
Expelliarmus
Chapitre 22: Expelliarmus
Deux longues années à regarder par-dessus son épaule, à mentir constamment, à toujours, toujours faire attention. Et maintenant, elle se fait prendre de la façon la plus stupide et la plus évidente qui soit: en oubliant d'effacer un message sur le parchemin, et en le laissant tomber de sa poche.
« J’avais l’impression de devenir fou toute l'année dernière, à imaginer que Crabbe ou Goyle me trahissaient, qu'ils essayaient de s'attirer les faveurs du Seigneur des Ténèbres, mais c'était toi. C'était toi depuis le début.
–Drago… »
Il grogne :
« C’était toi qui me trahissais... »
Désespérément, elle l’implore :
« Est-ce qu'on peut au moins aller... »
Elle fait un geste vers la porte de la salle de classe derrière lui. La dernière chose qu'elle souhaite, c'est que cela se passe au milieu du couloir, à la vue de n'importe quel Mangemort ou élève qui pourrait tomber sur eux.
Pendant un instant, il semble sur le point de refuser, puis il accepte.
« C'était toi pour l’armoire-penderie à disparaître, dit-il furieusement dès qu'elle a refermé la porte derrière eux. Admets-le, c'était toi.
–Oui, approuve-t-elle rapidement. Dumbledore a déplacé l'armoire à disparaître. »
L'année dernière, elle l'avait imaginé tant de fois. Comment il le découvrirait. Ce qu'elle dirait. Ce qu'il dirait. Elle savait qu'il serait choqué et en colère. Mais cette année, avec tout ce qui s'était passé, elle avait oublié de s'en préoccuper.
« Tu le savais,commence Drago. Tu savais ce qui m'arriverait si je ne réussissais pas...
–Tu n’as pas réussi, intervient-elle.
–…et tu l'as fait quand même ! continue Drago, ignorant ses paroles. Tu voulais que je me fasse tuer ? C'est ce que tu voulais ?
–Bien sûr que non…
–Je suppose que tu aurais été d'accord pour que ma mère se fasse tuer aussi ? Et mon père ?
–J’essayais de t’aider !
–Tu avais une drôle de façon de le montrer, ricane-t-il.
–J'essayais de t'empêcher de faire quelque chose de terrible, s'emporte-t-elle.
–Non, ce n’est pas ce que tu faisais. Tu te servais de moi. Je n'arrive pas à croire que j'ai pu penser que nous étions amis, déclare-t-il. Une amie ne m'aurait jamais fait ça. Une amie n'aurait pas regardé ce qui s'est passé l'année dernière et n'aurait pas saboté mes plans. »
Un soupçon de culpabilité la traverse. Il a peut-être raison. Peut-être qu'une amie n'aurait pas été capable de voir Drago dans les toilettes, le visage blanc de peur, et de continuer à transmettre des informations à Harry Potter, son plus grand rival. Peut-être qu'une amie aurait faibli après ça, aurait dit : non, je ne peux plus regarder ça.
Mais ce n'est pas vrai qu'ils n'ont jamais été amis.
« Ne réécris pas l'histoire, Drago. Nous étions amis. »
Il la regarde un long moment, avec une sorte de fureur froide dans les yeux.
« Nous ne sommes plus amis depuis très longtemps. »
Il n'y a rien qu'elle puisse répondre à cela. Rien n'a plus été pareil depuis leur désastreuse tentative de couple en cinquième année.
« Quoi ? demande-t-il. Tu n'as pas de mensonges pour ça ? »
Elle se mord durement la langue.
Menteuse, traîtresse, espionne.
« Je ne sais pas ce que tu veux de moi.
–Je veux connaître la vérité. Je mérite de connaître la vérité. »
Elle serre les dents.
« La vérité sur quoi ? Dis-moi ce que tu veux savoir et je te répondrai. »
Pendant un moment, il la regarde fixement, puis quelque chose s’installe dans ses yeux.
« Dans les toilettes, commence-t-il lentement. »
Elle sent son estomac se retourner.
« Dans les toilettes, tu n'essayais pas de me réconforter. Ce n'était pas ça. Tu essayais de me soutirer des informations. »
Dans ses yeux, c'est comme s'il la voyait pour la première fois, et c'est peut-être le cas.
Elle déglutit.
« Oui. »
La colère peut se lire dans son regard.
« Tu es vraiment une salope sans cœur. »
Elle ne peut pas laisser passer cela.
« J'ai fait ce qu'il fallait faire, dit-elle sèchement. Je ne vais pas m'excuser d'avoir fait ce qui était nécessaire.
–Nécessaire, dit-il furieusement. Comment ça a pu être nécessaire ?
–Il était nécessaire de t'arrêter...
–Tu aurais pu faire quelque chose d’autre…
–Non, je ne pouvais pas ! l’interrompt-elle. Tu as tout oublié ? Tu ne voulais rien me dire, et tu étais si secret. J'ai essayé de te parler. Je devais comprendre ce que tu faisais, et je n'avais pas d'autres options.
–Tu devais, répète Drago. Tu devais...
–Oui, je le devais, le coupe-t-elle. »
Il est tellement furieux qu'il ne semble même pas capable de parler. Il se contente de la regarder, la mâchoire serrée.
Même si elle avait déjà imaginé sa réaction, elle se sent encore déstabilisée.
« Je ne comprends pas, dit-elle lentement. Pourquoi est-ce que tu es si choqué ? Je pensais que...
–Pourquoi je ne serais pas choqué que quelqu'un en qui j'avais confiance me sabote ? demande-t-il sèchement. »
Elle ne tient pas compte de sa dernière remarque.
« Tu savais déjà que je n'aimais pas complètement le Seigneur des Ténèbres. Et je sais que tu ne l'aimes pas non plus. On a parlé du fait que tu ailles voir Dumbledore - on a parlé du fait que les Carrows étaient horribles. »
Une pause.
« Oui, je le savais. Je savais - je me doutais - que tu n'aimais pas vraiment le Seigneur des Ténèbres, répond-il d'un ton ferme. Mais je n'ai jamais pensé - j'ai toujours pensé… »
Il s'interrompt. »
Mais elle peut lire dans ses yeux, et elle pense : oh.
Lorsqu'elle avait suggéré d'aller voir Dumbledore en sixième année, ou qu'elle avait compati avec lui au sujet des Carrows en septième année, il n'avait pas pensé qu'elle avait des motivations idéologiques. Il avait simplement pensé qu'elle le soutenait, comme elle l'avait toujours fait auparavant.
Pansy Parkinson suivra toujours Drago Malefoy. Pansy Parkinson sera toujours loyale envers Drago Malefoy.
Il en était ainsi depuis si longtemps qu'il avait pris ce fait pour acquis.
Dans son regard, il semble perdu.
« Pourquoi ? demande-t-il à voix basse. Pourquoi tu as fait ça ?
–Qu'est-ce que tu veux dire ? Nous venons de dire qu'aucun de nous n'aime le Seigneur des Ténèbres. »
Il secoue la tête.
« Mais je ne suis pas assez stupide pour me mettre en travers de son chemin. Pourquoi ? »
Elle hésite.
« Je… »
Comment peut-elle lui expliquer tout cela ? Tout a commencé si simplement - une seule raison - et maintenant elle est si profondément enfoncée dans cette affaire qu'elle ne peut imaginer rien d'autre.
Drago bondit.
« C'est à cause de lui, n'est-ce pas ? »
Il brandit le parchemin.
« Non, ce n'est pas le cas. »
Du moins, pas comme il le pense.
Ses yeux montrent clairement qu'il ne la croit pas du tout.
« Je n'aurais jamais cru que tu tomberais dans ce genre de trucs. Pour toutes ces conneries de prétentieux...
–J'ai dit que ce n'est pas...
–Et tous ces mensonges ridicules, déguisés en héroïsme. Qu'est-ce qu'il a ? demande Drago. Pourquoi tout le monde agit comme ça ? Comment peut-il valoir tout cela ? »
Et voilà.
Si elle avait trahi Drago au profit de Neville Londubat, de Seamus Finnigan ou de Ron Weasley, Drago serait toujours en colère, mais moitié moins. En regardant Drago, c'est un peu comme si elle était dans le train à onze ans, l'écoutant se plaindre avec colère que Harry Potter refusait de devenir son ami.
Pour qui il se prend ? avait demandé Drago. Pourquoi est-ce qu’il pense qu’il est tellement spécial ?
Et puis, au fil des années: « Comment Dumbledore peut-il lui donner autant de points de maison ? » en première année, « tous les enseignants le favorisent » en deuxième, puis « bien sûr, Potter, ce foutu Potter, devient champion du tournoi des trois sorciers » en 4eme, puis « tu arrives à croire que tous ces Gryffondor le suivent partout et s'appellent eux-mêmes l'Armée de Dumbledore ? » en 5eme année.
Cent façons de dire : Pourquoi lui ? Pourquoi lui et pas moi ?
« Je n'ai pas fait tout ça pour lui.
–Vraiment ? »
Il agite le parchemin.
« Parce qu'on dirait que tu as choisi...
–Je ne l'ai pas choisi, s'emporte-t-elle. Ce n'est pas la raison. »
Il pense qu'elle a choisi Harry Potter et qu'elle a ensuite choisi ce côté, mais c'est l'inverse.
« Alors pourquoi ? »
Elle respire profondément. L'explication la plus simple.
« Parce que je ne veux pas du monde que le Seigneur des Ténèbres est en train de créer. »
Et c'est vrai. Elle ne veut pas vivre dans un monde qui déteste sa sœur, qui force Tracey à vivre en exil ou qui, oui, veut que Harry meure. Et elle ne veut pas vivre dans un monde qui la transforme en pion, qui la force à torturer ses camarades de classe ou qui lui dit que ce qu'il y a de mieux en elle, c'est sa lignée.
Elle voit sur son visage qu'il ne comprend pas.
« Et alors, quoi, tu t'es réveillé un jour, et tu as décidé ça ? Tu as décidé que tu ne voulais pas de tout ça ?
–Eh bien, pas exactement. Au départ, c'était pour ma sœur. »
À présent, il a vraiment l'air confus.
« Tu n'as pas de sœur. »
Elle devrait se sentir en colère, mais au lieu de cela, elle sent quelque chose se détacher en elle. C'est le dernier espoir qu'elle avait qu'il l'ait comprise, un jour. Car même si elle ne parle pas beaucoup de Prim, cela n'a jamais été un secret - Daphne s'en souvient, tout comme Tracey, et même Millicent.
« Si, j’en ai une. Ma petite sœur est une Cracmol. Tu ne l'as jamais rencontrée, évidemment, elle va à l'école aux États-Unis. Mes parents pensaient qu'elle serait en danger avec le Seigneur des Ténèbres, et j'étais tellement désespérée de faire quelque chose que j'ai commencé à faire ça. »
Il se contente de la regarder fixement. Il est clair qu'il ne sait pas quoi faire de cette information.
« Tu ne l'aimes pas, dit-elle finalement, alors qu'il est clair qu'il ne dira rien. Pourquoi est-ce si difficile de croire que je choisirais ça? »
Une pause. Quelque chose dans ses yeux, mais c'est parti.
« Oui, mais je ne suis pas assez fou pour croire qu'ils vont gagner. Il ne sera jamais vaincu.
–Alors tu ne veux même pas essayer ?
–Je n'ai pas envie de mourir, dit-il avec amertume. J'ai assisté aux réunions. Je l'ai vu préparer ses plans. Il tuera tous les élèves de cette école, même les premières années, si c'est ce qu'il faut pour rester au pouvoir. À quoi tu t’attends ? Ça va être un bain de sang.
–Tu pourrais nous aider. Si tu faisais quelque chose, peut-être que ce ne serait pas un bain de sang. »
Il secoue la tête.
« Si tu ne vois pas à quel point les chances sont faibles, c'est que tu as vraiment perdu les pédales. Si tu te ranges de leur côté, tu mourras. »
Elle ne peut pas y croire. Même si elle a dit quelque chose de semblable à Harry il y a quelques heures à peine, elle doit croire maintenant que cela va marcher. Il est trop tard pour avoir des doutes.
Un bruit d'écrasement se fait entendre au-dessus d'eux. Elle revient à la réalité en un sursaut. Elle doit mettre fin à cette situation et monter à l'étage.
« On ne sera jamais d'accord, dit-elle finalement. Et je dois partir. On devrait donc réfléchir à ce qu’on va faire. »
La résignation se lit dans ses yeux.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Elle veut croire que cela se terminera aujourd'hui. Si c'est le cas, cela n'aura plus d'importance. Mais laisser les choses au hasard n'est pas une façon de survivre.
« Tu n'en parleras à personne ?
–Non. »
Il n'y a qu'un tout petit vacillement, mais c'est suffisant pour laisser le doute s’insinuer en elle. Elle suit son instinct.
« Alors tu feras le serment inviolable de ne rien dire à personne ? »
Il hésite. Elle sent le sol se dérober sous elle.
« Tu n'es pas sérieux. »
Sur la défensive, il dit :
« Je ne peux pas - pas avec un serment inviolable - les gens meurent s'ils ne les respectent pas…
–Tout ce que tu as à faire, c'est de jurer que tu ne le diras jamais de ton plein gré !
–S'il découvre qu'il y a un espion, il fouillera l'esprit de tout le monde. Et s'il voit que je lui ai caché ça, ce qu'il me fera... »
Il veut une clause de sortie pour sauver sa peau. Il veut pouvoir l'abandonner de son plein gré.
–Tu connais l’occlumancie, Drago ! »
Il rit à gorge déployée. C'est un son horrible.
« Contre le plus grand Legilimens que le monde des sorciers ait jamais connu ? Ce n'est pas pour rien que je n'ai jamais essayé de lui cacher des secrets. Il y a une raison pour laquelle je n'ai jamais essayé de le défier.
–Tu as réussi à garder Dumbledore hors de ton esprit… »
Drago l'interrompt :
« Il est plus puissant que Dumbledore, il sait toujours tout...
–Il ne le découvrira pas !
–Si ", dit-il désespérément. »
Ses yeux sont un peu fous.
La question s'échappe de ses lèvres :
« Tu as vraiment si peur de lui ? »
Pendant un moment, il la regarde fixement.
« Oui, dit-il d'une voix rauque. »
D'une certaine manière, c'est peut-être la chose la plus honnête qu'il lui ait jamais dite.
C'est étrange de voir le désespoir sur son visage. Autrefois, il avait un tel pouvoir sur elle. Elle s'en souvient : à quel point elle voulait qu'il la remarque et la complimente ; comment elle mettait ses boucles d'oreilles en quatrième année et se disait : peut-être que Draco les aimera.
Mais cela semble lointain aujourd'hui. Elle ne se souvient plus vraiment de ce qu'elle ressentait. Parce que la guerre a fait d'eux deux des étrangers ; elle l'a rendue forte et lui faible.
Elle a envie de lui crier : Pourquoi ne peux-tu pas être courageux pour une fois dans ta putain de vie ?
C'est une question stupide. Elle avait besoin de Prim pour la pousser à bout. Et peut-être qu'un jour, dans des années, Draco trouvera quelque chose de plus fort que la peur. Peut-être tombera-t-il amoureux, ou peut-être aura-t-il un enfant, ou peut-être se réveillera-t-il un matin et se lèvera-t-il du lit et juste comme ça, ça arrivera : il sera changé.
Mais elle ne va pas mourir en attendant qu'il se rachète.
Elle glisse sa main dans sa poche. Il remarque le mouvement, les yeux écarquillés.
« Pansy...
–Stupefix !
–Protego ! »
Il pointe sa baguette juste à temps, et son sort rebondit sans dommage.
« Pansy, qu'est-ce que tu...
–Qu'est-ce que tu crois ? l’interrompt-elle vicieusement. Tu viens de m'avouer que tu allais m'abandonner. Obscuro ! »
Il esquive, et le bandeau se pose sur l'armure derrière lui.
« Je ne peux pas... s'il commence à avoir des soupçons...
–Alors tu serais prêt à me regarder mourir ? s'emporte-t-elle.
–Il ne te tuerait pas... dit-il comme une supplique,, comme s'il essayait de se convaincre lui-même. Il te punirait seulement.
–Ne sois pas stupide, Drago ! Nous savons tous les deux qu'il ne laisserait jamais, jamais, un espion vivre.
–Ta famille est trop importante. Il sait qu'il a encore besoin du soutien de la haute société de sang pur pour gouverner. Ils se révolteraient s'il allait aussi loin.
–Non, s'emporte-t-elle, ils ne feraient pas ça. Il n'a plus peur d'eux. Il me tuerait, puis il dirait à mes parents de lui être reconnaissants d'avoir enlevé une tache de l'arbre généalogique. Maintenant, Impedimenta ! »
Il s'écarte du chemin, esquive, puis lève sa baguette.
« Incarcerem ! »
Elle esquive, et les cordes la manquent. Maintenant, il se bat contre elle pour de bon.
« Serpensortia - Wingardium Leviosa ! »
Les cordes se transforment en serpents et reviennent vers lui en volant.
Il lance sa baguette dans les airs.
« Erecto ! »
Les bureaux qui les séparent se soulèvent, formant une barrière, et les serpents s'y heurtent.
« Diffindo ! Evanesco. »
La barrière de bureaux s'effondre et les serpents disparaissent. Il se révèle à elle, haletant. Elle pointe sa baguette sur l'armure derrière lui :
« Piertotum Locomotor. Oppungo ! »
Il pousse un juron alors que l'armure se dirige vers lui.
« Reducio - non. Reducto ! »
L'armure s'effondre et il saute pour échapper aux morceaux qui tombent. En se tortillant, il pointe sa baguette vers elle, le visage déformé.
« Bombarda ! »
Putain.
Elle se jette au sol au moment où les bureaux devant elle explosent.
D'abord, une pression brûlante, partout. Puis, un bourdonnement dans les oreilles. Et enfin, la douleur. Une douleur dans tout le corps, mais surtout dans la jambe. Elle ouvre les yeux. Au début, tout ce qu'elle voit, c'est que l'air est plein de poussière. Puis elle distingue les débris des bureaux explosés - des morceaux de bois partout, certains gros comme un pied de chaise, d'autres petits comme des échardes. Elle ne voit Draco nulle part. Il a dû se baisser lui aussi. Baissant les yeux, elle essaie de bouger sa jambe et constate qu'elle peut le faire, même si cela lui fait mal.
Elle ne pense pas qu'il y ait de fracture, juste d'horribles ecchymoses.
Elle se déplace, sort son bras armé et pointe à l'aveuglette vers l'endroit où Draco se trouvait la dernière fois.
« Petrificus Totalus. »
Rien. Elle a dû le rater.
Elle commence à essayer de ramper dans les décombres pour avoir un meilleur point de vue, mais sa jambe lui fait trop mal et elle doit s'arrêter immédiatement.
« Episkey- putain… »
Ses mains tremblent tellement qu'elle doit recommencer :
« Episkey.
–Locomotor Mortis ! »
Elle lève les yeux et voit un jet bleu se diriger vers elle. Elle tente de s'écarter, mais il la frappe directement à la poitrine, et ses jambes se figent immédiatement.
Ce batard.
« Incendio ! »
Le bureau près duquel elle sait maintenant qu'il se cache s'enflamme.
« Finite - Finite Incantatem, murmure-t-elle, profitant de sa distraction. »
Elle l'entend essayer d'éteindre les flammes tandis que la pression sur ses jambes se relâche.
Elle se remet à ramper. Elle vient d'arriver derrière le bureau du professeur quand la lampe qui s'y trouve explose. Elle se couvre le visage et se baisse pour éviter les éclats. Un informulé - elle ne l'a pas entendu dire quoi que ce soit. S'il utilise des informulés, elle va avoir des problèmes. Elle n'a jamais été capable d’en utiliser, peu importe à quel point elle essayait.
Ils ont suivi le cours de défense contre les forces du mal ensemble pendant sept longues années, et il a toujours été meilleur qu'elle. Ses réflexes étaient plus rapides, son lancer de sorts plus puissant et ses mouvements de baguette plus naturels. C'était sans doute très stupide de se lancer dans un duel avec lui. Elle a l'impression de perdre maintenant : tout son corps lui fait mal.
Elle ne gagnera pas en s'appuyant uniquement sur ses compétences. Elle doit donc gagner d'une autre manière.
« Attends ! crie-t-elle, puis, avec un grand effort, elle se lève, les mains en l'air. S'il te plaît, Drago. Est-ce qu'on peut en parler, s'il te plaît ? Juste un moment ? »
Elle brandit sa baguette, pincée entre le pouce et l'index et pointée vers le plafond, en signe de reddition.
Il se lève de sa cachette, brandissant un bouclier avec sa baguette d'aubépine.
« C'est toi qui as commencé. »
Il y a des échardes de bois dans ses cheveux et les bords de sa robe sont brûlés. Elle n'a sans doute pas l'air beaucoup mieux.
Elle se mord la lèvre.
« Je sais que j'ai eu tort. Je n'ai pas bien réfléchi. Je suis désolée. S'il te plaît, Drago.
–Je… »
Il hésite.
–Je t'en supplie. S’il te plaît. Nous allons tous les deux poser nos baguettes. »
L'indécision se lit sur son visage.
« Ecoute, je vais le faire en première. »
Elle commence à baisser le bras, tout en gardant sa baguette pointée vers le haut et non vers lui. Maintenant, sa baguette est à 30cm du bureau - 15cm - 10cm - 5cm.
Son bras vacille. Le bouclier bouge. Juste quelques centimètres. Mais c'est suffisant.
Elle n'a jamais bougé aussi vite de sa vie.
« Expelliarmus !
Le choc dans ses yeux lorsque sa baguette passe de sa main à la sienne est total. Mais ensuite, une colère comme elle n'en a jamais vu auparavant.
« Va te faire foutre.
–Je suis désolée, Drago, dit-elle en pointant ses deux baguettes sur lui. »
Ses genoux tremblent de soulagement.
« Je suis désolée qu'il faille en arriver là. »
C'est facile à dire - je suis désolée, je suis désolée - maintenant que c'est elle qui contrôle la situation.
« Tu es vraiment une... »
Elle attend qu'il termine, mais il ne le fait pas. La résignation se lit sur son visage.
« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
–Je vais t'oublietter. Si tu me laisses faire.
–Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? demande-t-il avec beaucoup d'amertume. »
Il n’en a pas. Mais pour sa conscience, elle aimerait faire comme s'il était d'accord.
« C'est aussi pour ta sécurité. Tu as dit que tu ne voulais pas avoir ce savoir dans la tête, dit-elle en enjambant les débris de bureaux, les baguettes toujours braquées sur lui. Et tu ne veux pas faire un serment inviolable. C'est la meilleure chose que nous puissions faire. »
Elle pourrait, bien sûr, renoncer définitivement à cette voie. Mais cela signifierait qu'elle devrait laisser Drago lui forcer la main. Et elle n'est pas le genre de fille à abandonner ses secrets juste parce que quelqu'un d'autre est trop lâche pour les garder.
« Épargne-moi tes excuses stupides, dit-il en ricanant. Si tu veux le faire, fais-le, putain. »
Quelques pas de plus, et elle se tient juste devant lui. Maintenant, elle peut voir la peur derrière le rictus. Au cours des sept dernières années, il l'a regardée de cent façons différentes : avec approbation, humour, colère, fatigue, désir, mépris, excitation, ressentiment, incrédulité. Mais il n'a jamais eu peur.
Drago Malefoy n'a jamais, jamais craint Pansy Parkinson. Jusqu'à présent.
Ils y pensent tous les deux. Les sorts de mémoire qui tournent mal : des pans entiers de votre vie enlevés, des esprits brouillés, incapables de se faire de nouveaux souvenirs. C'est rare, mais ça arrive.
« Qu'est-ce que tu attends ?" s'emporte-t-il. Si tu veux le faire, fais-le. »
Il tient le bord d'un bureau, comme pour se soutenir, et ses jointures blanchissent.
Il faut être vraiment froid pour regarder quelqu'un dans les yeux, savoir qu'il a peur de ce que l'on va faire, et le faire quand même. Ce serait plus facile si c'était un moldu ou un étranger ou s'il ne comprenait pas les risques. Ce ne serait pas moralement correct, mais ce serait plus facile pour elle.
Mais elle est la fille de sa mère. Même si, certains jours, elle essaie de le nier.
« Oubliette. »