harry Potter doit mourir.

Combien de fois s'était-elle tenue sur ce même tapis et avait-elle écouté le professeur Rogue lui parler de l'emploi du temps des patrouilles ou de disputes entre élèves ? Combien de fois l'avait-il regardée dans les yeux, sachant ce qui allait se passer, et avait-il choisi de ne rien lui dire ?

Jusqu'au bout, il avait été l'homme de Dumbledore.

Et elle comprend aussi maintenant certaines des choses étranges qu'il lui a dites. Ou les façons dont il l'avait poussée. C'était pour que, si le moment était venu et qu'elle découvrait la vérité malgré tous ses efforts, elle soit prête à s'effacer.

Après tout, n'est-ce pas ce qu'elle avait dit croire ?

La fin justifie les moyens.

Debout dans le couloir, regardant la peur dans les yeux de Michael Corner, Amycus Carrow planant à ses côtés, et pensant : Je suis désolée, mais je dois le faire...

Sur une falaise balayée par les vents, criant à Harry, sentant les limites de son désespoir : C'est la guerre ! Tout peut être justifié...

Assis en face du professeur Rogue dans la salle de cours de potions, étant d'accord avec lui lorsqu'il dit : "Si le choix est entre une vie et faire ce qui est nécessaire pour mettre fin à la guerre, vous choisirez cette dernière - Êtes-vous prête à faire tout ce qu'il faut pour gagner ?

Non.

Pas ça.

Elle se force à se lever.

Il doit y avoir un autre moyen. Elle ne peut pas accepter cela comme le prix de la victoire.

Elle avait déjà justifié tant de choses : elle avait torturé ses propres camarades de classe, s'était battue contre sa mère, avait menti à d'innombrables personnes et les avait manipulées, avait jeté le sort de l'Imperium sur Archer Pucey, et avait même combattu Drago avant de l'anéantir.

Mais pas… pas ça.

Sans même jeter un coup d'œil vers la Pensine, elle ouvre la porte et se jette dans l'escalier en colimaçon. Arrivée dans le couloir, elle se met à courir.

***

Elle court dans les couloirs qu'elle a empruntés des milliers de fois, passe devant les salles de classe où elle a appris la magie pour la première fois, descend les escaliers mouvants qu'il lui a fallu des années pour vraiment comprendre ; elle court jusqu'au premier étage, et maintenant, dans les cours, à travers les arcades, elle cherche, elle cherche, elle cherche - là.

Les cheveux noirs et épais, les yeux aux paupières lourdes et la longue robe sombre. La personne qu'il lui faut.

Parce qu'il n'y a qu'un seul point d'intersection garanti.

« Bonjour, salue Pansy en s'avançant devant Bellatrix Lestrange. »

La femme plus âgée lève les yeux de son inspection d'un corps sur le sol. Son expression s'éclaircit lorsqu'elle comprend de qui il s'agit.

« Oh, c'est toi, Pansy.

–Oui. »

Pansy essaie de reprendre son souffle.

« Qu'est-ce que vous faites ? Je croyais que les Mangemorts étaient censés être dans la Forêt Interdite. »

Bellatrix jette un coup d'œil autour d'elle.

« Le Seigneur des Ténèbres m'a demandé de chercher les Carrow - ils ne sont jamais venus à lui. Tu ne les as pas vus, n'est-ce pas ?

–Non. »

Pansy se sent sur le point de sortir de son corps.

Bellatrix hésite un instant, puis, après avoir jeté un dernier coup d'œil dans la cour, dit :

« Eh bien, j'ai assez regardé, je dois rentrer maintenant. Le Seigneur des Ténèbres sera impatient de me voir. »

Oui.

« Je peux venir avec vous ? dit rapidement Pansy. »

Elle essaie de prendre un air hésitant, comme si Bellatrix lui faisait une grande faveur.

Elle pourrait aller le chercher dans le château, mais chaque minute de recherche pourrait être une minute où il serait déjà en train de marcher dans la forêt. Ou bien elle pourrait chercher dans la forêt, mais elle ne le trouverait pas s'il ne le voulait pas, pas avec une cape d'invisibilité parfaite.

Alors, ceci.

Un étrange sourire se dessine sur le visage de Bellatrix.

« Tu parles de ton petit coup dans la Grande Salle ? J'en ai entendu parler. Oui, tu ferais mieux de venir avec moi. Le Seigneur des Ténèbres appréciera ta loyauté. »

Elle prend le bras de Pansy.

« Tu es une fille comme je les aime.

–Vous me flattez, murmure Pansy. Je pensais vraiment que les autres seraient d'accord avec moi. C'est dommage qu'ils soient encore si bêtes et si malavisés.

–Oui, mais ne t’inquiète pas, ces enfants auront sûrement apprit la leçon après tout cela. »

Ils traversent la pelouse qui mène à la forêt.

« Avez-vous vu le professeur Rogue ? demande Pansy. »

Elle ne veut pas savoir, mais en même temps, elle le doit. Le souvenir qu’elle a vu n’était pas clair.

Bellatrix laisse échapper un horrible petit rire.

« Rogue ? Oui, je l'ai vu, mais il n'est plus utile au Seigneur des Ténèbres.

–Oh, il s'est enfui ? «

Elle l’espère.

«Non, il est mort. Il avait quelque chose dont le Seigneur des Ténèbres avait besoin, et il était sur son chemin.

–Je vois. »

Les mots tombent de ses lèvres engourdies.

« Ne t'inquiète pas, ma chère, dit Bellatrix, je t'enseignerai mieux que ce sale sang-mêlé ne l’aurait jamais fait. »

Et maintenant, elle peut comprendre pourquoi Harry avait toujours envie de parler à Dumbledore, même après qu'il soit mort et qu'il ait si gravement manqué à ses devoirs à l'égard de Harry. Parce qu'elle veut dire au professeur Rogue : Je vous déteste, je vous déteste, mais j'ai aussi besoin que vous reveniez et que vous me disiez ce que je dois faire.

« ...J'ai toujours pensé que le Seigneur des Ténèbres avait commis une erreur en prenant pour disciples des sangs-mêlés et des créatures, dit à présent Bellatrix. La marque devrait être une fierté, un gage de qualité supérieure. Je suppose que c'était nécessaire dans les premiers temps, mais maintenant… »

Elle regarde Pansy, une lueur dans les yeux.

« …maintenant que nous sommes dans cette nouvelle ère, ce n'est plus nécessaire. Nous construisons un nouveau pays, et nous devons avoir des dirigeants qui représentent nos meilleures lignées.

–Bien sûr. »

Une brise froide glisse sur son visage. Elle lève les yeux et retire presque son bras de celui de Bellatrix. Une nuée de Détraqueurs se faufile entre les arbres. Elles ont atteint la forêt interdite.

Sois courageuse.

« Notre prochaine génération doit être composée de personnes comme toi ou Theodore Nott. Des jeunes gens de souche supérieure, poursuit Bellatrix. »

Elle ne s'arrête pas, entraînant Pansy à sa suite, et les Détraqueurs se séparent d'elles.

« En fait, je me dis maintenant, reprend Bellatrix, que nous organiserons peut-être une petite cérémonie d'initiation après la mort de Potter. Je pense que ce serait une célébration appropriée, vraiment.

–Quelle bonne idée, la félicite Pansy. »
Son esprit est à mille kilomètres de là.

Elle a besoin d'un plan qui ne se limite pas à être au même endroit au même moment. Mais la froideur des Détraqueurs a fait remonter à la surface tous ses doutes et toutes ses peurs, comme en troisième année, sauf que les enjeux sont cent fois plus importants : Tu es faible. Tu es stupide. Tu vas mourir.

Les supplications ne serviront à rien. Même si le Seigneur des Ténèbres se souciait un tant soit peu de ses opinions, ce qu'elle sait pertinemment qu’il ne fait pas, il n'y a rien qu'il désire plus que de tuer Harry Potter. Et s'interposer entre les deux ne fonctionnera pas non plus. Elle ne fera que se faire tuer. La seule chose à laquelle elle peut penser est de lui faire croire que c'est lui qui a eu l'idée de garder Harry en vie. Mais comment faire ?

L'obscurité de la forêt se referme autour d'elles. Il n'y a pas de chemin, mais Bellatrix semble savoir exactement où aller. Elles contournent de vieux arbres qui ont poussé trop près les uns des autres, leurs branches s'emmêlent et leurs racines se tordent sous leurs pieds.

« C'est une bonne chose, dit Bellatrix, que cela se produise maintenant. Tous ces traîtres à leur sang, ces sangs-de-bourbe et ces amoureux des créatures doivent être complètement écrasés, afin que le Seigneur des Ténèbres puisse véritablement entrer dans son règne, débarrassé de ces nuisances. Une nouvelle aube s'annonce !

–Bien sûr. »

La lumière, droit devant elles.

Elles s'en approchent et une clairière se dessine. Alors qu'elles traversent les arbres, Pansy remarque une faible lueur bleue. Des barrières anti-transplanage. Donc le faire sortir par transplanage n'est pas possible non plus.

Un feu brûle au milieu de la clairière, et sa lumière vacillante tombe sur une foule de Mangemorts complètement silencieux et attentifs. Certains d'entre eux sont encore masqués et encapuchonnés, d'autres montrent leur visage. Les Malefoy se tiennent ensemble, quelques personnes à gauche du Seigneur des Ténèbres : Lucius, vaincu et terrifié, et Narcissa, rigide d’impatience. Sur le côté, Hagrid est attaché à un arbre.

Tout le monde regarde le Seigneur des Ténèbres, qui se tient debout, la tête baissée et les mains blanches croisées sur la Baguette de Sureau. Derrière sa tête, toujours tourbillonnant et enroulé, le serpent Nagini flotte dans une charmante cage scintillante, comme une monstrueuse auréole.

Un faible soulagement la traverse. Harry n'est pas là. Pour l'instant.

Àu son de leurs pas, le Seigneur des Ténèbres lève les yeux.

–Mon seigneur, j'ai le regret de vous annoncer que je n'ai pas trouvé les Carrow, annonce Bellatrix. »

Les yeux rouges du Seigneur des Ténèbres se posent sur Pansy. Elle est clouée à son regard.

« Bellatrix, qu'est-ce que c'est ? demande-t-il d'une voix aiguë et froide. As-tu oublié que j'ai dit aux autres d'attendre à l'extérieur de la forêt ?

–Mais il s'agit de la fille Parkinson, maître, explique Bellatrix rapidement. Les Carrows se sont portés garants de ses capacités. Elle a essayé de suivre vos ordres dans la Grande Salle. Et elle a accepté d'être initiée en juin, dans un mois à peine.

–Je vois, dit le Seigneur des Ténèbres, le mécontentement se lisant toujours sur son visage. »

Il lève la main et Pansy suit son geste, s'avançant au centre de la clairière.

Il lève la Baguette de Sureau. Elle n'a qu'un instant pour se ressaisir. Elle doit maintenant tenir bon, au pire moment possible, alors qu'elle est sur le point de s'effondrer.

« Legilimens ! »

Une pression énorme, comme si son esprit était entraîné par une vague. Cent fois plus forte que tout ce qui se passe avec le professeur Rogue.

Avec un grand effort, elle force ses pensées à se diriger vers les souvenirs : Dans le train, la tête de Drago sur ses genoux...dans la salle de bain, et disant, je sais que tu peux faire tout ce dont le Seigneur des Ténèbres a besoin...assise dans la salle commune de Serpentard, et regardant dans ces yeux gris...debout au bord du bureau de son père, le regardant lui et son grand-père boire du whiskey pur feu...souriant à Amycus Carrow et disant : Comme c'est excitant, Professeur... elle, levant sa baguette, et puis Michael Corner criant... la main de Bellatrix sur son épaule et son souffle excité dans son oreille... ...une prairie pleine de fleurs sauvages, une lumière dorée tombant à travers les feuilles des arbres...

Non.

...Alecto lui souriant devant la classe d'études des moldus...elle, regardant Charlene Rosier dans ses yeux sombres et brillants et lui disant : ce n'est pas un secret...elle, penchant la tête vers Drago et lui demandant : "Pourquoi ne voudrais-je pas le pouvoir ?...la baguette de Terry Boot pointée sur elle dans le couloir...se levant dans la Grande Salle, les mots : Mais il est là ! s'échappant de ses lèvres...

La pression diminue et elle se tient à nouveau dans la clairière, cherchant son souffle.

« Alors, dit-il. Je vois tes motivations. »

Son estomac se tord.

Elle ne l'a pas fait correctement, elle a dérapé, le professeur Rogue avait raison...

« Où est Drago, dans ce cas ? »

Il lui faut un moment pour comprendre, puis le soulagement la remplie.

« Je ne sais pas, maître. Il était enfermé avec moi, mais je ne sais pas s'il a pu s'échapper. C'était le chaos. »

Il tourne la tête, les yeux rouges trouvent la silhouette de Lucius Malefoy.

« Lucius, ton fils n'est pas venu me voir une nouvelle fois. Il a été battu par cette fille, qui ne porte même pas encore la marque. Peut-être Drago a-t-il décidé de se lier d'amitié avec Harry Potter ?

–Non… jamais, murmure Lucius. »

L'absurdité la frappe : au moment où l'attention du Seigneur des Ténèbres se porte sur elle, il ne pense même pas vraiment à elle, mais à Drago.

« Il faut espérer que non. »

Le Seigneur des Ténèbres se retourne pour la regarder. Elle reste immobile.

« Tu dois dire à ton grand-père que j'ai trouvé ses dons à notre cause... insuffisants ces derniers temps. »

Elle baisse son regard avec soumission.

« Je m'excuse, mon seigneur. Je lui dirai, et je suis sûre qu'il réparera son erreur immédiatement.

–Oui, dit le Seigneur des Ténèbres, puis il agite la main d'un air dédaigneux.

Elle suit le geste et commence à traverser la clairière en direction du demi-cercle qui se trouve derrière lui. Narcissa Malefoy attire son attention et fait un geste de la main. Pansy change de chemin. Elle atteint Narcissa et prend sa place, se tenant légèrement devant la femme plus grande qu'elle. Narcissa lui touche légèrement les épaules, puis Pansy sent le souffle de Narcissa contre son oreille.

« Drago ? murmure-t-elle.

–Toujours au château, répond Pansy en chuchotant. J'en suis sûre. »

Je l’ai oublietté, aussi.

« Bella n'aurait pas dû t'amener ici, murmure Narcissa. Mais tu t'es bien débrouillée, au moins. »

Il y a un soupçon d'approbation dans sa voix. Pansy a un flash de sa mère et de Narcissa dans leurs jardins, il y a des années et des années : Pansy était sortie, vêtue d'une robe rose, et Narcissa, souriante, ses cheveux blonds scintillant au soleil, lui avait dit : chérie, j'ai entendu dire que tu réussissais très bien tes leçons de musique, comme c'est merveilleux.

Qui aurait pu imaginer qu'elles seraient un jour réunies ici ?

« Je pensais qu'il viendrait, déclare le Seigneur des Ténèbres. »

Pansy lève les yeux. Dolohov et Yaxley ont rejoint le cercle et Bellatrix a repris sa place à côté du Seigneur des Ténèbres.

« Je m'attendais à ce qu'il se montre. »

Réfléchis. Que peut-elle dire pour le convaincre qu'il veut Harry vivant ?

« Il semble que je me sois… trompé, poursuit le seigneur des ténèbres. »

Un silence de mort envahit la clairière.

L'espoir commence à poindre. Peut-être qu'elle a réagi de façon excessive. Peut-être qu'il est de retour dans la Grande Salle, en train de parler à Ron et Hermione. Peut-être qu'il aide Madame Pomfresh à s'occuper des élèves blessés. Peut-être qu'il élabore une stratégie avec Kingsley Shacklebolt...

« Non, vous ne vous êtes pas trompé, dit une voix, et une silhouette sort de l'obscurité et s'avance dans la lumière du feu. »

C'est le visage qui hante ses rêves, les cheveux noirs trop familiers et les yeux verts brillants. Et sur ce visage, le même regard que celui qu'elle a vu l'année dernière au lac : la résignation et la détermination.

Son estomac tombe.

Le cercle fut parcouru de murmures et de souffles coupés.

« HARRY ! Non ! hurle Hagrid, se débattant contre ses liens, faisant trembler l'arbre. »

Elle ne peut pas faire marche arrière. Elle ne peut pas hésiter. Elle ne peut pas avoir peur.

« Maître, dit-elle en forçant sa voix à rester stable, "pardonnez-moi de parler à tort et à travers, mais j'ai entendu parler du lien entre votre baguette et celle du jeune Potter - peut-être voudrez-vous enquêter à ce sujet. Après tout... »

Elle se force à sourire,

« ...s'il est en votre pouvoir, qu'est-ce qu'une heure ou deux ? »

Tout le monde la regarde maintenant. Le Seigneur des Ténèbres, les Mangemorts, Hagrid. Tout le monde, sauf Harry. Il fait exprès de ne pas la regarder - les yeux fixés sur le Seigneur des Ténèbres, la mâchoire serrée, tout le corps tendu.

« Qu'est-ce que tu fais ? lui siffle Narcissa à l'oreille.

–C'est absurde, dit le Seigneur des Ténèbres d'un ton dédaigneux. Je vais en finir maintenant. »

Il commence à se détourner.

Essaie encore.

Elle devra admettre qu'elle connaît les Horcruxes et lui dire que Harry en est un. Il voudra alors garder Harry en vie. Peu importe les conséquences qui s'abattront sur elle pour avoir admis cette connaissance. C'est la seule chose qu'il lui reste à faire.

« Maître, je crois que… »

Narcissa enfonce ses ongles dans les épaules de Pansy, durement.

« Essaies-tu de te faire tuer ? »

Le Seigneur des Ténèbres la regarde à nouveau, la colère se lisant à présent sur son visage.

Elle se racle la gorge.

« Monseigneur... »

Narcissa resserre son étreinte et murmure :

« Ta mère m'a suppliée de te protéger. »

Et puis, elle dit quelque chose d'autre.

Pansy essaie d'ouvrir la bouche pour continuer, mais rien ne bouge. Elle essaie de tourner la tête et de regarder Narcissa, mais elle n'y arrive pas non plus. Et maintenant, une étrange pression s'exerce sur elle. Pas seulement sur sa tête, mais aussi sur ses bras et ses jambes.

« C'est bien ce que je pensais, dit le Seigneur des Ténèbres. N'oubliez pas que l'insolence ne sera pas tolérée. »

Son expression montre clairement qu'il n'a aucune idée de ce que Narcissa a fait. Il pense qu'elle s'est tue d'elle-même.

Il se retourne à nouveau vers Harry.

Non.

Elle tente de se libérer, la panique lui montant à la gorge, mais le sort l'enserre comme un étau.

Hagrid se débat à nouveau.

« Non ! Non ! Harry, qu'est-ce que tu... ? hurle-t-il.

– SILENCE ! s’écria Rowle en faisant taire Hagrid d’un coup de baguette magique. »

À la lumière du feu, Harry reste immobile. Ses mains sont le long du corps et ses yeux sont fixés sur le Seigneur des Ténèbres. S'il déplaçait son regard, ne serait-ce qu'un tout petit peu, il la regarderait elle. Dans son esprit, elle crie : regarde-moi ! Pourquoi ne veux-tu pas...

« Harry Potter, dit le seigneur des ténèbres très doucement. Le survivant. »

Dans le silence mortel, le feu crépite.

Et maintenant, enfin, Harry change la direction de son regard.

De l'autre côté de la clairière, leurs regards se croisent. Il n'y a pas de surprise dans ses yeux, car bien sûr il a toujours su qu'elle était là - seulement une certaine émotion qu'elle ne peut pas nommer. Il dit quelque chose, presque imperceptiblement, puis détourne le regard.

Non. S'il vous plaît, non. Pas comme ça. Pas comme ça. Il ne peut pas...

Elle crie, crie Mais tout est bloqué dans sa gorge. Elle ne peut pas parler, elle ne peut pas bouger, elle ne peut même pas se détourner. Tout ce qu'elle peut faire, c'est regarder.

Le seigneur des ténèbres lève sa baguette.

Non non non non non non non non non…

« Avada Kedavra! »

Un éclair de lumière verte.

Non.

Forward
Sign in to leave a review.